Citations

« Le goût de la vérité n’empêche pas la prise de parti. » (Albert Camus)
« La lucidité est la blessure la plus rapprochée du Soleil. » (René Char).
« Il faut commencer par le commencement, et le commencement de tout est le courage. » (Vladimir Jankélévitch)
« Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort. Il est de porter la plume dans la plaie. » (Albert Londres)
« Le plus difficile n'est pas de dire ce que l'on voit, mais d'accepter de voir ce que l'on voit. » (Charles Péguy)

vendredi 11 mars 2022

« Juifs d’Orient. Une histoire plurimillénaire »

L’Institut du monde Arabe présente l’exposition « Juifs d’Orient. Une histoire plurimillénaire ». Quelques œuvres magnifiques exposées, mais un narratif « islamiquement correct », agréé par les dirigeants politiques et d’organisations juives français, véhiculant largement le mythe al-Andalus, ignorant l'antisémitisme et l'antijudaïsme islamiques, minorant ou édulcorant la dhimmitude, occultant la collaboration entre dirigeants musulmans et nazis, déformant les raisons de l’exode des Juifs d’Orient. Navrant et grave.


En 2021-2022, « dans le prolongement des expositions « Hajj, le pèlerinage à La Mecque » en 2014 et « Chrétiens d’Orient, 2000 ans d’histoire » en 2017, l’IMA (Institut du monde Arabe) poursuit sa trilogie consacrée aux religions monothéistes dans le monde arabe avec une exposition exceptionnelle dédiée à l’histoire des communautés juives d’Orient.
 » Si chronologiquement le Judaïsme précède le Christianisme et l'Islam, il est relégué à la dernière place.

Le titre de l'exposition « Juifs d’Orient. Une histoire plurimillénaire » semble inadéquat : ainsi, le Maroc se situe à l'Ouest du monde Arabe ou musulman. Benjamin Stora, commissaire général de l'exposition, a expliqué dans l'émission "A L'origine" sur France 2 que l'Orient, "dans l'imaginaire collectif, c'est l'origine de la création des religions monothéistes" et que sa mère, née en Algérie, se définissait comme une "Orientale". Certes, Enrico Macias a chanté "On m'appelle l'Oriental"... Mais le titre de l'exposition s'avère d'autant plus inadéquat que des historiens israéliens débattent depuis peu de la dénomination des Juifs non-ashkénazes : doit-on les appeler Juifs sépharades ou Juifs Mizrahi (Orientaux) ? Or, les Juifs sépharades tiennent à ce terme évoquant l'Espagne que leurs ancêtres ont du fuir.

Vêtements brodés, ustensiles, affiches, vidéos de témoignages... Paradoxalement, malgré tous ces objets présentés dans l'exposition, ces Juifs longtemps dhimmis ne sont pas incarnés, leur voix est tue. Pourtant, 
« L’exil au Maghreb. La condition juive sous l’islam 1148-1912 » de Paul B. Fenton et David G. Littman rassemble, en une anthologie remarquable, des textes de visiteurs au Maroc et en Algérie. Leurs témoignages offrent un tableau bouleversant de ces juifs soumis à la dhimmitude, statut des non-musulmans en "terre d'islam" conquise par le djihad. Pourquoi n'avoir pas présenté dans l'exposition un extrait d'un de ces témoignages ?

L'exposition déroule donc un narratif « islamiquement correct », agréé par les dirigeants politiques et d’organisations juives français, véhiculant largement le mythe al-Andalusignorant l'antisémitisme et l'antijudaïsme islamiques, minorant ou édulcorant la dhimmitude, occultant la collaboration entre dirigeants musulmans et nazis, déformant les raisons de l’exode des Juifs d’Orient. Navrant et inquiétant.

L'Histoire est écrite par les vainqueurs. A l'aube du XXIe siècle, les Juifs français, universitaires ou dirigeants communautaires, n'osent pas dire leur Histoire. Ils acceptent un narratif erroné qui interdit toute transmission de mémoires familiales verrouillées, ne permet pas de comprendre la tragique condition juive en "terre d'islam" et se heurte à la réalité : les faits sont têtus et prouvent l'impossibilité du "vivre ensemble", mantra du "politiquement correct". Après leur exil au Maghreb, les Français juifs doivent subir leur exil interne en France.

