mercredi 9 juin 2021

Interview de Richard Landes sur l’affaire al-Dura


Retraité, le professeur Richard Landes a enseigné l’histoire médiévale à l’Université de Boston. Il a dirigé le Centre pour les études sur le millénarisme. Il a forgé le néologisme Pallywood pour désigner l’industrie audiovisuelle de la propagande palestinienne. Il a étudié l'affaire al-Dura, moderne blood libel (accusation fausse de crime rituel portée à l'encontre des juifs). Interview réalisée en janvier 2008, republiée en raison des blood libels du mouvement terroriste islamiste Hamas lors de l'Opération Bordure protectrice et de l'opération israélienne "Gardien du Mur" ou "Gardien des Murailles" (Chomer Hahomot en hébreu, Guardian of the Walls en anglais) menée du 6 au 21 mai 2021 par l'Etat Juif en réaction aux frappes par tirs de missiles (jusqu'à 400 kg d'explosif par missile) du Hamas à partir de la bande de Gaza en direction des populations civiles israéliennes

« Gaza 2010 » de Kai Wiedenhöfer

Vous êtes professeur d’histoire médiévale à l’université de Boston, spécialisé dans le millénarisme. Pourriez-vous présenter vos travaux ?

Le millénarisme (mille : 1 000 et anni : années) promet un royaume messianique, un monde parfait sur terre, qui durera 1 000 ans.

J'ai commencé par étudier les croyances millénaristes et leur activation au Moyen-âge, surtout aux alentours de l'an mil - paix de Dieu (1) -, et les croyances apocalyptiques, c’est-à-dire les croyances en la transition imminente de ce monde, qui doit être purifié/détruit, vers un monde parfait.

A l’approche de l'an 2000, je me suis intéressé plus particulièrement aux effets de la proximité du passage vers un nouveau millénaire sur les attentes apocalyptiques et au phénomène millénariste, laïc et religieux.

C’est alors que j’ai approfondi mes connaissances sur le millénarisme apocalyptique dans l'islam, shiite (ayatollah Khomeiny) et sunnite (ben Laden). Le but principal du jihad est la domination de l’islam dans le monde. Avançant des revendications millénaristes, l’islamisme promet qu’une fois vainqueur, la paix règnera sur le monde. En outre, le Dajjal, version musulmane de l’Antéchrist, devait survenir en 2000 : un juif prendrait d’assaut al-Haram al-Sharif (mont du Temple) et piétinerait la mosquée al-Aqsa. Ce qui devait induire une guerre apocalyptique au cours de laquelle Dajjal entraînerait l’Occident et Israël contre les musulmans. La description par des médias arabes de la visite d’Ariel Sharon sur le mont du Temple, en septembre 2000, correspond à cette croyance (2).

Maintenant, je travaille sur les manifestations du médiévisme au XXIe siècle : guerre sainte, accusation fausse de meurtre rituel (blood libel), culte des « martyrs ».

Le 30 septembre 2000, le JT de 20 h de France 2 diffusait un reportage de Charles Enderlin, correspondant de France 2 à Jérusalem, et de son cameraman palestinien Talal Abou Rahma. Charles Enderlin disait en voix off : « Près de l’implantation de Netzarim (bande de Gaza)… Jamal et son fils Mohamed (12 ans) sont la cible des tirs venus des positions israéliennes. Son père tente de le protéger... Une nouvelle rafale. Mohamed est mort et son père gravement blessé ». Comment avez-vous été amené à étudier l’incident al-Dura ?

J’ai noté que l’incident al-Dura a joué le rôle de blood libel (accusation fausse de crime rituel), et que cela avait réveillé le monde arabe de façon extraordinaire. A partir de la diffusion des images sur les al-Dura et l'Intifada II qui a suivi, le discours apocalyptique est passé des marges au centre du monde islamique.

A ce moment-là, je n’avais pas l’idée que ces images étaient mises en scène.

