Le MAHJ (Musée d'art et d'histoire du Judaïsme) présentera l'exposition Arnold Schönberg. Peindre l'âme (28 septembre 2015-29 janvier 2017). L’évocation de l’activité de peintre d’Arnold Schönberg (1874-1951), de son amitié avec Vassily Kandinsky, de ses rapports complexes avec la judéité.
Arnold Schönberg. Peindre l'âme
« Moïse et Aaron » par Arnold Schönberg
« L’affaire Klimt » de Jane Chablani et Martin Smith
Élaborée « en étroite collaboration avec le centre Arnold Schönberg à Vienne, l’exposition Arnold Schönberg. Peindre l'âme éclaire, grâce à environ 300 œuvres et documents, un aspect peu connu du grand créateur viennois : son activité de peintre ».
« Compositeur, théoricien et enseignant, poète, chef de file de l’Ecole de Vienne, inventeur du dodécaphonisme… Arnold Schönberg (1874-1951) fut l'un des plus grands créateurs du XXe siècle. Cette liste serait incomplète sans ajouter « peintre ».
« En effet, à partir de décembre 1908 et pendant quelques années, le musicien va pratiquer la peinture en parallèle de la composition. Il réalise une œuvre hors-norme, dans laquelle les autoportraits et portraits de ses proches voisinent avec ce qu’il intitulait des Regards – sortes de visions hallucinées –, des caricatures, des scènes de nature ou des études de décors pour ses opéras. Commencée à un moment charnière de son œuvre de compositeur, cette démarche picturale a valeur de journal. Elle permet à l’artiste d’évoquer des états d’âme qui ne trouvent pas une forme musicale et nourrissent une quête personnelle ».
« Dans la réception de la peinture de Schönberg, Vassily Kandinsky tient une place à part. A la suite d’un concert donné en janvier 1911, Kandinsky écrivit à Schönberg à quel point il retrouvait dans sa musique les « aspirations » que lui-même avait pour sa peinture. De cette première lettre naîtra une correspondance nourrie et une amitié forte entre les deux grands créateurs qui fit du Russe le premier promoteur de la peinture du Viennois dans les cercles artistiques européens importants de l’époque ».
L’exposition du mahJ « est la première manifestation parisienne consacrée à Schönberg peintre, depuis celle organisée par le musée d’Art moderne de la ville de Paris en 1995 ».
« Bénéficiant de prêts exceptionnels, elle met en lumière, par un ensemble important de peintures et de dessins, la qualité singulière de cette production, en la situant dans son contexte artistique viennois, avec des œuvres de Richard Gerstl, Egon Schiele, Oskar Kokoschka ou Max Oppenheimer. Par un choix de travaux contemporains de Kandinsky, elle rappelle les liens entre les deux créateurs ».
Cette exposition évoque aussi « la relation tourmentée que Schönberg entretint avec sa judéité. Né et élevé dans une famille juive autrichienne, le compositeur se convertit au protestantisme en 1898. Pourtant, la montée de l’antisémitisme en Europe, tout comme la recherche spirituelle qui l’anime, amènent le compositeur dès les années 1920 à se confronter de nouveau à son identité juive ». Arnold Schönberg « revint officiellement au judaïsme à Paris en 1933, avant son exil aux Etats-Unis. De nombreuses compositions musicales et écrits de Schönberg portent la trace de cette démarche, en premier lieu son opéra inachevé Moses und Aron, ou son oratorio A Survivor from Warsaw [Un survivant de Varsovie]. L’exposition pose un regard nouveau sur le compositeur, en observant sa trajectoire, à la croisée des champs artistiques et des préoccupations politiques, culturelles et religieuses qui ont innervent son œuvre ».
L'exposition « est accompagnée d'un important programme de concerts, de rencontres, d’activités pédagogiques et d'un livret jeune public », ainsi que d'un guide écrit d'aide à la visite.
Cette exposition a pour commissaires Jean-Louis Andral, directeur du musée Picasso, Antibes, et Fanny Schulmann, conservatrice au musée d’art et d’histoire du Judaïsme.
Elle bénéficie du soutien de la Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme et l'antisémitisme, de la direction régionale des Affaires culturelles d’Ile-de-France – ministère de la Culture et de la Communication, de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, de la fondation Pro mahJ et du Forum culturel autrichien, et du partenariat avec Télérama et France Musique.
Le MAHJ et le Centre Pompidou organisent un parcours croisé autour de Kandinsky et Schönberg dans les deux musées.
Un renouveau artistique viennois
Schönberg « appartient pleinement au contexte artistique et intellectuel de la capitale autrichienne au tournant du XXe siècle ».
« Autodidacte, il entre dans ce monde par l’intermédiaire de son mentor, le compositeur et chef d’orchestre Alexander von Zemlinsky (1871-1942) et par Gustav Mahler (1860-1911) ».
