Citations

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vendredi 9 juillet 2021

Colette (1873-1954)

Née Sidonie-Gabrielle Colette (1873-1954), Colette est une femme de lettres, actrice, mime, journaliste directrice littéraire du journal Matin française, présidente de l’Académie Goncourt (1949-1954) qui l’admet dès 1945. Arte rediffusera le 11 juillet 2021 « Colette, l'insoumise » (Colette, die Aufständische) par Cécile Denjean. « Avec une fantaisie très Belle Époque, ce documentaire retrace la vie libre et théâtrale de Colette, immense écrivaine et insatiable hédoniste ».
« Regarde ! », lui répétait la solaire Sido, sa mère, étouffante mais adorée ». 

« De son enfance campagnarde auprès de parents aimants et libres penseurs, elle a gardé le goût de la littérature, de l'anticonformisme et des plaisirs de la vie, célébrés tout au long de son œuvre ». 

« Née en 1873 à Saint-Sauveur, en Bourgogne, la jeune Gabrielle Colette grandit dans un vert paradis, qu'elle quittera à 18 ans, à cause de la ruine familiale ».

« Ce traumatisme fondateur l'incitera à conquérir peu à peu son indépendance ». 

« Mariée très jeune » en 1893 « à la nouvelle coqueluche parisienne, le sulfureux » Henry Gauthier-Villars connu sous le nom de « M. Willy », elle s'initie au fascinant demi-monde de la Belle Époque, fait ses débuts en littérature et perd quelques illusions ». 

« Son mari la trompe et exploite ses talents d'écrivaine dans la série des Claudine » en imposant à son épouse le statut de nègre littéraire. 

« Mais ce roi du marketing avant l'heure lui apprend aussi les vertus du scandale pour créer ce qu'on n'appelle pas encore le buzz ». 

« Le couple ira jusqu'à mettre en scène un ménage à trois avec l'actrice Polaire ».

« De toute façon, cela fait longtemps que Colette partage ses amours entre les hommes et les femmes ». 

« Elle finit par quitter Willy » - le couple divorce en 1906 -, « gagnant sa vie grâce au music-hall, « le métier de ceux qui n'en ont appris aucun », et à la littérature qui devient une seconde nature ».

« Inventrice du « mentir-vrai » de l'autofiction, Colette met sa vie en scène, conquérant sa liberté par les mots » (La Vagabonde ou L'Envers du music-hall.


"Colette enfin libre en baie de Somme"
Arte diffuse sur son site Internet, dans le cadre de "Invitation au Voyage" (Stadt Land Kunst), "Colette enfin libre en baie de Somme" (Colettes Aufblühen an der Somme-Bucht). ""Les méandres de la baie de Somme s’étendent à perte de vue. Au début du XXe siècle, les plages aux couleurs changeantes et les ruelles tranquilles de la station balnéaire du Crotoy sont le théâtre de l’épanouissement sentimental et artistique de Colette. L’auteure y passe plusieurs étés, y vit librement et signe enfin de son nom ses écrits qui feront d’elle la première femme présidente de l’Académie Goncourt."

Jouvenel
« De pantomimes déshabillées en romans prémonitoires, de ses frasques amoureuses avec Missy à ses passions pour les Jouvenel père et fils, ce documentaire retrace la fabuleuse trajectoire de l'écrivaine au regard de chat, infiniment vivante et libre ».

En 1912, Colette épouse le journaliste, diplomate et homme politique Henry de Jouvenel (1876-1935), rencontré en 1909. En 1902, le Dreyfusard Henry de Jouvenel avait épousé Sarah-Claire Boas (1879-1967), fille de l’industriel français juif et « infirme d’une blessure de guerre en 1870 » Alfred Boas (1846-1909) et le couple avait eu un fils, Bertrand de Jouvenel (1903-1987). De l’union entre Henry de Jouvenel et Colette, naît sa fille unique, Colette Renée de Jouvenel dite « Bel-Gazou » (1913-1981). Cette quadragénaire a une liaison durant cinq ans avec son beau-fils adolescent de seize ans, Bertrand de Jouvenel. Elle divorce en 1923. 

Elle s’inspire de cette époque dans Le Blé en herbe, Chéri et Julie de Carneilhan.

Au jeune Georges Simenon qui lui adresse ses écrits, Colette conseille de simplifier son style trop littéraire. Un conseil précieux qu’il suivra et dont il lui sera reconnaissant.

Fine mélomane, Colette élabore à l’initiative de Jacques Rouché, directeur de l'Opéra de Paris, Maurice Ravel de 1919 à 1925 la fantaisie lyrique L'Enfant et les Sortilèges créée le 21 mars 1925 à l'Opéra de Monte-Carlo dans une chorégraphie de George Balanchine.

Maurice Goudeket
En 1925, Colette se lie avec Maurice Goudeket (1889-1977), courtier en perles et écrivain juif, qu’elle épouse en 1935. 

Durant l’Occupation, elle quitte la zone libre pour rejoindre Paris occupé par les Nazis. Elle collabore à Gringoire et à La Gerbe.

Elle protège son époux : elle obtient le 6 février 1942 sa libération après son arrestation par la Gestapo le 12 décembre 1941.

C'est à l'hôtel de Paris (Monaco) où Audrey Hepburn tourne dans Nous irons tous à Monte-Carlo (Monte Carlo Baby) de Jean Boyer et Lester Fuller que la romancière Colette repère la jeune actrice. Elle la choisit pour interpréter sur scène Gigi (1951), d'Anita Loos, à Broadway. Des critiques louangeuses accueillent le spectacle. Colette dédicace ainsi une de ses photos : "A Audrey Hepburn, le trésor que j'ai trouvé sur la plage".

C’est dans son appartement du Palais-Royal que Colette décède.

« Irrigué de sa prose sensuelle et incisive, ce montage alerte de films muets et d'archives orchestre avec une extravagance digne de la Belle Époque les métamorphoses successives de la dame, malicieusement croquées par l'illustratrice Catel Muller ».

« Colette sera la première femme à qui la France accordera des funérailles nationales tandis que l'Église lui refusera les obsèques religieuses pour "conduite inconvenante". Une sortie théâtrale, bien dans son style ».
  

"Monstre sacré de la littérature française, Colette a savamment utilisé dans ses romans l’art du faux-semblant pour entretenir un mythe aux accents de scandale. 
Par Laetitia Moller".

Cinquante ans avant l’apparition du terme et de sa définition comme nouveau genre littéraire, elle aura sans le savoir inventé l’autofiction. Écrivaine majeure de la première moitié du XXe siècle, Sidonie-Gabrielle Colette se distingue d'emblée par son exploration de la jouissance féminine, par son art du détail et de la sensation mais aussi par celui, subtilement dosé, du "mentir-vrai". Dans l’ensemble de son œuvre, Colette tout court ne cesse de brouiller les pistes. A-t-elle vécu ce qu’elle décrit avec tant d’acuité ou réinvente-t-elle son existence ? Selon les époques, elle change d’approche, magnifiant parfois ses souvenirs, revisitant son enfance dont elle fait un âge d’or, sur lequel la figure de sa mère Sido règne en grande prêtresse. Plus son récit a l’air vrai, plus elle prend en fait des libertés avec la réalité. "Imaginez-vous à me lire que je fais mon portrait ? Patience, c’est seulement mon modèle", écrit-elle dans La naissance du jour, en 1928.

"La force du souhait"
La littérature donne à Colette la possibilité d’une seconde vie. À ses débuts, la jeune Bourguignonne de 20 ans, fraîchement mariée avec un journaliste parisien, s’affranchit par l’écriture. Dans la célèbre série des Claudine, elle fait vivre à ses personnages féminins, notamment son héroïne, des expériences qu’elle n’ose pas encore rêver. Amours multiples, aventures homosexuelles, divorce – avant le sien, réel, en 1906… : elle façonne son destin en l’imaginant. "Toute ma vie, j’ai cru à la force du souhait, écrit-elle. On découvrira sans doute que le désir est une matière tangible. Tout ce qu’on écrit finit par devenir vrai." Elle le sait aussi, c’est parce que sa Claudine est scandaleuse qu’elle a du succès. Assoiffée de reconnaissance, Colette le devient à son tour, dépassant la fiction pour forger sa propre légende. Dans le Paris de la Belle Époque, elle s’aventure du côté du music-hall et des cercles lesbiens. En 1907, elle embrasse goulûment sur la scène du Moulin Rouge la nièce de Napoléon III, son amante à la ville, provoquant l’interdiction du spectacle. Dans ses romans, Colette met désormais en scène les tumultes de sa vie : "J’ai devant moi, de l’autre côté du miroir, dans la mystérieuse chambre des reflets, l’image d’une femme de lettres qui a mal tourné", écrit-elle en 1910 dans La vagabonde, sélectionné au prix Goncourt. Quelques années plus tard, c’est dans Chéri (1920) que l’écrivaine pousse le plus loin ce troublant écho entre fiction et autobiographie. Elle y raconte les amours subversives d’une femme mûre avec un jeune homme, relation qu’elle vivra cinq ans plus tard avec son beau-fils Bertrand, âgé de 16 ans. Les plus belles années de sa vie dans une écriture érigée en art de la prémonition."
 

« Colette, l'insoumise » par Cécile Denjean
France, 2017, 54 min
Sur Arte les 22 avril 2019 à 22 h 20, 27 avril 2019 à 5 h 20, 9 mai 2019 à 3 h,
11 juillet 2021 à 23 h 15
Visuels :
Création : dessin représentant Colette
© D.R.
L'écrivain Colette (1873-1954) en comédienne et danseuse dans le mimodrame Reve d'Egypte, en 1907
Colette (Sidonie Gabrielle Colette 1873-1954) posant sur une peau de lion, Album Reutlinger vers 1907
© Léopold-Emile Reutlinger/ D.R.

France, 2019, 13 min
Sur Arte  jusqu'au 15 janvier 2021

Articles sur ce blog concernant :
Les citations sur le documentaire sont d'Arte. Cet article a été publié le 25 avril 2019.

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