mercredi 25 novembre 2020

« 1526, Babur s'empare de l'Inde à Panipat » de Juliette Garcias

Zahir ud-din Muhammad, surnommé Bābur (« tigre ») ou Bāber (1483-1530), était un prince musulman timouride, i. e. descendant de Tamerlan, de l'Inde où il fonda la première dynastie moghole. Ce fin stratège a dirigé l'Empire moghol, devenu immense au fil des siècles. Dans ses mémoires Babur Nama, il décrivit ses pratiques du djihad en Inde hindoue, la vie des cours et les régions parcouruesArte diffusera le 29 novembre 2020, dans le cadre de « Quand l'histoire fait dates » (Zahlen schreiben Geschichte), « 1526, Babur s'empare de l'Inde à Panipat » (21. April 1526, Baburs Sieg bei Panipat) de Juliette Garcias. Une victoire due essentiellement à l'artillerie.

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Nommé au Collège de France en 2015, Patrick Boucheron dirige l’« Histoire mondiale de France » (Seuil, 2017) présentant "les nouvelles grandes dates mondiales qui ont façonné l’hexagone", "mettant en valeur les colonisés et l’islam" et assumant une "islamophilie systématique". Un anti-« Lieux de mémoire » du professeur Pierre Nora.

Un best-seller analysé dans « Histoire de l'islamisation française 1979-2019 » (Ed. L’Artilleur), controversé, critiqué notamment par Pierre Nora (« Politiquement, l’objectif est de lutter, « par une conception pluraliste de l’histoire, contre l’étrécissement identitaire qui domine aujourd’hui le débat public »).

Et fustigé par Eric Zemmour : « En près de 800 pages et 146 dates, on ne déviera pas de la ligne du parti: tout ce qui vient de l’étranger est bon. Les invasions barbares sont des « migrations germanique s» ; la défaite des Gaulois leur permit d’entrer dans la mondialisation romaine ; les conquérants arabes étaient bien plus brillants que les minables défenseurs carolingiens ; les martyrs chrétiens de Lyon venaient d’ailleurs et saint Martin était hongrois. Les théologiens chrétiens doivent tout au grand talmudiste Rachi ; « l’honteux traité de Troyes » de 1420 (qui donnait le royaume de France à la monarchie anglaise) est une heureuse tentative de construire la paix perpétuelle par l’union des couronnes ».


Quant à Alain Finkielkraut, il a estimé : 
« Je découvre, effaré, que ni Rabelais, ni Ronsard, ni La Fontaine, ni Racine, ni Molière, ni Baudelaire, ni Verlaine, ni Proust n’y figurent. Et si Mauriac est cité, ce n’est pas pour son œuvre, c’est pour sa critique honteusement réactionnaire du féminisme. Ainsi s’éclaire le sens de « monde » pour les nouveaux historiens. Mondialiser l’histoire de France, c’est dissoudre ce qu’elle a de spécifique, son identité, son génie propre, dans le grand bain de la mixité, de la diversité, de la mobilité et du métissage. Et c’est répondre au défi islamiste par l’affirmation de notre dette envers l’Islam. De manière générale, l’Histoire mondiale de la France remplace l’identité par l’endettement. Ici doit tout à ailleurs. De la France, patrie littéraire, ce qui surnage, c’est la traduction des Mille et Une Nuits par Antoine Galland et l’audace qui a été la sienne d’ajouter au corpus original des histoires que lui avait racontées un voyageur arabe venu d’Alep.
Instructif aussi est le récit de l’invasion musulmane de 719 à Narbonne, où les cultures se sont mêlées avant que les Francs, hélas, n’arriment par la force cette ville à leur royaume. Ceux qui, en revanche, croient pouvoir mettre au crédit de la France naissante la première traduction latine du Coran par l’abbé de Cluny Pierre le Vénérable en 1143, sont avertis que cette démarche n’était pas inspirée par la curiosité mais par une volonté de dénigrement. Et peu importe le fait que l’Islam de son côté ne pouvait pas même envisager de traduire les Écritures saintes des religions antérieures à son avènement.
Nos éminents universitaires n’ont que l’Autre à la bouche et sous la plume. Ouverture est leur maître mot. Mais ils frappent d’inexistence Cioran, Ionesco, Kundera, Levinas, tous ces étrangers qui ont enrichi notre philosophie et honoré notre littérature. Car c’est à ce «notre» qu’ils veulent faire rendre l’âme...
Le dégoût de l’identité a fait place nette de la culture. Les façonniers de l’Histoire mondiale de la France sont les fossoyeurs du grand héritage français.
« Une histoire libre », dit le journal Libération pour qualifier ce bréviaire de la bien-pensance et de la soumission, cette chronique tout entière asservie aux dogmes du politiquement correct qui ne consacre pas moins de quatorze articles aux intellectuels sans jamais mentionner Raymond Aron, ni Castoriadis, ni Claude Lefort, ni aucun de ceux qui ont médité la catastrophe totalitaire et la bêtise de l’intelligence au XXe siècle…
« Histoire jubilatoire », ajoute Libération. Ce mot – le plus insupportablement bête de la doxa contemporaine – convient particulièrement mal pour une histoire acharnée à priver la France de son rayonnement et à l’amputer de ses merveilles.
Il n’y a pas de civilisation française, la France n’est rien de spécifiquement français: c’est par cette bonne nouvelle que les rédacteurs de ce qui voudrait être le Lavisse du XXIe siècle entendent apaiser la société et contribuer à résoudre la crise du vivre-ensemble.
Quelle misère! »
« Dans cette deuxième saison de la série" « Quand l'histoire fait date », "aussi érudite et ludique que la précédente, le médiéviste Patrick Boucheron, professeur au Collège de France, poursuit son exploration alerte des dates marquantes de l’histoire, des trésors artistiques ornant la grotte de Lascaux, en 18 000 avant notre ère, au coup d’État militaire contre le président chilien Salvador Allende, le 11 septembre 1973 ». 