Seuls, les essayistes Bat Ye'or Eric Zemmour et quelques autres ont offert, par leurs recherches, écrits ou déclarations, aux dirigeants d'organisations juives et aux universitaires l'opportunité historique de se libérer de ce narratif jugulant. Mais ils ont affronté le rejet, le mépris et des boycotts, ont été ou demeurent marginalisés, voire haïs parce qu'ils ont exercé leurs libertés de pensée et d'expression.

Avant les accords d'Abraham, il était déconseillé d'évoquer les sujets sensibles litigieux avec le monde islamique pour ne pas offenser les sensibilités musulmanes. Après ces accords, nul ne les évoque pour ne pas perturber un processus de paix. Mais alors quand l'Histoire des Juifs sous l'islam pourra-t-elle être dite ?

Il suffit d'entendre ou de lire le discours du Président de la République Emmanuel Macron lors de l'inauguration officielle de cette exposition pour prendre conscience de l'instrumentalisation politique de l'évènement culturel et le dédain exprimé pour le Judaïsme.




GLOSSAIRE

« AIU : ou Alliance Israélite universelle a créé un réseau d’écoles de 130 établissements dans une quinzaine de pays du Maghreb jusqu’au Machrek où étudiaient près de cinquante mille enfants. Soutenue par la diplomatie française, l’AIU contribue à son rayonnement culturel et linguistique.
Al Andalus : désigne l’Espagne musulmane au moment de l’arrivée des omeyyades en 711 jusqu’à la chute de Grenade en 1492 par les rois catholiques et dont l’aire géographique s’étend sur l’ensemble de la péninsule ibérique.
Arche d’Alliance : coffre qui, selon la Bible, abritait les Tables de la Loi (voir ce mot). Par extension, c’est également l’armoire ou l’on garde le rouleau de la Torah (voir ce mot) dans une synagogue.
Consistoire : institution dirigeante du judaïsme français au niveau local établie par décret impérial sous Napoléon Ier. Les consistoires régionaux se réfèrent au Consistoire central israélite de France, qui est l’organe tutélaire au niveau national. Par ordonnance royale du 9 novembre 1845, trois consistoires sont institués dans l’Algérie coloniale ; les consistoires des provinces d’Oran et de Constantine sont placés sous la direction du Consistoire algérien, basé à Alger.
Dhimmî/dhimma : terme juridique qui désigne les populations juives et chrétiennes en terres d’islam. Ce statut entraîne des contraintes sociales et financières (jizya, voir ce mot) appliquées en échange de la protection de ces populations et du droit de pratiquer leur religion.
Gemara’ : désigne le commentaire écrit de la Mishnah (voir ce mot).
Genizah : dépôt de livres sacrés, conservés dans une salle de synagogue ou enterrés dans un cimetière.
Haketia : nom d’un dialecte espagnol parlé par les megorashim (voir ce mot).
Jizya : taxe annuelle historiquement prélevée sous forme de charge financière sur les sujets non musulmans permanents (dhimmî, voir ce mot) d’un État régi par la loi islamique.
Judéoconvers : désigne les juifs ou descendants de juifs d’Espagne ou du Portugal, convertis au christianisme mais restés secrètement fidèles aux croyances et aux pratiques juives. Ils sont parfois appelés conversos ou marranes ; à noter que ce dernier terme comporte une connotation négative.
Kabbale : terme qui signifie ‘tradition reçue’ en hébreu et qui renvoie à l’ensemble des doctrines et des préceptes du mysticisme juif.
Ketuba : une ketuba est un contrat régissant un mariage juif traditionnel. Son contenu est à sens unique puisqu’il formalise les diverses exigences de la Loi juive du mari juif vis-à-vis de sa femme.
Loulav : branche de palmier-dattier, il est un des symboles du judaïsme depuis l’Antiquité. Il est prescrit lors de la fête biblique de Souccot.
Machrek : désigne l’Orient arabe. Les limites géographiques varient selon les sources. 
Marranes : voir judeoconvers.
Megorashim : signifie ‘expulsés’ et désigne les juifs de la péninsule Ibérique ayant immigré en Afrique du Nord suite aux persécutions de 1391 et à l’expulsion des juifs d’Espagne en 1492.
Menorah : désigne le candélabre à 7 branches, qui fait partie du mobilier essentiel d’abord du Tabernacle (voir ce mot) puis du Temple. Il s’agit d’un des plus vieux symboles du judaïsme.
