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« Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort. Il est de porter la plume dans la plaie. » (Albert Londres)
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mercredi 7 juin 2017

« Le chanteur de Gaza » par Hany Abu-Assad


« Le chanteur de Gaza » (The Idol) par Hany Abu-Assad est projeté en France depuis le 10 mai 2017. Un film inspiré par Mohammed Assaf, né en Libye de parents palestiniens, ayant grandi dans la bande de Gaza, vainqueur anti-israélien du concours télévisé « Arab Idol ». Une œuvre cinématographique distillant un message édulcoré pour séduire l’opinion publique occidentale.

Hany Abu-Assad est né à Nazareth, en Galilée, en 1961. Il est donc israélien, et non « néerlando-palestinien ».

Controverses
Hany Abu-Assad a suivi une formation universitaire aux Pays-Bas où il s’était rendu en 1980. Après avoir travaillé comme technicien aéronautique, il s’est orienté vers le cinéma et fonde en 1990 sa société de production Ayloul Films.

Il réalisa en 1998 son premier film Het 14de kippetje (Le Quatorzième Poussin), d'après un script de l'écrivain Arnon Grünberg.

Suivirent des courts-métrages : Nazareth 2000 (2000) et Le mariage de Rana, un jour ordinaire à Jérusalem (2002).

Diffusé sur la chaîne néerlandaise VRPO (Vrijzinnig Protestantse Radio Omroep), Ford Transit a suscité une controverse : présenté comme documentaire, il s’agissait d'une docu-fiction, en fait d’un film de fiction dont le personnage du soldat israélien brutal était interprété par un Palestinien. Bref, un stéréotype de la vulgate anti-israélienne.

En 2005, Paradise Now retraçait, avec complaisance, de manière choquante, le parcours de deux jeunes Palestiniens de Naplouse, futurs islamikazes à Tel-Aviv. Le film avait été couronné par le Golden Globe du meilleur film en langue étrangère, et avait été le premier film représentant « la Palestine » à être nommé à l'Oscar dans la même catégorie.

En 2016, Hany Abu-Assad a réalisé The Arab Idol, inspirée du parcours de Mohammad Assaf, chanteur ayant gagné un concours de télé-réalité.

Mohammad Assaf
Mohammad Assaf est né en 1989 en Libye de parents palestiniens.

Quatre ans plus tard, la famille Assaf s’est installée à Gaza. Mohammad Assaf a grandi dans le camp de réfugiés de Khan Younis, et y est scolarisé dans une école élémentaire de la controversée l’UNRWA (United Nations Relief and Works Agency for Palestine Refugees), dont les manuels scolaires incitent à la haine des Juifs.

Mohammad Assaf a chanté dès l’âge de cinq ans et, comme ses deux frères, joué de la musique.

Etudiant, il a suivi les cours de l’Université Palestine à Gaza, en se spécialisant en relations publiques et médias.

Il a chanté dans les fêtes, et est devenu célèbre en 2000 lors d’une émission télévisée populaire dans laquelle il a interprété une chanson nationaliste. Ce qui lui a ouvert des opportunités auprès de sociétés locales. C’est ainsi qu’il chanta lors d’un évènement à Gaza auquel a assisté Yasser Arafat.

En 2013, alors que le « printemps arabe » a éclipsé la « cause palestinienne », la deuxième édition du concours télévisuel Idole arabe (Arab Idol), diffusé par MBC (Middle East Broadcasting), a permis à Mohammad Assaf de rappeler opportunément aux télespectateurs arabes que cette cause perdurait, et de la cimenter autour d’elle. Surmontant les difficultés, il s’est présenté aux auditions en Egypte.

Le 19 avril 2013, il a chanté « Ya Teir al-Tayir », « Oh Flying Bird ». Eloge de la Palestine, cette chanson évoque un oiseau adressant ses souhaits aux « réfugiés » de Palestine  des lieux qu’il survole. Quasiment tous ces lieux sont israéliens : Jaffa, Tibériade, Saint-Jean d'Acre (Acco), Haïfa, Beit Shean, Safed, la Galilée, le Neguev :

« Oh flying bird, circling around
[oh, toi l’oiseau qui vole et tournoie]
by Allah, oh traveling bird, I burn with envy
[par Allah, toi l’oiseau qui voyage, je brûle d’envie]
My country Palestine is beautiful.
[Mon pays de Palestine est beau]
Turn to Safed, and then to Tiberias,
[Tourne-toi vers Safed et puis vers Tibériade]
and send regards to the sea of Acre and Haifa.
[Et salue la mer d’Acre et Haïfa]
Don’t forget Nazareth – the Arab fortress,
[N'oublie pas Nazareth – la forteresse arabe]
and tell Beit Shean about its people’s return.
[Et dis à Beit Shean que son peuple va revenir]
Oh flying bird, circling around…
by Allah, oh traveling bird, I burn with envy.
My country Palestine is beautiful… 
Go to Jenin and bring me from its valley
[Va à Jenine et ramène-moi depuis sa vallée]
Greeting to Nablus, Tulkarem and their soil.
[Saluant Naplouse, Tulkarem et la terre]
Drink the water of Jaffa’s port,
[Bois l’eau au port de Jaffa]
Do not forget Ramle and Ramallah.
[N’oublie pas Ramla et Ramallah] 
Oh flying bird, circling around
by Allah, oh traveling bird, I burn with envy.
My country Palestine is beautiful. »

Ce qui signifie l’élimination d’Israël supplantée par la « Palestine ».
  
