Citations

« Le goût de la vérité n’empêche pas la prise de parti. » (Albert Camus)
« La lucidité est la blessure la plus rapprochée du Soleil. » (René Char).
« Il faut commencer par le commencement, et le commencement de tout est le courage. » (Vladimir Jankélévitch)
« Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort. Il est de porter la plume dans la plaie. » (Albert Londres)
« Le plus difficile n'est pas de dire ce que l'on voit, mais d'accepter de voir ce que l'on voit. » (Charles Péguy)

mardi 3 avril 2018

« Jean Ziegler, l’optimisme de la volonté » par Nicolas Wadimoff


Arte diffusera le 3 avril 2018 à 23 h « Jean Ziegler, l’optimisme de la volonté » (Jean Ziegler - Der Optimismus des Willens) par Nicolas Wadimoff. Né en 1934, le sociologue altermondialiste et ancien édile Jean Ziegler est encensé par la gauche, mais controversé car il a soutenu des dictateurs – Fidel Castro, Robert Mugabe, Hugo Chavez, Colonel Mengistu -, a instrumentalisé sa fonction onusienne au profit de son idéologie biaisée anti-américaine, a créé le Prix Kadhafi, a soutenu le Tribunal Russell sur la Palestine… Et en plus, il s’est avéré incompétent, menteur.

« Stéphane Hessel - L´homme d´un siècle » par Hans Helmut Grotjahn et Antje Starost 
« Jean Ziegler, l’optimisme de la volonté » par Nicolas Wadimoff

« Depuis plus d'un demi-siècle, il est vent debout contre le capitalisme financier. De sa rencontre avec Sartre et « Che » Guevara, au milieu des années 1960, à ses missions actuelles pour l'ONU, portrait éclairant de Jean Ziegler, le plus célèbre des altermondialistes suisses ».

« La faim, c'est le crime organisé et on peut désigner les assassins. » À l'arrière d'une voiture, Jean Ziegler, 82 ans, rassemble ses notes et nous confronte avec des photos d'enfants au visage dévoré par le noma, une maladie de la malnutrition qui fait des ravages en Afrique ». 

« Au palais des Nations, le vice-président du Comité consultatif du Conseil des droits de l'homme et ancien rapporteur spécial auprès de l'ONU sur la question du droit à l'alimentation monte au créneau contre l'avidité des « fonds vautours » qui mettent à genoux les services publics des pays endettés ». 

« À Munich, l'ancien professeur de sociologie de l'université de Genève et de la Sorbonne donne de la voix à la tribune lors d'une manifestation anti-G7 ». 

« Invité à La Havane avec son épouse Erica, il s'enthousiasme de l'organisation d'une coopérative agricole, discute avec les gens dans la rue, et loue, le temps d'une hospitalisation imprévue, le système de santé hérité du régime castriste ».

Jean Ziegler a participé aux travaux sur des déportés spoliés de leurs comptes bancaires en Suisse au profit de l'Allemagne nazie. Dans La Suisse, l'or et les morts (éditions du Seuil, 1997), Jean Ziegler explique comment les banquiers suisses ont contribué à financer la machine de guerre des nazis. « Sans les banquiers suisses, la Deuxième Guerre mondiale aurait été terminée plus tôt et des centaines de milliers d’être humains auraient eu la vie sauve. Ils ont fourni des milliards de francs suisses à Hitler, lui permettant d’acheter sur le marché mondial les matières premières stratégiques dont il avait besoin. Les profits astronomiques de la guerre ont ensuite fondé la puissance mondiale de la place financière helvétique. Des rapports de services secrets, surtout américains, récemment déclassifiés, révèlent la complicité active des banquiers suisses (marchands d’art, agent fiduciaire, bijoutiers, avocats d’affaires, etc.) qui ont recelé, « lavé » l’or que les SS avaient volé dans les banques centrales, les entreprises et les demeures privées des pays occupés, ou arrachés aux victimes des camps. Dans le même temps, le gouvernement suisse refoulait à ses frontières des dizaines de milliers de réfugiés juifs, les renvoyant parfois directement vers les bureaux SS. Jean Ziegler, l’un des meilleurs connaisseurs des rouages bancaires suisses, a mené l’enquête sur ces ahurissantes compromissions. Les documents sont accablants. Son livre – explosif, bourré de révélations et de récits à peine croyables – paraît simultanément en France et en Allemagne. »

« Nourri d'archives et d'entretiens réalisés entre 2015 et 2016, ce portrait éclairant revient sur les étapes marquantes de l'itinéraire politique du plus célèbre des altermondialistes suisses, de sa rencontre avec Sartre et « Che » Guevara, au milieu des années 1960, à ses missions actuelles pour l'ONU ». 

« Empruntant son titre à une citation du philosophe marxiste Antonio Gramsci (« Je suis pessimiste par l'intelligence et optimiste par la volonté »), le film que lui consacre le documentariste Nicolas Wadimoff, qui fut l'un de ses étudiants, ne laisse pas dans l'ombre erreurs et regrets, et met en lumière l'infatigable combat pour un monde plus juste d'un intellectuel qui, en une vingtaine d'ouvrages et plus un demi-siècle d'engagement, ne s'est pas fait que des amis ».

Ce documentaire a été présenté  le 1er décembre 2017 en ouverture de la 8e édition du Festival International du Cinéma d’Alger . C’était le deuxième documentaire du réalisateur suisse Nicolas Wadimoff diffusé en Algérie après la projection de son documentaire « Aisheen » sur la bande de Gaza, projeté lors des JCA (Journée Cinématographiques d’Alger) en 2011.

Postures
Devenu célèbre dans les années 1970 par ses livres polémiques sur la Suisse, Jean Ziegler  représente une figure d’intellectuel engagé : conseiller municipal socialiste de la ville de Genève (1963-1967), membre socialiste du parlement fédéral suisse (représentant du canton de Genève) de 1967 à 1983 et de 1987 à 1999.

Mais, il a toujours, systématiquement, choisi les pires causes.

En 1970, Jean Ziegler aurait servi de médiateur entre Farouk Kaddoumi, cofondateur du Fatah et chef du département politique du mouvement terroriste Organisation de libération de la Palestine (OLP), et le conseiller fédéral Pierre Graber, chargé des Affaires étrangères. Selon lui, un accord officieux aurait épargné la Suisse du terrorisme palestinien en échange de son soutien à l’OLP pour sa reconnaissance diplomatique auprès de l’organisation onusienne à Genève. La Suisse renonçait à déposer plainte contre un suspect palestinien de l’attentat contre le vol Swissair 330 en 1970. En janvier 2016, Jean Ziegler a révélé son rôle de facilitateur « par respect et en mémoire des 47 victimes de Würenlingen et de leurs familles, qui ont droit à la vérité ». Ces allégations ont suscité le doute par le CICR (Comité international de la Croix-Rouge) et des historiens.

Jean Ziegler a soutenu des dictateurs, dont Hugo Chavez. Fidel Castro ? Lors d’une visite comme représentant onusien, Jean Ziegler a refusé de rencontrer des dissidents cubains. Collaborateur à la revue Afrique-Asie dans les années 1970 et 1980, il a défendu les interventions cubaines en Afrique. Robert Mugabe ? « Mugabe a l’histoire et la moralité avec lui ». Quant au Colonel Mengistu, Jean Ziegler l’a conseillé en 1986 en l’aidant à rédiger la constitution au parti unique. En 1993, il s’est rendu auprès de Saddam Hussein et Kim Il-sung.

Il a comparé le président George W. Bush à un « Pinochet assis à la Maison Blanche » !

En 1989, après l'attentat de Lockerbie (1988) fomenté par des services de renseignements libyens, Jean Ziegler a co-créé et co-dirigé le Prix Mouammar Kadhafi des droits de l’homme. Montant ? 250 000 dollars grâce à la mise en place d’un fond de dix millions de dollars abrité en Suisse. Un Prix créé pour redorer l’image de la Libye et que Jean Ziegler a présenté comme « l’anti Prix Nobel du Tiers monde ». Il alléguait que la Libye était en voie de « démocratisation » et niait le soutien de Kadhafi au terrorisme.

Ce Prix a été remis à Roger Garaudy, Louis Farrakhan, les enfants palestiniens de l’Intifada  ou le turc  Recep Tayyip Erdoğan , et en 2002 à… Jean Ziegler.

En 2010, Jean Ziegler a contribué à un livre qui louait « le colonel Kadhafi en le comparant au philosophe Jean-Jacques Rousseau » - une publication distribuée au Conseil onusien des droits de l’homme en novembre 2010 lors de discussions sur des violations de droits de l’homme par la Libye. 

En 1996, au nom de la liberté d'expression, il a d’abord soutenu Roger Garaudy, auteur négationniste des Mythes fondateurs de la politique israélienne (1995), par une lettre que Me Jacques Vergès rendit publique avec celle de l'abbé Pierre. Ensuite, Jean Ziegler a condamné « avec la plus grande fermeté toutes les entreprises et propos négationnistes visant à nier ou à relativiser le génocide du peuple juif par les nazis » et a accusé Garaudy, dans un article publié par Charlie Hebdo, d'avoir déformé la teneur de son courrier.

De 2000 à mars 2008, Jean Ziegler a été nommé rapporteur spécial pour le droit à l'alimentation du Conseil des droits de l’homme de l’Organisation des Nations unies (ONU). De 2009 à 2012, il a été membre du Comité consultatif de ce Conseil des droits de l'Homme, poste auquel il a été réélu en 2013 et en 2016. Il est vice-président de ce Comité consultatif depuis 2009.

Il est actuellement vice-président du comité consultatif du Conseil des droits de l'homme des Nations unies.

En 2001, Jean Ziegler a rédigé un rapport pour la Commission onusienne des droits de l'homme accusant Israël de mener des politiques qui « génèrent la faim et menacent les plus indigents de famine », qualifiant les soldats israéliens de « gardiens de camp de concentration » de Gaza en 2005. « En 2006, après la Guerre du Liban, Jean Ziegler  s'auto-saisit pour aller enquêter au Pays des Cèdres sur les violations du droit à l'alimentation des Libanais de la part des Israéliens, bien que 4 experts du Conseil des droits de l'homme y aient été dépêchés afin de mener une enquête officielle pour le compte de l'agence onusienne ». En 2006, il a déclaré : « Je refuse de qualifier le Hezbollah d’organisation terroriste. C’est un mouvement de résistance nationale. Je peux comprendre le Hezbollah quand il kidnappe des soldats ». Jean Ziegler est membre du comité de parrainage du tribunal Russell sur la Palestine fondé en 2009.

En 2006, 2008 et 2011, UNWatch, des organisations de droits de l’homme, des Libyens victimes de violations des droits de l’homme, des parlementaires scandinaves ont exhorté le gouvernement suisse de retirer sa nomination à Jean Ziegler à son poste au Conseil des droits de l’homme de l’ONU, d’expulser Jean Ziegler, d’enquêter sur la légalité des comptes bancaires liés au groupe genevois Nord-Sud 201 financé par la Libye et le fonds de dix millions de dollars déposés à Genève.

« Nommé une première fois en 2000 pour une durée de 3 ans, sous l'initiative de Cuba, « Rapporteur spécial pour le droit à l'alimentation » par la Commission de l'ONU pour les droits de l'homme, Jean Ziegler n'a non seulement pas « cherché le consensus » - cela ne fait pas partie de l'ADN de ce sociologue-polémiste -, bien qu'il il le prétendît, pendant les 7 ans de son mandat renouvelé, il a aussi fait la preuve de sa partialité contre les Etats-Unis, en faveur de Cuba, sinon de son incompétence  ». Il a dénoncé en 2005 un prétendu « génocide » que commettraient les Etats-Unis à Cuba, mais éprouvait une « préoccupation » envers le génocide commis par le régime de Khartom.

