dimanche 3 décembre 2023

Ida Laura Pfeiffer (1797-1858)

Ida Laura Pfeiffer (1797-1858) était une exploratrice, ethnographe, femme de lettres auteure de best sellers et naturaliste née et morte à Vienne. Entre 1846 et 1855, elle a effectué deux tours du monde. Arte diffuse sur son site Internet, dans le cadre de la série d'animation « Cherchez la femme ! », « Ida Pfeiffer – Les grands récits d'aventure du XIXe siècle ».

Ruth Beckermann, documentariste

Ida Laura Pfeiffer (1797-1858) est née dans la  famille nombreuse bourgeoise aisée Reyer à Vienne, alors capitale du Saint-Empire romain germanique.

Son précepteur, le poète et écrivain Emil Trimmel (1786-1867) donne le goût de la géographie à ce garçon manqué intrépide, et l'invite à lire des récits de voyages. Agée de cinq ans, elle visite la Terre Sainte. Son père décède en 1806.

En 1820, Ida Reyer épouse le Dr. Mark Anton Pfeiffer, son aîné de vingt-quatre ans et juriste à Lemberg (Lviv, maintenant en Ukraine). Le couple vit dans cette ville et a deux garçons. Anton Pfeiffer est appauvri par sa lutte contre la corruption.  Ida Pfeiffer se sépare de son époux en 1833, et s'installe à Vienne avec ses enfants où elle survient aux besoins de sa famille.

En 1836, elle se rend chez un oncle, à Trieste, et prend goût aux voyages.

Six ans plus tard, en décembre 1842, âgée de 47 ans, Ida Pfeiffer visite seule Constantinople (Istanbul), la Terre sainte (27 mai-18 juin 1842) - Césarée, Jaffa, mer Morte, rives du Jourdain, Nazareth, Tibériade où elle séjourne chez un médecin juif, Saint-Jean-D'acre - et l'Égypte. A Jérusalem, elle visite l'église du Saint-Sépulcre et fait la connaissance du médecin botaniste Friedrich von Berchtold (1781-1876). 

