mardi 6 février 2024

« 50 ans dans l'œil de Libé »

Les Archives nationales présentent, dans leur site parisien, l’exposition « 50 ans dans l'œil de Libé ». À l’occasion des 50 ans du quotidien français gauchiste Libération « et de l’entrée en don dans les collections » des Archives nationales du fonds du journal « riche de 500 000 documents », l’exposition « revient sur cinq décennies d’images de presse d'histoire contemporaine, en France et dans le monde ». Aucune photographie liée au djihad du 7 octobre 2023 et peu d'œuvres concernant des faits historiques concernant les Juifs.
« Three With A Pen: Lily Renée, Bil Spira, And Paul Peter Porges »

« Les Archives nationales accueillent, dans la cour d’honneur de l’hôtel de Soubise, l’exposition 50 ans dans l’œil de Libé, alors qu'elles reçoivent le don du fonds photographique du quotidien. » La partie basse des colonnes encadrant cette cour est entourée par des panneaux noirs sur lesquels sont affichés des Unes, des photographies et leurs légendes. Et les murs sous les arcades arborent des Unes en très grand format.

« Choisies parmi la foisonnante production iconographique du quotidien Libération, qui fête ses cinquante ans en 2023, les photos exposées composent le film d'une mémoire à la fois intime et collective. Et invite à une déambulation, à travers le regard de Libé, celui des photographes ou des iconographes qui révèlent les coulisses, le contexte ou les secrets des images. » 

Un autre regard sur l’actualité en unes et en images 
« Titre de presse engagé, fondé en février 1973 sous l'impulsion de Jean-Paul Sartre et Serge July, notamment, Libération a été pionnier par sa manière de penser et de produire des photographies, situées au cœur de sa ligne éditoriale, ainsi qu’en témoigne cet « art de la une », marque de fabrique inimitable du journal. »

« En cinq décennies, Libération a produit des dizaines de milliers d’articles et de photographies. »

« De la mobilisation sur le plateau du Larzac, à l’élection de François Mitterrand, en passant par la Marche des Beurs, le mariage pour tous, ou la guerre en Ukraine… Libé raconte le monde en images, offrant un espace d’expression singulier et sans équivalent à des centaines d'hommes et de femmes, qui ont façonné une certaine idée de la photographie de presse. »

« Une photographie d’auteurs, au service de l’actualité, avec un seul mot d’ordre : casser les codes. »

« Huit unes grand format, et 48 photographies de presse sélectionnées parmi des dizaines de milliers, sont présentées de manière chronologique, vitrines d’un journal qui reste un véritable laboratoire d’expérimentations, ou, selon les mots de Serge July, « un territoire immense, en perpétuelle extension ».

On reconnait les partis pris du journal d'extrême-gauche.

Parmi les thèmes mis en Unes : "Peine de mort pour la guillotine", la mort de Pierre Mendès France, l'attentat terroriste islamiste contre la synagogue rue Copernic - "Nous sommes tous des juifs français -, "Le massacre des Palestiniens" au Liban, "Dictature militaire à Varsovie", "E.T. l'homme de l'année", la mort de Coluche, le décès de Dassault - "Le Ciel est à lui" -, "Percée de Le Pen, effondrement du PC, le choc", "Thatcher abdique"... La Guerre froide, l'effondrement du bloc communiste, la disparition de stars - Marlene Dietrich ("L'ange passe"), Ivo Livi (1921-1991) -, "Et maintenant ?" après la mort de Yasser Arafat représenté par un keffieh, "Ma plus belle histoire d'amour, c'est vous..." (Barbara), "Le pari de la paix" représenté par une poignée de mains, "La vie en bleu"

Sur des panneaux : le regard effrayé du réalisateur François Truffaut, la "Marche des Beurs" en 1983, "l'adieu à Michel Foucault", le génocide des Tutsis symbolisés par des machettes, la guerre en Ukraine, Greta Thunberg faisant la grève de l'école devant le Parlement suédois en 2019, l'incendie de la cathédrale Notre-Dame, la "fièvre jaune" (révolte des Gilets jaunes), "Omar Sy, héraut malgré lui", "Adèle Haenel, la belle dégenrée", des rescapées de Boko Haram, le touriste et les migrants (2015) en Grèce, la manifestation avec un gros plan sur une affiche "Je suis Charlie" - Libération n'a pas qualifié d'islamiste "l'attentat contre Charlie hebdo" -, l'évacuation du squat de Cachan en 2006, la guerre en Tchétchénie

Débutée un mois après le djihad du Hamas, du Djihad islamique et de Gazaouis en Israël, cette exposition ne présente aucune photographie liée à ce fait historique et tragique majeur : le djihad du 7 octobre 2023 commis par des mouvements terroristes islamistes, dont le Hamas et le Djihad islamique, et par des Gazaouis en Israël. Et dans son édition du 7 février 2024, Libération n'a pas consacré de ligne ou de photo à la cérémonie officielle organisée par l'Elysée aux Invalides pour rendre hommage aux victimes de ce djihad, et présidée par le Chef de l'Etat Emmanuel Macron.

 "Face aux fake news", et maintenant aux fake pictures générées par intelligence artificielle, produire des photos d'auteur, soucieux de rigueur journalistique et à l'écriture unique, est plus que jamais une nécessité. Là où il y a des images, Libé s'efforce de défendre la photographie au quotidien", a écrit Lionel Charrier, rédacteur en chef du service photo de Libération depuis 2015. 

Deux exemples parmi d'autres. 

Le 29 septembre 2000, la veille de Roch HaChana (Nouvel an juif), au début de l'Intifada II déclenchée par Yasser Arafat, à Jérusalem, un étudiant juif américain de Chicago, Tuvia Grossman, est frappé par des djihadistes palestiniens. Le visage ensanglanté, il est sauvé par des forces de l'ordre israéliennes, notamment Gidon Tzefadi. Un photographe d'Associated Press saisit la scène. L'agence de presse diffuse la photographie avec une légende fausse : la victime est présentée comme un jeune Palestinien frappé par un soldat israélien. Libération publie en Une ce cliché mal légendé. En 2002, Tuvia Grossmann gagne son procès, intenté en France, contre Libération et de l’Associated Press pour « utilisation abusive de son image ». 

Plus récemment, durant la guerre israélienne Swords of Iron ("Epées de fer") menée, après le djihad du 7 octobre 2023, contre les mouvements terroristes islamistes - Hamas, Djihad islamique - dans la bande de Gaza, Libération publie en Une le jeudi 19 octobre 2023 une photographie montrant "un manifestant en colère au Caire brandissant l’image générée par IA d’un bébé sous les gravats... La une était titrée « Proche Orient, le spectre de l’embrasement ». Avec ce sous-titre : « Après une explosion meurtrière dans un hôpital de Gaza, des manifestations se sont multipliées dans plusieurs pays de la région. Une nouvelle étape dans l’escalade du conflit, même si rien ne semble indiquer qu’Israël soit responsable de la frappe. » La photographie de manifestants en colère au Caire est authentique, mais le cliché incrusté montrant un bébé a été créé par l'Intelligence artificielle (IA) et diffusé pour illustrer les séismes près de la frontière entre la Syrie et la Turquie en février 2023. Or, ce 19 octobre 2023, il était plus vraisemblable que les dégâts dans le parking devant l'hôpital gazaoui al-Ahli Arabi avaient été causés par un tir accidentellement très court du Djihad islamique, et non par l'armée israélienne (IDF, Tsahal).

L'ajout d'un enfant dans cette photographie représente un blood libel (diffamation des Juifs accusés à tort d'avoir tué un enfant, généralement pour utiliser son sang dans la fabrication de matsot pour la fête de Pessah). Un exemple contemporain est l'affaire al-Dura diffusée par France 2 en 2000. Une icône médiatique de l'Intifada II.

Citée par InfoEquitable, la réponse du directeur de la publication Dov Alfon choque : l'IA « devient ces derniers mois le socle artistique de protestations, comme auparavant l’étaient des pantins, poupées ou squelettes... Le centre de la photo est le manifestant en colère, pour qui la vérité importe peu » !? "Dans ses colonnes, Libé précise bien que les manifestants ont hurlé leur colère au Proche-Orient « après la destruction de l’hôpital Al-Ahli Al Arabi de Gaza ». Pourtant cette destruction par Israël et le massacre ne sont pas avérés. Le journal pense-t-il que c’est une bonne idée d’amplifier n’importe quel cri de colère sans se soucier de la véracité de la cause défendue ?" Et ce, alors que la France enregistrait une augmentation rapide du nombre d'actes antisémites.

Dov Alfon poursuit : « Rappelons que le même jour, huit journalistes de Libération se sont plongés dans les images de la tragédie de l’hôpital Al-Ahli Arabi à Gaza, nous permettant d’apporter à nos lecteurs dans le même journal toutes les preuves qui nous permettaient de pointer une roquette défaillante comme source de l’explosion plus probable qu’une bombe israélienne. Basé sur l’examen de plus de vingt sources iconographiques et publié en un temps record, ce genre de travail journalistique nous semble plus important que la vérification de fakes de propagande... Aurait-il fallu, alors, mentionner en légende le fait que l’homme sur la vraie photo brandissait une fausse image ? Probablement oui, mais la légende de l’agence AP ne l’a pas mentionné, soit par omission soit par manque de temps, et nous de même. C’est évidemment regrettable ». 

"Le cliché d’agence d’Associated Press portait la légende « Egyptian protesters shout anti-Israel slogans during a demonstration to show solidarity with Palestinians, in front of the Journalists Syndicate in Cairo, Egypt, Wednesday, Oct. 18, 2023. (AP Photo/Amr Nabil) » (Des manifestants égyptiens clament des slogans anti-israéliens lors d’une manifestation de solidarité avec les Palestiniens, devant le Syndicat des journalistes au Caire, en Égypte, mercredi 18 octobre 2023. (AP Photo/Amr Nabil)). Sur la Une de Libé, la légende en lettres minuscules sur la tranche gauche que de toute façon presque personne ne lit, et en tout cas pas les acheteurs qui parcourent du regard les gros titres en kiosque, est devenue « Au Caire, mercredi. PHOTO AMR NABIL. AP », conclut InfoEquitable

Entrée du fonds Libé aux Archives nationales 
« À l’occasion de l’anniversaire de sa création, Libération a choisi de donner aux Archives nationales la majeure partie des archives de son service photographique, afin de préserver la part la plus précieuse de son patrimoine documentaire, et d’y donner largement accès au public. »

« Ce trésor d’images, dont une part conséquente est inédite, représente plus de 500 000 tirages photographiques, distribués en autant de dossiers thématiques et géographiques qui dessinent les contours d’une histoire contemporaine de la France et du monde, à la charnière entre deux siècles. »

« Ces archives visuelles reflètent les orientations politiques et esthétiques du journal mais traduisent aussi son influence déterminante dans l’écosystème de la photographie médiatique et son soutien sans précédent aux photographes, à travers ses commandes de reportages entiers. »

« En entrant aux Archives nationales, les archives photographiques de Libération opèrent une mutation, d’une temporalité journalistique vers le temps long de l’histoire. »

« Cet ensemble rejoint aux Archives nationales les trente-deux fonds issus d’organes de presse, d’agences, de dirigeants de journaux et de journalistes, comme celui du Petit Parisien puis du Parisien libéré, ou encore du service photographique du quotidien Le Monde, entré en 2020 aussi par un don. »

Le commissariat artistique est assuré par Lionel Charrier, directeur de la photographie à Libération, à l’origine du projet. Les commissaires associés sont Marie-Eve Bouillon, mission photographie, direction des Fonds, Archives nationales, et Yann Potin, département Éducation, Culture et Affaires sociales, direction des Fonds, Archives nationales. 

L'exposition 50 ans dans l'œil de Libé est organisée avec le soutien de la direction générale de la Création artistique du ministère de la Culture (délégation aux Arts visuels, département de la Photographie), et de la Fondation Carmignac.


Du 7 novembre 2023 au 18 février 2024
Cour d'honneur
60, rue des Francs-Bourgeois - 75003 Paris
Du lundi au dimanche de 8 h à 18 h
Fermeture le mardi 
Visuels :
Affiche 
Jean-Luc Godard au siège du journal rue Béranger, Paris, août 1998
© Richard Dumas Vu’ pour Libération

Manifestation MLF du 8 mars 1975
© Christian Weiss pour Libération

Aout 1977 sur le plateau du Larzac. Rassemblement contre l'extension d'un camp militaire sur le causse
© Armand Borlant pour Libération

11 novembre 1989. Chute du mur deBelrin. Entre la porte de Brandebourg et Potsdamer platz
© Raymond Depardon. Magnum Photos pour Libération

Manifestation Anti-Le Pen, Place de la Nation à Paris le 29 avril 2002. Paris
© Guillaume Herbaut. Vu’ pour Libération

2 mars 2017 Nîmes. Campagne présidentielle 2017. Déplacement de François Fillon, candidat Les Républicains à l’élection présidentielle. François Fillon visite l’exploitation de Romain Angelras, viticulteur
© Albert Facelly pour Libération

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