Citations

« Le goût de la vérité n’empêche pas la prise de parti. » (Albert Camus)
« La lucidité est la blessure la plus rapprochée du Soleil. » (René Char).
« Il faut commencer par le commencement, et le commencement de tout est le courage. » (Vladimir Jankélévitch)
« Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort. Il est de porter la plume dans la plaie. » (Albert Londres)
« Le plus difficile n'est pas de dire ce que l'on voit, mais d'accepter de voir ce que l'on voit. » (Charles Péguy)

vendredi 7 juillet 2017

Les Bene Israël (Inde) - Photographies de Frédéric Brenner

Le musée d’art et d’histoire du Judaïsme (MAHJ) a présenté l’exposition éponyme sur les Bene Israël, un des quatre groupes Juifs vivant en Inde. Dans le cabinet d’art graphique du musée, sont montrées 18 photos de Bene Israël prises par Frédéric Brenner en 1984 ainsi qu’une stèle du cimetière de Kochi (Cochin). En juillet 2017, le Premier ministre d'Inde, Narendra Modi, a effectué la première visite d'un chef de gouvernement  indien en Israël.

Les Bene Israël (Inde) - Photographies de Frédéric Brenner

Ethnologue et sociologue de formation, photographe et cinéaste, Frédéric Brenner s'est spécialisé dans les Juifs de diaspora. L’Inde est l’une des étages de son pépiple pendant plusieurs décennies, sur les cinq continents, pour conserver les traces de mondes en voie de disparition. Les photos de Frédéric Brenner ont été exposées en Europe, Israël, Amérique latine et aux Etats-Unis et ont valu à leur auteur le Prix Niepce et le Prix du Salon de la Photo. Certaines ont été réunies dans ses livres, dont Diaspora : terres natales de l’exil (2003). Elles montrent la variété de cette diaspora, ses similitudes – rites, conscience d’appartenir au peuple Juif, lien avec Eretz Israël - et ses différences.

Si, comme dans d’autres pays telle la Tunisie, les communautés Juives en Inde remontent à l’Antiquité, elles ont « toujours pratiqué leur religion en toute liberté », sans « avoir jamais souffert d’antisémitisme », écrit Monique Zetlaoui, historienne, journaliste et auteur de Shalom India. Histoire des communautés juives en Inde (éditions Imago, 2000).

Dans un numéro de L'univers israélite de 1904, Pierre Loti décrit les Juifs d'Inde, notamment à Malabar.

Star du cinéma indien, muet - Typist Girl (1926), Balidaan (1927) et Wildcat of Bombay (1927) -, puis parlant, sous le nom de Sulochana, Ruby Myers (1907-1983) a souvent joué avec Dinshaw Billimoria dans les films des studios Imperial. Elle crée sa maison de production, Rubi Pics, au milieu des années 1930. Récompensée en 1973 par la plus haute distinction cinématographique indienne, le Dada Saheb Phalke Award, cette actrice de Bollywood décède dans la pauvreté et la solitude le 10 octobre 1983 à Mumbai. Parmi les autres actrices juives du cinéma indien surnommé Bollywood : Rose Ezra et Farhat Ezekiel Nadira. Toutes d’origine Baghdadi.

En novembre 2012, pour la première fois depuis 50 ans, un mariage Juif unissant deux Indiens Juifs autochtones - Pinhas Ezekiel Malekar et Shulamith Sharon Bhalkar - a été célébré à New Delhi.

Quatre groupes Juifs
Le subcontinent indien a accueilli quatre groupes Juifs, soit environ 30 000 Juifs dans les années 1940, 26 000 en 1951 et 15 000 en 1988. Ces quatre communautés Juives en Inde sont les Juifs de Cochin, les Bene Israël, les Juifs Bagdadi et les Bnei Menashe. Un cinquième groupe est constitué des Bene Ephraim qui résident au Kotha Reddy Palem, village près de Guntur dans l'Etat d'Andhra Pradesh (côte sud-est de l'Inde), et parlent le telugu.

Ces Juifs ont activement contribué à l’essor de l’Inde, notamment dans le négoce de diamants, par leur collaboration à la Compagnie des Indes orientales, tel « Abraham Navarro, un Juif portugais venant de Londres, nommé comme ambassadeur de l'empereur moghol Aurangzeb en 1689 », ou au sein de l’administration britannique comme Pellegrino Treves.

