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mercredi 18 janvier 2017

« M. Kaplan », par Álvaro Brechner


Arte diffusera le 18 janvier 2017 « M. Kaplan » (Señor Kaplan), par Álvaro Brechner. « Au soir de sa vie, un septuagénaire en mal de reconnaissance se met en tête d’enlever un homme qu’il prend pour un ancien nazi. Une savoureuse comédie riche en quiproquos et rebondissements qui traite avec beaucoup d’humour de sujets sérieux, tels que le passage du temps et l’accomplissement personnel ».


« Quelle trace vais-je laisser après ma mort ? À près de 80 ans, Jacobo Kaplan, Juif polonais envoyé en Amérique latine par ses parents pendant la Seconde Guerre mondiale, est tiraillé par des questionnements existentiels. Lorsqu’il apprend qu’un vieil Allemand tenant une gargote de plage est appelé « le nazi » par les jeunes du coin, Jacobo y voit l’occasion de s’illustrer enfin : à l’instar de Simon Wiesenthal, il monte donc une opération commando avec l’aide de Wilson Contreras, ancien policier pas très net… »

Et son objectif est de capturer cet Allemand âgé comme l'avait fait un commando israélien pour kidnapper Eichmann et l'amener en Israël afin de restituer à la communauté juive sa dignité.

Péripéties rocambolesques
Né en 1976 à Montevideo (Uruguay), Álvaro Brechner a étudié les médias en Uruguay et en Espagne (Barcelone).

A 23 ans, il a reçu le Prix national de Littérature du ministère uruguayen de la culture.

Depuis 2000, il vit en Espagne "où il a réalisé plusieurs documentaires pour History Channel, Odyssey, TVE. Il a également réalisé trois courts-métrages qui lui ont valu 50 prix dans plus de 140 festivals, particulièrement à Clermont-Ferrand, Londres, Tampere, St Pétersbourg et Los Angeles".

Son premier film, Mal Día Para Pescar (Bad day to go fishing) a été présenté dans des festivals célèbres, tel le festival du film à Cannes en 2009. Il a reçu plus de trente prix dans le monde et a été sélectionné par l'Uruguay pour les Oscar en 2010.


Deuxième long métrage de Álvaro Brechner, « M. Kaplan » est inspiré de El salmo de Kaplan, du romancier colombien Marcelo Schwartz.


Le projet cinématographique a été développé via le programme TorinoFilmLab Script&Pitch en 2010. 

Distingué par des Prix dans de nombreux festivals internationaux – Meilleur film ibéro-américain aux Premios Goya (2014), 100 000 € de récompense à la production -, le « deuxième film du réalisateur uruguayen Álvaro Brechner traite avec beaucoup d’humour de sujets sérieux, tels que le passage du temps et l’accomplissement personnel ». 

« Ce film est surtout le combat de deux hommes afin de se faire respecter, pour que leur dignité leur soit reconnue. On est respecté par autrui seulement quand on se respecte... Le fait que le personnage principal se prénomme Jacobo lui fait penser que c’est un signe particulier, qu’il est destiné à quelque chose de grand… Je me rends compte de la rapidité avec laquelle le temps passe et du temps très proche où nous serons oubliés... Je finis toujours par traiter du même thème : cette idée de ce à quoi un homme croit et ce qu'un homme souhaite croire. La fantaisie et l'imagination sont des parties de notre réalité. Elles n'en sont pas étrangères », a déclaré Álvaro Brechner à Variety.

Et de préciser : « M. Kaplan a un lien avec le cinéma italien des années 1960, ce mélange de drame et de comédie. Il est aussi apparenté au buddy movie (film de copains, ou film reposant sur un tandem de personnages, Nda) ».

« À travers ses aventures rocambolesques, l’équipe formée par Jacobo Kaplan et son acolyte rappelle le duo mythique Don Quichotte/Sancho Panza, à ceci près que le spectateur n’est ici jamais au bout de ses surprises ».

Alors pourquoi Arte diffusera-t-elle ce film en troisième partie de soirée ?

CITATIONS DU REALISATEUR

"Mon grand-père, Jaime Brechner, naquit en Pologne le 6 janvier 1912. En 1938, il laissa derrière lui sa maison et sa famille pour s'enfuir vers l'Amérique du Sud, un endroit où rien n'était familier et où il avait l'occasion de démarrer une nouvelle vie. Ses parents et sa sœur restèrent. Il ne les revit jamais plus. Un siècle plus tard, alors que mon premier film était projeté à Varsovie, je saisissais l'occasion pour me rendre à Sosnowiec, sa ville natale. J'étais ému par l'expérience, mais rien de ce que j'ai trouvé n'était assimilable à quelque chose comme étant essentiel à mon identité personnelle ou à ma culture.

