jeudi 4 février 2021

Approfondir le dialogue judéo-catholique en France

Le 11 décembre 2007, l’Hôtel de Ville de Paris a accueilli le colloque organisé par le CRIF (Conseil représentatif des institutions juives de France) Dix ans après la Déclaration des évêques de France à Drancy : quel dialogue pour l’avenir ? L’occasion de mesurer les progrès accomplis. Une rencontre de haut niveau entre responsables d’organisations, juives et catholiques, d’institutions publiques, françaises et étrangères, marquée par un hommage au cardinal Jean-Marie Lustiger. "Pour la première fois, le Conseil permanent de la Conférence des évêques de France (CEF) a reçu, le 1er février 2021, pour un temps de travail suivi de la remise solennelle de la déclaration « Lutter ensemble contre l’antisémitisme et l’antijudaïsme sera la pierre de touche de toute fraternité réelle », le Grand Rabbin de France,  Haïm Korsia et le Président du CRIF, Francis Kalifat".

Par ces rencontres, similaires à celles organisées par le Congrès juif européen (CJE) en 2002, 2003 et 2005, le CRIF manifeste son souci de renforcer ses relations avec le monde catholique.

Ce rapprochement entre juifs et catholiques s’esquisse dès « la première moitié du XXe siècle. Des chrétiens interviennent en faveur du peuple d’Israël », souligne Michel Gurfinkiel, membre du comité éditorial de Valeurs actuelles, devant les 300 spectateurs de ce colloque organisé en association avec le CRIF et le Service national des évêques de France pour les relations avec le judaïsme (SNRJ). Et cet éditorialiste loue « l’effort intellectuel remarquable de l’Eglise de France… La renaissance religieuse du judaïsme français depuis 40 ans a redonné une certaine vitalité au monde chrétien ».

Émergent de ce dialogue des figures exceptionnelles : Jules Isaac, « historien agnostique dont l’épouse et la fille périssent à Auschwitz et qui est taraudé par la question « Y a-t-il un antisémitisme dans les Évangiles ?  » Le grand rabbin Jacob Kaplan qui coopère à Lyon avec le cardinal Gerlier, primat des Gaules, pour sauver des Juifs persécutés sous l’Occupation. Et le père Dujardin, le cardinal Albert Decourtray, Mgr Jean-MarieLustiger, Me Théo Klein, ancien président du CRIF…

La déclaration de repentance de l’Eglise
Cette histoire est jalonnée d’actes décisifs, notamment Vatican II et Nostra Aetate, la déclaration [de repentance] des évêques de France (1997) signée à Drancy par les évêques faisant partie de diocèses où il y a eu des camps d’internement sous le régime de Vichy…

Cette déclaration a « permis de prendre conscience du drame vécu », a expliqué Jean-Pierre Ricard, cardinal archevêque de Bordeaux, vice-président de la Conférence des évêques européens. C’est un « engagement à ne jamais revenir sur ce passage décisif, mais au contraire à le prolonger », a renchéri Mgr André Vingt-Trois, cardinal archevêque de Paris et président de la Conférence des évêques de France (CEF).

Pour Gilles Bernheim, alors grand rabbin de la synagogue de la Victoire, cette « déclaration a marqué la continuité des générations, leur solidarité qui manque tant dans les nations et les corps constitués. L’individualisme actuel nous fait perdre le sentiment de la solidarité avec ce qui s’est passé. Chaque génération se sent étanche [et revendique] son droit d’inventaire. C’est contre cet esprit que s’est affirmée cette déclaration qui implore le pardon de Dieu et ne nomme pas les juifs pour ne pas les acculer à une réponse impossible. C’est l’esprit saint : ne rien attendre en retour ».

Un dialogue sincère qui interpelle
Ce « courage de l’église de France » est salué par le grand rabbin de France Joseph-Haïm Sitruk, qui n’a pas pu rester jusqu’à la clôture du colloque.

Quelques décennies ont suffi pour permettre le passage de « l’enseignement du mépris » (Jules Isaac) à « l’enseignement de l’estime » (grand rabbin Kaplan) grâce à une réflexion « sur ce qui est commun et sur ce qui sépare les deux religions » (cardinal Lustiger), grâce à un dialogue sincère, profond, marqué par la volonté « d’aller à la racine des problèmes et des malentendus pour comprendre ce qui blesse l’autre et en sortir vivifié. Une relation bâtie sur le roc, et non sur le sable », relève le père Patrick Desbois, directeur du SNRJ, qui a participé à un chabbat de Bné Hakiva, à l’initiative de Michel Gurfinkiel.

Les fruits de ce dialogue ? Yahad-In Unum, une association qui recherche les traces de la Shoah par balles en Ukraine et a favorisé à New York le dialogue dans une yeshiva (institut formant les rabbins) entre cardinaux et évêques, européens et sud-américains, et représentants du judaïsme orthodoxe américain dialoguant sur les règles halachiques et l’éthique catholique.

Autres exemples récents : la solidarité de l’église catholique lors de l’assassinat antisémite d’Ilan Halimi, la dénonciation par Roger Cukierman, alors président du CRIF, d’une caricature du pape Benoît XVI en avril 2005 sur Canal + (3), ou le pèlerinage en Terre Sainte d’une délégation de 600 évêques, prêtres et paroissiens menée par Mgr André Vingt-Trois (février 2007).

Les dignitaires de l’église catholique s’impliquent résolument dans ce dialogue auquel ils initient leurs futurs prêtres. Le père Norbert Hoffman, responsable du conseil pontifical chargé des relations avec le judaïsme, se souvient avoir découvert ce dialogue pendant ses études de séminariste.

En attestent aussi la profondeur de la réflexion des discours lors du colloque et les mots choisis par le pape.

« Le pape Jean-Paul II a [ainsi désigné les juifs] à Rome : « Nos frères préférés, et d’une certaine manière, nos frères aînés », rappelle René-Samuel Sirat, grand rabbin du Consistoire, qui prône un « long travail de pédagogie et de témoignage à mettre en place ».

Le grand rabbin Gilles Bernheim exhorte à « apprendre à connaître le judaïsme, à s’abreuver à ses sources. Pour l’Eglise, cela implique une profonde remise en cause de son identité, une capacité de ré-envisager les modalités de filiation avec le peuple juif. L’antijudaïsme chrétien ne sera dépassé que lorsque les chrétiens seront parvenus à percevoir pourquoi les juifs ont dit non à Jésus, dans un sens positif (1) ».

Et Gilles Bernheim de rappeler combien était nécessaire « une capacité à se remettre en question face aux questionnements de l’autre ». Il a invité ses coreligionnaires à se demander s’ils ont pris « assez conscience des remises en question des églises et se sont impliqués dans ce dialogue ».

Le cardinal Aaron-Jean-Marie Lustiger, juif ou catholique ?
 Pour rendre hommage au cardinal Lustiger, des souvenirs personnels sont égrenés : son rôle discret pour trouver une solution au problème posé par le Carmel à Auschwitz, ses « relations privilégiées fondées sur l’estime réciproque » avec le pape Jean-Paul II, son émotion lors de sa première visite personnelle à Auschwitz (2005) devant la « petite maison blanche » où a commencé l'extermination systématiques de Juifs et où a péri sa mère déportée début 1943, et sa revendication d’une double identité.