Les Juifs de Cochin sont divisés en Juifs Blancs (« Paradesi, étrangers en langue indigène, et meyuchasim en hébreu, les bien nés) vivant à Cochin dans la Jew Street, et Juifs Noirs d'origine indienne installés à Ernakulam, près du port et dans les villes voisines (ou « meshuacharim, les affranchis ce qui laisserait sous-entendre que ce sont des anciens esclaves affranchis ou des convertis »). Ce sont des « commerçants actifs établis depuis le roi Salomon dans le Kerala et parfaitement assimilés à la société indienne ». Ils ont joué un rôle important dans l’économie indienne, notamment sous l’occupation hollandaise (1663-1795). Ils étaient environ 3 000 dans les années 1940.

 Lors de son séjour de neuf jours en Inde, le prince Charles, accompagné de son épouse Camilla, duchesse de Cornouailles, a fêté son 65e anniversaire. Le 13 novembre 2013, tous deux ont arpenté la Jew Street (rue du Juif) de Cochin qui mène à la synagogue  de Mattancherry, synagogue des Paradesi (« Blancs »), où l’héritier de la couronne britannique a reçu une bénédiction juive traditionnelle. Le couple royal, qui s’est rendu dans une église et une mosquée, a été accueilli par Queenie Hallegua, gardienne de la synagogue  et l’une des sept Juifs qui vit encore dans cette rue. La synagogue des Paradesi (« Blancs »), la plus grande de la région de Cochin, a été construite en 1568 et est la plus ancienne synagogue du Commonwealth. Son sol est composé de 560 carreaux provenant de la province chinoise de Canton en 1762, peints à la main, avec chacun un dessin différent. Cette synagogue a été fondée par des Juifs sépharades qui avaient fui les persécutions antisémites dans la péninsule ibérique, étaient arrivés en Inde aux XVe et XVIe siècles, et ont ensuite été connus comme Juifs Paradesi. Les Juifs de Cochin forment le groupe Juif le plus ancien vivant en Inde et clament être arrivés vers l’époque du roi Salomon dans ce qui est maintenant une partie de l’Etat méridional indien du Kerala, où ils ont développé une activité florissante de commerçants. Après la destruction du Second Temple en 70 de l’ère commune, le raja hindou de Cranganore, Sira Primal, a autorisé en 379 de l’ère commune les Juifs, représentés alors par Joseph Rabban, à y être propriétaires, à y pratiquer librement leur religion et à utiliser des parasols et des palanquins, selon des règlements qui ont été codifiés sur des plats en cuivre. En 1524, les Juifs de Cranganore, au sud-ouest de l’Inde, ont fui vers le Cochin après que des musulmans les avaient attaqués pour avoir un avantage dans le commerce du poivre. Le Raja hindou de Cochin leur a donné l’asile et les a exemptés de tout impôt.

A « l'origine presseurs d'huile », les Bene Israël (ou Bnei Israël, enfants d'Israël) ont été « longtemps coupés du monde juif et considérés comme une des dix tribus perdues après la destruction du Temple de Jérusalem ». Malgré les efforts des missionnaires chrétiens, ils sont restés fidèles à leur foi. La plupart ont fait leur aliyah dans les années 1950. Ces Bene Israël habitent essentiellement à Kolkata (Calcutta) et à Mumbai (Bombay) où ils sont environ 4 000 (environ 20 000 en 1951), ainsi qu’à Ahmadabad. 

Mumbai (Bombay), la première synagogue est construite en 1796 sous la direction de l’officier Samuel E. Divekar (Samaji Hassaji).

C'est un Indien musulman, Mohammad Abdul Yaseen, âgé de 74 ans, qui grave les pierres tombales  juives du cimetière Bene Israel de Mumbaï, et assure leur entretien ou rénovation (peinture). Cet artisan polyglotte - anglais, hébreu, marathi (langue locale indienne) - exerce son métier depuis des décennies dans ce cimetière. Malgré les offres de s'installer en Israël, il préfère demeurer à Mumbai où il est arrivé dans les années 1960 après avoir quitté le nord de l'Inde.

Citons le poète Nassim Ezechiel, les sociétés Sassoon à Bombay et B.N. Elias à Calcutta fondées par ces Enfants d'IsraëlEn 1984, Frédéric Brenner a saisi ces Bene Israël dans leur vie quotidienne, dans des moments de joie (mariage à la synagogue), dans un pays majoritairement hindou.

« J’appartiens à la communauté juive d’Inde connue sous le nom de Bene Israel… Mes parents ont grandi dans un milieu juif. Ils ont fréquenté des écoles juives, appris l’hébreu dans une école dirigée par la célèbre famille Kadourie… Avec l’essor de Bombay, les gens se sont installés dans les banlieues. J’ai grandi dans un environnement pas spécifiquement juif… Si l’Inde est notre terre maternelle, Israël est notre terre paternelle », déclarait Yael Jhirad, présidente de la WIZO Inde, à Wizo Review au printemps 2008 (n° 318).

