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vendredi 5 janvier 2018

« Quand Hollywood monte au front. La propagande pendant la 2ème guerre mondiale » par Peter Miller


Histoire diffusera les 5 janvier à 9 h 05, 11 janvier à 9 h 20, 17 janvier à 9 h 10, 23 janvier à 9 h 25 « Quand Hollywood monte au front. La propagande pendant la 2ème guerre mondiale » (Hollywood an die Front. US-Propaganda im Zweiten Weltkrieg ; Projections of America), documentaire en deux parties par Peter Miller. L’histoire méconnue d’une équipe de scénaristes, réalisateurs, producteurs engagés à diffuser une image positive des Etats-Unis, engagés dans la Deuxième Guerre mondiale, auprès des publics étrangers, et de contrer la propagande nazie.

« La guerre d'Hollywood 1939-1945 », par Michel Viotte
« Quand Hollywood monte au front. La propagande pendant la 2ème guerre mondiale » par Peter Miller

C’est un pan méconnu de l’effort cinématographique de guerre américain lors de la Deuxième Guerre mondiale  que montre « Quand Hollywood monte au front. La propagande pendant la 2ème guerre mondiale » (Projections of America), par Peter Miller, auteur des documentaires Jews and Baseball, An American Love Story (2010) et Sacco and Vanzetti.

Quand « le gouvernement de Roosevelt décide en 1941 de participer à la lutte contre l’Allemagne nazie, il charge l’usine à rêves Hollywood de rendre populaire l’envoi des « boys » sur les champs de bataille ».

« Pour faciliter le processus d'identification, il faut montrer ces hommes dans leur univers quotidien ». Ces « histoires de cow-boys et pétroliers, fermiers et laveurs de vitres, immigrants et écoliers capturent l’optimisme de la démocratie américaine. Ces films superbement réalisés présentaient des versions idéalisées de ce que l’Amérique pourrait être, créées par des cinéastes politiquement engagés qui voulaient changer fondamentalement l’Amérique tout en combattant la tyrannie à l’étranger ».

Ce qui les différencient de Why We Fight (Pourquoi nous combattons), série de sept films de propagande réalisés souvent par Frank Capra, sur une commande de l’administration du Président Roosevelt, de 1942 à 1945 afin d’expliquer aux soldats américains les raisons de l'engagement des États-Unis dans ce conflit et d’influer sur l’opinion publique américaine pour la convaincre de soutenir l'intervention américaine.

Idéalistes
« Au cœur du dispositif filmique se trouve Robert Riskin » (1897-1955), producteur et surtout scénariste de la majorité des œuvres de Frank Capra », souvent oscarisées : Lady for a Day (1933), It Happened One Night (1934), Mr. Deeds Goes to Town (1936), Meet John Doe (1941). Juif new-yorkais d’origine russe, scénariste ocarisé de screwball comedies (comédies loufoques), « chef de la division Outremer  de l’OWI (Office of War Information), il « réussit à mobiliser un réseau de cinéastes de sensibilité libérale (c’est-à-dire de gauche) qui se font un devoir de militer contre Hitler ». 

Les auteurs ? Le réalisateur hollywoodiens Josef von Sternberg (The Town), John O’Hara, Frances Goodrich and Albert Hackett, Ralph Bellamy, Burgess Meredith, Garson Kanin, Jean Renoir, Aaron Copland, le producteur John Houseman, l’écrivain Philip Dunne, des professionnels du documentaire : William Van Dyke, Irving Lerner, Alexandr Hackenschmied, Alexander Hammid, Roger Barlow… Si au début, les deux mondes s’opposent par leurs visions, ils apprennent à mieux se connaitre et s’apprécient. 

« Riskin était un Juif progressiste libéral, ce qui le rendait un outsider dans de nombreux lieux aux Etats-Unis. Ici, il raconte l’histoire de l’âme de l’Amérique, et définit l’esprit américain à des millions de gens vivant dans un monde occupé. Juif américain, Riskin a été profondément inquiet par ce qu’il voyait arriver dans l’Allemagne nazie et décida, bien avant que les Etats-Unis ne s’engagent dans la guerre, d’aider de quelque manière qu’il pouvait », a relevé le réalisateur Peter Miller.

« Ces réalisateurs étaient issus de la tradition documentaire progressiste de l’ère du New Deal, mais ils partageaient une vision profondément démocratique qui était exprimée dans ces courts métrages. Je suis sûr que les films de la série Projections d’Amérique se différenciaient des films conservateurs auxquels était habitué le public italien sous l’ère fasciste, et des films de propagande nazie que les publics d’Europe occupée étaient contraints de voir », a expliqué Peter Miller à Fra Noi.

« C’est ainsi que se constitue la pièce maîtresse de la campagne de propagande : les « Projections of America  », une série de vingt-six courts métrages documentaires ».

« Projetés à travers le monde, ces films présentent une Amérique des gens simples où idéalisme, liberté d’expression, art et culture occupent une place de choix ; et où la discrimination raciale n’existe pas ». 

« Pendant trois années intenses, l’Overseas Film Branch de l’OWI a produit 26 films et des douzaines de films d’actualités qui ont été traduits en 22 langues… « Swedes In America » conté par Ingrid Bergman, montrait l’expérience d’un immigrant et a été nommé pour un Academy Award du meilleur court sujet. The Window Cleaner mettait en vedette l’homme qui chaque jour escaladait l’Empire State Building avec une agilité à la Buster Keaton afin de nettoyer les fenêtres. En 1950, mon père a souffert d’un grave accident vasculaire cérébral qui l’a empêché de poursuivre son travail jusqu’à sa mort en 1955 », a confié Victoria Riskin en 2016.

« Tous ces films ont été faits par des professionnels qui savaient comment raconter une histoire. « Autobiographie d’une Jeep » est un conte adorable de vilain petit canard, l’histoire d’un modeste véhicule militaire ayant des problèmes d’estime de soi. Il incarne l’attitude « can-do » (gagnante, positive), et parle d’une voix américaine charmante, drôle et surprenante. Chaque fois que le film a été projeté en Normandie, le public criait « Vive la Jeep », a expliqué le réalisateur Peter Miller. 

Et d’ajouter : « The Cummington Story » est peut-être mon film préféré. Un groupe de réfugiés de guerre arrivent dans une ville de Nouvelle Angleterre. D’abord, les habitants de cette ville rejettent les réfugiés dont l’apparence est différente, qui parlent une langue étrangère. Puis, ils finissent par les accepter. Ils font des projets de charpenterie, jouent de la musique. Et que ces réfugiés retournent en Europe à la fin de la guerre, ces habitants de Cummington sont tristes. Le film était fait pour des publics étrangers, mais il avait aussi un message pour les Américains : les encourager à ouvrir leur cœur à ceux qui sont différents ». Ce film est signé par le documentariste de gauche Irving Lerner, dont le nom a été associé à une affaire d’espionnage, et par l’écrivain sioniste Joseph Krumgold, qui a reçu deux Newbery Medals distinguant ses romans pour enfants.

Après la chute de Mussolini, les Italiens des zones libérées par les troupes Alliées ont pu voir un film de cette série dans lequel figurait le chef d’orchestre célèbre Arturo Toscanini, qui avait quitté l’Italie fasciste pour les Etats-Unis.

« Des millions de spectateurs italiens ont afflué dans les salles de cinéma pour voir le film avec Toscanini, dans lequel ce brillant chef d’orchestre a dirigé l’Hymne des Nations de Verdi, actualisé par l’inclusion des hymnes nationaux de l’Union soviétique et des Etats-Unis. Cela ne m’a pas surpris que les publics italiens aient répondu avec enthousiasme à ce film, mais ce qui m’a particulièrement ému a été ma rencontre avec une Allemande juive qui a survécu à la guerre et se souvenait des émotions profondes qu’elle avait éprouvées en voir le film où Toscanini interprétait Verdi dans une salle de cinéma bombardée à Berlin », a déclaré Peter Miller à Fra Noi.

Ce documentaire Projections of America  « mêle  des archives souvent inédites et des entretiens avec des réalisateurs, des témoins de l’époque, des historiens et des critiques de cinéma ». Il « est passionnant de revoir leurs images plus de soixante-dix ans après ».

« L'amour en temps de guerre y a aussi sa place, puisque le documentaire évoque l'idylle de Riskin avec la star Fay Wray (héroïne de King Kong) ». Le couple s’est marié en 1942, et a eu deux enfants : Robert né en 1943, et Victoria, née en 1945, scénariste et militante des droits de l’homme. Robert Riskin a adopté Susan, née en 1936 du mariage de l’actrice avec le scénariste et cinéaste John Monk Saunders.
      
« Quand Hollywood monte au front. La propagande pendant la 2ème guerre mondiale » par Peter Miller a été distingué comme le Best Documentary au San Diego Jewish Film Festival en 2016 et reçu le Metta Media Award au Dallas VideoFest 2015.

Pourquoi Arte ne l'a-t-il diffusé que si tardivement et une seule fois ?
          
« Quand Hollywood monte au front. La propagande pendant la 2ème guerre mondiale » par Peter Miller
2014, 53 Min.
Based on an idea by Antje Boehmert & Christian Popp
Narrated by John Lithgow
Written by Peter Miller Producers Antje Boehmert, Peter Miller, Christian Popp
Editor : Amy Linton
Director of Photography : Antonio Rossi
Senior Advisor and Story Consultant : Ian Scott
Historical Advisor : Marja Roholl
Associate Producers : Jonas Schilling, Amy Linton
Commissioning Editors : ZDF/ARTE Martin Pieper, Türkân Schirmer
A Docdays Productions film
A co-production with Willow Pond Films  & ZDF In collaboration with ARTE
Distributed by PBS International
Developed with the support of MEDIA Programme of the European Union
Sur Arte le 30 août 2017 à 0 h 20
Sur Histoire les 5 janvier à 9 h 05, 11 janvier à 9 h 20, 17 janvier à 9 h 10, 23 janvier à 9 h 25

Visuels :
Le scénariste Robert Riskin a essayé avec ses films de propagande, de rapprocher la population civile de l'Europe libérée à l'"American Way of Life"
© Victoria Riskin

Extrait du film "Projections of America - A better tomorrow", 1944
© NARA/Docdays Productions

Peter Miller, Antonio Rossi
John Lithgow, narrateur

A lire sur ce blog :
Les  citations sur le documentaire sont extraites du site d'Arte. Cet article a été publié le 29 août 2017.

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