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mardi 8 janvier 2019

« 2015 - Paris est une cible », par Benoît Bertrand-Cadi


« 2015 - Paris est une cible  » (Je suis Charlie, je suis Paris) est un documentaire de Benoît Bertrand-Cadi. Analyse par des diplomates, dessinateurs, philosophes des motivations des terroristes islamistes ayant commis des attentats djihadistes en France, au Danemark...
« De l'attaque du 7 janvier contre Charlie Hebdo au carnage du 13 novembre, une enquête approfondie sur les racines de la terreur et les moyens d'y faire face. Comment en sommes-nous arrivés là ? Pourquoi la France est-elle devenue la cible prioritaire de ce nouveau terrorisme, perpétré par des jeunes gens nés ou élevés en Europe ?
Commencée à Paris sous le signe de la terreur, avec les attaques successives des 7, 8 et 9 janvier contre la rédaction de Charlie Hebdo, des policiers, puis le magasin Hyper Cacher (dix-sept victimes au total, sans compter les trois assassins, abattus par la police), l'année 2015 s'achève dans un bain de sang plus effroyable encore.
Le 13 novembre, des actions terroristes coordonnées d’une ampleur inédite font 130 morts, plus onze des auteurs ou de leurs complices présumés qui se sont fait exploser ou ont été exécutés par la police, et 352 blessés. Comme une redite des événements de janvier, mais à un niveau de violence bien supérieur, les caméras du monde entier filment des scènes de guerre dans la capitale française.

Alors qu'une marche républicaine gigantesque avait répondu aux premiers attentats, les rassemblements sont cette fois interdits et l'état d'urgence instauré pour trois mois, mesure approuvée à la quasi-unanimité de l'Assemblée nationale (moins six députés).
Comment en sommes-nous arrivés là ? Pourquoi la France est-elle devenue la cible prioritaire de ce nouveau terrorisme, perpétré par des jeunes gens nés ou élevés en Europe ? Comment lutter, à l'extérieur de ses frontières et sur le territoire ? Est-il légitime de suspendre certaines des règles démocratiques en vigueur au nom de la sauvegarde de la démocratie ? À travers les témoignages de nombreuses personnalités françaises et étrangères (chefs d’États, diplomates, témoins des attentats, spécialistes du renseignement, chercheurs, caricaturistes…), le film expose la chronologie des faits et décrypte une montée de la violence qui ébranle et interroge la société dans son ensemble ».

Avec le président malien Ibrahim Boubacar Keïta, l'ancien ministre des Affaires étrangère Hubert Védrine, Laurent Stefanini, ambassadeur et ex-responsable du protocole de l’Élysée, François Zimeray, ambassadeur français au Danemark, témoin de la première de deux attaques perpétrées en février à Copenhague dans le sillage de celles de Paris, le chercheur et homme politique danois Naser Khader, le grand rabbin de France Haïm Korsia, la philosophe Élisabeth Badinter, l'anthropologue Malek Chebel, les experts en géostratégie Xavier Crettiez, François Géré et Percy Kemp, l'auteur danois des caricatures de Mahomet, Kurt Westergaard, les membres de la rédaction de Charlie Hebdo Riss et Gérard Biard, ainsi que l'avocat du journal, Richard Malka, et Aydin Engin, le rédacteur en chef du journal d'opposition turc Cumhuriyet ».
Djihad global
"On avait violé un dogme religieux. On méritait de mourir", résume Riss, directeur de Charlie hebdo.

Engendrée par la peur, l'autocensure prévaut chez les politiciens, les médias, etc. dans les questions concernant l'islam.

"Pour beaucoup de musulmans, la liberté d'expression s'arrête au religieux... Il fallait bien se payer des Juifs. Excusez-moi, mais c'était comme la cerise sur le gâteau... Cette manifestation [du 11 janvier 2015], je l'interprète comme un grand moment d'union dont on avait besoin, comme une réaction sage, tolérante, positive de la société française... D'étape en étape, certains ont pensé : "Ils [les dessinateurs de Charlie hebdo, Ndr] ne l'ont pas volé". Il y a une France qui n'est pas là [le 11 janvier 2015], la France musulmane, de crainte de trahir les siens. Vous traversez dans certaines banlieues, la plupart des femmes sont voilées. Les plus extrémistes pèsent de tout leur poids sur les autres... Pour se venger des caricatures danoises [en 2005], on s'en est pris à des églises, à des morts. Peut-être que personne n'a pensé que cela pouvait arriver ici... Est-ce qu'il faut continuer à faire ces mea culpa ? Je suis hostile au discours victimaire... Les attentats du 13 novembre, c'est différent : c'est contre tous les Français", rappelle Elisabeth Badinter, philosophe,

"En France, il y a une sorte de sacralité de la parole. Il faut dépasser un temps de sidération collective. Il faut jeter un geste", allègue Haim Korsia, grand rabbin de France. Or, cette liberté de parole survit péniblement au "politiquement correct" sur lequel veillent des magistrats. Et d'ajouter :  en 2012, "il y a eu des militaires, un enseignant et des enfants dans l'indifférence totale. Ce n'est pas un terrorisme exogène. Ce sont des enfants de France". Pourquoi ne pas les qualifier de "musulmans" ?


