Citations

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« La lucidité est la blessure la plus rapprochée du Soleil. » (René Char).
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« Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort. Il est de porter la plume dans la plaie. » (Albert Londres)
« Le plus difficile n'est pas de dire ce que l'on voit, mais d'accepter de voir ce que l'on voit. » (Charles Péguy)

vendredi 15 septembre 2017

« Recuerdame » de la photographe Rosalia Maguid


En 2004, la galerie Corianne a présenté l’exposition « Recuerdame » (« Souviens-toi de moi »), une sélection de la série Ciudad Fantasma (Ville fantôme) de la photographe argentine Rosalia Maguid. Des photographies en noir et blanc de lieux ruraux habités aux XIXe et XXe siècles par des Juifs ayant immigré, souvent de l’empire russe, et devenus des « gauchos Juifs ». Article republié à l'occasion de la visite du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu en Argentine le 11 septembre 2017.


Manifestation bisannuelle ayant eu lieu alors pour la première fois dans trois villes européennes - Paris, Vienne et Berlin -, le mois de la photo 2004 s’est décliné sur un thème fédérateur : « Histoire, histoires, du document à la fiction ». 

La première implantation en Argentine, dès les années 1889/1890, d'immigrants Juifs en provenance d’Ukraine et de Pologne, ces « Gauchos Juifs argentins », a inspiré un double événement culturel majeur lors du Mois de la photo 2004 à Paris.

Gauchos Juifs
En 1854, le gouvernement argentin décide d’autoriser l’immigration dans son pays. 

Les premiers Juifs à y arriver sont des sépharades, ayant quitté le Maroc, la Syrie et la Turquie. 

En 1889, arrive au port de Buenos Aires le premier groupe organisé d'immigrants Juifs provenant de Kamenetz (actuelle Ukraine) et ayant effectué un long voyage maritime sur le Wesser. Ils souhaitent devenir agriculteurs, des hommes libres. Une fois installés, ces 130 familles Juives de Colonos, soit 815 personnes, nomment la ville, qu’ils ont fondée dans la province de Santa Fe, Kiryat Moshe, nom retranscrit en Moïseville puis hispanisé en Moisés Ville, dans des terres données par Me Pedro Palacios à la Jewish Organization. 

Deux ans plus tard la colonie deviendra la seconde colonie de l'entreprise du philanthrope Baron Maurice de Hirsch.

Fuyant les pogroms et la misère, des Juifs de l’empire russe, de Roumanie et d’autres pays européens les rejoignent dans cette contrée éloignée, à la vie rude.

Au début du XXe siècle, la province d’Entre Ríos compte 170 colonies juives, exploitations agricoles. Affrontant l’antisémitisme et une nature sauvage, ces « Gauchos » Juifs se regroupent en coopératives agricoles. 

Grâce aux revenus de leur travail, ces modestes fermiers construisent des écoles, des synagogues, ainsi que des hôpitaux et des bibliothèques ouverts à tous, veillent sur leurs cimetières (nombreux sont victimes du typhus, de la peste).

Parmi les célébrités Juives né ou ayant grandi dans ces contrées : le scénariste, humoriste, réalisateur, rédacteur en chef et écrivain René Goscinny, le romancier, grand reporter, parolier et académicien Joseph Kessel, etc.

En des photos noir et blanc très stylisées, parfois quasi-abstraites, Rosalia Maguid, médecin dont la grand-mère est arrivée, à l’âge de sept ans, en 1889, de Kiev en Argentine, évoque Moisés Ville dans l'impératif du souvenir. Des bâtiments abandonnés. Une ville désertée. Un vide nocturne.

Sur cette histoire passionnante, au Centre communautaire de Paris (CCP), a présenté le 1er décembre 2014 « Legado » (Legs), documentaire passionnant de Vivian Imar et Marcelo Trotta (2001) produit par la fondation Raoul Wallenberg. Puis l'historienne Dominique Frischer, Henri Minczeles, Hélène Gutkowski, professeur de sociologie, un édile et des descendants de ces pionniers ont retracé la vie difficile de ces Gauchos Juifs et leur contribution à l’édification de l’Argentine moderne. 

Cette exposition pouvait être complétée par celle intitulée « Visions d’un mythe, Un siècle de photographie en Argentine » qui montrait notamment les clichés de Grete Stern (1904-1999), qui s’était exilée devant la montée du nazisme et était arrivée en Argentine en 1935, avec son époux Horacio Coppola rencontré au Bauhaus. Entre 1948 et 1951, elle a réalisé sa série la plus connue, « Sueños », illustrations de rêves de lecteurs de la revue « Idilio ». A voir aussi les photos de Oscar Pintor, Pablo Soria et Marcos Zimmermann et Adriana Groismann.

Le 25 novembre 2014, de 15 h à 16 h 30, Philippe Enquin, auteur, et Jacinta, chanteuse, donneront la conférence Trois générations de Juifs argentins à la Maison des Seniors et de la Culture Bluma Fiszer (1ter, rue Charles Baudelaire, 75012 Paris). "A l'aide de nombreux documents et photos, Pilippe Enquin présentera son livre qui relate la saga de sa famille. La chanteuse argentine Jacinta lira quelques extraits et présentera différents personnages du livre en chansons en espagnol, yiddish, russe et français".

Visuels :
Frenteestaciontren
 100 x 150 cm & 40 x 60 cm

Imagen - Vias
 45 x 90 cm & 30 x 60 cm 

Club social Gualeguay 
 45 x 90 cm & 30 x 60 cm 

Banco Natio. Villaguay 
45 x 90 cm & 40 x 60 cm

Sinagoga Basavilbaso
 60 x 90 cm & 40 x 60 cm 

A lire sur ce blog :
Articles in English

Cet article a été publié dans L'Arche. Il a été publié sur ce blog le 25 novembre 2014, puis le 27 octobre 2015 - à l'occasion de l'élection présidentielle en Argentine -.

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