dimanche 5 avril 2020

Napoléon stratège


Le Musée de l’Armée a présenté l’exposition « Napoléon stratège ». Il « aborde une des facettes les plus célèbres et fascinantes de l’histoire de Napoléon : le chef de guerre  ». « Plus de 200 œuvres et objets issus de collections nationales et européennes (peintures, cartes, uniformes, objets personnels, manuscrits) témoignent de la trajectoire fulgurante » de Napoléon. L’exposition « explore sa formation, le contexte de l’époque, les enjeux et le déroulement de ses campagnes, et montre l’homme au cœur de l’action en analysant ses plus célèbres batailles (Les Pyramides, Austerlitz, Wagram, La Moskowa, Waterloo…) Des outils multimédias spécialement conçus proposent une approche immersive de l’art de guerre de Napoléon ». Arte diffuse sur son site Internet "Waterloo, l’ultime bataille" (Waterloo. Das Ende) par Hugues Lanneau. Arte diffusera le 6 décembre 2020, dans le cadre de "Quand l'histoire fait dates" (Zahlen schreiben Geschichte), "7 septembre 1812, la bataille de Borodino/La Moskova" (1812, Schlacht von Borodino) de Thomas Sipp.

Napoléon et Paris : rêves d’une capitale

« Après sa vision politique, explorée en 2013 dans Napoléon et l’Europe, puis le décryptage de l’histoire de sa chute et de sa légende, avec Napoléon à Sainte-Hélène. La conquête de la mémoire (2016) », le musée de l’Armée évoque en 2018 « une autre facette de Napoléon qui se trouve universellement reconnue : le chef de guerre ».

« S’interroger sur le stratège que fut Napoléon, c’est d’abord définir la stratégie et son évolution. Car c’est à cette époque, justement, que la notion se lie intimement au pouvoir et au talent de celui qui l’incarne. Née dans le milieu militaire, elle prend peu à peu le sens, et la forme, qui s’appliquent de nos jours plus largement à la politique, l’économie, la finance, ou encore à la communication ».

« Expression immatérielle d’une pensée dont l’art est de maîtriser les paramètres les plus divers et leurs interactions, la stratégie est rarement évoquée, aujourd’hui, sans référence à Napoléon. Et c’est là toute l’ambition de l’exposition : donner à voir, à comprendre la façon dont lui-même a pu la concevoir et l’appliquer. L’exposition s’appuie sur les cartes, les documents qui témoignent des réflexions du stratège, mais aussi sur les objets, vestiges, symboles ou représentations de la réalité historique qui incarnent la réalité tangible sur laquelle la pensée stratégique veut avoir prise ».

« Afin de rendre le propos accessible au plus grand nombre, l’apport de Napoléon est présenté dans le contexte de son époque : il y est question de sa formation, de ses aptitudes et des moyens dont lui-même et ses adversaires pouvaient disposer. Montrer l’homme à l’œuvre, expliquer les enjeux et le déroulement des campagnes, analyser, au cœur de l’action, ses plus célèbres batailles, ses succès comme ses échecs, tel est l’enjeu ».

Grand lecteur, « stratège inégalé, c’est paradoxalement sur le champ de bataille que vaincu », l’empereur Napoléon Ier perd l’Empire qu’il avait bâti, rattrapé par ses adversaires européens. Néanmoins, deux cent ans plus tard, le nom de Napoléon fait toujours référence au succès militaire ».

Napoléon stratège « permet de s’interroger sur le concept de stratégie, sous Napoleon Ier comme de nos jours. Napoleon comprend la nécessité d’une approche cohérente de la politique, l’économie, la finance ou la communication afin de mener une politique de puissance. Son extraordinaire capacité d’organisation ainsi que celle de son état-major seront mises en avant au cœur de l’action, puis ses points faibles seront abordés, qui conduiront à son renversement par ses adversaires. Enfin, la question de la transmission de la pensée stratégique napoléonienne sera évoquée pour mieux comprendre son héritage. Cartes, objets et documents utilisés par Napoleon lui-même permettront au visiteur de s’approprier cette notion abstraite. Un travail d’explication et d’analyse des campagnes met en lumière le contexte de l’époque ainsi que les aptitudes et les moyens dont ses adversaires et lui-même disposaient. »

« Distincte du parcours consacré dans les salles permanentes à la Révolution et à l’Empire, l’exposition en offre une vision complémentaire ». Le musée propose « deux films de reconstitution, l’un à Austerlitz, pour la partie victorieuse, l’autre à Waterloo, pour la phase de doute puis la défaite. Des outils multimédias, conçus pour l’occasion, proposent une approche immersive destinée à faciliter l’appropriation par le visiteur d’une notion abstraite et complexe. Dans les salles permanentes, leur répondent des dispositifs numériques entièrement renouvelés qui abordent sur un mode plus narratif ou explicatif, les conceptions stratégiques de Napoléon. Un aller-retour entre ces deux approches est ainsi proposé aux visiteurs qui peuvent s’y adonner en toute liberté ».