Les « ponts entre les différentes disciplines artistiques sont alors nombreux, et les liens complexes qui unissent ces personnalités engendrent des formes d’explorations du moi et du désir dont les répercussions sur la création sont palpables ».
Les « nombreux portraits et autoportraits qui marquent cette section montrent un monde qui se scrute et analyse sa relation à la modernité ».
La « relation complexe entre Schönberg et le peintre Richard Gerstl (1883-1908) est à ce titre emblématique, et entraîne le compositeur, à travers la peinture, vers de nouvelles formes d’expressions personnelles ».
En plus des œuvres de ces deux artistes, le MAHJ montre celles de Kokoschka, Oppenheimer, Schiele, et « évoque le contexte musical ou émerge l’apport singulier de Schönberg ».
Schönberg et Kandinsky, convergences et recherches esthétiques
En janvier 1911, Vassily Kandinsky « assiste à un concert au cours duquel sont interprétés les Quatuors à cordes, opus 7 et 10, ainsi que les Trois pièces pour piano, opus 11 de Schönberg ».
Il « transpose aussitôt ses impressions en peinture, dans la toile intitulée Impression III (Concert) ».
Les « questions que le peintre se pose sur le rapport de synesthésie entre musique et peinture l’incitent à écrire à Schönberg. Cette lettre est le point de départ d'une correspondance nourrie et d’une amitié forte entre les deux grands créateurs ».
Le « Russe sera le premier promoteur de la peinture du Viennois dans les cercles artistiques européens de l’époque, notamment à travers la participation de Schönberg à l'exposition inaugurale du groupe du Blaue Reiter [Le Cavalier bleu] en 1911 à Munich, ainsi que la publication de l'Almanach en 1912 ».
Des « prêts exceptionnels consentis par le musée national d’Art moderne mettront en lumière la façon dont les notions d’harmonie et de dissonance, d’atonalité et d’abstraction, sont abordées par ces deux créateurs ».
Le quotidien ludique d’un compositeur
Schönberg « est souvent perçu comme un théoricien austère. Pourtant, les archives du compositeur permettent de retracer un quotidien ou la dimension du jeu tient une place prépondérante, et engendre des correspondances étonnantes avec ses recherches musicales ».
« Outre ses jeux de cartes, Schönberg a inventé un jeu d’échecs à quatre joueurs, qui témoigne de son intérêt pour les exercices combinatoires ».
« Ceux-ci sont également à l’œuvre dans les nombreux objets qu’il fabrique et dont il se sert pour la composition de ses œuvres, ou dans la mise en place de la méthode dite « dodécaphonique » – à douze tons ».
« Le quotidien de Schönberg, ce sont également les multiples voyages et déplacements qui lui permettent d'affermir une position centrale dans le monde de la musique moderne. Paris voit plusieurs événements organisés en son honneur, dont un festival en 1927 ».
Cher Professeur !
Pardonnez-moi, je vous prie, si je vous écris sans avoir le plaisir de vous connaitre personnellement. Je viens d’assister à votre concert ici, et j’ai eu une joie réelle à l’écouter. Vous ne me connaissez certainement pas, je veux dire mes travaux bien sûr, car j’expose très peu, et à Vienne je n’ai exposé qu’une seule fois brièvement il y a déjà quelques années (Sécession). Mais nos aspirations et notre façon de penser et de sentir ont tant en commun que je me permets de vous exprimer ma sympathie.
Vous avez réalisé dans vos œuvres ce dont j’avais, dans une forme à vrai dire imprécise, un si grand désir en musique. Le destin spécifique, le cheminement autonome, la vie propre enfin des voix individuelles dans vos compositions sont justement ce que moi aussi je recherche sous une forme picturale. Actuellement, une des grandes tendances en peinture est de chercher la « nouvelle » harmonie, par des voies constructives, ou le rythme est à bâtir à partir d’une forme presque géométrique. Cette voie, je n’y aspire et ne sympathise avec elle qu’à demi. La construction, voila ce qui manquait si désespérément à la peinture ces derniers temps. Et il est bon qu’on la recherche. Seulement, c’est la manière de construire que je conçois différemment.
Je crois justement qu’on ne peut trouver notre harmonie d’aujourd’hui par des voies « géométriques », mais au contraire, par l’anti géométrique, l’antilogique le plus absolu.
Et cette voie est celle des « dissonances dans l’art » – en peinture comme en musique.
Et la dissonance picturale et musicale « d’aujourd’hui » n’est rien d’autre que la consonance de « demain ». (Il ne faut bien entendu pas exclure a priori par-là la soi-disant « harmonie » académique : on prend ce dont on a besoin sans se préoccuper de savoir ou on le prend. Et « aujourd’hui » justement, au temps de l’avènement du « libéralisme », les possibilités sont si nombreuses !).
