lundi 26 février 2024

L'attentat terroriste palestinien à l'hôtel Savoy en 1975

Dans la nuit du 5 au 6 mars 1975, un commando de terroristes palestiniens de 
l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) prennent en otages huit personnes à l'hôtel Savoy de Tel Aviv (Israël). L'Etat Juif effectue une opération de sauvetage : cinq otages sont libérés, sept des huit terroristes sont éliminés, deux soldats israéliens sont tués. Arte diffuse sur son site Internet « Savoy » de Zohar Wagner relatant l'attentat terroriste palestinien, et désigne les terroristes de l'OLP par les termes inadéquats et partiaux : « combattants » et « militants ».

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Au soir du 5 mars 1975 à Tel Aviv (Israël), huit terroristes palestiniens de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), arrivés du Liban par voie maritime, sont repérés par une patrouille de la police israélienne alors qu’ils atteignent une plage de Tel Aviv.

La police parvient à toucher les bateaux dont un, chargé d’explosifs, explose. 

Les terroristes palestiniens parviennent à fuir, mais laissent derrière eux une grande partie de leurs armes.

Ils lancent des grenades dans la rue Herbert Samuel, échouent à entrer dans une salle de cinéma, ne parviennent pas à localiser leurs cibles originelles, et font irruption dans l’hôtel Savoy, seul bâtiment illuminé dans la rue. Trois personnes y sont tuées, trois autres parviennent à fuir. La plupart des clients et employés de l’hôtel sont pris en otages et amenés au dernier étage de l’immeuble.

Moshe Deutschmann, un soldat de la Brigade Golani, rentre chez lui. Il entend des coups de feu, et se dirige vers l’hôtel. Il voit deux terroristes tenter de quitter l’immeuble, et tente de les éliminer, mais il est gravement blessé par eux. Amené plus tard à l’hôpital Hadassah, il meurt des suites de ses blessures et sera honoré à titre posthume pour son action héroïque.

Les terroristes palestiniens détruisent une partie de l’hôtel et exigent que soient libérés vingt prisonniers condamnés pour terrorisme sinon ils tueront leurs huit otages. 

Parmi ces otages : Kohava Levy, femme au foyer israélienne d’origine yéménite, âgée de 31 ans, arabophone, médiatrice volontaire entre les terroristes et les Israéliens. Elle s’efforce de sauver des otages et livre des informations sur les terroristes à ses interlocuteurs israéliens.

Menée par Rubi Peled, des négociations débutent. « Les terroristes ont exigé que l’ambassadeur français vienne discuter des modalités de leur sortie de l’hôtel ».

L’armée israélienne décide d’une opération pour libérer les otages. Cette opération est effectuée au matin du 6 mars par l’unité de commando contre-terroriste Sayeret Matkal qui élimine sept des huit terroristes palestiniens, et s’empare du huitième, Mousa Jum’a at-Tallaqa. Le Colonel Uzi Yairi et le sergent Itamar Ben-David sont tués lors de l’opération. 

Cinq otages sont libérés, et les autres tués par les terroristes.

Le navire ayant transporté les terroristes palestiniens a été capturé par la Marine israélienne au large de la ville israélienne de Hedera : deux membres égyptiens de l’équipage sont libérés, et les autres sont condamnés par Israël à des peines d’emprisonnement.

Dans son récit publié le 17 mars 1975, Time magazine  a présenté à tort Kohava Levy comme « une petite prostituée aux cheveux noirs qui s’était réfugiée au Savoy pour éviter une rafle de la police », alors que cette trentenaire se trouvait à l’hôtel avec son amant, Avrahim Azikri, décorateur d’intérieur âgé de 28 ans. Elle a gagné le procès intenté au magazine Time, pour cette présentation erronée, mais cet article non corrigé est lisible sur Internet. Son infidélité a occulté le courage dont elle a fait preuve. En 2019, âgée de 75 ans, elle meurt d’un cancer.

Quant à Avi Azikri, blessé par un tir de terroriste, il a tenté de se présenter comme Britannique dans l’espoir d’être libéré rapidement. Alors Premier ministre, Yitzhak Rabin, lui a rendu visite à l’hôpital où il se rétablissait. Shimon Peres était alors ministre de la Défense.

Le terroriste palestinien Mousa Jum’a at-Tallaqa a été jugé en Israël, et condamné à mort par pendaison en mars 1976. Sa peine a été commuée en détention à vie. Ce terroriste a été libéré lors d’un échange de prisonniers en 1985.

Les cadavres des autres terroristes ont été rendus par Tsahal en mai 2012, au titre de « geste de bonne volonté » d’Israël.

L’hôtel Savoy a été démoli, et entièrement reconstruit sur place. Il a réouvert en 1987. Une plaque rappelle le souvenir des victimes.

En août 2012, parallèlement à la restitution des corps des terroristes, la municipalité de Ramallah a approuvé la construction d’un mausolée en hommage aux huit terroristes impliqués dans cet attentat.

En avril 2021, la branche à Chékhem (Naplouse) du Fatah a allégué, dans un post sur Facebook louant l’attentat terroriste, que 50 à 100 soldats israéliens y auraient été tués.

Cet attentat est le thème de « Savoy », documentaire de Zohar Wagner. La réalisatrice a utilisé des archives et les journaux personnels de Levy pour reconstituer cet attentat. Dana Ivgy y interprète le rôle de Kohava Levy, et Ala Dakaa celui du chef du commando terroriste palestinien.

Au Festival du film de Jérusalem 2022, le film a été distingué par le Prix du Meilleur réalisateur de documentaire et le Prix du meilleur montage. Des membres de la famille de Kohava Levy ont assisté à la projection du documentaire.

 « Savoy »
« La Lucarne » - Résolument excentrique, le documentaire d’auteur. Rendez-vous unique dans le paysage télévisuel, fenêtre rare sur la vertigineuse diversité des réels, des vécus et des imaginaires, « La Lucarne » constitue un patrimoine cinématographique international, pluriel, polyglotte, audacieux et résolument excentrique. » 

Arte diffuse sur son site Internet « Savoy » de Zohar Wagner, journaliste, productrice et réalisatrice israélienne d'origine américaine, née en 1970.

« À partir du journal intime d'une otage, héroïne oubliée qui a joué les intermédiaires entre membres du Fatah et Tsahal, la saisissante reconstitution de l'intérieur de l'attaque terroriste contre l'hôtel Savoy de Tel-Aviv en 1975. » 

« Quand des membres du Fatah la prennent en otage avec sept autres clients à l'hôtel Savoy de Tel-Aviv, le 5 mars 1975, Kochava Levy est convaincue qu'elle ne reverra jamais sa fille. "Je vais mourir ce soir, c'est évident, dans cet hôtel miteux, et la vérité éclatera", écrit-elle dans son journal. »

« Car si elle craint pour sa vie, Kochava, 31 ans, qui n'y est pas avec son mari, est aussi terrifiée qu'on découvre sa liaison. »

« Pourtant, parce qu'elle a appris l'arabe enfant dans un quartier pauvre, cette femme au foyer sert d'intermédiaire entre terroristes et forces israéliennes, devenant l'héroïne d'un soir. »

« Prenant soin des victimes, elle parvient même à faire libérer un otage blessé. »

« Cette nuit-là, j'ai l'esprit extrêmement clair", note-t-elle encore ». 

« Les négociations s'engagent ». 

« Les combattants de l'OLP exigent la libération de dix de leurs frères militants détenus en Israël et un avion de l'ONU pour se rendre en Syrie sous la supervision des ambassadeurs de France et du Vatican ». La terminologie d'Arte révèle la partialité de la chaine franco-allemande, incapable ou refusant de désigner les terroristes palestiniens.

« Au fil des heures, un lien se tisse entre Kochava et un Palestinien ». 

« À l'aube, l'armée israélienne donne l'assaut. » 

« Mêlant les reconstitutions à partir du journal intime de Kochava Levy, dont des extraits sont lus en voix off, les échanges de l'époque captés par un radioamateur et des archives, Zohar Wagner retrace l'histoire de cette femme, disparue en 2019, célébrée comme une héroïne, avant d'être traînée dans la boue par les médias israéliens affirmant qu'elle est une prostituée. »

« Racontant la prise d'otages de l'intérieur, sa violence, ses zones grises, l'attente suspendue et les fragiles instants de grâce aussi, son film hybride tient sa force de l'extraordinaire acuité de cette victime oubliée. »

Traversée par des réminiscences de son enfance, Kochava, face à l'effroi – "Y aura-t-il un demain ?" –, observe les uns et les autres, dont son amant docile, la peur, les lueurs d'humanité et les lâchetés. »

« Dans son regard empreint de profondeur, la chronique poignante de ces heures de chaos. »



« Savoy » de Zohar Wagner
Production : Wagner Films, Zohar
Israël, 2022, 75 min
Disponible du 11/09/2023 au 08/03/2024

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