Le mot « stratégie » n’apparaît qu’a la fin du XVIIIe siècle, avec un sens restreint. Napoléon lui-même ne l’a même jamais employé pour parler de la discipline dans laquelle il excellait, et qu’il n’a jamais théorisée non plus, bien qu’il soit permis de penser que, sans lui, le mot n’aurait ni le sens, ni le succès qu’il connait aujourd’hui… « La guerre est un art simple et tout d’exécution », l’une des plus célèbres sentences sur le sujet, illustre le pragmatisme de son approche : avec Napoléon, pas de théorie sans pratique. Heureusement, car les concepts ne se laissent pas facilement exposer. C’est pourquoi, à côté des objets, œuvres d’art, documents qui rendent la stratégie tangible, l’exposition fait la part belle à un domaine auquel Napoléon a – dans sa postérité – largement contribué : le jeu. Dix-huit dispositifs multimédias émaillent le parcours de visite. Parmi eux, huit dispositifs immersifs sont conçus comme des « Serious games ». Pour comprendre la stratégie et la tactique des guerres napoléoniennes des multimédias invitent à adopter :
LE POINT DE VUE DE NAPOLEON :
1796-1797 – la première campagne d’Italie
1805 – la manœuvre d’Ulm
1805 – la bataille d’Austerlitz
LE POINT DE VUE DE SES ADVERSAIRES :
1806 – la campagne de Saxe, vue par le maréchal autrichien Schwartzenberg
1812 – la campagne de Russie, vue par le tsar de Russie Alexandre Ier
1815 – la campagne de Waterloo, vue par le général britannique Wellington
POUR Y VOIR PLUS CLAIR DANS LA CHAINE DE COMMANDEMENT :
L’entourage de Napoléon
L’armée au combat ».

Parmi les campagnes militaires du général Bonaparte : celle d'Egypte (1798-1801) marquée notamment par les sièges de Jaffa (3-7 mars 1799) et de Saint-Jean-d'Acre (20 mars-21 mai 1799). Deux villes situées en Eretz Israël (Terre d'Israël) alors occupée par l'Empire ottoman. A Jaffa, Bonaparte vainc l'armée ottomane de Djezzar Pacha ; l'épidémie de peste cause de nombreux décès, notamment parmi les soldats français. A Saint-Jean-d'Acre, le bilan est désastreux : défaite militaire face aux assiégés turcs bénéficiant du soutien de la flotte britannique sous le commandement de l'amiral Sidney Smith, mort d'un quart des hommes lors de combats et par la peste. La campagne militaire d'Egypte est liée à une expédition scientifique composée d'antiquaires, d'astronomes, d'architectes, de mathématiciens, d'ingénieurs, d'économistes, de géomètres, de médecins et de chirurgiens, de sculpteurs, d'imprimeurs, de dessinateurs et de botanistes membres de la Commission des sciences et des arts instituée en 1798.

Les batailles napoléoniennes, souvent dites "de mouvements" ou offensives, ont causé des milliers de morts et de blessés dans l'armée soucieuse de garder un nombre élevé de soldats. Le service de santé militaire est réorganisé. La chirurgie a alors réalisé des progrès. Parmi les médecins de l'Armée de Bonaparte/Napoléon Ier : le baron Pierre-François Percy (1754-1825), chirurgien militaire français dès 1782,  tente d'éviter de procéder à des amputations et conçoit des véhicules tirés par des chevaux pour opérer et évacuer des blessés sur les champs de batailles. Quant au baron Dominique-Jean Larrey (1766-1842), chirurgien en chef de la Grande Armée, il élabore une chirurgie d'urgence en privilégiant les amputations qui permettent de sauver des vies, et se souvient : "Avec mon ambulance, j’ai accompagné la Garde jusqu’au dernier moment. (…) Nous avons soigné les blessés (…) sur le champ de bataille, mais lorsque leur nombre est devenu trop important, j’ai envoyé un poste de secours avancé soigner ceux du front. (…) Avant la tombée de la nuit, nous avions plus de 500 blessés, atteints dans leur majorité par la mitraille des canons, et nous dûmes les opérer". Dans son testament (1821), Napoléon a écrit : "Je lègue au chirurgien en chef Larrey 100,000 francs; c'est l'homme le plus vertueux que j'aie connu".

