Arte diffusera les 3 et 10 juin 2017 « Le rêve du Nouveau Monde » (Dreams of a New World. A History of European Emigration ; Der Traum von der Neuen Welt), par Kai Christiansen. « Composée d'archives et de reconstitutions, une ambitieuse série documentaire » en quatre volets « sur les différentes vagues d'immigration économique et politique vers l’Amérique, de 1840 à la veille de la Seconde Guerre mondiale ».
« L'homme est un animal migrateur », résume Drew Keeling, l'un des historiens interrogés dans cette ambitieuse fresque documentaire.
De 1840 à 1939, « 55 millions d'Européens quittent leurs patries d’origine pour gagner le continent américain, du nord au sud ».
« Certains feront fortune, d'autres perdront tout ce qu'ils possèdent ».
Nombre d’entre eux ont relaté leurs aventures et pérégrinations.
Kai Christiansen « raconte ce siècle fondateur en retraçant le destin d'une vingtaine de femmes et d'hommes partis à la poursuite du rêve américain, à travers des scènes de reconstitution soignées et d'émouvantes archives ».
Partir
1848 est l’année de révolutions en Europe : France, Allemagne...
Carl Schurz « a fait partie des nombreux Allemands qui ont émigré vers les États-Unis pour des raisons politiques. Il a fui son pays après l'échec de la révolution de 1848, au cours de laquelle les étudiants avaient exigé la tenue d'élections libres ». Il rejoint la France, puis Londres, avant d’arriver à New York en 1852. « Si son destin s’est révélé extraordinaire » – « cet avocat respecté deviendra membre du cabinet du président américain Rutherford B. Hayes –, il est aussi unique ». Par centaines, des Kindergarten sont créés, important les thèses pédagogiques allemandes.
En Irlande, pays essentiellement agricole, la grande famine tue un dixième de la population. Un million d’Irlandais fuient ce pays en crise économique. En raison du prix élevé des billets, les familles n’envoient généralement qu’un de leurs membres outre-Atlantique. Les « Irlandaises sont plus nombreuses que les hommes dans leurs communautés ». Beaucoup d’Irlandaises demeurent célibataires.
Les autorités américaines promeuvent leur pays, en soulignant l’aide à l’acquisition de terres par les immigrants. En 1862, le Homestead Act est adopté par le Congrès et ouvre l’Ouest à des Blancs. Course au premier arrivé, distribution de parcelles numérotées… Tels sont les procédés pour répartir la terre.
L’émigration suédoise est massive, notamment dans le Middle West. A Chicago, les Suédois représentent la 4e ou la 5e communauté de la ville.
Un service de poste relie les deux continents. La « plupart des lettres des émigrants sont réalistes, en raison de l’importance des contacts ».
Un « lien se crée entre couleur de peaux et classe sociale ».
La « plupart des migrants ayant tenté leur chance dans le Nouveau Monde connaîtront en effet une vie difficile, économisant pour acquérir des terres arables vendues par le gouvernement et mourant souvent sans le sou ».
La « découverte d'or en Californie, qui attirera beaucoup de ces misérables, ne fera qu'empirer leur situation générale ».
L’or attire des gens du monde entier. Le grand-duché de Hesse fournit l’un des plus grands contingents d’immigrants. La quarantaine de familles d’un village du Hesse part en Amérique. Certains se font colporteurs ou musiciens.
Des trafiquants d’êtres humains sévissent. « Dans les saloons, les femmes dansent avec les clients. Un comportement réprouvé par la morale ». Âgées de 16 à 18 ans, des filles se regroupent pour danser dans les mines d’or.
Fuyant la famine, 300 000 Chinois arrivent en Californie vers 1850. Des mesures sont prises pour limiter ou interdire leur présence dans certaines activités et imposer une ségrégation.
Les Protestants éprouvent défiance et animosité à l’égard des émigrés catholiques.
La blancheur de la peau des Italiens suscitent des interrogations à la charnière des XIXe et XXe siècles.
Les Indiens sont réduits à vivre dans des réserves.
Vers 1876, les Etats-Unis restreignent l’immigration.
Vers 1881, les pogroms incitent au départ des Juifs de Russie et Pologne. A Hambourg, des lignes directes sont ouvertes entre ce port et New York.
La traversée
L’Atlantique couvre un cinquième du globe. Les Vikings l’avaient déjà traversé avant Christophe Colomb.
Au XIXe siècle, « la modernisation des bateaux accélère l'émigration vers les États-Unis... »
« En 1838, le navire anglais Sirius est le premier à franchir l'Atlantique à la vapeur, sans jamais utiliser ses voiles » d’Irlande à New York. La durée du voyage ? Dix-huit jours et quatre heures.
Les armateurs anglais établissent les records de vitesse.
La durée du trajet maritime diminue de 8-10 semaines à six semaines, puis à deux semaines. La construction navale requiert des forêts entières. Les bateaux à aubes sont de plus en plus rapides. Les sociétés se substituent aux propriétaires particuliers.
La « modernisation des bateaux accélère l'émigration vers les États-Unis, d'autant qu'en parallèle l'apparition du chemin de fer et l'industrialisation des villes provoquent dans un pays comme l'Allemagne d'importants mouvements de population, qui annoncent l'exode rural ».
