lundi 16 août 2021

Jacques Companéez (1906-1956)

Jacques Companéez (1906-1956) est un scénariste et dialoguiste juif, naturalisé tardivement français, né dans l'empire russe. Après avoir débuté une carrière artistique à Berlin, il fuit l'Allemagne nazie en se réfugiant en France. Là, il signe les scénarios d'environ 80 films, dont Casque d'or de Jacques Becker. Arte diffuse sur son site Internet « Adorables créatures » (Liebenswerte Frauen?) de Christian-Jaque, avec Daniel Gélin, Danielle Darrieux, Renée Faure, Martine Carol (Minouche), Antonella Lualdi, Edwige Feuillère, Marilyn Buferd, Louis Seigner.


Jacques Companéez ou Companeez (1906-1956) est né Jacob Kompaneizeff dans une famille juive bourgeoise à Nijyne, alors dans l’empire russe et actuellement en Ukraine.

"Son père, Wladimir est docteur en médecine. Après avoir obtenu son baccalauréat au lycée de Saint-Pétersbourg, Jacob débute ses études à l’université. Il est contraint de les abandonner après seulement quelques mois à la suite d’une opération « d’épuration » menée par les bolcheviques parmi les étudiants : fils de médecin, il ne pouvait attester une origine prolétarienne."

"Grâce à son père il obtient un passeport pour l’étranger et peut ainsi quitter la Russie en 1925. Il s’installe en Allemagne où il poursuit ses études à l’Ecole Polytechnique de Strelitz (Mecklenburg), et en sort avec un diplôme d’ingénieur électricien en 1929. Au cours de cette période, son père, ne pouvant concilier son éthique de chef de clinique avec les exigences du régime, met fin à ses jours. Jacob décide alors de ne plus jamais retourner en Russie."

"Jacob se marie en 1930 avec Tamara Stein, une réfugiée russe bénéficiaire du passeport Nansen. Sa première fille, Irène, nait en Allemagne. Mais Jacob est chassé de son poste d'ingénieur électricien par les lois anti-juives. Il devient scénariste pour le cinéma allemand. En 1933, il écrit le scénario de Tausend für eine Nacht de Max Mack. Il est cependant de nouveau marginalisé et doit continuer le travail sous pseudonyme."

"De plus en plus menacé, il quitte l’Allemagne pour la France où il arrive le 5 mars 1936. Sa deuxième fille, Nina, y nait le 26 aout 1937."

Monteuse, scénariste, dialoguiste et réalisatrice talentueuse, Nina Companeez (1937-2015) "se plaisait à raconter, avec fierté, que persécuté en Allemagne, il a commencé, en France, à vendre ses scénarios sur le quai de la gare, à Paris, alors qu’il ne parlait pas un mot de français." 

En France, Jacques Companeez écrit les scenarii de films devenus souvent des classiques : Les Bas-fonds de Jean Renoir (1936) "qu’il adapte avec l'écrivain Ievgueni Zamiatine de la pièce éponyme de Maxime Gorki, et dans lequel jouent Jean Gabin et Louis Jouvet", Au service du tsar de Pierre Billon (1936), L'Alibi de Pierre Chenal (1937), Katia de Maurice Tourneur (1938), La Maison du Maltais de Pierre Chenal (1938), J'étais une aventurière de Raymond Bernard (1938), Nostalgie de Victor Tourjansky (1938), Pièges de Robert Siodmak (1939), Sérénade de Jean Boyer (1940), L'Émigrante de Léo Joannon (1940)…

"Menacé sous l’Occupation nazie allemande, Jacques Companeez continue cependant à écrire pour la société de production Continental sous pseudonyme, travaillant clandestinement à Nice et Juan les Pins de 1940 à 1944".

"Dans Voici venir l’orage, Nina Companeez racontait, en trois épisodes, Moscou, Berlin, et Paris, l’histoire de sa propre famille, juive, persécutée de la Russie bolchevique jusqu’aux abords de Nice. Ou elle-même a vécu cachée, avec sa sœur, toute une partie de la guerre".

A la Libération, "de retour à Paris, Jacques Companeez qui a jusque là conservé son passeport soviétique dans l’espoir de pouvoir faire venir sa mère en France réalise que cet espoir ne se réalisera jamais et que ses contacts avec sa mère mettent celle-ci en danger. C’est alors qu’il demande et se voit reconnaître le statut de réfugié en 1951."

Jacques Companeez signe les scénarios Un ami viendra ce soir de Raymond Bernard (1946), Les Maudits de René Clément (1947), Casque d'or de Jacques Becker (1952), Nagana de Hervé Bromberger (1955), Club de femmes de Ralph Habib (1956), Folies Bergère de Henri Decoin, Je reviendrai à Kandara de Victor Vicas (1957) avec Daniel Gélin et Bella Darvi.

"Jacques Companeez est décédé le 13 septembre 1956. Il a été naturalisé après son décès en 1957, en même temps que ses filles, la réalisatrice Nina Companeez et la cantatrice Irène Companeez."

Dans le documentaire « Nansen, un passeport pour les apatrides » coréalisé avec Philippe Saada, Valentine Varela, fille de Nina Companeez et comédienne, relate notamment l'exil de sa famille.

« Un ami viendra ce soir »
« Un ami viendra ce soir » de Raymond Bernard (1946) est interprété par Michel Simon, Madeleine Sologne, Paul Bernard et Louis Salou. En 1944, des résistants et une jeune juive se cachent dans une clinique psychiatrique savoyarde.