Par la suite, sur l’incident al-Dura, j’ai lu l’article de James Fallows dans Atlantic Monthly, (3) et j’ai aussi vu l’enquête télévisuelle de la journaliste Esther Schapira, Drei Kugeln und ein todes Kind (Trois balles et un enfant mort, qui a tué Mohamed al Dura ?)

J’ai effectué une recherche documentaire sur les conséquences de l’affaire al-Dura. Par exemple, on retrouve l’image des al-Dura dans une manifestation en octobre 2000 à Paris où on comparait les Israéliens aux Nazis et on criait : « Mort aux juifs ! » pour la première fois en public depuis la Shoah (4).

Ensuite je suis allé en Israël, où j’ai regardé à plusieurs reprises les rushes tournés par des cameramen (Reuters, AP) présents au carrefour de Netzarim ce 30 septembre 2000, date de l’incident al-Dura. Je les ai analysés avec l’assistance du physicien Nahum Shahaf qui m’a fait comprendre à quel point ces rushes comprenaient des scènes de guerre jouées par les Palestiniens.

Enfin, j’ai rencontré Charles Enderlin, correspondant de France 2 en Israël, dans son bureau à Jérusalem, et vu à trois reprises les fameux rushes du cameraman palestinien de France 2, Talal Abou Rahma.

Parlez-nous de vos trois rencontres avec Charles Enderlin à Jérusalem…

J'ai été surtout frappé par son manque de connaissances de ce qui s'était passé ce jour-là : il m'a dessiné le carrefour de Netzarim en plaçant la position israélienne sur le mauvais côté de la rue !

J’ai visionné les rushes dans son bureau. J’ai dit que cela semblait mis en scène. Charles Enderlin a affirmé : « Oh, ils font cela tout le temps. C’est un trait de culture. Ils exagèrent… » Je lui alors dit : « Ils font cela tout le temps, mais alors pourquoi pas dans le cas d’al-Dura ? » Il m’a répondu : « Oh, ils ne sont pas assez bons pour ça ». Je lui ai dit qu'il devrait au moins considérer comme hypothèse de travail la possibilité que son cameraman palestinien Talal Abou Rahma l’ait dupé. Charles Enderlin me répondit : « Talal n'aurait même pas songé à un tel projet, car pour le faire, il se serait rendu compte qu'il ne pourrait jamais me tromper, donc cela ne lui serait même pas venu a l'esprit ». J’ai pensé exactement le contraire. Et, plus tard, Charles Enderlin m’a dit : « Jamais [Talal Abou Rahma] ne me mentirait. Nous sommes des amis. Nos familles mangent ensemble ».

J’ai été étonné que Charles Enderlin n’analyse pas certaines sources. Lors de notre dialogue, il m’a passé un fax triomphalement : « Vous voyez, c'est comme ça tous les jours ». J’ai lu qu’un enfant palestinien avait été tué par un soldat israélien. « Comment est-on sûr de ces faits ? », ai-je demandé. Charles Enderlin m’a répondu : « La source, c'est quelqu’un à l'hôpital ». Je l’ai interrogé : « Comment cette source sait-elle d'où provenaient les tirs ? » Charles Enderlin me regarda avec mépris, comme si j'étais un pauvre imbécile.

Une autre fois, nous parlions des balles au sujet desquelles Talal Abou Rahma avait menti à Esther Schapira. Ce cameraman palestinien lui avait dit d’abord que les Palestiniens avaient les balles. Puis, quand cette journaliste lui a dit que le général palestinien ne les avait pas, il lui a rétorqué : « France 2 took them » (Ndlr : en français, « France 2 les a prises »). Et, quand il a du se rendre compte que ce n’était pas vrai et qu’Esther Schapira pouvait le constater en vérifiant ses allégations, il a souri et a dit : « Nous avons nos secrets pour nous, nous ne pouvons pas dire tout… juste, n’importe quoi ».