Mishnah : il s’agit de la première compilation exhaustive de la Loi orale. Rédigée au début du IIIe siècle par Yehouda ha-Nassi dans un hébreu qui lui est propre, elle servira, de pair avec la Gemara’ (voir ce mot), de base pour le Talmud (voir ce mot).
Pentateuque : désigne l’ensemble des cinq premiers livres de la Bible (Genèse, Exode, Lévitique, Nombres, Deutéronome), qui constituent le corpus fondamental de textes sacrés dans la religion juive.
Piyyoutim : est un poème liturgique juif généralement destiné à être récité pendant l’office
Rabbin, rabbi : désigne le chef religieux d’une communauté juive. Outre sa fonction centrale de transmission de la connaissance de la Torah (voir ce mot), son rôle revêt un aspect consultatif et décisionnel sur les questions rituelles et profanes de la communauté.
Roch Hachana : désigne le Nouvel An juif, célèbre les deux premiers jours du mois de tishré.
Séfarade : désigne les juifs originaires ou descendants de la péninsule Ibérique. Par extension, ce terme s’applique aux juifs de l’aire séfarade, soit le monde musulman méditerranéen et la péninsule balkanique.
Sefer Torah : le terme désigne une Torah transcrite à la main par un calligraphe qualifié, le sofer, sur du vélin ou du parchemin et conservée sous la forme d’un rouleau dans l’Arche d’Alliance dans une synagogue. Le Sefer Torah est utilisé pour les lectures publiques lors de nombreux offices et fêtes religieuses. Dans la tradition séfarade, il est préservé dans un étui le plus souvent fait de bois ou de métal.
Shofar : corne de bélier utilisée dans la liturgie synagogale comme instrument à vent notamment pour la sonnerie rituelle de Roch Hachana (voir ce mot) et de Yom Kippour (voir ce mot).
Sionisme : mouvement politique né au XIXe siècle de la nostalgie de Sion, présente dans les consciences juives depuis l’exil et la dispersion. Défini en réaction à l’antisémitisme russe et polonais et activé par l’affaire Dreyfus et par la figure de Theodor Herzl, le sionisme vise à l’instauration d’un « foyer national juif » en Palestine ottomane puis mandataire et aboutit en 1948 à la création de l’État d’Israël.
Talmud : ‘doctrine’, ‘enseignement’ ou ‘étude’ en hébreu, compilation de la Torah orale, ensemble de commentaires et d’interprétations de la Torah écrite transmis oralement depuis l’époque de la Révélation. Il se compose de la Gemara’ (voir ce mot) et de la Mishnah (voir ce mot) et est connu sous deux versions : le Talmud dit de Jérusalem ou de Palestine et le Talmud de Babylone, compilés entre le IVe et le Ve siècle.
Tabernacle : désigne le sanctuaire portatif qui accompagne les juifs dans leur traversée du désert tout en abritant l’Arche d’Alliance (voir ce mot) contenant les Tables de la Loi (voir ce mot) avec les Dix Commandements.
Tables de la Loi : il s’agit du texte, gravé sur pierre, des Dix Commandements remis par Dieu à Moïse sur le mont Sinaï.
Torah : désigne l’ensemble des enseignements et des commandements révélés par Dieu à l’humanité. Dans son acception stricte, le terme renvoie aux cinq premiers livres de la Bible hébraïque, également appelés Loi ou Pentateuque (voir ce mot). Par extension, il qualifie également le corpus de littérature rabbinique qui s’y rattache.
Toshavim : désigne les juifs autochtones d’Afrique du Nord, préexistants à la vague d’immigration des juifs de la péninsule Ibérique suite aux persécutions de 1391 et à l’expulsion des juifs d’Espagne en 1492. Présents depuis l’Antiquité, ils parlent le berbère et l’arabe.
Yom Kippour : signifie « jour de l’expiation, du jugement ou du grand pardon ». Il s’agit d’une fête solennelle de la liturgie juive intervenant au dixième jour du mois de tishré. Elle est consacrée à la prière et comprend entre autres l’observation d’un jeune et d’une abstinence sexuelle. »


Du 24 novembre 2021 au 13 mars 2022
1, rue des Fossés-Saint-Bernard
Place Mohammed V
75005 Paris 
Tél. : 01 40 51 38 38
Du mardi au vendredi de 10 h à 18 h. Les samedis, dimanches et jours fériés de 10 h à 19 h. Fermé le lundi
Nocturnes exceptionnelles les vendredis et samedis jusqu'à 21h

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