Citations

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« Le plus difficile n'est pas de dire ce que l'on voit, mais d'accepter de voir ce que l'on voit. » (Charles Péguy)

jeudi 8 octobre 2020

« -33 - Crucifixion de Jésus » par Denis van Waerebeke

Arte rediffusera le 11 octobre 2020, dans le cadre de « Quand l'histoire fait dates », « -33 - Crucifixion de Jésus » (Zahlen schreiben Geschichte - 33 - Die Kreuzigung Jesu) par Denis van Waerebeke 
guidé par l’historien Patric Boucheron, professeur au Collège de France, et directeur d’un livre collectif controversé : « L'Histoire mondiale de la France ». Un ouvrage controversé.
    

« -33 - Crucifixion de Jésus » par Denis van Waerebeke
 

« 33, 1492, 1789, 1945... Comment ces dates se sont-elles glissées dans notre mémoire collective ? Qui a décidé lesquelles étaient mémorables ? Comment construit-on un événement, pourquoi, pour qui, et comment finit-il par entrer dans les manuels d’histoire ? »

Série documentaire
« L’historien Patrick Boucheron revient sur quelques unes de ces dates pour découvrir en quoi elles nous aident aujourd’hui à saisir le panorama d’une histoire globale. Il revisite l’histoire à travers le prisme des grandes dates ».

« Portée par le récit face caméra, aussi savant que vivant, de Patrick Boucheron, professeur au Collège de France, cette collection documentaire met l’histoire en mouvement. »

« Des frises chronologiques animées accueillent images, documents et archives, illustrant les dix grandes dates évoquées ».

« En reconstituant, au fil d’une enquête captivante, ces événements inscrits dans les manuels scolaires, et en les replaçant dans plusieurs temporalités (au moyen des différents calendriers), la série rend ainsi sensible la manière dont l’histoire s’écrit, se date et se commémore ».

« Une approche nouvelle du sujet, où se croisent art de la narration, techniques ludiques d’animation et rigueur scientifique ».

Patrick Boucheron
Patrick Boucheron a dirigé « L'Histoire mondiale de la France ». Un best-seller controversé, critiqué notamment par Pierre Nora (« Politiquement, l’objectif est de lutter, « par une conception pluraliste de l’histoire, contre l’étrécissement identitaire qui domine aujourd’hui le débat public ») et Eric Zemmour : « En près de 800 pages et 146 dates, on ne déviera pas de la ligne du parti: tout ce qui vient de l’étranger est bon. Les invasions barbares sont des «migrations germaniques» ; la défaite des Gaulois leur permit d’entrer dans la mondialisation romaine ; les conquérants arabes étaient bien plus brillants que les minables défenseurs carolingiens ; les martyrs chrétiens de Lyon venaient d’ailleurs et saint Martin était hongrois. Les théologiens chrétiens doivent tout au grand talmudiste Rachi ; «l’honteux traité de Troyes» de 1420 (qui donnait le royaume de France à la monarchie anglaise) est une heureuse tentative de construire la paix perpétuelle par l’union des couronnes ».

Quant à Alain Finkielkraut, il a estimé : 
« Je découvre, effaré, que ni Rabelais, ni Ronsard, ni La Fontaine, ni Racine, ni Molière, ni Baudelaire, ni Verlaine, ni Proust n’y figurent. Et si Mauriac est cité, ce n’est pas pour son œuvre, c’est pour sa critique honteusement réactionnaire du féminisme. Ainsi s’éclaire le sens de « monde » pour les nouveaux historiens. Mondialiser l’histoire de France, c’est dissoudre ce qu’elle a de spécifique, son identité, son génie propre, dans le grand bain de la mixité, de la diversité, de la mobilité et du métissage. Et c’est répondre au défi islamiste par l’affirmation de notre dette envers l’Islam. De manière générale, l’Histoire mondiale de la France remplace l’identité par l’endettement. Ici doit tout à ailleurs. De la France, patrie littéraire, ce qui surnage, c’est la traduction des Mille et Une Nuits par Antoine Galland et l’audace qui a été la sienne d’ajouter au corpus original des histoires que lui avait racontées un voyageur arabe venu d’Alep.
Instructif aussi est le récit de l’invasion musulmane de 719 à Narbonne, où les cultures se sont mêlées avant que les Francs, hélas, n’arriment par la force cette ville à leur royaume. Ceux qui, en revanche, croient pouvoir mettre au crédit de la France naissante la première traduction latine du Coran par l’abbé de Cluny Pierre le Vénérable en 1143, sont avertis que cette démarche n’était pas inspirée par la curiosité mais par une volonté de dénigrement. Et peu importe le fait que l’Islam de son côté ne pouvait pas même envisager de traduire les Écritures saintes des religions antérieures à son avènement.
Nos éminents universitaires n’ont que l’Autre à la bouche et sous la plume. Ouverture est leur maître mot. Mais ils frappent d’inexistence Cioran, Ionesco, Kundera, Levinas, tous ces étrangers qui ont enrichi notre philosophie et honoré notre littérature. Car c’est à ce «notre» qu’ils veulent faire rendre l’âme...
Le dégoût de l’identité a fait place nette de la culture. Les façonniers de l’Histoire mondiale de la France sont les fossoyeurs du grand héritage français.
« Une histoire libre », dit le journal Libération pour qualifier ce bréviaire de la bien-pensance et de la soumission, cette chronique tout entière asservie aux dogmes du politiquement correct qui ne consacre pas moins de quatorze articles aux intellectuels sans jamais mentionner Raymond Aron, ni Castoriadis, ni Claude Lefort, ni aucun de ceux qui ont médité la catastrophe totalitaire et la bêtise de l’intelligence au XXe siècle…
« Histoire jubilatoire », ajoute Libération. Ce mot – le plus insupportablement bête de la doxa contemporaine – convient particulièrement mal pour une histoire acharnée à priver la France de son rayonnement et à l’amputer de ses merveilles.
Il n’y a pas de civilisation française, la France n’est rien de spécifiquement français: c’est par cette bonne nouvelle que les rédacteurs de ce qui voudrait être le Lavisse du XXIe siècle entendent apaiser la société et contribuer à résoudre la crise du vivre-ensemble.
Quelle misère! »
« Car il existe de nombreux calendriers différents dans le monde... Pas une histoire unique mais une multitudes d’histoires enchevêtrées ». 