Quand j’ai interrogé Charles Enderlin au sujet des balles, il m’a répondu : « Le général palestinien les a dans un sac, dans son bureau ». Il me semble que si ce général avait les balles qui ont tué le petit Mohamed al-Dura et ont blessé son père Jamal al-Dura, et si ces balles étaient israéliennes, il les aurait montrées au monde entier. « Et tu crois [ce général palestinien] ? », ai-je demandé à Charles Enderlin. « Je le crois autant que le général Yom Tov Samia », me rétorqua-t-il. Or, le général palestinien n'a procédé à aucune enquête en expliquant : « On sait qui est coupable », tandis que le général israélien Yom Tov Samia avait fait une enquête. Si Charles Enderlin a commenté sur France 2 l’enquête du général Yom Tov Samia, donc il a du la lire, comment dès lors a-t-il pu se tromper dans le dessin qu’il m’a fait ? Il y a placé la position israélienne face aux al-Dura, alors que cette position se trouve de l’autre côté du carrefour de Netzarim, en oblique par rapport aux al-Dura protégés derrière le baril en béton.

France 2 a transmis à la Cour d’appel de Paris des rushes d’une durée de 18 minutes, et non de 27 minutes. Ces rushes ont été vus lors de l’audience du 14 novembre 2007. Que pensez-vous de cette audience (5) ?

Charles Enderlin a expliqué avoir procédé à des coupes dans les rushes. Aux Etats-Unis, la juge aurait dit : « Ce n’est pas à vous de prendre une telle décision, amenez-nous tous les rushes ! ».

Quand les avocats de France 2 se mirent debout et bloquèrent la vue au journaliste Luc Rosenzweig et à moi, j’ai été surpris que la juge ne leur ait pas dit de s'asseoir.

Il me semble que, quand on a laissé Charles Enderlin parler pendant le visionnage de ces rushes, cela lui a conféré un avantage : il a pu nous dire ce qu'on était en train de voir. Et puisque la suggestion joue un rôle immense dans cette affaire – les chaînes de télé ont dit aux spectateurs qu’ils allaient voir un enfant être tué, et c’est ce qu’ils ont « vu » même si ce n’est pas ce qu’ils voyaient –, cela m’a semblé une erreur.

J’ai également été étonné que la juge ne demande pas au journaliste Luc Rosenzweig et à moi après ce visionnement si toutes les images des al-Dura que nous avions vues, à Paris ou à Jérusalem, correspondaient bien aux images des rushes communiqués par France 2 et Charles Enderlin à la Cour.

Je me souviens avoir vu en présence de Charles Enderlin au moins cette scène : un Palestinien a fait semblant d’avoir été blessé à la jambe, mais au lieu d’attirer des jeunes costauds qui pourraient le lever et l’emmener vite, en dépassant les cameramen, il n’a attiré que des petits gamins. Il les a chassés, a regardé autour de lui, et, voyant que personne ne venait l’évacuer, il s’est redressé et s’est éloigné sans boiter.

Comme les « Nixon tapes » - les enregistrements sonores du président Nixon (6) –, je pense que ces rushes discréditent la thèse de Charles Enderlin : les dernières images des rushes communiqués par France 2 et Charles Enderlin nous montrent en effet Mohamed al-Dura vivant, lever son coude, regarder la caméra, alors que sur l’image précédente Charles Enderlin avait affirmé que l’enfant était mort.

Mais même si Philippe Karsenty, directeur de l’agence de notation des médias Media-Ratings (7), avait un handicap – il commentait les rushes de France 2 qu’il découvrait, qu’il n’avait pas vus auparavant -, je crois qu'il a montré de nombreux indices fondés permettant de douter de la version de Charles Enderlin.

Quelle est votre position sur l’incident al-Dura ? Pensez-vous qu’il s’agit d’une mise en scène ?

Je crois que les probabilités que ce soit une mise en scène sont immenses. Et ceci pour de nombreuses raisons : parjure du seul témoin, Talal Abou Rahma, absence de la scène d’agonie de l’enfant que Charles Enderlin avait jugée « trop insupportable », angle des tirs exonérant les Israéliens, pas de sang, pas de scène d’évacuation en ambulance, Mohamed al-Dura tient sa main sur ses yeux, et pas sur son ventre où il est censé avoir été blessé, etc.