David Carcassonne (1789-1861) fait la campagne de Russie, puis devient conseiller municipal de Nîmes. Le sujet de sa thèse de docteursoutenue en 1811 et publiée en 1815 ? Essai historique sur la médecine des Hébreux anciens et modernes.

Autre parcours : celui du Dr Moyse Jacob Cahen. Né en 1785 à Metz, ce chirurgien s’engage en 1800. Il reste dans l’Armée trente-six ans, trois mois et cinq jours. Il est l’auteur d’une Dissertation sur la circoncision envisagée sous les rapports religieux, hygiéniques et pathologiques (1816) qu'il dédie "à son père et à sa mère ainsi qu'à ses oncles, Samuel et Joseph Bing, grâce auxquels il a poursuivi ses études." Dans l'introduction, il écrit : "Cette dissertation se divisera donc naturellement en trois parties : dans la première, nous donnerons succinctement les preuves de l'origine et de l'antiquité (pour ancienneté) de la circoncision ; dans la seconde nous décrirons la manière dont elle se pratique chez les diverses nations qui l’ont adoptée, et en particulier dans la religion juive, à laquelle nous appartenons ; la troisième partie, qui est la plus importante, et celle à laquelle nous chercherons à donner les plus grands développements, nous la considérerons sous le double rapport de son utilité hygiénique et pathologique dans les contrées où elle prit naissance". Le Dr Moyse Jacob Caen a présidé le Consistoire de Paris (1829-1840). Il s'est aussi dévoué au sein du Comité de bienfaisance israélite de Paris (1816-1840).


Paris s'avère une ville de pouvoir que l’empereur dote, par pragmatisme et esprit de rationalisation, pour l'exercice de son pouvoir centralisé et concentré dans les mains de Napoléon Ier, pour représenter sa geste, de nouveaux monuments, équipements et institutions, afin que Paris soit « la plus belle ville qui puisse exister ». Les immeubles sont numérotés. Les nouveaux équipements et artères parisiens portent le nom de victoires militaires - Austerlitz, Ulm -, la campagne d’Egypte - rue d’Aboukir, passage du Caire, rue des Pyramides - de l’empereur Napoléon Ier, voire évoquent celui-ci : rue Bonaparte, quai Napoléon, rue Impériale (1808).

Pour le jeune public, le musée de l’Armée a élaboré des panneaux spécifiques, un livret-jeux français/anglais, un défi et des multimédias permettant au jeune visiteur de « prendre des decisions pour mener une bataille avec ou contre l’armée de Napoléon ».

Le musée de l’Armée a aussi organisé des concerts pour « évoquer le souffle épique des batailles et autres bruits de guerre, au fil des campagnes de Napoléon. En chemin toutefois, il s’autorise à recueillir librement les différentes musiques composées à l’époque ou celles qui s’y réfèrent ultérieurement. De la violence des champs de bataille à l’intimité feutrée d’un salon, de la scène de l’opéra au cadre institutionnel du conservatoire, la musique est indéniablement le vecteur d’une stratégie napoléonienne. En toutes choses, Napoleon étant celui qui en parla le mieux, la parole est à l’Empereur… et à ceux et celles qui s’en firent l’écho. » Au programme : Beethoven - Bataille de Vittoria, Concerto n°5 dit l’Empereur et lecture du Testament de Heiligenstadt, Variations sur La Molinara, Marches et Sonate Les Adieux, Adélaïde -, Castérède (Trois Fanfares pour des proclamations de Napoléon), Steibelt (L’incendie de Moscou), Donizetti (Una furtiva lagrima, E Morta et O bella Irene), Berlioz (Elégie et Le spectre de la rose), Schumann (Les deux Grenadiers), Schubert (extrait du Voyage d’hiver), Tchaïkovski (Ouverture 1812, Marches triomphales du 1er Consul et de Marengo)…

Austerlitz d'Abel Gance (1960), Guerre et paix de Serguei Bondartchouk (1965-67), Waterloo de Serguei Bondartchouk (1970), Adieu Bonaparte de Youssef Chahine (1984), Le colonel Chabert d’Yves Angelo (1994), Les lignes de Wellington de Valeria Sarmiento (2012)… Le stratège Bonaparte/Napoléon 1er a inspiré aussi  les cinéastes.

Après l’exposition, le visiteur est invité à parcourir « les espaces des collections permanentes du musée dédiées à la Révolution et l’Empire, et découvrir l’église du Dôme qui abrite depuis 1861 le monumental tombeau de l’Empereur ».