Ida Pfeiffer "remarqua les grands troupeaux de moutons et de chèvres et la vallée fertile et bien peuplée du Sharon. Autour de Jérusalem, elle pensait que la terre était désolée et aride, critiquant ainsi les habitants de ne pas améliorer la culture de leurs produits naturels, faisant ainsi écho aux stéréotypes européens de l'Oriental indolent et arriéré : « S'ils voulaient seulement faire des efforts, de nombreuses plantes sans aucun doute s’épanouir de manière luxuriante. Elle a également fait remarquer que si les gens savaient cultiver la vigne et préparer le vin, celui-ci pourrait être excellent. Du sommet du mont Thabor, elle observa la vallée en contrebas, remarquant que malgré la richesse du sol, la population était clairsemée. Durant tout son séjour, elle n'a jamais vu de produits agricoles transportés par chariots. Les routes étant mauvaises, on utilisait des chevaux, des ânes et parfois des chameaux. Cependant , plus tard, elle a imputé la pauvreté qu’elle a constatée et le manque de développement agricole non pas aux habitants, mais à la politique ottomane. Selon elle, les habitants de la Syrie étaient écrasés et les impôts étaient trop élevés. Elle a appris que les vergers, par exemple, n’étaient pas taxés comme des vergers, mais que chaque arbre était taxé individuellement, un système qui décourageait le développement agricole. Comme les paysans n’étaient pas propriétaires de la terre, ils n’étaient guère incités à l’améliorer. Au gré des pachas locaux, ils pouvaient être déplacés vers un autre terrain ou même dépossédés. Même si elle était globalement bien disposée envers les Turcs, elle fait écho aux notions orientalistes du Turc despotique lorsqu'elle critique la tyrannie arbitraire des pachas locaux dont le pouvoir dans la région qu'ils dirigeaient était aussi grand, à son avis, que celui du sultan de Constantinople. (...)
Elle trouva Jaffa sale et bondée.  Au moment de sa visite à Jérusalem, Jérusalem était, avec ses 25 000 habitants, la plus grande ville de Terre Sainte. Elle rapporte que les maisons, dont beaucoup avaient des coupoles rondes, étaient construites en pierre et que les remparts de la ville étaient élevés et bien conservés. Parmi les mosquées, elle pensait que la mosquée d'Omar, avec son toit couvert de plomb, était la plus belle. Selon elle, Jérusalem était animée , mais possédait un bazar de mauvaise qualité et le quartier juif densément peuplé, où la peste éclatait généralement en premier, dégageait une odeur nauséabonde. Lorsqu'elle visita Tibériade, la ville était encore à moitié en ruines suite au tremblement de terre dévastateur de 1837 (elle écrit par erreur 1839) au cours duquel, selon elle, de nombreuses personnes avaient péri. (...) 
Dans l’ensemble, elle considère les habitants de Terre Sainte de manière plutôt positive. (...)
Une autre personne qu'elle rapporte avoir rencontré était un gentil médecin juif à Tibériade chez qui Pfeiffer et son groupe séjournaient parce qu'il n'y avait pas d'auberges. Elle rapporte que de nombreux Juifs vivaient dans la ville. Ils ne portaient pas de vêtements grecs ou turcs, mais s'habillaient comme leurs compatriotes juifs de Galice et de Pologne et la plupart parlaient allemand. Elle apprit que toutes les familles juives de la ville étaient originaires de Pologne ou de Russie et s'étaient installées là-bas parce qu'elles voulaient mourir en Terre promise. Le médecin lui a raconté les souffrances causées par le tremblement de terre au cours duquel il avait perdu sa femme et ses enfants et il n'avait pu s'en sortir que parce qu'il se trouvait au chevet d'un patient. Dans sa discussion sur les Juifs de Tibériade, ses commentaires sont factuels et descriptifs et ne portent pas de jugement."
En 1843, les souvenirs de voyage d'Ida Pfeiffer sont publiés par un éditeur viennois sous le titre Reise einer Wienerin in das Heilige Land ("Voyage d'une Viennoise en Terre sainte"). Elle présente son séjour comme celui d'une personnage effectuant un pèlerinage.

Ses voyages suivants la mènent en 1845 en Islande, en Scandinavie. L'année suivante, paraît Reise nach den skandinavischen Norden und der Insel Island ("Voyage vers le nord scandinave et l'île d'Islande"), assorti d'un sous-titre de l'éditeur : « par l'auteur d'une Viennoise en Terre Sainte ».

Ida Pfeiffer débute alors son premier tour du monde via le cap Horn par bateaux et chameaux. Elle retrouve Vienne en pleine Révolution, le 4 novembre 1848. En 1850, son récit Eine Frau fährt um die Welt (Voyage d'une femme autour du monde), est publié.

En 1851, Ida Pfeiffer effectue un second tour du monde par le cap de Bonne-Espérance. Quatre ans plus tard, après avoir revu son fils cadet aux Açores, elle arrive en Autriche. En 1856, est publié à Vienne son récit Meine zweite Weltreise et en 1885 Hachette l'édite sous le titre Mon second voyage autour du monde.

Son dernier voyage la mène à Madagascar dans une période troublée politiquement.

Après son décès à Vienne en 1858 est publié en 1861 son récit de voyage à Madagascar sous le titre de Reise nach Madagascar.

De ses périples, elle a ramené des spécimens de plantes, d'insectes, de reptiles et de papillons qui enrichissent les collections de musées viennois, et des récits best-sellers publiés et traduits en sept langues - Voyage d'une femme autour du monde (1859), Mon second voyage autour du monde (1859), Voyage à Madagascar (1881). Le succès de ces livres tient à la spécificité de la voyageuse, une femme seule, sans fortune.

