jeudi 21 mars 2024

Alexej von Jawlensky (1864-1941)

Né dans l'empire russe, Alexej von Jawlensky (1864-1941), a quitté l'Armée russe pour se consacrer à ses activités de peintre, graveur, dessinateur, collectionneur d'œuvres d'art. Il était membre du groupe Der Blaue Reite (
Le Cavalier bleu, 1912), Die Blaue Vier (Les quatre bleus, 1924), intéressé par le fauvisme et l'expressionnisme. Arte diffusera le 24 mars 2024 à 17 h 45 « Alexej von Jawlensky, le peintre des 1000 visages », documentaire de Maria Anna Tappeiner.

Né dans l'empire russe, Alexej von Jawlensky (1864-1941) était issu de la noblesse militaire. Enfant, il est impressionné par les icônes.

Après des études à l'Ecole militaire, il poursuit une carrière dans l'Armée russe dont il devient officier, tout en s'intéressant à l'Art. A Saint-Pétersbourg, il complète sa formation à l'Académie impériale des Beaux-arts.

En 1890, il fait la connaissance du célèbre peintre réaliste et romantique Ilia Répine. Il se lie avec une de ses élèves, Marianne von Werefkin. En 1895, dans la propriété de famille des Werefkin, il s'éprend d'Hélène Neznakomova qu'il épousera en 1922 après que le couple ait eu un fils, Andréas, né en 1902. 

En 1896, von Jawlensky met un terme à sa carrière militaire avec le grade de capitaine et, avec Werefkin, il se rend à Munich étudier auprès d'Anton Ažbe, professeur. Il rencontre Kandinsky. 

Les années suivantes, il visite l'Italie, notamment Venise, la Lituanie, la Bretagne (1905). Le Salon d'Automne présente six peintures de von Jawlensky qui fait la connaissance d'Henri Matisse. 
 
A Munich, von Jawlensky rencontre le « nabi » et peintre-moine et mystique Jan Verkade et  Paul Sérusier. En 1908, il acquiert une oeuvre de Vincent Van Gogh et se lie d'amitié avec le danseur russe Alexandre Sakharoff.

Les étés, Jawlensky vit à Murnau (sud de la Bavière), dans la « Maison des Russes », avec Werefkin, Kandinsky, et Gabriele Münter, peintres fondateurs de la Nouvelle Association des Artistes de Munich (Neue Künstlervereinigung München) ou NKVM, dont la première exposition est présentée par la galerie Thannhauser de Munich en décembre et qui aboutit en 1912 à la création du groupe « Der Blaue Reiter » (Le Cavalier Bleu). Jawlensky rencontre Franz Marc et Emil Nolde. Ses oeuvres sont présentées lors des expositions du Sonderbund et à Neue Kunst chez Golz à Munich.

1914 marque la date de la première exposition de la Sécession munichoise (Neue Münchner Sezession). Après la déclaration de la guerre, Jawlensky se réfugie en Suisse avec Hélène et Marianne. Il peint la série des Variations, et s'oriente vers un essentialisme.

À Zurich, Jawlensky fait la connaissance de Jean Arp, Wilhelm Lehmbruck et Marie Laurencin. Il initie ses séries des Têtes mystiques et des Visions du Messie.

De 1918 à 1921, à Ascona, il débute la série des Têtes Abstraites. Il rencontre le poète Rainer Maria Rilke et le sculpteur Archipenko. En 1921, il se fixe à Wiesbaden.

En 1924, Emmy Scheyer crée le groupe des « Quatre bleus », comprenant Jawlensky, Lyonel Feininger, Paul Klee et Kandinsky, pour assurer leur promotion aux États-Unis. En 1927, Jawlensky rencontre Lisa Kümmel qui va l'aider à cataloguer son œuvre.

Dès 1929, l'arthrite affaiblit Jawlensky contraint de peindre avec ses deux mains, puis paralysé.

En 1937, les nazis qualifient son art de "dégénéré" et 72 de ses œuvres ont été écartées des collections de musées allemands.

En 1938, Jawlensky arrête de peindre et dicte ses mémoires à Lisa Kümmel. Marianne von Werefkin décède en 1938 à Ascona, et Jawlensky à Wiesbaden en 1941. Il est inhumé au cimetière russe de Wiesbaden.

« Juif en prière »
Alexej von JAWLENSKY (1864-1941), Juif en prière. Huile sur toile avec inscriptions, signature, et une date 1891 et annotations au dos. 87 x 68 cm Dans un cadre baguette en bois doré Certificat d'authenticité délivrée le 20 mai 2021 par la Fondation Jawlensky-Archiv. SA. 

