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jeudi 11 août 2022

Tranchées

Le musée de la Grande Guerre présente l’exposition « Tranchées ». L'histoire d'un ouvrage défensif, précédé de fils de fer barbelés, devenu emblématique de la Première Guerre mondiale, inséré dans un réseau, bombardé par l'artillerie ennemie allemande et lieu de vie provisoire, pendant plusieurs jours, de soldats devant se préserver des rats et des poux.

« Artistes, guerre et propagande - Récit de la Grande Guerre » d’Andrea Morgenthaler
« Rosine Cahen. Dessins de la Grande Guerre »

« Le musée de la Grande Guerre propose une exposition consacrée aux tranchées pendant la Première Guerre mondiale. Plus de 300 objets et œuvres, archives et vidéos permettent aux visiteurs de prendre la mesure de cet ouvrage défensif qui, au fur et à mesure de l’avancée du conflit et de l’enlisement des armées, jusqu’au blocage tactique et stratégique, s’est organisé en un véritable système, devenu le symbole tragique de la Grande Guerre. »

« Pour beaucoup, la Grande Guerre est la guerre des tranchées, comme si le mot résumait à lui seul l’ensemble de la Première Guerre mondiale. Pourtant à l’automne 1914, lorsque les hommes bloqués face à face, épuisés, creusent des trous individuels pour se protéger de l’ennemi, personne n’imagine qu’une guerre de position s’installe durablement. Pendant 4 ans, ce qui était un simple moyen de se protéger conditionne tout un conflit, et ce à une échelle sans précédent dans l’histoire. »

« L’exposition « Tranchées » s’attache ainsi à montrer la réalité et la complexité du « système-tranchées », nom donné par l’historien François Cochet à l’incroyable enchevêtrement de tranchées de plus en plus nombreuses, ramifiées, spécialisées et reliées entre elles. Il s’agit aussi d’expliquer les conséquences de cette organisation sur l’immobilisme stratégique et tactique, sur les modes de combats et sur la vie terrible qu’il impose aux combattants. »

« Une approche pluridisciplinaire au travers de collections riches et diversifiées expose ce « système-tranchées » : des collections d’armes, des matériaux présents dans les tranchées (poteau, plaque de blindage...), des collections ethnographiques (objets usuels du soldat de la vie militaire, uniformes), des collections d’arts graphiques et beaux-arts (peintures, dessins, estampes et affiches), et des collections photographiques et documentaires (cartes de canevas de tir, carnets de combattants, tirages photographiques...). »

Ponctuellement, des cartels démontent des idées reçues et rétablissent la vérité historique.

Curieusement, l'aspect spirituel ou religieux manque dans l'exposition.

« L’exposition « Tranchées » est principalement composée des collections du musée de la Grande Guerre conservées en réserve. Elles ont été étudiées, restaurées et numérisées à l’occasion de l’exposition. D’autres institutions et des collectionneurs privés contribuent à l’exposition. Ainsi, le musée de l’Armée-Invalides à Paris, le musée du Génie à Angers, le musée du Temps à Besançon, l’Etablissement de communication et de production audiovisuelle de la Défense (ECPAD), le musée des Beaux-Arts de Bordeaux, l’association des amis de Vauquois et de sa région, la Contemporaine et le Museum national d’histoire naturelle seront notamment des partenaires par le prêt d’objets, de documents ou d’archives audiovisuelles. »

L’exposition s’articule autour de « trois temps forts » : « De la guerre pensée à l’enlisement », le « système-tranchées » et « Imaginaires et réalités de la tranchée ».

« 1. De la guerre pensée à l’enlisement
Après avoir présenté les pratiques et usages antérieurs des tranchées, cette première partie montre comment est pensée la tranchée appelée « fortification de campagne » et son usage, décrit dans les manuels d’instruction des différentes armées à la veille du conflit. Puis, est abordé le moment de l’enlisement (la tranchée spontanée) : le réflexe naturel de survie consiste à s’enterrer dès le mois d’août 1914 pour se protéger la puissance de feu de l’ennemi. Progressivement reliés entre eux, les trous d’hommes se rejoignent en boyaux étroits et deviennent rapidement des tranchées, enlisant les combattants dans un réseau complexe et inexpugnable qui court sur une ligne de 700 kilomètres reliant la mer du Nord à la Suisse. »