« En août 1944, dans les Alpes, les soldats allemands de la Wehrmacht pénètrent  dans un village de Savoie qui n'était pas encore occupé. Dans le chaos lié à cette intrusion brutale, la postière, Claire, en profite pour alerter discrètement par téléphone la clinique psychiatrique du docteur Lestrade, qui se trouve non loin de là ». 

"Le « commandant Gérard, responsable de tous les maquis des Alpes, a établi son P.C. dans une maison de santé où avec ses adjoints, il est dissimulé parmi d'authentiques malades. Obligées de se comporter comme des fous parmi les fous, ces personnes traquées vivent des instants parfois difficiles ou déstabilisants, susceptibles de leur faire perdre momentanément leurs moyens. Dans l'établissement, Hélène, jeune juive, joue, quant à elle, la comédie de la folie et un médecin suisse » qui la courtise « pourrait bien être un espion à la solde des Allemands. Les affrontements sont terribles et on distingue difficilement les faux résistants des vrais aliénés… Les Alliés parachutent des armes, le médecin suisse se découvre, sa maîtresse le tue, tandis que les maquisards  descendent des montagnes aux accents du Chant de la Délivrance et qu'Hélène devient réellement folle ».

« Adorables créatures » 
Arte diffuse sur son site Internet, et en version restaurée, « Adorables créatures » (Liebenswerte Frauen?) de Christian-Jaque avec Daniel Gélin, Renée Faure, Antonella Lualdi, Edwige Feuillère, Marilyn Buferd et Louis Seigner.

« Un jeune marié se remémore ses (més)aventures passées... Par Christian-Jaque, une comédie de mœurs avec la crème du cinéma français des années 1950 (Daniel Gélin, Danielle Darrieux, Martine Carol, Edwige Feuillère...) ».  

« André Noblet, un jeune publicitaire parisien, vient d’épouser Catherine, la fille de ses voisins de palier. "Au fond, je peux bien te le dire maintenant, je n’ai jamais aimé que toi", lui jure-t-il. Vraiment ? C’est oublier Christiane, Minouche et Denise… »

« Une femme de tact sait tromper son mari avec beaucoup de décence »… Rythmé par les interventions d’une voix off narquoise à souhait, ce film à sketches de Christian-Jaque (Fanfan la Tulipe), aux situations et dialogues impertinents, rembobine les déconvenues sentimentales d’un don juan malmené (Daniel Gélin) : Christiane l’a abandonné quand elle a découvert que son mariage (et son confort) était menacé par les beaux yeux d’une secrétaire ; Minouche a fait durer leurs "fiançailles" à coups de migraines chroniques, avant de lui préférer un homme d’affaires au portefeuille plus replet ; et Denise, riche veuve épuisée par ses activités philanthropiques, lui a caché son âge. » 

« Si ce portrait satirique des femmes des années 1950 – ces "adorables créatures" expertes en manipulation et minauderies, savoureusement interprétées par des actrices au diapason – peut apparaître misogyne au spectateur d’aujourd’hui, d’aucuns estimeront que les hommes, à vouloir les cantonner aux fourneaux, y reçoivent une leçon méritée ».

Une série de portraits "non fémininement corrects" de Parisiennes bourgeoises ou prolétaires, toujours élégantes, et plus malignes ou lucides que les hommes.

L'action est située dans un Paris où pouvaient encore habiter des classes populaires.

La construction habile du film rend complice le téléspectateur par des commentaires spirituels sur les apprentissages sentimentaux d'un jeune homme candide. 



« Un ami viendra ce soir » de Raymond Bernard
France, Francinex, Compagnie Générale Cinématographique (CGC), Les Productions Jacques Roitfeld, 1946, NB, 2 h 05
Producteurs délégués : Raymond Artus, Albert Dodrumez, Robert Chabert, Marcel Roux, Jacques Roitfeld
Adaptateurs / Dialoguistes : Jacques Companeez, Raymond Bernard
Auteurs de l'œuvre originale : Jacques Companeez, Yvan Noé
Directeur de la photo : Robert Lefebvre
Cadreur : Leon Bellet
Monteuse : Charlotte Guilbert
Auteur de la musique : Arthur Honegger
Assistant à la réalisation : Guy Lefranc
Dialoguistes : Jacques Companeez, Raymond Bernard
Scénariste : Jacques Companeez
Ingénieur du son : Lucien Legrand
Directeur de production : Constantin Geftman
Scripte : Charlotte Lefèvre-Pecqueux
Photographe de plateau : Roger Corbeau
Avec Michel Simon, Madeleine Sologne, Paul Bernard, Louis Salou, Saturnin Fabre, Marcel André, Lily Mounet, Yvette Andréyor
Sur Ciné + Classique les 20 juin à 10 h 05 et 22 juin 2018 à 14 h 5011 janvier à 18 h 50  et 15 janvier 2019 à 06 h 30 

« Adorables créatures » de Christian-Jaque
France, Italie, 1952, 106 min
Scénario : Charles Spaak et Jacques Companeez
Production : Les Productions Jacques Roitfeld, Les Films Sirius, C.V.C.
Producteur : Jacques Roitfeld
Image : Christian Matras
Montage : Jacques Desagneaux
Musique : Georges Van Parys
Avec Daniel Gélin (André Noblet), Danielle Darrieux (Christiane Bertin), Renée Faure (Alice), Martine Carol (Minouche), Antonella Lualdi (Catherine Michaud), Edwige Feuillère (Denise Aubusson), Marilyn Buferd (Evelyne), Louis Seigner (Gaston Lebridel)
Disponible du 27/07/2021 au 26/08/2021
Visuels :
© DR
© Roger Corbeau/Productions J. Roitfeld

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