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mercredi 5 mai 2021

« Scandales de la mode » de Loïc Prigent

Arte diffusera le 7 mai 2021 « Scandales de la mode » (Catwalk-Scandals!) de Loïc Prigent. « De la naissance du bikini au "pétage de plombs" de John Galliano, ce documentaire alerte, florilège de la série du même nom, revisite des décennies de scandales, dans un monde de la mode jamais à court de provoc. »


« La mode raffole des scandales ». 

« Grâce à eux, elle avance, tel un moteur à explosion, et fait parfois évoluer la société, imposant notamment le Bikini au nez et à la barbe des gendarmes des plages ». 

« Ce documentaire compile avec humour des images d'archives chics et chocs, revisitant des décennies de coups d'éclat ». 

« Le milieu de la couture ne s'interdit rien et vend de tout au rayon provoc : la transgression amusée du styliste américain Rick Owens, qui suscite un tollé en dévoilant les parties génitales de ces messieurs ; la révolte efficace de Naomi Campbell et de ses comparses appelant à boycotter les griffes qui n'emploient pas assez de mannequins noires ; l'irascible misogynie de Coco Chanel, qui, en fin de carrière, se répand en propos venimeux dans une interview… »

Coran
Le 15 janvier 1994, à Paris, la top-model Claudia Schiffer a défilé, lors d'un défilé Chanel, en portant une robe du soir noire avec un bustier orné de broderies représentant des versets du Coran. "Les autorités musulmanes françaises crient au sacrilège", rapporte L'Obs

"Il a fait marche arrière, a présenté ses excuses et la polémique était close", raconte à Franceinfo Laurent Allen–Caron, auteur de Le mystère Lagerfeld, chez Fayard (2019). Le styliste finit par détruire la tenue controversée".

Comme des garçons
Le 27 janvier 1995, soit le 50e anniversaire de la découverte du camp nazi Auschwitz, l
a styliste japonaise Rei Kawabuko de Comme des garçons a présenté sa collection Hommes automne-hiver 1995/1996 intitulée Sommeil. Parmi les vêtements : des pyjamas rayés taggués de nombres.

Le 7 février 1995, le Congrès juif européen (CJE) a écrit combien ces vêtements avaient « suscité un trouble profond et des interrogations ». Une forme de banalisation « des événements qui ont bouleversé le monde il y a cinquante ans ». La collection Sommeil a « réveillé des images de cauchemar: les pyjamas rayés présentés par un mannequin émacié sont particulièrement choquants ». 

Le "secrétaire général du CJE, Serge Cwajgenbaum, qui, entre-temps, est allé regarder la cassette du défilé de Comme des garçons au carreau du Temple à Paris, a donc demandé hier que soient retirés de la collection les modèles en question. Et assure prendre acte de la lettre que lui a adressée Adrian Joffe, directeur général de la marque: à l'avenir, promet-il, Rei Kawabuko « sera plus attentive à anticiper de possibles dérives et interprétations de ses créations ». 

"La créatrice japonaise de Comme des garçons se déclare navrée de ce qu'involontairement les modèles rayés aient rappelé les atrocités de la Seconde Guerre mondiale : pour preuve du respect de ceux qui ont été choqués, les pyjamas rayés, ainsi que les autres vêtements réalisés dans ce tissu, sont retirés de la vente et seront remplacés par quelque chose de complètement différent", ont écrit 
Emmanuèle Peyret et Anne Boulay (LibérationPourquoi. Pyjamas rayés de triste mémoire8 février 1995).
 
Et les journalistes de poursuivre : "Rei Kawabuko a expliqué s'être inspirée de la mode britannique d'autrefois : des vêtements d'intérieur pour hommes à porter le matin avant de s'habiller et le soir après s'être déshabillé. Afin de remettre cette mode en lumière, de moderniser ce style de garde-robe en le rendant plus « street », la créatrice a donc choisi de jeunes mannequins. Dont certains avaient le crâne rasé... mais c'est tellement plus mode."

Emmanuèle Peyret et Anne Boulay ajoutent : "Auteur l'an dernier d'une ligne autour de l'uniforme qui n'était pas sans rappeler l'actualité de Sarajevo, la styliste a tenu à rappeler « qu'il lui serait impossible d'utiliser consciemment les souffrances du peuple Juif dans son travail ». Dorénavant, elle fera attention, a-t-elle juré". 

