dimanche 12 février 2023

Le procès du gang des Barbares devant la Cour d'assises des mineurs de Paris (1/5)


En 2006, le jeune Français Juif Ilan Halimi, âgé de 23 ans, était victime de rapt, de séquestration accompagnée d’actes de torture et d’assassinat antisémite, commis par le gang des Barbares dirigé par Youssouf Fofana. Ce gang a été jugé en 2009 par la Cour d'assises des mineurs de Paris. Le 25 octobre 2010, 18 des 25 condamnés dans l’affaire du gang des Barbares ont été jugés en appel devant la Cour d’assises des mineurs de Créteil (Val-de-Marne). Le procès s'est achevé le 17 décembre 2010Condamné en 2009 à la réclusion criminelle à perpétuité assortie de 22 ans de sûreté pour avoir séquestré, torturé et tué Ilan Halimi en 2006, Fofana a vu sa peine accrue par des peines additionnelles pour avoir commis des violences sur des surveillants. Le 12 février 2023, au 229 boulevard Voltaire 75011 Paris, la Ligue de Défense Juive (LDJ), Israel Is Forever,  l'UPJF, l'Observatoire Juif de France, le BNVCA organisent un rassemblement à la mémoire d'Ilan Halimi, "torturé et assassiné en France à l'âge de 23 ans PARCE QUE TU ETAIS JUIF". 

A shorter version of this article was published in English by FrontPage Magazine
Une version abrégée de cet article a été publiée en anglais par FrontPage Magazine
De nouveau, c’est la même question : le procès se déroulera-t-il en audiences publiques ?

Comme lors de l’ouverture du procès le 29 avril 2009 devant la Cour d’assises des mineurs de Paris : deux accusés, dont « Yalda » (l’appât ayant attiré Ilan Halimi dans le piège), étaient mineurs à l’époque des faits.

Le principe devant les Cours d’assises, notamment de mineurs, est que les débats y sont publics. Cependant, devant la Cour d’assises des mineurs, la loi a réservé aux seuls mineurs à l’époque des faits la faculté de décider du huis clos, de la publicité restreinte ou de la publicité totale des débats . « Pour Mme Halimi, un procès public aurait une vertu pédagogique. Il permettrait de mieux comprendre l'engrenage criminel, de faire réfléchir parents et adolescents. C'est la loi du silence qui a tué son fils, il serait intolérable qu'elle s'impose encore aux assises, en cas de huis clos », s'indignait son avocat, Me Francis Szpiner, le 23 mars 2009.

Les mineurs de ce procès ont refusé des débats publics demandés par cet avocat. Les audiences ont été régies par la publicité restreinte qui, comme le huis clos, exclut le public et les médias.

Vingt-sept accusés comparaissaient pour des affaires au mode opératoire similaire : des Juifs ciblés comme tels attirés dans un piège par un « appât ».

Les faits
En décembre 2005, à la demande de Youssouf Fofana, Alexandra S. contactait, à des fins professionnelles, Michaël D. qui possède un studio d’enregistrement à son domicile, et son fils Jimmy. Le 5 janvier 2006, alors qu’il la raccompagnait dans un immeuble à Arcueil (banlieue Sud de Paris), Michaël D. était agressé à coups de barre de fer par Jean-Christophe S. et par Youssouf Fofana, qui proférait « Sale juif, crève ! Sale youpin ! » Il a survécu grâce à l’intervention de locataires ayant entendu ses cris. Ses agresseurs ont fui, le laissant dans une mare de sang. Sur son crâne et son visage, le médecin a compté 96 impacts de coups.

Vendeur comme Ilan Halimi dans une boutique de téléphonie du boulevard Voltaire (Paris), Marc K. avait été contacté par « Léa » (Audrey) envoyé par Youssouf Fofana. Méfiant, il n’avait pas donné suite à ses avances.

Le 20 janvier 2006, attiré dans un traquenard par « Yalda », le jeune Ilan Halimi était kidnappé et amené à Bagneux, une banlieue près d’Arcueil. Là, il a été séquestré dans un appartement, puis dans un sous-sol, et torturé pendant 24 jours, tandis que le gang réclamait une rançon exorbitante à sa famille de condition modeste car il pensait que la communauté juive solidaire paierait. Le 13 février, Youssouf Fofana poignardait à plusieurs reprises Ilan Halimi et lui mettait le feu. Brûlé à 80 %, nu, la tête tondue, Ilan Halimi était laissé pour mort près d’une gare à Sainte-Geneviève-des-Bois (banlieue de Paris). Découvert par une automobiliste, il décédait lors de son transfert à l’hôpital. Il avait 23 ans. Il avait été enterré en France. Puis sa famille a décidé de son exhumation, puis inhumation le 14 octobre 2007 dans un cimetière de Jérusalem (Israël) en présence notamment de sa famille, de Jean-Michel Casa, ambassadeur de France en Israël, et de Joseph Haïm Sitruk, grand rabbin de France.

Un verdict rendu lors du chabbat
Le procès de 27 membres présumés du gang des Barbares s'était ouvert le 29 avril 2009. Après dix semaines de débats à publicité restreinte, la dernière audience s'est tenue le 8 juillet 2009. Puis le jury a délibéré pour statuer sur les éventuelles condamnations qu'il prononcera.

10 juillet 2009. Richard Prasquier, président du CRIF (Conseil représentatif des institutions juives de France), expliquait aux journalistes venus au Palais de Justice entrendre le verdict que ce procès concerne la société française :

« Si le procès s’était déroulé publiquement, il aurait montré les mécanismes dans un groupe de 50 personnes qui tous n’appartiennent pas à la bande, mais malheureusement étaient motivés par l’avidité, la lâcheté, l’antisémitisme, la soumission à l’autorité. Ces mécanismes ont fait du juif le bouc-émissaire rêvé… Je redoute que certains d’entre eux n’aient pas compris et que leurs excuses ne visaient qu’à rechercher une diminution de peine… Je suis choqué par la faiblesse des peines requises contre deux-trois accusés. Le père de l’un des accusés était au courant de l’enlèvement, et il n’a pas jugé utile d’en faire part. C’est extraordinairement grave ».
Youssouf Fofana a souri et applaudi en entendant sa condamnation à la réclusion à perpétuité, dont 22 ans de sûreté.

Les 26 co-accusés ont écopé de peines souvent moins lourdes que celles requises par l’avocat général Philippe Bilger, soit des peines de 18 ans de prison à six mois avec sursis et deux acquittements. Ainsi, un des lieutenants de Youssouf Fofana, « l’autre boss », a été condamné à 15 ans de réclusion, alors que l’avocat général avait requis 20 ans, et non 25 ans.

Me Françoise Cotta, Philippe Pétillault et Didier Seban, avocats d’accusés, se réjouissaient du verdict : « Il n’y a pas eu d’amalgame autour de Youssouf Fofana, ni de condamnation pour l’exemple ».

« Je me réjouis que le jury et la Cour d’assises de Paris ait reconnu le caractère antisémite du crime. Et c’est bien parce qu’il était juif qu’Ilan Halimi a été tué et torturé », affirmait Me Francis Szpiner. Indigné par la clémence à l’égard de co-accusés, il sollicitait du ministère public et de la Garde des Sceaux qu’ils interjetassent appel pour une dizaine de responsables : appât, ravisseurs, deux geôliers, tortionnaires. En effet, concernant les peines prononcées, les parties civiles sont dépourvues de cette faculté .

Appel du parquet visant 18 des 27 accusés
« La présidente était exceptionnelle. Le jury hors du commun. C’est un verdict équilibré », se félicitait Philippe Bilger, avocat général, sur Judaïques FM, le 12 juillet 2009. Une manière de signifier qu’il n’interjetterait pas appel.

« Si le verdict est exemplaire, pourquoi la Cour n’a-t-elle pas suivi les réquisitions de l’avocat général ? », ironisait Me Patrick Klugman, conseiller de Paris.

Quant au CRIF, il espérait que, « s’il y a appel, la législation permettra à ce nouveau procès d’être public, l’excuse de minorité étant clairement inadaptée ». En effet, si la proposition de loi déposée le 8 juillet 2009 par les députés François Baroin et Jack Lang était votée à l’automne 2009, alors les débats devant la Cour d’assises des mineurs seront publics « à moins que la publicité ne soit dangereuse pour l’ordre ou les mœurs », et dans ce cas, c’est cette Cour, et non un accusé, qui décidera du huis-clos.

Me Francis Szpiner et les dirigeants communautaires admettaient la hiérarchie de responsabilités et l’individualisation des peines. Mais ils critiquaient l’inadaptation de la répression au crime.

Le 13 juillet, à la demande de la ministre de la Justice, le parquet général de Paris annonçait un appel des condamnations inférieures aux réquisitions de l'avocat général. Une voie de recours légale qui visait 14 des 27 accusés, mais qui suscitait les critiques d’avocats et de magistrats arguant de l’indépendance de la justice et d’un « verdict exemplaire ».

Les dirigeants de la communauté juive française accueillaient favorablement la décision de la ministre. Cependant, ils maintenaient, peut-être à tort, leur appel, lancé dès la connaissance du réquisitoire de l’avocat général, et prévu le 13 juillet 2009, à 19 h, devant le ministère de la Justice. S’y rendaient quelques centaines de personnes.

Le 16 juillet 2009, interrogée au Sénat, la ministre de la Justice justifiait sa décision dans « l'intérêt de la société et de la paix publique ».

Dans un communiqué au Nouvelobs.com, 24 avocats de la défense dénonçaient « l'ingérence du pouvoir politique dans l'autorité judiciaire ». Ils demandaient « au Garde des Sceaux d’ordonner au Parquet Général de retirer son appel ».

Le 17 juillet 2009, le parquet annonçait avoir interjeté appel des condamnations visant quatre accusés, dont des complices importants de Youssouf Fofana. Me François-Pascal Gery, avocat de Fofana, annonçait que son client avait interjeté appel de sa condamnation. Fofana s’est désisté de son appel en février 2010.

Me Francis Szpiner se réjouissait d’un appel général pour une meilleure « compréhension de l’affaire ».

Le 21 juillet 2009, lors d’une conférence de presse, les avocats de la défense, en compagnie d’un magistrat, réitéraient leur opposition à cet appel « politique et idéologique » du Parquet et focalisaient leurs attaques contre Me Francis Szpiner.

Une controverse empreinte d’hypocrisie
Etaient défavorables à cet appel : des avocats, principalement ceux d’accusés, des médias. Cet appel était aussi vivement critiqué par des syndicats de magistrats stigmatisant « la victoire de la politique sur la justice ». D’aucuns évoquaient des « pressions de la communauté juive » qui chercherait à se venger. D’autres encore doutaient du caractère pédagogique d’un procès. Certains avançaient qu’un procès public violerait la convention internationale des enfants, notamment son article 30 !

Lors de la conférence de presse du 21 juillet 2009, les avocats de la défense et un magistrat du SDM (Syndicat de la magistrature) étaient interloqués quand un journaliste leur rappelait que Rachida Dati, alors garde des Sceaux, avait demandé que le parquet fasse appel du jugement annulant un mariage civil entre époux musulmans parce que l'épouse avait menti sur sa virginité.