« Mobilisant son talent de conteur, associé à une animation qui s’appuie sur une riche iconographie, et convoquant éclairages de spécialistes et approche réflexive, l’historien bouscule notre regard sur vingt événements majeurs et les traces qu’ils ont laissées dans les mémoires, en les replaçant dans une perspective globale et en assumant les incertitudes de la science historique ». 

« Entrelaçant plaisir du récit, techniques d’animation et esprit critique, Patrick Boucheron dévoile vingt nouvelles enquêtes sur les grandes dates qui ont marqué l’histoire et la mémoire des hommes ».

« 1526, Babur s'empare de l'Inde à Panipat »

Arte diffusera le 29 novembre 2020, dans le cadre de « Quand l'histoire fait dates » (Zahlen schreiben Geschichte), « 1526, Babur s'empare de l'Inde à Panipat » (21. April 1526, Baburs Sieg bei Panipat) de Juliette Garcias.

Zahir ud-din (défenseur de la loi, donc de l'islam, en arabe) Muhammad, surnommé Bābur (« tigre », en perse) ou Bāber (1483-1530), était un prince turc timouride, c'est-à-dire descendant du "puissant et terrifiant" Tamerlan (1336-1404). Polygame, il a fondé la dynastie moghole (ou gurkani) en Inde -  une dynastie au pouvoir jusqu'au XIXe siècle - et a dirigé un empire immense - capitale dès 1556 : Âgrâ -, dont la superficie dépassait en particulier celle de l'empire ottoman, et incluant notamment une partie du nord de l'Inde (Pendjab), du Pakistan, de l'Afghanistan, de l'Asie centrale. 

Bābur
 avait pour ancêtres notamment Timour, célèbre sous le nom de Tamerlan (1336-1405), conquérant d'une partie importante de l'Asie centrale et occidentale ainsi que fondateur de la dynastie des Timourides qui a existé jusqu'en 1507, et, par sa mère, de Gengis Khan (1155/1162-1227), fondateur de l'Empire mongol. Le père de Bābur, Omar Sheikh Mirza (1456-1495), était un turco-mongol roi de Ferghana, un royaume qui couvrait une partie du Turkestan et est maintenant située en Ouzbékistan.
Dès le décès de son père en 1494, Bābur a dirigé ce petit royaume enserré entre la Perse et le Turkestan, en Asie centrale. Fasciné par Samarkand, il a essayé à deux reprises, et vainement, de conquérir la ville.