Le cardinal Lustiger a défini sa conversion au catholicisme comme un « accomplissement » de son judaïsme. Un vocable qui « ne voulait pas choquer », mais qui a suscité des questionnements de fidèles des deux religions et avivé une méfiance dans le monde juif : le judaïsme « s’accomplirait-il » dans le catholicisme ? Ce dialogue interconfessionnel est-il un leurre ?

« La croyance dans le Christ comme Messie et personne de la Trinité n'est, pour les juifs, pas compatible avec la religion juive… La position de la tradition juive vis-à-vis des convertis est ancienne et en apparence paradoxale : ils restent considérés comme juifs sur le plan civil. En revanche, on porte sur eux un regard hostile : voir un juif quitter le judaïsme est considéré avec douleur, étant donné le faible nombre de juifs dans le monde. Le cardinal Lustiger ne pouvait se qualifier de juif. Mais la façon dont lui se voyait est un élément fondamental de sa personnalité et ne peut pas être négligée », précise le Dr Richard Prasquier, président du CRIF.

« Mon ami, le cardinal Lustiger » définissait [par le terme accomplissement] sa « trajectoire spirituelle personnelle et particulière, le chemin d'un adolescent, puis d'un homme qui ayant eu peu de transmission familiale de la tradition juive a trouvé la plénitude de sa quête spirituelle dans la rencontre avec Jésus. Le cardinal Lustiger a vécu et est mort en chrétien », constate le Dr Richard Prasquier.

« Irrésistiblement et irrémédiablement entraînés par trois voyages »
Ouvrant cette rencontre, Anne Hidalgo, Première adjointe au Maire de Paris, envisageait la mutation de ce dialogue en un trilogue incluant l’islam.

Comme en réponse, Michel Gurfinkiel désigne le livre commun aux juifs et chrétiens, la Bible hébraïque, et mentionne les difficultés du dialogue, certes indispensable, avec l’islam : « le développement au sein de l’islam d’un courant radical et la croyance de l’islam que les livres des juifs et des chrétiens seraient falsifiés, la vérité pour les musulmans étant inscrite dans le Coran ».

Ce chemin parcouru entre juifs et catholiques français pourrait devenir « un modèle pour l’Espagne », estime Henar Corbi Murgui, responsable de la direction des affaires religieuses du ministère espagnol de la Justice qui assure la tutelle sur les cultes. Evoquant les persécutions anti-juives dirigées par l’Inquisition, elle espère une repentance de l’Eglise. Elle exprime également « l’orgueil d’un pays qui a su avoir son heure de gloire »… dans al-Andalous. Un mythe de la tolérance qui cèle la réalité de la dhimmitude.

Mgr André Vingt-Trois conclut en invitant l’assistance, très attentive et nombreuse à « cette heure tardive », à « effectuer trois voyages - deux à la surface de la terre, et un en profondeur en chacun de nous - et à y entraîner les jeunes ».

Le premier consiste à se rendre à Auschwitz-Birkenau : « L’identité juive a été conditionnée par ce qui s’y est passé. La Shoah est un élément fondamental du changement dans nos relations avec les juifs. On ne peut pas expliquer conceptuellement ce qui est impensable. On ne peut le faire découvrir que par une expérience sensible ».

Le deuxième réside dans le séjour en Terre sainte « pour montrer que Jésus était juif et comprendre le rapport du christianisme au judaïsme... par les traces historiques, archéologiques, du passage [du Christ] et par l’expérience du pays où il a vécu. Ce voyage contribue aussi à faire découvrir concrètement quelque chose de la confrontation et du dialogue des religions : judaïsme, christianisme à travers les chrétiens d’Orient, l’islam ».

Le troisième voyage, « en profondeur, [vise à] acquérir le minimum d’équipement nécessaire pour mettre des mots sur les deux voyages précédents. Avoir des mots pour dire et pour comprendre, pour interpréter et pour partager ce qu’on a vécu ».

Quelques regrets de spectatrice cependant : l’absence d’un dialogue entre orateurs, le manque d’une voix un peu discordante (2) et d’informations sur les actions entreprises par les Consistoires vers le milieu éducatif, juif et catholique : visites de synagogues, etc. 


(1) Les évêques de France, le CRIF et le CSA (Conseil supérieur de l'audiovisuel) avaient protesté après la diffusion d’un sketch des Guignols de l’info surnommant Adolf II le nouveau pape Benoît XVI. Le CRIF a estimé : « Il est plus que vraisemblable que si les auteurs de cette émission avaient eu le même âge et étaient nés dans le même pays que le pape, ils auraient été membres de cette organisation. Le pape a largement montré son refus de l'antisémitisme ». La direction de Canal + a « exprimé ses regrets ». Le producteur de cette émission déclarait : « La caricature concernant la jeunesse de Benoît XVI était un raccourci malheureux ». La Société des auteurs et compositeurs dramatiques (SACD) a exprimé sa solidarité avec les auteurs de ce sketch.


(2) Jacques Duquesne, ancien directeur du Point et écrivain, note : « Le christianisme n’accomplit pas le judaïsme. Il est une révolution… Le Dieu de Jésus n’est pas celui de Moïse… Je suis parfois agacé à la messe, d’entendre lire aux fidèles les textes de ce que les chrétiens appellent l’Ancien Testament, textes sans doute bien choisis mais qui sont quelque peu – et parfois beaucoup – en contradiction avec ce que va lire ensuite et les propos que va tenir le prêtre ». Information juive, octobre 2007, p.12.
 
CHRONOLOGIE

30 juillet-5 août 1947 : La conférence de Seelisberg (Suisse) examine les causes de l’antisémitisme chrétiens et publie une déclaration en 10 points pour éliminer les préjugés antijuifs : « Jésus est né d’une Vierge juive. Les premiers apôtres étaient juifs. Eviter d’user le mot « juifs » au sens exclusif de « ennemis de Jésus. Eviter d’accréditer l’opinion impie que le peuple juif est réservé pour une destinée de souffrances ».
Juillet 1958 : Mort du pape Pie XII. Election du pape Jean XXIII.
13 juin 1960 : Le pape Jean XXIII reçoit Jules Isaac, historien et président de l'association Amitié hébraïque-chrétienne. Il lui promet la préparation d’un texte concernant les juifs.
18 septembre 1960 : Le pape Jean XXIII charge le cardinal Agostino Bea des relations avec les juifs.
1962-1965 : Vatican II, IIe concile œcuménique du Vatican.
28 octobre 1965 : Le pape Paul VI promulgue la déclaration de Vatican II Nostra Aetate sur l'attitude de l’église à l’égard des religions non-chrétiennes adoptée, par 2 221 voix pour et 88 voix contre. « Que tous aient soin de ne rien enseigner dans la catéchèse ou la prédication de la parole de Dieu qui puise faire naître dans le cœur des fidèles la haine ou le mépris envers les juifs ; que jamais le peuple juif ne soit présenté comme une race réprouvée ou maudite ou coupable de déicide. Ce qui a été fait dans la passion du Christ ne peut nullement être imputé à tout le peuple alors existant et encore moins au peuple d’aujourd’hui ».
Octobre 1968 : Fondation du SIDIC (Service international de documentation judéo-chrétienne).
1970. Le Comité juif international pour les consultations interreligieuses (IJCIC), représentant officiel juif auprès de la Commission du Saint-Siège pour les relations religieuses avec le judaïsme, débute ses études.
16 avril 1973 : La conférence épiscopale française publie Les orientations pastorales du Comité épiscopal pour les relations avec le judaïsme.
22 octobre 1974. Le pape Paul VI crée la Commission pour les relations avec le judaïsme. 
1er décembre 1974. Cette Commission publie son premier document officiel « Orientations et suggestions pour l’application de la Déclaration conciliaire Nostra Ætate (n. 4) » qui vise à "se familiariser avec le judaïsme tel qu’il se définit lui-même, tout en exprimant la haute estime dans laquelle le christianisme le tient et en soulignant l’importance que l’Église catholique accorde au dialogue avec les Juifs".
24 juin 1985 : La Commission pour les relations religieuses avec le judaïsme du Vatican publie Notes pour une correcte présentation des Juifs et du judaïsme dans la prédication et la catéchèse de l’église catholique. "Caractérisé par une orientation théologique et exégétique nettement plus marquée, ce document réfléchit sur les rapports entre" la Bible hébraïque et le "Nouveau Testament", souligne les racines juives de la foi chrétienne, montre comment « les juifs » sont présentés dans le Nouveau Testament, met en évidence les points communs dans la liturgie, en particulier dans celle des grandes fêtes de l’année liturgique, et retrace brièvement l’histoire des relations entre judaïsme et christianisme".
Avril 1986 : Première visite d’un pape dans une synagogue : le souverain pontife Jean-Paul II se rend à la grande synagogue de Rome. Il y qualifie les juifs de « frères aînés des chrétiens ».30 décembre 1993 : Le Saint-Siège et l’Etat d’Israël signent un accord fondamental. Les relations diplomatiques entre le Saint-Siège et Israël débutent le 15 juin 1994.
30 septembre 1997 : Déclaration de repentance des évêques français au Mémorial de Drancy.
16 mars 1998 : Le Vatican publie Souvenons-nous : une réflexion sur la ShoahCe "document dresse un bilan sévère mais juste de l’état des rapports entre juifs et chrétiens depuis deux mille ans – bilan qui s’avère regrettablement négatif. Il rappelle l’attitude des chrétiens face à l’antisémitisme du régime nazi et insiste sur le devoir de se souvenir de la catastrophe humaine de la Shoah. Dans une lettre publiée en tête de cette déclaration, Saint Jean-Paul II exprime le vœu qu’il puisse « contribuer véritablement à guérir les blessures provoquées par les incompréhensions et les injustices du passé. Puisse-t-il permettre à la mémoire de jouer le rôle qui lui revient dans  l’édification d’un avenir où jamais plus l’indicible injustice de la Shoah ne sera possible »
Mars 2000 : Le pape Jean-Paul II se rend en Israël. A Jérusalem, il visite Yad Vashem et se recueille au Kotel (mur occidental du Temple).
24 mai 2001. La Commission biblique pontificale édite « Le peuple juif et ses Saintes Écritures dans la Bible chrétienne » "traitant expressément du dialogue juif- catholique. Il s’agit du document le plus substantiel du point de vue exégétique et théologique sur le dialogue juif-catholique, et il représente une mine de questions communes qui trouvent leur fondement dans les Écritures du judaïsme et du christianisme. Les Écritures sacrées du peuple juif sont considérées comme une « partie fondamentale de la Bible chrétienne », les thèmes fondamentaux de la Sainte Écriture du peuple juif et leur réception dans la foi au Christ sont analysés, et la manière dont les juifs sont représentés dans le Nouveau Testament est étudiée dans le détail".
Janvier 2004 : l’association Yahad-In Unum – « Yahad » et « In Unum » signifient l’un et l’autre « ensemble » en hébreu et en latin – est créée à l’initiative du cardinal Jean-Marie Lustiger, archevêque de Paris, du cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon et du cardinal Jean-Pierre Ricard, archevêque de Bordeaux, du rabbin Israël Singer, président du directoire du Congrès juif mondial (CJM), et Serge Cwajgenbaum, secrétaire général du CJM, afin d’approfondir « la connaissance et la coopération entre catholiques et juifs ».
Août 2005 : Le pape Benoît XVI se rend à la synagogue de Cologne, ville qui abrite la communauté juive la plus ancienne d’Allemagne.
8 au 15 mai 2009Voyage du pape Benoît XVI en Terre Sainte et Jordanie.
15 mars 2013 : "Comme Benoît XVI en avril 2005", le pape François, élu le 13 mars 2013, "a adressé un message au grand rabbin de Rome Riccardo Di Segni. Il y annonce son intention de contribuer au dialogue avec les juifs, dans un esprit de « collaboration renouvelée ». Plusieurs personnalités du monde juif ont par ailleurs adressé leurs chaleureuses félicitations au nouveau souverain pontife, au lendemain de son élection. Parmi eux, le rabbin italien Giuseppe Laras, lequel souhaite la poursuite d’un dialogue judéo-chrétien fructueux, dans la lignée des prédécesseurs du pape François. Le président israélien, Shimon Peres a de son côté affirmé, que le monde avait besoin « plus que jamais d’une direction spirituelle et pas simplement politique ». Et d’inviter le pape à visiter la Terre sainte : « Il sera un hôte bienvenu (…) en tant qu’homme d’inspiration susceptible de renforcer les tentatives d’apporter la paix dans une région tempétueuse ». Le cardinal argentin Jorge Bergoglio, futur pape François, et le le rabbin Abraham Skorka, recteur du Séminaire rabbinique latino-américain, avaient écrit en 2010 Sobre el cielo y la tierra (À propos du ciel et de la terre). 
24 au 26 mai 2014 : Voyage du pape François en Israël, dans l'Autorité palestinienne et en Jordanie. Son deuxième voyage hors d'Italie.
8 juin 2014Invocation pour la paix, distincte d'une prière interreligieuse et d'une liturgie. Shimon Peres, président de l'Etat d'Israël, Mahmoud Abbas, "président" de l'Autorité palestinienne, et le Pape François se sont réunis "dans un triangle de verdure au cœur du Vatican, un lieu neutre avec en toile de fond la basilique Saint Pierre pour un moment de prière historique". Le patriarche orthodoxe Bartholomée y était invité. "Les prières ont été prononcées en hébreu, anglais, italien et en arabe, entrecoupées d'interludes musicaux. A chaque fois, elles ont suivi un même schéma : louange, demande de pardon puis invocation pour la paix. Après les prières, le Pape, Shimon Peres et Mahmoud Abbas ont pris chacun à leur tour la parole, avant de planter un olivier dans les jardins. Ils se sont enfin entretenus loin des caméras. Dans un tweet ce dimanche, le Pape François invitait « toutes les personnes de bonne volonté de s'unir dans la prière pour la paix au Moyen-Orient ». Il avait déjà remercié lors de la prière du Regina Cœli dimanche midi toutes les personnes qui prient pour le succès de cette rencontre. « La prière peut tout. Utilisons-la pour porter la paix au Moyen-Orient et au monde entier » avait écrit le Pape dans un autre tweet samedi. Cette initiative, qui a suscité beaucoup d’espérance parmi les Palestiniens, et un certain scepticisme et quelques soupçons côté israélien, coïncidait avec la solennité de la Pentecôte, fête de l’Esprit Saint".
28 octobre 2015. En ce 50e anniversaire de Nostra Aetate, le pape François a reçu 150 représentants du Congrès Juif mondial (WJC). Il a déclaré : "Attaquer des Juifs, c'est de l'antisémitisme. Mais une attaque déclarée contre l'Etat d'Israël c'est aussi de l'antisémitisme. Il peut y avoir des désaccords politiques entre gouvernements et sur des questions politiques, mais l'Etat d'Israël a le droit d'exister en sécurité et prospérité".
10 décembre 2015. Publication de Les dons et l’appel de Dieu sont irrévocables (Romains 11, 29) par la Commission pontificale pour les rapports religieux avec le judaïsme. Les catholiques s'abstiennent de tout prosélytisme à l'égard des Juifs. Ce document réaffirme  que "l’alliance de Dieu avec Israël est irrévocable", les Juifs ne sont pas exclus du salut de Dieu parce qu’ils n’ont pas reconnu en Jésus Christ le Messie d’Israël et le Fils de Dieu. Il précise les buts du dialogue entre Juifs et chrétiens : "permettre aux catholiques et aux juifs de se connaître et de s’apprécier de façon plus approfondie", collaborer "dans le domaine de l’exégèse, soit de l’interprétation des Saintes Ecritures que juifs et chrétiens ont en commun" et « l’engagement commun pour la justice et la paix dans le monde, la préservation de la création et la réconciliation » 

ADDENDUM

Le 27 avril 2014, le pape Jean-Paul II et le pape Jean XXIII ont été canonisés au Vatican.

L'International Council of Christians and Jews (ICCJ) et Amizia Ebraico-Cristiana di Roma ont organisé la conférence internationale "The 50th Anniversary of Nostra Aetate: The Past, Present, and Future of the Christian-Jewish Relationship" (50° anniversario della Dichiarazione conciliare Nostra Aetate: passato, presente e futuro delle relazioni ebraico-cristiane), à Rome (Italie), sur le 50e anniversaire de Nostra Aetate (28 juin-1er juillet 2015).

Le 28 octobre 2015, le Pape François "a rendu hommage aux fruits de Nostra Aetate, un texte décisif qui marque encore le dialogue de l’Eglise avec les autres croyants", juifs et musulmans. "En relisant l’histoire des rapports interreligieux, le Saint-Père a souhaité en particulier rendre grâce à Dieu pour la transformation du dialogue judéo-chrétien, passé d’une attitude de défiance voire de franche hostilité, à une collaboration et une bienveillance réelles. « D’ennemis et étrangers nous sommes devenus amis et frères », a-t-il expliqué, rappelant combien Nostra Aetate avait permis de redécouvrir les racines juives du christianisme".

Le 10 décembre 2015 a été publié Les dons et l’appel de Dieu sont irrévocables (Romains 11, 29)  par la Commission pontificale pour les rapports religieux avec le judaïsme. Il a été présenté par le cardinal Kurt Koch, président de cette Commission, le P. Norbert Hofmann, S.D.B., secrétaire de ce même dicastère, le rabbin David Rosen, directeur international des Affaires interreligieuses de l’American Jewish Committee (AJC), de Jérusalem (Israël) et le Dr. Edward Kessler, directeur fondateur de l’Institut Woolf, de Cambridge (Royaume-Uni). "Il ne s’agit ni d’un document magistériel, ni d’un enseignement doctrinal de l’Église catholique, mais d’une réflexion préparée par la Commission pour les relations religieuses avec le judaïsme sur quelques-unes des questions théologiques courantes développées depuis le Concile Vatican II. Ce document se propose comme point de départ d’un approfondissement de la pensée théologique destiné à enrichir et à intensifier la dimension théologique du dialogue juif-catholique". Le document "réaffirme qu’un statut théologique particulier caractérise le dialogue entre juifs et catholiques, qui n’est pas comparable au dialogue avec les autres religions, car Jésus ne peut être compris que dans le contexte juif de son temps. Il s’attarde sur l’importance de la Révélation, sur les liens indissolubles entre l’Ancien et le Nouveau Testament, sur le caractère universel du salut en Jésus Christ et réaffirme que l’alliance de Dieu avec Israël est irrévocable. En ce qui concerne le mandat missionnaire de l’Église par rapport au judaïsme, le texte souligne que les catholiques s’abstiennent de toute tentative active de conversion ou de mission vis-à-vis des juifs. L’Église ne prévoit aucune mission institutionnelle à leur égard. Le document n’élude pas les dossiers politiques : la paix qui tarde à venir en Terre Sainte et la situation des communautés chrétiennes en Israël, des minorités qu’il faut protéger. De manière générale, la liberté religieuse doit être garantie par les autorités civiles. C’est une condition du dialogue interreligieux. Enfin, juifs et chrétiens doivent œuvrer ensemble pour un monde meilleur, s’engager côte à côte en faveur de la justice, de la paix et de la protection de l’environnement, collaborer dans le domaine humanitaire. En tant que fils d’Abraham, ils sont appelés à être une bénédiction pour le monde". Devant la presse du Saint-Siège, le cardinal Kurt Koch "a reconnu que la prière catholique pour le peuple juif le vendredi saint, prévue pour le rite extraordinaire, est mal perçue par les juifs. On peut utiliser la prière du rite ordinaire qui n’engendre pas de malentendus". "Pour les chrétiens, le dialogue avec le judaïsme occupe une place à part en raison des racines juives du christianisme, qui déterminent les rapports entre eux d’une façon tout à fait spéciale (cf. Evangelii gaudium, n. 247)".  Ce document réaffirme  que "l’alliance de Dieu avec Israël est irrévocable", les Juifs ne sont pas exclus du salut de Dieu parce qu’ils n’ont pas reconnu en Jésus Christ le Messie d’Israël et le Fils de Dieu. Il précise les buts du dialogue entre Juifs et chrétiens : "permettre aux catholiques et aux juifs de se connaître et de s’apprécier de façon plus approfondie", collaborer "dans le domaine de l’exégèse, soit de l’interprétation des Saintes Écritures que juifs et chrétiens ont en commun" et « l’engagement commun pour la justice et la paix dans le monde, la préservation de la création et la réconciliation ».

Le 12 novembre 2017, de 9 h 30 à 17 h, l'Amitié Judéo-Chrétienne de France organise au Centre Communautaire Jérôme Cahen (CCJC) à Neuilly-sur-Seine, le colloque Des dix points de Seelisberg (1947) aux Douze Points de Berlin (2009)

"En 1947 se tenait la première grande conférence judéo-chrétienne de l’après-guerre : la conférence de Seelisberg. Quelque 70 délégués étaient présents, venus de 17 pays. Cette conférence, lancée à l’initiative du Council of Christians and Jews britannique, marque le point de départ d’un dialogue à l’échelle internationale. Au terme de plusieurs jours de travaux, la conférence de Seelisberg mit au point ses fameux « Dix Points », sur la base des 18 points proposés par l’historien Jules Isaac. Le document, qui avait valeur de recommandation, fut rapidement adopté comme la charte du dialogue judéo-chrétien naissant. Lutte contre l’antisémitisme, combat contre l’enseignement du mépris, rétablissement des liens historiques et théologiques entre Juifs et chrétiens : en dressant la liste des questions fondamentales à affronter pour assainir la relation entre Juifs et chrétiens, les « Dix Points » permirent de structurer l’action des différentes instances judéo-chrétiennes nationales".


"Plus de soixante ans plus tard, l’International Council of Christians and Jews adoptait, lors de sa conférence annuelle de 2009, tenue à Berlin, un nouveau document constitué de 12 points. Adressé à la fois aux chrétiens et aux Juifs, ce document annonçait « un temps de réengagement » et définissait de nouveaux objectifs à la relation judéo-chrétienne : promotion du dialogue inter-religieux, approfondissement de la compréhension chrétienne du judaïsme sur un plan théologique, reconnaissance juive des efforts chrétiens pour réformer leur attitude, développement des œuvres de coopération, réflexion autour de la place d’Israël dans la relation tissée entre Juifs et chrétiens. Ce nouveau document attestait, in fine, du parcours accompli par les Juifs et les chrétiens depuis la Seconde Guerre mondiale".

"70 ans après la promulgation des Dix Points de Seelisberg, et 8 ans après celle des Douze Points de Berlin, quel bilan peut-on tirer de ces deux documents ? Quelle influence de ces deux textes majeurs sur l’histoire des relations judéo-chrétiennes ? Quelle utilité d’une charte en matière de relations judéo-chrétiennes ? Et quel futur à ces relations ? Ce sera l’objet de notre journée d’étude de le définir".

 PROGRAMME
Matinée : Les Dix Points de Seelisberg : un texte à s’approprier. Quel bilan en tirer aujourd’hui ?
- 9h15 : Accueil 
- 9h30 : De l’utilité d’une charte en matière de relations judéo-chrétiennes, par Jacqueline Cuche, présidente de l’AJCF 
- 10h30 : Étude des Dix Points en ateliers 
- 11h30-11h45 : Synthèse des ateliers 
- 12h : Déjeuner cacher (sur inscription)
Après-midi : De la conférence de Seelisberg à nos jours : une mise en perspective
- 13h30 : Accueil - café 
- 14h : La conférence de Seelisberg à partir des archives anglaises (1947), par Olivier Rota, historien 
- 14h30 : Échange avec la salle 
- 14h45 : Les Douze Points de Berlin (2009) , par Liliane Apotheker, première vice-présidente de l’ICCJ 
- 15h15 : Échange avec la salle 
- 15h30-16h45 : Quel avenir pour notre dialogue ?
- 15h30 : le dialogue aura-t-il le dernier mot ?, par Jean-François-Bensahel, président de l’ULIF-Copernic
- 16h : Table-Ronde avec tous les intervenants de la journée
- 16h45 : Échange avec la salle 
- 17h : Fin de la journée d’étude". 

Le 7 mars 2018, de 19 h à 21, l'Amitié Judéo-Chrétienne de Nîmes organise à la Maison Diocésaine de Nîmes la conférence "70 ans de la création de l'amitié Judéo-chrétienne de France - Nostra Aetate 1965", avec Catherine Poujol, docteur en histoire contemporaine. "Le 28 octobre 1965, le Concile Vatican II publiait Nostra Aetate, déclaration sur les relations de l'Église avec les religions non chrétiennes. C'est le plus court des documents de Vatican II, il en est peut-être également le plus révolutionnaire par rapport à la doctrine jusqu'alors en vigueur dans l'Église catholique romaine." 

Le 10 décembre 2018 à 20 h 30, l'église Saint Honoré d'Eylau à Paris a accueilli une rencontre mensuelle dans le cadre du dialogue interreligieux. "Le rabbin Philippe Haddad et le père Michel Gueguen vous proposent de participer aux rencontres qu'ils organisent alternativement à Copernic et à Saint-Honoré d'Eylau autour des Textes juifs et chrétiens qu'ils mettent en dialogue." Thème : "La rencontre avec la Samaritaine (Jn 4).
Programme :
"19 novembre – Le mariage d’Isaac (Gn 24) à Copernic
10 décembre – La rencontre avec la Samaritaine (Jn 4) à Saint-Honoré d’Eylau (salle Marbeau)
7 janvier – La seconde Pâque (Nb 9) à Copernic
18 février – Controverse sur le pur et l’impur (Mc 7) à Saint-Honoré d’Eylau (salle Marbeau)
18 mars – La demande d’un roi (I Sam 8) à Copernic
15 avril – La demande des fils de Zébédée (Mc 10,35-45) à Saint-Honoré d’Eylau (salle Marbeau)
20 mai – Psaume 145 à Copernic
17 juin – Le cantique de Zacharie (Lc 1,66-79) à Saint-Honoré d’Eylau (salle Marbeau)"

Le Collège des Bernardins accueille quatre rencontres en soirées autour du P. Thierry Vernet, les 3 octobre et 11 décembre 2018, 26 mars et 14 mai 2019, de 19 h 30 à 21 h 30. sur le thème "Peuple chrétien, peuple juif. Le lien de l'Église avec le peuple juif : qu'en dit le Catéchisme de l'Église Catholique ?Le Catéchisme de l'Église Catholique (CEC) est l'exposé de référence de la foi catholique. On ignore généralement qu'il contient, à propos du lien entre l'Église et le peuple juif, des énoncés audacieux. Ceux-ci mettent en lumière que la foi chrétienne et l'Église se comprennent pleinement grâce à leur lien avec le Peuple d'Israël. Un enseignement indispensable pour exprimer sa foi, dans sa pureté et son incandescence, en notre 21ème siècle en quête d'un Dieu vivant."

Dans le cadre de ses rencontres judéo-chrétiennes, le Crif invita le 19 mai 2019, de 14 h à 20 h, au Centre Alliance Edmond J. Safra, à son prochain colloque "Faux Dieux, faux Prophètes, faux Messies ? Les visages de la Foi et de l’illusion ". Une "journée de réflexions sur le dialogue judéo-chrétien. Pourquoi c'est important de participer à ce colloque ? Le dialogue entre Juifs et Chrétiens, c’est un peu l’histoire de Jacob et Esaü. Il y a des rencontres difficiles. Il y a des relations fondées sur l’absence et chacun dans son silence envisage peut-être un retour mais la peur l’en empêche. Alors le temps passe et charrie dans son sillon les incompréhensions et les haines. Appréhender l’Autre dans sa dimension véritable demande de l’approcher en gardant une distance saine et une vue nette pour dire avec Jacob « Voilà que je te vois et que je vois ton visage comme le visage du messager de Dieu que j’ai vu pendant la nuit. » Pour dialoguer il faut ouvrir les yeux. Et être au moins deux… Ici, en France républicaine et laïque nous avons le cadre protecteur de la fraternité républicaine pour oser le dialogue. C’est pourquoi, nous vous invitons à une large réflexion sur les traditions théologiques juives et chrétiennes qui, si elles ne se rencontreront jamais ont tant à apporter à nos sociétés où la vérité est devenue relative et où au nom de la liberté d’expression la fraternité humaine est trop souvent bafouée."

"L’histoire de l’humanité est aussi une histoire de la foi, de ses voies et de ses pièges. La sagesse hébraïque avait dévoilé et dénoncé avec énergie ce qu’elle percevait comme les trois égarements les plus destructeurs de la spiritualité, comme les trois illusions majeures de la pensée humaine : les faux Dieux, les faux Prophètes, les faux Messies. À l’aube du 3ème millénaire dans un village planétaire où l’indifférence réduit la vérité à une opinion personnelle, quelles leçons peut-on tirer de ces antiques mises en garde ? Qui se cache derrière cette dénonciation véhémente des figures plurielles, du sacré, du verbe et du futur….?"

"Le Président du Crif, Francis Kalifat, était  présent et a prononcé l'allocation de bienvenue à 14h.

Intervenants confirmés :
Armand Abécassis, Professeur honoraire de Philosophie
Gilles Bernheim, ancien Grand Rabbin de France
Jean-François Colossimo, Théoligien et éditeur
Ariel Danan Directeur du département culturel et universitaire de l’AIU
Père Antoine Guggenheim, Prêtre, chercheur, directeur scientifique d’UP for Humaness
Philippe Haddad, Rabbin de l'ULIF Copernic
Francis Kalifat, Président du Crif
Dr Bernard Kanovitch, Professeur honoraire
Rivon Krygier, Rabbin du Mouvement Massorti, 
Père Eric Morin, Directeur des Cours Publics -  Directeur de l’ISSR, Enseignant à l'École Cathédrale - Collège des Bernardins 
Richard Prasquier, Président d’honneur du Crif
Franklin Rausky, Doyen de l’Institut Elie Wiesel
Florence Taubmann, Pasteur, Ancienne présidente de l’Amitié Judéo Chrétienne de France
Avishag Zafrani, Philosophe 

"Pour la première fois, le Conseil permanent de la Conférence des évêques de France (CEF) a reçu, le 1er février 2021, pour un temps de travail suivi de la remise solennelle de la déclaration « Lutter ensemble contre l’antisémitisme et l’antijudaïsme sera la pierre de touche de toute fraternité réelle », le Grand Rabbin de France,  Haïm Korsia et le Président du CRIF, Francis Kalifat".

"Ce jour, Mesdames et Messieurs, ne nous réunissent pas seulement des motifs de joie. Les motifs d’inquiétude sont nombreux, ils sont récurrents. Nous ne pouvons pas tout bonnement nous féliciter sans retenue des pas franchis les uns vers les autres, les uns avec les autres", a dit Mgr Éric de Moulins-Beaufort, archevêque de Reims, président de la Conférence des évêques de France

Et 
Mgr Éric de Moulins-Beaufort a souligné"L’expression antisémite a en effet retrouvé une vigueur inattendue. Elle n’avait jamais disparu, nous le savons ; elle trouve dans les réseaux sociaux des vases d’expansion que rien ne limite vraiment. Notre pays est un pays divisé, fracturé. Certains ont le sentiment d’être privés de leur destin. La tentation de chercher une cause est grande. Désigner un bouc émissaire est une grande tentation et l’Église catholique, de sa longue et dramatique histoire, a appris que le peuple juif, le peuple élu, le peuple aîné de l’Alliance, celui qui porte l’Alliance au nom de tous les autres et en faveur d’eux tous, est facilement désigné pour ce rôle." Mgr Éric de Moulins-Beaufort a déploré la perte que représente l'exil des Français juifs pour la Nation française.

"Cette déclaration a été signée par la Présidence de la CEF ainsi que par Mgr Didier Berthet, évêque de Saint-Dié et Président du Conseil pour l'unité des chrétiens et les relations avec le judaïsme, accompagné de Mgr Thibault Verny, évêque auxiliaire de Paris, membre du Conseil pour l'unité des chrétiens et les relations avec le judaïsme. Les évêques y redisent « aujourd’hui combien la lutte contre l’antisémitisme doit être l’affaire de tous et ils affirment leur volonté de travailler avec tous ceux et toutes celles qui sont engagés dans cette lutte. »

"Lutter ensemble contre l'antisémitisme et l'antijudaïsme
sera la pierre de touche de toute fraternité réelle"

"Au lendemain des meurtres terroristes de Samuel Paty et de trois personnes dans la basilique Notre-Dame-de-l’Assomption de Nice, les évêques de France, réunis en Assemblée plénière, ont interpellé notre société française sur le respect mutuel. Relayant l’appel du pape François à la fraternité universelle 1, ils insistaient sur le devoir qui s’impose à chacun de tenir ensemble liberté d’expression et respect fraternel de l’autre, même de celui dont on veut critiquer un travers. Cette interpellation était d’autant plus urgente que, depuis quelques années, nous assistons à une inquiétante banalisation de la violence avec la multiplication de paroles et de gestes exprimant discrimination et racisme.

Les réseaux sociaux qui, en eux-mêmes, représentent une formidable chance de communication et de transmission, sont également un espace d’expression individuelle et collective qui ne connaît pas de limite, qui bénéficie de l’anonymat, ce qui conduit trop fréquemment aux pires excès.

Dans ce contexte, les évêques appellent à être particulièrement attentifs à l’inquiétante résurgence de l’antisémitisme en France. Avec force, ils redisent aujourd’hui combien la lutte contre l’antisémitisme doit être l’affaire de tous et ils affirment leur volonté de travailler avec tous ceux et toutes celles qui sont engagés dans cette lutte.

Pour nous catholiques, cette préoccupation trouve son origine dans notre « lien spirituel » unique avec le judaïsme. Plus que jamais, il faut rappeler l’importance des racines juives du christianisme. « Nous ne pouvons pas considérer le judaïsme simplement comme une autre religion : les juifs sont nos “frères aînés” » (saint Jean-Paul II), nos « pères dans la foi » (Benoit XVI) » 2. Souvenons-nous que Jésus, le « Verbe de Dieu » a lui-même prié les Psaumes, lu la Loi et les prophètes. Au cœur même de nos actions liturgiques et de notre prière personnelle, par la réception et la proclamation des textes de l’Ancien Testament, avec l’apôtre Paul, nous nous souvenons que « les dons et l’appel de Dieu sont irrévocables » (Rm 11, 29). Si la foi en Jésus nous distingue et nous sépare, elle nous oblige aussi, dans la mémoire des heures terriblement sombres de l’histoire et en gardant le souvenir des victimes de la Shoah et des assassinats antisémites de ces dernières décennies, à reconnaître ceci : guérir de l’antisémitisme et de l’antijudaïsme est le fondement indispensable d’une véritable fraternité à l’échelle universelle. Cette guérison est un chemin exigeant dans lequel tous les humains doivent s’entraider. Elle commence par la « résistance spirituelle à l’antisémitisme ».

Nous nous sommes « engagés à vivre une fraternité authentique avec le peuple de l’Alliance » 3, parce que nous espérons ce que nous avons appris de lui : que les êtres humains, de toute origine, toute langue, toute culture, sont appelés à vivre pour toujours dans une communion où chacun sera donné à tous et tous à chacun. C’est pourquoi les évêques de France exhortent, non seulement les catholiques mais également tous leurs concitoyens, à lutter énergiquement contre toute forme d’antisémitisme politique et religieux en eux-mêmes et autour d’eux.

Fait à Paris, le 1er février 2021

Mgr Éric de Moulins-Beaufort, archevêque de Reims, président de la Conférence des évêques de France
Mgr Dominique Blanchet, évêque de Belfort-Montbéliard, vice-président de la Conférence des évêques de France
Mgr Didier Berthet, évêque de Saint-Dié, président du Conseil pour l'unité des chrétiens et les relations avec le judaïsme
Mgr Olivier Leborgne, évêque d'Arras, vice-président de la Conférence des évêques de France
Mgr Thibault Verny, évêque auxiliaire de Paris, membre du Conseil pour l'unité des chrétiens et les relations avec le judaïsme

1. Audience générale du 13/11/2019.
2. Commission pontificale pour les relations religieuses avec le judaïsme, « Les dons et l’appel de Dieu sont irrévocables » (Rm 11, 29). Une réflexion théologique sur les rapports entre catholiques et juifs à l’occasion du 50e anniversaire de Nostra Aetate (n° 4), 2015.
3. Conclusion de la prière du 1er dimanche de Carême à Saint-Pierre de Rome en l’an 2000."

Les auteurs de cette Déclaration n'ont pas qualifié d'islamistes les attentats évoqués.

"Je mesure en recevant ce texte une avancée importante et historique qui aura, j’en suis convaincu, une résonance tant nationale qu’internationale... Vos mots s’inscrivent fidèlement dans la suite des premiers messages de l’Episcopat Français qui ont ouvert la voie en quelques décennies à la transformation radicale de la relation entre Juifs et Chrétiens... Je suis profondément sensible à ce témoignage d’amitié, de solidarité et de fraternité", a déclaré Francis Kalifat, Président du Crif. Il a souligné le rôle de la justice et de l'éducation dans ce combat contre l'antisémitisme.

Et Francis Kalifat de poursuivre
"Certains, dans notre pays, sont obsédés par les Juifs par la caricature qu’ils en font. Les mêmes et beaucoup d’autres sont obsédés par l’Etat d’Israël. 
Ils y voient la cause de tous les problèmes du monde. Il suffirait donc de le supprimer pour que les problèmes disparaissent... Ils s’attaquent aussi aux vivants et c’est à ces 12 Français hommes, femmes, enfants et vieillards assassinés depuis le début des années 2000 au seul motif qu’ils étaient Juifs que je veux dédier votre déclaration.  
SEBASTIEN SELLAM 23 ans assassiné le 20 novembre 2003 dans le parking de son immeuble 
ILAN HALIMI 24 ans séquestré et assassiné le 13 février 2006 entre Bagneux et Sainte Geneviève des bois 
JONATHAN SANDLER 30 ans GABRIEL SANDLER 3 ans et ARIE SANDLER 6 ans 
MYRIAM MONSONEGO 8 ANS  
Victimes de l’attaque terroriste contre l’école OZAR HATORAH de Toulouse le 19 mars 2012 
YOHAN COHEN 20 ans  
YOAV HATTAB 22 ans  
PHILIPPE BRAHAM 46 ans 
FRANÇOIS MICHEL SAADA 64 ans  
Tous les quatre pris en otage et assassinés à l’HYPERCACHER le 9 janvier 2015. 
SARAH ATTAL-HALIMI 62 ans torturée et assassinée le 4 avril 2017 à son domicile à Paris 11ème arrondissement 
MIREILLE KNOLL 86 ans torturée et assassinée le 23 mars 2018 à son domicile à Paris 11ème. 
Dans cette litanie de noms de victimes de l’antisémitisme et du terrorisme qui tuent chaque destin est singulier."

Et Francis Kalifat a continué
"Ces noms et ces visages habitent mon esprit chaque jour. 
Et une question me hante : Qu’aurions-nous dû faire pour les protéger ? 
Je me demande souvent comment se seraient passées les huit dernières années si nous avions su tirer en France les leçons de l’attentat contre l'École Ozar Hatorah de Toulouse. 
Je garde le goût amer d’une société alors sourde aux cris du cœur des Français Juifs et de ceux, si peu nombreux, qui à leurs côtés avaient compris qu’il ne s’agissait là que du premier acte d’une longue série. 
Car comme souvent dans l’histoire si l’antisémitisme commence avec les Juifs, il ne s’arrête jamais aux Juifs.  
Ainsi, cet antisémitisme qui a resurgi depuis 20 ans, a été le signe prémonitoire d'un regain de haine et de violence dans notre pays : sexisme, homophobie, haine de la France, mais aussi une hostilité croissante contre les chrétiens en France et en Orient. 
À l'heure où vous nous remettez cette déclaration contre l'antisémitisme, permettez-moi donc d'associer à ce moment la mémoire d'Aurélie Chatelin, tuée en février 2015, lors de la tentative d'attentat contre l'église de Villejuif, du père Jacques Hamel, assassiné dans son église de Saint-Etienne du Rouvray et Nadine Devillers, Simone Barreto-Silva et Vincent Loquès assassinés lors de l'attentat à la basilique Notre-Dame à Nice il y a 3 mois à peine. Vos peines sont aussi nos peines, vos souffrances sont aussi nos souffrances. 
En 2020, comme les années précédentes, les Français Juifs ont été insultés, harcelés, menacés, volés, agressés ou frappés parce que Juifs.
Les mots sont terribles, mais ne disent rien de la vie des victimes de l’antisémitisme du quotidien, qui frappe ces quartiers difficiles, ces « Territoires perdus de la République ». 
Je décris souvent la vie retranchée de ces Français juifs qui subissent insultes, crachats, graffiti, courriers anonymes, mezouzot arrachées et violences physiques. 
De nombreuses analyses lui ont été consacrées. Elles dessinent toutes un étau. Et nous Juifs sommes à l’intérieur de cet étau qui nous écrase et nous fait mal. 
Oui cela fait mal lorsque nous sommes pris entre l’antisémitisme traditionnel surreprésenté à l’extrême droite et l’antisémitisme antisioniste surreprésenté à l’extrême gauche.
Lorsque que l’on est coincé entre l’antisémitisme musulman très présent chez les 15 à 25 ans et le statut de cible privilégiée pour les terroristes islamistes.  
Ces forces hostiles s’unissent souvent dans l’obsession qu’elles ont d’Israël et des Juifs, dans la diabolisation qu’elles en font et dans l’antisémitisme qui en résulte. 
Mon inquiétude profonde est aussi citoyenne, je crains que cette haine et cette violence finissent par affaiblir l’adhésion aux valeurs qui font la France. 
La permanence de l’antisémitisme dans notre pays et son ascension décomplexée, sa banalisation, est pour nous une inquiétude majeure, mais nous savons aussi qu’au-delà du danger que cela représente pour nous Juifs, c’est une menace pour la France tout entière, pour la concorde et la paix dans notre pays. 
Les mots du Président de la République lors de son voyage à Jérusalem en janvier 2019 résonnent en moi, « l'antisémitisme n'est pas seulement le problème des Juifs. Non, c'est d'abord le problème des autres car à chaque fois, dans nos histoires, il a précédé l'effondrement, il a dit notre faiblesse, la faiblesse des démocraties ».  
« Déplorer ne suffit plus, il faut combattre » nous somme Monseigneur Ravel Évêque de Strasbourg,  
C’est à ce combat que vous appelez les Catholiques de France. Nous savons pouvoir compter sur les diocèses de France afin qu’ils fassent retentir vos mots et que l’Eglise de France soit unie dans un seul et même enseignement. Car il nous faut autant lutter contre les actes que contre l’indifférence et dénoncer avec Mgr Ravel,  « l’inconscience de ceux qui ne les commettraient pas mais qui ne s’insurgent pas contre eux. Leur silence les cautionne, leur indifférence les nourrit. » 
C’est avec les mots du Pape François rappelant « la complète contradiction » de l’antisémitisme avec le fait d’être chrétien en le        qualifiant de «rejet de ses propres origines » et faisant du dialogue interreligieux « l’outil indispensable pour lutter contre l’antisémitisme » que je conclurai.
Alors, oui, poursuivons sans relâche le dialogue, entamé dès 1947 par Jules Isaac et les pères fondateurs de l’Amitié Judéo-Chrétienne ; il a porté ses fruits et cette déclaration du conseil des Évêques de France en est une étape importante.  
Merci pour vos paroles courageuses et déterminées et merci d’engager par ce texte les Catholiques de France à briser le mur du silence, le mur de l’indifférence."  

On peut regretter que Joël Mergui et Haïm Korsia n'aient pas préparé des discours à la hauteur de cet événement. 

Le site Internet de l'Eglise catholique de France édité par la Conférence des évêques de France propose un glossaire. Jérusalem y est présenté comme "la Cité de Dieu, le lieu où chaque juif, chrétien, musulman a entendu la Parole de Dieu." Non. Jérusalem n'est pas mentionnée dans le Coran. Sont absents de ce lexique "Juif" ou "Judaïsme".

Le 4 février 2021, le Centre Simon Wiesenthal (CSW) a "félicité la Conférence des évêques de France pour sa Déclaration contre l’antisémitisme et l’antijudaïsme – et demandé l’ajout d’‘‘antisionisme’’

"Dans une lettre adressée à Mgr Éric de Moulins-Beaufort, archevêque de Reims et président de la Conférence des évêques de France, le Centre Simon Wiesenthal relevait « l’avoir à maintes reprises averti que l’antisémitisme en France se métastasait – d’une part, sous couvert de l’anonymat des réseaux sociaux et, d'autre part, avec des explosions de violence nauséabonde –, antisémitisme amplifié par une haine apocalyptique liée au Covid ». Il ajoutait que « l’Église catholique française aborde maintenant cette question à travers le document ‘‘Lutter ensemble contre l’antisémitisme et l’antijudaïsme sera la pierre de touche de toute fraternité réelle’’. Cette déclaration a été signée cette semaine par l’archevêque de Reims avec le soutien de personnalités à l’avant-garde de l’élaboration de la politique de l’Église catholique française ».

Le "directeur des Relations internationales du Centre Wiesenthal, Shimon Samuels, a félicité Son Excellence pour son discours d’ouverture, le qualifiant d’« irréprochable, dans l’esprit de la relation étroite de votre conférence avec, entre autres, feus Élie Wiesel et le cardinal Lustiger ainsi que le cardinal Vingt-Trois, et dans la lignée de Nostra Ætate et de visites conjointes à Auschwitz... Vous invoquez le nom de Yehuda, fils de Jacob et Léa, comme source du peuple juif... et le respect pour ‘‘Israël, le peuple qui a reçu la Parole de Dieu, le peuple élu de Dieu, non seulement le peuple de l’Antiquité, mais le peuple juif d’hier et d’aujourd’hui, réparti à travers les nations et agissant à travers l’État d’Israël…’’ »

"La lettre se poursuivait en ces termes : « Cependant, votre déclaration officielle ne fait aucune référence à l’État juif, ni à l’antisionisme comme forme d'antisémitisme... Monseigneur, ce serait une avancée significative si cette déclaration était assortie de l’adoption par la Conférence des évêques de la Définition de l’antisémitisme de l’IHRA, qui couvre tous ces termes – définition largement approuvée à travers toute la France. »

"Le Centre soulignait en outre que, « de même, en tant qu’observateurs au sein du Conseil œcuménique des Églises (COE), nous vous serions reconnaissants si la Conférence des évêques de France mettait l’Église catholique en garde contre l’hostilité du COE à l’encontre Israël, hostilité très clairement résumée dans les déclarations suivantes :
« Les chrétiens qui promeuvent le ‘‘sionisme chrétien’’ déforment l’interprétation de la Parole de Dieu ainsi que le lien historique des Palestiniens – chrétiens et musulmans – avec la Terre Sainte, ils rendent possible la manipulation de l’opinion publique par des groupes de pression sionistes et nuisent aux relations entre chrétiens eux-mêmes. »
et
« ... ce qui est préoccupant, c’est que les fondamentalismes islamiques donnent lieu à une contre-réaction d’autres fondamentalismes religieux, dont le plus dangereux est le fondamentalisme juif qui exploite le phénomène fondamentaliste islamique pour justifier devant les sociétés occidentales les aberrations désagréables du sionisme en Palestine. »
Voir (en anglais), page 2, 1.3(document d’origine, par la suite partiellement modifié)
« Monseigneur, nous espérons qu’une déclaration complète de solidarité sera lue du haut des chaires de toutes les églises de France et qu’elle aidera ainsi à lutter contre la résurgence de l’antisémitisme, paradigme de toutes les formes de haine, de violence et d’intolérance », a conclu Shimon Samuels.


Articles sur ce blog concernant :
Cet article a été publié par Guysen, puis sur ce blog les :
- 23 décembre 2012 pour le 50e anniversaire de "la convocation de Vatican II",
- 15 mars 2013 alors que, le 13 mars 2013, l'archevêque argentin Bergoglio a été élu pape, et qu'il a pris le nom de pape François. Le jour de son élection, le pape François a écrit à Riccardo Di Segni, rabbin de Rome : « J'espère vivement pouvoir contribuer au progrès que les relations entre juifs et catholiques ont connu à partir du Concile Vatican II, dans une esprit de collaboration rénovée » ;
- 25 mars 2013 à  l'approche de la diffusion du Métis de Dieu, film d'Ilan Duran Cohen sur Arte, le 29 mars 2013 à 20 h 50. Un portrait du cardinal Jean-Marie Lustiger ;
- 27 avril 2014 ;
- 28 février 2015. Le 19 février 2015, à 17 h, la librairie Kléber à Strasbourg a organisé la rencontre avec Dan Jaffé, maître de conférences en histoire des religions à l’université Bar-Ilan (Israël), et Janine Elkouby (Amitié Judéo-Chrétienne) sur la partition entre Juifs et chrétiens ; 
- 29 juin et 28 octobre 2015, 11 novembre 2017, 8 mars et 9 décembre 2018, 20 mai 2019.

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