Cette exposition est organisée avec le soutien de la Fondation Napoléon et le CIC, grand partenaire du musée de l’Armée. Elle bénéficie de la participation exceptionnelle du Service historique de la Défense et de l’aimable concours du château de Versailles.

Le commissariat de l’exposition est assuré par Émilie Robbe, conservateur en chef du patrimoine, département moderne, Grégory Spourdos, charge d’etudes documentaires au département moderne, Hélène Boudou-Reuzé, assistante de conservation au département des peintures et sculptures, cabinet des dessins, estampes et photographies et de la bibliothèque, Julia Bovet, assistante du commissariat d’exposition

Napoléon, le stratège par excellence
« Premier consul, puis empereur des français, Napoléon est le chef de l’Etat. C’est lui aussi qui définit les campagnes militaires, fixant aux généraux et aux diplomates les objectifs qui servent au mieux ses buts politiques ».

Napoléon « est encore le chef de l’armée qu’il organise, équipe et entraîne à son idée. Ce profil atypique fait de lui un stratège d’exception et sert pour une large part ses succès militaires. Entre 1805 et 1809, à Ulm, Austerlitz, Iéna, Friedland, Wagram, il surclasse ses adversaires par sa pratique novatrice de la guerre. Sa méthode laisse le moins de place possible au hasard. Tous les éléments qui pèsent dans la préparation d’une campagne ou la conduite d’une bataille sont soigneusement pris en compte en amont ».

« UNE CAMPAGNE-TYPE SE DEROULE EN 4 PHASES
I - POLITIQUE
L’Empereur fixe ses objectifs militaires et politiques et prépare son armée tout en étudiant rapports et cartes.
II - STRATEGIQUE
A la tête des troupes, il exécute les actions adaptées à ses objectifs et aux mouvements de l’ennemi.
III - TACTTIQUE
Il combine manœuvres et combats pour provoquer une bataille qui modifie le rapport de force en sa faveur.
IV – DIPLOMATIQUE
Revenant au plan politique, il force le vaincu à accepter ses conditions de paix ».
Napoléon « a profondément marqué l’histoire de la stratégie, mais il n’a pas eu le temps de théoriser son apport, qu’il a laissé aux études d’innombrables commentateurs, penseurs, théoriciens, historiens… Parmi ceux-ci se détachent Jomini et Clausewitz. A travers eux l’exemple de Napoléon n’a cesse d’être enseigné et médité, tant sur le plan théorique que sur le plan pratique ».

Devenir un stratège d’exception
« Le jeune Bonaparte, futur artilleur, apprend le métier des armes à l’Ecole royale militaire de Brienne-le-Chateau puis à Paris, où il étudie les mathématiques, l’histoire, la géographie, l’art de la guerre et quelques langues étrangères ».

Il « examine avec soin la vie politique et les campagnes des grands capitaines de l’histoire, mais aussi les chefs de guerre et les théoriciens militaires de son temps ».

Bonaparte « commence sa carrière d’officier sous le règne de Louis XVI et la poursuit sous la Révolution ».

« A cette époque, l’armée française qui s’est distinguée lors de la guerre de l’Indépendance américaine (1778-1781) est considérée comme l’une des meilleures d’Europe. Elle dispose d’un armement de qualité et, surtout, d’un nouveau système d’artillerie. Avec les guerres de la Révolution, la France mobilise de nouveaux moyens humains. La levée en masse puis la conscription mise en place en 1798 permettent d’aligner des effectifs inégalés et de former les bases de l’armée nationale. Napoléon Bonaparte sait se servir de ces acquis : en 1799, lorsqu’il prend le pouvoir, il dispose d’une armée nombreuse, bien équipée et victorieuse, composée de vétérans galvanisés par les idées de la Révolution française ».

Il « se fait remarquer dès ses premières expériences militaires, en 1793 à Toulon, en 1796 en Italie et en Egypte à partir de 1798. Ces premières campagnes permettent à Napoleon d’élaborer sur le terrain son approche de l’art de la guerre, ainsi que son futur mode de gouvernement ».

La campagne idéale
Napoléon « utilise tous les moyens pour préparer au mieux ses campagnes ».

Un « flux permanent d’informations alimente le Cabinet de l’Empereur, véritable cellule de travail et du traitement du renseignement. Bien avant d’engager les combats, il étudie le théâtre des opérations et prend connaissance, au moyen d’un efficace réseau d’espions, de l’organisation politique et militaire de son ennemi ».

« Après l’étude approfondie du terrain, du contexte politique, des forces et des faiblesses de ses adversaires, Napoleon s’engage rapidement dans l’action. Prenant la tête de l’armée, il adopte une attitude résolument offensive. Sa stratégie de predilection consiste à projeter vite et loin ses forces, quels que soient les distances, le climat et les espaces naturels. Il impose un rythme soutenu à ses opérations et conserve l’initiative face à des adversaires plus attentistes ».

Il « cherche à accrocher l’ennemi et à le contraindre à accepter la bataille dans des conditions défavorables. Il se différencie de ses adversaires par l’audace avec laquelle il recherche l’affrontement, voire le provoque : c’est son fameux « coup d’œil », grâce auquel il saisit le moment opportun pour créer « l’événement » qui emportera la décision ».

La « victoire, cependant, ne signe pas pour lui la fin de la campagne, car elle ne peut être complète que si elle est politique ».

Napoléon, chef de guerre
« Au début de l’Empire, Napoléon s’appuie sur des chefs expérimentés, aguerris par les campagnes de la Révolution. Exécutants fidèles, ils ont l’expérience de la manœuvre et savent réagir efficacement aux ordres de l’Empereur ».

Napoléon « travaille également, entre 1802 et 1805, à organiser une armée répondant à ses conceptions tactiques et stratégiques. Le résultat est à la hauteur de l’effort : en 1805, il dispose de la plus puissante armée d’Europe, (environ 150 000 hommes pour la campagne d’Allemagne), composée de vétérans des guerres de la Révolution et de recrues bien entraînées ».

« En 1812, jusqu’à 600 000 hommes sont engagés en Russie. Les corps d’armée sont l’entité déterminante de la manœuvre : l’Empereur les dispose et les combine suivant son objectif. Composés de divisions d’infanterie, de cavalerie et d’artillerie, chacun de ces corps d’armée peut agir de manière autonome et opérer isolement, puis être réuni aux autres pour obtenir un avantage décisif sur le champ de bataille. L’armée de Napoléon voue une admiration sincère à son chef, à qui les victoires répétées donnent un sentiment d’invincibilité. La vie aventureuse, le désir de gloire, la camaraderie l’emportent sur les privations et les souffrances ».

« Le « petit caporal » anime ses hommes par de vibrantes proclamations et sait à l’occasion les aborder de manière simple et directe, ce qui leur plait ».

« Très attentif à l’attribution des récompenses, Napoléon développe l’émulation dans l’armée. L’inscription des victoires sur les drapeaux des régiments favorise l’esprit de corps. En rétablissant la dignité de maréchal, il s’attache également les principaux commandants en chef ».

Exploiter la victoire
La « victoire n’est pas une fin en soi. Aussitôt après, Napoléon cherche à exploiter politiquement son succès militaire ».

Son « armée mène la poursuite, progressant rapidement en territoire ennemi pour forcer l’armée vaincue à capituler avant qu’elle ne puisse se regrouper ou contre-attaquer. Au lendemain de ses victoires à Iéna et Auerstaedt (14 octobre 1806), Napoléon multiplie combats victorieux et prises de ville ».

La « Prusse, l’une des premières puissances militaires d’Europe, est vaincue en un mois ».

« Vient ensuite l’occupation du territoire, dont il est impératif de contrôler les points-clefs pour ravitailler tout en empêchant l’ennemi de réarmer : villes et places fortes, routes principales, centres d’approvisionnement, dépôts d’armes... »

« Lorsqu’il pense une campagne, Napoléon cible en priorité la capitale ennemie pour désorganiser son gouvernement et la chaine de commandement.

« Il est le seul chef de guerre à prendre successivement Berlin (1806), Vienne (1805 et 1809) et Moscou (1812). Ne disposant plus de moyens de se défendre, l’adversaire est contraint d’accepter des conditions de paix avantageuses pour la France, qui peut accroître à ses dépens son territoire et développer son réseau d’alliances. En 1806, les Saxons vaincus se rallient à la France. Après Friedland (1807), la Russie signe un traité d’alliance. Un an après Wagram et son entrée dans Vienne (1809), Napoléon épouse la fille de l’empereur d’Autriche. Cette politique reposant sur la force porte cependant des faiblesses qui se révèlent au fil du temps… »