Chassé en 1498 de son royaume par les Uzbeks, Bābur a fui pendant des années, et avec une centaine de fidèles, a cherché un territoire pour y régner. En 1504, il a conquis Kāboul et s'y est fixé.

"Bāber, considérant l'Inde septentrionale", notamment le Pendjab, "comme un héritage timouride et comprenant que la route de la Perse lui est interdite, tourne ses regards vers le sultanat de Delhi. Les trois premières expéditions en Inde (1505, 1507, 1519) ne sont que de brèves incursions destinées à sonder la capacité de résistance de l'adversaire. En 1524, à la demande de Daulat Khān, gouverneur de Lahore, Bāber se met en route pour sa quatrième invasion et sans rencontrer d'opposition sérieuse il traverse le Panjāb et après avoir laissé un petit détachement armé à Lahore revient à Kāboul".
"À partir de ce moment la conquête de l'Inde septentrionale se déroule en trois étapes. C'est pendant l'hiver de 1525 que Bāber tente un coup décisif. Après avoir réuni une troupe de douze mille hommes, il passe la frontière, remonte l'Indus jusqu'à Sialkot où son fils Humāyūn, âgé de dix-huit ans, le rejoint, met Daulat Khān en déroute et parvient en avril 1526 dans la plaine de Pānipat pour affronter les seigneurs afghans de la cour d'Ibrāhīm Lodi", issu d'une dynastie afghane. Il répondait à l'appel du gouverneur du Pendjab en révolte contre son suzerain, le sultan de Delhi, Ibrahim Lodi. "Devant un ennemi bien supérieur en nombre - "Babour chah n'a que vingt mille hommes à opposer aux cent mille hommes et aux mille éléphants de guerre du sultan" -, Bâber remporte le 21 avril 1526 une victoire éclatante grâce à son sens tactique - "il divise ses troupes en unités autonomes et coordonnées (tulguhma). Le jour fatal, Ibrahim Lodi tombe dans le piège. Ses troupes se débandent et lui-même est tué comme beaucoup de ses hommes" - et grâce à éun armement moderne pour l'époque" : "canons, mousquets et arcs composites". Bāber s'empare de Delhi - le sultanat de Delhi avait été fondé en 1206 par l'Afghan Mohammed de Ghor ou  Muhammad Ghûrî - et envoie son fils Humāyūn à Āgra, achevant ainsi la première phase de sa conquête". Il triompha des "princes rajpoutes du centre de l'Inde à Khanoua le 16 mars 1527", puis a évincé du Bihar l'héritier d'Ibrahim Lodi. Il a alors soumis alors toute l'Inde du nord, et contrôlé un territoire stratégique : voies commerciales, vallée du Gange.

« Le 21 avril 1526, Babur, le petit roi de Kaboul, prend audacieusement l'Inde du nord au sultan de Delhi, Ibrahim Lodi ». Par cette victoire à Panipat, près de Delhi, en 1526, Bābur a rappelé son lignage : en 1398, Tamerlan y avait livré une bataille victorieuse. « Avec sa victoire s'ouvre le temps de la seconde islamisation, qui va se propager jusqu'aux rivages de l'Indonésie ». « Babur incarne une synthèse des traditions culturelles et politiques de l'islam médiéval et mamelouk ».