Et ces journalistes de préciser : "Quant aux numéros qui figuraient sur certains vêtements, ils n'ont rien à voir avec des matricules : les chiffres, réalisés à la manière d'un « enfant jouant avec un tampon à encre », étaient apposés non sur les pyjamas rayés, mais sur des costumes en tweed ou des pull over à motif écossais et péruviens." 

Et Emmanuèle Peyret et Anne Boulay de conclure : "Bref, les pyjamas rayés de la collection Sommeil sont rangés au placard. Probablement à côté des caleçons à rayures de la collection de printemps de la centrale d'achat Cache-Cache, mis en vente l'an dernier sous le nom de caleçon Dachau. «Une bavure idiote», avait plaidé la direction".

Peta, la fourrure et la Shoah
Diverses associations de défense des animaux - Animal Liberation Front, PETA (People for the Ethical Treatment of Animals) - ont dressé le parallèle entre les animaux domestiques tués dans des abattoirs et les Juifs tués lors de la Shoah. Elles ont fustigé les marques de haute couture ou de prêt-à-porter utilisant dans leurs vêtements la fourrure.

Le 4 octobre  2005, à Paris, "les activistes de PETA  se sont fait expulser du défilé de Jean-Paul Gaultier. Le défilé s’est déroulé lors de la semaine de la mode printemps/été 2006. Sous le regard ébahi de certaines célébrités, l’activiste a pris d’assaut le podium et déployé une bannière sur laquelle était inscrit : « Fur kills » [La fourrure tue, Ndlr] et ils ont crié « Fur is dead » [La fourrure est morte, Ndlr]. PETA a interrompu les défilés de D&G, Prada et Roberto Cavalli à Milan la semaine dernière, ainsi que le défilé de Julian MacDonald, lors de la semaine de la mode à Londres."

"PETA s’est investie dans une lutte contre des campagnes marketing de plus en plus désespérées et agressives menées par l’industrie de la fourrure (dons de fourrures aux jeunes créateurs, voyages tous frais payés au Danemark, sponsoring des défilés de mode, etc.), qui s’efforce de dynamiser des ventes actuellement au plus bas."

« Les couturiers qui continuent d’utiliser de la fourrure n’ont pas de cœur et devraient avoir honte, » affirme Yvonne Taylor. « Aujourd’hui, on présente les collections printemps/été, mais en ce moment même, des animaux dépérissent dans des fermes à fourrure, prêts à être gazés, étranglés ou électrocutés par voie anale pour la collection automne/hiver de Jean-Paul Gaultier. »

Keffieh
Pour Balenciaga, Nicolas Ghesquière a mis en 2007-2008 à la mode un keffieh palestinien agrémenté de « franges argentées, médailles et breloques colorées », au prix de... 1 500 €. 

Depuis, la keffieh mania s’est emparée de stylistes, d’enseignes de mode plus abordables et de médias, dont des magazines féminins telle Elle, atténuant ou occultant souvent sa signification politique.

Emblème de terroristes islamistes de toutes nationalités, de leurs sympathisants, de complices et de bobos, elle instrumentalise aussi Anne Frank, adolescente allemande victime de la Shoah. 

C'est un keffieh, foulard à damiers popularisé par Yasser Arafat, qui dissimule les visages des jeunes terroristes palestiniens lors de cette Intifada III, dite des couteaux et des voitures béliers, ce jihad

John Galliano
Né en 1960 à Gibraltar, John Galliano est en 2011 à l'apogée de sa carrière professionnelle : il est directeur artistique de l'ensemble des lignes féminines de Dior, assure la responsabilité de l'image globale de la griffe et de ses parfums, dont ma communication.

Son "extravagance" justifie aux yeux de nombreux commentateurs de mode, ses provocations : dans la collection printemps-été 2000, le défilé « Clochards » se présente comme "un hommage luxueux et romantique « à l'ingéniosité que déploient les déshérités pour se vêtir ». Un style « porno chic ».

