Citations

« Le goût de la vérité n’empêche pas la prise de parti. » (Albert Camus)
« La lucidité est la blessure la plus rapprochée du Soleil. » (René Char).
« Il faut commencer par le commencement, et le commencement de tout est le courage. » (Vladimir Jankélévitch)
« Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort. Il est de porter la plume dans la plaie. » (Albert Londres)
« Le plus difficile n'est pas de dire ce que l'on voit, mais d'accepter de voir ce que l'on voit. » (Charles Péguy)

mardi 28 juin 2022

Le théâtre juif

Le théâtre dans le Judaïsme suscite des opinions variées. Pourtant le 
Pourim Shpil est une pièce de théâtre en yiddish, et le théâtre juif s'est développé en Russie et en Europe centrale, à New York... Comment définir un théâtre juif ? Par son auteur ou son thème ? Ce mouvement artistique populaire et parfois d’avant-garde s'est nourri d’apports divers. Un art Juif associant aussi des éléments musicaux, illustrant l’histoire du peuple Juif ou des scènes de la vie quotidienne, et évoluant au fil de ses recherches d’avant-garde. Le 28 juin 2022, de 09 h 30 à 18 h, l'Inalco (Institut National des Langues et Civilisations Orientales) accueille le colloque "Le théâtre juif: un objet anthropologique ?"


"Le théâtre juif: un objet anthropologique ?"
Le 28 juin 2022, de 09 h 30 à 18 h, l'Inalco (Institut National des Langues et Civilisations Orientales) accueille le colloque "Le théâtre juif : un objet anthropologique ?"

"Matinée – Le théâtre juif entre témoins textuels et proscription talmudique (Jewish theatre between primary sources and Talmudic proscription)

Après midi – Le théâtre juif : représentations et performances (Jewish Theatre : representations and performances)

"Depuis des siècles, le théâtre (dans toutes ses déclinaisons esthétiques) s’affirme comme une forme d’expression culturelle, à la fois en Occident et en Orient. Dans le monde dit « occidental », le théâtre est présent, malgré les méfiances (voire proscriptions) d’ordre philosophique (Platon, République III, 394 et X, 604-6) et théologique (Saint Augustin, Confessions, Livre III, 3), et la production théâtrale s’avère foisonnante. Le lien entre théâtre et société – mêlant haine et fascination – a fait émerger des champs de réflexions socio-anthropologiques divers. En 1956, Erving Goffman postulait « la mise en scène de la vie sociale », c’est-à-dire une théorie à travers laquelle il opérationnalisait la notion de théâtre au profit d’une interprétation de la vie humaine comme performance scénique et comme jeu d’acteur."

"Au sein du judaïsme, le théâtre fait l’objet de prises de position contradictoires, et ce, sous le fond d’une pénurie de témoins textuels, de l’Antiquité jusqu’à la Renaissance italienne précisément. La condamnation du théâtre dans le judaïsme n’est attestée que tardivement, dans le Talmud de Jérusalem Avoda Zara (18b9, 16, 18), dans une baraïtha datant probablement des premiers siècles de l’ère chrétienne : « Nos maîtres ont enseigné : il est interdit d’aller au théâtre et au cirque car on y fait des sacrifices idolâtres : paroles de Rabbi Meïr. »

"Nonobstant la tension entre la pratique et la norme, le théâtre est bel et bien présent parmi les Juifs. Outre quelques mentions dans la Lettre d’Aristée, chez Philon et dans des inscriptions, nous savons qu’un dramaturge juif se trouvant en exil à Alexandrie écrit en grec, en 200 av. J.C., une pièce intitulée L’Exagôgué, dont seulement quelques fragments nous sont parvenus. La pièce, connue comme tragédie, reprend l’épisode de l’Exode biblique". 

"Des siècles plus tard, Yehuda Sommo, un érudit juif vivant à Mantoue, en pleine Renaissance italienne, écrit une première pièce de théâtre en hébreu (Éloquente comédie du mariage-farce), ainsi qu’un premier traité d’esthétique théâtrale (Quatre dialogues en matière de représentation théâtrale). Ce dernier, écrit en italien, constitue à la fois un « dialogue » polémique avec la Poétique d’Aristote et une réévaluation des origines du théâtre qui seraient, selon lui, bibliques et kabbalistiques. Chez Yehuda Sommo, la question du corps (et de ses potentiels scéniques) passe avant le texte théâtral (comme dramaturgie) et affirme ainsi une nouvelle histoire du théâtre reliée au judaïsme, d’autant plus que ces pièces sont d’inspiration biblique et talmudique. "

"L'influence juive-italienne sera déterminante pour la suite des développements dans l'écriture dramatique et les formes poétiques de la langue italienne conditionneront l’évolution de la métrique de la langue hébraïque. En même temps, fleurit l'intérêt pour la traduction en hébreu des œuvres littéraires diverses, parmi lesquelles l'écriture et la réécriture dramatiques. Cette double influence est percevable, par exemple, chez un auteur hollandais comme David Franco Mendes, influencé dans son écriture du drame Athalie, à la fois par Moshe Haïm Luzzatto, par le théâtre français et par l'oratorio viennois."

"Dans tous ces cas, le rapport à la langue hébraïque reste fondamental, car la question – parfois implicite et parfois explicite (voir Moshe Haïm Luzzatto, Lishon Limmudim sur les lois de la poésie hébraïque) est de savoir si l'hébreu, en tant que langue, peut être aussi véhicule de littérature profane." 

"Au vu de ces témoins textuels et de ces auteurs qui font figure de fondateurs, comment penser le théâtre au sein du judaïsme ? Comme un objet anthropologique travaillant à la construction et à l’affirmation d’une judéité appréhendée selon son rapport au théâtre ? Autrement dit, est-ce que le théâtre peut être conçu comme un médium du sujet juif ? Est-il (aussi) un objet polémique suscitant une relecture de la Poétique d’Aristote à l’aune du postulat des origines hébraïques (et religieuses) du théâtre ? Y’a-t-il une pensée esthétique juive du théâtre décelable depuis Ézéchiel le Tragique, en prenant en compte les œuvres postérieures à lui (adaptations bibliques, Purimspiel, théâtre yiddish, théâtre judéo-espagnol, théâtre mémoriel, théâtre israélien contemporain, théâtre juif en d’autres langues que l’hébreu) ? Peut-on considérer le théâtre juif indépendamment de ses liens avec la Bible ? Sous quelles formes ? Qu’en est-il des sujets historiques et bibliques que l’on trouve chez la plupart des auteurs ?"

"Cette journée d’études s’adresse principalement aux doctorant.e.s issu.e.s des champs disciplinaires divers, qui portent un intérêt particulier aux langues juives dans leur rapport au théâtre et/ou aux dimensions anthropologique du spectacle vivant."

"Les actes de la journée d’étude pourront être publiés dans un numéro spécial sur la plateforme artistique-académique en ligne IN VIVO ARTS : http://invivoarts.fr/ "

Organisée par : Alexandru BUMBAS (PLIDAM) et Anamarija VARGOVIC (CERMOM)

Equipe de recherche PLIDAMCERMOM
 
Comité scientifique :
Frosa BOUCHEREAU-PEJOSKA – PR (PLIDAM)
Elisa CARANDINA – MCF (CERMOM)
Alessandro GUETTA – PR (CERMOM)
Zeljko JOVANOVIC – MCF (CERMOM)
Madalina VARTEJANU-JOUBERT – MCF/HDR (PLIDAM)