Foin d’hypocrisie et de mauvaise foi ! Ledit appel est légal : le parquet, notamment le procureur, est placé sous l’autorité de la ministre de la Justice, et celle-ci a le droit/devoir de définir une politique pénale publique. Et quel désaveu cinglant des réquisitions de l’avocat général Philippe Bilger et du verdict du jury où ont siégé des magistrats professionnels. « On nous reproche notre corporatisme et je crois, la plupart du temps, qu'on a raison », écrit le magistrat Philippe Bilger, le 15 juillet 2009 .

Cette polémique s’insère dans un contexte tendu : des magistrats et des avocats mécontents des réformes opérées par Rachida Dati, précédente ministre de la Justice, des syndicats de magistrats désireux peut-être aussi de tester la fermeté de Michèle Alliot-Marie ministre nommée en juin 2009.

Curieusement, magistrats et journalistes n’ont pas dénoncé l’« ingérence politique » du Président de la République Nicolas Sarkozy dans les justices française et tchadienne quand il a ramené en France en 2007 trois journalistes français (affaire du transfert illégal d’enfants tchadiens en France par l’association L’Arche de Zoé), et quand il a reçu en 2008 la famille du juge français Bernard Borrel assassiné à Djibouti en 1995 et a « fait prendre un tournant à 180 degrés à ce dossier politico-judiciaire » .

Nier les vertus pédagogiques d’un procès, notamment à l’égard des prévenus, n’est pas fondé. Les classes qui se pressent aux audiences judiciaires et les déclarations d’une amie d’un « appât » interviewée 11 juillet 2009 sur France 3 démontrent les vertus pédagogiques des procès.

« Il est de plus en plus fréquent ces dernières années qu’à l’issue d’un procès, les parties civiles réclament une réforme du droit pénal. Souvenez-vous du meurtre de la petite Karine, en 1994, à la suite duquel le législateur a créé la “peine de perpétuité réelle”, ou encore de la loi sur la rétention de sûreté adoptée dans la foulée de toute une série de crimes commis à l’encontre des enfants », expliquait Denis Salas, magistrat et auteur de « La volonté de punir », dans La Croix, le 14 juillet 2009.

Et ce quotidien catholique de poursuivre : « En exigeant du pouvoir politique la révision des règles du huis clos, de même que la tenue d’un nouveau procès, la famille Halimi tente, à son tour, de faire évoluer le droit ». Comme d’autres familles de victimes, dont nombre d’entre elles, de toutes confessions, ont été reçues à l’Elysée ou au ministère de la Justice .

Bizarrement, ni ces magistrats ni ces médias ni ces avocats ne condamnent la publication d’articles rendant compte des audiences par la journaliste Elsa Vigoureux dans son blog du Nouvel Obs. La loi est pourtant claire : le compte-rendu des débats de procès devant la Cour d’assises des mineurs dans la presse est interdit . Selon Elsa Vigoureux, la Cour avait envisagé d’en faire interdire la publication. Pourquoi s’est-elle ravisée ? La publicité des débats aurait permis une information du public plus équilibrée. Le huis clos, c’est la situation la meilleure pour la défense : elle évite que soit révélée l’étendue des responsabilités des accusés.

Nadia Ajjan, présidente critiquée de la Cour
L’avocat général et des avocats d’accusés louaient le déroulement du procès à huis-clos. Or plusieurs témoignages nuancent fortement cette image.

Dès la première audience, Youssouf Fofana menaçait la Cour, les jurés. Les avocats des parties civiles demandaient à Nadia Ajjan, présidente de la Cour, d’acter ces menaces, c’est-à-dire de les indiquer dans le dossier. Devant le refus de la présidente, ils quittaient l’audience « pour rencontrer le parquet », nous confiait Me Muriel Ouaknine-Melki, avocate de MM. D., le 11 juillet 2009.

Et d’ajouter : « Dès la première semaine, des incidents étaient soulevés en défense afin de retarder le moment d’étudier le fond. J’aurais préféré plus de fermeté de la présidente ». Ce que confirme le témoignage d’une personne ayant assisté aux audiences.

Refus de comparaître de Fofana, provocations – jet de chaussure vers les parties civiles et leurs avocats – de Fofana, refus de Fofana entériné par la présidente de répondre à des questions d’avocats …

« La dignité et la sérénité des débats ont profité aux accusés », estime Me Muriel Ouaknine-Melki .

« Dans l’esprit de la présidente et de l’avocat général, l’antisémitisme se résumait à Youssouf Fofana. Il ne fallait pas en parler pour les autres accusés. La présidente souhaitait mener son audience sans incident et a suivi l’incrimination juridique pas à pas. Pour l’avocat général, l’antisémitisme concernait le seul Youssouf Fofana. L’avocat général ne maîtrisait pas très bien son dossier. Il était peu présent dans les débats. Il n’a pas toujours été d’une parfaite clarté dans son appréhension de l’antisémitisme. Il avait l’impression que le plus important était Youssouf Fofana, qui ne le contrariait pas et en rajoutait dans sa responsabilité. Il est tombé dans le piège de Fofana qui affirmait : ‘J’ai tout fait, les autres m’ont obéi’», nous résumait Me Francis Szpiner le 14 juillet 2009 .

Et Me Francis Szpiner de poursuivre : « La loi punit l’antisémitisme comme circonstance aggravante du meurtre et des actes de torture et de barbarie. En revanche, elle ne retient pas l’antisémitisme comme circonstance aggravante en matière d’enlèvement et de séquestration, quand bien même la personne a été enlevée et séquestrée parce qu’elle était juive. Ce n’est pas parce que la loi ne le prévoit pas qu’une partie de ceux ayant participé à ces faits ne sont pas antisémites. C’est un fait : peu voulaient en discuter lors des audiences » .

La stratégie des co-accusés ? Aux questions risquant de révéler leur responsabilité, « ils étaient assez malins pour répondre ‘Je ne me souviens plus précisément’ ou par des phrases convenues », nous a indiqué Me Muriel Ouaknine-Melki en juillet 2009. Et d’ajouter : « Les avocats des accusés ont pris à parti les responsables de la police sur ses choix, sur ce fil directeur : ‘Vous n’avez pas bien fait votre travail, vous n’êtes pas intervenus à temps, Ilan Halimi a été tué, et nos clients se sont retrouvés dans cette situation’ ». La police n’avait pas diffusé les portraits-robots des appâts « qu’elle trouvait peu précis et pour ne pas mettre en danger la vie d’Ilan Halimi ».

Philippe Bilger, avocat général médiatique, ou « l’accusation a failli » (Me Szpiner)
Me Muriel Ouaknine-Melki se souvient :
« Youssouf Fofana était interrogé sur sa mise à mort d’Ilan Halimi. Il répondait sans exprimer de regret. Une telle barbarie était difficile à entendre. L’avocat général, l’a interpellé : ‘Monsieur Fofana, ne croyez-vous pas que par votre acte vous avez rendu l’antisémitisme odieux ?’ Nous nous sommes levés immédiatement sur le banc des parties civiles. Nous nous sommes rendu compte que quelque chose d’anormal se passait et nous avons exprimé, par la voix de Me Szpiner, notre indignation. Me Szpiner a demandé à Philippe Bilger : ‘Monsieur l’avocat général, existe-t-il un antisémitisme qui ne soit pas odieux ?’ L’avocat général s’est embrouillé. Et c’est bien là le problème. Sa réponse a été complètement confuse. Il nous a dit : ‘Mais non. Il faut prendre ce que j’ai dit dans le contexte particulier’. A partir de ce moment-là, je me suis dit qu’il fallait être particulièrement vigilant sur le discours qui sera tenu par l’avocat général lors de son réquisitoire, car nous risquions d’avoir de grandes surprises. Je ne me suis plus sentie soutenue par l’avocat général, et je me suis dit qu’il fallait faire un travail proche de celui du parquet pour arriver à faire émerger au sein du box des accusés toute forme d’antisémitisme ».
La « logorrhée antisémite violente » de Fofana, qui a revendiqué le meurtre d’Ilan Halimi, tranchait avec l’attitude des co-accusés. Me Muriel Ouaknine-Melki les a « interrogés :
« ‘Comment les juifs étaient-ils perçus dans la cité ?’ Une accusée a répondu, avec franchise, spontanément, en racontant l’antisémitisme ambiant : dans la cité, quand on partageait un paquet de gâteaux, on disait de manière complètement banale : ‘Fais pas ton feuj ! Ne mange pas en Feuj’, c’est-à-dire ‘Ne mange pas en juif, en radin’. Je lui ai demandé si ce genre de propos ne la choquait pas. Elle m’a répondu qu’au début cela l’avait peut-être choquée, mais qu’elle les entendait cinq-six fois par jour, donc cela ne la choquait plus ».
« L’accusation a été faible. Elle a failli comme défenseur de la société et dans sa mission d’informer le jury. Dans son réquisitoire l’avocat général a fait part de ses états d’âme : ‘J’aurais pu demander 25 ans pour les lieutenants de Youssouf Fofana. Je demande 20 ans’. Il n’a pas expliqué les raisons du choix de peines les plus basses. Le grand reproche qu’on pourrait lui adresser est qu’il n’a pas lutté contre la banalisation de l’enlèvement. Quand on prend le risque d’enlever un homme, on prend le risque de participer à un meurtre. Beaucoup de rapts finissent mal. L’avocat général ne l’a pas dit », nous déclarait Me Francis Szpiner.

Me Muriel Ouaknine-Melki s’insurge devant les réquisitions de l’avocat général qui, le 30 juin, « distinguait un antisémitisme violent incarné par Youssouf Fofana et un antisémitisme banal représenté par ses complices ». Et cette avocate d’insister qu’il « n’y a pas deux antisémitismes : l’un inacceptable, et l’autre tolérable. C’est le même antisémitisme qui a mu tous les accusés. Toute forme d’antisémitisme est violente. L’avocat général a tenu un discours ambigu. Il a soutenu la thèse de la défense. Lors de ses réquisitions, il hésitait sur la peine à requérir ».

« On peut s’interroger sur l’opportunité de la publication de l’interview de cet avocat général par Paris-Match quelques jours avant le verdict », relève Me Muriel Ouaknine-Melki. Philippe Bilger y déclare : « Mon père, Joseph Bilger, a été condamné à la Libération à dix ans de travaux forcés pour collaboration avec l’ennemi. Il avait, au nom de la politique du moindre mal, entretenu des relations avec l’administration lorraine, sous tutelle de l’occupant. Si ma passion professionnelle m’a conduit à affronter les accusés, à les écouter, peut-être à les comprendre, c’est parce que mon père a été accusé, qu’il a été condamné et qu’on ne chasse pas aisément son père de soi ».

Philippe Bilger y stigmatise aussi les « intellectuels [qui] ont voulu se faire passer pour Sartre quand ils n’étaient tout au plus que des essayistes de l’instant, des maîtres de la flatterie et des handicapés de l’universel. Je songe à Alain Minc, Jacques Attali, Max Gallo, André Glucksmann. Et bien sûr Bernard-Henri Lévy » . Sauf Max Gallo, tous sont juifs.

« Il est très dommage d'avoir choisi cet avocat général pour un procès comme celui-là, où il y a de l'antisémitisme… L'antisémitisme, peut-être que certains en voient partout, mais d'autres comme Philippe Bilger le minimisent... Il y a donc une suspicion, un malaise concernant M. Bilger », résumait Richard Prasquier, à Mediapart, le 17 juillet 2009 .