Le voyage de masse apparaît.
Les câbles sous-marins favorisent la diffusion des informations pour la presse.
L’acier est produit en grande quantité, à bon marché. Il accroît la résistance, la taille et la durée de vie des navires.
« Profitant de l'essor de l'industrie, les paysans deviennent ouvriers, sans pour autant jouir d'avancées sociales ». L’exode rural s’avère un phénomène majeur.
Les immigrés fournissent une main d’œuvre abondante pour les abattoirs de Chicago.
Le commerce international se développe.
Les ports
« À la fin des années 1880, la traversée de l'Atlantique vers les États-Unis se fait essentiellement à partir de cinq grands ports : Hambourg, Le Havre, Liverpool, Rotterdam et Brême ».
Albert Ballin, « l'un des principaux directeurs maritimes de l'époque, développe les billets à bas coût en augmentant le nombre des places de passagers ».
« C'est le début d'une guerre commerciale entre les grands acteurs du transport maritime, qui se concurrencent sur des critères de modernité, de ponctualité et de sécurité, mais surtout de prix ».
Nouvelles frontières
En 1907, « plus d'un million d'immigrants passent par le centre d'Ellis Island, à New York, qui accueille jusqu'à 10 000 personnes par jour ».
Cette « main d'œuvre peu coûteuse qui afflue d'Europe permet aux États-Unis de se développer mais pousse en 1921 le gouvernement à établir les premiers quotas de migrants ».
« Durement touchée par la crise de 1929, l'Angleterre décide, elle, de mettre à profit ses milliers d'orphelins. Par paquebot entiers, de jeunes enfants sont envoyés dans les colonies britanniques pour « blanchir » les territoires ou y fournir de la main-d'œuvre quasi gratuite ».
En Allemagne, dès 1933, « les juifs qui veulent fuir en nombre le régime nazi éprouvent le plus grand mal à trouver un pays d'accueil. Gangrenés par le racisme et l'antisémitisme, comme la plupart des pays européens de l'époque, les États-Unis rejettent la responsabilité de la misère sur les migrants et les juifs ».
Le paquebot Saint-Louis, avec des réfugiés juifs, sert la propagande nazie pour montrer que les Juifs sont indésirables en Amérique, et que leur séjour est agréable dans ce navire de luxe. Les Etats-Unis avaient durci leur politique d'immigration, sauf pour les scientifiques tel Einstein, l'opinion publique est hostile aux Juifs et le président Roosevelt ne veut pas compromettre sa réélection. En 1924, 3% de la population américaine sont juifs.
Environ 10 000 enfants juifs allemands rejoignent l'Angleterre dans les Convois d'enfants. Un déchirement pour des familles séparées.
La parallèle entre ces réfugiés juifs allemands et les immigrés illégaux en Europe s'avère infondé.
Le paquebot Saint-Louis, avec des réfugiés juifs, sert la propagande nazie pour montrer que les Juifs sont indésirables en Amérique, et que leur séjour est agréable dans ce navire de luxe. Les Etats-Unis avaient durci leur politique d'immigration, sauf pour les scientifiques tel Einstein, l'opinion publique est hostile aux Juifs et le président Roosevelt ne veut pas compromettre sa réélection. En 1924, 3% de la population américaine sont juifs.
Pour les Juifs allemands admis aux Etats-Unis, des problèmes surgissent : déclassement social, obligation de repartir à zéro - diplômes allemands non reconnus par crainte de la concurrence - et à repasser leurs examens pour pouvoir exercer leur métier dans le Nouveau monde, nécessaire reconversion professionnelle, etc. Carl Laemmle, pionnier de Hollywood, directeur de la firme Universal, aide ses coreligionnaires allemands à obtenir un visa pour les Etats-Unis.
Environ 10 000 enfants juifs allemands rejoignent l'Angleterre dans les Convois d'enfants. Un déchirement pour des familles séparées.
La parallèle entre ces réfugiés juifs allemands et les immigrés illégaux en Europe s'avère infondé.
« Le rêve du Nouveau Monde » par Kai Christiansen
NDR/ARTE, 2016
Sur Arte
Partir (Der Aufbruch) : le 3 juin 2017 à 20 h 50 (53 Min)
La traversée (Die Rekorde) : le 3 juin 2017 à 21 h 45 (53 Min)
Les ports (Der Profit) : le 10 juin 2017 à 20 h 50 (53 Min)
Nouvelles frontières (Die Grenzen) : le 10 juin 2017 à 21 h 45 (53 Min)
Visuels
Jules Verne (Steve Karier, vor Treppe) und sein Bruder Paul (Alex Tondowski, mit Karte) planen ihre nächste Reise. © Looks International Foto: ZDF Honorarfreie Verwendung nur im Zusammenhang mit genannter Sendung und bei folgender Nennung
Axel Gottschick (Gustav Schröder), le capitaine du Saint Louis a sauvé par des négociations difficiles la vie de nombreux réfugiés juifs.
Nicolò Pasetti (Fiorello La Guardia), interprète à Ellis Island à New York
© Looks International
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