J’ai été infiniment heureux de retrouver chez vous les mêmes pensées. Je ne regrette qu’une chose : je n’ai pas compris les deux dernières phrases de votre a?che. Malgré des efforts répétés, je n’ai pu arriver à une explication tout a fait exacte.
Je me permets de vous envoyer un dossier de mes travaux (les gravures sur bois ont presque trois ans) et j’ajoute à cette lettre quelques photographies de tableaux assez récents. Je n’en ai pas encore des tout derniers. Je serais très heureux si cela pouvait vous intéresser.
Avec toute ma sympathie et ma sincère considération.
Kandinsky
Lettre tirée de Schoenberg–Busoni. Schoenberg–Kandinsky. Correspondances, textes, Genève, Éditions Contrechamps, 1995, pp. 135-136 (les lettres de Kandinsky à Schönberg sont traduites par Daniel Haefliger).
L'atonalité
« Vers 1908-1909, Arnold Schönberg s’engage avec ses Funfzehn Gedichte aus « Das Buch der hangenden Garten » [Quinze Poemes du Livre des jardins suspendus] d’après Stefan George, op. 15 et ses trois Pièces pour piano, op. 11 dans une nouvelle voie. Il adopte une technique de composition qui renonce à tout centre tonal (rejet de la distinction hiérarchique entre la « tonique » et les autres notes de la gamme) et procède à l’émancipation des dissonances. En prenant le contrepied des schématismes et des répétitions toutes faites de la composition traditionnelle, cette nouvelle conception structurelle de la musique répond aux idéaux stylistiques de l’expressionnisme.
Schönberg a refusé le terme « atonal », qui lui paraissait trop négatif. Il préférait parler de « tonalité libre » ou de musique « pantonale ».
Le dodécaphonisme
En 1921, Arnold Schönberg développe la méthode dite « des douze sons ». Cette technique de composition remet en question les rapports des notes entre elles – dans la structure à la fois verticale et horizontale de la partition, sous le signe d’une parfaite égalité des douze notes de l’échelle chromatique. A l’abandon de toute référence à la tonique, que le compositeur avait déjà opéré dans sa période atonale (ou de la tonalité libre), succède désormais un matériau de composition de base défini à l’avance : la somme chromatique d’une octave (douze intervalles) est disposée dans un ordre fixe.
C’est la suite de sons ainsi définie qui sert, en tant que séquence ou série, de fondement à l’œuvre. Cette série de base peut être exploitée de différentes façons : en récurrence (ou « forme rétrograde », la série étant prise par la fin), en renversement (appelé aussi « forme miroir ») ou en récurrence du renversement (« forme miroir du rétrograde »). Les structures sérielles ne doivent comporter aucune répétition de note ».
Cette exposition a pour commissaires Jean-Louis Andral, directeur du musée Picasso, Antibes, et Fanny Schulmann, conservatrice au musée d’art et d’histoire du Judaïsme.
Elle bénéficie du soutien de la Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme et l'antisémitisme, de la direction régionale des Affaires culturelles d’Ile-de-France – ministère de la Culture et de la Communication, de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, de la fondation Pro mahJ et du Forum culturel autrichien, et du partenariat avec Télérama et France Musique.
Un renouveau artistique viennois
Schönberg « appartient pleinement au contexte artistique et intellectuel de la capitale autrichienne au tournant du XXe siècle ».
« Autodidacte, il entre dans ce monde par l’intermédiaire de son mentor, le compositeur et chef d’orchestre Alexander von Zemlinsky (1871-1942) et par Gustav Mahler (1860-1911) ».
Les « nombreux portraits et autoportraits qui marquent cette section montrent un monde qui se scrute et analyse sa relation à la modernité ».
La « relation complexe entre Schönberg et le peintre Richard Gerstl (1883-1908) est à ce titre emblématique, et entraîne le compositeur, à travers la peinture, vers de nouvelles formes d’expressions personnelles ».
En plus des œuvres de ces deux artistes, le MAHJ montre celles de Kokoschka, Oppenheimer, Schiele, et « évoque le contexte musical ou émerge l’apport singulier de Schönberg ».
Schönberg et Kandinsky, convergences et recherches esthétiques
En janvier 1911, Vassily Kandinsky « assiste à un concert au cours duquel sont interprétés les Quatuors à cordes, opus 7 et 10, ainsi que les Trois pièces pour piano, opus 11 de Schönberg ».
Il « transpose aussitôt ses impressions en peinture, dans la toile intitulée Impression III (Concert) ».
Les « questions que le peintre se pose sur le rapport de synesthésie entre musique et peinture l’incitent à écrire à Schönberg. Cette lettre est le point de départ d'une correspondance nourrie et d’une amitié forte entre les deux grands créateurs ».
Le « Russe sera le premier promoteur de la peinture du Viennois dans les cercles artistiques européens de l’époque, notamment à travers la participation de Schönberg à l'exposition inaugurale du groupe du Blaue Reiter [Le Cavalier bleu] en 1911 à Munich, ainsi que la publication de l'Almanach en 1912 ».