L’ombre de la défaite
« Bien qu’il ait pu paraître invincible, Napoléon a finalement été vaincu, par suite d’une combinaison de facteurs de nature diverse ».
« Au fil du temps, ses adversaires ont appris de leurs échecs. Pour vaincre un Napoléon qui a porté jusqu’à la perfection les méthodes guerrières de la fin du XVIIIe siècle, ils ont recours à d’autres façons de faire la guerre. Entre 1808 et 1813, la guérilla espagnole désorganise l’approvisionnement et les communications. En 1812, le repli planifié et organisé des Russes permet d’affaiblir considérablement l’offensive française. Les Britanniques, quant à eux, se protègent par leur maitrise des mers... »

« Par ailleurs, la campagne de Russie a anéanti l’instrument exceptionnel qu’était la Grande Armée. »
« Après Leipzig, Napoléon peine a recruter, former et équiper ses hommes, sans compter que l’essoufflement de la dynamique victorieuse entraine, dans les plus hautes sphères de l’armée, la remise en question du chef et des guerres qu’il mène depuis plus de dix ans ».

« Ses ennemis ont appris à s’unir. Au lendemain de la bataille de Leipzig (16-19 octobre 1813), les coalisés veulent vaincre Napoléon une fois pour toutes. Ils marchent sur Paris. Réduit à la défensive, celui-ci leur inflige plusieurs revers tactiques mais, forts de leur supériorité numérique écrasante et de leur détermination, ils finissent par s’imposer. Vaincu, Napoléon abdique le 6 avril 1814 ».

« Son retour au pouvoir pendant les Cent-Jours, au printemps 1815, se heurte à l’hostilité unanime des puissances européennes. A Waterloo, une ultime défaite signe sa chute politique définitive ».

Arte diffuse sur son site Internet "Waterloo, l’ultime bataille" (Waterloo. Das Ende) par Hugues Lanneau. "Le 18 juin 1815, dans une "morne plaine" wallonne, se déroule une bataille majuscule, de celles qui marquent les changements d’époque. Après Waterloo, Napoléon sera contraint d’abdiquer, la France perdra à tout jamais son statut de première puissance mondiale et l’Empire britannique connaîtra un nouvel essor. Pour le bicentenaire de Waterloo, un docu-fiction haletant révèle les derniers secrets d’une bataille aussi célèbre que chaotique. Retour sur l’ultime déroute de Napoléon."

"Le 18 juin 1815, dans une "morne plaine" wallonne, se déroule une bataille majeure, de celles qui marquent les changements d’époque. Après Waterloo, Napoléon sera contraint d’abdiquer, la France perdra à tout jamais son statut de première puissance mondiale et l’Empire britannique connaîtra un nouvel essor. Des conséquences incalculables pour ce maelström chaotique qui aura duré une journée seulement, et causé la mort de 11 000 mille soldats (et 10 000 chevaux) et fait 35 000 blessés. En lançant ses 120 000 grognards à l’assaut des troupes britanniques et prussiennes qui, près de deux fois plus nombreuses, menaçaient la France par le nord, Napoléon espérait pourtant que Waterloo apparaisse comme son "chef-d’œuvre, la bataille des batailles". Mais, fatigué et peu inspiré, l’empereur se heurta à l’habileté tactique du duc de Wellington et du maréchal Blücher. Et si son commandement est entré dans l'histoire, c'est pour avoir mené à la plus meurtrière des défaites."

"Dans l’imaginaire collectif, Napoléon, le vaincu, a presque éclipsé Wellington, le vainqueur." Le projet du film de Hugues Lanneau est tout entier inscrit dans cette analyse : derrière le mythe romantique du combat crépusculaire de l'empereur, retrouver la vérité sanglante des faits, à hauteur d’homme. Son documentaire-fiction s’emploie à changer sans cesse de perspective pour ne laisser aucune zone d’ombre sur le terrain de l’enquête historique. Grâce à l'une des reconstitutions grandeur nature qui ont lieu à Waterloo tous les cinq ans, le spectateur se trouve embarqué au cœur de la bataille, dans le souffle des boulets, les ordres hurlés des lieutenants, parmi les corps démembrés. On suit plus particulièrement, heure par heure, le parcours de cinq soldats, recomposé à partir des témoignages de survivants. Le duel stratégique entre Napoléon et Wellington est rejoué dans des scènes fantasmatiques où les deux génies militaires se font face. Avec les grands épisodes replacés dans leur contexte par l’expertise d’historiens ou de spécialistes, le spectateur dispose d'une vision panoramique de la bataille, tout en la vivant simultanément en immersion, découvrant ainsi ses tenants et aboutissants. Une plongée historique aussi haletante qu'éclairante."

LES BATAILLES

ARCOLE                                                                                                           15-17 NOV 1796
Première campagne d’Italie,
1796-1797
Le 15 novembre 1796, le général Bonaparte attaque la ville d’Arcole, ou l’armée autrichienne s’est retranchée. S’élançant à la tète de ses troupes pour traverser le pont, il est repoussé. Le général français ne renonce pas pour autant et fait construire un pont de bateaux sur la rivière. Le 17, il ordonne une nouvelle attaque qui contraint l’ennemi au repli.

LES PYRAMIDES                                                                                                        21 JUIL 1798
Campagne d’Égypte,
1798-1799
Le 21 juillet 1798, l’armée française commandée par le général Bonaparte affronte l’armée mamelouke à proximité du Caire. Forte de 25 000 hommes, l’infanterie française se forme en carres de fantassins soutenus par des pièces d’artillerie. La cavalerie mamelouke engage le combat, mais elle se retrouve rapidement prise sous le feu des carrés français et doit se replier. Le lendemain, Bonaparte entre au Caire.

AUSTERLITZ 2 DÉC 1805
Campagne d’Allemagne,
1805
A Austerlitz, Napoléon combat en même temps les empereurs Alexandre Ier de Russie et François II du Saint-Empire.
Feignant la retraite, il donne l’impression d’être en position de faiblesse : cette ruse encourage ses adversaires à attaquer. Au matin du 2 décembre 1805, les Austro-Russes assaillent les villages de Telnitz et Sokolnitz, mais leur attaque est brillamment contenue par le maréchal Davout. Dans le même temps, Napoléon surprend l’ennemi par une offensive qui enfonce le centre de l’armée alliée. L’ennemi est vaincu sans appel.

IÉNA/AUERSTAEDT 14 OCT 1806
Campagne de Prusse,
1806
En octobre 1806, Napoléon affronte les Prussiens en Allemagne. Au matin du 14 octobre, il attaque les positions ennemies à Iéna, croyant avoir en face de lui l’intégralité de l’armée Prussienne. Plus au nord, le 3e corps du maréchal Davout, qui a reçu l’ordre de prendre l’ennemi à revers, se heurte au gros de l’armée prussienne à Auerstaedt : bien qu’en infériorité numérique, il remporte une victoire écrasante sur l’ennemi, qui s’ajoute à celle de Napoléon à Iéna.
16-19 OCT 1813

FRIEDLAND 14 JUN 1807
Campagne de Pologne,
1807
En juin 1807, Napoléon affronte les Russes en Pologne. Le 13, il dépêche le corps du maréchal Lannes vers Friedland dans l’espoir d’accrocher l’armée ennemie et de la contraindre à se battre. Bien qu’en infériorité numérique, Lannes attaque les Russes et avertit Napoléon de la situation. L’Empereur accourt pour soutenir son maréchal à la tète de trois corps d’armée et de la garde impériale. Progressivement, la bataille penche en faveur des Français qui remportent finalement la victoire.

WAGRAM 6 JUIL 1809
Campagne d’Autriche,
1809
Le 6 juillet 1809 au nord de Vienne, Napoléon décide de rassembler une batterie de cent canons afin de contenir l’armée autrichienne. Plusieurs milliers de coups de canons sont tirés. Puis 8 000 fantassins français, baïonnette au canon, formes en colonnes et soutenus par plusieurs charges de cavalerie enfoncent l’armée autrichienne. Napoléon remporte une victoire majeure qui contraint les Autrichiens à demander la paix.

LA MOSKOWA 
7 SEPT 1812
Campagne de Russie,
1812
Le 7 septembre 1812, à la bataille de la Moskowa (Borodino), les 100 000 hommes de l’armée de Napoléon affrontent autant de Russes commandes par le maréchal Koutousov. Ce dernier adopte une stratégie défensive : ses soldats se retranchent dans des redoutes fortifiées.
Napoleon donne l’ordre à sa cavalerie lourde d’attaquer les redoutes. Cette action, totalement inédite car ce type de mission est traditionnellement dévolu a l’infanterie, contraint les Russes au repli.
Arte diffusera le 6 décembre 2020, dans le cadre de "Quand l'histoire fait dates" (Zahlen schreiben Geschichte), "7 septembre 1812, la bataille de Borodino/La Moskova" (1812, Schlacht von Borodino) de Thomas Sipp.
"À environ 100 kilomètres de Moscou, le village de Borodino symbolise la résistance russe à l’envahisseur Napoléon Bonaparte. Mais en 1812, la bataille de la Borodino a été convertie par les bulletins de la Grande Armée de Napoléon en "bataille victorieuse de la Moskova". Pourtant, celle-ci décimera en masse les grognards épuisés de l’empereur, qui pressentira alors son déclin."