Esquisses d’explications d’un « verdict déséquilibré »
« Le verdict n’est pas laxiste, mais déséquilibré. Les complices de Youssouf Fofana n’ont pas été condamnés à la hauteur du crime », estimait Me Francis Szpiner.

En général, un mineur bénéficie de l’excuse de minorité : le mineur délinquant ne peut se voir infligé une peine supérieure à la moitié de celle frappant un majeur délinquant. Cependant, cette excuse de minorité peut tomber si le mineur est âgé de plus de 16 ans et si les circonstances de l'espèce et sa personnalité le justifient.

« Les juges pour enfants de la Cour d’assises des mineurs ont tendance à reconnaître l’excuse de minorité : le mineur de 17 ans a agi dans l’instantanéité, a été inconscient. Mais dans l’affaire du rapt et du meurtre d’Ilan Halimi, c’est différent : l’appât a eu le temps de réfléchir avant de s’engager : elle a appelé Ilan cinq fois. Cela a duré dans le temps. L’appât a participé au rendez-vous pour mettre sur pied l’enlèvement d’Ilan, lui a fixé rendez-vous. Si à 17 ans, on ne sait pas que ce n’est pas bien ! », nous a expliqué Me Francis Szpiner en juillet 2009.

Le jury a suivi la voie tracée par l’avocat général, sans aller au-delà des peines requises comme l’en avait exhorté Me Francis Szpiner. Ayant condamné Youssouf Fofana à la peine maximale – il ne pouvait pas faire moins -, il a usé, à l’égard des autres accusés, de sa liberté en choisissant des peines inférieures à celles requises.

Le jury a voulu juger une affaire, et non faire preuve de pédagogie ou juger pour l'exemple. Mais il a banalisé ce crime extra-ordinaire dont il ne semble pas avoir perçu la dimension : tuer un Juif parce que Juif dans une cité marquée par l’omerta de plus d’une cinquantaine d’individus au courant de la séquestration. Ce faisant, ce jury adresse un signal inquiétant à la société. Il révèle une certaine érosion des valeurs, un certain délitement de la cohésion sociale, une sensibilité de relative clémence à l’égard de co-accusés.

Le jury a vraisemblablement tenu compte de la jeunesse des accusés et de leur vécu. Peut-être a-t-il perçu ces jeunes comme trop peu conscients de la gravité de leurs actes, influençables, peu intelligents ou faiblement éduqués. Mais « sans les complices, sans la conspiration du silence, rien n’est possible pour Fofana », insistait Me Francis Szpiner, le 12 juillet, sur Radio J.

Par leur nombre élevé, les jeunes accusés, dont certains présentaient des excuses, et leurs avocats occupaient davantage l'espace et les esprits que les parties civiles - une famille souffrante et digne, les témoignages d’adultes Juifs ayant eu de la chance -, leurs avocats et l’écoute de l’enregistrement de la voix émouvante du jeune Ilan torturé et assassiné. L’extrémisme revendiqué de Fofana jouait en faveur des co-accusés adoptant un « profil bas », et atténuant la perception de la gravité de leurs actes.

L’absence d’associations de lutte contre le racisme et l’antisémitisme au côté des parties civiles a renforcé l’isolement de celles-ci.

Et puis, « le statut des victimes est peu enviable en France », observe Me Muriel Ouaknine-Melki.

Des condamnés et leurs complices représentaient-ils des individus sans morale ni civisme d'une « France Black/Blanc/Beur » unie contre un Juif sans défense ?

Les membres du jury populaire ont-ils pensé que leurs enfants auraient pu se trouver sous l'emprise d'un criminel ? En tout cas, ils ne se sont pas identifiés à la famille d'Ilan Halimi martyrisé car ce qui arrive à un Juif ne peut pas leur arriver.

Le jury a-t-il eu peur de représailles de complices ? Avant le prononcé du verdict, un avocat des parties civiles recommandait à un spectateur de ne pas désigner du doigt un accusé, car c'est un « méchant qui a des amis dans le public ». De plus, un des complices de Fofana n'a jamais pu être arrêté par la police.

Des affaires révélatrices d’une société « ensauvagée » (Ivan Rioufol)
« Ce procès est le procès de la société française », a écrit Richard Prasquier .

Que révèlerait un nouveau procès médiatisé ? L’horreur des actes barbares infligés à Ilan Halimi et l’ancrage de l’antisémitisme cimentant des individus. Le délabrement moral d’une partie de la société française : jeunes décérébrés, motivés par la cupidité ; adultes échouant dans leur mission éducative. Le délitement d’une société à l’identité insuffisamment affirmée, à l’histoire méconnue ou assumée trop souvent avec complexes, réticences et honte . Des zones de non-droit aux portes de Paris. Les conversions à l’islam radical d’accusés. L’antisémitisme de membres du gang où se mêlent les stéréotypes anciens – "Juifs riches", "complot juif" - et l’influence des islamistes : dans un enregistrement transmis à la famille, Ilan Halimi est contraint de décliner son identité comme le journaliste américain Daniel Pearl - « Je suis Ilan. Ilan Halimi. Je suis le fils de Halimi Didier et de Halimi Ruth. Je suis juif, on me retient en otage » - ; il est photographié par les kidnappeurs sur un fond à dominante oranger, couleur des vêtements des détenus à Guantanamo, un pistolet pointé contre sa tempe et les poignets liés... Une comparaison soulignée par le magazine Choc.

Le nouveau procès montrerait le fonctionnement effrayant de groupes dans les cités, la supériorité dans des cités de l’omerta sur la loi républicaine, ainsi que les erreurs ou fautes commises par la police.

« Nous avons échoué », reconnaissait Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur, à la famille et à l’amie d’Ilan Halimi après le meurtre de celui-ci .

Dans son livre, Ruth Halimi, stigmatise la stratégie de la police : refus d’admettre le caractère antisémite du rapt, conviction qu’il s’agissait d’une « affaire strictement crapuleuse », non perception de « la haine » et méprise sur le profil des kidnappeurs, dysfonctionnements induits par une mauvaise circulation des informations, difficultés à résoudre les problèmes spécifiques de l’enquête, inexpérience de certains policiers, refus de tenir compte des conseils de la famille souhaitant un maximum de publicité autour du rapt, etc.

La police a mené l’enquête en acceptant d’agir sur le terrain choisi par l’adversaire qui maîtrisait de nouvelles technologies très rapides, alors qu’elle était contrainte au respect de procédures rigides chronophages. Or, c’est la bonne vieille technique du portrait-robot médiatisé qui, 48 heures après diffusion, a amené un appât (Audrey) à se rendre au commissariat de police. Grâce aux informations qu’elle donnait, la police arrêtait le Gang en quelques jours.

Quelle leçon la police en a-t-elle tirée ? « À la suite de cet échec, nous avons noué un dialogue avec les opérateurs et les fournisseurs d'accès à Internet. Ils se sont engagés à améliorer leur système d'exploitation », disait le 29 mai 2009 François Jaspart, directeur de la police judiciaire de la Préfecture de police de Paris lors de l'enquête sur l’enlèvement d’Ilan Halimi .

Sammy Ghozlan, président du Bureau national de vigilance contre l’antisémitisme (BNVCA) et commissaire de police à la retraite, rappelle les écueils à éviter en matière de rapt :
« Il ne faut pas laisser le temps courir ni couper le contact avec les kidnappeurs. Le silence a tué : il aurait fallu distribuer tout de suite les portraits-robots ».
Il souligne combien la communauté Juive française, et notamment sa jeunesse, demeurait marquée par le meurtre d’Ilan Halimi.

Un des deux premiers assassinats antisémites, après celui du jeune DJ Sébastien Selam le 20 novembre 2003, et de Sarah Halimi dans la nuit du 3 au 4 avril 2017, en France, lors de l'Intifada II.

Qui savait quoi dans la communauté Juive française sur l'enlèvement et les tortures infligées à Ilan Halimi pendant ces 24 jours ? Un sujet encore tabou.


Addendum

2011
France 2 a diffusé le 13 novembre 2011 à 22 h 45, du numéro de Faites entrer l’accusé (100 minutes) consacré à cette tragédie et réalisé par Bernard Faroux. Curieusement, le
communiqué de cette chaine publique s’achève ainsi : « Crime crapuleux ou crime antisémite ? »

2012
Un rassemblement silencieux avec une bougie a été organisé par la Fraternité judéo-noire (FJN) le 13 février 2012, de 19 h à 20 h 30, devant le magasin de téléphonie du 229 boulevard Voltaire (75011 Paris) où travaillait Ilan Halimi quand il a été contacté par Emma, qui a servi d'appât pour le compte du gang des Barbares. Le 20 janvier 2012, Le Parisien a annoncé que cette dernière avait été récemment libérée ; elle comparaitra le 14 février 2012 devant le tribunal correctionnel de Versailles pour recel dans une autre affaire.
Le 7 mars 2012 Youssouf Fofana, chef du gang des Barbares, a été soupçonné d'avoir posté sur Internet une quinzaine de vidéos de sa cellule à la prison de Clairvaux. Une enquête a été ouverte par la justice française. Le parquet de Troyes a demandé le retrait de ces vidéos, dont certaines sont encore visibles sur Youtube.
Le 24 octobre 2012, Youssof Fofana a été condamné à un an de prison supplémentaire pour violences le 10 septembre 2012 contre un détenu qui a eu une fracture du nez. Une sentence prononcée par le tribunal correctionnel de Moulins.

2013
Le 13 février 2013, Youssof Fofana a été condamné à sept ans de prison supplémentaires pour apologie du terrorisme et provocation à la discrimination raciale : depuis sa cellule de la prison de Clairvaux (Aube), il avait publié à la fin de 2011 une quinzaine de vidéos dans lesquelles il louait "al-Qaïda et les combattants de la cause d'Allah". Les vidéos avaient ensuite été ôtées d'Internet. Fofana a aussi été condamné pour avoir refusé un prélèvement biologique.
Jérôme Guedj, président socialiste du Conseil régional de l'Essonne, a annoncé la création d'un Prix Ilan Halimi contre l'antisémitisme. Doté de 10 000 euros, ce Prix vise à "déconstruire les stéréotypes antisémites: travail de recherche universitaire, initiative culturelle, projet associatif, scolaire ou périscolaire. Ce prix qui incarnera les valeurs de fraternité de cohésion et d’universalisme du département sera remis par un jury composé d’élus, de personnalités académiques et intellectuelles, de membres du CRIF, de représentants de l’éducation nationale et des associations de lutte contre le racisme ".
Le 21 février 2013, Me Francis Szpiner comparaitra devant la Cour d'appel de Lyon pour avoir déclaré en juillet 2009, au Nouvel Observateur et à propos de Philippe Bilger que celui-ci était un "traitre génétique". La Cour d'appel avait relaxé Me Szpiner, mais le 4 avril 2012 la Cour de cassation a cassé l'arrêt de la Cour d'appel car elle a considéré que ces propos manquaient de "délicatesse".
Trois films sont en préparation sur cette tragédie : avec le soutien de Ruth Halimi, mère d'Ilan Halimi, le réalisateur Alexandre Arcady adapte 24 jours de Ruth Halimi et d'Emilie Frèche, l'acteur Richard Berry songe à adapter Tout, tout de suite de Morgan Sportès et le producteur Thomas Langmann envisage un long métrage intitulé Les Ignorants.
Diverses organisations françaises Juives ont organisé un rassemblement à la mémoire d'Ilan Halimi, le mercredi 13 février 2013, à 19 h, au 229 boulevard Voltaire, 75011 Paris (Métro : Rue des Boulets).
Deux films sortiront en 2014 sur cette tragédie : l'un réalisé par Richard Berry qui s'inspire du livre de Morgan Sportès, l'autre par Alexandre Arcady qui s'inspire du livre de Ruth Halimi et Emilie Frèche et vient de débuter le tournage du film. La regrettée Valérie Benguigui (z''l), décédée à l'âge de 47 ans d'un cancer du sein, devait y interpréter le rôle de Ruth Halimi. Elle excellait dans les comédies dramatiques et conférait au personnage incarné l'humanité, la gravité, la profondeur, la tendresse  et une certaine réserve qui pouvait éclater de manière inattendue et parfois cocasse. J'adresse mes condoléances à la famille de cette actrice. 