2. Le « système-tranchées »
« Cette partie a pour objectif de faire comprendre aux visiteurs ce qu’est le « système-tranchées » : des réseaux de défense denses et complexes, enterrés dans le sol et constitués de positions, lignes, points d’appuis, etc. »
« Il s’agit de montrer la diversité des tranchées, les géographies et les géologies et en quoi ce système d’interactions complexes implique une nouvelle pratique de la guerre et modifie la vie des combattants pour qui la tranchée est le lieu où ils se combattent, vivent, attendent, meurent. »

3. Imaginaires et réalités de la tranchée
« Après avoir montré la réalité et la complexité du système-tranchées, il s’agit ici d’exposer les différentes représentations de la tranchée depuis le conflit, dans la presse d’époque et jusqu’à aujourd’hui. »

4 questions à François Cochet, professeur émérite de l’université de Lorraine, commissaire de l’exposition 

« Pourquoi les tranchées sont-elles devenues le symbole de la Grande Guerre ? 
Parce qu’elles n’avaient jamais été utilisées aussi largement et pendant aussi longtemps, en tout cas sur le front occidental. Elles symbolisent la Grande Guerre non seulement comme système défensif/offensif, mais également par les modes de survie qu’elles entraînent pour les soldats qui y passent souvent plusieurs jours avant de redescendre dans des villages de repos plus en arrière des lignes de combat. Leur vie est rythmée par les bombardements d’artillerie incessants, l’angoisse constante d’être possiblement écrasés par les obus de l’ennemi, le froid, l’humidité, les odeurs de cadavres qui n’ont pas pu être enterrés, la présence de rats ou de poux. C’est tout un univers mental et matériel qui s’installe dans les tranchées et l’on comprend la joie des soldats quand, au bout de quelques jours, ils peuvent quitter les tranchées pour retrouver les villages de l’arrière-front.

D’où vient le terme « système-tranchées » ? 
Le fait d’accoler les deux termes et de les relier par un tiret montre les liens forts et organisationnels qui unissent les tranchées constituées en un système de plus en plus cohérent, complexe et développé au fur et à mesure que la guerre se prolonge. J’ai créé cette expression en 2005 dans mon ouvrage Survivre au front. 1914-1918, les poilus entre contrainte et consentement. C’est bien un système de pensée en fonction des possibilités offertes par le terrain qui préside à la réalisation de tranchées, nourries les unes des autres, emboitées entre elles et reliées par des boyaux de communication.

Quel objet de l’exposition illustre selon vous ce qu’ont été les tranchées de 14-18 ? 
La tranchée est un lieu défensif. Les éléments les plus aptes à rendre cette dimension sont les fils de fers barbelés qui précèdent les tranchées de son propre camp, afin d’empêcher l’ennemi de s’approcher, mais aussi les mitrailleuses, qui par leurs tirs croisés peuvent briser dans l’œuf toute attaque de l’ennemi. D’autres armes évoquent également le combat de tranchées : canons à tir courbe (Minenwerfer allemand ou « Crapouillot » français, grenades à main ou à fusil). Il faut y ajouter les nombreux objets qui permettent aux soldats de creuser les tranchées (outil individuel, pelles et pioches), mais aussi d’y vivre un temps : lampes, réchauds, pièges à rat...

Quels sont les idées reçues les plus communes sur les tranchées de la Grande Guerre ?
La principale idée reçue est que les soldats y vivraient en permanence. En fait ils n’y font que passer durant plusieurs jours avant de retrouver les secondes lignes, puis les villages de l’arrière-front. La deuxième grande idée reçue est que la tranchée est un lieu de combat. C’est surtout un lieu de veille et de surveillance de l’ennemi. La montée à l’assaut et la défense des tranchées lorsque l’ennemi attaque demeure un événement assez rare, heureusement. Toutefois les tranchées demeurent bombardées presque constamment, ce qui en fait un lieu à risque permanent. »



Du 26 mars au 15 août 2022
Rue Lazare Ponticelli – 77100 Meaux
Tél. : 01 60 32 14 18
Ouvert tous les jours sauf le mardi, de 9 h 30 à 18 h

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