Intervenants :
Alexandru Bumbas - Plidam
Anamarija Vargovic - Cermon
Yaïr Lipshitz - senior Lecturer à l'Université de Tel Aviv
Sarit Cofman-Simhon - docteure en Arts du Spectacle
Achinoam Aldouby - doctorante en Arts du Spectacle
Raffaele Esposito - professeur associé à l'Université Orientale de Naples
Aideen Wylde - docteure en Études théâtrales
Dina Roginsky - docteure en Langues et Civilisations du Proche Orient
Conrad Cohen - étudiant en Master
Michèle Fornoff-Levitt - doctorante en Études Théâtrales à l'Université Libre de Bruxelles
Mathilde Baïssus - comédienne
Thibaut Le Cam - comédien


9h30-10h00
Accueil des participants / café
 
PANEL I (MATINÉE) – Le théâtre juif entre témoins textuels et proscription talmudique (Jewish theatre between primary sources and Talmudic proscription)
 
Animateur : Alexandru BUMBAS, docteur en Études Théâtrales (Sorbonne Nouvelle/IRET) et doctorant en Études Juives (INALCO/PLIDAM)
 
10h00 – 10h40 – Conférence inaugurale – Yaïr LIPSHITZ, Senior Lecturer à l’Université de Tel Aviv
The Talmud as Jewish Theatre
 
10h40 – 11h00 – Marta FUSARO, étudiante en Master à l’Université de Turin
L’Exagoge : une réécriture tragique de l’Exode
 
11h00 – 11h20 – Sarit COFMAN-SIMHON, Docteure en Arts du Spectacle, Emunah Faculty of Fine Arts, Jerusalem
Rabbinic Opposition to Roman Theatre: an Anthropological Study
 
11h20 – 11h40 – Achinoam ALDOUBY, Doctorante en Arts du Spectacle, Université de Tel Aviv
Memory Games : Staging Memory Transmission as a Jewish Theater Practice
 
11h40 – 12h00 – Questions, débats, échanges avec le public
 
12h00 – 14h00 – Pause Déjeuner
 
PANEL II (APRÈS-MIDI) – Le théâtre juif : représentations et performances (Jewish Theatre : representations and performances)
 
Animatrice : Anamarija VARGOVIC, doctorante en Études Juives (INALCO/CERMOM)
 
14h00 – 14h40 – Conférence inaugurale – Raffaele ESPOSITO, Professeur associé à l’Université Orientale de Naples
Jewish theatres and Jewish languages: intersections of the Yiddish and the Hebrew stage
 
15h00 – 15h20 – Aideen WYLDE, Docteure en Études théâtrales, comédienne et écrivraine, Université de Limerick
Intervention en ZOOM : Speaking Third Voices – an Ethnobricoleur approach to disrupting Jewish narratives in Irish theatre
 
14h40 – 15h00 – Dina ROGINSKY, Docteure en Langues et Civilisations du Proche Orient, Université Yale
Performances of the Jewish-Israeli body: from Ideal to Impaired
 
15h20 – 15h40 – Conrad COHEN, Étudiant en Master – Actor Training, Royal Central School of Speech and Drama, et Ben NAYLOR (Senior Lecturer à Royal Central School of Speech and Drama
Intervention en ZOOM : Shylock or Shynot? This house believes that Shakespeare’s The Merchant of Venice should not be produced in the 21st century. Or, on the other hand...
 
15h40 – 16h00 – Michèle FORNHOFF-LEVITT, Doctorante en Études Théâtrales à l’Université Libre de Bruxelles
The Yiddish Theatre of the Interwar Period in Western Capitals: an Ethnoscenological Study of a Transnational and Diasporic Identity
 
16h00 – 16h20 – Questions, débats, échanges avec le public
 
16h20 – 17h00 – Pause-café
 
Mathilde BAÏSSUS et Thibaut LE CAM

"Théâtre et sacré dans la tradition juive"
En 2012, les Presses Universitaires de France ont publié, dans leur collection Lectures du judaïsme, "Théâtre et sacré dans la tradition juive" par Guila Clara Kessous, comédienne, metteur en scène et productrice de plus d’une vingtaine de spectacles en France et à l’étranger.