Des « prêts exceptionnels consentis par le musée national d’Art moderne mettront en lumière la façon dont les notions d’harmonie et de dissonance, d’atonalité et d’abstraction, sont abordées par ces deux créateurs ».
Schönberg « est souvent perçu comme un théoricien austère. Pourtant, les archives du compositeur permettent de retracer un quotidien ou la dimension du jeu tient une place prépondérante, et engendre des correspondances étonnantes avec ses recherches musicales ».
« Outre ses jeux de cartes, Schönberg a inventé un jeu d’échecs à quatre joueurs, qui témoigne de son intérêt pour les exercices combinatoires ».
« Ceux-ci sont également à l’œuvre dans les nombreux objets qu’il fabrique et dont il se sert pour la composition de ses œuvres, ou dans la mise en place de la méthode dite « dodécaphonique » – à douze tons ».
« Le quotidien de Schönberg, ce sont également les multiples voyages et déplacements qui lui permettent d'affermir une position centrale dans le monde de la musique moderne. Paris voit plusieurs événements organisés en son honneur, dont un festival en 1927 ».
Judaïsme, identité et politique
« Né et élevé dans une famille juive autrichienne, le compositeur se convertit au protestantisme en 1898 ».
« Si sa pratique religieuse n'est pas marquée, ses recherches artistiques sont animées par un questionnement spirituel. Cet aspect est perceptible notamment dans la correspondance avec Kandinsky. Son intérêt pour les thématiques bibliques traverse l'ensemble de son œuvre musical, de Die Jakobsleiter (1917-1922) au Kol Nidre (1938), en passant par Der biblische Weg (1926) et l'opéra inachevé Moses und Aron (1930-1932). Ce dernier est sans doute l’œuvre la plus emblématique de la relation de Schönberg au judaïsme ».
« C'est le contexte antisémite allemand et autrichien des années 1920 et 1930, qui conduit Schönberg à effectuer un retour au judaïsme. La presse, qui éreinte régulièrement ses concerts, ne manque pas de pointer son identité juive. En 1921, il est rejeté d’une station balnéaire autrichienne dans laquelle il passe des vacances. Le fameux échange épistolaire avec Kandinsky en 1923, sur fond d’accusation d’antisémitisme, le montre particulièrement sensible au climat politique menaçant qui s’installe ».
« Démis de ses fonctions à l'Académie des arts par les nazis en 1933, il revient au judaïsme à Paris à l’Union libérale israélite de la rue Copernic , avant de s’installer aux Etats-Unis ».
En mai 1938, il est « l’une des cibles de l’exposition « Entartete Musik » de Dusseldorf, avec ses élèves de la seconde Ecole de Vienne ».
Aux Etats-Unis, Schönberg « tente de sensibiliser l’opinion publique au sort des populations juives en Europe. A Survivor from Warsaw, composé en 1947, rend hommage aux victimes de la Shoah ».
Autoportraits et Visions
« Comment comprendre l’impulsion qui conduit ce compositeur à pratiquer la peinture en autodidacte ? »
Schönberg « aurait débuté cette activité vers 1906 et la poursuit assidument jusqu’en 1911. S’il réalise par la suite quelques dessins et autoportraits, l’essentiel de sa production est donc circonscrit dans le temps ».
« A travers l’exploration de ses états d’âme par la peinture, Schönberg livre un aperçu particulièrement saisissant de ses questionnements à un moment charnière de sa carrière de compositeur, qui chemine vers l’abandon de la tonalité ».
La « soixantaine d’autoportraits que l’on recense dans l’œuvre de Schönberg est à cet égard symptomatique de ce désir introspectif, tandis que ses Visions se comprennent comme des paysages mentaux à la limite parfois de l’abstraction. Ces peintures sont reconnues par les proches de Schönberg comme essentielles pour comprendre sa création ».
Il « est d’ailleurs exposé à la galerie Hugo Heller en 1910 puis à Budapest en 1912. Mais, se considérant comme un amateur, Schönberg renonce bientôt à exposer, et ce pan de son travail demeure longtemps confidentiel ».
Autoportraits et Visions
« Comment comprendre l’impulsion qui conduit ce compositeur à pratiquer la peinture en autodidacte ? »
Schönberg « aurait débuté cette activité vers 1906 et la poursuit assidument jusqu’en 1911. S’il réalise par la suite quelques dessins et autoportraits, l’essentiel de sa production est donc circonscrit dans le temps ».
« A travers l’exploration de ses états d’âme par la peinture, Schönberg livre un aperçu particulièrement saisissant de ses questionnements à un moment charnière de sa carrière de compositeur, qui chemine vers l’abandon de la tonalité ».
La « soixantaine d’autoportraits que l’on recense dans l’œuvre de Schönberg est à cet égard symptomatique de ce désir introspectif, tandis que ses Visions se comprennent comme des paysages mentaux à la limite parfois de l’abstraction. Ces peintures sont reconnues par les proches de Schönberg comme essentielles pour comprendre sa création ».
Il « est d’ailleurs exposé à la galerie Hugo Heller en 1910 puis à Budapest en 1912. Mais, se considérant comme un amateur, Schönberg renonce bientôt à exposer, et ce pan de son travail demeure longtemps confidentiel ».
Lettre de Vassily Kandinsky à Arnold Schönberg, 18 janvier 1911
Pardonnez-moi, je vous prie, si je vous écris sans avoir le plaisir de vous connaitre personnellement. Je viens d’assister à votre concert ici, et j’ai eu une joie réelle à l’écouter. Vous ne me connaissez certainement pas, je veux dire mes travaux bien sûr, car j’expose très peu, et à Vienne je n’ai exposé qu’une seule fois brièvement il y a déjà quelques années (Sécession). Mais nos aspirations et notre façon de penser et de sentir ont tant en commun que je me permets de vous exprimer ma sympathie.
Vous avez réalisé dans vos œuvres ce dont j’avais, dans une forme à vrai dire imprécise, un si grand désir en musique. Le destin spécifique, le cheminement autonome, la vie propre enfin des voix individuelles dans vos compositions sont justement ce que moi aussi je recherche sous une forme picturale. Actuellement, une des grandes tendances en peinture est de chercher la « nouvelle » harmonie, par des voies constructives, ou le rythme est à bâtir à partir d’une forme presque géométrique. Cette voie, je n’y aspire et ne sympathise avec elle qu’à demi. La construction, voila ce qui manquait si désespérément à la peinture ces derniers temps. Et il est bon qu’on la recherche. Seulement, c’est la manière de construire que je conçois différemment.
Je crois justement qu’on ne peut trouver notre harmonie d’aujourd’hui par des voies « géométriques », mais au contraire, par l’anti géométrique, l’antilogique le plus absolu.
Et cette voie est celle des « dissonances dans l’art » – en peinture comme en musique.
Et la dissonance picturale et musicale « d’aujourd’hui » n’est rien d’autre que la consonance de « demain ». (Il ne faut bien entendu pas exclure a priori par-là la soi-disant « harmonie » académique : on prend ce dont on a besoin sans se préoccuper de savoir ou on le prend. Et « aujourd’hui » justement, au temps de l’avènement du « libéralisme », les possibilités sont si nombreuses !).
J’ai été infiniment heureux de retrouver chez vous les mêmes pensées. Je ne regrette qu’une chose : je n’ai pas compris les deux dernières phrases de votre a?che. Malgré des efforts répétés, je n’ai pu arriver à une explication tout a fait exacte.
Je me permets de vous envoyer un dossier de mes travaux (les gravures sur bois ont presque trois ans) et j’ajoute à cette lettre quelques photographies de tableaux assez récents. Je n’en ai pas encore des tout derniers. Je serais très heureux si cela pouvait vous intéresser.
Avec toute ma sympathie et ma sincère considération.
Kandinsky
Lettre tirée de Schoenberg–Busoni. Schoenberg–Kandinsky. Correspondances, textes, Genève, Éditions Contrechamps, 1995, pp. 135-136 (les lettres de Kandinsky à Schönberg sont traduites par Daniel Haefliger).
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« Vers 1908-1909, Arnold Schönberg s’engage avec ses Funfzehn Gedichte aus « Das Buch der hangenden Garten » [Quinze Poemes du Livre des jardins suspendus] d’après Stefan George, op. 15 et ses trois Pièces pour piano, op. 11 dans une nouvelle voie. Il adopte une technique de composition qui renonce à tout centre tonal (rejet de la distinction hiérarchique entre la « tonique » et les autres notes de la gamme) et procède à l’émancipation des dissonances. En prenant le contrepied des schématismes et des répétitions toutes faites de la composition traditionnelle, cette nouvelle conception structurelle de la musique répond aux idéaux stylistiques de l’expressionnisme.
Schönberg a refusé le terme « atonal », qui lui paraissait trop négatif. Il préférait parler de « tonalité libre » ou de musique « pantonale ».
Le dodécaphonisme
En 1921, Arnold Schönberg développe la méthode dite « des douze sons ». Cette technique de composition remet en question les rapports des notes entre elles – dans la structure à la fois verticale et horizontale de la partition, sous le signe d’une parfaite égalité des douze notes de l’échelle chromatique. A l’abandon de toute référence à la tonique, que le compositeur avait déjà opéré dans sa période atonale (ou de la tonalité libre), succède désormais un matériau de composition de base défini à l’avance : la somme chromatique d’une octave (douze intervalles) est disposée dans un ordre fixe.