Comment analysez-vous l’affaire médiatique al-Dura et ses conséquences ?

Malheureusement, une grande partie du monde, surtout arabe et européen, a soif d'images d'Israéliens agissant mal et a gobé ces images comme un gourmand.

Les conséquences de ces images sont entre autres :

- l'essor d'une nouvelle phase du jihad mondial, beaucoup plus populaire parmi les musulmans à travers le monde. Mohamed al-Dura en est devenu le martyr. Ben Laden a déclaré : « En tuant ce gamin, les Israéliens ont tué tous les enfants du monde » et a tout de suite utilisé les images de Talal Abou Rahma dans sa vidéo de recrutement pour le jihad ;

- l'essor d'un antisionisme/antisémitisme parmi les Européens qui à la fois encourage la violence de populations immigrées, et qui empêche les Européens de comprendre le danger qui les menace. Quand les Européens ont montré cette image à la télé - presqu'aussi souvent que le monde arabe -, ils ont éveillé des forces de la haine qui les visent – comme « Croisés » - tout autant qu'elles visent les Israéliens.

D'un autre point de vue, il me semble que de grands médias ont failli, n’ont pas fait d’investigation, et au contraire, ont essayé de marginaliser ceux qui, comme moi, ont fait un travail de vérification à leur place.

Ceci représente un avertissement essentiel aux publics français/européen/occidental. Si des médias ont agi ainsi sur une histoire comme celle du petit Mohamed, nos informations sur le conflit en Proche-Orient sont-elles atteintes par les mêmes faiblesses internes que l’incident al-Dura ? Et quelles en sont les conséquences ?

Vous avez créé le néologisme Pallywood (Palestine/Hollywood). Comment définissez-vous Pallywood ?

C'est un jeu de mots sur Bollywood, l'industrie cinématographique indienne (Bombay), et Hollywood. Pallywood désigne l'industrie cinématographique palestinienne qui réalise ses mises en scène, des scènes créées pour être présentées au public, palestinien aussi bien qu’occidental, comme étant des vrais événements, des actualités.

Le mot Pallywood m’est venu à l’esprit après avoir vu les rushes de Talal Abou Rahma chez Charles Enderlin : ces rushes contenaient des scènes jouées.

Quand on examine les rushes des cameramen palestiniens, on s'aperçoit qu'il y a des scènes « spontanées » - quelqu’un fait semblant d'être blessé, on l'amène à toute vitesse en passant devant les cameras dans une ambulance -, on a des metteurs en scène, et des lieux de tournage.

Mais le plus terrible, ce n'est pas que les Palestiniens emploient les médias comme arme de guerre, c'est qu’une très grande partie de nos médias, au lieu de leur expliquer que cela ne se fait pas selon la déontologie journalistique, prennent ces images et nous les présentent comme étant réels.

Vous avez fondé deux sites Internet : The Second Draft et The Augean Stables (8). Dans quels buts ?

The Second Draft - deuxième jet en américain – est ma réponse aux journalistes qui se présentent comme écrivant « le premier jet de l’histoire ». En tant qu’historien, j’examine et critique leur « premier jet ». Dans le cas de Pallywood et l’affaire al Dura, j’ai mis sur ce site non seulement mon analyse, mais toute la « documentation » sur Pallywood et sur l’affaire al-Dura. Cela laisse à ceux qui veulent se former leur propre opinion la possibilité de visionner les rushes, pas ceux de France 2, mais ceux d'un autre cameraman palestinien datant du même jour, le 30 septembre 2000, des émissions, des interviews et discussions.

Je crois que chacun devrait se faire ses propres conclusions dans cette affaire, et disposer d’informations quand il lit les articles publiés sur l’affaire. Je ne pense pas que tout le monde sera d'accord avec moi, mais j'imagine que parmi ceux qui verront ces images, la majorité conviendra que de grands médias se sont trompés.

Theaugeanstables est mon blog. Je l’ai appelé ainsi en référence aux écuries d’Augias, le 5e des 12 travaux d’Hercule/Héraclès (9). J’y présente et j’analyse les erreurs de médias et l’extraordinaire résistance de ces derniers à les reconnaître, ce qui crée des problèmes dans le monde. J’y publie également mes articles, ceux d’autres auteurs – journalistes, islamologues, etc. – que je commente.

ADDENDUM

En outre, au lieu de financer l'étude de ces blood libels, la Fondation pour la Mémoire de la Shoah (FMS) propose "une bourse de 5 000 euros pour un travail de recherche de première année de thèse sur l’affaire de la pièce antisémite« Une pièce sur le rôle de vos enfants dans la reprise économique mondiale » "produite à l’université de La Rochelle" en 2012. Cette bourse de première année de thèse (2014-2015) portera sur le thème « Résurgences contemporaines du racisme et de l’antisémitisme » et la thèse s'effectuera à "l’Ecole doctorale de psychanalyse de l’Université Paris Diderot dirigée par Christian Hoffmann sous la direction de Céline Masson (directrice de recherche à l’université Paris Diderot)".

L'opération israélienne "Gardien du Mur" ou "Gardien des Murailles" (Chomer Hahomot en hébreu, Guardian of the Walls en anglais) a été menée du 6 au 21 mai 2021 par l'Etat Juif en réaction aux frappes par tirs de missiles (jusqu'à 400 kg d'explosif par missile) du Hamas à partir de la bande de Gaza en direction des populations civiles israéliennes

Le 20 mai 2021, l'hebdomadaire français "Marianne" a publié l'éditorial "
Israël-Palestine : sans espoir..." par Natacha Polony, qui révèle ses ignorances historiques :
"La situation actuelle au Proche-Orient résulte à la fois de la radicalisation qui ronge l’ensemble du monde et voit le Hamas et les intégristes juifs se faire la courte échelle, et de l’abandon des Palestiniens par des pays du Golfe qui trouvent que, décidément, il est assez peu payant de soutenir une cause gratuite et qui pourrait bénéficier à l’Iran.
Les bombardements israéliens qui ensevelissent sous leur maison des enfants palestiniens sont en train d’enterrer un peu plus tout espoir de paix, non seulement au Proche-Orient, mais partout où ce conflit sert de catalyseur aux frustrations de chacun. On peut avoir pleinement conscience de la façon dont le Hamas utilise pour sa propagande chaque mort provoquée par une offensive qu’il a lui-même déclenchée. On peut avoir en tête que le prétexte à ce nouvel épisode est une simple querelle juridique sur des maisons de Jérusalem-Est réclamées par des juifs qui en possèdent les titres de propriété (mais les Palestiniens expulsés de chez eux en 1948 ont-ils, eux, les moyens et le droit de réclamer les maisons de leurs ancêtres ?). Pour autant, nul ne peut rester indifférent à la souffrance d’un peuple privé (par Israël, par ses propres dirigeants, par l’apathie de la communauté internationale) du simple droit de croire en l’avenir."
Le 24 mai 2021, Yana Yana Grinshpun a écrit :
"Outre le fait que cette ouverture recrée, peut être involontairement, le topos usé de l’armée israélienne tueuse d’enfants, elle oublie de préciser qu’Israël exerce le droit de défense de ses citoyens qui lui est octroyé par le droit international...
Hamas est l’ennemi global à la fois des Israéliens, mais aussi de Palestiniens opprimés par le totalitarisme meurtrier et anti-démocratique de cette organisation. Malheureusement, la réponse globale ne lui a pas encore été donnée. Quant aux enfants, le Hamas les utilise sans vergogne, sans morale, sans éthique, comme une chair à canon, comme des ouvriers gratuits...
L’armée israélienne prévient les civils gazaouis des attaques à venir, pour qu’ils évacuent les zones qui doivent être bombardées. Et si des enfants sont tués, c’est parce qu’ils sont souvent utilisés comme boucliers humains que le Hamas n’hésite pas à sacrifier pour se présenter comme victimes des méchants juifs...
La remarque finale sur la religion témoigne de l’incompréhension de la dynamique des rapports entre l’islam et le judaïsme, et du rôle du religieux dans cette partie du monde. Natacha Polony raisonne comme une bonne universaliste laïque nichée dans le 5ème arrondissement de Paris, qui ne connaît ni l’histoire, ni le terrain, ni l’arabe, ni la tradition juive, ni la tradition islamique. Ce n’est pas un crime pour un journaliste, qui ne peut pas être spécialiste de tous les sujets, mais cela n’excuse pas une professionnelle qui a décidé de régler le problème par trois clichés et deux poncifs. Il faut rappeler que les événements ont commencé pendant le Ramadan, or le Ramadan, dans la tradition musulmane, est un mois de jihad et de martyr. C’est ce que rappellent des savants musulmans très clairement.
La jeunesse palestinienne est élevée dans cet esprit, l’esprit du jihad, et la haine des ennemis du Prophète. On consultera à ce propos le travail de Impact-se (Institute for Monitoring Peace and Cultural Tolerance in School Education)
Ce n’est pas donc le litige de Cheikh Jarrah, dont Polony balaie d’un revers de phrase l’aboutissement légal, cautionné par la Cour Suprême d’Israël (où siègent des juges juifs et arabes), mais la propagande antijuive qui s’est renforcée dans les médias arabes depuis le mois de mars et qui a coïncidé à la fois avec le Ramadan et les élections annulées par Abbas.
Sa remarque sur les Arabes expulsés de leurs maisons et qui n’auraient pas eu les mêmes droits que les juifs est complètement déplacée, elle est fondée sur la méconnaissance du contexte historique. Quelques rappels historiques :
En 1948, le 15 mai 1948, le Premier Ministre d’Irak déclara à la presse à Bagdad : « Nous écraserons le pays avec nos fusils et nous détruirons tout lieu où les Juifs chercheront refuge. Les Arabes devront emmener leurs femmes et leurs enfants à l’abri pendant le danger, après quoi toute la Palestine sera à eux. »
Les 18 et 24 mars 1948, le recteur d’Al-Azhar au Caire déclara : « Nous jetterons à la mer les bandes de sionistes criminelles et il ne restera plus ainsi un seul Juif en Palestine. Pour que nos armées victorieuses puissent accomplir leur mission sacrée sans s’exposer à faire des victimes parmi nos frères arabes, il faut que ceux-ci quittent provisoirement le pays, afin que nos combattants exercent, dans une liberté totale, l’œuvre d’extermination. »
Le 16 mai 1948, le haut commandement des volontaires arabes pour la libération de la Palestine lance cet appel à Radio Le Caire : « Frères arabes de Palestine, nos armées libéreront en quelques jours le territoire sacré profané par les bandes criminelles athées. Afin que les Juifs, mille fois maudits par Allah, ne se vengent pas sur vous avant leur anéantissement total, nous vous invitons à être nos hôtes. Les Arabes vous ouvrent leurs foyers et leurs cœurs. Nous vaincrons les infidèles, nous écraserons les vipères. Votre patrie, purifiée par vos frères, vous accueillera à nouveau dans la joie et l’allégresse. »
Beaucoup d’Arabes sont partis en attendant l’extermination d’Israël.  Les « réfugies expulsés » palestiniens sont la conséquence des guerres qu’Israël n’a pas initiées. Autre chose, ces « réfugiés » n’ont jamais été intégrés dans leurs pays d’accueil lorsque ces pays sont arabes (Liban, Iraq, Syrie, etc.). Les pays arabes les ont toujours maintenus dans ce statut, d’une part pour qu’ils ne puissent pas bénéficier des droits civiques (par exemple, le statut des Palestiniens en Iraq[3]) d’autre part, pour les avoir comme moyen de pression sur l’ONU afin de délégitimer Israël. 
Par ailleurs, un autre échange de populations a eu lieu dont on n’entend pas parler dans les médias. Entre 1940 et 1970, 900 000 Juifs ont été chassés des pays arabes — et spoliés. 600 000 se sont installés en Israël. Eux, ils n’ont aucun droit de demander la restitution de leurs biens dans les pays dont ils ont été chassés. Pourquoi ne pas le rappeler ? Il s’agit ici de faits vérifiables, attestés et documentés par les historiens, voir les travaux de Shmuel Trigano et Georges Bensoussan sur les Juifs du monde arabe...
L’édito parle des destructions, il pourrait indiquer que le Hamas a enterré des milliards d’euros dans les territoires qui sont les siens et que, au lieu d’en faire un paradis sur terre (car aucun pays au monde n’a reçu autant de subventions que Gaza et l’OLP) depuis 1948, il a rendu Gaza misérable.
Tsahal a détruit un système gigantesque de tunnels : une ville souterraine entière avec un équipement militaire qui coûte des millions de dollars, des  plateformes de  tirs, des armes. Le service de presse de l’IDF a annoncé que, depuis le début de l’opération, l’armée israélienne a détruit cent kilomètres de tunnels. Ce système, dont le seul et unique  but est d’exterminer les Juifs, est appelé « le métro » à Gaza. Pour comparer, le système d’exploitation du métro avec d’autres villes, car vous aimez comparer, par exemple, le métro de Rome (60 km), de Kiev (67,6 km) ou, mettons, de Saint-Pétersbourg (120km). À Gaza, c’est 100km de tunnels qui ont été détruits !
Sur les 4500 roquettes que le Hamas a lancées sur Israël, un bon quart est tombé dans la Bande sans atteindre sa cible. Il n’existe aucune preuve que les enfants enfouis sur leurs maisons ne soient pas victimes de « tirs amis » !"
Le 30 juin 2016, Hallel Yaffa Ariel, âgée de treize ans, de Kiriat Arba, a été mortellement poignardée dans son lit par un Palestinien de 17 ans qui s'était infiltré dans son domicile. "Dans sa chronique du matin", Natacha Polony, avec "une pointe de désinformation exonératrice", avait déclaré : ” La famille de la petite israélienne proclame le droit du peuple juif sur la terre biblique, quitte à expulser les Palestiniens. “ Si on la comprend bien, le tueur avait frappé pour ne pas être expulsé de sa terre. Israël imagine-t-il, prétend-il, prépare-t-il une quelconque expulsion des Palestiniens ?" (Jean-Pierre Bensimon, 4 octobre 2016) La famille du terroriste reçoit une allocation mensuelle. Sa mère a exprimé sa fierté en qualifiant son fils de "héros". 

