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mardi 20 février 2018

« La chasse aux fantômes » par Raed Andoni


Arte diffusa le 21 février 2018 à 23 h 25 « La chasse aux fantômes » (Geisterjagd, Ghost Hunting, Istiyad Ashbah) par Raed Andoni. « D'anciens prisonniers palestiniens rejouent leur détention devant la caméra de Raed Andoni. En impliquant ceux qui vont devenir les acteurs de leur passé reconstruit, en dur et symboliquement, il permet aux uns et aux autres de jouer tantôt les bourreaux, tantôt les victimes, et donc de revivre une expérience de la soumission ». Un film biaisé, malsain, pervers.

       
Né à Ramallah en 1967, Raed Andoni a « quitté l’école vers 1987-1988 ». Il a « fait un an de prison. C’était l’époque de la première Intifada. Ensuite, on m'a interdit de quitter le territoire pendant sept ans. Je me suis passionné pour la photo, l'image, le théâtre aussi. J'ai fait beaucoup de boulots différents, puis j'ai monté une société de production. Pour moi, faire du cinéma, c'est aller chercher à l'intérieur de soi et faire partager ce que l'on a trouvé ». Curieusement, aucun journaliste n'a eu la curiosité d'interroger le réalisateur sur la raison de son emprisonnement.

Il a produit « Live from Palestine » (2002), de Rachid Masharawi.

Avec la France et les Emirats Arabes Unis (EAU) - Les Films de Zayna, "Dar Films/Palestine", Dubai Entertainment and Media Organisation -, Raed Andoni co-produit Mawsem hisad (Family Albums2012) réalisé par Nassim Amaouche, Mais Darwazah, Erige Sehiri et Sameh Zoabi. "Le monde Arabe est en ébullition. Les jeunes générations, dont les artistes, ne connaissaient pas l’origine du conflit, ni quand il s’arrêtera. Les 4 réalisateurs, chacun à sa façon, essayent de plonger dans les événements du passé afin de mieux les saisir. Tous tentent aussi de se retrouver dans ces changements et de mieux comprendre leurs parents ainsi que leurs réactions vis-à vis du conflit". ("Identity is our legacy and not our inheritance; our invention and not our memory." (Mahmoud Darwich). Questioning the Poet's sentence about identity and transmission, four filmmakers draw up a sensitive portrait of the Arab world, driven by their own concerns, composed by their daily and intimate life, in four different places).

Il a réalisé Fix Me (2009), film co-produit par Julie Gayet et montrant ses consultations auprès d’un psychothérapeute d’un hôpital à Ramallah à propos de ses migraines. Ce film a été  présenté à Sundance en 2010 et à la sélection de l’Acid à Cannes en 2011. En 2012, la SCAM l’a distingué meilleure œuvre documentaire.

Istiyad Ashbah
Ghost Hunting est le deuxième long métrage de ce scénariste-réalisateur-producteur (Dar Films), co-produit aussi par Julie Gayet. 

Quinquagénaire, « le réalisateur palestinien Raed Andoni organise un casting de comédiens et de professionnels du bâtiment plutôt particulier : chacun doit être passé par les geôles israéliennes, et, notamment, la Moskobiya, principal centre de détention de Jérusalem ».

Pourquoi n’avoir pas cherché d’anciens détenus des prisons de Abou Mazen (Mahmoud Abbas) ou du Hamas dans la bande de Gaza ? Les conditions de détention dans les prisons de la bande de Gaza sont critiquées par des organisations palestiniennes de défense des droits de l'homme, comme ICHR (Independent Commission for Human Rights) qui recense les cas de torture et de mauvais traitements dans ces deux entités : par exemple, en janvier 2018, ICHR a relevé 17 cas dans la bande de Gaza et 14 dans les territoires sous contrôle d'Abou Mazen.

Pourquoi n'avoir pas évoqué ces terroristes palestiniens emprisonnés en Israël et salariés - le montant varie selon la durée de la détention - par l'Autorité palestinienne (AP) grâce notamment à l'aide financière internationale ? Ce qui explique le projet de loi israélienne visant à retenir les montants versés, au titre de taxes fiscales, à l'AP et que cette dernière utilise pour rémunérer les terroristes palestiniens emprisonnés en Israël.

"Bientôt, nous mettrons fin à ce théâtre de l'absurde", a écrit Avigdor Liberman, ministre israélien de la Défense, sur Twitter. Il a ajouté que l'argent confisqué servira à "lutter contre le terrorisme et indemniser les victimes".

"Israël collecte annuellement environ 127 millions de dollars de droits de douane perçus sur les marchandises destinées aux marchés palestiniens qui transitent chaque mois par les ports israéliens, puis les transfère à l'Autorité palestinienne.En janvier, le ministère israélien de la Défense a publié un rapport révélant que l'AP a versé en 2017 1,2 milliard de shekels (300 millions d'euros), soit 7% de son budget annuel, aux auteurs d'attentats emprisonnés par Israël et à leurs familles".

"Un terroriste palestinien condamné de trois à cinq ans de prison reçoit l'équivalent de 600 dollars (environ 500 euros) par mois, un autre qui purge une peine de 20 à 35 ans a droit à 2.900 dollars (2.300 euros) jusqu'à la fin de sa vie. Selon le ministère israélien, le salaire moyen en Cisjordanie est de 600 dollars. Malgré les pressions, l'Autorité palestinienne a toujours refusé de mettre fin à ces paiements, une décision qui serait très impopulaire tant le prestige des milliers de prisonniers est grand.Le gouvernement palestinien a de son côté qualifié ce projet de loi de "piraterie et vol", et estimé qu'il s'agissait d'une "violation du droit international", selon l'agence officielle Wafa. Aux Etats-Unis, le Sénat a mis à l'ordre du jour un projet de loi approuvé par la Chambre des représentants visant à suspendre l'aide à l'Autorité palestinienne si elle continue de verser des allocations aux familles de terroristes palestiniens condamnés pour des attentats, soulignant que ces paiements incitent à la violence et bloquent toute avancée dans le processus de paix, au point mort depuis 2014".

Partialité
Difficile de trouver d'anciens détenus de prisons israéliennes ? « Pas si compliqué : en Palestine, plus de quatre hommes sur dix font l’expérience des interrogatoires et de la prison ». Quelle est la source de cette statistique ? En quelle année ? Qu’est-ce que la « Palestine » ? Mystère.

« Je viens d’un pays où 25% de la population a été emprisonnée ou a expérimenté ces interrogatoires. On parle de 750 000 Palestiniens sur une population de trois ou quatre millions, c’est un chiffre énorme. Donc ma petite histoire personnelle n’a pas beaucoup de sens dans un pays comme le mien, même si j’ai moi-même été emprisonné pendant un an et que j’ai été interrogé pendant plusieurs jours », a déclaré Raed Andoni à RTS (13 juin 2017).

Selon Yoram Ettinger, en 2011, 1,6 million d’Arabes résidaient en Judée et en Samarie et 1,3 million d’Arabes vivaient dans la bande de Gaza, soit un total de 2,9 millions d’Arabes. On est loin des quatre millions de Palestiniens allégués par le réalisateur. 

Combien de Palestiniens emprisonnés ? 25% selon Arte, et 40% selon le réalisateur !?

Et RTS poursuit : « Raed Andoni recueille les témoignages et écrit son scénario à mesure, sur le plateau. « Voilà pourquoi, à certains moments, quand on voit le film, on arrête de se demander si c’est un documentaire ou une fiction. On ne sait plus. Même moi je ne sais plus. Parce que les deux formes servent le même but. Elles nous aident à nous exprimer de manière profonde ». Le mentir-vrai ? Ou le mentir-mentir ?

Conclusion de Raed Andoni à RTS : « On parle tout le temps des "héros" qui sortent de ces prisons et on enferme ceux qui en sortent dans une nouvelle prison, on les enferme dans cette image de "héros". Ça fait partie de notre lutte, on doit produire des héros, ça nous fait du bien. Parce qu’on vit toujours l’occupation et que la lutte n’est pas terminée ». Bref, le cinéma sert d’instrument de lutte contre l’Etat juif.

« Sous le regard du cinéaste, lui-même ancien détenu, ceux qu'il a choisis (géomètre, maçon, architecte, peintre, menuisier, comédien…) acceptent de reconstruire les murs de leurs cellules dans un immense sous-sol vide et de revivre leurs traumatismes. Peu à peu, l'indicible se libère... » Pourquoi Raed Andoni a-t-il été détenu ?

« Décors en contre-plaqués et mémoires fragmentaires, douleurs occultées et espaces contraints… : c'est un véritable dispositif cathartique qu'a imaginé le cinéaste, lui aussi à la recherche de ses propres fantômes ». Du Pallywood en studio ? De la télé-réalité ?

« En impliquant ceux qui vont devenir les acteurs de leur passé reconstruit, en dur et symboliquement, il permet aux uns et aux autres de jouer tantôt les bourreaux, tantôt les victimes, et donc de revivre une expérience de la soumission ». 

« Ce rapport de dominant-dominé se reproduit à l’infini, y compris entre Palestiniens, à l’intérieur des prisons, mais aussi à l’extérieur ». 

« La violence sous-jacente ou même explicite qui sourd des répétitions permet au spectateur de deviner ce qu'ils ont vécu, avec des scènes d'une densité extrême. Impressionnant ». En 1999, l’usage de la torture a été interdit par la Cour suprême d’Israël.

Pourquoi la chaîne franco-allemande Arte, Doha (Qatar), Sundance, Sanad, Final Cut de Venise, etc. ont-ils subventionné ce film ? Arte « finance trois documentaires « cinéma » par an, en vue d’une sortie en salle ». 

Prix
Le Film a reçu le Prix du Meilleur documentaire à la Berlinale 2017. Une « catégorie qui a été ajoutée pour cette 67e édition de la Biennale ». "Je travaille avec des personnes qui vivent dans un lieu vraiment très sombre et que vous honorez grâce à toute cette lumière", a déclaré le cinéaste en recevant son prix. Il avait noué un keffieh autour du cou.

Istiyad Ashbah a été présenté au Festival du cinéma du réel au Centre Pompidou.

Le 2 juin 2017, le réalisateur Raed Andoni et le distributeur ont écrit : « Le représentant de l’Autorité palestinienne auprès des Nations unies a notamment organisé en avril une projection au siège de l’ONU, réunissant de nombreux ambassadeurs, et le film sera vraisemblablement présenté par la Palestine aux Oscars ».

Variety
« Raed Andoni observe ses « acteurs » s’abuser oralement et physiquement entre eux. Il a échangé la charge de narcissisme de son précédent documentaire contre celle de sadisme… Les louanges de Ken Loach et de Mike Leigh lors de l’avant-première, la charge émotionnelle sensationnalisée, plus le Prix du Meilleur documentaire à Berlin signifient que « Ghost Hunting » va attirer plus d’attention qu’il n’en mérite », résume Jay Weissberg dans Variety (18 février 2017).

On ne saurait mieux dire.

En 2017, 52 Arabes israéliens et palestiniens victimes d'enlèvements, de tortures et de viols par l'Autorité palestinienne (AP) ont gagné en Israël leur procès contre l'AP. Leur avocat avait contacté quinze ONG (Organisations non gouvernementales) afin de leur demander une aide pour déterminer, par des certificats médicaux de médecins de ces ONG, les dommages subis par ces Arabes soupçonnés de collaborer avec Israël. Seulement deux ONG ont répondu positivement. Les autres ont décliné car l'Etat Juif n'était pas impliqué comme tortionnaire.


« La chasse aux fantômes » par Raed Andoni
France, « Palestine », Suisse, Qatar 2015, Les Films de Zayna, Arte France, Dar Films, Akka Films, RTS production, 1 h 30 min
Producers: Nicolas Wadimoff, Philippe Coeytaux, Raed Andoni
Executive producer: Palmyre Badinier
Camera (couleur) : Camille Cottagnoud
Montage : Gladys Joujou
International sales: Urban Distribution, Paris
Avec Ramzi Maqdisi, Mohammed Khattab, Raed Andoni, Atef Al-Akhras, Wadee Hanani, Adnan Al-Hatab, Abdallah Moubarak, Anbar Ghannan, Raed Khattab, Monther Jawabreh
Sur Arte le 21 février 2018 à 23 h 25

Visuels :
Raed, le réalisateur ne sait si ses souvenirs parcellaires sont réels ou imaginaires. Afin de se confronter aux fantômes qui le hantent encore depuis son emprisonnement à la Moscobiya, un des principaux centre d’interrogatoire israélien, Raed fait passer une offre d’emplois à l’intention d’anciens prisonniers. Dans un immense sous-sol vide, Raed explique son projet à un groupe d’hommes de tous âges géomètre, maçon, architecte, peintre, menuisier, comédien, ... : reconstruire de mémoire leur centre d’interrogatoire.
© Les Films de Zayna/Akka Films/

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Les citations non sourcées sont d'Arte.

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