C’est la suite de sons ainsi définie qui sert, en tant que séquence ou série, de fondement à l’œuvre. Cette série de base peut être exploitée de différentes façons : en récurrence (ou « forme rétrograde », la série étant prise par la fin), en renversement (appelé aussi « forme miroir ») ou en récurrence du renversement (« forme miroir du rétrograde »). Les structures sérielles ne doivent comporter aucune répétition de note ».
« 1874 13 septembre : naissance d’Arnold (Avraham en hébreu) Schönberg à Vienne, dans une famille juive de petits commerçants.
1883 Premiers essais de composition.
1891 La mort prématurée de son père en 1889 contraint Schönberg à subvenir aux besoins de sa famille ; il obtient un poste au sein de la banque privée Werner & Co, qu’il quittera en 1895 pour se consacrer exclusivement à la musique.
1895 Rencontre avec le compositeur et chef d'orchestre Alexander von Zemlinsky ; Schönberg devient membre de la société de musique Polyhymnia, ou il joue du violoncelle ; il commence à diriger des chorales ouvrières, une activité qu’il poursuivra pendant plusieurs années.
1898 Schönberg se convertit au protestantisme, en prenant pour nom de baptême Franz Walter ; il entre en contact avec des écrivains du mouvement Jung-Wien [Jeune Vienne] ; premières tentatives littéraires ; rencontre l’architecte Adolf Loos.
1899 Verklarte Nacht [La Nuit transfigurée], op. 4, sextuor à cordes inspiré par un poème de Richard Dehmel (1896).
1900-1911 Gurre-Lieder pour solistes, chœur et orchestre.
1901 Épouse Mathilde von Zemlinsky, sœur d'Alexander ; installation à Berlin ; Schönberg est engagé comme chef d’orchestre à l’Uberbrettl, un théâtre de cabaret fondé par le baron Ernst von Wolzogen.
1902 Naissance de sa fille Gertrude ; rencontre avec Richard Strauss, grâce auquel il donne des cours d’harmonie au conservatoire Stern de Berlin ; création de La Nuit transfigurée à Vienne.
1902-1903 Pelleas und Melisande [Pelléas et Mélisande], op. 5, poème symphonique d’après le texte de Maurice Maeterlinck.
1903 Richard Strauss obtient pour Schönberg une bourse de deux ans attribuée par la fondation Liszt ; retour à Vienne.
1904 Rencontre Gustav Mahler ; Anton Webern et Alban Berg deviennent élèves de Schönberg ; ils formeront l’Ecole de Vienne ; Schönberg est membre fondateur de la Vereinigungschaffender Tonkünstler [Association des musiciens créateurs], qui défend et soutient la musique moderne ; Mahler en est le président d’honneur.
1905 Schönberg dirige la création de Pelléas et Mélisande à Vienne.
1906 Symphonie de chambre, op. 9, pour quinze instruments solistes ; naissance de son fils Georg ; il fonde avec son frère Heinrich une société de musique chorale.
1908 Quatuor à cordes n° 2, op. 10, avec voix de soprano ; sa création à Vienne déclenche un scandale considérable ; cette pièce représente une césure au sein de l’œuvre de Schönberg : l’introduction du Sprechgesang [parlé-chanté] abolit la norme traditionnelle du quatuor à cordes ; liaison de son épouse Mathilde avec Richard Gerstl ; celui-ci peint Famille Schönberg ; suicide de Gerstl.
1908-1909 Quinze Poèmes du Livre des jardins suspendus de Stefan George, op. 15, pour voix et piano ; l’idéal expressif et formel de cette période se condense dans la méthode de composition dite « atonale » ou à « tonalite libre ».
1909 Trois pièces pour piano, op. 11 ; Cinq Pièces pour orchestre, op. 16 ; Erwartung [Attente], op. 17, monodrame, dont il dessine les décors ; Schönberg invente une machine à écrire la musique qu’il fait breveter ; rencontre Oskar Kokoschka et Max Oppenheimer.
1909-1911 Intense activité picturale.
1910-1913 Die gluckliche Hand [La Main heureuse], op. 18, drame avec musique, dont il conçoit la mise en scène, les décors, les costumes et la lumière.
1910 Première exposition de peintures et de dessins à la galerie Heller, Vienne ; Schönberg donne des conférences à l’Académie impériale et royale de musique.
1911 Début de sa correspondance avec Vassily Kandinsky ; Kandinsky publie Du Spirituel dans l’art alors que Schönberg fait paraître son Traité d’harmonie ; retour à Berlin ; quatre de ses peintures sont présentées au sein de l’exposition du Blaue Reiter [Cavalier bleu] à la galerie Thannhauser à Munich.
1912 Pierrot lunaire, op. 21, pour voix parlée et cinq instrumentistes, d'après les poèmes d'Albert Giraud ; tournée avec Pelléas et Melisande, ainsi qu’avec Pierrot lunaire.