Venus du Moyen-Orient au XVIIIe siècle, les Baghdadi, parfois enrichis par la vente, à l’époque légale, de l’opium, sont plus proches des Européens. Leur nombre en 1940 est d'environ 6 500.

Les  Baghdadis sont les premiers Juifs à avoir immigré à "Mumbai après avoir quitté Surat, un lieu de commerce moghol déclinant. En 1730, Joseph Semah est le premier marchand Baghdadi à s'installer à Bombay. La plupart des nouveaux immigrés pratiquaient le commerce avec les ports du golfe persique. 1830 marque la fin de l'exclusivité de la Compagnie des Indes orientales sur le commerce. Thé, soie, opium, coton, mousseline, camphre, épices, métaux, indigo, assurance, banque, immobilier... Tous ces articles et activités renforcent les relations entre Bombay et la Chine. En 1832, David Sassoon a fui les persécutions antisémites à Bagdad pour Bombay, où il est devenu un responsable communautaire et spirituel pour les Juifs d'Asie occidentale. Avec les barrières douanières et les guerres d'opium entre la Chine et l'Angleterre dans les années 1880, les commerçants Parsis se retirent de ce commerce qui bénéficie alors de l'activité des Sassoon, entre l'Orient et l'Occident, et en particulier à l'initiative d'Elias Sassoon, deuxième fils de David Sassoon,  établi en Chine dès 1844, entre la Chine et l'Occident et en direction de l'Extrême-Orient, notamment le Japon. Elias Sassoon fonda la communauté marchande Baghdadi à Shanghaï", relate Sifra Lentin (Gatewayhouse, 7 février 2014).
A l'avènement de l'indépendance indienne, les Juifs de Bombay ont émigré vers Londres, Israël et l'Australie. Selon l'American Jewish Distribution Committee, moins de 150 Juifs Baghdadi vivent à Bombay. Cependant, de nombreuses institutions témoignent de la vitalité de ces Juifs : les synagogues - la Magen David Synagogue à  Byculla et la Knesset Eliyahoo Synagogue à Fort -, les écoles - Sir Jacob Sassoon School et E. E. E. Sassoon School dans la région de Byculla-Nagpada, Elly Kadoorie School, dont l'immeuble a été donné en 1934 par les Kadoories à la précédente Israelite School (fondé par la Bene-Israel Benevolent Society for the Promotion of Education en  1875).
Autres marques dans la ville : la David Sassoon Library, la statue équestre du Prince Edward VII (Kala Ghoda) et le Sassoon Building of the Elphinstone Technical Institute. Les Sassoons étaient les donateurs les plus généreux à l'Institute of Science et pour la construction du Gateway of India.

Né en 1923 à Calcutta dans une famille Juive « Baghdadi » ayant quitté l’Iraq au milieu du XIXe siècle, bourgeoise et pieuse, Jacob-Farj-Rafael Jacob est scolarisé à l’âge de neuf ans dans un internat de Darjeeling.

Indigné par les atrocités commises par les Nazis à l’égard des Juifs, il s’enrôle en 1941 dans l’armée de l’Inde, alors sous domination de la couronne britannique. Formé dans une école d’officiers, il rejoint en 1942 une brigade d’artillerie. Après avoir été muté en Afrique du Nord, Jacob-Farj-Rafael Jacob  se rend en Birmanie pour combattre le Japon impérial conquérant, allié des forces de l’Axe.

En 1947, l’indépendance de la péninsule indienne se déroule par la partition entre deux Etats : l’Inde et le Pakistan.


Dans de célèbres écoles d’artillerie britanniques et américaines, Raphaël Jacob devient expert en missiles et artillerie avancée.

Lors de la guerre née de la proclamation de l’indépendance du Bangladesh (1971), ancien Pakistan oriental, soutenu par l’Inde, Jacob-Farj-Rafael Jacob  se distingue en concevant une offensive audacieuse victorieuse à Dhaka, alors Decca : onze jours suffisent à obtenir la capitulation du Pakistan.

Au terme de 37 ans de bons et loyaux services, le lieutenant-général J.F.R. Jacob  prend sa retraite de l’Armée en 1978 et concilie ses activités dans le monde des affaires et sa carrière politique dans le parti Bharatiya Janata Party (BJP, Parti du peuple indien) qui en 1992 a établi des relations diplomatiques avec l’Etat Juif.


