Citations

« Le goût de la vérité n’empêche pas la prise de parti. » (Albert Camus)
« La lucidité est la blessure la plus rapprochée du Soleil. » (René Char).
« Il faut commencer par le commencement, et le commencement de tout est le courage. » (Vladimir Jankélévitch)
« Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort. Il est de porter la plume dans la plaie. » (Albert Londres)
« Le plus difficile n'est pas de dire ce que l'on voit, mais d'accepter de voir ce que l'on voit. » (Charles Péguy)

mercredi 11 mars 2020

« Hitler, l'art de la défaite » par Christiane Ratiney


Arte rediffusera le 10 mars 2020, dans le cadre de « Les coulisses de l’Histoire » (Wahre Geschichte), « Hitler, l'art de la défaite » (Adolf Hitler, "Größter Feldherr aller Zeiten?) par Christiane Ratiney. « Cette passionnante collection documentaire en quatre volets, fondée sur les derniers travaux des historiens, nuance certaines idées ancrées dans la mémoire collective, en les restituant dans toute leur complexité. Dans ce volet : Adolf Hitler a laissé à la postérité l'image d'un stratège militaire hors pair. Et pourtant... »

« Hitler, l'art de la défaite » par Christiane Ratiney 

Les « mythes ont la vie dure et l’histoire du XXe siècle n’échappe pas à cette loi d’airain. Nous vivons, aujourd’hui encore, avec des idées reçues que nous tenons pour vérités d’Evangile. Ainsi, nous croyons que Hiroshima fit capituler le Japon, que le plan Marshall sauva l’Europe, qu’Adolf Hitler fut un génie militaire, ou que Mao Zedong fut finalement un mal nécessaire pour moderniser la Chine ».


« Certes, ces jugements comportent une part de véracité ; mais, trop sommaires pour être fidèles, ils trahissent la réalité historique, dont ils nient la complexité. Et si la vérité était légèrement différente ? En explorant les grandes mythologies nationales ou transnationales, cette série entièrement basée sur des archives revisite l’histoire du XXe siècle à travers un angle inédit  ».

« De l’imposture militaire d’Hitler aux lourdes contreparties du plan Marshall, des motifs oubliés de la capitulation japonaise, au lendemain des bombardements atomiques d'Hiroshima et Nagasaki, au mythe erroné d’un Mao Zedong artisan de la modernisation de la Chine, cette passionnante collection documentaire se penche sur de grands personnages et des événements charnières de l’histoire du XXe siècle pour en proposer une lecture revue et corrigée, portée par un récit limpide tissé de saisissantes archives ».

Spécialiste du XXe siècle et en particulier de la Seconde Guerre mondiale, l’historien Olivier Wieviorka a dirigé la nouvelle collection documentaire “Les coulisses de l’Histoire”. Il explique à Maria Angelo les objectifs de cette série : « Le livre Les mythes de la Seconde Guerre mondiale, que j’ai codirigé, recensait ceux qui ont donné une image déformée, voire erronée, de ce conflit. Dans le même esprit, il s’agit, avec cette collection, de rétablir quatre grands épisodes historiques dans toute leur complexité. Certaines vérités s’imposent parfois comme paroles d’Évangile, elles correspondent soit à une mémoire diffuse des événements, soit à une construction des appareils de propagande. Ainsi, contrairement à l’opinion communément admise, le plan Marshall n’a pas été qu’une entreprise philanthropique destinée à sauver l’Europe de la misère, mais aussi un moyen d’affermir les intérêts politiques et économiques des États-Unis. De même, le Japon n’a pas seulement capitulé àcause d’Hiroshima. Nous allons également surprendre en interrogeant des légendes fermement ancrées concernant Mao et Hitler. Ce dernier, par exemple, ne fut pas le stratège qui faillit soumettre l’Europe à sa loi, mais plutôt un médiocre tacticien ».