"Les rapports entre autorités rabbiniques et théâtre ont toujours été placés sous le signe de l’ambiguïté. Taxé d’outil idolâtre au service des cultes païens à l’époque romaine, l’art scénique est pourtant décrit comme le lieu où les princes de Juda enseigneront « la Torah en public » à la fin des temps dans la Guemara."

"Au fil des siècles se dégagent de grandes figures de drama-turges juifs comme Ézechiel le Tragique au IIe s. avant J.-C., Yehuda Sommo, premier théoricien de la scénographie au XVIe s., le rabbin kabbaliste Moshé Haim Luzzatto au XVIIIe s., Abraham Goldfadhen, père du théâtre yiddish à la fin du XIXe s. ou encore Théodore Herzl, fondateur du mouvement sioniste au début du XXe s."

"Tous usent du théâtre non seulement pour transmettre le sacré d’un texte toraïque mais aussi pour comprendre la complexité liée à la condition de l’identité juive dans son rapport au sacré. Avec l’apparition de responsa rabbiniques en 2005 sur le théâtre et l’idée de théâtre cacher se joue une autre dimension sur scène."

"Une nouvelle possibilité de lecture orthodoxe et féminine apparaît dans un rapport au théâtre comme « Beth Hamidrash », nouveau « lieu d’étude » et d’interprétation d’une parole divine accessible à tous… peut-être pour accélérer la venue des temps messianiques par un appel scénique, comme un cri vers Dieu, Le Silencieux…"

Le Pourim Shpil
"Le Pourim Shpil – étymologiquement « jeu de Pourim » en yiddish – est une pièce satirique qui mélange théâtre, musique, danse, chants, mimes et déguisements. Cette coutume est intimement liée à la fête carnavalesque de Pourim et à l’histoire de la reine Esther et son oncle Mardoché qui parvinrent à déjouer le complot du méchant Aman, ministre du roi perse Assuérus, qui voulait anéantir le peuple juif", a écrit Jean-Gabriel Davis pour l'Institut européen des musiques juives (IEMJ).

Et Jean-Gabriel Davis a précisé : "L’origine des événements racontés dans le rouleau d’Esther, dernier Livre de la Bible hébraïque à avoir été canonisé, remonte approximativement au Ve siècle avant notre ère. Dès le Ve siècle après J.C., il est déjà d’usage de réaliser des processions solennelles au cours desquelles Aman est pendu ou brûlé en effigie. Certains voient dans cette coutume l’origine des jeux de Pourim sur les bases desquelles le théâtre yiddish allait se développer au XVIIIe siècle."