Bābur a rédigé en turc tchaghataï - turc ancien - ses mémoires, le Babur Nama ("Le Livre de Babur. Mémoires du premier Grand Mogol des Indes 1494-1529"). Il y décrivit son parcours, les massacres d'Hindous, les cours, les régions parcourues, avec leur végétation, etc. On y découvre l'expansion de l'empire par un djihad constitué de raids à partir d'un fort, la conversion à l'islam des tribus jat au nord-ouest de la péninsule indienne... Constant Hamès a présenté ainsi cette biographie (Hamès ConstantBabur Le Livre de Babur. In: Archives de sciences sociales des religions, n°63/2, 1987. pp. 222-223) : 
"En 1526, Babur, souverain du petit sultanat de Kaboul, descend en Inde la tête une armée turco-afghano-mongole et s'empare, bataille après bataille, d'une très vaste portion de Inde du nord, s'établissant autour Agra et de Delhi. Un empire se construit grâce une succession dynastique qui porte au trône, non seulement des stratèges militaires "modernes" (utilisation de l'artillerie), mais aussi et surtout des hommes très cultivés en arts et en sciences".
Et c'est probablement le sentiment d'avoir commencé à construire quelque chose d'historique qui pousse Babur à rédiger une chronique événementielle dont il est à la fois l'acteur et le rédacteur. Quoique maîtrisant bien le persan, il rédige ses "annales" en langue turque car son appartenance à la descendance agnatique de Tamerlan est celle qui parle le plus fort en lui. Par sa mère, il est mongol et descendant de Gengis Khan. Sa narration écrite à la première personne peut apparaître sèche et ennuyeuse pour un lecteur rapide, mais pour quelqu'un d'attentif, l'information est de grande richesse. Le fonds du récit est constitué par les équipées militaires : raids lancés à partir d'un point d'appui urbain fortifié. Mais l'ennemi fait presque toujours partie de la famille : on se bat entre soi, entre neveux et oncles, entre cousins, entre frères, etc. Réciproquement, on se marie aussi dans le même cadre. D'où une avalanche de pages regorgeant de noms propres servant à situer les protagonistes des combats et des alliances. De quoi réjouir ceux qui s'intéressent aux faits et effets de la parenté dans les sociétés musulmanes, particulièrement au niveau des chefferies (khanat, sultanat, etc.)
Compte-tenu du rang socio-politique élevé de Babur, ses descriptions des cours tribales ou "royale", y compris des siennes, sont d'un apport très précieux (on pense par exemple à tel rituel social de préparation au combat dans le khanat mongo). Citons simplement, car ce n'est pas le propos ici, les minutieuses descriptions des faunes et des flore, des techniques irrigation, et bien entendu des techniques militaires.
Reste, à côté de quantité autres notations - littéraires ou historiques surtout - une part fort importante réservée à l'islam. Or, on découvre que l'islam est la subjectivité morale et aussi affective de Babur. Jeune, il refuse pour des raisons de conscience islamique de s'adonner aux pratiques sociales obligatoires dans les cours politiques de l'époque : les parties de boisson et entretien de "mignons". A un âge plus mûr - correspondant à son installation à Kaboul - il pratiquera la boisson et les drogues de façon effrénée et hésitera pas allier avec les "hérétiques", c’est-à-dire avec les shiites turco-persans de Chah Ismail. Mais voici l'heure des doutes et des angoisses : face à une formidable coalition hindou, en 1527, l'armée baburienne a peur et tremble. Babur ne veut pas perdre : l'islam doit triompher des mécréants. D'où l'appel au jihad militaire mais surtout au djihad intérieur, à la conversion des consciences morales, "la guerre sainte, la plus grande de toutes, celle qui consiste à lutter contre ses propres tendances". Babur renonce définitivement au vin, distribue son or et son argent, exonère les musulmans de l'impôt et remporte la victoire contre les Hindous. Il a joué sur deux tableaux : sa foi retrouvée l'a mis à même de mériter les faveurs divines et a insufflé à l'armée une confiance nouvelle. Mais l'angoisse progresse intérieurement : le corps usé de Babur (les chevauchées, le climat, les drogues) donne des signes d'avaries Et utilisation du même remède mental : Babur s'engage à versifier tel texte pieux pour échapper à la maladie ; il récite tant de fois telle sourate coranique. Il est trop tard et il meurt en 1530, la chronique s’arrêtant en 1529. 
L'islam apparaît encore dans la place sociale de saints personnages, de descendants du Prophète, dans de multiples notations sur les pratiques religieuses, sur la place de la Mekke, etc. Cette autobiographie forme un document unique sur les origines du renouveau musulman en Inde au XVIe siècle Le fait qu'il soit écrit à la première personne et sans concessions vis-à-vis de soi-même (ni romantisme ni refus du moi) le rend encore plus attachant". 

Bābur a laissé un souvenir prégnant dans des Etats d'Eurasie : il est considéré comme un héros national en Kirghizistan et en Ouzbékistan. En 2005, le Pakistan a initié le programme de missiles de croisières Babur.

"Akbar le grand"

Le samedi 14 mars 2020, la Bibliothèque Fessart - 6 rue Fessart. 75019 - a proposé "Akbar le Grand, où comment l'amour vint en aimant", spectacle par Sandrine Rouquet, conteuse. Cet événement fait partie du programme Inde invité de Livre Paris. Tout public à partir de 14 ans." 