Sur le chemin du retour, en rentrant chez moi, j'étais remué par cette révélation. Pour un homme qui avait toujours été intéressé à explorer les sujets concernant la création de nos identités comme moyen de survivre, ce fut une sensation inattendue. Je n'avais jamais  réfléchi là-dessus. Le fait qu'un jour nous mourrons et qu'après quelques décennies, il ne restera que peu de choses de nous dans le monde, quoi que nous fassions. Nous sommes nés, nous prenons quelques photos et nous mourons. Mais qui se souviendra de nous après? Quelle différence aurons-nous fait ? Notre vie sera-t-elle d'une façon ou d'une autre « spéciale »?

J'ai toujours ressenti un intérêt spécial pour l'histoire des nazis qui s'enfuirent en Amérique latine, en particulier le cas de l'un des plus célèbres responsables, Adolf Eichmann. Eichmann fut démasqué, alors qu'il vivait en Argentine sous une fausse identité, et fut capturé dans une opération risquée, compliquée et quasiment impossible. Au cours des dernières années, j'ai fait des recherches et j'ai rencontré des experts sur ce sujet.
En contradiction avec les paroles de la chanson de Serge Gainsbourg «SS en Uruguay», à Montevideo, la communauté juive est complètement intégrée dans toutes les activités du pays. Les éclats antisémites y sont extrêmement rares. Pour beaucoup de Juifs, la plus grande menace à laquelle ils sont confrontés vient du danger existentiel de s'assimiler dans la société séculière locale, sans préserver leur propre culture et leurs traditions.
C'est de cette manière que j'ai commencé à combiner mes propres souvenirs très réels de mon grand-père avec une série d'événements de fiction, créant le personnage de Jacob Kaplan : un patriarche sans patriarcat. Un Don Quichotte « Schlemazle » (malchanceux – NDT) qui, à 75 ans, trouve une dernière chance de réaliser quelque chose d'exceptionnel et de plonger dans une aventure qui va porter sa vie à des hauteurs sans précédent.

Un des grands défis, pour Mr Kaplan, était le ton, je vois la vie comme un mélange de comédie et de drame, deux faces d'une même pièce. Même dans le plus triste des contextes et dans les plus tristes circonstances, user de l'humour peut nous donner la force de persévérer et de trouver la lumière.
Peut-être est-ce pour cela que j'ai toujours été attiré vers des personnages possédant une mentalité donquichottesque, dont les envies d'aventures épiques s'opposent aux absurdes circonstances de la réalité.
Les hommes qui utilisent leur imagination fertile comme un outil de survie dans une existence quotidienne ennuyeuse, en le faisant, ils trouvent une manière de se venger de la mort et de l'oubli.
Mr Kaplan est un film qui étudie le rôle de la personne âgée, la perte de son identité confrontée à la continuité de la tradition, à la préservation de sa propre dignité, la chance de laisser sa marque à jamais en réalisant ses rêves les plus fous. Une histoire sur des hommes, sur ce que l'on croit et ce que l'on aimerait croire. Avant tout, le film est la lutte de deux hommes qui veulent être respectés, que leur dignité soit reconnue. L'histoire des deux est intéressante: nous pensons souvent que le respect est atteint quand on est respecté par les autres, alors qu'en fait le respect n'est atteint seulement lorsqu'on se respecte soi-même.
Et ce combat est pour tous les deux. Comme dans le cas de Mal dia para pescar, c'est le genre de film de copains que j'adore, des films comme Scarecrow, l'idée de deux personnages qui vont monter une alliance, avec un objectif commun. Et l'idée n'est pas tant d'atteindre cet objectif, c'est l'aventure qu'il implique, le chemin pour y parvenir, le vivre ensemble et comment les deux, avec une foi mutuelle vis-à-vis de l'autre, sente le respect et se sentent respectés.
A travers des personnages qui montrent leurs contradictions et leur fragilité dans la recherche d'une amitié et de respect de soi-même, mon but était de croquer ces moments petits et grands qui font de notre périple à travers ce monde quelque chose de ridicule, cependant souvent toujours fascinant".
      

« M. Kaplan » par Álvaro Brechner
Baobab Films, Espagne, Uruguay, Allemagne, 2014, 93 min
Auteur : Marco Schwartz
Image : Álvaro Gutiérrez
Montage : Nacho Ruiz Capillas
Musique : Mikel Salas
Production : Razor Film Produktion GmbH, Expresso Films, Baobab Films, Salado Media, ZDF/ARTE
Producteur/-trice : Mariana Secco, Álvaro Brechner
Scénario :Álvaro Brechner
Avec Hector Noguera, Néstor Guzzini, Rolf Becker, Nidia Telles, Nuria Fló, Leonor Svarcas
Sur Arte le 18 janvier 2017 à 23 h 40

Visuels : © Alvaro Gutiérrez

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Les citations sont d'Arte et du dossier de presse du film.

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