Gouverneur de la province de Goa (1998) et du Pendjab, près du Cachemire, jusqu’en 2003, conseiller pour la Sécurité. Soucieux de la préservation de la Nature, Jacob-Farj-Rafael Jacob demeure actif au sein de la communauté Juive de New Delhi et dans les relations entre l’Inde et l’Etat d’Israël. J-F-R Jacob a donné des objets cultuels de sa famille au Musée des Juifs de Babylone à Or Yehuda.

Héros de l'Inde, le plus haut officier gradé Juif dans l'armée indienne, Jacob-Farj-Rafael Jacob, né dans une famille Juive « Baghdadi », est mort le 13 janvier 2016 à New Delhi. Les plus hautes autorités politiques indiennes lui ont rendu un vibrant hommage.

Le sculpteur Anish Kapoor est né en 1954 à Bombay, d'un père hindu et d'une mère Juive émigrée, âgée de quelques mois, de Bagdad (Iraq).Son grand-père maternel était cantor de la synagogue de Pune. Les Juifs Baghdadi représentaient alors la majorité des Juifs de Bombay. Ilan Kapoor, frère de l'artiste, est universitaire au Canada.
De 1971 à 1973, Anish Kapoor séjourne en Israël avec un de ses deux frères. Après avoir vécu en kibboutz, il étudie pendant six mois l'ingénierie électrique, mais abandonne en raison de son niveau en mathématiques. Il décide de devenir artiste, et suit une formation en Grande-Bretagne au Hornsey College of Art et à la Chelsea School of Art and Design. Après avoir été modèle pour l'artiste Paul Neagu, il enseigne au Wolverhampton Polytechnic en 1979, et en 1982 est Artiste en Résidence à la Walker Art Gallery de Liverpool.
Vivant en Grande-Bretagne depuis les années 1970, Anish Kapoor devient célèbre lors de la décennie suivante pour ses sculptures géométriques ou biomorphiques en matériaux simples, tels le granit, le marbre, le pigment, le calcaire ou le plâtre, aux formes arrondies, souvent monochromatiques, aux couleurs claires.
Depuis le milieu des années 1990, il recourt à l'acier inoxydable poli pour des œuvres similaires à des miroirs, reflétant à l'identique ou en le déformant leur environnement, ainsi qu'à la cire rouge évoquant le sang. En septembre 2009, il a été le premier artiste à présenter une exposition individuelle à la Royal Academy of Arts.
Son installation monumentale Leviathan, une structure gonflablea été montrée au printemps 2011 dans le  cadre de Monumenta 2011, dans la nef du Grand Palais (Paris).
Son oeuvre Dirty Corner a été exposée en 2011 à la Fabbrica del Vapore de Milan. Longue de 60 mètre, sur huit mètres de hauteur, elle permet aux visiteurs d'y pénétrer. Au fil de la durée de l'exposition, elle est recouverte de terre.
Représentant la Grande-Bretagne à la XLIVe Biennale de Venise en 1990, Anish Kapoor a reçu le Premio Duemila Prize. In 1991, il a été distingué par le Turner Prize. Il a été anobli par la Reine Elisabeth II en 2013, et a reçu un diplôme honoraire de doctorat de l'University of Oxford en 2014.
Du 9 juin au 1er novembre 2015, Anish Kapoor est l'artiste contemporain invité de l'été au Château de Versailles, "Six œuvres monumentales sont exposées avec un regard politique porté par l’artiste sur le pouvoir et sa représentation au moment du Tricentenaire de la mort de Louis XIV. La majorité des œuvres de l'exposition Kapoor Versailles sont installées dans les Jardins : quatre sur la Grande Perspective et une dans le bosquet de l'Etoile. L'œuvre Shooting into the Corner, installée dans la salle du Jeu de Paume, complète l'exposition".
Le processus de la psychanalyse joue un rôle important dans son travail.
A trois reprises, la première fois aspergée de  peinture jaune en juin 2015 et à deux reprises en septembre 2015 - tags de couleur blanche (« A Versailles le Christ est roy ») le 6 septembre, graffitis dans la nuit du 9 au 10 septembre (« Respect art as u trust God [“Respecte l’art comme tu crois en Dieu”] »  en lettres de couleur rose) -, Dirty Corner d'Anish Kapoor a été vandalisée par des graffitis en particulier antisémites. Le plasticien a voulu conserver ces graffitis sur son oeuvre en forme de trompe en métal surnommée "Le vagin de la reine". Le 12 septembre 2015,  Anish Kapoor et son agent Kamel Mennour, galeriste co-producteur de cette exposition, ont déclaré : "En cette époque périlleuse où les œuvres de tous les temps sont particulièrement visées par la haine, il est de notre devoir de maintenir la sculpture Dirty Corner au Château Versailles jusqu'à la fin de l'exposition". Ils ont exhorté l'Etat à "assumer son devoir et de protéger le travail de l'artiste qu'il invite" et "d'assurer la sécurité nécessaire à la protection des œuvres placées sous sa responsabilité".
Soucieuse du droit moral de l'artiste, le Château pensait "qu’il n’avait pas le droit d’intervenir sur l’œuvre sans l’accord" d'Anish Kapoor, avait renforcé les mesures de sécurité et avait porté plainte au pénal à deux reprises. Aussi, il a consacré douze jours pour le persuader de recouvrir ces tags antisémites.
Le 18 septembre 2015, à la demande de l’association Avocats sans frontières et d'un conseiller municipal (DVD) de Versailles, le juge des référés du tribunal administratif de Versailles a ordonné au Château de Versailles de retirer « sans délai » de la vue du public les tags antisémites inscrits sur cette sculpture monumentale longue de 60 mètres dans le parc de 200 ha. Il a considéré que les inscriptions portaient atteinte à l’ordre public et « en particulier à la dignité de la personne humaine ». Il a concilié "la liberté de création et d'expression artistique qui implique le respect du droit moral de tout auteur sur son oeuvre", et, quand l'oeuvre est exposée au public "le respect des autres libertés fondamentales".
L'action visant à cacher ces tags antisémites a débuté le 21 septembre 2015, et duré environ une semaine, selon un responsable du Château.
Le sculpteur britannico-indien Anish Kapoor a reçu le 6 février 2017 le prix Genesis, assorti d’un million de dollars.