Le 28 mai 2021, The New York Times a publié en Une, sous le titre "They Were Just Children" (Ils n'étaient que des enfants) les photographies d'enfants palestiniens qui auraient été tués par l'armée israélienne durant ce conflit. Or, il s'agissait d'un montage incluant aussi des visages d'enfants palestiniens toujours vivants ou de victimes gazaouies de tirs du Hamas ou du Djihad islamique. Directeur d'honneur de l'Anti-Defamation League (ADL) a annulé son abonnement à ce quotidien en justifiant son acte par son indignation suscitée par ce blood libel. Il a twitté : "Today’s blood libel of Israel and the Jewish people on the front page is enough." 


(1) Dans l’Occident médiéval (Xe-XIe siècles), l’église catholique a promu la paix de Dieu, un mouvement spirituel et social afin de maîtriser ou juguler l’usage de la violence dans la société.

(2) Richard Landes, Jihad, Apocalypse et Antisémitisme. JCPA, Post-Holocauste et Antisémitisme, n°. 24, 1er septembre 2004/15 Elul 5764 à http://www.jcpa.org/phas/phas-fr-24.htm

(3) James Fallows, Who Shot Mohammed al-Dura ?, The Atlantic Monthly, juin 2003, à http://www.theatlantic.com/doc/200306/fallows





(9) Ce héros de la mythologie devait nettoyer en un jour les écuries d’Augias, rendues inaccessibles par la grande quantité de fumier de ses nombreux troupeaux.

Articles sur ce blog concernant :
Cet article a été publié sur Guysen, puis sur ce blog le 31 janvier 2010, puis le 6 août 2014.

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