Dans son allocution, prononcée lors de la présentation du projet Pourim Shpil Unesco à l’Hôtel de Ville de Paris, le 12 décembre 2013, Jean Baumgarten insistait sur l’esprit particulier de cette fête :
“[…] ce temps d’excès, de rébellion, rythmé de danses, de chants, ponctué de nourriture, de bombance et de beuverie. Aucune société n’échappe à cette alternance du sacré et du profane, à ce balancement entre, d’un côté, l’outrance, le sacrilège, le dérèglement et, de l’autre, le respect de la Loi, des normes sociales et des interdits.
Dans la société juive, le temps de la fête correspond à Pourim […]. Cette réjouissance célèbre le sauvetage des Juifs par Mordekhay et Esther qui déjouèrent le complot du méchant Aman, ministre d’Assuérus, le roi de Perse qui voulait anéantir le peuple juif. La Meguilat Esther raconte ce diabolique complot et son heureux dénouement. […] La journée est également rythmée par une série de moments festifs. On boit jusqu’à, dit le Talmud, ne plus pouvoir distinguer entre « maudit soit Aman » et « béni soit Mordekhay. » On rit. On chante. On danse. L’étude est suspendue. On échange des cadeaux, on offre des gâteaux. On pratique la bienfaisance, notamment par des dons aux pauvres. On mange, notamment lors d’un repas festif. On se déguise. Comme c’est le seul jour du calendrier hébraïque durant lequel il est autorisé de changer de sexe, les hommes empruntent les vêtements de leurs mères, sœurs et épouses. […] Parmi ces rituels transgressifs figure le Pourim Shpil. C’est un monologue, une saynète, une pièce de théâtre représentée en yiddish dans l’espace domestique durant le repas de Pourim ou dans un local communautaire. […]
La tradition des Pourim Shpil s’est développée en Europe depuis la fin du Moyen Âge jusqu’à nos jours, témoignage de son rôle central dans la culture ashkénaze. On en trouve le premier témoignage en langue yiddish en Italie en 1555. Ce qui ne veut pas dire que le Pourim Shpil n’a pas existé auparavant. […]
Ces pièces burlesques, liées à la fête de Pourim, mélange de chant, de mime, de pantomime et de danse deviennent la matrice du théâtre juif. La langue yiddish, du fait de son inventivité, de sa créativité, de sa longue tradition littéraire, de son riche répertoire de poèmes et de chansons, joua un rôle majeur dans la formation des jeux de Pourim.[…]"
La Meguilla d’Itsik Manger (Di Megile fun Itsik Manger) "est certainement le détournement le plus connu du rouleau d’Esther. En 1936, Itsik Manger publie ses Megile-lider (Chants sur le Rouleau d’Esther), une trentaine de saynètes imaginées et poétisées, relatant l’histoire de Pourim, mais en incluant les débordements humoristiques, cocasses, voire provocateurs qu’autorise le pourim Shpil."

Le théâtre yiddish  
Le théâtre yiddish est né à la fin du Moyen Age lors des fêtes de Pourim, qui autorisent les déguisements.

Programmes, affiches, livres, photographies et manuscrits retracent la variété et l’activité intense d’un mouvement artistique juif populaire et parfois avant-gardiste, né en Roumanie et disséminé dans le reste de l’Europe et en Amérique du Nord.

Vers 1870, le théâtre yiddish  bénéficie de circonstances qui favorisent son essor : l’émancipation d’une bourgeoisie juive, les effets du mouvement des Lumières, etc.

Et Iasi (Roumanie) accueille en 1876, dans une taverne, la pièce « Pomul Verde » de Abraham Goldfaden (24 juillet 1840-9 janvier 1908), poète et auteur dramatique juif russo-roumain de 40 pièces, et considéré comme le père du théâtre yiddish.

Le théâtre yiddish associe des éléments musicaux, s’inspire parfois de l’histoire Juive, présente des scènes issues de la vie quotidienne ou affiche un souci de recherches d’avant-garde.

Ses troupes, en partie professionnelles, voyagent au sein de l’Europe et aux Etats-Unis, et se mêlent aux comédiens locaux.

Parmi ce répertoire présenté à la fin du XIXe au Théâtre israélite de Paris, figurent « Der yiddisher Kenig Lear » (Le roi Lear) de Yankev Gordin, « Mishki mashki » (Méli Mélo) et « Gzerjres Portugal » (L’Expulsion du Portugal).

La Shoah marque tragiquement le monde yiddish.

Après 1945, le théâtre yiddish poursuit son activité grâce au Yidisher Kunst Teater (Théâtre artistique yiddish) et l’Ensemble théâtral juif.

La Shoah apparaît sous la forme d’allégorie, notamment dans « Les Jonas et la Baleine » de Haïm Slovès, une pièce dont des extraits ont été montés par la Maison de la Culture Yiddish avec des artistes amateurs début 2004.

Dans le cadre d’une Saison polonaise en France – Nowa Polska (mai-décembre 2004) -, la Bibliothèque Medem a proposé en 2004 une exposition sur le théâtre yiddish en France. Affiches, photographies et manuscrits ont rappelé la variété et l’activité intense d’un mouvement artistique populaire et parfois d’avant-garde, nourri d’apports divers. Un art Juif associant aussi des éléments musicaux, illustrant l’histoire du peuple Juif ou des scènes de la vie quotidienne, et évoluant au fil de ses recherches d’avant-garde.

C’est une histoire méconnue du grand public qui renaissait en 2004 grâce aux archives photographiques déposées à la Bibliothèque Medem, par Gérard Frydman et Jean-Marc Zelwer, et à la collection personnelle de Liliane Poliakoff pour évoquer l’apogée et le déclin du théâtre yiddish en France.

"Affiches du théâtre yiddish d’État de Varsovie"

« En 1950, un théâtre yiddish d’État est créé à Wrocław et à Łódź » (Pologne). 

« Installé définitivement à Varsovie en 1955, il est dirigé par Ida Kaminska, fille d’Esther-Rachel Kaminska, la grande comédienne yiddish de la Pologne d’avant-guerre. Ida Kaminska quitte la Pologne en 1968. Après son départ, le théâtre est dirigé par Szymon Szurmiej. Le théâtre existe toujours, alternant des productions en yiddish et en polonais. Les affiches présentées couvrent une période allant de 1980 à nos jours. Elles proviennent des collections de la Maison de la culture yiddish ; certaines d’entre elles ont été offertes en 2013 par Alik et Charlotte Messer. L’exposition était complétée par des photographies et des programmes du théâtre yiddish d’État de Varsovie, provenant du fonds d’archives de la Maison de la culture yiddish ».

"Juif et théâtre"
En octobre 2020, Michèle Fornhoff-Levitt a écrit l'article "Juif et théâtre. L’instinct du jeu – de vérité ?" (Jews and the theatre : a natural instinct – truly?)

"Émergeant tardivement à la fin du 19e siècle, le théâtre yiddish moderne connaît son heure de gloire à l’époque mouvementée de l’entre-deux-guerres. D’abord apparu en Europe centrale et orientale sous la plume d’une multitude d’auteurs issus d’un Yiddishland imaginaire, il gagne l’Ouest à travers les représentations de troupes itinérantes venues y évoquer le passé ancestral devant un public d’immigrés juifs désireux de retrouver leurs racines ou la mémoire nostalgique d’une culture abandonnée de force. Malgré l’apparition tardive du théâtre yiddish professionnel, le Juif semble maîtriser, par propension naturelle, l’instinct du jeu, et partant, la « théâtralisation » de sa propre identité. Cette contribution est basée sur une thèse doctorale en cours d’élaboration : Le théâtre yiddish de l’entre-deux-guerres en capitales d’Europe occidentale (Paris, Bruxelles-Anvers, Amsterdam) : essai d’ethnoscénologie transnationale et diasporique de la yiddishkeyt, en cotutelle Sorbonne Université (Paris IV) et Université libre de Bruxelles (soutenance en juin 2022). Elle cherche à faire la part des choses entre inclinaison naturelle et compétence acquise dans « l’incarnation » du yiddishisme – la yiddishkeyt – sollicitant la « justesse des gestes » (Jousse, 1974) comme aboutissement de sa quête de vérité."

Yiddish & Cie en Cévennes
Les Rencontres Interculturelles de Bréau (Yiddish & Cie en Cévennes) se déroulèrent du 7 au 14 juillet 2018. Entrée libre dans la limite des places disponibles.


Le 28 juin 2022, de 09 h 30 à 18 h
A l'INALCO
Au Salon Suzanne Borel
65, rue des Grands Moulins. 75013 Paris France

Jusqu'au 15 octobre 2014
A La Maison de la culture yiddish
29, rue du Château-d'eau. 75010 Paris
Tél. : +33(0)1 47 00 14 00
Cet article avait été publié en 2004 par Guysen. Cet article a été publié le 14 octobre 2014, puis le 15 juillet 2018.

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