Enfin, les 8 000 Mizos (Bnei Menashe, enfants de Menashe ou Manassé en hébreu) vivent aux frontières de la Birmanie, dans les Mizoram et Manipur, situés au nord-est de l'Inde. Jadis « farouches guerriers et coupeurs de têtes », ils revendiquent « depuis peu leur appartenance au judaïsme et se prétendant mystérieux descendants de la tribu de Manassé », une des dix tribus perdues d'Israël exilées par l'empire assyrien après la mort du roi Salomon voici plus de 2 700 ans.  Environ 7 000 demeurent dans les Etats indiens de Mizoram et de Manipur, prés de la Birmanie, et 1 700-2 000 Bnei Menashe vivent en Israël, dont la majorité pratiquaient le judaïsme en Inde.

Aliyah

Des Juifs d’Inde ont immigré en particulier en Israël, au Royaume-Uni, aux Etats-Unis, au Canada et en Australie. 

Environ 1% des Juifs vivant en Israël est d’origine indienne. L'Etat d'Israël compte plusieurs dizaines de milliers de Juifs originaires d’Inde ou du Pakistan, pays qu'ils ont quittés à partir de 1948. Ces olim vivent à Lod, Ashdod, Ramleh... 

Après avoir effectué leur service militaire, nombre de jeunes Israéliens se rendent en Inde pour un séjour touristique et spirituel.  L'Inde est devenu un partenaire/client stratégique pour l'Etat d'Israël.

En 2005, le grand rabbin séfarade d'Israël, Shlomo Amar, a reconnu les Bnei Menashe comme descendants d’une des tribus perdues, et a insisté pour qu’ils entreprennent une conversion afin d’être reconnus comme Juifs. Il a envoyé une équipe de rabbins en Inde afin de convertir 218 B’nei Menashe. Mais les autorités indiennes ont mis un terme à cette action. 

Un groupe d'Olim d'Inde a été accueilli en 2007 en Israël. 

Peu après, le gouvernement du Premier ministre Ehud Olmert avait gelé l'immigration de ces Juifs d'Inde.  Près de 1 700 Juifs d'Inde ont fait leur aliyah avant que le  gouvernement israélien cesse de leur délivrer des visas.

En février 2011, Shalem Gin a été le premier membre des Bnei Menashe à être nommé officier de l'armée israélienne. 

Cette immigration n'a repris qu'en 2012 à l'initiative du Premier ministre Benjamin Netanyahu dont Michael Freund a été le conseiller. En juillet 2012, environ 250 Bene Israël d'Inde ont fait leur alyiah. En octobre 2012, et pour la première fois depuis 2007, le gouvernement israélien a approuvé  l’arrivée de 275 membres de la communauté des Bnei Menashe. Le 24 décembre 2012, 53 membres des Bnei Menashe, originaires de Manipur, au nord-est de l’Inde, ont fait leur aliyah. Leur voyage a été organisé par Shavei Israel (ceux qui reviennent en Israël), dirigé par Michael Freund. Ces olim s’installeront dans le nord d’Israël, après une période d’intégration de trois mois.