1913 Grand succès lors de la création des Gurre-Lieder à Vienne, sous la direction de Franz Schreker ; scandale lors d’un concert avec des œuvres de Webern, Berg, Schönberg et Zemlinsky à Vienne.
1914 Les Schönberg et les Kandinsky passent l’été en Bavière.
1915-1922 Die Jakobsleiter [L’Echelle de Jacob], oratorio pour huit solistes, chœur mixte et orchestre (fragment) inspiré d'August Strinberg.
1915 Retour à Vienne ; Schönberg, engagé volontaire, est incorporé dans l’armée.
1917 En décembre, Schönberg est définitivement dispensé de service militaire.
1918 Il fonde le Verein fur musikalische Privataufführungen [Société pour les exécutions musicales privées], une école de musique qui donne principalement des concerts d’œuvres contemporaines ; enseigne dans les écoles Schwarzwald, dirigées par la pédagogue réformiste Eugénie Schwarzwald ; Oskar Kokoschka et Adolf Loos font également partie du corps enseignant.
1919 Hanns Eisler et Rudolf Kolisch deviennent ses élèves.
1921-1936 La Pensée musicale. Traité de composition (fragment).
1921 A la suite de manifestations antisémites, les Schönberg quittent Mattsee, prés de Salzbourg, un lieu de villégiature où ils passaient l’été ; cet incident amène le compositeur à faire retour à son identité juive ; il développe sa technique de composition dodécaphonique.
1923 Rupture avec Vassily Kandinsky en raison de présumées tendances antisémites au Bauhaus ; mort de Mathilde Schönberg.
1924 Schönberg épouse Gertrud Bertha Kolisch, sœur de son élève, le violoniste Rudolf Kolisch ; création de l’Attente (Prague) et de La Main heureuse (Vienne) ; publication d’un recueil de textes de ses amis et compagnons artistiques à l’occasion de son cinquantième anniversaire.
1925 Schönberg est nommé directeur d’une classe de composition musicale à l’Académie des arts de Berlin, où il succède à Ferruccio Busoni.
1926 Installation à Berlin ; Schönberg devient membre du Sénat de l’Académie des arts.
1926-1929 Der biblische Weg [Le Chemin biblique], drame parlé sioniste avec esquisses scéniques ; Quatuor à cordes n° 3, op. 30 ; Variations pour Orchestre, op. 31.
1927 Séjours en France ; création de la Suite op. 29 au festival Schönberg à Paris ; dirige Pierrot lunaire à la salle Pleyel.
1928 Création des Variations pour orchestre par Wilhelm Furtwängler à la tête de la Philharmonie de Berlin.
1928-1934 Moses und Aron [Moise et Aaron], oratorio scénique ; l’œuvre restera inachevée.
1932 Naissance de sa fille Nuria Dorothea à Barcelone.
1933 Avril : mise à pied de tous les fonctionnaires d’origine juive par le régime nazi ; exclu de l’Académie des arts, Schönberg quitte définitivement Berlin.
24 juillet : il revient au judaïsme à Paris, devant Louis-Germain Levy, rabbin de l’Union libérale israélite de France ; Marc Chagall et Dimitri Mariano), le beau-fils d’Albert Einstein, sont ses témoins.
Fin juillet : la famille Schönberg part pour Arcachon, où elle séjourne jusqu’en septembre ; Schönberg y rédige des écrits sur l'identité juive et esquisse des plans pour une future politique juive ; c’est là également qu’est ébauché le projet de constitution d’un parti juif unifié.
Octobre : Schönberg s’embarque pour les Etats-Unis avec son épouse et sa fille ; il commence à donner des cours de théorie musicale et de composition au conservatoire Malkin à Boston et à New York ; il ne reviendra jamais en Europe.
1934 Pour des raisons de santé, il s’installe à Los Angeles avec sa femme et sa fille ; conférences sur la situation des juifs.
1935 Schönberg ouvre une classe privée pour six élèves, parmi lesquels John Cage ; l’université de Californie du Sud lui offre la « chaire Alchin », ou il enseigne la composition en tant que professeur invité, jusqu’en 1936.
1936 Quatuor à cordes n° 4, op. 37 ; Schönberg est nommé professeur à l’université de Californie à Los Angeles ; amitié avec George Gershwin.
1937-1948 Schönberg rédige un traité intitulé Grundlagen der musikalischen Komposition [Les Fondements de la composition musicale].
1937 Naissance de son fils Rudolf Ronald.
1938 Création de Kol Nidre, op. 39, pour récitant, chœur mixte et orchestre, sous la direction de Schönberg, à Los Angeles ; dans un manifeste visionnaire, Programme en quatre points sur la question juive, il prédit l’assassinat de sept millions de juifs par les nazis et livre un condensé de ses idées sur le peuple juif.
