Tournages Paris-Berlin-Hollywood 1910-1939
« Serait-ce un rêve ? Le cinéma en chansons de W. R. Heymann » de Helma Sanders-Brahms
« Serait-ce un rêve ? Le cinéma en chansons de W. R. Heymann » de Helma Sanders-Brahms
Il faut remonter aux années 1890, avant l’avènement officiel du Cinématographe Lumière, pour trouver les premières photographies d’un tournage. Etienne-Jules Marey « dirigeait ses sujets à partir de 1889, devant sa caméra chronophotographique et l’écran noir de la Station physiologique du bois de Boulogne ». Aux Etats-Unis, c’est en 1894 dans la « Black Maria », studio monté sur rails installé dans le New Jersey que les acteurs sont saisis par la caméra d’Edison. Retour en France en juin 1895 quand Louis Lumière filme Jules Janssen dialoguant avec le maire de Neuville-sur-Saône.
La photographie de plateau, un genre nouveau
Le succès du spectacle cinématographique dans les années 1900 induit l’essor d’une « industrie gigantesque : usines de fabrication de la pellicule, laboratoires, studios, cinémas surgissent presque partout dans le monde. De nouveaux métiers apparaissent. Parmi eux, le photographe de studio ».


Le Chemin du Paradis



En effet, dès les années 1920, Hollywood s’attire les talents des Européens : Allemands, Français, etc. A l’ère du muet, le star system fabrique des « icones vivantes », populaires dans le monde entier : Mary Pickford, Douglas Fairbanks, Gloria Swanson, Charles Chaplin, etc. L’avènement du parlant marque une date charnière : le parlant impose aux acteurs d’adapter leur jeu sans le théâtraliser, dicte ses lois en matière de prises de vues, d’enregistrement du son ou de tirage. Certains acteurs et réalisateurs redoutent, méprisent ou refusent ces talkies. En témoigne le film Chantons sous la pluie (Singing in the Rain) de Stanley Donen et Gene Kelly.
Des réalisateurs tels Abel Gance, Fritz Lang, F.W. Murnau, D.W. Griffith ou Erich von Stroheim « rénovent en profondeur le regard cinématographique. Grâce à des moyens considérables, aux décorateurs, aux opérateurs, aux matériels, l’Art muet, cet « Infirme supérieur » selon les mots d’Eluard, atteint son apogée ».
Un Hollywood légendaire

Savamment cadrées et éclairées, ces photos à l’éclat magique témoignent sur les tournages de films légendaires – notamment L’Aurore (Murnau), Metropolis (Fritz Lang) et Intolérance (D.W. Griffith) -, bénéficiant d’équipes magnifiant les stars au glamour affirmé : Greta Garbo, Marlene Dietrich, Clark Gable parmi d’autres - et des comiques : Laurel et Hardy, Buster Keaton…


Cet homme au bras coupé qui apparaît parfois, mégot aux lèvres ? C’est le poète Blaise Cendrars.
Une programmation, des rétrospectives et des conférences complètent cette exposition didactique.
Jusqu’au 1er août 2010
A la Cinémathèque française, Musée du cinéma :51, rue de Bercy, 75012 Paris. Tél. : 01 71 19 33 33.
Du lundi au samedi de 12h à 19h. Dimanche de 10h à 20h. Fermeture le mardi.
Visuels, de haut en bas :
Affiche
Myrna Loy et Clark Gable tournent dans Un envoyé très spécial (Too Hot to Handle, Jack Conway, 1938). Ils utilisent une caméra de reporter fabriquée à New York par Akeley, capable d’enregistrer image et son sur une seule pellicule. Production : MGM.
Mary Pickford avec une caméra Mitchell sur le tournage de La Petite Annie (Little Annie Rooney, William Beaudine, 1925). Chefs opérateurs : Hal Mohr, Charles Rosher. Production : Pickford-United Artists.
Ernst Lubitsch fait faire un essai, avec une caméra Mitchell, à sa vedette Pola Negri pour Forbidden Paradise (1924), leur huitième et dernier film en commun. Production : Famous Players-Lasky Corp-Paramount
Erich von Stroheim devant les salles de montage de La Symphonie nuptiale (The Wedding March, 1928). Production : Paramount.
Les décors monumentaux du Cabinet des figures de cire (Das Wachsfigurenkabinett, 1924) tourné aux May-Atelier à Weißensee. Paul Leni, décorateur de théâtre et de cinéma, est crédité à la fois comme réalisateur et directeur artistique du film. Son assistant et acteur est William Dieterle. C’est Paul Leni, affirme Rudolph Kurtz, qui a véritablement « donné à l’expressionnisme une multitude d’applications au cinéma ». Production : Neptune-Film.
Cette séquence musicale de prison filmée par les opérateurs du studio MGM pour le film Broadway to Hollywood (Willard Mack, 1933), préfigure le célèbre Rock du bagne (Jailhouse Rock) d’Elvis Presley.
Fritz Lang dirige Brigitte Helm sur Metropolis (1926). Production : UFA.
Constance Bennett filmée en plongée pendant le tournage de Achetée (Bought, Archie Mayo, 1931). La caméra blimpée est montée sur une dolly. Au-dessus de l’actrice, un micro électrodynamique à amplificateur. Production : Warner Bros.
Frank Borzage et sa vedette de Désir (Desire, 1936), Marlene Dietrich, habillée par le chef costumier Travis Banton. Production : Borzage-Lubitsch pour Paramount.
Fritz Lang, au mégaphone, dirige la foule déchaînée sur le tournage de Metropolis (1927) dans les studios de la UFA à Neubabelsberg. Production : Erich Pommer-UFA. Les deux caméras Mitchell permettent d’obtenir deux négatifs de prises de vues.
Jean Renoir tourne Toni dans le Midi en 1935. Le chef opérateur Claude Renoir est le fils de son frère Pierre, lui-même acteur de théâtre et de cinéma. Production : Marcel Pagnol. La caméra est une T Debrie (commercialisée en 1931).
Le Coeur en fête (When You’re in Love, Robert Riskin, 1937) avec Cary Grant et Grace Moore. Production : Columbia.
Le Coeur en fête (When You’re in Love, Robert Riskin, 1937) avec Cary Grant et Grace Moore. Production : Columbia.
Les citations sont extraites du catalogue de l’exposition dont les auteurs sont Isabelle Champion et Laurent Mannoni
A lire sur ce blog :
Cet article a été publié en une version plus concise dans le numéro 626-627 de juillet-août 2010 de L'Arche, puis sur ce blog le 26 juillet 2010, puis le 15 février 2016.
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