mardi 2 novembre 2021

Jacques Brel (1929-1978)

Jacques Brel (1929-1978) est un auteur/compositeur/interprète - Ne me quitte pas, Amsterdam, Quand on n'a que l'amour, La Valse à mille temps, Ces gens-là, Vesoul, Les Bourgeois, Madeleine, Mathilde, Jef, J'arrive -, guitariste, poète, comédien, scénariste, réalisateur, navigateur et pilote d'avion belge. 
Arte diffusera le 3 novembre 2021 « Jacques Brel à Knokke-le-Zoute, 1963 », concert d’Eurotéléfilms.


Avec Georges Brassens et Guy Béart, Jacques Brel est l'un des "3 B", ces auteurs-compositeurs et interprètes à la variété française ainsi qu'à sa renommée au-delà des frontières de l'hexagone. 

Des cabarets parisiens aux grandes scènes du music-hall, dont l'Olympia de Bruno Coquatrix, voire au cinéma, ils ont marqué des générations d'artistes dans le monde : plus de 25 millions d'albums du "Grand Jacques" ont été vendus dans le monde. Ray Charles, Nina Simone (Ne me quitte pas), Frank Sinatra (If You Go Away), David Bowie (Amsterdam) et Terry Jacks (Le Moribond) ont interprété certains de ses standards.

Jacques Brel est né en 1929 dans une famille catholique belge d'industriels.

Agé de seize ans, il achète une guitare et rencontre, au sein du mouvement de jeunesse catholique La France Cordée, Thérèse surnommée Miche qu'il épouse en 1950. La couple a trois filles : Chantal (1951-1999), France, née en 1953, et Isabelle, née en 1958. 

Jacques Brel travaille dans la cartonnerie familiale et se lance dans une carrière artistique dans des cabarets bruxellois.

Dans le livre et le coffret “Mes 50 ans de chansons Françaises», Jacques Canetti se souvient de sa rencontre avec Jacques Brel :
"Jacques Brel, alors inconnu du public, m’a fait parvenir une maquette de disque. Je l’ai écouté un soir de mai 1953 à minuit aux Trois Baudets. J’ai tellement été impressionné que j’ai téléphoné sur le champ à Bruxelles pour faire dire à Brel que je voulais le voir dans les plus bref délais.
Il vint. Jeune homme correct et timide. Pas question d’habiter à Paris, il était employé chez son père, industriel cartonnier et venait de se marier. J’étais très accroché par les quatre chansons que Brel avait enregistrées sur un souple et que l’on m’avait envoyées à son insu. Longue et amicale discussion. Mon enthousiasme finit par convaincre Brel ; il arrive fin septembre 1953 à Paris. Représailles immédiates de sa famille qui lui coupe les vivres. Jacques Brel interprète quatre chansons : La haine, Le grand Jacques, Sur la place, Il peut pleuvoir. Tous les thèmes bréliens étaient déjà là avec, en sous-jacence, l’espoir, le lyrisme, l’aspiration désespérée au grand amour.
De 1953 à 1958, je l’ai fait passer dans mon petit théâtre des Trois Baudets dans six spectacles à toutes les places imaginables.
Mais sa carrière dans le disque mit du temps à démarrer. Il fallut attendre que sa chanson Quand on n’a que l’amour, que je lui fis enregistrer,  obtienne le Grand Prix du Disque pour que Philips abandonne son attitude hésitante. Les choses changèrent à partir de 1958, toutes ces chansons auxquelles personne n’avait cru devinrent des classiques.
Brel était sans cesse préoccupé par le problème de la musique. Il a essayé tous les arrangeurs : André Grassi, André Popp, Michel Legrand, avant de se fixer sur François Rauber et Gérard Jouanest. Il prit la décision de quitter Philips en 1962, en même temps que moi. Mon dernier service aura été de confier la suite de sa carrière au plus doux et plus patient des Marouani : Charley.
Comme pour Brassens et Guy Béart, l’ensemble de son œuvre enregistrée reste le témoignage précieux et impérissable d’une grande époque du music-hall français."
A partir du moment où Jacques Brel abandonne la guitare pour chanter ses chansons, il se livre complètement dans l'interprétation de ses chansons de scène.

Parmi ses chansons les plus célèbres : Au printemps, Ne me quitte pas, Amsterdam, Quand on n'a que l'amour, La Valse à mille temps, La chanson des vieux amants, Les bonbons, Au suivant, Les bourgeois, Ces gens-là, Vesoul, La chanson de Jacky, Le Plat pays, Les Bourgeois, Marieke, Rosa, Madeleine, Mathilde, Jef, J'arrive, Regarde bien petit... 


En octobre 1968, à Bruxelles, débute la version francophone, par Jacques Brel, de L'Homme de la Mancha, comédie musicale - livret de Dale Wasserman, paroles de Joe Darion et musique de Mitch Leigh, d'après le roman de Miguel de Cervantes - où Jacques Brel joue le rôle de don Quichotte, Dario Moreno celui de Sancho Pança, et Joan Diener celui de Dulcinea. Alors que Paris devait accueillir le spectacle en décembre, Dario Moreno meurt le 1er décembre 1968 à 47 ans d'une hémorragie cérébrale à l'aéroport d'Istanbul. Célèbre comédien ayant effectué sa carrière principalement à la Comédie française, Robert Manuel succède à Dario Moreno durant les représentations à Paris. Un succès triomphal. Deux chansons restent dans les mémoires : La quête et L'Homme de la Mancha.

Jacques Brel a joué dans des films dès la milieu des années 1950, mais s’est consacré au cinéma, comme acteur après avoir mis fin à sa carrière de chanteur sur scène : « Les souris mènent la danse » de Roland Perault et « La Grande Peur de Monsieur Clément (court métrage) de Paul Diebens en 1956, « Les Risques du métier » d'André Cayatte (1967), « La Bande à Bonnot » de Philippe Fourastié (1968), « Mon oncle Benjamin » d'Édouard Molinaro (1969), « Mont-Dragon » de Jean Valère (1970), « Les Assassins de l'ordre » de Marcel Carné (1971), « L'aventure c'est l'aventure » de Claude Lelouch et « Le Bar de la Fourche » d'Alain Levent (1972), « L'Emmerdeur » d'Édouard Molinaro (1973).

Jacques Brel a aussi réalisé deux films qui ont été des échecs commerciaux : « Franz » (1971) avec la chanteuse Barbara, Danièle Évenou, Fernand Fabre et Serge Sauvion et « Le Far West » (1973) avec Gabriel Jabbour, Danièle Évenou et Charles Gérard - ce second film est présenté dans la Sélection officielle au Festival de Cannes de 1973. "J’ai été élevé dans une mentalité où on nous parlait encore du Far West. On nous a parlé d’aventures et de rêves que des hommes un peu fous ou un peu plus forts que les autres arrivaient à réaliser, a déclaré Jacques Brel à Denise Glaser (Discorama, ORTF, 14/06/1964).

" La chanson, c'est un métier de femelle ou d'enfant. On se sent suivi par une masse de gens qui ont le même âge que vous, vingt ou vingt-cinq ou trente ans, et brusquement, un jour, vous avez quarante ans, et plus personne n'est là. Si vous essayez alors de flirter avec les jeunes, vous truquez plus ou moins", a confié Jacques Brel à Claude Fléouter du Monde (5 février 1972).

Et Jacques Brel de rappeler : "Ça fait cinq ans que j'ai abandonné le tour de chant. Pour être disponible. A cette époque, ça n'allait plus très bien. Je chantais depuis plus de quinze ans, j'avais écrit quatre cents chansons, enregistré cent cinquante ou deux cents, et, avec l'habitude, c'est connu, l'habileté remplace souvent l'envie, et on ne sait plus si on est habile ou honnête. J'étais à saturation, quoi, j'avais besoin d'aller voir ailleurs... Peut-être aussi mon côté fleur de chapeau, mon côté gascon..., un besoin de choses qui bougent.

"Ce qui a continué, c'est l'envie d'écrire. J'ai adapté l'Homme de la Mancha. Le cinéma n'était pas prévu au programme. Quand le premier film est arrivé, j'ai accepté de jouer pour " voir ". Et alors j'ai eu envie d'écrire pour le cinéma. Sur le plateau, entre deux scènes, j'ai essayé de comprendre et d'apprendre la technique. Le reste, c'est-à-dire le désir de réaliser soi-même, ça s'est greffé en route - comme une chose évidente", a ajouté le réalisateur.

"Franz, c'est une histoire d'amour entre des gens de quarante ans. Le décor c'est la Flandre, sa pesanteur, sa jolie grisaille, sa folie aussi. J'ai essayé d'expliquer que l'amour à quarante ans, comme à dix-huit ou à soixante, ça ne marche pas mieux, c'est la même duperie, les mêmes erreurs. J'ai su après que ça ressemblait à mes chansons, à des gens qui, au fond, ne sont pas méchants mais qui ont peur", a poursuivi Jacques Brel.

Et l'artiste de conclure : "Franz, c'est une chronique, une chanson d'une heure et demie, avec le côté flamand pas rationnel, typique des pays rugueux. Franz, c'est un monde dans lequel se sont laissé enfermer des gens blessés mais qui ne souffrent pas, seuls mais qui ne sentent pas leur solitude, des c... quoi, avec une désespérance souriante et bien élevée. C'est un film sur la province. J'aurais pu le tourner aussi bien en Lozère. Mais c'était ma première histoire, mon premier film, Barbara n'avait jamais joué et j'étais aussi comédien. Alors, j'ai au moins choisi des lieux que je connaissais bien. La Flandre. J'y suis né. Mais je suis d'abord un homme de la province. Pendant plus de quinze ans j'y ai chanté, ne passant à Paris qu'un mois sur douze. J'allais faire mon tour à Vesoul, à Angoulême et à Mâcon. Je vivais vraiment avec les gens, et j'aimais bien mon côté hors du temps."

En 1974, après avoir été opéré d'un cancer au poumon gauche, Jacques Brel se fixe aux îles Marquises.

En 1977, affaibli par la maladie, il enregistre à Paris son dernier 33 tours, Les Marquises, qui paraît le 17 novembre. Un succès commercial - un million d'albums prévendus - et artistique.

L'année suivante, Jacques Brel décède d'une embolie pulmonaire à Bobigny.

« Jacques Brel à Knokke-le-Zoute, 1963 »
Arte diffusera le 3 novembre 2021 « Jacques Brel à Knokke-le-Zoute, 1963 » d’Eurotéléfilms.

« Chaque année, Jacques Brel se produisait au casino de Knokke-le-Zoute, une station balnéaire huppée de la côte belge ». 

« Lors du concert du 23 juillet 1963, il a chanté pour la première fois "Madeleine", et repris quelques-uns de ses titres les plus célèbres, parmi lesquels "Bruxelles", "Rosa", "Quand on n'a que l'amour", "Mathilde", "Les vieux", "Le plat pays"... »

« Un concert mythique, présenté dans une version entièrement restaurée (son et image) par la Fondation Jacques-Brel. »

« Setlist
Les Bonbons
Bruxelles 
Rosa
La Fanette
Les Fenêtres
Quand On N'a Que L'amour
Mathilde
Les Vieux
Le Plat Pays 
Le Moribond
Les Bigotes
Madeleine »

« L'aventure, c'est l'aventure »
« L'aventure, c'est l'aventure » est un film réalisé par Claude Lelouch (1972). « Un quintette de légende emmené par Lino Ventura dans une épopée drolatique et désormais historique, à travers le regard amusé de Claude Lelouch sur les années 1970. »

« À Paris, cinq malfrats comparaissent pour une longue série de rapts juteux, alors que leur avocat les présente comme de généreux militants ayant agi au nom d’un idéal. Le temps du procès, le sympathique quintette franco-italien, grand amateur de spaghettis, revit toutes ses rocambolesques aventures. Délaissant l'attaques de banque, démodée, pour le plus rentable kidnapping de star du show-biz, de diplomate ou de leader suprême, les cinq compères ont couru le monde pour emporter le magot à chacune de leurs candides entreprises, élevant la maladresse au rang des beaux-arts. »

« Film emblématique des années 1970, dont il décline avec style et fantaisie toutes les tendances – prostituées glamour et féministes, luttes marxistes en Amérique du Sud, émergence du show-biz… –, L’aventure, c’est l’aventure repose d’abord sur un irrésistible quintette. Lino Ventura en boss impeccable, Jacques Brel en escroc intello et hilarant pirate de l’air belge, le classieux Charles Denner, l’éternel "Charlot " Charles Gérard, et enfin Aldo Maccione, tout en fraîcheur à l’aube de sa carrière, lancée par sa fameuse démarche de dragueur ringard. Leur complicité, aux accents improvisés, emporte cette comédie haute en couleur vers des sommets délicieux, dans la nostalgie d’une époque, la meilleure de Claude Lelouch. »


« L’emmerdeur »
Ecrit par Francis Veber, « L'emmerdeur » est réalisé par Edouard Molinaro en 1973. « Un tueur à gages voit ses plans contrariés par un encombrant dépressif. Une savoureuse comédie d'Édouard Molinaro avec Jacques Brel et Lino Ventura. »

« Quitté par sa femme, partie refaire sa vie à Montpellier, François Pignon, un maladroit représentant en chemises, prend la direction du sud pour tenter de la reconquérir. Comme Louise refuse toute discussion, Pignon, désespéré, décide d'en finir avec la vie. Dans la chambre d'hôtel contiguë à la sienne, le tueur à gages Ralf Milan s'apprête à réduire au silence Louis Randoni, un conseiller juridique dont les révélations pourraient nuire à ses "employeurs". Mais derrière la cloison, Pignon cause un dégât des eaux après avoir tenté de se pendre dans la salle de bains. Lorsque le garçon d'étage demande à Milan d'appeler la police, ce dernier, qui redoute d’attirer l’attention des autorités, lui promet de veiller sur le dépressif suicidaire… »

« Réunis l’année précédente par Claude Lelouch dans « L'aventure, c'est l'aventure », Jacques Brel et Lino Ventura se retrouvent dans une savoureuse comédie où "le vaudeville fait son nid dans un film noir", selon les mots de son réalisateur, Édouard Molinaro ». 

« Adaptant pour le cinéma sa pièce à succès Le contrat, Francis Veber cisèle un scénario où les quiproquos et les déboires s'enchaînent en cascade ». 

« Si l’impassible Lino Ventura fait les frais des maladresses à répétition de l'infortuné Pignon, campé par Jacques Brel, l'inattendu tandem formé par les deux comédiens est resté gravé dans les mémoires. »

« L’Emmerdeur » est un grand succès du cinéma populaire français. « Le scénariste adapte pour le grand écran sa propre pièce de théâtre Le Contrat, créée deux ans plus tôt. Le film repose sur la rencontre entre deux personnages antagonistes : un tueur à gage taciturne et méthodique et un représentant commercial inconsolable depuis le départ de son épouse. Le premier, adepte du contrôle absolu, va se retrouver progressivement agacé, terrifié et désarmé par les maladresses à répétition de son voisin de chambre. Le meurtre, le suicide, la dépression sont au centre de cette comédie souvent hilarante. Le pari de L’Emmerdeur consiste à provoquer le rire à partir de situations sinistres et d’états anxiogènes, avec des protagonistes dépourvus du moindre sens de l’humour. La gêne et la maladresse sont de formidables ressorts comiques. La dimension boulevardière du film est transcendée par le travail de Molinaro et surtout la photographie de Raoul Coutard, qui apporte beaucoup de mobilité à l’image et contrarie les habitudes du théâtre filmé. Veber invente dans L’Emmerdeur la figure du « petit homme dans la foule », désespérément ordinaire et dépassé par les catastrophes qu’il provoque sans s’en rendre compte. Ce personnage souvent nommé François Pignon connaîtra de multiples déclinaisons dans les comédies suivantes de l’auteur. L’Emmerdeur marque les retrouvailles cinématographiques entre Jacques Brel et Lino Ventura, un an après L’Aventure, c’est l’aventure. La rencontre sur le tournage du film de Lelouch s’était vite transformée en profonde amitié. La complicité entre les deux hommes est palpable dans L’Emmerdeur. C’est sans doute grâce à son admiration pour Brel que Ventura accepte de sortir (un peu) de sa zone de confort et se montre très convaincant en professionnel du crime réduit à l’impuissance par un type aussi gentil que dépressif », a analysé Olivier Père pour Arte.



« Jacques Brel à Knokke-le-Zoute, 1963 » d’Eurotéléfilms
Avec : Jacques Brel
Belgique, 2018, 39 min
Disponible  du 10/10/2021 au 14/01/2022
Sur Arte le 3 novembre 2021 à 05 h

France, 1972, 1 h 57 mn
Production : Les Films 13, Les Films Ariane, Les Productions Artistes Associés, Produzioni Europee Associati
Scénario : Pierre Uytterhoeven, Claude Lelouch 
Image : Jean Collomb - Montage : Janine Boublil – 
Musique : Francis Lai, José Padilla
Avec : Lino Ventura (Lino Massaro), Jacques Brel (Jacques), Charles Denner (Simon Duroc), Aldo Maccione (Aldo), Charles Gérard (Charlot), Johnny Hallyday (Johnny Hallyday), Nicole Courcel (Nicole), Yves Robert (l’avocat de la défense) 

« L’Emmerdeur » d'Édouard Molinaro
 
France/Italie, 1973, 1 h 21 mn
Production : Les Films Ariane, Mondex Films, Oceania Produzioni Internationali Cinematografiche, Rizzoli Film
Scénario : Francis Veber
Avec Jacques Brel (François Pignon), Lino Ventura (Ralf Milan), Caroline Cellier (Louise Pignon), Jean-Pierre Darras (le docteur Fuchs)


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