Le 6 octobre 2013, le gouvernement israélien a autorisé 899 Juifs  d’Inde, des Bnei Menashe qui revendiquent leurs liens avec la  tribu juive de Menashe (Manasseh), une des dix « tribus perdues » exilées par le régime assyrien il y a 2 700 ans, à faire leur aliyah d'ici à 2015. Le 26 décembre 2013, trente-huit Bnei Menashe de l'Etat indien de Mizoram ont fait leur aliyah. Après plusieurs mois dans un centre d'intégration de l'organisation Shavei Israel, ils s'installeront dans leurs foyers d'Upper Nazareth. 

Début 2014, Shavei Israel a amené 160 Bnei Menashae du Mizoram.

Le 22 mai 2014, après sept ans de séparation, un coupe de Juifs Bnei Menashe fiancés, Edna et Gamliel, a été réuni en Israël lors de l'arrivée en Eretz Israël de 40 Bnei Menashe originaires de Manipur, premier groupe d'un ensemble de 250 coreligionnaires de cette Tribu perdue qui s'installeront dans les prochains mois en Israël. Gamliel avait fait son aliyah en 2007. Parmi ce groupe de Bnei Menashe : un grand-père qui n'avait pas vu ses quatre petits-enfants israéliens, un frère et une sœur séparés depuis 21 ans.

Les Juifs d'Inde ont été visés par les attentats islamistes à Mumbaï (ancienne Bombai) le 29 novembre 2008 : neuf Juifs se trouvant dans le centre Loubavitch (Chabad, acronyme de Hokhma Bina Da'at, « sagesse, compréhension, savoir »), dont le rabbin Gavriel Holtzberg et son épouse enceinte Rivka, tous deux Israéliens, y ont été assassinés.

La conférence Judeo-Christian Heritage of the West Coast of India a eu lieu le 2 février 2014, au Taj Vivanda, Panaji.

Le 20 mars 2014,  Sarah Avraham a remporté en Thaïlande le championnat féminin mondial de boxe thaïlandaise (Muay Thai). Agée de 20 ans, cette jeune femme vit à Kiryat Arba en Judée. Née à Mumbaï (Inde), elle s'est convertie, ainsi que sa famille, au judaïsme en 2008, et a fait son aliyah à la suite de l'attentat terroriste islamiste contre la Maison Loubavitch (Chabad) le 29 novembre 2008. Le Dr Aaron Avraham, père de Sarah, était l'ami et le médecin du rabbin Gavriel et de Rivka Holtzberg, assassinés lors de cet attentat islamiste contre cette Maison qu'ils dirigeaient. Il travaille à l'hôpital Bnei Brak et au centre médical de Kirvat Arba. Entrainée par Michael Pollack, Sarah Avraham a gagné en 2012 le championnat israélien de boxe thaïe en Israël. Elle est pompier volontaire.

Le 22 mai 2014, après sept ans de séparation, un coupe de fiancés Juifs Bnei Menashe a été réuni en Israël.

Le 11 novembre 2014, grâce à Shavei Israel, un groupe d'environ 50 Bnei Menashe Jews ont quitté l'Inde pour faire leur aliyah. A l'aéroport Ben-Gurion de Tel-Aviv, ils ont été accueillis par la ministre de l'Intégration de l'immigration Sofa Landver. Originaires de la partie nord-est de l'Inde, ils revendiquent une ascendance de Juifs exilés d'Eretz Israël en Inde au VIIIe siècle avant l'ère commune.

En 2014, environ 500 Juifs Bnei Menashe se sont installés en Israël.

"Pour la première fois depuis 2 700 ans, un groupe de 100 récents olim Bnei Menashe se sont rendus le 1er juin 2015 sur la tombe de Joseph à Shechem (Naplouse). Ce qui représente un fait unique est que les Bnei Menashe sont les descendants de la tribu de Manasseh, fils aîné de Joseph. Et, selon la tradition, Manasseh et Ephraim, fils de Joseph, sont enterrés au côté de leur père. Ce qui ajoute à la signification que c'est la fermeture d'un cercle historique," a déclaré le rabbin Freund à Arutz Sheva.

"Selon la tradition orale des Bnei Menashe, leurs ancêtres sont arrivés au nord-est de l'Inde après des siècles d'errance, de l'esclavage en Assyrie, via la Perse, l'Afghanistan, l'Hindu-Koush [chaine de hautes montagnes empruntéepar la route de la Soie, Nda], le Tibet et la ville chinoise de Kaifeng, où de nouveau ils ont été forcés de fuir l'esclavage. Après une quasi-éternité d'esclavage, de persécution et d'assimilation forcée, au moins certains d'entre eux ont atteint la Birmanie (Myanmar) et l'Inde, où ils se sont installés,gardant d'anciennes traditions dont l'ancêtre  “Manmaseh” et des pratiques et chants Juifs reconnaissables".

