lundi 13 octobre 2025

« La Promesse de l'aube » de Romain Gary

Le Contrescarpe propose « La Promesse de l'aube » de Romain Gary (1914-1980), adapté et mis en scène par Tigran Mekhitarian, interprété par Tigran Mekhitarian, Delphine Husté et Léonard Stefanica. « La bouleversante histoire de l’amour inconditionnel d’une mère pour son enfant. »

Le théâtre juif 
Chagall, Lissitzky, Malévitch, l'avant-garde russe à Vitebsk (1918-1922)
Théâtres romantiques à Paris. Collections du musée Carnavalet 
Henry Bernstein (1876-1953)

La « promesse de l’aube », c’est celle de la mère digne, énergique, silencieuse sur ses privations, de Romain Gary, persuadée du destin fabuleux de son fils unique qu’elle aime passionnément, à qui elle va insuffler ses rêves de gloire, la confiance inébranlable en lui, "la force et le courage" devant animer un homme, la détermination qui lui permettent de survivre à des maladies graves et aux missions périlleuses accomplies. 

C’est aussi celle de Romain Gary, jeune adulte parfois gêné par cette mère envahissante, qui accomplit toutes les prouesses pour réaliser ses rêves devenus siens : devenir « le pilote Guynemer » – il sera observateur dans le groupe Lorraine des Forces aériennes françaises libres (FAFL) et à la Royal Air Force (RAF), Officier de la Légion d'honneur, Compagnon de la Libération -, le nouveau Gabriele d’Annunzio – son premier roman Education européenne lui vaut la célébrité -, « ambassadeur de France » – il sera secrétaire d'ambassade. 

C’est enfin une promesse d’amour oblatif unique, entier, qu’aucune autre femme ne pourra lui offrir.

Qu'importe que Romain Gary ait romancé certains épisodes de son enfance et de son adolescence, ainsi que la vie de sa mère ! Qui ne songe à sa mère en assistant à cette représentation théâtrale ?

Ils sont trois remarquables comédiens sur une scène au décor sobre pour relater cet amour entier liant deux êtres exceptionnels, de Wilno (Vilnius) à Nice, puis à Londres. Tigran Mekhitarian interprète le jeune Romain Gary, grandi par l'amour maternel, Delphine Husté la mère juive qui garde son accent yiddish de Wilno, artiste dramatique à l’imagination fertile, émergeant de la pauvreté en s'établissant comme modiste en chapeaux signés par Paul Poiret, habile commerciale, subvenant seule aux besoins de ce duo attachant, puis directrice d'un hôtel-pension, et Léonard Stefanica qui campe un violoniste, une cliente catholique antisémite, un chauffeur de taxi, le roi de Suède…

La pièce bouleversante est jouée au Contrescarpe, près du Panthéon sur le fronton duquel est inscrit « Aux grands hommes, la patrie reconnaissante ». 

Une devise adaptable ainsi : « A une mère exceptionnelle, son fils reconnaissant ».

Note de Tigran Mekhitarian
Comédien, metteur en scène, fondateur de L’Illustre Théâtre

« À la suite d’une carte blanche proposée par les nouveaux directeurs du Théâtre Le Contrescarpe, après avoir vu mes mises en scène de Don Juan au Théâtre de la Madeleine et du Malade Imaginaire de Molière aux Théâtre des Bouffes du Nord, j’ai choisi d’adapter ce que je considère comme le plus beau livre du monde : La Promesse de l’Aube de Romain Gary (1960).

Jamais je n’ai lu un livre raconter si bien l’amour inconditionnel d’une mère pour son enfant.
Ici nous retracerons sur le plateau à trois comédiens, le parcours extraordinaire d’une mère, seule contre l’adversité du monde, qui a sacrifié l’entièreté de sa vie, pour que son fils perdu dans le fin fond de la province polonaise, devienne l’un des plus grands écrivains français, héros de guerre décoré de la croix de la libération et diplomate.
Romain Gary devient le guide des spectateurs : il les entraîne dans son imaginaire, recrée ses souvenirs, et les vie au présent sur le plateau. Chef d’orchestre de son propre récit, il nous fait vivre, à la fois, les situations concrètes mais néanmoins incroyables de son passé entouré de sa mère et des personnages fort qui ont marqué sa vie, et les moments de confessions seule face au spectateurs ou les envolés lyrique et la plume de Romain Gary savent si bien toucher au cœur. Violon, piano, et création musicale en live donneront à cette histoire un souffle à la fois intime, poétique et résolument contemporain.
À travers cette adaptation, je veux rappeler que l’amour et la volonté peuvent tout rendre possible et rendre hommage à ma propre mère, à qui je dois tout. »

Extrait de « La Promesse de l'aube » de Romain Gary
Première partie, chapitre 4, © Éditions Gallimard, 1960

« Il n'est pas bon d'être tellement aimé, si jeune, si tôt. Ca vous donne de mauvaises habitudes. On croit que c'est arrivée. On croit que ça existe ailleurs, que ça peut se retrouver. On compte la-dessus. On regarde, on espère, on attend. Avec l'Amour maternel, la vie vous fait à l'aube une promesse qu'elle ne tient jamais. On est ensuite obligé de manger froid jusqu'à la fin de ses jours. Après cela, chaque fois qu'une femme vous prend dans ses bras et vous serre sur son coeur, ce ne sont plus que des condoléances. On revient toujours gueuler sur la tombe de sa mère comme un chien abandonné. Jamais plus. Jamais plus. Jamais plus. Des bras adorables se referment autour de votre cou et des lèvres très douces vous parlent d'Amour, mais vous êtes au courant. Vous êtes passés à la source très tôt et vous avez tout bu. Lorsque la soif vous reprend, vous avez beau vous jeter de tous les côtés, il n'y a plus de puits, il n'y a que des mirages. Vous avez fait, dès la première lueur de l'aube, une étude très serrée de l'Amour et vous avez sur vous de la documentation. Partout où vous allez, vous portez en vous le poison des comparaisons et vous passez votre temps à attendre ce que vous avez déjà reçu. Je ne dis pas qu'il faille empêcher les mères d'aimer leurs petits. Je dis simplement qu'il vaut mieux que les mères aient encore quelqu'un d'autre à aimer. Si ma mère avait eu un amant, je n'aurais pas passé ma vie à mourir de soif auprès de chaque fontaine. Malheureusement pour moi, je me connais en vrais diamants ».


Du 02 octobre 2025 au 11 janvier 2026
Du jeudi au samedi à 21 h, les samedis à 16 h 30 et dimanches à 15 h
5, rue Blainville. 75005 Paris
« La Promesse de l'aube » de Romain Gary
Adapté et mis en scène par Tigran Mekhitarian
1 h 25 
Avec Tigran MEKHITARIAN dans le rôle de Romain Gary, Delphine HUSTÉ dans le rôle de la mère, Léonard STEFANICA dans plusieurs rôles
Assistante mise en scène : Lucie BAUMANN
Musique : Léonard STEFANICA
Avec la participation artistique du Studio l ESCA
Réservation : 01 42 01 81 88
Collectivités : 01 42 02 47 46
Mail : billetterie@lecontrescarpe.com
Visuels : Crédit Laura Bousquet


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