Il a fustigé le capitalisme occidental qui « met la planète sous le scalpel de la destruction économique organisée » dans un désir de profit maximum. Or, les statistiques prouvent un déclin de la pauvreté mondiale. En 1820, « environ 85% de la population mondiale vivaient en pauvreté absolue  – soit vivant avec moins d’un dollar par jour. En 1950, ce taux a baissé à 50%. Et aujourd’hui, il avoisine les 20%. Quant à la globalisation, le revenu global moyen per capita a quasi-doublé au cours des 35 dernières années avec le cinquième le plus pauvre de la population augmentant leur revenu plus vite que le cinquième le plus riche ».

Sur 35 pays concernés en 2004, 17 avaient souffert d'une crise en raison d'actions humaines, et non de désastres naturels. Or Jean Ziegler mit en cause 34 fois les USA, mais jamais les responsables de 14 des 17 crises alimentaires d'origine humaine, jamais les dirigeants de pays à la population affamée en raison de la politique désastreuse de leurs dirigeants. Il demeura inactif à l’égard des victimes de ces famines. Ont ainsi été délaissés le Burundi, la République Centre-africaine, la République du Congo, la République démocratique du Congo, la Côte-d'Ivoire, l'Erythrée, la Guinée, Haïti, le Liberia, la Tchétchénie, la Sierra Leone, la Somalie, la Tanzanie et l'Ouganda. 

Wikileaks a révélé que depuis les années 2000 les dirigeants du Programme alimentaire mondial (PAM), dont le Directeur exécutif du Programme alimentaire mondial (PAM), James Morris en 2002 ont alerté le Secrétaire général de l’ONU sur l’incompétence et les actions politiques de Jean Ziegler, Rapporteur spécial pour le droit à l’alimentation. Ils lui ont reproché  d’entraver la lutte onusienne contre la faim, d’avoir « contribué à aggraver la situation des affamés, d’avoir multiplié les attaques contre les Etats-Unis, Israël, les multinationales et le système capitaliste - ce qui a dissuadé les donateurs indispensables au PAM -, de « faire de la politique avec l’assistance » ce qui est « profondément immoral », d’avoir fait des déclarations « profondément immorales » et « sans scrupules », de mener une « politique clairement provocatrice ayant eu un impact négatif sur la vie de ceux qui ont faim. Les déclarations publiques de M. Ziegler et les rapports qu’il a soumis au Secrétaire général témoignent d’un sérieux manque de compréhension de l’économie et des particularités des situations alimentaires dans les régions qu’il prétend analyser au nom du Haut Commissaire », ses déclarations personnelles contre les OGM, prononcées comme s’il parlait au nom de l’ONU. Le PAM a demandé – en vain – la destitution de Jean Ziegler   de son mandat de rapporteur spécial entre 2002 et 2008. Catherine Bertini avait alerté le Secrétaire général au sujet d’une déclaration pour le moins surprenante de Ziegler : celui-ci aurait affirmé que l’aide alimentaire à la Corée du Nord était détournée par les militaires; parallèlement, il aurait approuvé le retrait d’ONG telles que Médecins sans frontières, sous prétexte que le gouvernement refusait l’accès sans restrictions aux délégués des ONG à toutes les parties du pays. Le Secrétaire général d’alors, Kofi Annan, n’a jamais répondu. En octobre 2011, son successeur, Ban Ki-moon a été saisi d’une demande de destitution immédiate de Jean Ziegler de tous ses mandats onusiens, et Ziegler est resté en place ».

Aucune des ONG célèbres – Amnesty International, etc. - n’a critiqué Jean Ziegler qui bénéficie de majorités automatiques dans les instances onusiennes en sa faveur. Seul UNWatch a consacré un dossier intitulé Les Folies Ziegler à Jean Ziegler.

Ce membre honoraire du Conseil d'Administration de la Fondation France Libertés est Chevalier des arts et des lettres de la République française (1994) et Médaille d'or du Président de la République italienne.

« Jean Ziegler, l’optimisme de la volonté » par Nicolas Wadimoff
France, Suisse, 2016
Sur Arte le 3 avril 2018 à 23 h

Visuels : © dreampixies 2016

Articles sur ce blog concernant :
Articles in English 
Les citations sur l'émission proviennent d'Arte.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire