dimanche 11 septembre 2022

Serge Stavisky (1886-1934)

Serge Alexandre Stavisky (1886-1934), escroc français juif qui décède dans des circonstances non élucidées, est à l'origine d'un scandale financier - système de Ponzi - et politique, teinté de corruption, en 1934, sous la IIIe République marquée par l'instabilité gouvernementale et la crise économique. L'affaire Stavisky
joue un rôle dans la chute du deuxième gouvernement de Camille Chautemps et l'apparition des émeutes antiparlementaires du 6 février 1934. Arte diffusera le 12 septembre 2022 à 20 h 55 « Stavisky » d’Alain Resnais (1974) avec Jean-Paul Belmondo, Annie Duperey, Michael Lonsdale, Claude Rich, Gérard Depardieu.


Serge Alexandre Stavisky (1886-1934) naît dans une famille juive à Slobodka, alors dans l’empire russe.

La famille Stavisky s’installe en France quand Serge Stavisky a 12 ans. Emmanuel Stavisky, père d’Alexandre Stavisky, exerce son métier de chirurgien-dentiste à Paris.

Alexandre Stavisky est élève au lycée Condorcet, et obtient la nationalité française en 1910.

Jeune, il dérobe les prothèses en or de son père, et les revend à des receleurs du quartier parisien du Marais.

En 1912, il monte une escroquerie avec son grand-père Abraham Stavisky en se présentant comme directeur estival des Folies Marigny. Après quelques soirées de spectacles, il fuit avec l’argent avancé par divers prestataires ou concessionnaires.

Il multiplie les délits : faux chèques, trafic de drogue avec la Turquie, escroquerie liée aux bons du Trésor, etc. Parfois avec Jean Galmot.

Ne pouvant indemniser les victimes de son fils, Emmanuel Stavisky se suicide.

Alexandre Stavisky est condamné à dix-huit mois d’emprisonnement à la prison de la Santé. Grâce à un faux certificat médical, il parvient à obtenir sa libération.

Alexandre Stavisky épouse Arlette, ancienne mannequin pour Chanel.

Dans les années 1930, propriétaire du Théâtre de l’Empire, Alexandre Stavisky « explose dans un tourbillon enivrant de fêtes, entre luxe, argent et pouvoir. Ce funambule de la finance se joue avec élégance et délectation de la morale d'une classe politique corrompue. Dandy, beau parleur, incroyablement séduisant, il met Paris à ses pieds ».

Comme Marthe Hanau (1886-1935), il recourt à l’escroquerie financière dite « système de Ponzi » : les investissements sont rémunérés par l’argent de nouveaux investisseurs. 

Il soigne ses relations avec des politiciens, des journaux, des magistrats, des policiers.

Mais l’enquête dirigée par Albert Prince, chef de la section financière du parquet de Paris, « quelques transactions périlleuses, quelques fortunes mises à mal l'entraînent rapidement vers le fond. Sa chute est aussi vertigineuse que son insolente ascension ». 

Le 25 décembre 1933, Gustave Tissier, directeur du Crédit municipal de Bayonne créé par Stavisky, est arrêté pour fraude et pour avoir mis en circulation des faux bons au porteur pour 25 millions de francs. Un mécanisme rendu possible par la complicité de Dominique-Joseph Garat, député-maire de Bayonne.

Le « Beau Sacha » décède « dans des conditions mystérieuses » le 8 janvier 1934, dans un chalet de Chamonix. Suicide ? Assassinat ? Hebdomadaire satirique, Le Canard enchaîné a titré « « Stavisky se suicide d'un coup de revolver qui lui a été tiré à bout portant. »

Le « meurtre de Stavisky, maquillé en suicide, entraîne la France dans les émeutes » antiparlementaires du 6 février 1934 et « la tentative de coup d'Etat des ligues fascistes... » Il joua un rôle dans la chute du deuxième gouvernement Camille Chautemps, radical.

Léon Daudet forge le néologisme « stavisqueux » pour qualifier les prétendus complices de Stavisky.

Le 16 février 1934, le cadavre d’Albert Prince est découvert.

Veuve, Arlette Stavisky s’installe aux Etats-Unis avec ses deux enfants, Claude et Micheline et y débute une carrière de danseuse. Elle rentre trois ans plus tard en France où elle gagne sa vie comme couturière dans un quartier parisien huppé.

Alain Resnais
Arte diffusera le 12 septembre 2022 à 20 h 55, dans le cadre d'une soirée hommage au réalisateur, « Stavisky », film réalisé par Alain Resnais (1974) avec Jean-Paul Belmondo, également co-producteur avec Georges Dancigers et Alexandre Mnouchkine, Annie Duperey, Michael Lonsdale, Claude Rich, Charles Boyer, François Périer, Gérard Depardieu. Le scénario est signé par Jorge Semprún et la musique par Stephen Sondheim.