« Alors élargissons la focale, renversons notre point de vue, et livrons-nous avec Patrick Boucheron à ce petit exercice de « fabrique de la mémoire ».

Temps chrétien
"Saisir l’histoire par les dates revient à caresser la texture même du temps. Ou plutôt les textures. Car si l’on exprime ici la datation d’événements mondiaux dans le calendrier chrétien occidental, ce n’est pas seulement par commodité, mais pour exhiber son artifice : d’où l’importance des dates de fondation (du christianisme avec l’ère de la Passion, de l’islam avec l’Hégire, des droits de l’homme avec 1789)", a déclaré Patrick Boucheron.  Quid de la fondation du judaïsme ? Un oubli ?

Le « temps chrétien commence avec la naissance du Christ, mais l’événement qui lui donne son sens et qui fait date dans son histoire est la crucifixion ». Ou sa résurrection ? Le tableaux illustrant la crucifixion indiquent "INRI, acronyme de l'expression latine "Iesvs Nazarenvs, Rex Ivdæorvm" (« Jésus le Nazaréen, roi des Juifs »), et non "Jésus le Palestinien". Ce qui résume la condamnation réclamée par le gouverneur romain Ponce Pilate.

Ce « châtiment, ordonné par le préfet romain de Judée, Ponce Pilate, constitue peut-être l’indice le moins incertain de l’existence de Jésus pour les historiens, qui le situent en 33.  Où s’est-il déroulé ? »

« Au IVe siècle, l’empereur romain Constantin, converti au christianisme, fait ériger à Jérusalem le Saint-Sépulcre, à l’emplacement supposé du tombeau du Christ ».

« Mais il semblerait que le temps se colonise plus facilement que l’espace : alors que l’idée chrétienne s’est imposée au monde au travers de son calendrier, les lieux de mémoire restent douloureusement disputés dans la ville berceau des trois monothéismes ». Non, Jérusalem est la capitale éternelle, unie et indivisible du peuple juif, son berceau historique, spirituel. Et Jésus est né à Bethléem. Aucun Etat musulman n'a choisi Jérusalem pour capitale. Les deux villes saintes de l'islam sont La Mecque et Médine. La revendication par l'islam de Jérusalem correspond à des raisons géo-politiques.

Arte propose sur son site Internet "La crucifixion - Le scandale sacré" d'Olivier Besse. "Véritable acte de torture, le supplice de la crucifixion était initialement réservé au plus méprisable des individus. Comment l'église a-t-elle réussi à en faire le plus haut symbole de la chrétienté et le châtiment d'un seul homme, Jésus, fils de Dieu ? Pourquoi a-t-il fallu attendre le XXe siècle et l'art contemporain, pour voir des artistes se réapproprier ce symbole avec force, proposant des oeuvres provocantes et scandaleuses? Sous la forme d'une enquête menée dans différents pays, ce film montrera comment l'église a détourné, à son profit et pendant des siècles, l'image de la crucifixion en utilisant toutes les ressources possibles de l'iconographie, créant ainsi la première campagne de communication réussie de l'histoire."


France, 2013, 56 minutes
Auteurs : Olivier Besse, Corinne De thoury
Producteurs : MARA FILMS, ARTE FRANCE

« -33 - Crucifixion de Jésus » par Denis van Waerebeke

France, Les Films d’ici, 2017, 27 min
Sur Arte les 17 mars 2018 à 16 h 25 et 11 octobre 2020 à 17 h 30
Disponible du 29/08/2020 au 08/04/2021

Visuels :
Que savons-nous de la vie du Christ ? Une enquête dans les sources historiques d’une histoire que racontent surtout les disciples de Jésus, plus de trente ans après sa mort. Cet écart de temps fait le récit du Royaume d’Emmanuel Carrère : en allant l’interroger, on tentera de saisir ce qui sépare une conception confessionnelle d’une conception historique d’un tel événement. On tentera de faire l’histoire de cet écart, depuis La vie de Jésus de Renan jusqu’au récent Corpus Christi.
© Les films d'Ici
© Bridgeman


Les citations viennent d'Arte. Cet article a été publié le 15 mars 2018.

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