Et d'expliquer : « La distance avec l’événement permet aux historiens de poser un regard froid et neuf sur ces épisodes. Qui se souvient, par exemple, qu’au lendemain de l’attaque d’Hiroshima, l’Union soviétique a envahi la Mandchourie (occupée alors par le Japon), les États-Unis et l’URSS étant alors lancés dans une véritable course pour se partager les fruits de la proche reddition du Japon ? Si cette invasion figure bien dans les manuels, elle a été occultée par une véritable construction mémorielle, qui a permis à l’empereur Hirohito de présenter son peuple comme les victimes d’une arme terrifiante et d’échapper au tribunal. Quant aux États-Unis, ils ont pu s’arroger le seul bénéfice de la victoire. Pourtant, c’est bien la perspective d’une occupation soviétique et le risque d’assister à la fin de la dynastie impériale, qui ont en réalité amené Hirohito à capituler. De nouvelles archives ont-elles été mises au jour ? »

Et cet historien conclut : « Quantité d’images permettent d’incarner ces nouvelles interprétations. Par exemple, ce document dans lequel Hitler, enregistré à son insu, avoue sa surprise face à la résistance soviétique devant Moscou. Nous avons aussi exhumé des perles, telle cette séquence d’une chanson espagnole, entonnée à tue-tête, vantant le plan Marshall pour sortir l’Espagne de la misère. En outre, nous avons pu exploiter de nombreuses images tournées en Chine et accessibles depuis peu. Bien sûr, il ne s’agit pas avec ces films d’énoncer une opinion, mais de procéder à une démonstration nuancée, qui s’appuie sur un travail scientifique, et qui fait aujourd’hui à peu près consensus parmi les historiens ».

Le documentaire donne plusieurs exemples des fautes du stratège autodidacte Adolf Hitler : à Dunkerque, il laisse les troupes alliées rejoindre la Grande-Bretagne, qui poursuivra seule, pendant un an, la guerre contre le IIIe Reich ; en Union soviétique, il mène une offensive désastreuse à l'approche d'un hiver particulièrement rude pour ses troupes affaiblies : dans les Ardennes, en 1944, il tente une contre-offensive contre les Alliés victorieux. Nouvel échec.


« Adolf Hitler a laissé à la postérité l'image d'un stratège militaire hors pair. L'invasion foudroyante de l'Europe occidentale (Belgique, Pays-Bas et France), déclenchée le 10 mai 1940, a marqué les mémoires en ce sens ».

« Pourtant, dès cette campagne victorieuse, le dictateur nazi montre ses limites ».

« Alors que le plan échafaudé par le général Erich von Manstein a conduit à l’encerclement des troupes françaises et britanniques dans la poche de Dunkerque, le Führer, par frilosité, manque l’occasion d’écraser définitivement ses ennemis ».

« Néanmoins galvanisé par cet exploit qui n’est pas le sien, il lance une nouvelle guerre éclair à l’Est ».

« Le 22 juin 1941, 3,5 millions de soldats allemands déferlent sur l'URSS, accompagnés par les Einsatzgruppen en charge de l’extermination des Juifs ».

« Là encore, de l'enlisement du siège de Leningrad à l'offensive ratée de Koursk en passant par les batailles de Moscou et de Stalingrad, où ses troupes butent sur le terrible hiver russe et la résistance acharnée de l’Armée rouge, Hitler, aveuglé par l'orgueil et son idéologie mortifère, ruine par ses erreurs tactiques l’avantage colossal initialement acquis ».

« Avec le temps, les travaux des chercheurs révèlent une réalité souvent plus nuancée que les idées communément admises ». 
France, Cinétévé, 2017, 53 min
Sur Arte les 22 janvier 2019 à 20 h 50, 1er février 2019 à 9 h 05, 10 mars 2020 à 20 h 50
Visuels :
Hitler accompagné de ses généraux
Hitler
Photo de profil d'Hitler
Image d'archive de la prise de Sedan par les allemands, France.
Soldats dans panzer allemand
Soldats de la Wehrmacht (Belgique et Pays Bas)
Hilter pendant l'un de ces discours
Soldats se rendant suite à la défaite de l'Allemagne
Credit : © ADA

A lire sur ce blog :
Affaire al-Dura/Israël
Articles in English
Les citations proviennent d'Arte. Cet article a été publié le 21 janvier 2019, puis le 10 mars 2020.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire