mercredi 31 décembre 2014

« Inch’Allah » d’Anaïs Barbeau-Lavalette


Ciné + Club diffusera les 1er et 6 janvier 2015 « Inch’Allah » (2011), film partial franco-canado-israélien d’Anaïs Barbeau-Lavalette. Une jeune médecin canadienne envoyée dans les territoires disputés, confrontée à un conflit dans lequel elle prend parti pour le côté palestinien. Un film biaisé, diffusant les poncifs antisémites de la propagande palestinienne dont deux blood libels (accusations diffamatoires de meurtres rituels) modernisés.


Hasard ? C’est le lendemain de la fête juive de Pessah et le jour où la Cour d’appel de Paris devait rendre son arrêt(1) dans l’affaire Charles Enderlin et France 2 contre Philippe Karsenty concernant la controverse « a(l)-Dura » qu'est sorti le 3 avril 2013 en France, dans 52 salles de cinéma, ce film.

Le point commun entre ces deux faits ? Un blood libel, c’est-à-dire une accusation infondée et diffamatoire portée à l’encontre des Juifs accusés de tuer des enfants non-juifs pour recueillir leur sang et l’utiliser dans un cadre rituel (fabrication de matsot – galettes - de Pessah).

Différences : dans ce film de fiction, la réalisatrice Anaïs Barbeau-Lavalette présente deux blood libels ! Et dans les images diffusées par France 2 ce 30 septembre 2000, on peine à distinguer le sang sur les « al-Dura ».

Et c'est lors de l'Intifada diplomatique de l'Autorité palestinienne - rejet le 30 décembre 2014 de la résolution soutenue par la France au Conseil de sécurité de l'ONU (Organisation des Nations unies) - que Ciné + Club programmera ce piètre film biaisé. Quelle idée saugrenue de le diffuser les 1er et 6 janvier 2015 !

Une propagande éhontée
L’intrigue d'« Inch’Allah » : « Dans la clinique de fortune d’un camp de réfugiés palestiniens en Cisjordanie, Chloé (Evelyne Brochu), une jeune obstétricienne québécoise, accompagne les femmes enceintes, sous la supervision de Michaël, un médecin d’origine française. Entre les checkpoints et le Mur de séparation, Chloé rencontre la guerre et ceux qui la portent : Rand (Sabrina Ouazani), une patiente pour laquelle Chloé développe une profonde affection ; Faysal (Yousef Sweid), le frère aîné de Rand, résistant passionné ; Safi, le cadet de la famille, enfant brisé par la guerre qui rêve de voler au-delà des frontières ; et Ava (Sivan Levy), jeune militaire, voisine de palier de l’appartement de Chloé en Israël. Cette rencontre entraîne Chloé dans une aventure de l'intime comme du territoire. Une aventure où elle perd ses repères, se déracine, chute. Certains voyages bouleversent et transforment. Certains voyages font voler en éclats toutes certitudes. Pour Chloé, Inch’Allah est de ces voyages-là ».

Dès les premières images, la réalisatrice Anaïs Barbeau-Lavalette plonge le spectateur dans le Tiers monde : dépotoir dans lequel des pauvres palestiniens, notamment des enfants, s’efforcent de récupérer des objets. Et omniprésente : la barrière de sécurité antiterroriste dans sa partie murale.

Dès les premières répliques d'« Inch’Allah », le ton est donné : « Ils tirent sur la colonie ! » Et les enfants jouent à simuler être des terroristes. Ceci n’est même pas analysé par la réalisatrice Anaïs Barbeau-Lavalette comme le produit d’une éducation  protéiforme de l’Autorité palestinienne à la violence.

Avec perversité, ce long métrage de fiction aligne des stéréotypes forgés par le narratif palestinien, et diffusés comme faits réels par de nombreux reportages et documentaires.

Les clichés ? Des oiseaux volant dans un ciel azur, l’enfant tentant de percer de ses petites mains le « Mur ». Des symboles lourds. Mais qui fonctionnent toujours auprès du public à l’esprit formaté par la propagande palestinienne distillée par des médias nationaux.

Parmi les pires scènes : l’intervention nocturne des soldats israéliens aux domiciles des Arabes palestiniens, les deux blood libels  - le tank israélien tuant accidentellement un enfant palestinien qui le défiait et le refus de soldats israéliens d’un check-point de laisser passer la voiture d’une Arabe palestinienne enceinte vers l’hôpital, malgré les demandes de la jeune médecin québécoise, cause la mort du bébé. Cette Arabe palestinienne, qui n’a pu donner la vie à son enfant – un garçon – et voit son statut de femme amoindri, se fait sauter dans la terrasse ensoleillée emplie d’Israéliens. Les affiches et aveux vidéos de cette islamikaze sont déjà prêts pour l’édification des masses palestiniennes… Le spectateur éprouve-t-il de l’empathie pour les victimes de cette terroriste ? On peut en douter. Finalement, le film est construit sur une dramaturgie qui vise à justifier cet attentat terroriste palestinien.

La réalisatrice fait ainsi fi de la réalité : les histoires abondent d’aide de soldats et médecins israéliens à des Arabes palestiniennes enceintes, d’aide médicale israélienne gracieuse dans les soins ou la formation des (para)médicaux Arabes palestiniens, dont les Gazaouis. Ainsi, le 7 février 2011, un nouveau-né palestinien, qui souffrait de problèmes respiratoires, a été sauvé grâce à des soldats israéliens. Rappelons l’action de l’association Un cœur pour la paix. qui assure, avec les autorités militaires israéliennes et l’hôpital Hadassah de Jérusalem, des opérations délicates du cœur des enfants palestiniens d’un coût de 12 000 euros pris en charge pour moitié par cet hôpital : une opération du cœur est effectuée par semaine, un patient sur deux est un nouveau né, etc. De même, l'association israélienne Save a Child's Heart  (SACH) coopère avec le Wolfson Medical Center  à Holon (Israël) afin d'effectuer des opérations chirurgicales du cœur d'enfants de toutes origines. Depuis 1995, SACH a opéré plus de 2 400 enfants, dont 49% sont de l'Autorité palestinienne, de Jordanie, d'Iraq et du Maroc.

Des vérités transparaissent cependant : le nombre élevé d’Arabes palestiniennes portant le foulard islamique, l’omniprésence de l’islam – slogans, mosquée, etc. -, l’ingratitude palestinienne à l’égard de la médecin (« Sale chrétienne ! »).

Inch’Allah, c’est l’avènement de la « Palestine » telle que figurant dans ce film !?

« Raconter la Palestine à ma façon »
Née en 1979, romancière (Je voudrais qu'on m'efface), réalisatrice arabophone - elle a appris l'arabe à l'université Bir-Zeit à Ramallah - Anaïs Barbeau-Lavalette  est l’auteur du documentaire Si j’avais un chapeau (2005), tourné notamment dans un camp de réfugiés, avec des enfants, et d’un recueil de chroniques Embrasser Yasser Arafat (Éditions Marchand de feuilles).

Anaïs Barbeau-Lavalette a signé en 2010 un appel violent de 500 artistes canadiens soutenant le mouvement international BDS (Boycott Désinvestissement Sanctions) contre l'Etat d'Israël : "Il y a plus de 60 ans commença la Nakba (catastrophe en arabe) des Palestiniens... [Le] déni constant par Israël des droits inaliénables des réfugiés palestiniens de regagner leurs maisons et leurs terres, comme le stipule le droit international, et contre l’occupation et la colonisation qu’impose Israël à la Cisjordanie (Jérusalem compris) et à Gaza, violant aussi le droit international et passant outre de multiples résolutions des Nations Unies... Les Palestiniens subissent un système institutionnalisé de racisme et de ségrégation qui ressemble à l’apartheid sud-africain d’autrefois".

En 2010, elle avait déclaré à Montréal : "Quand on est au cœur de cette guerre, ambiguë comme toutes les guerres, on constate qu’il n’y a malgré tout qu’une victime : le peuple palestinien. Oppressé, occupé, étouffé, à qui il ne reste que l’arme du plus faible : la terreur".

Repérée pour son premier film de fiction, Le ring, Anaïs Barbeau-Lavalette "écrit alors une fiction dont le personnage principal prépare un attentat-suicide, une réalité qu’elle a vue de près, de très près. "J’ai rencontré des mères de kamikazes. D’ici, ça a l’air monstrueux, inhumain. Mais en vivant là-bas, en voyant l’humiliation quotidienne, je suis arrivée à comprendre cette issue, celle qui consiste à se faire exploser au milieu des vivants ennemis. Sans la cautionner, je la comprends. Pas seulement intellectuellement, mais émotivement, physiquement."

Elle se sent éloignée de cette société arabe palestinienne. Ce qui l’y accroche pourtant, c’est que ce lieu est « privé de cette liberté qui est essentielle à l’être humain. Autant à l’intérieur (celle des femmes) qu’à l’extérieur (du fait de l’occupation) ».

« Le caractère monstrueux d’actes terroristes (qui pourtant ont lieu depuis longtemps et partout ailleurs) est exacerbé, sorti de son contexte, jamais expliqué et toujours associé aux Arabes », déclare Anaïs Barbeau-Lavalette lors de la sortie d'« Inch’Allah » en France en 2013.

Elle a donc voulu dans son deuxième film de fiction  Inch’Allah « redonner un visage humain à un geste inhumain. C’est dérangeant, mais je pense que ça participe à un processus de paix, d’ouverture à l’autre ».

"On ne comprend pas la guerre parce qu’on la détache de la fibre humaine qui la porte. On parle de terrorisme dans les pays arabes. C’est quoi, ce mot-là ? J’aimerais tant comprendre qui est la personne derrière la bombe humaine. Pas pour excuser, mais pour humaniser l’humain, donc le rapprocher de nous... Pour une Québécoise, le monde arabe est confrontant, attrayant, mystérieux. J’ai beaucoup voyagé dans ces pays-là, j’ai appris l’arabe, j’ai habité en Palestine. Un pays prisonnier, dans lequel les femmes ne sont pas libres. Les portes y sont pourtant ouvertes, les gens sont heureux qu’on s’y aventure. Ce con­traste m’a donné de la maturité", déclarait Anaïs Barbeau-Lavalette au magazine féminin québeccois Châtelaine (10 mai 2012).

Tourné en Jordanie, Inch’Allah est souvent filmé comme un documentaire émaillé de gros plans et rythmée par des "scènes coups de poing". Et du point de vue d’une jeune médecin canadienne « postée en Palestine ». Mais comme ce docteur soigne des Arabes palestiniens et que son seul contact avec les Israéliens se réduit à une soldate qui critique les checkpoints et à des images brèves de la télévision israélienne sur les victimes d’un attentat palestinien en début de film… Les soldats israéliens sont dépeints comme cruels, insensibles, inhumains. Jamais, la réalisatrice ne dénonce l'instrumentalisation cynique des enfants, "élèves en classes, terroristes dans les rues", soumis à un lavage de cerveaux et à un entrainement militaire leur inculquant la haine d'Israël. Son héroïne ne le voit pas.

Pour ceux qui douteraient du caractère politique du film « Inch’Allah », le dossier de presse consacre une page aux « femmes palestiniennes, entre résistance et soumission » - « soumises à la Charia », « limitations des libertés publiques » par le Hamas, « violences conjugales et verbales, agressions sexuelles, crimes d’honneur », « résistantes contre l’occupation »  -, et le site Internet du film  présente des cartes erronées et sans perspective historique de la région. Pourquoi ce film n’illustre-t-il pas ces femmes « prisonnières d’une société archaïque » ? Pourquoi n'évoque-t-il pas les harcèlements sexuels, tentatives de viols, etc. commis par des Arabes palestiniens contre des activistes israéliennes ou étrangères qui soutiennent la Cause palestinienne ? Des agressions sexuelles que des dirigeants des organisations où elles militent minorent, occultent pour ne pas ternir l'image de cette Cause !

Le jeu de Evelyne Brochu s’avère limité à une expression renfrognée, comme celui de Claire Foy, actrice britannique du Serment  (The Promise), série télévisée biaisée de Peter Kosminsky, éclairée de rares sourires tristes, graves. Lassant. C’est surtout une jeune femme ignare de l’Histoire et du droit, dépassée par la situation, enfreignant sciemment les impératifs de neutralité de sa mission, instrumentalisant une soldate israélienne pour permettre à ses amis palestiniens de voir le village quitté par leurs aïeuls, manifestant dans un défilé anti-israélien, mais ne songeant pas à décourager des Arabes palestiniens de commettre un attentat terroriste.

Bien analysé par David OuelletteInch’Allah se situe dans la lignée de Paradise Now, film franco-germano-néerlando-israélien réalisé par Hany Abu-Assad (2005). Même partis pris. Même soin dans le marketing ciblé. L'affiche française laisse une plus grande place aux Arabes palestiniens, dont deux femmes portant le foulard islamique.

Entre Pallywood et ces longs métrages - toujours des fictions haineuses -, le spectateur est aveuglé par des jeux de miroirs teintés.

Sélection officielle Festival International de Toronto 2012, Prix FIPRESCI  - Section Panorama - Festival de Berlin 2013 Prix du Jury œcuménique - Mention spéciale - Festival de Berlin 2013… Les prix  décernés à ce film moins que médiocre révèlent l’appétence de professionnels du cinéma pour ce genre d’histoires diabolisant Israël.

Dans son n° 1250 (11 avril 2013, Actualité juive, hebdomadaire incontournable de la communauté Juive française, a salué ce "joli film maîtrisé, au rythme apaisé" (sic).

Et Akadem, campus numérique du FSJU (Fonds social juif unifié), en a annoncé à deux reprises la diffusion au CCLJ dans sa newsletter et dans son site Internet.

Soutenu par le CNC (Centre national du cinéma et de l'image animée), établissement public français, ce film bénéficie du partenariat de France-Culture, radio du service public hexagonal. Est-ce surprenant dans le pays dont le fleuron du service public télévisuel, France 2, a diffusé les images controversée sur les « a(l)-Dura » le 30 septembre 2000 ?

Selon les chiffres de CBO-Box office, ce film a enregistré 9 988 entrées en France au terme de cinq jours d'exploitation. Quel écart entre les Prix récoltés dans des festivals et cette fréquentation si faible ! Le public a toujours raison.

Dans le cadre du Festival A films ouvertsFestival du film pour l'interculturalité et contre le racisme (11-23 mars 2014), ce film a été projeté au Centre communautaire laïc Juif (CCLJ) David Susskind à Bruxelles (Belgique) le 14 mars 2014, à 20 h 30.

« Inch’Allah »
Scénario et réalisation d’Anaïs Barbeau-Lavalette
Production : Micro_scope (Canada) et ID Unlimited (France) en association avec July August Productions (Israël)
Distribution : Happiness Distribution
1 h 41, 2011
Avec : Evelyne Brochu, Sabrina Ouazani, Sivan Levy, Yousef Sweid et Carlo Brandt
Diffusion sur Ciné + Club les 30 septembre 2014, 27 décembre 2014 et 1er janvier 2015

(1) La Cour d'appel de Paris a anonncé qu'elle rendra son arrêt le 22 mai 2013. Elle a reporté au 26 juin 2013 la date de son délibéré.


Photos : © P. Lavalette et S. Kakas

A lire sur ce blog :
Affaire al-Dura/Israël
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  Cet article a été publié le 3 avril 2013, et modifié le 30 septembre 2014.
Il a été republié le :
- 14 mars 2014. Dans le cadre du Festival A films ouvertsFestival du film pour l'interculturalité et contre le racisme (11-23 mars 2014), ce film a été projeté au Centre communautaire laïc Juif (CCLJ) David Susskind à Bruxelles (Belgique) le 14 mars 2014, à 20 h 30 ;
- 29 septembre 2014.

dimanche 28 décembre 2014

Vitalité, diversité et tolérance à Saint-Germain-en-Laye


En quelques décennies, s’est développée une communauté forte de  âmes bien intégrée dans cette ville huppée de la banlieue ouest de Paris (département des Yvelines). Majoritairement sépharade, cette ville francilienne associe trois composantes : liée au Consistoire israélite de Paris Ile-de-France, libérale et Loubavitch. Très active, la communauté Juive de Saint-Germain-en-Laye bénéficie de synagogues et Talmud Torah. Reportage effectué en 2006.

Saint-Germain-en-Laye « est une ville d’histoire et de culture où naquit, notamment, le Roi Louis XIV. Son château, ainsi que sa terrasse dessinée par Le Nôtre et dominant la vallée parisienne, est une des plus belles demeures des rois de France. Molière y créa la troupe du Roy en 1665. Des chênes datant du règne de Louis XIV peuvent être admirés dans la forêt domaniale, fleuron de notre ville, qui s’étend sur plus de 3 500 ha ».

A quand remonte l’installation des Juifs à Saint-Germain-en-Laye ? Difficile de le déterminer.

L’histoire de la communauté saint-germanoise est peu connue.

Le Dr Jules-Jacob Ariche, président de la communauté locale associée au Consistoire israélite de Paris Ile-de-France, cite d’illustres habitants coreligionnaires : au XIXe siècle, les frères Emile et Isaac Pereire, l’historien Salomon Reinach et la baronne Gérard, née Schnapper.

Chronologiquement, cette communauté saint-germanoise est postérieure à celles de Versailles et du Vésinet. 

L’essor de la communauté débute dans les années 1960.

Composée à 90% de Juifs sépharades, souvent originaires d’Algérie et du Maroc, traditionalistes, elle choisit le statut de communauté associée au Consistoire Israélite de Paris Ile-de-France  en 1973 : les actes de son rabbin- Gabriel Dahan en 2006 - sont valables et signés par cet organisme qui ne la gère ni ne la finance. 

Du Maire, alors Michel Péricard, elle obtient 2 000 m² près de la RN 13 ainsi qu’un local en préfabriqué pour les prières, et se constitue en association.

Victime d’actes de vandalisme, elle contracte un prêt bancaire en 1993 pour financer l’édification d’une synagogue « en dur ».

Tout en renégociant le taux d’intérêt de ce prêt afin d’en réduire le poids du remboursement, elle rembourse grâce essentiellement aux dons de juifs et chrétiens encouragés par leurs chefs spirituels, dont le père Thomas, à des recettes de spectacles - concert du violoniste Patrice Fontanarosa et la harpiste Marielle Nordmann, etc. - et au produit de la vente de pins’s.

Sur un seul niveau, la synagogue nouvelle au style sobre est inaugurée  en 1995 en présence des grands rabbins de France et de Paris, Joseph Sitruk et David Messas. Dotée d’une plaque mentionnant les cent noms des membres fondateurs, elle comprend une salle de prières pouvant contenir 140 places assises, un immense hall, une salle pour le rabbin et quatre pièces pour le Talmud Torah. Agrémentée d’un jardin, elle est décorée de panneaux du céramiste d’art André Chemla. Des pyramides en verre dans les plafonds éclairent naturellement l’espace. Plus de trois cents fidèles s’y rendent pour Yom Kippour ou les fêtes de Tichri. Une quinzaine d’enfants fréquentent le Talmud Torah. Quatre bar mitsvot célébrées chaque année, et trois-quatre mariages depuis la création de la synagogue.

« Quatre fois par an, la synagogue accueille des collégiens et lycéens, publics et privés, accompagnés de leur professeur de français et de parents. L’amitié judéo-chrétienne saint-germanoise s’y réunit ainsi que les Eclaireurs israélites de France (EEIF). Des cours d’hébreu gratuits pour deux niveaux y sont prodigués. Des conférences y sont tenues », a décrit le Dr Ariche, retraité septuagénaire, alors président de la communauté.

Cette communauté entretient des relations régulières et harmonieuses avec les autorités publiques et religieuses.

Les projets ? « Poursuivre les efforts vers les différentes communautés, attirer plus d’enfants dans le Talmud Torah, renouveler une partie du mobilier et multiplier les activités (conférences, concerts) pour que les gens découvrent l’enchantement de cette synagogue », a envisagé ce rhumatologue. Hommage a été rendu à ce président d’honneur en donnant son nom à la rue abritant cette synagogue.
La communauté Juive française de Saint-Germain-en-Laye est jumelée avec la ville de Lakhich (Israël).

Le tournant des années 1990
Depuis une dizaine d’années, deux mouvements sont apparues, en partie en raison de la présence du prestigieux Lycée international de la ville.

« Fondée en 1993, la libérale Kehilat Gesher (Communauté Pont, en hébreu) regroupe 150 familles entre Saint-Germain-en-Laye et Paris. Bilingue, elle compte de nombreux mariages mixtes : des anglophones ashkénazes ayant épousé, côté féminin, des sépharades francophones », expliquait avec humour son rabbin, Tom Cohen. 

Kehilat Gesher réunit pour « un Talmud Torah 75 enfants des deux cités et se réjouit de 20 bar/bat mitsvot et cinq à six mariages par an ». 

« Depuis fin 1999, les Loubavitch complètent les activités de la communauté locale, plus particulièrement en direction des jeunes. Notre synagogue répond à une demande de familles d’un lieu de rencontre et discussion. Nous y proposons des cours de Torah et une préparation à la bar mitsva à moins d’une dizaine d’enfants », a confié le rav Mendel Sebag . 

De 80 à 100 personnes assistent aux prières lors de fêtes. Depuis quatre ans, les Loubavitch - Loubavitch est le nom d'une ville, actuellement en Biélorussie, où "s'installa pendant plus d'un siècle le mouvement" - organisent un centre de loisirs en juillet.


Visuels : 
© Saint-Germain-en-Laye, Kehilat Gesher et Loubavitch-Chabad (Chabad, acronyme de Hokhma Bina Da'at, « sagesse, compréhension, savoir »)

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Cet article a été publié par Osmose.

vendredi 12 décembre 2014

Interview de Benjamin Pizem


Le 11 décembre 2014, la Cour suprême a confirmé la condamnation de Ronny Ron, père de Benjamin Pizem et grand-père de Rose Pizem (2004-2008), et  a considéré Charlotte Renault, mère de Rose Pizem et ancienne compagne de Benjamin Pizem, coupable, avec Ronny Ron, du meurtre de la petite Rose Pizem âgée de quatre ans, à l'été 2008. L'interview de Benjamin Pizem a été réalisée en août 2008.


Difficile de joindre, et a fortiori d’obtenir une interview de Benjamin Pizem, père de Rose (c'est ainsi qu'il veut être appelé pour préserver son intimité). Derrière la porte de son appartement en France, le dialogue s’engage et durera une dizaine de minutes, sur un ton calme et ferme. Une gageure : Le père de Rose n’a pas répondu aux nombreux appels téléphoniques qui n’ont cessé de retentir dans son appartement depuis ce matin du 25 août 2008. 

Après avoir accepté une interview à un autre journaliste, il refuse tout nouvel entretien avec un journaliste : il n’est « au courant de rien, sauf qu'il y a une disparition. Je ne connais pas les circonstances de ce qui se passe en Israël. [Il] ne comprend pas l’intérêt des médias pour cette disparition ».

Sur la défensive, il écarte fermement la proposition d’une interview filmée, même si son visage demeurait dans l’ombre. Il ne veut ni photo ni film qui puisse l’identifier - il a « reconstruit [sa] vie » et veut protéger sa vie personnelle - ou identifier son lieu d'habitation.

A plusieurs reprises, il interrompt la conversation. Pour prendre le temps de la réflexion. 

Le père de Rose concède une interview par téléphone, en fin d’après-midi. Demeurant dans son appartement, il veut que la journaliste effectue l’interview dans le couloir jouxtant son appartement. Refus de la journaliste. Il propose que la journaliste l’interview en se tenant au bas de son immeuble. Refus. Finalement, il accepte de l’appeler à son bureau pour répondre à ses questions. Et prévient Haaretz de se méfier de son ex-belle-mère. « Et de votre ancienne femme [Marie-Charlotte Renault] aussi ? », interroge Haaretz. « Oui ». Le père de Rose glisse : « Je savais qu’il y aurait des problèmes, mais pas ceux-là ».

Au début de l’entretien téléphonique, il s’étonne avec tristesse : « J’ai l’impression que tout le monde sait ce qui s’est passé. Sauf moi. Je suis prêt à parler, car j’ai bien compris que c’était mieux de parler, pour éviter que les choses soient déformées » Et il répète : « C’est très important : je refuse qu’on donne mon nom, mon prénom, le nom de ma ville, là où j’habite. Ma vie est repartie en France ».


Haaretz : Parlez-nous de votre fille, Rose. Elle a quatre ans, des cheveux châtains, des yeux bleus. Ses proches en Israël décrivent une enfant vive…

Le père de Rose (Benjamin Pizem) : Rose est une petite fille très calme. Elle a toujours été très calme. Certains médias ont indiqué qu’elle mesurait 80 cm. Mais, c’est faux. Elle doit mesurer 1 mètre, 1,10 m. Elle est française, comme moi, comme sa mère. Elle a été scolarisée en France. Elle parle le français. S’est-elle adaptée rapidement ou pas à l’hébreu ? Je ne sais pas. Depuis novembre 2007, je n’ai aucune nouvelle de Rose. 

Haaretz : A quoi correspond cette date de novembre 2007 ?

Le père de Rose : Depuis toujours, la garde de Rose a été partagée entre sa mère et moi. Le domicile avait été fixé chez moi, en France. Je suis parti vivre en Israël en novembre 2004 et suis rentré en France avec Rose environ trois mois plus tard. En 2007, après un an ou deux la mère de Rose se réveille, car elle avait abandonné sa fille. Elle veut récupérer Rose. En novembre 2007, un jugement a décidé que le domicile de Rose sera en Israël, chez sa mère. Je pensais que vivre avec sa mère serait mieux pour une petite fille. Je pensais que vivre avec sa mère allait aider Rose. On pensait bien faire. C’est tout. On pensait bien faire… Rose allait très bien avec nous, mais elle avait parfois des regards un peu tristes. J’ai vu des photos récentes de Rose sur des chaînes télévisées israéliennes : ses regards étaient mille fois plus tristes que lorsque Rose vivait avec moi. Je pensais que cela allait bien se passer. Je ne pensais pas que cela allait la détruire. Et aujourd’hui, je ne sais pas où on en est. Tous les médias me téléphonent pour m’annoncer que Rose a disparu. Tout le monde sait ce qui se passe, sauf moi. 

Haaretz : Quel âge avait Rose quand sa mère et vous vous êtes séparés en février 2005 ?

Le père de Rose : Rose avait un an. J’étais parti pour vivre en Israël en novembre 2004. J’y suis resté 3 mois. Je suis revenu en France en février 2005 avec Rose. Pour moi, Israël était synonyme d’échec. J’ai vécu avec Rose en France. J’y ai refait ma vie. En 2007, la mère de Rose se réveille car elle avait abandonné sa fille. Et çà, j’insiste : elle avait abandonné sa fille. Tout le monde pourra vous le dire. Elle ne s’était jamais manifestée pendant un an ou deux. Après grand débat et grande réflexion, le domicile de Rose a été fixé par la justice française en Israël, avec sa mère. Et aujourd’hui, tous les médias me téléphonent pour m’annoncer que Rose a disparu. Voilà où on en est.

Haaretz : Avez-vous essayé d’avoir des nouvelles de Rose depuis novembre 2007 ?

Le père de Rose : Je n’avais pas de numéro de téléphone, l’adresse postale n’était plus bonne. Je n’avais plus de relation… On est à 4 000 km. Les lois française et israélienne sont différentes. Je savais bien… Le jour où Rose est partie de France, j’ai dit au juge qui avait fixé le domicile de Rose en Israël que j’avais peu de chance de la revoir parce que je savais comment était sa mère et je savais comment était son compagnon, enfin le peu que je savais du moins... Les lois n’étaient pas les mêmes. Que vouliez-vous que je fasse ? Des démarches ? Elles auraient duré 10 ans et n’auraient abouti à rien.

Haaretz : Comment était la mère de Rose ?

Le père de Rose : Je pensais savoir comment elle était. Je pensais qu’elle s’était calmée pour élever Rose. Quand je m’aperçois où on en est aujourd’hui... Rose était très bien avec nous, mais elle a commencé à aller un peu mal. Sa mère est revenue. Elle a insisté. Elle a réinsisté. Rose était petite… Aujourd’hui, on me téléphone, on me dit que Rose, que j’avais confiée à sa mère en me disant que cela allait bien se passer et que la vie continue, a disparu depuis 10 jours, un jour, trois mois…. Ce n’est pas sérieux. Apparemment, en Israël, tout le monde a l’air de savoir ce qui s’est passé, sauf moi. Personne n’a le droit de le révéler… Aujourd’hui, ceux qui sont décrits comme les nouveaux parents, qu’est-ce qu’ils font ? On me dit qu’ils sont en garde à vue, mais c’est tout ?!

Haaretz : Vous dîtes que vous pensiez que la mère de Rose avait changé. Comment était la mère de Rose ?

Le père de Rose : Elle était changeante, très changeante. Je pensais au début qu’elle était une bonne mère. Elle s’occupait de Rose comme une mère avec sa fille. Du jour au lendemain, elle ne voulait plus s’occuper de Rose. Elle ne s’en est plus occupée. Je suis reparti en France. Elle n’a jamais voulu revenir en France pour faire quoi que ce soit. Elle n’a pas fait de démarche. Du jour au lendemain, elle s’est réveillée. Peut-être parce qu’elle avait refait sa vie, elle a eu un ou deux enfants je crois après. Elle a eu ce besoin ou ce goût de récupérer Rose, mais pendant presque deux ans elle ne s’en est jamais souciée. Je pensais qu’elle se serait calmée. 

Haaretz : Parlez-nous du compagnon de la mère de Rose…

Le père de Rose : Je ne le connais pas. Je n’ai jamais connu mon vrai père. Je n’avais jamais effectué de recherche sur lui. Il a fait des recherches et a réussi à me retrouver. J’ai été élevé par mon beau-père. Avant de partir en Israël, du jour au lendemain, j’ai reçu un appel de mon père qui vit en Israël. Je l’ai vu pendant une semaine en Israël. Notre rencontre s’est déroulée correctement, comme deux connaissances. Rien de spécial. Ensuite, j’ai souhaité vivre en Israël. Je m’y suis rendu avec la mère de Rose et Rose. Il [mon père] nous a accueillis, et à ce moment-là, la mère de Rose m’a laissé pour mon père. Je suis donc rentré en France avec Rose. Ni lui ni elle ne voulaient Rose.

Haaretz : Quel est le métier de la mère de Rose et celui de son compagnon ?

Le père de Rose : La mère de Rose n’a jamais travaillé en France. En Israël, je ne suis pas au courant. Son compagnon est routier. 

Haaretz : Quid de votre ex-belle-mère ?

Le père de Rose : On ne se parle plus. La grand-mère maternelle de Rose savait que sa fille [Marie-Charlotte Renault] n’était pas… Vous savez que sa fille a été beaucoup chez le psychologue étant petite parce qu’elle n’a pas eu une enfance facile, elle a eu des problèmes avec son père durant son enfance. Et aussi bizarre que cela puisse paraître, j’ai l’impression qu’elle est en train de reproduire la même chose sur sa propre fille, Rose… La grand-mère maternelle de Rose a toujours considéré que Rose devait vivre avec sa mère, même si elle savait que ce n’était pas la meilleure solution. Elle voulait les voir réunies.

Haaretz : Quelles sont vos relations avec le judaïsme ?

Le père de Rose : Aucun de nous trois n’est juif, ni Rose, ni sa mère. J’ai des origines Juives. Je suis descendant de Juifs. La mère de Rose, qui n’est pas Juive, a eu le droit d’aller en Israël dans le cadre de mon aliyah. Elle a eu des papiers en Israël en gros grâce à moi. 


Condamnations à vie pour meurtre
La petite Rose Pizem a été enterrée en France, dans l'intimité familiale.
Le 13 juin 2011, le tribunal de Petah Tikva a condamné Ronny Ron, père de Benjamin Pizem et compagnon de Charlotte Renault, à la prison à vie pour avoir frappé mortellement Rose, sa petite-fille, et l'avoir jetée, dans une valise, dans le fleuve Yarkon. Charlotte Renault a été condamnée à la même peine pour avoir sollicité l’assassinat de sa fille.
Ronny Ron a interjeté appel en alléguant avoir tué accidentellement Rose Pizem. Charlotte Renault, qui avait été acquittée de la charge de crime, a aussi interjeté appel en avançant n'avoir appris le meurtre qu'après sa commission.
Le 11 décembre 2014, la Cour suprême a confirmé la condamnation de Ronny Ron, et a considéré Charlotte Renault coupable, avec ce dernier, du meurtre de la petite Rose.

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Cet article a été publié en anglais dans Haaretz.

lundi 1 décembre 2014

« Miral » de Julian Schnabel


Arte diffusera les 1er et 3 décembre 2014 « Miral », cinquième film de Julian Schnabel (2010). Adapté par la journaliste Rula Jebreal de son livre éponyme, ce film  franco-italo-indo-israélien biaisé présente la version « palestinienne » du conflit né en fait du refus de l’Etat Juif par le monde arabe. En 2011, il a suscité une controverse lors de l’opposition  de l’AJC (American Jewish Committee) au fait que Joseph Deiss, président de la l’Assemblée générale de l’ONU, sponsorise la projection de ce film partial devant des diplomates, dans les locaux onusiens.


Au début de l’Intifada II, lors d’une conférence de presse au CAPE (Centre d’accueil de la presse étrangère), Leila Shahid, alors déléguée générale de l’Autorité palestinienne en France, avait déploré que la culture ne soit pas assez utilisée comme vecteur du narratif « palestinien ».

Elle avait parfaitement conscience de la large diffusion, de la puissance de réception de ce narratif par des romans, films ou chansons jouant sur le registre émotionnel, de la crédibilisation par la culture d’un prétendu « peuple palestinien » inventé par les propagandes arabes et soviétique, de la dissimulation perverse de la haine génocidaire contre Israël sous un discours victimaire fustigeant « l’occupation » et de la substitution in fine de ce narratif à l’Histoire auprès de populations ne bénéficiant plus d’un enseignement de l’Histoire, mais d’un prêchi-prêcha « politiquement correct ».

Un effet démultiplié quand des Juifs, et a fortiori des Israéliens Juifs, collaborent à ces œuvres.

Le narratif « palestinien »



 Le vœu de Leila Shahid a été exaucé, et parfois même au-delà. En effet, ce sont des auteurs ou distributeurs Juifs, parfois avec de l’argent israélien, qui contribuent à ternir l’image de l’Etat d’Israël diffamé, diabolisé, déligitimé.

Miral, film réalisé par le peintre américain Juif Julian Schnabel d’après le livre de Rula Jebreal, illustre cette situation perverse, dangereuse.

L’histoire ? Arte la présente en ces termes : « Les destins entrelacés de trois Palestiniennes, de la création d’Israël à la première Intifada... Avec Hiam Abbass et Freida Pinto, un film fort et sincère réalisé par le peintre Julian Schnabel, déjà remarqué en 2007 pour « Le scaphandre et le papillon ». Jérusalem, 1948. Hind Husseini, jeune humaniste palestinienne, recueille des enfants victimes d’une attaque israélienne. Elle fonde l’orphelinat Dar Al-Tifel, qui deviendra par la suite un centre éducatif. Trente ans plus tard, à la suite du suicide de sa mère, qui avait fui sa famille après avoir été violée par son beau-père, Miral intègre l’institut. Au moment de la première Intifada, l’adolescente de 17 ans prend brutalement conscience du sentiment d’injustice qui anime son peuple et commence à fréquenter des responsables de l’Organisation de libération de la Palestine…"

"Julian Schnabel, peintre exposé aux quatre coins du monde et réalisateur remarqué du Scaphandre et le papillon (Prix de la mise en scène au Festival de Cannes 2007), transpose à l’écran le livre autobiographique de Rula Jebreal, journaliste italienne d’origine palestinienne. À la fois documenté et romanesque, son film, qui plaide pour la réconciliation, explore le dilemme déchirant auquel se heurte le peuple palestinien à travers les générations, entre aspiration à la paix et tentation du terrorisme. Deux voies alternatives magistralement incarnées par Hiam Abbass et Freida Pinto ».

Hasard ? Arte diffusera Miral, la veille du vote à l’Assemblée nationale de la résolution invitant la France à reconnaître la « Palestine ».

Roman ou autobiographie ?
Née à Haïfa (Israël), Rula Jebreal est une Arabe israélienne musulmane devenue une journaliste primée, anchor woman célèbre de la télévision italienne.

Roman ? Biographie ? L’éditeur présente le livre Miral comme un roman. Disons que c’est un roman inspiré d’éléments de la vie de l’auteur. Comment repérer la part de la fiction ? Mystère.

Miral est le prénom de l’héroïne principale, représentant Rula Jebreal, et de la fille catholique de cette écrivain.

Miral de Rula Jebreal a été publié en français par les éditions XO qui, pour attirer le lecteur ont indiqué, en première de couverture de ce "récit" : " Miral, Maman Hind, Nadia... C'est tout un peuple qui émerge à travers l'histoire de ces femmes de Palestine".

Et un bandeau mentionne : "Un conflit, 53 enfants survivants d'un massacre qui croisent le chemin d'une femme, et tout change... Un récit inoubliable. Bientôt au cinéma". Ainsi, est diffusé le mythe d'un "peuple" de "Palestine" et le mythe du "massacre de Deir Yassin". Ce qui ne peut que renforcer la haine d'Israël.

Rula Jebreal révèle le train de vie fastueux de familles « palestiniennes » de notables parfois rivales, telles les Husseini, Nashashibis, Dijani, al-Alami (celle-ci est d’origine marocaine) : le père de Hind Husseini était juge à Istanbul avant la Première Guerre mondiale. Un collaborateur avec l’occupant ottoman ? Le grand mufti de Jérusalem Mohammad Amin al-Husseini allié des Nazis ? Un oubli semble-t-il. Quelle histoire a enseigné Hind Husseini aux élèves ? Un autre oubli.

Cet ouvrage  présente comme un fait avéré le mythe  du « massacre de Deir Yassin », en fait l’attaque  menée par l’Irgoun à Deir Yassin en 1948 : ce village n’était pas seulement habité par des civils, mais aussi par des combattants de plusieurs nationalités, dont irakienne (60 d'entre eux sont morts lors des combats). Il est curieux qu'une journaliste, correspondante de guerre, ignore que des dirigeants palestiniens ont démenti le « massacre de Deir Yassin », en réalité une bataille rude (9-10 avril 1948) - 60 morts Arabes palestiniens -  dans un village situé à un lieu stratégique que les indépendantistes Juifs voulaient gagner - la Hagana a préparé cette bataille avec l'Irgoun et le Lehi - pour alléger le blocus par les forces militaires arabes de Jérusalem et de ses environs et ravitailler les Juifs qui y crevaient de faim, etc.

Si ce groupe Juif avait souhaité massacrer des civils, pourquoi a-t-il pris le soin à plusieurs reprises, lors des combats, d’assurer l’évacuation de plus d’une centaine de femmes, d’enfants et de personnes âgées ? Il s'agissait d'une bataille rude, vitale pour les indépendantistes, dans un lieu stratégique, où les soldats arabes se déguisaient en femmes, etc. Le dossier de presse du film Miral allègue que « 1250 villageois palestiniens » y auraient été tués. Or, le New York Times, à l’époque, a évoqué plus de 200 Arabes tués, 40 faits prisonniers. « Paradoxalement, les Juifs ont parlé de 250 sur les 400 habitants du village [qui ont été tués], tandis que les survivants Arabes ont évoqué seulement 110 sur 1000 ». Fondée sur des interviews de toutes les familles de ce village, une étude  de l’université Bir Zeit a évalué le nombre de civils arabes morts à 107 et celui des blessés à 12, en plus de13 « combattants ».

Hazam Nusseibi, qui collaborait alors à Palestine Broadcasting Service en 1948, a reconnu que Hussein Khalidi, un leader Arabe palestinien, lui avait demandé de fabriquer les allégations d’atrocités qui y auraient été commises. Abu Mahmud, qui vivait alors à Deir Yassin, a dit à Khalidi : « Il n’y a pas eu de viol », mais Khalidi lui a rétorqué : « Nous devons le dire afin que les armées Arabes viennent libérer la Palestine des Juifs ». Cinquante ans plus tard, Nusseibeh a déclaré à la BBC : « Ce fut notre plus grande erreur. Nous ne nous sommes pas rendus compte de la manière dont notre peuple réagirait. Dès qu’ils ont entendu que des femmes avaient été violées à Deir Yassin, les Palestiniens terrorisés ont fui ».
    
Insuccès 
En 2007, Rula Jebreal rencontre Julian Schnabel, artiste Juif américain né en 1951, lors de son exposition de tableaux néo-expressionnistes au Palazzo Venizia de Rome (Italie). Après une exposition individuelle à la Mary Boone Gallery (1979), c’est l’Italie qui avait consacré le jeune artiste, peintre et designer de meubles lors de la Biennale de Venise en 1980. La réputation de cet artiste s’affermit lors de l’exposition organisée par Mary Boone et Leo Castelli en 1981. Julian Schnabel  est célèbre aussi pour ses « peintures plats », des grands formats composés de morceaux de plats cassés.

Rula Jebreal lui remet son scénario, qui séduit Julian Schnabel. Celui-ci réalise le film sur un scénario de Rula Jebreal devenue sa compagne, en Israël et dans les territoires disputés.

Lors de la sortie du film Miral "based on a true story" (fondé sur une histoire vraie) du livre de Rula Jebreal, et pour contrer toute critique sur la partialité de Miral, Julian Schnabel  confie que sa mère était présidente en 1948 de Hadassah Brooklyn.

Le dossier de presse du film est émaillé d’erreurs. Exemple : Mai 1948. Des combats éclatent entre l’Etat d’Israël qui vient d'être créé et les pays arabes voisins hostiles au plan de partition de la Palestine sous mandat britannique. Des millions de Palestiniens deviennent des réfugiés ». 


Or, lors de la guerre d’Indépendance de l’Etat d’Israël ou première guerre arabo-israélienne (1948-1949), l'Egypte, l'Irak, la (Trans)Jordanie, la Syrie et la Jaysh al-Jihad al-Muqaddas (Armée de la Guerre-sainte) fondée par al-Husseini, ainsi que des volontaires du Liban, d'Arabie saoudite, de l'Armée de libération arabe, des Frères musulmans ont attaqué l'Etat Juif renaissant.

En outre, selon les calculs de l'historien Efraim Karsh, lors de la guerre d’Indépendance de l’Etat d’Israël, 583 000-609 000 Arabes palestiniens ont fui leurs foyersgénéralement de plein gré et en raison des actions menées par les dirigeants arabes, donc des exilés pour la plupart volontaires. Un nombre de "réfugiés" à comparer avec l’exode, généralement forcé et tragique, d’environ un million de Juifs des pays arabes, d’Iran, de Turquie, de la partie de Jérusalem conquise par la Jordanie, etc. Insister sur le fait que les Arabes de Palestine auraient été « dépossédés » de leur « pays » implique que les Juifs sionistes auraient volé leurs terres. Un thème de la propagande anti-israélienne, et qui reprend un poncif antisémite, celui du Juif voleur.

 Dès les premières images, la caméra s'attarde sur une carte de la "Palestine" à l'époque romaine. Ce qui accrédite l'idée d'une continuité entre cette "Palestine" et la "Palestine" revendiquée par les "Palestiniens" du film. Rappel historique : les Romains rasent Jérusalem après la révolte du patriote juif Bar Kokhba vaincu par l'empereur romain Hadrien en 135, les Romains veulent détruire en Judée tout souvenir d’histoire juive, y compris les noms de Judée et de Jérusalem. Ils nomment Jérusalem Ælia Capitolina, et, pour désigner ce territoire, ils forgent le terme « Palestine » à partir du mot Philistins, anciens ennemis des Hébreux et disparus (préhistoire). La Judée disparaît dans la région de "Syria Palæstina" (Syrie Palestine). 

Les liens historiques, bibliques entre les Juifs et Eretz Israel sont occultés dans Miral.



La terroriste israélienne Arabe, infirmière licenciée pour avoir permis à des prisonniers jordaniens de fuir, entre dans une salle de cinéma qui projette Répulsion de Roman Polanski. Sa bombe n'explose pas. Cette terroriste motive son acte par l'"occupation". Rien dans le film ne souligne combien ce terme est inadéquat. Et encore moins la directrice de l'école si louée par Miral.

L'Intifada I ? Des images de jeunes lanceurs de pierre visant des soldats israéliens, de répression. Rien sur les victimes des attentats terroristes palestiniens. Les Israéliens sont uniquement représentés par des militaires, une tortionnaire frappant l'adolescente de 17 ans Miral, etc. Seule exception : Lisa, petite amie sympathique de Samir, cousin de Miral. Hasard, le père de Lisa est soldat. Miral se présente alors en "palestinienne", et non israélienne, à ce soldat.

Ce que les Israéliens "veulent, c'est la Palestine sans les Palestiniens", allègue le compagnon de Miral. Or, c'est une manière perverse d'inverser la réalité : l'OLP, le Fatah, le Hamas veulent une "Palestine" sans Juif, Judenrein ; leur projet antisémite est génocidaire. Le but à terme de Miral et de son compagnon, au-delà des accords d'Oslo : un seul Etat, leur "Palestine". 

Miral a été présenté  en compétition dans le cadre de la 67e Mostra de Venise le 2 septembre 2010, puis dans un circuit de salles italiennes.

« Israël est dépeint comme le méchant… Des flash-back avec des archives filmées marquent une sélection minimale événements significatifs, comme la Déclaration d’indépendance par Ben Gourion, l’arrivée de réfugiés Juifs de la Seconde Guerre mondiale, les bombes à Jérusalem en 1948 (sans aucune explication de ce qui s’est passé et pourquoi), la guerre de 1967 (aussi sans explication), la première Intifada, et la référence à l’échec de la mise en vigueur des accords d’Oslo en 1993. Les platitudes et les stéréotypes verbaux abondent dans le film. On nous dit : « Les origines du conflit sont lointaines », « Ces colons sont notre vrai cancer »… Sans exception, l’armée israélienne est stéréotypée comme une armée de méchants inhumains… Il convient de noter que nul ne semble être conscient que les civils sont simultanément tués dans des attentats dans les rues israéliennes par des « activistes » palestiniens », résume Lisa Palmieri-Billig, dans The Jerusalem Post (13 septembre 2010). 

En France, Miral de Julian Schnabel a été éreinté par une critique quasi-unanime : « Voici une bien fade saga à laquelle nous convie Julian Schnabel. [...] La mise en scène peine à s'envoler. Reste un film de propagande douteuse » (Françoise Delbecq, Elle), « Quant au reste on ne répétera jamais assez qu'en littérature comme en cinéma, les champs de navets sont pavés de bonnes intentions » (Christophe Ayad, Libération), « Miral a beau être habillé de modernité (...), chacun de ces épisodes est montré comme dans une conférence illustrée de diapositives. (...) Et même si elles sont exactes, elles sonnent faux (...) » (Thomas Sotinel, Le Monde), « Pompeux et didactique à outrance, le film n'est pas sauvé par ses bonnes intentions : montrer le plus honnêtement possible la complexité inextricable de la situation au Proche-Orient » (Juliette Bénabent, Télérama), « Poétique et puissant » (Allan Kaval, Marianne)…

Le box office ? Avec 75 copies, ce film a attiré 22 348 spectateurs en première semaine (15 septembre 2010), 10 383 (22 septembre), 2 478 (29 septembre), 1 664 (6 octobre). Un flop commercial.

L'ONU sponsor
Aux Etats-Unis, Julian Schnabel a procédé à des coupes dans son film Miral : il a supprimé une scène violente. Pourquoi ? Afin que Miral soit classé par la Motion Picture Association of America (MPAA) non pas R – Restricted - les mineurs de moins de 17 ans doivent être accompagnés d'un adulte – mais PG-13 : Parents Strongly Cautioned ; certaines scènes peuvent heurter les enfants de moins de 13 ans, l’accord parental est recommandé, et le film déconseillé aux moins de 13 ans. Car le producteur Jon Kilik, le réalisateur et la scénariste visaient aussi un jeune public.

Miral a suscité une controverse aux Etats-Unis, avant sa distribution dans un réseau de salles le 25 mars 2011. 

En effet, le 13 mars 2011, David Harris, directeur executive de l’AJC (American Jewish Committee), s’est opposé au fait que Joseph Deiss, président de la l’Assemblée générale de l’ONU, avait sponsorisé la projection, le 14 mars 2011, dans les locaux onusiens, et devant des diplomates, de ce film  « qui a un message politique clair, qui dépeint Israël sous une lumière hautement négative ». David Harris s’est étonné de cette « première inhabituelle » sous les auspices de l’ONU, sans que la mission d’Israël ait été consultée sur la “sagesse de montrer un tel film qui traite du conflit israélo-palestinien », et a demandé à Joseph Deiss de se désolidariser de cet événement partial.

Julian Schnabel a affirmé son amour pour l’Etat d’Israël : « Mon film vise à le préserver, et non à le blesser ». Et d’inviter à “écouter l’autre côté ». Quant à Jebreal, elle a évoqué une « histoire sur des êtres humains, Palestiniens, Israéliens, musulmans, Juifs et chrétiens, et qui explore comment nous réagissons tous différemment à la violence autour de nous, qu’elle soit physique, émotionnelle, politique ou autre. C’est un film sur l’amour, l’éducation, la compréhension et la paix. Cela semble une bonne chose de le montrer à l’ONU ». Le distributeur Harvey Weinstein a déclaré : « Juif américain, je peux affirmer catégoriquement que je ne distribuerai pas un film qui serait biaisé de manière flagrante contre Israël ou contre le judaïsme. Quand j’ai dit à mes filles Lili, âgée de 16 ans, et Emma, âgée de 13 ans, la demande de l’AJC, elles m’ont dit : « Donne à M. Harris une copie de la Constitution et montre-lui le paragraphe sur la liberté d’expression ».

Le 14 mars 2011, David Harris leur a répondu qu’il ne s’agissait pas de la liberté de voir le film, mais si « le Hall de l’Assemblée générale est le lieu approprié pour la première de ce film particulier et si le président de cette Assemblée devrait sponsoriser la projection ».
 
                  
« Miral » de Julian Schnabel 
Scénario : Rula Jebreal
Image : Eric Gautier
Montage : Juliette Welfling
Avec : Hiam Abbass, Freida Pinto, Yasmine Al Masri, Ruba Blal, Alexander Siddig et Omar Metwally
ER Productions, Pathé Production, Eagle Pictures, India Take One Productions, Jon Kilik Production, 2010, 108 mn
Distribué par Pathé (France, 2010) et The Weinstein Company (Etats-Unis, 2011)
Diffusion sur Arte les 1er décembre 2014 à 23 h 15 et 3 décembre 2014 à 2 h 35 

Visuels :
Bertha (Vanessa Redgrave, à gauche) et Eddie (Willem Dafoe) soutiennent Hind Husseini (Hiam Abbass, au milieu)
© ARD/Degeto

Hind Husseini (Hiam Abbass) prend soin des orphelins palestiniens
© ARD/Degeto

© ARD/Degeto

Miral (Freida Pinto) dans le film « Miral » de 2010.
© ARD/Degeto

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