2014
Le 10 février 2014, Youssouf Fofana a agressé un surveillant de la prison ultra moderne d'Alençon-Condé-sur-Sarthe (Orne). Il était sorti de sa cellule d'isolement pour téléphoner à son amie détenue dans une prison à Rennes (Bretagne). Avec une brosse à dents aiguisée, il a légèrement blessé ce surveillant à la main.  Celui-ci a été soigné sur place. Fofana a été replacé dans sa cellule d'isolement. Diverses organisations françaises juives ont rejoint l'appel de la Fraternité judéo-noire (FJN) au rassemblement le 13 février 2014, à 19 h, au 229 boulevard Voltaire (75011 Paris), à la mémoire d'Ilan Halimi.
Le 19 février 2014, le tribunal d'Alençon a condamné, dans le cadre de la comparution immédiate, Fofana à  trois années de prison, peine plancher, pour cette agression et pour menaces de mort et violences sans interruption de travail commises le 24 décembre 2013 contre trois surveillants de cette prison.
Le 25 février 2014, le journaliste Renaud Revel se fait l'écho de l'indignation d'Alexandre Arcady car France Télévisions a refusé de s’associer à son dernier film 24 jours, la vérité sur l’affaire Ilan Halimi. Président de France Télévisions, Rémy Pflimlin a estimé que cette histoire "n’a pas sa place dans les grilles de programme du groupe, car jugé trop dure". Par contre, Manuel Valls, ministre de l'Intérieur, a jugé ce « film très fort ».
Lors du dîner du CRIF  du 4 mars 2014, Alexandre Arcady m'a confié que France Télévisions avait allégué que son projet de film ne correspondait pas à la "ligne éditoriale" du groupe public audiovisuel. Je lui ai dit : "Quand les journaux télévisés de France Télévisions ont évoqué l'affaire du gang des Barbares, cela ne correspondait pas à la "ligne éditoriale" de France Télévisions ?"
Le réalisateur Alexandre Arcady a reçu un Prix lors du dîner de gala du BNVCA (Bureau national de vigilance contre l'antisémitisme). Avec dignité et tristesse, il a évoqué les refus de France Télévisions, de Canal + et de la Commission d'avances sur recettes du CNC (Centre national du cinéma) - celle-ci avant la réalisation du film, puis lors du visionnage du film monté - de financer son film 24 jours. La vérité sur l'affaire Ilan Halimi. Il a remercié le Dr Sydney Ohana pour avoir co-produit ce long métrage qui a été vu par environ 225 000 spectateurs en France. Expliquant pourquoi il considérait que cet assassinat était le premier en France, il a dressé un parallèle entre le traitement des Juifs pendant la Shoah et le calvaire enduré par Ilan Halimi déshumanisé, affamé, torturé, brûlé et tué parce que Juif.
Le 13 juin 2014, la cour d'appel de Caen a aggravé la peine à laquelle Youssouf Fofana, chef du « gang des Barbares », avait été condamné en février 2014, et l'a condamné à verser 120 € de frais de justice. Elle a ajouté un an aux trois années de prison infligées en première instance "pour avoir agressé à deux reprises des surveillants de la prison de Condé-sur-Sarthe-Alençon... avec des armes artisanales fabriquées, avec une boîte de sardine en décembre, puis avec une brosse à dent affûtée en février" 2014. "Prendre encore dix ans, ça ne me dérange pas", a déclaré Fofana à l'énoncé de sa condamnation.
Le 18 juin 2014, deux détenus dont Youssouf Fofana ont agressé physiquement deux surveillants dans cette prison de l'Orne. "Lors de la distribution des repas dans le quartier disciplinaire, un premier détenu a tenté de planter son arme artisanale, son pic, dans la gorge du premier surveillant distribuant le repas. Ce qui a occasionné un changement de cellule... Puis, Fofana a tenté de planter son stylo dans la nuque du surveillant. Ce qui est gravissime est que les points visés étaient des points vitaux. Nous sommes passés encore une fois à côté d'un drame", a constaté Nicolas Caron, secrétaire national de Force ouvrière-Pénitentiaire, sur BFM-TV. Un "incident fortuit et sans gravité" selon le ministère de la Justice.
Selon Alliance.fr, la mairie de Bobigny (Seine-Saint-Denis) a recruté en mai 2014 Linda Benakouche, qui, contrairement aux allégations de Christian Bartholmé n'était pas alors mineure, avait séquestré une jeune femme enceinte et tué son fœtus et qui est l'épouse de Jean-Christophe Soumbou. Cette chargée de mission politique urbaine à la mairie est "une amie de longue date" de Christian Bartholmé, 1er adjoint au Maire et conseiller communautaire.
Condamné en 2009 à la réclusion criminelle à perpétuité assortie de 22 ans de sûreté pour avoir séquestré, torturé et tué un jeune Français Juif de 23 ans, Ilan Halimi, en 2006, Fofana a vu sa peine accrue par des peines additionnelles pour avoir commis des violences sur des surveillants. Le 28 juillet 2014, Fofana, détenu âgé de 33 ans à la prison de Condé-sur-Sarthe/Alençon (Orne), ouverte en mai 2013 pour les détenus les plus dangereux et présentée comme la plus sécurisée de France, a été condamné par le tribunal correctionnel d’Alençon à trois ans de prison ferme pour une énième agression d’un surveillant en juin 2014. Fofana avait alors "attaqué un surveillant à la nuque avec un stylo au moment où on voulait le sortir de sa cellule".

2015
Une marche silencieuse à la mémoire d'Ilan Halimi et de toutes les victimes de la barbarie s'est déroulée le 12 février 2015 : elle est partie du 229 boulevard Voltaire à 18 h et a rejoint l'Hyper Cacher, Porte de Vincennes. Ses slogans : "Ensemble, nous sommes la France ! Nous sommes la République ! #Unis Contre La Barbarie, Levons-nous et marchons".

Le 12 janvier 2015, au cimetière Har Amenouhot dans le quartier de Givat Shaoul (Jérusalem, Israël), a eu lieu un rassemblement pour Ilan Halimi : "Depuis de nombreuses années, la communauté juive de France est confrontée à une idéologie antisémite que propagent diverses officines.  Une propagande haineuse, souvent inspirée par des organisations islamistes, est la cause principale des agressions à répétition et d'un sentiment d'insécurité. Pour dire Stop à la Haine ! Participez au rassemblement pour Ilan, l'une des victimes de cette haine".


2016
Le 14 février 2016 à 16 h, un rassemblement unitaire au 229 boulevard Voltaire a rendu hommage à Ilan Halimi.


Le 11 mai 2016, est sorti en France Tout tout de suite, film de Richard Berry.


2017
Le 10 janvier 2017, Fofana a comparu devant le tribunal correctionnel de Paris "pour avoir envoyé, entre 2002 et 2004, des lettres de menaces et des demandes de rançon à une quarantaine de personnes, pour la plupart dirigeantes d’entreprises, de Rolex à Whirlpool en passant par Toshiba".
« Je suis un trader de la terreur », a-t-il déclaré lors de l’audience, "en réponse à la présidente qui l’interrogeait sur son identité".
Après une heure d'audience, à sa demande, M. Fofana a rejoint sa cellule dans la prison de Condé-sur-Sarthe (Orne).
« Aujourd’hui on avait la possibilité de comprendre la montée en puissance » de Youssouf Fofana, a regretté le procureur Youssef Badr, évoquant des tentatives d’extorsion qui pourraient presque passer pour celles d’un « amateur ». Mais « M. Fofana a coupé court au débat judiciaire. Il était intéressant de savoir ce qu’était devenu le bourreau d’Ilan Halimi, la réponse est là : il n’a pas changé », a-t-il déploré.
Youssouf Fofana a été condamné à dix années de prison supplémentaires pour tentatives d'extorsion de fonds et menaces. "Cette condamnation, qui correspond aux réquisitions du procureur, est assortie d’une période de sûreté des deux tiers". Elle s'ajoute à la perpétuité à laquelle il avait été condamné en 2009, "assortie d’une période de sûreté de 22 ans, pour l’assassinat d’Ilan Halimi".

Le 1er mai 2017, Canal + diffusa Tout tout de suite, réalisé par Richard Berry, avec Marc Ruchmann, Steve Achiepo, Romane Rauss, Richard Berry, Idit Cebula, Pascale Louange, Morgane Nairaud, Edouard Giard, Rabah Nait Oufella, Arnon Ardruber, Hedi Bouchenafa, Idrissa Diabaté. "Février 2006. La police a trouvé le corps d'Ilan Halimi sur le bord d'une route à Sainte-Geneviève-des-Bois, nu, brûlé à 80 %. Kidnappé, il a été séquestré et torturé pendant trois semaines dans une cité HLM de Bagneux, dans les Hauts-de-Seine. Vendeur travaillant dans un magasin de téléphonie mobile du boulevard Voltaire à Paris, il était juif. Et donc supposé, selon ses ravisseurs, avoir de l'argent. Ilan a été la victime de Youssouf Fofana, antisémite forcené et au casier judiciaire déjà chargé, et de sa bande surnommée le gang des Barbares. Une fois arrêtés, les membres du gang passent aux aveux..." Le 6 septembre 2017, Canal + Cinéma  diffusa ce film.

2018
Le 12 Février 2018 à 19 h, le Collectif Ilan HALIMI avec la Ligue de défense juive (LDJ), OJE (Organisation juive européenne), Europe Israël et une autre association, a organisé un rassemblement à la mémoire d'Ilan Halimi, douze ans après son assassinat. Lieu :  229 boulevard Voltaire à Paris, devant le magasin de téléphonie où travaillait Ilan Halimi. Au fil des années, le nombre de personnes se rendant à ce rassemblement a diminué. En 2018, aucun dirigeant des principales organisations juives n'était présent à ce rassemblement. Le CRIF a twitté un message navrant de vacuité, sans oser utiliser certains mots comme "assassinat", "antisémitisme". Lamentable.

Le 1er octobre 2018, le prix Ilan Halimi, qui existe en Essonne depuis 2014 - Jérome Guedj (PS) présidait alors le conseil général (départemental) -, est devenu national. 