Quarante-quatre chefs d'Etats et de gouvernements, 12 dirigeants d'organisations internationales se sont réunis à Paris quelques jours après ces attentats terroristes islamistes. Le président François Hollance voulait un président d'un Etat musulman, en l'occurrence le Mali, à sa droite et la chancelière allemande Angela Merkel à sa gauche.

Ce 11 janvier 2015, quatre millions à Paris ont défilé de la place de la Nation à la place de la République et au-delà. Et très peu de musulmans de France dans cette manifestation.

Selon l'anthropologue Malek Chebel, "Les gens ont voulu dire "Ne profanez pas nos valeurs". Le soulèvement populaire a dit "Stop", dans la manifestation du 11 janvier 2015,

14 février 2015. Double attaque à Copenhague (Danemark) contre une réunion sur la liberté d'expression et une synagogue (un gardien Juif est tué par le terroriste). "Je suis arrivée à cette réunion à vélo, sans protection. J'en suis reparti en voiture blindée", se souvient François Zimeray.

13 novembre 2015. Nouveaux attentats terroristes islamistes coordonnés par plusieurs équipes, à Saint-Denis et à Paris. "Le pain et les jeux" sont visés selon Percy Kemp, écrivain britannique.

2015. Une année d'attentats terroristes islamistes aussi pour la Tunisie.

Pour éviter de recourir au terme "islamistes", les autorités politiques et ce documentaire parlent de "terrorisme djihadiste" et d'"assaillant". La réponse du gouvernement ? Une loi sur le renseignement. Et ce, pour rassurer, face à un phénomène mal appréhendé.

Comme par hasard, le documentaire liste les villes touchées par le terrorisme islamiste sans citer Jérusalem.


En 2013, l'opération Serval est lancée par la France au Mali. "Une question centrale", selon Hubert Védrine. "Personne n'a critiqué. Mais personne n'a vu les conséquences possibles de cet engagement", analyse Elisabeth Badinter.

La France est-elle une cible ? Oui, mais pas toute. A lire la liste des noms des victimes du jihad, c’est bien une guerre civile « ethnico-religieuse », parfaitement analysée par Michel Gurfinkiel, que mènent les « Allah Akbar boys » (Mark Steyn) contre les non-musulmans, en l’occurrence Juifs et chrétiens.

"La France saura-t-elle préserver ses valeurs républicaines", s'interroge le documentaire. La question s'avère plutôt : une France en déclins gagnera-t-elle cette guerre ?

Ce documentaire de Benoît Bertrand-Cadi a été suivi de Attentats de Paris - Entretien avec Pierre Kroll  (Attentate von Paris - Gespräch mit Pierre Kroll). "On parle de crises. C'est une mutation du monde qui crée une peur entretenue par ce terrorisme", observe Pierre Kroll, caricaturiste belge qui se produit aussi sur scène. Et d'ajouter : "A Bruxelles, on a fermé les écoles, les magasins pendant plusieurs jours. Bruxelles a été une ville morte, à l'approche des fêtes. Du jamais vu. Molenbeek est une commune à forte proportion immigrée, critiquée pour son laxisme, pour d'autres c'était un modèle du vivre-ensemble. Et on a découvert la radicalisation... Le plus gros attentat en Belgique a eu lieu contre le musée Juif et a été commis par un Français. Dans des pays comme le Maroc et la Tunisie, on vit avec des salafistes depuis longtemps .On vit comme eux. L'humour fait partie de la résilience. Je ne comprends pas comment des jeunes nés en Belgique aient envie de couper la tête. Il  y a une espèce de frustration. Un besoin de revanche pour exister... On doit pouvoir parler du sacré. Le métier de dessinateur, on l'a pratiqué pour déconner. Maintenant, c'est un métier d'intellectuel". 

  
« 2015 - Paris est une cible », par Benoît Bertrand-Cadi
51 min
Sur Arte les 5 janvier à 20 h 55 et 7 janvier 2016 à 8 h 55

Visuels : © Pac Pres

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Les citations sur le concert viennent d'Arte. L'article a été publié le 5 janvier 2016, puis le 9 janvier 2018.

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