Arte diffusera le 17 mars 2021 « Soigner à tout prix » (Heilen um jeden Preis) d’Ilan Klipper. « Au cœur des services d'urgences et de réanimation de l’hôpital Bichat, à Paris, frappés de plein fouet par la première vague de l'épidémie de Covid-19. Un documentaire au plus près des soignants qui dévoile de façon crue la réalité des décisions médicales prises sur le fil et qui engagent la survie – ou non – des patients. »
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« Le surgissement de la pandémie frappe les hôpitaux français, et parmi eux l'immense établissement parisien Bichat AP-HP, qui a pris en charge les premiers patients ».
« Par sa taille comme par sa position, dans le nord de la capitale en bordure de la Seine-Saint-Denis, l'un des départements les plus touchés, il offre un regard unique sur les débuts d’une tempête dans laquelle le monde se débat toujours ».
« Tourné entre le 10 avril et le 10 mai 2020, ce film propose une expérience hors norme d’immersion entre les murs d'un hôpital en pleine tourmente ».
« Il dévoile de façon crue la réalité de la vie, de la mort, des décisions médicales prises sur le fil et qui engagent la survie – ou non – des patients ».
« Il témoigne aussi du combat ordinaire des soignants et des malades, de l'héroïsme qui tente de faire barrage à cette "nouvelle normalité" et des mauvais chiffres qui s'accumulent chaque jour ».
« Au-delà des statistiques, le réalisateur Ilan Klipper (Sainte-Anne, hôpital psychiatrique, Affaires familiales) donne à voir le réel dans toute sa force et place l’humain au centre ».
« Alors que l'Europe est frappée par la troisième vague de l'épidémie, et que partout les mêmes histoires se reproduisent, son récit touche à l'universel ».
On peut regretter l'absence d'enquêtes diffusées par des chaines publiques sur les choix politico-sanitaires à l'origine de ce combat dans les hôpitaux : réduction croissante et mauvaise affectation des moyens financiers accordés au secteur public hospitalier, refus de laisser les médecins généralistes ou spécialistes du secteur privé de traiter leurs patients, interdiction de certains médicaments pourtant efficaces, incompétence d'une bureaucratie coûteuse et pléthorique placée à des postes directionnels, numerus clausus imposé depuis des décennies et concernant le nombre de médecins, éloignement forcé des proches de patients, volonté d'ARS (Agences régionales de Santé) de continuer à fermer des lits d'hôpitaux, réticences politiques envers une collaboration avec le secteur hospitalier privé, etc.
Non, la France n'a pas soigné à tout prix. Elle a effectué des choix - refus de SAMU de prendre des personnes âgées, directive officielle contraignant les patients malades à demeurer chez eux dès les premiers symptômes en prenant uniquement du Doliprane et à ne solliciter l'hospitalisation qu'en cas de problèmes respiratoires, etc. - qui soulèvent des questions d'ordre éthique.
« Pour son documentaire Soigner à tout prix, Ilan Klipper s'est immergé dans le service de réanimation de l'hôpital Bichat lors du premier confinement. Une incursion bouleversante dans un monde parallèle. Entretien. Propos recueillis par Raphaël Badache. »
« Votre film débute par une séquence dure, où l'on passe plusieurs minutes avec un homme intubé. Pourquoi ce choix ?
Ilan Klipper : D'entrée de jeu, il s'agit de montrer ce qui se passe lorsqu'on est frappé par le Covid-19 et que ça tourne mal. Le film s'intéresse à des cas sévères, en réanimation, à des patients pour la plupart âgés de 55 à 65 ans. L'objectif est de dévoiler au spectateur la réalité d'une crise sanitaire que la litanie de chiffres parfois arbitraires et les interviews chocs ne permettent pas d'appréhender. Au fil de séquences diverses, comme un puzzle à assembler, on raconte la vie quotidienne d'un service de réanimation, sans dicter ce qu'il faut en penser, sans être manichéen ni anxiogène. Honnêtement, c'est un autre monde. Lorsqu'on arrive dans le couloir, on n'ose pas regarder autour de soi : il y a des gens branchés partout, des bruits de machines, une agitation constante… On sent qu'on frôle la mort, comme si on se trouvait au purgatoire : le dernier endroit où les médecins tentent quelque chose, avant la fin.
Les soignants vous semblaient-ils eux-mêmes en détresse ?
Non, pas vraiment. Je n'ai commencé à tourner qu'au deuxième mois du premier confinement, et durant vingt-six jours, mais dans ce service, ils ne semblaient ni paniqués ni submergés par l'angoisse. Ce qui m'a surtout impressionné, c'est leur rythme : ils courent tout le temps ! Leurs journées sont complètement dingues, très intenses. Ils passent sans cesse d'un patient à un autre, ont à peine le temps de manger. Le moindre geste, comme retourner quelqu'un sur le ventre, prend un temps fou et mobilise quatre infirmiers, des aides-soignants…
Lors d'une autre séquence, on découvre l'équipe médicale en train de débattre de la poursuite des soins d'un patient intubé…
C'est ce qu'ils appellent les réunions éthiques. Lorsqu'un patient arrive à un stade critique, son bilan est analysé par le service – infirmières, aides-soignants, médecins, médecin-chef – et chacun donne son avis sur la manière de poursuivre les soins ou, dans les cas extrêmes, de les arrêter. Il s'agit d'un aspect passionnant du métier, car on découvre que les paramètres médicaux ne sont plus seulement objectifs. Les soignants débattent, s'opposent. Mais l'absence de consensus profitera toujours au malade. »
« Soigner à tout prix » d’Ilan Klipper
France, 2020, 60 min
Sur Arte le 17 mars 2021 à 22 h 35
Disponible du 14/12/2020 au 13/06/2021
Visuels : © Agat Films & Cie
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