Citations

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« Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort. Il est de porter la plume dans la plaie. » (Albert Londres)
« Le plus difficile n'est pas de dire ce que l'on voit, mais d'accepter de voir ce que l'on voit. » (Charles Péguy)

mercredi 7 septembre 2022

Serge Kantorowicz

Né en 1942 à Paris dans une famille juive d'origine polonaise, Serge Kantorowicz est un peintre, dessinateur, graveur, illustrateur et sculpteur figuratif. Il a dessiné ou peint ses visions d'écrivains - Honoré de Balzac et Victor Hugo - et de leurs oeuvres. Dans le cadre des Journées européennes de la Culture Juive 2022, la Galerie Saphir prolonge "Combats plasticiens - Hommage à l'Ukraine", exposition "qui se veut l'expression d'un état de conscience profondément humain". 


Serge Kantorowicz est né à Paris en 1942 dans une famille Juive d’origine polonaise. 

Ses parents communistes ont été déportés à Auschwitz (Pologne) où ils ont été tués. C’est la grand-mère maternelle de Serge Kantorowicz qui élève l’enfant. 

Celui-ci étudie le dessin et l’estampe au lycée Saint-Étienne des Arts Graphiques, puis complète sa formation en étudiant libre à l’École des Beaux-arts de Bruxelles (Belgique) dès 1962. 

À la fin des années 1960, Serge Kantorowicz entre comme graveur dans les ateliers Maeght, puis dans un atelier où il crée aux côtés de son cousin, le peintre Sam Szafran. 

Il travaille pour Riopelle, Joan Mitchell, Henri Michaux, Miró, Calder, Giacometti  et Vasarely.

Dès 1973, marqué par Delacroix, Cézanne et Picasso, Serge Kantorowicz se concentre sur son œuvre, notamment l’estampe qu’il maitrise : gravure sur bois et sur cuivre, lithographie, sérigraphie, etc.

Dessinateur expressionniste, peintre figuratif, les œuvres de Serge Kantorowicz ont été accrochées aux cimaises de galeries et musées : galeries Nina Dausset, Georges Fall et Pascal Gabert (Paris), Parlement Européen (Luxembourg), Galerie Krikhaar (Amsterdam), American Hebrew Congregation (New York), Maison de Balzac (Paris), Musée Victor Hugo (Paris), Non-Maison (Aix-en-Provence), etc. 

Nombre d’entre elles ont enrichi les collections d’établissements publics, dont le Fonds National d’Art Contemporain de la Ville de Paris, le Parlement européen de Strasbourg, le Musée d’Art contemporain de la ville de Luxembourg. 

Serge Kantorowicz a poursuivi un travail initié par ses visions de l’œuvre de Balzac (1997-1999), Kubin et Thaddeus Kantor (2000). 

« La picturalité des personnages de Balzac ne m’intéresse pas, ne me concerne pas. Ce que j’aime dans son monde, c’est son ensemble infini de virtualités. On veut que le peintre ne raconte plus d’histoires. Moi j’écoute la vie intérieure, le destin virtuel de personnages, je les nomme de noms que Balzac leur a donnés, mais ils n’appartiennent qu’à la peinture », a confié Serge Kantorowicz  à Roland Chollet (L'Année balzacienne, 2004/1 (n° 5), Presses Universitaires de France). 

Et d’ajouter : « Avant Balzac, il y eut Hugo. Il y a encore Hugo peut-être. Je ne tiens pas à faire l’histoire de ma vie, et je vous épargnerai les incertitudes du calendrier. Cela remonte loin cependant, au silence qui fut le mien à l’école de la rue de Turenne, avant de savoir lire. Je ne suis sorti de cette solitude, je n’ai vu les autres que le jour où j’ai réussi pour la première fois à lire une syllabe, à déchiffrer le premier mot français. Avant j’arrachais les pages du livre de lecture et les cachais sous mon lit pour les lire plus tard. J’ai découvert avec passion les grands romans de Hugo, Les Misérables, Les Travailleurs de la mer, etc. quelques années après. L’essentiel, c’est que j’ai renouvelé par la suite l’expérience fondatrice de mon enfance à laquelle j’ai fait allusion, en dessinant sur des pages arrachées de Victor Hugo, en écrivant pour ainsi dire entre les lignes, en y écrivant ma vie au risque de la perdre – ce qui faillit arriver, si grande fut l’intensité de mon travail. J’ai continué cette forme d’activité sur une édition bilingue de Faust devenue trilingue par mes dessins et sur d’autres supports imprimés ».

En 2002, l’Hôtel d’Albret a présenté l’exposition itinérante « Pages arrachées au journal de Victor Hugo  », des illustrations par Serge Kantorowicz de l’œuvre et de la vie du romancier, poète, dramaturge romantique et homme politique français (1802-1885). 