Pour sa dernière performance, Mohammad Assaf a choisi « Ali al-Kuffiyeh  » (Brandis le keffieh), une chanson palestinienne nationaliste. Il a exhorté les Palestiniens à le porter et à s’unir. Il a donc associé un accessoire symbolique, le keffieh, à un message visant à surmonter l’antagonisme entre Hamas et Fatah. Des centaines de milliers de Palestiniens ont suivi sa prestation.

Le 22 juin 2013, Assaf a été déclaré vainqueur d’Arab Idol. Une victoire qu’il a dédiée aux « martyrs » et aux prisonniers palestiniens, et qui a été saluée avec enthousiasme par la « rue palestinienne ».

« Je ne peux pas séparer mon art de mon attitude patriotique », a déclaré Assaf, qui a reconnu avoir été inspiré par Samer Issawi, membre du FPLP (Front populaire de libération de la Palestine) et libéré avec 1027 autres terroristes lors de l’échange en vue de la libération de Guilad Shalit en 2011. Il a stigmatisé l’occupation israélienne de la Judée et de la Samarie.

Il a recueilli les suffrages du jury et du public. Fut comparé au chanteur égyptien Abdel Halim Hafez. Et obtint une couverture des médias internationaux.

Il a été nommé ambassadeur de bonne volonté pour la paix de l’UNRWA, ambassadeur de la culture et des arts par le gouvernement de l’Autorité palestinienne et le Président Mahmoud Abbas (Abu Mazen) lui a offert un poste de « standing diplomatique ».

Le succès de Mohammad Assaf a inspiré en 2015 le réalisateur Hany Abu-Assad qui réalisa The Idol, en gommant le message politique revendiqué par Assaf.

UNESCO
Le 12 décembre 2016, « Le chanteur de Gaza » par Hany Abu-Assad a été projeté en version originale en arabe sous-titrée en anglais à la Maison de l’UNESCO (Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture) à Paris.  

Sa carrière était jalonnée d’étapes remarquables : projection spéciale au 40e Festival international du film de Toronto, lauréat du Prix 2015 APSA de la diversité culturelle, sous le patronage de l’UNESCO, lors des 9es Asia Pacific Screen Awards…

L’UNESCO le présentait ainsi : « The Idol » retrace l’étonnante épopée vers la reconnaissance du chanteur palestinien Mohammed Assaf qui a vu, en 2013, son rêve devenir réalité, lorsqu’il remporte la finale du télé-crochet « Arab Idol », le trophée musical le plus envié du Moyen-Orient. De son enfance à Gaza, où il organisait, avec sa sœur et ses deux fidèles compagnons de route, des concerts de rue avec des instruments de fortune, aux premières prestations dans des fêtes de mariage, jusqu’à la consécration, nombreux furent les obstacles, les rebondissements et les décisions risquées. Un destin arraché incarné par l’acteur magnétique Tawfeek Barhom sous la caméra sensible de Hany Abu-Assad ».

Cette projection spéciale « était organisée dans le cadre de la 10e session du Comité intergouvernemental de la Convention pour la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles (2005), en présence des coproducteurs Maya Sanbar et Sawsan Asfari, de l’acteur Ahmed Al Rokh et du Président d’APSA Michael Hawkins ».

Mais comment croire en certaines scènes du film ? Quelle mixité est tolérée dans la bande de Gaza ? Ces gamins se déplacent par des bonds identiques à ceux de gosses occidentaux pratiquant le parkour.

Ce film présente une image édulcorée, larmoyante, d’un chanteur politisé, et aseptisée de la bande de Gaza. Même s’il évoque la corruption de « garde frontières ».

Médias
Le dossier de presse distille la propagande palestinienne : Gaza serait une « prison à ciel ouvert », « Ce réfugié palestinien est devenu un symbole de paix », « L’histoire de Mohammed Assaf est unique en son genre : elle est l’occasion d’humaniser un peuple qui a trop souvent été marginalisé et représenté de manière caricaturale », Hany Abu-Assad est « né à Nazareth, en Palestine », « Tournant dans un Gaza dévasté par les bombardements qui ont duré tout un mois en 2014, Abu-Assad et ses collaborateurs ont malgré tout su dénicher de vrais moments de beauté et de surprise  », « C’est aussi la raison pour laquelle Hany tenait à faire appel à une équipe majoritairement palestinienne et à tourner en Palestine, de Gaza à Jénine, pour les scènes censées s’y dérouler »...

L’accueil médiatique en France de ce biopic médiocre ? Louangeur.

Quant à Actualité juive hebdo, il a titré : « La voix émancipatrice ». De nouveau, ce journal n’a pas perçu le message du film, ne resitue pas le film, son réalisateur et Mohammed Assaf. Citons-le : « Une bio sensible traitée à bonne distance. Et l’espoir servi par le combat pour réussir comme moteur qui permet de réaliser son rêve, fait du bien ». No comment.

« Le chanteur de Gaza » par Hany Abu-Assad
Cactus World Films / Fortress Film Clinic / Full Moon Productions / Idol Film Production / KeyFilm / Mezza Terra Media, Jaafar Ali, Amira Diab, 2016, 1 h 35
Avec Tawfeek Barhom, Hiba Attalah, Nadine Labaki

Visuels : © Photos : Rabia Salfiti

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