LEIPZIG
16-19 octobre 1813
Campagne d’Allemagne,
1813
En octobre 1813, âpres l’hécatombe de la retraite de Russie, Napoléon dirige une armée inexpérimentée, qui a déjà essuyé plusieurs défaites : il concentre toutes ses forces autour de Leipzig. Le 16 octobre, les coalisés Russes, Autrichiens et Prussiens attaquent la ville. Apres quatre jours de combats acharnés, les Français sont vaincus. Cette bataille, surnommée ≪ la bataille des Nations ≫, est la plus meurtrière de l’histoire de l’Empire.

WATERLOO 18 JUN 1815
Campagne de Belgique,
1815
Le 18 juin 1815, Napoléon attaque les troupes britanniques et prussiennes stationnées dans l’actuelle Belgique : 70 000 soldats Français font face aux 68 000 Britanniques, Allemands, Hollandais et Belges que compte l’armée de Wellington, solidement retranchés sur les hauteurs de Waterloo. Napoléon lance plusieurs assauts contre les lignes britanniques, qui résistent jusqu’à l’arrivée des renforts prussiens du général Blucher. Vaincu, Napoléon abdique pour la seconde fois.


France, 2020, 27 min
Sur Arte le  6 décembre 2020 à 15 h 45
Disponible du 29/11/2020 au 03/02/2021
Visuel :
Guerres napoléoniennes : Campagne de Russie en 1812. La bataille de Borodino (bataille sur la Moskowa), le 7 septembre 1812. Tableau de Louis Francois Lejeune. Versailles, Château et Trianons.
© Erich Lessing - AKG Images

"Waterloo, l’ultime bataille" par Hugues Lanneau
Belgique, 2014, 81 min
Producteurs: ARTE GEIE, RTBF, Les Films de la Mémoire, Création et Mémoire
Acteurs: Michel Schillaci (Napoléon), Dorian Salkin (Wellington)
Sur Arte le 31 mars 2020 à 01 h 55
Disponible du 30/03/2020 au 05/04/2020

Du 6 avril au 22 juillet 2018
Au musée de l’Armée 
Hotel national des Invalides
129, rue de Grenelle - 75007 Paris
Tél. : 01 44 42 38 77
Du lundi au vendredi de 10 h à 18 h, nocturne le mardi jusqu’a 21 h. Samedi et dimanche de 10 h à 19 h. Nocturnes tous les mardis jusqu’à 21h et exceptionnellement les 21 et 22 juillet.
Le 14 juillet, l'exposition sera accessible à tarif réduit pour tous (10 €), et gratuitement pour les jeunes de 18-25 ans ressortissants ou résidents de l'UE, et pour les détenteurs du Paris Museum Pass ou du Pass Education

Visuels :
Affiche
© Violaine & Jeremy

Encrier de campagne ayant appartenu à Napoléon Ier

Pied de roi ouvert © RMN-Grand Palais (musée des château de Malmaison et Bois-Préau) Franck Raux

Montre donnée à Vantini par Napoléon à l'île d'Elbe, Fondation Napoléon

Sept cartes d'Allemagne dans un emboîtage © RMN-Grand Palais (musée des château de Malmaison et Bois-Préau) Malthéus

Cassette contenant des renseignements sur les armées autrichiennes © Paris, musée de l'Armée, Dist. RMN-Grand Palais  Christophe Chavan

Lampe bouillotte © Paris - Musée de l'Armée, Dist. RMN-Grand Palais  Émilie Cambier

Carte ayant appartenu au Prince Eugène, vice-roi d'Italie © Paris, musée de l'Armée, Dist. RMN-Grand Palais Patrick Urvoy

Lettre de Napoléon à Berthier lui ordonnant de missionner des ingénieurs géographes et des troupes du génie entre Ems et Vienne

Portefeuille de la Voiture de Voyage de Napoléon Bonaparte

Chapeau porté par Napoléon pendant la campagne de Russie © Paris, musée de l'Armée, Dist. RMN-Grand Palais Christophe Chavan

Carte générale d'Allemagne, 1801 © Paris, musée de l'Armée, Dist. RMN-Grand Palais  Pascal Segrette

Fauteuil pliant de l'empereur Napoléon Ier, ayant fait partie de son matériel de campagne

Table pliante de l'empereur Napoléon Ier © Paris, musée de l'Armée, Dist. RMN-Grand Palais_Pascal Segrette

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Les citations proviennent du dossier de presse. Cet article a été publié le 18 juillet 2018.

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