En 67 portraits et paysages, avec pudeur, le peintre a évoqué aussi les correspondances entre Hugo et lui. 

Sur le papier du Népal, il a mêlé pigments, matière, fusain et marouflages, dans des mouvements souvent énergiques. Révélant parfois ses tourments.

Pour sa série sur La Comédie humaine, ses modèles étaient des personnages de fiction. 

Ici, il a illustré des œuvres - Notre-Dame de Paris, les Misérables, Les Travailleurs de la mer, Napoléon le Petit et L’homme qui rit - et la vie de Victor Hugo  : Les Romantiques à l’Académie, Lucrèce Borgia : première rencontre la scène de l’affront jeudi 3 janvier 1833, Une apparition de Hugo 7 septembre 1853, etc. Surgissaient aussi des églises gothiques, parmi des campagnes, des mers déchaînées et des paysages de Jersey et Guernesey.

Serge Kantorowicz s’est inspiré du style pictural de Hugo en gardant son originalité. Intéressé par les gouttes et tâches, cet ancien graveur a esquissé et suggéré. Il a collé ou froissé la toile peinte sur une autre toile, lui conférant alors relief et vigueur, et y a ajouté parfois des documents jaunis et des citations. Dans La pieuvre, le marouflage accentuait le caractère tentaculaire : la poulpe se déployait hors de son cadre originel. Parfois, la peinture semblait engloutir toute la surface. Cet artiste sait merveilleusement associer les couleurs.

Il a révélé des similitudes : « Maine 1852, Saint-Ouen 1942 ». « Il y a beaucoup de 15 avril dans la vie de Victor Hugo , et je suis né un 15 avril. A l’époque où j’habitais rue Saint Anastase - la rue de Juliette Drouet -, je me souviens des lectures qu’on nous faisait de ses romans au début des années 50, à l’école de la rue de Turenne, dans le Marais, et qu’il fallait ensuite illustrer ». Et pour l’inciter à se lever, sa grand-mère, qui l’a élevé, lui racontait en yiddish Notre-Dame de Paris. Dans deux malles translucides, il a mis ébauches et documentation.

Les tableaux étaient « épinglés » sur quatre niveaux, dont l’un un peu haut pour bien les voir, et sans notice. Dans le documentaire de George Goldman, Serge Kantorowicz expliquait : « Je sais qu’ils savent. Que les spectateurs se fassent leur journal... »

En 2014, la galerie Guigon  présenta l’exposition « Macula » . Des dessins à la ligne torturée, à la limite de l’abstraction, évoquant parfois le Paris de l’Occupation.

Dans le cadre des Journées européennes de la Culture Juive 2022, la Galerie Saphir prolonge "Combats plasticiens - Hommage à l'Ukraine", exposition "qui se veut l'expression d'un état de conscience profondément humain. 

« Combats plasticiens » met en valeur l'humanisme et la résistance dans l'art face au tragique du monde et de la guerre. La galerie, animée depuis quarante ans par des valeurs de partage et de dialogue interculturel, est un pont spirituel et artistique entre la culture juive et l'universel. C'est un lieu sans frontières. La galerie est aussi profondément européenne à la manière des grands écrivains juifs. »


« Rappelons-nous du rêve de Stefan Zweig, celui d'une idée juste de l'Europe : une Europe apolitique, cosmopolite, exempte de toute haine et de toute défiance ; une Europe de la culture, des arts et des sciences. Serge Kantorowicz, Hubert Haddad et Bruno Edan réinvestissent le rapport à l'Histoire, à la mémoire et à l'altérité à travers l'imaginaire de la littérature yiddish, les récits hassidiques et les mirages du passé. Jorge Amat dénonce le dieu de la guerre. Sergio Birga donne vie aux contes et récits de Franz Kafka. Michel Kirch invoque les anges de la concorde. Igor Pototsky écrivain, poète et dessinateur et Yana Bystrova, artiste plasticienne vivant entre Paris, New-York et Kiev célèbrent l'élan vital d'une Ukraine combattante. »

« Boire l'eau du fleuve Arno avait permis à Dante d'aimer Florence, et au-delà, le monde. Aujourd'hui face à la menace du fascisme et de la guerre rappelons-nous les vers du poète ukrainien Taras Chevtchenko : « Notre âme ne peut pas mourir ».


Du 4 au 30 septembre 2022
69 rue du Temple. 75003 Paris
Tél. : +33 (0)1 42 72 61 19
Visuel :
Serge Kantorowicz
Une synagogue des iconoclastes
Portrait de Myriam

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