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mercredi 9 février 2022

« La fuite des huguenots » par Paul Wiederhold, Saskia Weisheit et Gordian Maugg


Les protestants des royaumes de France et de Navarre sont appelés des huguenots durant les guerres de religion du XVIe siècle, puis des religionnaires au XVIIe siècle. Arte rediffusera le 12 février 2022 « La fuite des huguenots » (Flucht im Namen Gottes - Die Hugenotten), série en deux parties - à 20 h 50 « Le saut dans l’inconnu » (Aufbruch ins Ungewisseet à 21 h 40 « En terre étrangère » (Ankunft in der Fremde) - réalisées par Paul Wiederhold, Saskia Weisheit et Gordian Maugg. « Retour sur l'exode des protestants français, notamment vers la Prusse, afin d’échapper aux persécutions instiguées par Louis XIV après la révocation de l'édit de Nantes, en 1685 ».
Un conflit oppose alors catholiques et huguenots. Une opposition aux multiples facettes : religieuse, politique, économique...

« Le saut dans l’inconnu »
« En France, dans les années 1680, la minorité protestante fait face à l’hostilité grandissante de la monarchie catholique ». 

« Les quelque 900 000 huguenots sont persécutés : il leur faut se convertir ou s'exposer à des dangers de plus en plus graves ».

« Afin d’empêcher l’exode de l’élite protestante, les tentatives de fuite sont lourdement réprimées ; les hommes sont condamnés aux galères, les femmes, au couvent ».

« L’édit de Nantes, signé en 1598, garantissait pourtant la liberté de culte, mais il a été progressivement vidé de sa substance ».

« Le roi Louis XIV, qui ne peut tolérer la volonté d'indépendance ni les soutiens étrangers des protestants, les perçoit comme des ennemis de l'intérieur ».

« Quelques jours à peine après la révocation de l’édit de Nantes, en 1685, l’électeur de Brandebourg et duc de Prusse Frédéric-Guillaume Ier, par son édit de Potsdam, offre aux huguenots liberté de culte, exonération d’impôt temporaire et soutien financier ».

« Lui-même calviniste, il entend venir en aide à ses coreligionnaires, mais aussi servir des intérêts d’ordre économique et politique ».

« En terre étrangère » 
« Soumis à la violence de leurs contemporains, les huguenots ont été condamnés d’un trait de plume par le Roi-Soleil à la persécution ou à l’exil ».

« Bénéficiant d’une image extrêmement positive, avec une réputation d’artisans habiles et industrieux, les réfugiés protestants sont accueillis par l’Angleterre, les Pays-Bas, l’Irlande ou encore la Suisse ».

« Quant à l’Allemagne, elle compte également sur eux pour relancer son économie et repeupler certaines régions vidées de leur population suite à la guerre de Trente Ans ».

Ces huguenots exilés lutteront contre le monopole du commerce du sucre détenu par des Juifs dans une ville où ils s'implantent.

« Pour les huguenots français qui s’y installent, les débuts sont difficiles. Mais peu à peu, leur éthique de travail leur permettra de s’intégrer à la société allemande ».

« Leurs descendants s'y illustreront, tels Paul Wallot, l'architecte du Reichstag, siège du Parlement allemand, Carl Benz, qui déposa le brevet de la première automobile à la fin du XIXe siècle, ou Thomas de Maizière, ministre fédéral de l’Intérieur pour la CDU de 2013 à 2018. »

Juifs et protestants
« Martin Luther (1483-1546), dans ses premiers écrits, a tenu un autre langage aux juifs ; c’est qu’il en attendait la conversion collective, annonciatrice du retour du Christ. Mais sa déception l’a conduit à multiplier, dans la seconde partie de sa vie, des pamphlets haineux contre les juifs. Dès lors, le luthéranisme n’est pas étranger à l’antisémitisme moderne qui s’est épanoui dans l’espace germanique au XIXe siècle et dans la première moitié du XXe siècle ».

« Les autres réformateurs ne sont guère plus favorables aux juifs, à l’exception d’Andreas Osiander (1498-1552) et surtout de Jean Calvin (1509-1564), dont L’Institution de la religion chrétienne (1535) affirme que Dieu reste fidèle à l’alliance passée avec son peuple et que la prédestination concerne des juifs autant que des chrétiens ».

« Plus largement, la Réforme a suscité un grand effort de traduction de la Bible entraînant un renouveau de l’étude de l’hébreu en Occident et un dialogue entre rabbins et théologiens chrétiens ». Car, avec les développements de l’imprimerie, les huguenots aspirent à lire la Bible dans sa langue. Et ont donc recours à des rabbins et savants juifs avec lesquels ils établissent des relations empreintes d’estime.

Juifs et protestants présentent des points communs en France : ce furent des minorités persécutées, contraintes à l’exil, ayant contribué à l’essor du pays où ils vivaient, attachées à la Révolution qui leur a assuré la liberté religieuse et une égalité de droits, ainsi qu’à la laïcité.

L’Affaire Dreyfus et la Deuxième Guerre mondiale ont été marquées par des ententes entre Juifs et protestants.

La période allant de la Révocation de l’Edit de Nantes (1685) à la Révolution Française (1789), caractérisée par un vécu secret, dans des lieux isolés des Cévennes ("Israël des Cévennes"), du Haut-Languedoc, du Poitou, du Dauphiné et du Vivarais, de leur religion, les protestants l’ont dénommée « Désert ». Une référence aux pérégrinations des Hébreux pendant quarante ans dans le Désert après la fuite d’Egypte, durant l’Exode au cours duquel certains avaient douté (fabrication du Veau d’Or). Un élément parmi beaucoup d’identification de protestants à l’Histoire du peuple juif.

Durant l’Occupation, le plateau du Chambon-sur-Lignon a accueilli et protégés des Juifs persécutés.

"Exceptionnellement, l’Institut Yad Vashem de Jérusalem a décerné en 1990 un diplôme d’honneur  de Justes parmi les Nations collectivement « aux habitants du Chambon-sur-Lignon et des communes voisines qui se sont portés à l’aide des Juifs durant l’occupation allemande, et les ont sauvés de la déportation et de la mort ». Un musée a été ouvert au Chambon-sur-Lignon pour rappeler cette histoire de sauvetage.


« La fuite des huguenots » par Paul Wiederhold, Saskia Weisheit et Gordian Maugg
Allemagne, 2018 
Sur Arte :
 « Le saut dans l’inconnu » : les 23 novembre 2019 à 20 h 50, 11 décembre 2019, 12 février 2022 à 20 h 50
« En terre étrangère » : les 23 novembre 2019 à 21 h 40, 11 décembre 2019 à 9 h 25, 12 février 2022 à 21 h 40
Disponible jusqu'au 20 février 2020.

Les citations sont d'Arte. Cet article a été publié le 10 décembre 2019.

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