La ministre de la Culture Françoise Nyssen a lancé le prix Ilan Halimi destiné à promouvoir les initiatives citoyennes de jeunes contre l’antisémitisme. Ce prix « viendra récompenser des projets portés par des jeunes de moins de 25 ans pour lutter contre les stéréotypes racistes et antisémites. Nous ouvrons ce soir l’appel à candidatures... L’antisémitisme est une insulte à la France […] Nous ne laisserons plus passer cette haine qui se nourrit de l’ignorance. La meilleure réponse est de répondre par ce qui nous rassemble, l’éducation et la culture », a déclaré Françoise Nyssen, la ministre de la Culture, dont  », a annoncé Françoise Nyssen. Un jury, chargé de départager les candidats, sera présidé par la femme de lettres Emilie Frèche, très engagée dans ce combat. Le Prix Ilan Halimi sera remis le 13 février 2019 et renouvelé le 13 février de chaque année, date anniversaire du jour de la mort de Ilan Halimi en 2006. Les projets pourront être à caractère éducatif, culturel, sportif, ou dans le champ du numérique. Pourquoi la ministre de la Culture et de la Communication a-t-elle lancé ce prix qui aurait pu ou/et du être présenté par le ministre de l'Education nationale avec celle des Sports ?

Ce prix s’inscrit dans le « Plan national de lutte contre le racisme et l’antisémitisme » présenté par le Premier ministre Édouard Philippe en mars 2018. 

« A la mémoire d’Ilan Halimi s’est ajoutée, depuis, celle de dix autres de nos concitoyens, assassinés sur le sol français parce qu’ils étaient juifs », a rappelé Françoise Nyssen, citant les noms des victimes de Mohammed Merah - Myriam Monsonego, Arié, Gabriel et Jonathan Sandler - celles d’Amedy Coulibaly - Yoav Hattab, Yohan Cohen, Philippe Braham, François-Michel Saada - ainsi que Sarah Halimi et Mireille Knoll. Et oubliant Sébastien Selam.


"On espérait que le génocide des Juifs aurait débarrassé le monde de l’antisémitisme, fondé en partie sur ce cliché ancestral. C’était une erreur d’appréciation, et la mort d’Ilan Halimi, en France en 2006, nous l’a tragiquement prouvé. Créer aujourd’hui un prix national qui porte son nom, c’est prendre la mesure de cette méprise. C’est comprendre que ce préjugé est tenace et qu’à chaque génération, il faut lutter contre. Alors, luttons contre", a écrit Émilie Frèche.
Doté de 9 000 € destinés à la réalisation du projet sélectionné, "ce prix national récompense les initiatives engagées par des collectifs de jeunes de moins de 25 ans qui, par leur créativité et leur inventivité, contribuent à faire reculer les préjugés et les stéréotypes racistes et antisémites. Les projets retenus pourront avoir été réalisés dans un cadre scolaire ou non, et relever des domaines culturel, artistique, sportif ou numérique. Pour cette première édition, les actions présentées devront avoir eu lieu en 2017 ou en 2018. Outre le prix Ilan Halimi, quatre autres distinctions seront décernées. Le prix Ilan Halimi sera remis le lundi 13 février 2019 par le Premier ministre, M. Edouard Philippe. Il est soutenu par le Premier ministre, la ministère de l’Education nationale, le ministère de la Culture, la Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT (DILCRAH) et la MGEN."

Le 4 octobre 2018, France 3 diffusa "24 jours, la vérité sur l’affaire Ilan Halimi" d'Alexandre Arcady (2014, 110 minutes) avec Zabou Breitman, Pascal Elbé, Sylvie Testud, Jacques Gamblin. Le film est adapté de "24 jours : La Vérité sur la mort d'Ilan Halimi" de Ruth Halimi et Émilie Frèche. Il a été tourné au 36 quai des Orfèvres et projeté à l'Elysée au Président de la République, alors François Hollande. Quatre ans avant que le service public audiovisuel, qui a refusé de le financer, le diffuse !? Ce film montre les échecs d'une police - psychologue comprise - qui jamais ne remet en cause sa stratégie erronée, jamais ne prend conscience de la nature des événements - rapt, séquestration et tortures subies par un Juif et commis essentiellement par des musulmans, jamais ne comprend les enjeux. Même quand elle entend Ilan Halimi prononcer les paroles du journaliste juif américain Daniel Pearl (1963-2002) kidnappé puis égorgé par al-Qaïda : "Je suis le fils de... et de ... Je suis Juif". Quand la police admet finalement la vérité - des centaines d'habitants de la cité où Ilan Halimi avait été torturé savait et se sont tus -, elle révèle son impuissance, son absence de ce "territoire perdu de la République". Nul parmi les dirigeants de la police ou du ministère de l'Intérieur  n'a démissionné. C'est aussi cela la France. Il aurait suffi dès le début de diffuser, comme lors de l'enlèvement d'enfants, le portrait-robot de "l'appât" pour faire tomber le gang des Barbares par des pressions sur les cercles moins proches du chef de ce gang, Youssouf Fofana. Demeure l'immense courage et dignité d'Ilan Halimi

"Déception pour Alexandre Arcady. Sorti en France en mai 2014 "sur 151 copies, son film 24 jours n'a attiré que 54 800 spectateurs" après les cinq premiers jours d'exploitation. "Le long-métrage se classe 16e du box-office, derrière les autres nouveautés de la semaine. Et semble donc ne pas avoir trouvé son public, en dépit d'une forte médiatisation, marquée notamment par polémique déclenchée par le cinéaste suite à son face-à-face, coupé au montage, avec Aymeric Caron dans "On n'est pas couché" sur France 2. Invité de l'émission "Les Grandes Gueules", sur RMC, Alexandre Arcady s'était ému des propos du polémiste. "Il a dit qu'on pouvait comprendre (le meurtre d'Ilan Halimi - ndlr) parce que les soldats israéliens tuaient des enfants palestiniens. Ce sont des raccourcis qui font mal et qui peuvent perturber beaucoup les esprits", avait déclaré le réalisateur., reprochant ensuite à son interlocuteur d'avoir dévié sur l'affaire Merah.  Aymeric Caron lui a répondu sur le plateau de "Salut les terriens", sur Canal + : "Je n'ai fait que souligner quelque chose que je regrettais, que je dénonçais, à savoir que le conflit israélo-palestinien, la mort d'enfants palestiniens, étaient utilisés, récupérés par certaines personnes pour aller justifier l'injustifiable." Laurent Ruquier a apporté son soutien au chroniqueur, accusé d'antisémitisme : "Qui a vu des propos choquants ? Arcady déforme les propos de Caron", s'est emporté l'animateur sur Twitter. 24 jours a peut-être également pâti de la concurrence de l'un des blockbusters les plus attendus de la saison. The Amazing Spider-Man 2, avec Andrew Garfield et Jamie Fox, a ainsi attiré plus d'un million de spectateurs de mercredi à dimanche, ne laissant que des miettes aux autres sorties. Seule la comédie Barbecue s'en tire avec les honneurs, avec plus de 540 000 spectateurs dans toute la France".

2019
Le 29 décembre 2019, Patrice Quarteron, champion du monde IKF dans la catégorie des poids lourds en 2008, a déclaré en s'indignant dans une vidéo sur Facebook : "Au moment du jugement dans l'affaire Ilan Halimi, un mec, un collègue vient me voir et me dit : "Viens on va défendre la mère à Fofana. On va la soutenir. Y'a les Feujs, ils veulent la niquer". C'était banal d'entendre ce genre de bêtises. J'ai halluciné. J'ai même pas réagi." Et Patrice Quarteron a ajouté : "Je me souviens d'un Zénith, j'avais un copain boxeur Idéal Grave, un Juif qui combattait contre la petite vedette du 93 (numéro du département francilien de Seine-Saint-Denis, près de Paris, Ndlr). La moitié de la salle criait dans la plus grande des banalités "Fume le Feuj !" et moi je criais "Allez Israël ! Haï Israël ! Fume-le !" Et j'entendais les types qui me disaient : "Hé Patrice, tu fais quoi ?" Patrice Quarteron a aussi évoqué ceux qui ont allégué une conspiration visant le terroriste islamiste Mohamed Mérah.

2021
Jean-Christophe Lagarde, député centriste de la 5e circonscription de la Seine-Saint-Denis depuis 2002 et maire de Drancy (2001-2017), avait fait recruter, par la mairie de Bobigny, Lynda Benakouche, compagne de Jean-Christophe Soumbou, "considéré comme le n° 2 du « gang des Barbares » et condamné à 18 ans de prison pour enlèvement et séquestration d'Ilan Halimi. 

"En juin 2014, un tract anonyme avait dénoncé cette embauche. Soupçonnée d'être l'auteur du tract, Mme Saïdi est convoquée dans le bureau du premier adjoint, Christophe Bartholmé. "Tu crois que tu parles à qui ? Y'a personne qui me parle comme ça dans cette ville !", éructe Kianush Moghadam, son bras droit, présent lui aussi. L'adjointe ayant enregistré la conversation, un procès s'ensuit. A la barre, M. Moghadam, 35 ans, justifie le recrutement de la femme de Jean-Christophe Soumbou par ses liens d'amitié avec ce dernier. Relaxée en diffamation, Sabrina Saïdi obtient en janvier 2016 la condamnation de Christian Bartholmé et Kianush Moghadam pour violences en réunion."

La "mairie de Bobigny s'acharne à embaucher Lynda Benakouche alors que la préfecture de Seine-Saint-Denis a exercé trois recours devant le tribunal administratif pour faire annuler trois recrutements successifs, car elle considère ses diplômes et son niveau de rémunération comme incohérents par rapport à ses postes... Le premier recours concernait son premier recrutement après la victoire de l'UDI en qualité d'agent non titulaire pour une durée d'un an à compter du 2 juin 2015. Pour justifier sa demande d'annulation, la préfecture faisait notamment valoir au tribunal administratif de Montreuil que « le recrutement n'a pas été précédé d'une délibération créant l'emploi » et qu'il était entaché « d'une erreur manifeste d'appréciation dans la détermination du niveau de rémunération retenu ». Dans un jugement datant de juin 2017, le tribunal lui a donné raison et a annulé son arrêté de recrutement, considérant que « sa rémunération principale calculée par référence à l'indice brut correspondant au 11e échelon du grade d'attaché territorial » ne correspondait pas à ses diplômes et à son expérience professionnelle. Par la suite, Lynda Benakouche a été à nouveau embauchée le 25 mai 2018 par le maire de Bobigny. Dans un deuxième recours, la préfecture de la Seine-Saint-Denis a demandé au tribunal administratif de Montreuil d'annuler le nouveau contrat de renouvellement du recrutement de Mme Benakouche en qualité d'agent contractuel pour assurer les fonctions de chargée d'étude et d'évaluation des politiques sociales d'une durée d'un an. Un poste normalement réservé à un fonctionnaire, mais la loi permet aux communes de recruter des contractuels pour remplacer momentanément un titulaire en cas d'impossibilité de pourvoir le poste. Considérant notamment que la commune n'a pas démontré « l'impossibilité de recruter un fonctionnaire », le tribunal a donc annulé le contrat en 2019". Le 4 décembre 2019, le préfet de Seine-Saint-Denis a demandé l’annulation judiciaire de ce recrutement. 

En 2020, a été publié Le Maire et les Barbares d'Ève Szeftel, journaliste de l'AFP en poste à Bobigny (2014-2018). "Bobigny, préfecture du département le plus pauvre de France, va être le théâtre de la promotion de la voyoucratie et l’envers de la méritocratie républicaine. Jusqu’à ce sms qui dénonce qu’il y a bien eu un pacte avec les cités pour la prise du pouvoir. Cette enquête sidérante révèle que tout est possible pour gagner une mairie, certains pactisant avec des logiques mafieuses et le communautarisme. Mais l’impensable ne s’arrête pas là. Ce pacte cache un autre pacte, secret celui-ci, qui renvoie à l’une des pires affaires criminelles françaises : l’assassinat d’Ilan Halimi. Ils ont pactisé avec les barbares. Une plongée au cœur de la corruption et du clientélisme politique qui détruisent la République."

"En poste à Bobigny, Eve Szeftel connaît bien les ficelles de la politique locale. "Pour conquérir cette ville, la droite pouvait s'appuyer sur l'électorat pavillonnaire mais les cités étaient acquises à la gauche ou à l'abstention", détaille-t-elle. Or, dans une ville de 50.000 habitants et 20.000 inscrits sur les listes électorales, entre l'abstention et les nationalités étrangères, "seules 5.000 voix suffisent pour gagner une élections". Et c'est dans les cités qu'il faut aller les chercher... À Bobigny, c'est la cité Paul Éluard qui est la plus imposante. "C'est ici qu'a grandi Jean-Christophe Soumbou, le numéro deux du gang des barbares, et ses copains... On les retrouve ensuite au pouvoir ou dans les allées du pouvoir", s'indigne Eve Szeftel. Pour conforter leur implantation dans ces cités, les municipalités n'hésitent pas à financer "les associations dont les responsables sont les caïds locaux", témoigne-t-elle. Dans une autre cité de la ville, à l'Abreuvoir, "c'est le club de football dont le président va devenir directeur de cabinet", rapporte la journaliste. Un système bien ficelé où "les leaders sont récompensés par des postes à responsabilité". Dans son livre, Eve Szeftel décrypte "une promotion de la voyoucratie, l'appareil municipal recyclant la voyoucratie". Certains se placent même "à des postes très importants avec des niveaux de rémunération que l'on atteint notamment au bout de 20 ans d'ancienneté", remarque-t-elle.

Jean-Christophe Lagarde avait allégué en mars 2020 à i24news : « Rien dans la loi française ne permet à la ville de Bobigny de dire : ‘Madame, votre contrat s’arrête, vous êtes licenciée parce que votre conjoint est reconnu coupable ». Accusé de clientélisme, le député centriste s’était défendu en citant Joseph Goebbels, un des dirigeants les plus puissants du régime nazi. « Comme le disait Goebbels, plus le mensonge est gros, plus il passe », avait-il déclaré".

En septembre 2020, Abdel Sadi, nouveau maire communiste (PCF) de Bobigny, a posé avec Lynda Benakouche." La Chambre régionale des comptes l’avait aussi « épinglée » pour des revenus estimés bien supérieurs au regard de ses compétences. Sans compter qu’en 2005, elle avait aussi été condamnée pour violences sur une autre femme".

Le 10 février 2021, Le Canard enchainé a révélé que, le 8 janvier 2021, le tribunal administratif de Montreuil "a considéré que cette arrivée au sein de la mairie était « dépourvue de toute cohérence » et que « la prise en compte des diplômes et expérience de l’intéressée pour occuper l’emploi n’est pas établie. »  

En 2021, "15 ans après la mort d’Ilan Halimi, une commémoration était organisée ce dimanche 14 février à 14h, au jardin Ilan Halimi, 54 rue de Fécamp dans le 12e arrondissement de Paris. Un rassemblement auquel une page Facebook est dédiée.

En février 2021, deux organisations juives françaises membres du CRIF avaient été annoncées comme participant, aux côtés d'associations de gauche et d'extrême-gauche, à ce rassemblement à la mémoire d'Ilan Halimi le 14 février 2021. 

"La cérémonie, « contre les crimes antisémites et tous les actes racistes », est organisée par le Réseau d’actions contre l’antisémitisme et tous les racismes, le Collectif des Juifves VNR, le Mémorial 98 et les Juives et Juifs révolutionnaires

D’autres organisations juives, de lutte contre l’antisémitisme, antiracistes, de gauche et d’extrême gauche soutiennent l’évènement : Ayeka, Beit Haverim, Hashomer Hatzaïr, Union des Juifs pour la Résistance et l’Entraide (UJRE), Une Autre Voix Juive (UAJV), Comité Adama Traoré, Assemblée Citoyenne des Originaires de Turquie (ACORT), Collectif Nta Rajel, Association Ibuka, Collectif Golema, Ligue des Droits de l’Homme (LDH), Mouvement contre le Racisme et pour l’Amitié entre les Peuples (MRAP), SOS Racisme, QTPOC autonomes Confédération Générale du Travail (CGT), Fédération syndicale unitaire (FSU), Union syndicale Solidaires, Solidaires Étudiant-e-s, Union Départementale des Syndicats CGT de Paris, UNEF (l’Union Nationale des Etudiants de France) Vigilance Informations Syndicales Antifascistes (VISA), Ensemble, Fédération Anarchiste (FA), Génération.s, Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA), Union Communiste Libertaire (UCL), Attac France, Action révolutionaire LGBQTI, Collectif Ecolo-Libertaire Anti-fasciste & Féministe (ELAfF), Collectif Irrécupérables, Editions syndicalistes, IPAM/CEDETIM, Jeune Garde, La Horde, Les Amis de La Révolution Prolétarienne (Revue), SIAMO, Séminaire ETAPE, Transgrrrls, RESOME, Aplutsoc – Arguments Pour la Lutte Sociale, PEPS (Pour une Ecologie Populaire et Sociale".

Le texte de ce rassemblement est le suivant :
"Il y a 15 ans, Ilan Halimi était kidnappé, séquestré, torturé et assassiné parce que Juif.
Il était retrouvé le 13 février agonisant sur les rails du RER C. Ilan manque à sa famille et à ses proches. Et nous ne l’oublierons jamais.
Ce sont les stéréotypes antisémites les plus anciens qui ont mené à son assassinat : les Juifs seraient riches et maniganceraient dans l’ombre.
Depuis 2006, de l’école Ozar Hatorah à Toulouse jusqu’à l’Hypercacher de la Porte de Vincennes, onze hommes, femmes, enfants ou personnes âgées ont été tuées en France parce que Juives.
Les actes antisémites et les violences racistes sont en augmentation, ici et ailleurs dans le monde.
Les vingt-quatre jours qui ont amené à la mort tragique d’Ilan Halimi nous obligent à une détermination sans faille contre l’antisémitisme et contre toute forme de racisme.
C’est pourquoi le dimanche 14 février à 14h nous appelons, en sa mémoire, ainsi qu’à celle de toutes les victimes de crimes antisémites et racistes, à un rassemblement au jardin Ilan Halimi, 54 rue de Fécamp.
Nous demandons explicitement qu’aucun drapeau national ne soit brandi, afin de ne pas détourner le sens de cette commémoration".
Le 9 février 2021, le TimesofIsrael a révélé ce rassemblement. LeMondeJuif s'est indigné de la participation du Beit Haverim, groupe LGBT de France, à ce rassemblement réunissant des associations de gauche et d'extrême gauche aux positions anti-israéliennes, proches des Indigénistes ou autres "racialisés" et adepte de la "Woke culture".

Le Beit Haverim a démenti sur Twitter toute participation "au rassemblement Ilan Halimi organisé par le collectif des juifs révolutionnaires", un groupuscule méconnu. 

Quels "couacs" ! Et c'est un euphémisme. Comment et pourquoi ces deux organisations - le mouvement de jeunesse sioniste de gauche Hachomer Hatzaïr et le Beit Haverim -   membres du CRIF ont-elles pu accepter de participer à ce  rassemblement ? Aucune des trois associations n'a informé sur ce qui a conduit à ce rapprochement. Cela mériterait peut-être une enquête interne...

Le même jour, la Ligue de défense juive organisera "à 14h, au 229 boulevard Voltaire dans le 11e arrondissement de Paris, adresse de la boutique où travaillait Ilan Halimi".