1939-1948 Élaboration du livre Structural Functions of Harmony [Fonctions structurelles de l’harmonie], qui sera publié après sa mort, en 1954.
1940 Enregistrement discographique de Pierrot lunaire sous la direction de Schönberg à New York.
1941 Naissance de son fils Lawrence Adam ; toute la famille obtient la nationalité américaine ; mort de son frère Heinrich à Salzbourg, des suites d’une blessure subie lors de son arrestation par la Gestapo.
1942 Ode à Napoléon, op. 41, pour récitant, piano et quatuor à cordes, d’après Byron.
1944 Âgé de soixante-dix ans, Schönberg est contraint de prendre sa retraite et quitte son poste de professeur à l’université de Californie à Los Angeles ; il continuera à donner des cours privés.
1945 Demande de bourse rejetée auprès de la fondation Guggenheim, afin de pouvoir achever Moise et Aaron, L’Echelle de Jacob et différents manuels d’enseignement.
1946 Trio a cordes, op. 45 ; crise cardiaque ; conférences à l’université de Chicago.
1947 A Survivor from Warsau [Un survivant de Varsovie], op. 46, pour récitant, chœur d’hommes et orchestre ; Schönberg est élu membre de l’American Academy of Arts and Letters ; mort de sa fille Gertrude à New York.
1948 Création d’Un survivant de Varsovie à Albuquerque, Nouveau Mexique.
Cours d’été à la Music Academy of the West à Santa Barbara, Californie.
1949 Dreimal tausend Jahre [Trois fois mille ans], op. 50A, pour chœur mixte a cappella ; Schönberg est nommé in absentia « citoyen d’honneur de la ville de Vienne » par le conseil municipal viennois.
1951 Création à Darmstadt de la « Danse autour du Veau d’or » tirée de Moïse et Aaron ;
Schönberg est nommé président honoraire de l’Académie israélienne de musique à Jérusalem ; il s’éteint le 13 juillet à Los Angeles ».
Du 28 septembre 2016 au 29 janvier 2017
Hotel de Saint-Aignan
71, rue du Temple. 75003 Paris
Tél. : 01 53 01 86 65
Mardi, jeudi, vendredi de 11 h a 18 h. Mercredi de 11 h a 21 h. Samedi et dimanche de 10 h a 19 h
Visuels
Arnold Schönberg
Autoportrait, 1919
Encre de Chine sur papier, 41 x 28 cm
© Vienne, Centre Arnold Schönberg © Belmont Music Publishers/ Paris, ADAGP, 2016
Max Oppenheimer
Portrait d'Arnold Schönberg, 1909
Huile sur toile, 94,5 x 96,5 cm
© Berlin, Jüdisches Museum - Photo Jens Ziehe
Arnold Schönberg
Mains, 1910
Huile sur toile, 33,4 x 22 cm
© Vienne, Centre Arnold Schönberg © Belmont Music Publishers/ Paris, ADAGP, 2016
Arnold Schönberg
Gustav Mahler, 1910
Huile sur carton, 45,6 x 44,5 cm
© Vienne, Centre Arnold Schönberg © Belmont Music Publishers/ Paris, ADAGP, 2016
Vassily Kandinsky
Impression V (Parc), 1911
Huile sur toile, 106 x 157, 5 cm
© Paris, Centre Pompidou, MNAM-CCI dist. RMNGrand-Palais/Bernard Prévost
Arnold Schönberg
Regard, vers 1910
Huile sur carton, 31,5 x 28 cm
© Vienne, Centre Arnold Schönberg © Belmont Music Publishers/ Paris, ADAGP, 2016
Arnold Schönberg
Autoportrait bleu, 1910
Huile sur contreplaqué, 31,1 x 22,9 cm
© Vienne, Centre Arnold Schönberg © Belmont Music Publishers/ Paris, ADAGP, 2016
Richard Fisch
Arnold Schönberg posant devant ses peintures
Los Angeles, 1948
© Vienne, Centre Arnold Schönberg
Arnold Schönberg
Regard bleu, 1910
Huile sur carton, 20 x 23 cm
© Vienne, Centre Arnold Schönberg © Belmont Music Publishers/ Paris, ADAGP, 2016
Arnold Schönberg,
Suite, op. 29, pour clarinette, viole, violoncelle,
clarinette basse et petite clarinette
1924-1926
© Vienne, Centre Arnold Schönberg © Belmont Music Publishers/ Paris, ADAGP, 2016
Richard Gerstl
Famille Schönberg, 1907
Huile sur toile, 110 x 89 cm
© Vienne, Museum Moderner Kunst Stiftung Ludwig
Arnold Schönberg
Paysage nocturne [III], 1911
Huile sur contreplaqué, 21 x 20 cm
© Vienne, Centre Arnold Schönberg © Belmont Music Publishers/ Paris, ADAGP, 2016
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