« Huit ans après sa mort, l’œuvre d’Alain Resnais reste inclassable, à la fois savante et ludique, élitiste et éminemment populaire. Génial inventeur de formes, le cinéaste français a exercé une influence considérable, qui s’étend jusqu’à Hollywood. Révélé par des documentaires engagés, il s’est imposé par un cinéma de l’imaginaire et de la fantaisie, en résistance à la dureté du monde. ARTE lui rend hommage le temps d'une soirée, avec son film "Stavisky..." porté par Jean-Paul Belmondo, suivi d'un portrait inédit réalisé par Pierre-Henri Gibert. »

« La chute de l’escroc Stavisky, chevalier d’industrie. Alain Resnais met en scène l’agonie de la IIIe République et la fin d’un monde, à son inimitable manière. »

« Serge Alexandre, tel qu’il se fait désormais nommer, manipule aussi bien l’argent que ceux qu’il en déleste. Menant ses affaires de loges de théâtre en palaces, il drape sa vie d’un luxe d’apparat, entre Paris, Biarritz et la riviera, toujours accompagné de sa femme, splendide, et d’un entourage complaisant qui profite de ses largesses ». 

« Derrière l’homme d’affaires, un escroc, émigré et fils de juif ukrainien parti de rien, qui a su mettre le Paris mondain à sa botte, tout autant que la presse, la police et les politiques… Flambeur, orgueilleux, prêt à tout pour prendre la lumière, Stavisky s’endette. Pour se remettre à flots, il propose à un contact de faciliter le transfert de fonds d'une vente d'armes, fournies par Mussolini, pour appuyer un coup d’État en Espagne. »

« Avec ce film au casting de choix (Belmondo, Annie Duperey, Michael Lonsdale, Claude Rich…), Resnais déjoue les pièges de l’adaptation historique – Stavisky, escroc notoire du crépuscule de la IIIe République, précipita la chute du gouvernement français en 1934 – pour se livrer à l’étude de la psyché d’un homme dont la vie entière relève de la fiction, ainsi qu’à la peinture des derniers feux d’un monde condamné par le fascisme ». 

« Monté en flashback, le film oscille entre le portrait d’un vendeur de vent et la chronique de la société qui le sanctionne, sans lui survivre bien longtemps. Alain Resnais y apporte sa patte, expressive et mélancolique, de rêveur de génie ».

Présenté en sélection officielle au Festival de Cannes 1974, le film est mal accueilli par la presse. 

« Je ne voulais pas que le film aille à Cannes. On m'a persuadé du contraire. Un massacre ! Resnais n'avait pas tourné depuis cinq ans et c'est la seule fois où il s'est fait traîner dans la merde. (...) Les critiques ne m'ont jamais empêché de dormir, sauf sur Stavisky. Il y a eu un tel déchaînement. Là, j'ai dit : "C'est vraiment des cons !" Dans Stavisky, ils me reprochaient d'être sympathique. Mais vous connaissez un escroc antipathique, vous ? Un escroc antipathique, il n'escroque personne ! », se souvenait Jean-Paul Belmondo.


« Stavisky, l'escroc du siècle »
France 5  diffusa le 6 mars 2017 à 20 h 50 « Stavisky, l'escroc du siècle », film réalisé par Claude-Michel Rome (2013) avec Isabelle Gélinas, Francis RenaudTomer Sisley y incarne Stavisky. 

L’évocation du parcours de Serge Alexandre Stavisky, dit le « Beau Sacha » (1886-1934), escroc français juif ayant noué des relations dans les milieux de la politique, de la presse et de la justice, et étant décédé dans des circonstances non élucidées.


« Stavisky » d’Alain Resnais
France, Italie, 1974, 2 h
Scénario : Jorge Semprún
Production : Cérito Films, Les Films Ariane, Euro International Films
Producteur : Jean-Paul Belmondo
Image : Sacha Vierny
Montage : Albert Jurgenson
Musique : Stephen Sondheim
Avec Jean-Paul Belmondo (Serge Alexandre Stavisky), Charles Boyer (Baron Raoul), Anny Duperey (Arlette), Michael Lonsdale (Docteur Mézy), François Périer (Albert Borelli), Claude Rich (Inspecteur Bonny), Roberto Bisacco (Juan Montalvo de Montalbon), Gérard Depardieu
Sur Arte les 12 septembre 2022 à 20 h 55, 5 octobre 2022 à 13 h 35, 8 octobre 2022 à 2 h 15
Visuels :
Jean-Paul Belmondo (Serge Alexandre), Michael Lonsdale et Pierre Vernier dans le film " Stavisky" de Alain Resnais
Anny Duperey (Alette) et Jean-Paul Belmondo (Serge Alexandre) et Charles Boyer (Le baron Jean Raoul) et Roberto Bisacco ( Juan Montalvo de montalbon ) dans le film " Stavisky" de Alain Resnais
Jean-Paul Belmondo (Serge Alexandre) et François Périer(Albert Borelli) dans le film " Stavisky" de Alain Resnais
Jean-Paul Belmondo (Serge Alexandre) dans le film " Stavisky" de Alain Resnais
© Cérito Films/ Films Ariane/

« Stavisky, l'escroc du siècle » par Claude-Michel Rome
Septembre Productions, 2013, 1 h 35 min
Tomer Sisley / Serge Alexandre Stavisky
Francis Renaud / l'inspecteur Pierre Bony
Isabelle Gélinas / Stella Kirov
Pierre Cassignard / Guillaume Faure
Raphaëlle Agogué / Arlette Stavisky
Hubert Saint-Macary / André Simon
François Feroleto / Lino Baldi
Frédéric Van Den Driessche / Albert Prince
Frédéric Porte / Musique
Sur France 5 le 6 mars 2017 à 20 h 50


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Les citations proviennent du communiqué de presse et d'Arte. Cet article a été publié le 6 mars 2017.

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