Le 11 février 2021, lors de la cérémonie de remise du Prix Ilan Halimi à Matignon, le Premier ministre Jean Castex a déclaré :
"C'est vrai que les contraintes sanitaires nous ont empêché de tous nous retrouver, mais nous avons évidemment tenu à ce que cette cérémonie puisse à tout prix se maintenir, avoir lieu, y compris en partie en présentiel tant le sujet est important et je ne vous cacherai pas mon émotion parce que je me souviens très bien de cette très triste affaire, cette très triste affaire qui a beaucoup marqué, j'ai eu une petite pensée d'emblée pour la famille d'Ilan HALIMI, Ilan HALIMI, c'est le père de famille autant que le Premier ministre qui s'exprime à ce moment-là. Je me suis dit, je me dis toujours comment la nature humaine peut-elle s'ignorer à ce point ? Comment on peut perdre tous nos attributs d'humanité élémentaire ? Comment ça peut se produire ici, dans notre République française, terre des droits de l'homme, fille des Lumières ? Comment un tel obscurantisme peut-il voiler nos cœurs et notre image collective ?
C'est une affaire profondément, certes révoltante, qui nous oblige, vous l'avez dit, vous les jeunes, qui est aussi profondément, profondément triste à tous égards. Les faits eux-mêmes, évidemment, mais tout ce qu'elle représente, je l'ai déjà dit de déshumanisation, d'incompréhension, on n'arrive pas à comprendre comment on peut faire ça. Certes, il est vrai, incompréhensible et inacceptable puisque, vous le savez, le prix que je viens de vous remettre porte le nom d'un jeune homme qui a été martyrisé avec une sauvagerie que l'on peut à peine concevoir...
Nier l'humanité de sa victime, c'est évidemment se préparer à l’exterminer de sang-froid et c'est ce qui s'est passé avec Ilan HALIMI de ce terrible mois de janvier 2006. Pourquoi ? Pourquoi ça ? Pourquoi ce crime ? Pourquoi des filles et des garçons qui avaient à peu près l'âge de leur victime se sont-ils acharnés ainsi avec cette cruauté sur un jeune homme sans histoire ? Vous, moi, nos enfants pour une raison folle. Dans l'esprit, c'est ce qu'ils ont dit, je ne refais pas le procès, ce n'est pas mon rôle, dans l'esprit de ses bourreaux, Ilan était juif et comme tous les juifs sont réputés être riches, il était donc riche. Il suffit donc de l'enlever et de le réclamer une rançon pour gagner facilement beaucoup d'argent...
Le jury a désigné ses premiers lauréats en 2019 et cette année, cela a été dit, ce sont plus de 53 candidatures qui ont été déposées et parmi lesquelles, c'est le rôle du jury, il a fallu choisir... Et le jury a choisi cette année de récompenser le projet d'un groupe, alors si j'ai bien compris, de lycéens et d'élèves en classe prépa - c'est ça, Mademoiselle, jeune homme ? - du lycée Les Bruyères à Sotteville lès Rouen, c'est en Normandie, je le dis pour Roselyne. Un projet dans l'intitulé Tous égaux sous le masque, clin d'œil évidemment à l'actualité, est déjà en soi une formidable trouvaille. Oui, toutes les Françaises, tous les Français, tous ceux qui vivent et ont choisi de vivre sur le territoire de la République sont égaux derrière le masque, car la lutte contre le virus est l'affaire de tous et que le virus, lui aussi, se moque bien de la religion ou des origines de ceux qu’il infecte. Avec un professionnalisme que le jury a voulu saluer, alors là, il faut que les informations soient exactes, Hakim, Anaïs, Mélissa, Caroline et Flavia. C'est ça ? Très bien. J'ai commencé par Hakim parce qu'on voit bien quand même que c'est une équipe très féminine, Mesdames, qui a gagné. Ça t’étonne, Roseline ? Et toi ? Bien. Vous avez, j’ai trouvé formidable, décidé de mobiliser finalement tous les supports à votre disposition pour lutter contre les préjugés racistes et antisémites. Vous avez commencé par une traditionnelle campagne d'affichage dans votre établissement puis, vous avez diffusé, si j'ai bien compris, sensibiliser vos camarades de secondes en utilisant tout à la fois la radio, la vidéo et les célèbres réseaux sociaux. Cette campagne de communication est ainsi devenue une véritable opération multimédia. C'est bien la preuve qu'utilisés par de jeunes intelligences, les réseaux sociaux peuvent diffuser autre chose que la bêtise et la haine parce que ça leur arrive aussi, y compris, malheureusement, sur le terrain du racisme et de l'antisémitisme. Il faut nous en féliciter et surtout les féliciter, ainsi que leurs professeurs, en les encadrant, que je salue tout particulièrement. Deux autres projets ont retenu l'attention du jury et méritent eux aussi d'être salué. D'abord, les basketteuses de Bagnolet. On me dit que vous êtes 5, bah, il y en a 3, c'est ça, vous êtes 5, les filles ? Bon, alors, les basketteuses de Bagnolet, elles ont organisé une exposition sur leur propre terrain de jeu pour présenter aux jeunes de la ville les grandes figures de l'antiracisme qui l'ont porté en pensant à Nelson MANDELA, à GANDHI ou bien sûr à Martin LUTHER KING. Et je voudrais saluer ici le rôle du sport, le rôle du sport partout, partout comme ferment de la société, est vecteur de l'intégration et de la lutte contre toutes les formes d'exclusion, de racisme et d'antisémitisme. Et enfin, le très beau livre sur le racisme et l'antisémitisme réalisé par les
Hôtel de Matignon - 57, rue de Varenne - 75007 PARIS
élèves. Il me voit de la classe Ulis du complexe Saint Pierre Fourier à Paris. Aussi, un très joli projet dont je voudrais vraiment vous féliciter du fond du cœur.
Trois projets différents, mais qui témoignent tous d'un même engagement et surtout d'une formidable créativité. Il va sans dire chère Elisabeth que le Gouvernement non seulement soutient de telles actions mais il doit être à la pointe je l’ai dit, je le répète et je le revendique de ce combat contre le racisme, l’antisémitisme et tous leurs préjugés. Ces actions sont incompatibles avec notre République. Incompatibles et inacceptables. C’est évidemment l’objet de la plateforme anti-discriminations annoncée par le Chef de l’Etat le 4 décembre dernier et que le Président suite à un travail formidable, formidable, Madame MORENO et ses équipes vont inaugurer en personne dès demain. Ce nouvel outil, je vous le dis à toutes et à tous, adossé au service du Défenseur des droits, doit permettre dans un premier temps de signaler toute forme de discrimination. Il n'y a malheureusement pas que les discriminations à caractère racial ou religieux et les violences qui peuvent les accompagner, mais surtout de permettre ensuite aux victimes de connaître leurs droits et les procédures qu'elles peuvent engager. Évidemment, je sais pouvoir compter dans ce combat sur l'engagement sans faille des ministres qui ont en plus particulièrement la responsabilité. Évidemment, Elisabeth MORENO, la culture, l'éducation, meilleurs antidotes finalement contre ce mal qui essaie de nous ronger, mais qui n'aura raison ni de nos valeurs ni de notre détermination, soyez-en assurés. Aujourd'hui, nous combattons un virus, je l'ai dit, qui n'a ni conscience, ni volonté, ni représentation politique. Mais n'oublions jamais, un souvenir que la société peut être contaminée à tout moment par la haine et que cette maladie de la raison qu'est le racisme peut être aussi dangereuse, sinon pire encore, qu'une maladie ordinaire. C'est le sens de la démarche qui nous réunit aujourd'hui. Celui de l'hommage, celui de la vigilance mais aussi, je le dis en voyant ces jeunes visages, celui de l'espérance, celui que ce combat permanent. Eh bien, nous allons ensemble le gagner."
Le vocable "juif" a deux occurrences. Le terme "antisémitisme" revient à sept reprises, dont cinq dans un contexte général, sans être associé à l'islam. Les mots "islamique" ou "musulman" n'apparaissent pas dans le texte du discours.

Sur le compte Twitter du Premier ministre Jean Castex, aucun (re)twitt sur cette cérémonie. Par contre, le Premier ministre a retwitté le 12 février 2021 le message de Moreno informant du lancement de la Plateforme de signalement et d’accompagnement des victimes ou témoins de discriminations. Le site Internet de cette Plateforme a en en-tête "Défenseur des droits".

Le 12 février 2021, Claire Hédon, Défenseure des droits, publiait un communiqué de presse sur son "nouveau service de signalement et d’accompagnement des victimes" :
"Doté d’un numéro de téléphone à 4 chiffres (39 28), d’un tchat, et d’un accès sourds ou malentendants, il est destiné aux personnes victimes ou témoins de discriminations, quel qu’en soit le motif (origine, handicap, sexe, etc.) et le domaine (emploi, logement, accès à un service, accès à un service, etc.). Des juristes du Défenseur des droits écoutent, accompagnent et orientent gratuitement les personnes pour les rétablir dans leurs droits.
Le président de la République et Elisabeth Moreno, ministre délégué chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes, de la diversité et de l’égalité des chances ont souhaité confier à une institution indépendante la création et la gestion de la plateforme de lutte contre les discriminations annoncée en décembre 2020. Le Défenseur des droits, qui est notamment chargé de la lutte contre les discriminations et la promotion de l’égalité, bénéficie d’une expertise juridique reconnue et des relais d’accompagnement sur le territoire, nécessaires à la bonne mise en œuvre de ce service, avec un réseau de plus de 530 délégués répartis en métropole et en outre-mer."
En effet, le 4 décembre 2020, lors d'une interview au média en ligne Brut, et dans un contexte de critiques de "violences policières" - interpellation de Michel Zecler - le Président de la République Emmanuel Macron avait annoncé la création d'une plateforme contre les discriminations :  « C’est vrai qu’aujourd’hui, quand on a une couleur de peau qui n’est pas blanche, on est beaucoup plus contrôlé. Et encore plus quand on est un garçon. On est identifié comme étant un facteur de risques, de problèmes : c’est insoutenable. Le seul moyen de faire cela, parce qu’on a tout dit, tout essayé, et moi-même je suis fatigué de l’avoir dit - et de là où je suis je ne serais pas crédible si je vous disais cela sans bouger. Donc le seul moyen de bouger, c’est de faire ce qu’on a su faire sur d’autres violences, c’est de mettre en plus une plateforme commune pour que les gens puissent dénoncer de manière très simple, unique et nationale ».

Déjà, en avril 2019, Marlène Schiappa, alors secrétaire d' État en charge de l'Égalité entre les femmes et les hommes et Julien Denormandie, ministre de la Ville et du Logement, signaient une tribune dans Le Parisien, intitulée “Nous lançons une brigade anti-discriminations”, la Badi, “visant à mettre en relation les victimes et les acteurs de la lutte contre les discriminations”. Une page Facebook est alors créée. Mais il semble que le succès n’ait pas été au rendez-vous puisqu’en un an, seules un peu plus de 700 personnes s'y sont abonnées." 

Bref, "rien de nouveau sous le soleil". (Ecclésiaste I,9)

On a l'impression pourtant de revivre une séquence d'un passé récent. Souvenez-vous.

Le 22 mai 2003, lors d'une cérémonie à l'Elysée à l'occasion du soixantième anniversaire du Conseil Représentatif des Institutions Juives de France et alors que le nombre d'agressions antisémites demeurait à un niveau élevé, le Président de la République, alors Jacques Chirac, avait annoncé qu'il allait créer une autorité indépendante de lutte contre les discriminations : 
"La République doit à tous ses enfants la protection de la loi. L'antisémitisme est contraire à toutes les valeurs de la France. Il est insupportable. Les actes antisémites doivent être combattus sans relâche et poursuivis avec la plus grande sévérité. Personne, en France, ne doit pouvoir être agressé à cause de son origine ou de sa religion. Dans notre pays, qui est celui des droits de l'Homme, personne ne doit souffrir pour ce qu'il est. Tous nos compatriotes, d'où qu'ils viennent, quelles que soient leur histoire ou leurs croyances, ont leur place dans cette maison commune qu'est la République. C'est dans cet esprit que verra prochainement le jour, à ma demande, une autorité indépendante de lutte contre toutes les formes de discrimination, d'où qu'elles viennent. La Nation n'est pas seulement notre héritage. Elle est aussi notre avenir. C'est elle qui garantit nos libertés fondamentales : la liberté de conscience, la liberté de pensée, la liberté religieuse. C'est elle qui respecte les différences et leur offre un cadre protecteur. La République assure à chacun, en toute sécurité, le droit au respect de ses choix, de ses appartenances et de ses origines. Elle est un bien trop précieux pour qu'on laisse s'ouvrir des brèches qui menaceraient à terme notre cohésion nationale. C'est pourquoi le Gouvernement exerce et exercera la plus grande fermeté à l'égard de tous les actes et de tous les propos à caractère antisémite, qu'ils soient dirigés contre des personnes, des symboles ou des biens. Nous ne laisserons pas faire l'apologie du crime et de la haine. La France n'est pas un pays antisémite."
Le CRIF s'était réjoui de cette annonce en espérant que cette nouvelle instance allait lutter contre l'antisémitisme. En fait, la France se conformait à une directive de l'Union européenne (UE), et elle reléguait à une "autorité indépendante" ce qui devait relever d'une action (inter)ministérielle. Et la HALDE, créée sur ce malentendu, fut installée le 23 juin 2005. Présidée par Louis Schweitzer, elle a été critiquée pour avoir accepté des atteintes islamiques à la laïcité (affaire du voile d'une salariée musulmane à la crèche Baby Loup) et son "bilan mitigé après cinq ans d'action" : politique "du chiffre",  "train de vie choquant", "marchés à la limite de la légalité", "opacité dans les opérations financières" et "conflits d'intérêts" selon la Cour des comptes, non respect du principe du contradictoire, etc. La Halde s'est-elle occupée de l'antisémitisme ? Non. Et elle a été rattachée ou fondue dans le Défenseur des droits. Qu'a fait ce dernier, alors Jacques Toubon, quand il a été informé de l'affaire du Dr Lionel Krief ? Rien. Par contre, le Défenseur des droits a réagi publiquement quand un coiffeur a été traité de « PD » par son ex-employeur.

