lundi 21 juin 2021

« Le traité de Trianon, un traumatisme hongrois » de Sugárka Sielaff

Arte diffusera le 22 juin 2021 « Le traité de Trianon, un traumatisme hongrois » (Ungarns Trauma. Europas Problem ?) de Sugárka Sielaff. « Il y a un siècle, par le traité de Trianon, la Hongrie perdait les deux tiers de son territoire. Ravivée par les nationalistes, la plaie continue de diviser la société hongroise, et d'attiser les tensions en Europe centrale. »

Le congrès de Vienne ou l’invention d’une nouvelle Europe
« Rosine Cahen. Dessins de la Grande Guerre »

"Trois mois après la cessation des hostilités, la Hongrie en pleine anarchie est tombée sous la coupe d'un agitateur communiste, Béla Kun (1886-1938), qui a installé le 21 mars 1920 à Budapest une République des soviets imitée de la Russie léniniste. Sa dictature, aussi brève que sanglante, a été renversée suite à une intervention de l'armée roumaine, entraînant l'accès à la tête du pays de Miklos Horthy, amiral d'un pays désormais sans accès à la mer."

Miklós Horthy, "nouvel homme fort de la Hongrie, se proclame Régent dans l'attente de la restauration d'un roi de la dynastie des Habsbourg, restauration qui ne viendra jamais."

Signé « à Versailles le 4 juin 1920, le traité de Trianon a acté, après la fin de la Première Guerre mondiale, le démantèlement de l’Empire austro-hongrois de la puissante Maison impériale des Habsbourg ». 

Il prend effet le 31 juillet 1921.

Ce traité est signé, d'une part, par les puissances victorieuses de la Grande Guerre - le Royaume-Uni, la France, les États-Unis, l'Italie, la Roumanie, le royaume des Serbes, Croates et Slovènes (devenu le Royaume de Yougoslavie en 1929) et la Tchécoslovaquie - et, d'autre part, par l'empire d''Autriche-Hongrie vaincu et représenté par la Hongrie, détachée de l'Autriche dès le 31 octobre 1918.

Déjà dénié aux Allemands de cet empire par le traité de Saint-Germain, le « droit des peuples à disposer d'eux-mêmes » est refusé aux Magyars. Donc, 3,3 millions de Hongrois (plus de 30 % d'entre eux) passent sous dominations tchécoslovaque, roumaine et yougoslave. 

« En dépit des récriminations de sa délégation, la Hongrie s’est alors trouvée amputée des deux tiers de son territoire ». 

Ce "traumatisme historique" induit une revendication de révision du traité de Trianon. Il influe et détermine la diplomatie de la Hongrie dirigée par l'amiral Miklós Horthy durant l'entre-deux-guerres, notamment la demande de révision du traité, un « révisionnisme » selon "les Alliés occidentaux et leurs Etats-satellites" de la « Petite Entente », et son rapprochement avec l'Italie fasciste et l'Allemagne nazie. 

Durant la Deuxième Guerre mondiale, la Hongrie obtient une partie de ses revendications.

"Sous l’impulsion révisionniste du régent Horthy, dirigeant nationaliste de la Hongrie de l’entre-deux-guerres, le pays récupéra provisoirement le sud de la Slovaquie, la Ruthénie, le nord de la Transylvanie et la partie septentrionale de la Serbie, grâce aux arbitrages de Vienne obtenus par ses alliés italien et allemand."

"Les frontières de Trianon, considérées comme un “diktat” par ses détracteurs, furent rétablies via le traité de Paris en 1947."

"Après l'effondrement du communisme, la Hongrie a la sagesse de mettre une sourdine à ses revendications sur les minorités hongroises de Transylvanie (Roumanie) et de Voïvodine (Serbie) pour ne pas ouvrir de nouveaux conflits avec les régimes voisins."

"Se posant en protecteur des Hongrois où qu’ils vivent, Viktor Orban se pose aussi en défenseur d’une nation menacée. L’angoisse de la disparition est déjà forte dans une Europe centrale à la démographie vieillissante et confrontée départ de ses jeunes pour l’Ouest. Une corde très sensible que Viktor Orban a su particulièrement faire vibrer en résonance avec le souvenir de Trianon dans son pays lors de la crise de 2015 et pour refuser les années suivantes les quotas de réfugiés par pays établis par l’UE. « La situation, a-t-il déclaré dans un discours en mars 2018, est que l’on veut nous prendre notre pays. Pas d’un trait de plume, comme il y a cent ans à Trianon. Ce que l’on veut maintenant, c’est que nous le remettions à d’autres, à des étrangers qui ne respectent ni notre culture, ni nos lois, ni notre mode de vie. »

Un siècle après la signature du trait", « en août 2020, le président Viktor Orbán inaugure en grande pompe à Budapest un mémorial sur lequel figurent les noms des 12 500 localités qui appartenaient à la Hongrie avant que les frontières de l'Europe ne soient redessinées par les puissances victorieuses ». Et, dans un contexte de pandémie de coronavirus qui réduit le faste des cérémonies.

« Un monument érigé pour symboliser l'unité de tous les Hongrois, y compris les 1,8 million qui sont, depuis, devenus des citoyens roumains, ukrainiens, serbes ou slovaques ». Et manifester l'intérêt de la Hongrie envers les magyarophones.

« Alors que la blessure divise toujours la société hongroise, le Fidesz, le parti au pouvoir, souffle sur les braises d’un ressentiment national qu’il entend corriger à sa façon : depuis dix ans, un passeport hongrois – avec le droit de vote afférent – est généreusement accordé à sa diaspora dans les pays voisins. »

« De quel poids le traité de Trianon a-t-il pesé sur l’histoire de la Hongrie au XXe siècle, notamment dans l’entre-deux-guerres et durant la Seconde Guerre mondiale ? Que représente ce traité, vécu comme une injustice par les nationalistes magyars, pour la jeunesse hongroise actuelle ? Quels risques fait-il courir à la stabilité européenne ?"

"Nourri d’archives, d’analyses (historiens, universitaires, journalistes…) et d’enquêtes sur le terrain, le panorama documenté d’une question brûlante d’actualité. »


Allemagne, 2020, 52mn
Production : MDR 
Sur Arte le 22 juin 2021 à 23 h 50
Disponible sur arte.tv du 22/06/2021 au 21/07/2021
Visuels:
©National Film Institute Hungary
© Gábor Klacsán
© Szekelyphon/Pinti Attila
© Gábor Klacsán

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire