jeudi 2 décembre 2021

Cuba

Colonie espagnole de 1492 à 1898, Cuba est devenue un territoire des États-Unis jusqu'en 1902. 
En 1959, la révolution anti-capitaliste met un terme au gouvernement de Batista et met durablement au pouvoir Fidel Castro qui initie une diplomatie mondiale active. Arte diffusera le 3 décembre 2021 « Cuba, la révolution et le monde » (Kuba im globalen Spiel), série documentaire en deux parties de Mick Gold et Delphine Jaudeau
Colonie espagnole de 1492 à 1898, Cuba est devenue un territoire des États-Unis jusqu'en 1902. 

En 1959, la révolution anti-capitaliste met un terme au gouvernement de Batista dans une île où œuvre la Mafia.

Le 17 août 1961, après l'épisode de la Baie des Cochons, Fidel Castro affirme publiquement le caractère socialiste du régime.

Depuis la révolution de 1959, le pays se présente comme une république socialiste ; en fait, une dictature. Créé en 1965, le Parti communiste de Cuba en est la « force dirigeante supérieure ». 

Depuis la Déclaration signée par Hugo Chávez et Fidel Castro le 14 décembre 2004 à La Havane, Cuba fait partie de l'Alliance bolivarienne pour les Amériques (ALBA).

Juifs
L'histoire des Juifs à Cuba remonte au XVe siècle avec l'arrivée de Juifs ayant fui les persécutions antisémites dans la péninsule ibérique.

Au début du XXe siècle, une trentaine de familles juives se fixent à La Havane.

Né Abraham Simjovitch à Bialystock (Pologne), Fabio Grobart (1905-1994), connu sous le nom d'Antonio Blanco, se réfugie dans les années 1920 à Cuba où il fonde, avec trois coreligionnaires ashkénazes, le Parti communiste de Cuba. Il devient le doyen de ce Parti. Fidel Castro le surnommait Polaquito ("Petit Polonais").

En mai 1939, 963 Juifs allemands fuient l'Allemagne nazie à bord du Saint Louis, (MS St. Louis) ancien paquebot transatlantique allemand dont le commandant est Gustav Schröder. Le 27 mai 1939, le gouvernement cubain dirigé par le président Federico Laredo Brú, refuse d'accueillir ces réfugiés. Après cinq jours de négociations, seulement 28 passagers, dont 22 titulaires de visas d'entrée pour les Etats-Unis, peuvent débarquer à Cuba. Or, le secrétaire d'État Cordell Hull, le secrétaire au Trésor Henry Morgenthau et le Comité de distribution juif américain "Joint" s'étaient efforcés de convaincre Cuba d'accepter les réfugiés. L'entrée aux États-Unis et au Canada des 907 réfugiés restants leur est refusée. Le bateau rentre en Europe où la France, la Belgique, le Royaume-Uni et les Pays-Bas acceptent d'accueillir ces Juifs allemands. C'est le "voyage des damnés".

Après l'accession au pouvoir de Fidel Castro en 1959, la quasi-totalité des Juifs cubains quittent l'île. Durant les années 1960, des Juifs sont détenus, ainsi que des opposants politiques, des homosexuels, des chrétiens ou des aspirants à l'exil, dans les « camps de travaux forcés », "unités militaires d'aide à la production".

De 1961 à 1973, Ricardo Wolf, "Juif cubain d'origine allemande ayant fait fortune dans la sidérurgie et ayant soutenu financièrement la révolution cubaine est nommé ministre plénipotentiaire de Cuba en Israël". Il assure sa fonction jusqu'à la rupture des relations diplomatiques entre les deux Etats après la guerre du Kippour et le boycott arabe. Il fait alors son aliyah.

En 2017, « Cuba’s Forgotten Jewels : A Haven in Havana »  (« Les joyaux oubliés de Cuba : un refuge à La Havane »), documentaire de 
Judy Ann Kreith et Robin Truesdale relate l’histoire méconnue de milliers de Juifs européens ayant fui le nazisme pour Cuba où ils ont créé une industrie brève de la taille de diamants.

En 2021, une cinquantaine de Juifs cubains vivent dans l'île.

« Cuba, la révolution et le monde »
Arte diffusera le 3 décembre 2021 « Cuba, la révolution et le monde » (Kuba im globalen Spiel), série documentaire en deux parties 
de Mick Gold et Delphine Jaudeau

« Comment la politique étrangère de Fidel Castro n'a cessé de surprendre ses ennemis comme ses alliés. » 

« En deux parties et avec des acteurs de premier plan, une exploration de plus d'un demi-siècle de relations entre La Havane et le reste du monde.

« C'est l'histoire d'un petit pays qui rêva de bouleverser un ordre mondial où il ne pouvait trouver sa place ». 

« Entre coups de force et stratégies parfois déconcertantes, le turbulent pouvoir castriste a réussi à donner à Cuba l'aura d'une grande puissance – à défaut d'en avoir le poids –, symbolisée par sa résistance acharnée aux pressions américaines ». 

« Un peu plus de soixante ans après la révolution cubaine, ce film en deux parties raconte l'incroyable aventure diplomatique de ces folles années, par la bouche même de ceux qui l'ont vécue, soutenue ou combattue ». 

« Dirigeants (Fidel Castro, à la faveur d’entretiens inédits, ou encore Bill Clinton), ministres, membres des services de renseignements, diplomates cubains, américains ou russes dévoilent les coulisses et les négociations secrètes de cette quête d'indépendance qui a longtemps tenu le monde en haleine. »

1ère partie : « Les combattants » (Kämpfer) de Mick Gold
« La Havane, 1er janvier 1959. Le dictateur Fulgencio Batista s'enfuit en avion à Saint-Domingue ». 

« Le lendemain, les maquisards barbus (barbudos) de la révolution cubaine, menés par Fidel Castro, pénètrent dans la capitale. Castro et Che Guevara sont déterminés à délivrer l'île de toute domination étrangère et à faire de Cuba l'avant-garde des luttes de libération nationale et anti-impérialistes d'Afrique et d'Amérique latine ».

« Le Líder Maximo à l'éternelle tenue militaire soutient Ben Bella en Algérie, envoie des troupes en Angola (près de 50 000 hommes !), au Congo et en Bolivie (où le Che sera assassiné). »

« Mais prise en tenaille dans le contexte de la guerre froide, Cuba n’en finit plus de s’attirer les foudres des États-Unis et de ses alliés, devant composer avec l'encombrant soutien de l'URSS, qui dissémine bientôt des missiles nucléaires sur son sol. »

2e partie : « Les diplomates » (Die jüngste Zeit) de Delphine Jaudeau
« Avec l'effondrement de l'Union soviétique, Cuba perd son principal soutien économique et politique, face à un embargo américain toujours virulent. »

« Le niveau de vie baisse gravement, ce qui conduit plus de 100 000 réfugiés à gagner les côtes de Floride, créant ainsi un afflux difficilement contrôlable ». 

« Conscient qu'aucun rapprochement n'est alors envisageable avec les États-Unis, Fidel n'a d'autre choix que de réinventer encore une fois sa politique étrangère ». 

« Abandonnant son treillis pour le costume de ville, le Líder Maximo troque la lutte armée pour le soft power. Après le temps des combattants vient celui des diplomates. »



« À l’occasion du 60e anniversaire de la révolution castriste, le documentaire Cuba, la révolution et le monde décrypte en deux épisodes la politique étrangère de l’île. Réalisatrice du second volet*, "Les diplomates", Delphine Jaudeau interroge les grands acteurs de la période postsoviétique. Propos recueillis par Laetitia Moller. »

« Pourquoi avoir choisi l’angle de la politique étrangère pour retracer l’histoire de Cuba depuis la révolution castriste ?
Delphine Jaudeau : Notre approche consiste à faire raconter l’histoire par ceux qui l’ont vécue et influencée, et nous savions que les Cubains n’auraient pas une parole libre sur un certain nombre de sujets. Nous voulions aussi échapper au questionnement habituel : Fidel Castro, dictateur ou révolutionnaire admirable ? Il s’agissait d’abord de comprendre comment cette révolution a survécu si longtemps, avec des ennemis partout, et c’est notamment grâce à la politique étrangère castriste hors norme. Ne pouvant s’imposer sur la scène internationale par la force, le régime a dû user d’autres moyens.

Mais la répression des opposants explique aussi cette longévité... 
Absolument. Mais nous avons décidé de ne pas aborder cet aspect dans ce film car les dissidents de l’intérieur ont eu très peu d’impact sur la politique étrangère de Cuba. En revanche, les exilés de Miami, que nous interrogeons, jouent un rôle majeur, leur vote étant essentiel à tout candidat à la présidentielle aux États-Unis. Contraints de quitter le pays lors de la révolution, et dépossédés de leurs biens, de leurs maisons et de leurs usines, ils gardent une haine tenace envers le régime. Ayant réussi à noyauter le Congrès américain, ces exilés ont largement contribué à figer la politique américaine et à empêcher la levée de l’embargo.

Le second volet, que vous réalisez, s’ouvre en 1989, après l’effondrement de l’allié soviétique, lequel entraîne un virage stratégique...
Cuba dépendait entièrement de l’Union soviétique. Du jour au lendemain, l’île a perdu 70 % de son commerce extérieur, les magasins étaient vides, et le pays n’avait plus d’essence, ni accès aux armes russes. Fin stratège, Fidel Castro a vite compris l’urgence à ne pas laisser s’installer la colère face à ces pénuries et à trouver de nouveaux soutiens économiques. Il a alors déployé une diplomatie basée sur la santé et l’éducation, notamment en Amérique latine, en envoyant des médecins et des enseignants cubains partout dans le monde pour nouer de nouvelles alliances. Une gageure pour un pays sous embargo, assigné au rang de paria sur la scène internationale.

Comment avez-vous obtenu ces témoignages d’acteurs de premier plan, dont Bill Clinton et certains membres des services secrets cubains ?
Cela a nécessité un long travail d’approche, près de six mois par exemple pour Bill Clinton. Mais les Américains, notamment les diplomates, parlent de Cuba assez ouvertement et sans langue de bois, alors que pour les Cubains certains épisodes restent sensibles, comme l’accord avec Obama. ou le rôle qu'a joué La Havane dans les négociations de paix en Colombie. 

Sa présidence a de fait représenté une ouverture historique...
Premier président américain à reprendre les relations diplomatiques avec Cuba ? l’un des plus grands succès de sa politique étrangère ?, Barack Obama n’a pu toutefois lever l’embargo, faute de majorité au Congrès. Hillary Clinton était censée réaliser cette seconde étape. Mais avec sa défaite, cette promesse de l’administration américaine n’a pu être tenue, au grand désarroi des Cubains.

Aujourd’hui, le climat est à nouveau à l’affrontement. Pourquoi ?
L’Amérique latine étant très procubaine à l’époque d’Obama avec Hugo Chávez au Venezuela, Lula au Brésil et Evo Morales en Bolivie, les États-Unis se retrouvaient assez isolés dans une région du monde stratégique pour eux. Cuba, à l’inverse, pâtit aujourd’hui de la fin de la vague rose en Amérique latine. Donald Trump adorerait être le président qui a réussi à faire tomber le régime. C’est pourquoi il s’emploie à affaiblir son allié vénézuélien et à entraver le tourisme en provenance des États-Unis, afin d’étrangler l’île, laquelle subit actuellement une crise économique comparable à celle qui a suivi la chute de l’Union soviétique. »


« Cuba, la révolution et le monde » 
France, Royaume-Uni, 2018, 
Sur Arte 
1ère partie de Mick Gold (58 min) : le 3 décembre 2021 à 09 h 25
2e partie de Delphine Jaudeau (59 min) : le 3 décembre 2021 à 10 h 20
Disponible du 26/11/2021 au 31/01/2022

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