En juin 2015, 250 Bnei Menashe arriveront en Israël.

En 2015, environ 3 000 Bnei Menashe vivent en Israël, essentiellement en Galilée, en Judée et en Samarie, sur 75 000 Juifs d'origine indienne. Près de 7 000 vivent en Inde, majoritairement dans les Etats du nord-est de l'Inde : Mizoram et Manipur, près de la Birmanie. L'association Shavei Israel espère achever l'aliyah des Bnei Menashe en 2020.

L'Inde et Israël
En 1992, India a établi des relations diplomatiques avec Israël, Depuis l'arrivée au pouvoir de Modi, en 2014 les relations bilatérales se sont renforcées.

Depuis le début des années 1990, le  commerce entre les deux Etats a cru de 200 millions de dollars à plus de 6 milliards de dollars en 2014. Israël est devenu en quelques années le deuxième fournisseur d'armement. Les sociétés indiennes technologiques, informatiques et industrielles ont découvert en Israël des opportunités d'investissements à long terme dans des start-up et des éco-systèmes technologiques.

En mai 2014, Modi, nouvellement élu, a rencontré Benjamin Netanyahu, Premier ministre, alors qu'il assistait à l'Assemblée générale des Nations unies à New York, Modi avait aussi rencontré les dirigeants de la communauté Juive américaine. De nombreux dirigeants indiens du gouvernement de Modi ont effectué des visites en Israël, dont Rajnath Singh, ministre de l'Intérieur, en novembre 2014. Moshe Ya’alon, ministre de la Défense a rencontré Modi en Inde en février 2015. Narendra Modi, Premier ministre indien, devrait bientôt se rendre en Israël. Ce qui sera la première visite d'un chef de gouvernement d'Inde dans l'Etat Juif. Dans les prochains mois, Sushma Swaraj, ministre indien des Affaires étrangères, effectuera une visite en Israël.

En mai 2015, une crème glacée indienne a été nommée Hitler et illustrée du portrait de ce dernier en costume militaire. Signe d'une insuffisante connaissance de la Shoah selon The Daily Mail.

Le 1er juin 2015, un groupe de 100 récents olim Bnei Menashe se sont rendus sur la tombe de Joseph à Shechem (Naplouse).

Le 13 août 2015, Jaideep Sarkar, ambassadeur d'Inde en Israël, a invité les 85 000 Israéliens Juifs d'origine indienne à se rendre en Inde afin de visiter les sites du riche et varié patrimoine juif, dont certains sont en voie de réhabilitation. Il les a  exhortés à maintenir leurs liens avec l'Inde, à étudier dans ce pays.

Le 10 octobre 2015, à l’Université d'Amman (Jordanie), Murkherjee, a "déclaré que des liens plus proches avec Israël ne changeraient pas la position de l’Inde sur la question palestinienne : « Le soutien traditionnel de l’Inde à la cause palestinienne reste fort et inchangé même si nous avons des relations solides avec Israël ». Citant un discours" du Mahatma Gandhi en 1938 "dans lequel il expliquait son opposition au sionisme déclarant que cela serait « un crime contre l’humanité de rabaisser les fiers Arabes pour que la Palestine soit rendue aux Juifs partiellement ou totalement comme leur foyer national », Mukherjee a déclaré que la « Palestine appartient au Arabes dans le même sens que l’Angleterre appartient aux Anglais et le France aux Français.” 

Le 13 octobre 2015, Mukherjee a déposé une couronne de fleur sur la tombe de l’ancien chef de l’Autorité palestinienne Yasser Arafat avant de rencontrer l’actuel président de l’AP Mahmoud Abbas. Il devait aussi visiter l’Université al Quds de Jérusalem, "site de nombreuses manifestations violentes au cours de dernières semaines, pour recevoir un doctorat honoris causa".


Le 14 octobre 2015, lors de sa visite officielle de trois jours en Israël, le président indien Praneb Mukherjee a déclaré, à son homologue israélien; être « préoccupé » par l'accroissement des actes de terrorisme en Israël et que « l’Inde attache une haute importance à sa relation Israël. ’Inde condamne toute forme de terrorisme, et nous avons toujours préconisé une solution pacifique à tous les conflits ». Le président Rivlin a loué les liens entre Israël et l’Inde, et exprimé son souhait « d’explorer de nouvelles voies de corporation et de partenariat. Les Indiens et les Israéliens travaillent ensemble pour protéger l’environnement, développer des études académiques, et nous travaillons pour protéger nos peuples face au terrorisme et au fondamentalisme ».

Depuis son entrée en fonction en 2014, le Premier ministre Narenda Modi "a fait du développement de la coopération avec Israël un élément central des politiques diplomatiques de son gouvernement".

Praneb Mukherjee s’est adressé à la Knesset lors une session plénière spéciale en présence du Premier ministre Benjamin Netanyahu et du Président Rivlin. Il y a évité d'évoquer la "situation sécuritaire, faisant seulement allusion au soutien indien à la solution à deux États : « L’Inde pense qu’il n’y a pas de meilleur moyen de résoudre les problèmes que par les négociations et le dialogue ».

Il a souligné " les liens historiques entre Israël et l’Inde et le potentiel pour une coopération future : « Des Juifs sont arrivés en Inde il y a plus de 2 000 ans. Le peuple juif a toujours fait partie intégrante de la société indienne composite ».

Mukherjee, a exprimé sa gratitude à l'égard d'Israël qui lui a fourni « des équipements vitaux de défense en 1999 ». Depuis 1999, l’Inde est devenu le plus grand acheteur d’équipement militaire israélien. En octobre 2014, l’Inde a signé un contrat à hauteur de 525 millions de dollars pour acheter des missiles guidés Spike, qui ont été largement utilisés par l’armée israélienne lors de l’Opération Bordure protectrice de" l’été 2014. Les "marchands d’armes israéliens auraient vendu pour environ 8 milliards de dollars de système d’armement à l’Inde, représentant autour de 15 % des ventes d’armes totales, pour 2012".

« Nos pays devraient coopérer dans le domaine de l’agriculture. Les avancées technologiques israéliennes peuvent améliorer la production industrielle de l’Inde. La coopération peut créer plus d’emploi aussi bien en Inde qu’en Israël », a ajouté le président Mukherjee.

Une coopération souhaitée aussi par le Premier ministre Benjamin Netanyahu : « l’Inde est un pays énorme, et nous sommes un pays petit, mais ensemble nous faisons de grandes choses dans le domaine de la science, de la technologie, de l’informatique, de l’eau et de la sécurité, et nous travaillons ensemble pour mettre en pratique le potentiel d’innovation afin d’apporter le bien-être et la prospérité à nos pays. Devant tous les défis du fanatisme et de la terreur qui se sont présentés contre nos pays, nous avons réussi à préserver la démocratie pendant 70 ans. Nos deux pays sont attaqués par des organisations terroristes mondiales. Avec nos aspirations à vivre en coexistence et en paix, nous devons faire comprendre clairement à nos ennemis que la terreur ne nous vaincra pas. En plus de démolir les maisons des terroristes, nous ne permettrons pas la reconstruction des maisons au même endroit. Nous saisirons les biens, annulerons les permis de résidence permanente et installerons des barrages routiers où ce sera nécessaire. Nous agirons contre tous les instigateurs de la haine qui répandent des mensonges sanglants pour préparer des actions contre nous ».

Le 15 octobre 2015, Mukherjee a reçu un doctorat honoris causa de l’Université Hébraïque de Jérusalem.

Une centaine de Bnei Menashe sont arrivés en Israël les 14 et 16 février 2017.

Le Premier ministre d'Inde, Narendra Modi, a effectué la première visite d'un chef de gouvernement en Israël. Une visite officielle aux enjeux multiples : économiques, technologiques, agricoles, géopolitiques, etc. Et qui illustre le rapprochement récent d'un des pays les plus peuplés au monde avec l'Etat juif.


Jusqu’au 9 janvier 2011
Au MAHJ
Hôtel de Saint-Aignan
71, rue du Temple. 75003 Paris
Tél. : (33) 1 53 01 86 60
Du lundi au vendredi de 11 h à 18 h
Le dimanche de 10 h à 18 h

Photos :
Frédéric Brenner
Devant la synagogue Alibag, Maharashtra, Inde, 1984
© Frédéric Brenner

Anish Kapoort
Curve. © Anish Kapoor 2015
Shooting into the Corner. © Anish Kapoor 2015

Les citations sont extraites du communiqué de presse.
Sur l'Inde :
Les romans de Sarah Dars

Cet article a été publié pour la première fois le 31 décembre 2010, puis le 1er décembre 2012 et le 26 décembre 2012, et les 10 et 25 octobre, 18 novembre et 29 décembre 2013, 30 janvier, 25 mars, 26 mai et 27 novembre 2014, 3 juin et 21 août 2015, 15 janvier 2016, 24 février 2017. Il a été modifié le 7 juillet 2017.

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