Estimée de ses pair, elle était membre des Sociétés de géographie de Berlin et de Paris.

« Ida Pfeiffer – Les grands récits d'aventure du XIXe siècle »
« Saviez-vous qu’Adam a eu une compagne avant Ève ? Qu’il existait des femmes vikings ou samouraïs et même des exploratrices ? Que ce sont des femmes qui ont inventé la bière ? Connaissez-vous le nom de celle qui a écrit le tout premier algorithme de l’histoire ? De celle qui a inventé l’aquarium ? De celle qui a créé le Monopoly ? Ou encore de celle qui, la première, a découvert que la terre et le soleil ne sont pas fait des mêmes éléments comme le pensait le monde scientifique ? » 

« Artistes, scientifiques, femmes politiques, penseuses, sportives, guerrières... De nombreuses femmes ont changé le cours de l'Histoire et n'apparaissent pourtant pas dans les livres qui la retracent. »

« Cherchez la femme ! » est « une série d'animation aux dialogues teintés d’humour grinçant de Julie Gavras (Les bonnes conditions) pour mettre en lumière les mécanismes d'invisibilisation des femmes dans l'Histoire ». 

« En trente épisodes de trois minutes, cette série en stop motion, aussi drôle que percutante, présente un nouveau livre d'Histoire pour exhumer leurs destins, remet en lumière leurs parcours, en exposant les raisons de cette occultation. Elle explore surtout les mécanismes à l'oeuvre, ceux qui les ont reléguées dans l’ombre, invisibilisées, effacées des livres d’histoire ou spoliées. »

« Ouvrant un à un les grands chapitres de l’Histoire de l’Homme, un narrateur pontifiant, auquel Denis Podalydès prête ses géniales intonations, voit se détacher les silhouettes en papier de toutes ces femmes oubliées. » Il n'y a pas d'« Histoire de l’Homme », mais l'Histoire.

« Régulièrement interrompues par les soupirs exaspérés et les piques misogynes de leur interlocuteur, ces artistes, penseuses, sportives et scientifiques racontent leurs parcours et les raisons de leurs disparitions sans se laisser impressionner. Certaines étaient reconnues en leur temps, mais oubliées par la suite, d’autres ont vu leurs réalisations minimisées, occultées voire spoliées par des hommes. »

« Des comédiennes, musiciennes et journalistes prêtent leur voix à ces femmes remarquables Emmenée par un impressionnant casting de voix (Agnès Jaoui, Clémence Poésy, Laetitia Casta, Aïssa Maïga, Isabelle Carré, Florence Loiret-Caille, Camille Cottin…), cette série expose les mécanismes d’invisibilisation auxquels se sont heurtées les femmes à travers les siècles. »

Arte diffuse sur son site Internet, dans le cadre de « Cherchez la femme ! », « Ida Pfeiffer – Les grands récits d'aventure du XIXe siècle ».

« Jules Verne s’est inspiré des grands scientifiques et explorateurs du XIXe siècle pour écrire ses épopées extraordinaires. »

« Mais celles-ci ne présenteraient-elles pas de troublantes similitudes avec les récits d’Ida Pfeiffer (1797-1858) ? »

« À 45 ans, cette aventurière autrichienne a réalisé deux tours du monde, descendant même dans des volcans en rappel… »


France / Belgique, 2021, 30x3’)
Coproduction : ARTE France, Zadig Productions, Les Films du Bilboquet, Iota Production, Pictanovo, RTBF
Série en animation de Julie Gavras
Réalisation : Julie Gavras, Mathieu Decarli
Création graphique : Mathieu Decarli, Olivier Marquézy
Avec les voix de Raphaëline Goupilleau et Denis Podalydès, de la Comédie-Française - 

France / Belgique, 2021, 3 minutes
Sur arte.tv du 05/12/2022 au 03/12/2027
Visuels : © DR

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