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jeudi 22 septembre 2016

« Sépharades 2004, Un état des lieux » de Moïse Rahmani


Moïse Rahmani a recensé les communautés sépharades, pays par pays. Ce directeur de l’Institut sépharade européen a offert un tableau historique clair d’une communauté forcée à des exils et qui brille par ses talents.  Il est mort le 18 septembre 2016. Barou'h Dayan HaEmeth (Loué soit le Juge de vérité, en hébreu). Les funérailles auront lieu le 22 septembre 2016, à 10 h 45 au cimetière – rue du Long Chene 88 – 1970 Wezembeek-Oppem Belgique. J'adresse mes condoléances émues à la famille de Moïse Rahmani, un Juif sioniste, qui a œuvré avec efficacité pour préserver la mémoire des Juifs sépharades et que soit relatée leur histoire.
« Les Sépharades sont les descendants des Juifs habitant l’Espagne et le Portugal expulsés entre 1492 et 1497. La présence juive remonte [dans ces deux pays] au règne de Salomon (973 à 930 avant l’ère civile) ». 

A la fin du XVe siècle, entre deux et trois cent mille Juifs se dirigent vers l’Afrique du Nord, la France, l’Italie et l’Empire ottoman où ils retrouvent leurs coreligionnaires établis depuis des millénaires. Une partie des Juifs convertis, ou marranes, quitte la péninsule au XVIe siècle pour les Pays-Bas méridionaux (actuels Belgique et Pays-Bas), l’Angleterre ou l’Amérique. Là, ils contribuent à l’essor de leurs terres d’accueil, conservant leurs rites, langue – le judéo-espagnol -, leurs coutumes, etc.

Fait peu connu, ce sont vingt-trois Juifs sépharades qui, fuyant l’Inquisition au Brésil, arrivent en 1654 à la Nouvelle Amsterdam, future New York. A la fin du XVIIe siècle, près de la moitié des deux mille Juifs d’Amérique du Nord sont sépharades. Les Etats-Unis fêtent cette année le 350e anniversaire de la naissance de leur communauté dans ce pays.

Dans les pays musulmans, les Juifs sépharades subissent le statut inférieur et déshumanisant de dhimmi (« protégés »).

L’arrivée des puissances européennes coloniales (France, Egypte, Italie, etc.) libèrera ces Juifs de ce statut cruel et leur offre de nouvelles perspectives de vie et de promotion, notamment par les écoles de l’Alliance israélite universelle.

De nombreux juifs sépharades périrent lors de la Shoah. « Quatre-vingt dix pour cent du judaïsme grec n’a pas survécu ».

Et depuis 2002, une plaque au camp d’Auschwitz rend hommage aux cent soixante mille victimes sépharades, locuteurs du judéo-espagnol, et à leur langue.

La naissance de l’Etat d’Israël en 1948 et l’indépendance des pays musulmans vont induire des menaces à l’égard des Juifs vivant dans les pays arabo-musulmans. C’est « l’exode oublié » de sept cent mille à un million de Juifs vers Israël, l’Europe, l’Amérique et l’Australie. Restent dans les pays arabo-musulmans quatre mille deux cents personnes.

De ces Sépharades, Moïse Rahmani (1944-2016) brosse un tableau vivant, nuancé, sans cacher les divisions par exemple entre Juifs livournais, les « Granas », immigrés en Tunisie dès le XVIIe siècle, et les « Tonsi », Juifs locaux.

Peut-être peut-on regretter que ne soit pas évoquée une autre langue des Sépharades : le judéo-arabe. Mais certains historiens distinguent les Sépharades des Juifs Mizrahim (Juifs d'Orient).

Ce livre, dont l'avant-propos peut être lu sur Internet, s’achève par la présentation des fêtes et du calendrier juifs, un lexique et une bibliographie.

Ceux qui souhaitent approfondir leurs connaissances des Sépharades peuvent s’abonner à la remarquable revue trimestrielle bilingue « Los Muestros », la voix des Sépharades qu'a dirigée de main de maître Moïse Rahmani pendant vingt ans.

Moïse Rahmani est né au Caire dans une famille juive dont la branche maternelle était originaire de Rhodes. En 1956, sa famille est contrainte de quitter l'Egypte et s'installe au Congo belge (Zaïre), puis fuit ce pays en proie à une guerre pour se fixer en Belgique. Il a beaucoup œuvré à préserver la mémoire des Juifs sépharades, ceux de "l'exode oublié",  notamment des Juifs de Rhodes et du Congo. Ce fervent défenseur de l'Etat d'Israël est mort le 18 septembre 2016. Barou'h Dayan HaEmeth (Loué soit le Juge de vérité, en hébreu). Les funérailles auront lieu le 22 septembre 2016, à 10 h 45 au cimetière – rue du Long Chene 88 – 1970 Wezembeek-Oppem Belgique.

Le 18 janvier 2016, à 17 heures, à l’École normale supérieure - salle Dussane, 45 rue d’Ulm, 75005 Paris -, le Centre Alberto-Benveniste d’études sépharades proposa, dans le cadre de la XVe Conférence Alberto-Benveniste, sous le patronage de la Section des sciences religieuses de l’École pratique des hautes études et de l’École normale supérieure, la conférence La banque sépharade en France au XIXe siècle : les Pereire et les autres…? par Cyril Grange, directeur de recherche au CNRS. Seront remis les Prix Alberto-Benveniste 2016 de littérature à Ralph Toledano, pour Revoir Tanger (La Grande Ourse), Prix Alberto-Benveniste 2016 de la recherche à la collection « Péninsules » des éditions Chandeigne (Paris) et la bourse Sara Marcos de Benveniste en Etudes juives 2016. Suivra un récital de chansons traditionnelles judéo-espagnoles par Keren Esther (voix), accompagnée de Narciso Saul (voix et guitare) et de Sylvain Fournier (percussions).


« Sépharades 2004, Un état des lieux », de Moïse Rahmani. Préface de Rivka Cohen.Editions N.L.A 2004. 68 pages. ISBN : 2 9521706 0 6

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Cet article a été publié par Guysen. Cet article a été republié sur ce blog le 18 janvier 2016.

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