Qu'apportera cette Plateforme dans la lutte contre l'antisémitisme ? Vraisemblablement rien.

Le 12 février 2021, jour de lancement de la Plateforme, la défenseure des droits Claire Hédon a déclaré à Franceinfo : « Mes grandes inquiétudes, c'est la question des contrôles d'identité. Cela fait un moment que l'on demande que soient menées des expérimentations parce qu'au bout d'un moment dans certains quartiers, pour certains jeunes, cela devient insupportable. Donc, est-ce qu'on ne peut pas expérimenter l'arrêt du contrôle d'identité : des zones sans contrôle d'identité. Dans 95% des cas les contrôles d'identité ne donnent rien ». "Une manière, selon elle, de limiter les discriminations". Quid de l'antisémitisme ? Il n'était pas nommé dans l'interview.

Ah ! J'oubliais. Le 13 février 2021, le Président Emmanuel Macron a twitté : "Il y a 15 ans, la barbarie antisémite arrachait la vie d’Ilan Halimi. N’oublions jamais. La lutte contre toutes les formes de haine est un combat quotidien."

No comment.

Le CRIF a retweeté ce post du Président de la République, et ceux du gouvernement diffusant le 11 février 2021 la cérémonie de remise du Prix Ilan Halimi, de Gérald Darmanin, ministre de l'Intérieur et des Cultes - "Il y a 15 ans, Ilan Halimi était torturé et lâchement assassiné parce qu’il était juif. Pensées pour sa famille et ses proches. La France ne baissera jamais la garde face à l’antisémitisme" -, d'Anne Hidalgo, Maire de Paris - "Il y a 15 ans, Ilan Halimi était enlevé, torturé et tué parce que juif. Nous lui rendons hommage aujourd’hui dans le jardin qui porte son nom dans le 12e arrondissement. N’oublions jamais" - du Défenseur des droits et de FranceInfo annonçant le lancement de la Plate-forme, ainsi que d'Anne Rosencher, journaliste à L'Express et éditorialiste à Europe 1.

Le CRIF a aussi twitté : "#Hommage - Ce matin, nous rendons hommage à #IlanHalimi dans le jardin du 12ème arrondissement de Paris qui porte son nom. L'émotion est au rendez-vous, 15 ans après la mort de ce jeune homme victime de la barbarie antisémite. Le souvenir d'Ilan Halimi reste intact." Le 12 février 2021, une cérémonie à la mémoire d'Ilan Halimi s'est déroulée dans le jardin Ilan Halimi en présence d'Anne Hidalgo, d'élus parisiens, de Francis Kalifat, président du CRIF, de Haïm Korsia, grand rabbin de France, du réalisateur Alexandre Arcady et d'autres dirigeants d'organisations juives.

Le 12 février 2021, le CRIF a twitté : "#Hommage - Cela fait 15 ans qu'Ilan Halimi a été retrouvé agonisant le long des voies ferrées de Sainte-Geneviève-des-Bois. 15 ans que le monde a appris son nom. Nous ne l'oublierons jamais. #IlanHalimi".

Le 11 février 2021, il a consacré deux twitts au vote par l'Assemblée nationale de l'article 20 de la loi dénommée "PJLPrincipesRépublicains" par la députée Laetitia Avia (LREM) et "séparatisme" par Francis Kalifat, président du CRIF ("Voulu par le ministère de la Justice, [cet article] instaure que les auteurs de propos haineux sur Internet seront désormais jugés en comparution immédiate. @FrancisKalifat salue vivement cette décision"). A l'évidence, le CRIF espère beaucoup de l'application de cet article.

Le 13 février 2022, l'UPJF, le BNVCA, l'OJE, Europe Israël,  le Bétar, Israel Is Forever et All With Us - Tous avec nous ont organisé une cérémonie pour honorer le souvenir d'Ilan Halimi au 229 boulevard Voltaire à Paris (75011) . L'affiche indiquait "Tu aurais eu 40 ans aujourd'hui si tu n'avais pas croisé le chemin de ces barbares il y a 16 ans. Repose en paix Ilan, nous veillons sur toi". De 60 à 80 personnes ont répondu à l'appel des organisateurs. 

Gil Taieb, vice-président du CRIF, est arrivé peu avant le début de la cérémonie. Il est resté isolé, alors qu'il y a encore vingt ans, il aurait été entouré par des admirateurs, applaudi et invité à prendre la parole.

Alexandra Barouch a rappelé les noms des victimes de l'antisémitisme, mais en oubliant notamment Jean-Louis Lévy, et a refusé toute consigne électorale. L'imam Hassen Chalghoumi a tenu son discours classique. Une conseillère municipale du XVIe arrondissement de Paris a souligné son refus du pardon et de l'oubli ainsi que l'aliyah cette année de ses trois enfants. Un orateur pour le BNVCA a lu sa "lettre à Ilan" fustigeant notamment la campagne de la Commission de l'Union européenne (UE) illustrant une de ses affiches concernant la Conférence sur l'avenir de l'Europe par une femme à la tête couverte par le foulard islamique ou hijab, posant comme un mannequin, avec le slogan « L'avenir de l'Europe est entre vos mains » et "Faites entendre votre voix". Puis un rabbin a dit le Kaddich, prière associée aux morts, et des personnes ont allumé des bougies à la mémoire d'Ilan Halimi.

D'autres cérémonies ont eu lieu près de la voie ferrée à Ste Geneviève-des-Bois, où fut retrouvé Ilan gravement brûlé, et au jardin Ilan Halimi à l’initiative de l’UEJF. 
 
A Marseille, une cérémonie avec des dirigeants locaux, politiques et d'institutions juives - Bruno Benjamin, président du CRIF Marseille Provence, Michel Cohen Tenoudji, président du Consistoire israélite de Marseille, et Lionel Stora, président régional du Fonds Social Juif Unifié -, sous le haut patronage de Benoît Payan, marie de la cité phocéenne, s'est tenue au parc Bagatelle.

Le 12 février 2023, au 229 boulevard Voltaire 75011 Paris, la Ligue de Défense Juive (LDJ), Israel Is Forever,  l'UPJF, l'Observatoire Juif de France, le BNVCA organisent un rassemblement à la mémoire d'Ilan Halimi, "torturé et assassiné en France à l'âge de 23 ans PARCE QUE TU ETAIS JUIF". 

"17 ans se sont douloureusement écoulés depuis que ton chemin a croisé celui du Gang des Barbares. Aujourd'hui ils sont tous en liberté, sauf ton bourreau, et toi, tu n'es plus à nos côtés. NI OUBLI - NI PARDON. Repose en paix Ilan, nous veillons sur toi". 





Radio J a couvert dans son blog le procès en appel du gang des Barbares

Articles sur ce blog concernant :

Actualisé au 12 février 2021, cet article a été republié les :
- 13 novembre 2011, 13 février 2012, 7 mars 2012 et 25 octobre 2012, et 12 février,le 6 mai 2013 à l'approche de l'émission des Dossiers de Karl Zero consacrée au Gang des Barbares le 7 mai 2013 à 20 h 45 sur RMC Découverte, le 10 novembre 2013 ;
- 10 novembre 2013 à l'approche de l'émission "Faites entrer l'accusé" sur France 2 est consacrée ce 10 novembre 2013 à 22 h 10 à Youssouf Fofana et le gang des Barbares ;
- 12 février 2014. Diverses organisations françaises juives ont rejoint l'appel de la Fraternité judéo-noire (FJN) au rassemblement le 13 février 2014, à 19 h, au 229 boulevard Voltaire (75011 Paris), à la mémoire d'Ilan Halimi. 
Le 10 février 2014, Youssouf Fofana a agressé un surveillant de la prison ultra moderne d'Alençon-Condé-sur-Sarthe (Orne). Il était sorti de sa cellule d'isolement pour téléphoner à son amie détenue dans une prison à Rennes (Bretagne). Avec une brosse à dents aiguisée, il a légèrement blessé ce surveillant à la main.  Celui-ci a été soigné sur place. Fofana a été replacé dans sa cellule d'isolement. Le 19 février 2014, le tribunal d'Alençon a condamné, dans le cadre de la comparution immédiate, Fofana à  trois années de prison, peine plancher, pour cette agression et pour menaces de mort et violences sans interruption de travail commises le 24 décembre 2013 contre trois surveillants de cette prison Fofana a agressé à plusieurs reprises des surveillants et a notamment été condamné le 13 juin dernier par la cour d’appel de Caen, pour deux de ces agressions, à quatre ans de prison ;
- 30 avril 2014. Alexandre Arcady, réalisateur du film 24 jours. La vérité sur l'affaire Ilan Halimi, les acteurs principaux et des médias souvent communautaires, répètent qu'il s'agissait du premier assassinat antisémite. Pourquoi oublier ou occulter l'assassinat antisémite de Sébastien Sélam ?
- 4 octobre 2018. Le 4 octobre 2018, France 3 diffusa "24 jours, la vérité sur l’affaire Ilan Halimi" d'Alexandre Arcady.
- 18 juin 2014, 11 février 2015, 14 février et 10 mai 2016, 12 janvier et 7 septembre  2017, 12 février 2018, 3 janvier 2020, 12 février 2021. 

2 commentaires:

  1. Je ne parlerai pas ici du fameux "gang", d'autres l'ont mieux fait que moi. Je parlerai du rôle de la police qui a été en dessous de tout dans cette sordide affaire, elle n'a rien maîtrisé et surtout pas le "profil" atypique du "boss" (Foffana) malgré la présence d'une psychologue (!) profileuse (?). En coupant le contact à plusieurs reprises avec le ravisseur, en tenant secrète cette affaire pour ne pas que les médias (le 4e pouvoir faut-il le rappeler) s'en empare, elle a poussé Foffana à faire endurer à l'otage les pires sévices chaque fois qu'il se sentait floué, "pas pris au sérieux" et a ainsi conduit le jeune HALIMI droit à la mort. 24 jours ! En 24 jours, à part courir d'un cyber-café à l'autre, idem pour les cabines téléphoniques, et dire au père de ne plus répondre aux relances du ravisseur, QU'A FAIT LA POLICE ? ELLE A FAIT TOUT FAUX. J'ai mal pour cette famille qui, dès le premier appel du ravisseur, s'est rendue en leurs bureaux comme les citoyens normaux qu'ils sont, mettant toute leur confiance dans une autorité qui s'est avérée être d'une nullité navrante. Sont-ils hantés, ces "professionnels", par les multiples erreurs commises ?

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  2. L antisemitisme en france emerge un peu plus grace a l immigration " choisie " par la france .La reponse du pouvoir , ce sont les discours , les plaques commemoratives etc..
    Je pense que qu en europe , les attaques contre les Juifs ne cesseront jamais , l antisionisme , nouvelle forme de l antisemitisme , permet a la majorite des francais de se disculper en attaquant L etat Juif .
    En effet , la politique anti Israelienne , justifie le comportemant haineux , des politiques, de tous les medias des " elites " qui depuis deux generations gavent la population d informations biaisees sur Israel.

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