"Au 16ème siècle, un guerrier venu d’Asie Centrale se taille un empire dans le nord de l’Inde. Sur cette terre traditionnellement  hindoue, Akbar le musulman fait resplendir la gloire de l’Islam. Un évènement va venir bouleverser son rapport au pouvoir, au peuple, à la religion : son mariage avec la princesse hindoue Jodha. Si conquérir un empire n’est pas si compliqué pour un guerrier intrépide, il n’en va pas de même pour conquérir le cœur de Jodha. Va-t-il y parvenir ? Une histoire profondément enracinée dans la culture indienne qui raconte avec tendresse et humour comment l'amour transforme le cœur des hommes". Ou l'art de ne pas nommer le djihad et d'acculturer un jeune public à cette guerre islamique... A noter que cette bibliothèque municipale de Paris se trouve dans un quartier où vivent de nombreux immigrés originaires d'Afrique du Nord ou sub-saharienne.

« Le temps retrouvé »
(Arte mag n° 36. Le programme du 29 août au 4 septembre 2020)

« Pour sa deuxième saison, Quand l’histoire fait dates offre une exploration audacieuse de grands événements et de leurs représentations. Entretien avec son concepteur, l’historien Patrick Boucheron. Propos recueillis par Benoît Hervieu-Léger ».

« Quels critères ont guidé votre approche pour ces vingt nouveaux épisodes ?
Patrick Boucheron : Nous avons radicalisé notre proposition initiale ! Depuis sa conception, la série interroge les diverses manières de faire événement.
Elle propose une collection de problèmes davantage que de périodes. Nous avons, cette fois-ci, voulu aller plus loin en retenant des dates dont on cherche l’événement, comme l’an mil. Nous avons joué sur le contre-factuel * dans l’épisode sur la mise à sac du palais d’été de Pékin en 1860. 
Nous avons même poussé l’audace jusqu’à dater un événement qui n’a pas eu lieu. Au IVe siècle, l’empereur Constantin est censé avoir donné la moitié de son empire au pape. Le texte de la donation est un faux. Le non-événement a pris une importance que l’événement réel n’aurait pas eue.

La représentation de l’histoire compterait donc plus que l’histoire elle-même ?
Une date a l’apparence de l’évidence, comme Marignan en 1515.
Or derrière chaque date il y a une petite intrigue aussi captivante à explorer que le récit en soi. C’est pourquoi la série inclut deux fils narratifs : le récit que l’on raconte et nous-mêmes en train de le raconter. Cette approche se lit en particulier dans l’épisode sur la révolution religieuse d’Akhenaton, en Égypte ancienne. À la fin de sa vie, Freud, miné par la maladie et l’exil, a voulu en percer le mystère pour expliquer la montée du nazisme et de l’antisémitisme à son époque. La solution aux énigmes du présent se trouve parfois dans le passé.
L’histoire de l’esclavage et de la colonisation resurgit depuis l’affaire George Floyd.

Un épisode aurait-il pu faire écho à ce présent si enraciné dans le passé ?
La question de la justice et de l’égalité, aiguisée par la crise sanitaire, est abordée avec la Déclaration d’indépendance des États-Unis, en 1776. Ce moment marque la première affirmation des droits universels de l’humain dans un pays dont on sait qu’il détruit les nations indiennes et qu’il deviendra esclavagiste. La “question noire”, déjà traitée dans la première saison avec la libération de Mandela, revient maintenant avec le pèlerinage du roi malien Mansa Moussa en 1324.
Nous aurions certes pu aborder plus frontalement la question de la décolonisation. Elle apparaît malgré tout dans l’épisode sur le massacre des Algériens, à Paris le 17 octobre 1961. L’événement pose clairement la question du racisme, de la violence policière et du legs colonial en France.

* Type de raisonnement qui consiste à imaginer l’issue nouvelle d’un événement historique, après avoir modifié l’une de ses causes. »


France, 2020, 27 min
Sur Arte le 29 novembre 2020 à 17 h 30
Disponible du 22/11/2020 au 27/01/2021

Visuel :

1526, Babur s' empare de l' Inde à Panipat

© Les Films d Ici

Les citations sur le film proviennent d'Arte. 

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