Mais ce sont des propos tenus en décembre 2010 à la terrasse d'un café, filmés et révélés en 2011 par The Sun, qui provoquent sa chute. Apparemment ivre, John Galliano avait alors déclaré en anglais : « J'adore Hitler ! Les gens comme vous devraient être morts ! », et conclu que la famille des personnes auxquelles il s'adressait aurait dû être « gazée ».

En février 2011, après la plainte d'un couple qui l'accuse de les avoir visés, à la terrasse d'un café, par des injures antisémites et racistes (« sale tête de juive » et « putain de bâtard asiatique »), John Galliano est arrêté dans le 3e arrondissement de Paris. 

Dans l'attente de la fin de l'enquête, La maison Dior suspend John Galliano de ses fonctions ; Bill Gaytten, son bras droit, assure la transition. Le couturier porte plainte en diffamation. Le surlendemain, une femme dépose plainte contre le créateur, pour des faits similaires qui se seraient déroulés en octobre 2010. 

Des révélations qui suscitent l'indignation, dont celle Natalie Portman, égérie de Miss Dior Chérie. Dans un communiqué, l'actrice a écrit : "Je suis profondément choquée et dégoûtée par la vidéo qui a fait surface [ce lundi]. Etant fière d'être juive, je refuse d'être associée à monsieur Galliano en aucune façon. J'espère au moins que ces horribles propos nous rappellent qu'il faut réfléchir et combattre les préjugés qui existent encore aujourd'hui, et qui sont à l'opposé de la beauté." .

John Galliano présente des excuses, mais la maison Dior annonce en mars 2011 qu'elle va le licencier. Dans les milieux de la mode, si certains condamnent John Galliano, d'autres avancent ses problèmes personnels. Durant son procès, John Galliano a fait part de sa "profonde détresse" après les morts de son père en 2006 et de son compagnon Steven Robinson en 2007 et de sa « triple addiction » à l'alcool, aux somnifères et au valium. 

Le 8 septembre 2011, John Galliano est condamné pour « injures publiques » à 6 000 euros d'amende avec sursis et pour ses propos antisémites. Il doit  verser 1 euro de dommages et intérêts aux victimes, et rembourser les frais de justice des associations parties civiles. Il n'interjette pas appel. Sa Légion d'Honneur lui est retirée. Quelques mois plus tard, Dior le remplace par Raf Simons. Dans les années qui suivent, John Galliano présente ses excuses pour ses propos antisémites, suit une thérapie et renoue avec le monde de la mode comme styliste pour la maison Margiela.

"Grenades"
« Personnages saillants de ce film, certains "bons clients" du scandale font régulièrement la une des journaux : Naomi Campbell, encore, connue pour ses frasques et ses retards (y compris au tribunal), John Galliano, dont la trajectoire folle finira par le dérapage antisémite qu'on connaît, Tom Ford, le roi du porno chic, au cœur d'un incroyable imbroglio économique et aux prises avec le tandem Bergé-Yves Saint Laurent ». 

« Fin connaisseur du sujet, Loïc Prigent dégoupille, sur un rythme endiablé, les grenades d'un microcosme dont il dévoile les outrances, le cynisme et l'inépuisable inventivité ». 

« En voix off, il commente sur un ton pince-sans-rire défilés (très) court vêtus, règlements de comptes (parfois sanglants) entre magnats du secteur ou caprices délirants des divas fashion. »



« Scandales de la mode » de Loïc Prigent
France, 2016, 52 min
Coproduction : ARTE GEIE, Deralf, Bangumi
Sur Arte le 7 mai 2021 à 22 h 30
Disponible du 16/04/2021 au 05/06/2021
Visuels :
© Bangumi

Interrogée en tant que témoin dans le cadre du procès de l’ancien dictateur du Libéra Charles Taylor, Naomi Campbell a reconnu avoir reçu des «diamants du sang».
© SCSL COURT

Une activiste de la PETA (People for Ethical Treatment of Animals) tient une banderole " La fourrure est la mort" , du défilé de la collection printemps/été 2006 de Roberto Cavalli, Milan, Italie
© Antonio Calanni/AP/SIPA

© DR

La mannequin Kate Moss surprise en train de " sniffer" une ligne de coke, septembre 2005
© Daily Mirror

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