« Rien ne semblait prédestiner Alexej von Jawlensky à devenir l’un des artistes les plus avant-gardistes du XXe siècle et le fantastique portraitiste de l’âme que l’on sait… Ce fils d’officier tsariste a dû embrasser, dans une première vie, la carrière militaire ; formé à l’École des cadets de Moscou, le voici nommé lieutenant en  1884. Il lui faudra cependant patienter jusqu’en 1896 pour quitter définitivement l’armée, avec le grade de capitaine. Entre-temps, le jeune aspirant, passionné de peinture, a couru musées et expositions, tout en s’initiant à la pratique de cet art. En  1890, la fréquentation de l’atelier d’Ilya Répine (1844-1930), l’une des gloires de l’art russe de la fin du XIXe siècle, va jouer un rôle décisif. Le grand maître réaliste influence durablement Jawlensky, dont les œuvres de jeunesse affichent une technique matiériste. »

« Son enthousiasme pour la création et son talent le font rapidement remarqué. Repine lui présente alors Marianne Werefkin. Jeune femme de caractère, de quelques années son aînée, Marianne Werefkin est l'élève préférée du grand maître. Le jeune Jawlensky fait preuve d’une envie débordante d'Art. Une profonde complicité nait alors entre les deux jeunes artistes. Marianne Werefkin l'incite à peindre toujours, partout. Marianne Werefkin qui dispose d'une condition familiale aisée, emmène le jeune Alexej avec elle, dans ses cours, dans son atelier, mais aussi à la campagne chez elle, pour s'exercer. »

« A la recherche du visage idéal, qu’il finira par trouver à travers l’expressionnisme, l’artiste russe débute son cheminement mystique par le portrait émouvant d’un Juif en prière… perdu et retrouvé ».

« Perdue depuis plus d'une centaine d'année, « Juif en prière » d’Alexej von Jawlensky restait connue grâce à deux photos d'archives largement publiées dans les ouvrages de référence. On peut ainsi y voir Alexej von Jawlensky, assis, dans un atelier devant son oeuvre en cour d'accomplissement comme centre d'intérêt de la scène, avec son amie la bienveillante Marianne Werefkin debout à ses côtés. Notre tableau y est largement reconnaissable et ces photographies sont datées dans les archives vers 1893. Le tableau était inconnu et non localisé.  » 

Dans les années 1950, le Dr. Leifer, médecin juif d'origine polonaise, violoniste et collectionneur d'art, émigré en France dans les années 1920, l'avait acquis. Ce tableau était accroché dans le domicile d'une famille bayonnaise durant des dizaines d’années. Le 20 mai 2021, la Fondation Jawlensky l'a authentifié, et mis en vente aux enchères. Estimé de 200 000 € à 300 000 €, l'oeuvre picturale a été vendue en novembre 2021 pour un montant de 180 000 €.

« Cette découverte constitue un évènement important, tant cette oeuvre constitue et symbolise un trait d'union entre la grande peinture russe de la fin du XIXe siècle et l'Avant-Garde européenne du tout début du XXe siècle. Alors que l'influence du Maître russe Ilia Repine plane sur les jeunes années d'un Jawlensky dévoré par une envie de peindre, la découverte de ce tableau conservé dans une collection particulière bayonnaise depuis près de 80 ans met en relief la trajectoire européenne de ce Révolutionnaire de la couleur.  » 

« A l'été 1893, au cours d'un séjour dans la « datcha » de Marianne Werefkin, les deux jeunes artistes - Marianne Werefkin et Alexej von Jawlensky - se sont pris d'intérêt pour un village juif à proximité. Jawlensky réalise alors une série de portraits de ces habitants et de vieux rabbins. Notre tableau s’inscrit dans cette série. Le portrait est alors certainement l'un des genres les plus à la mode. Mais il faut savoir dépasser l'académisme pour exprimer la grandeur de l'âme. L'influence de Repine est bien présente chez ces deux jeunes artistes. Werefkin aspire déjà à s'émanciper des canons du XIXe siècle. Elle veut emmener avec elle le jeune Jawlensky. Elle ne sait pas encore à quelle révolution artistique et culturelle ils aboutiront. Mais la conscience de l'artiste, la conscience d'elle-même et le projet pour eux deux sont déjà là. Les photos d'archives nous montrent une mise en scène où un public de gens de qualité admirent Jawlensky l'artiste, assis, pinceau à la main devant notre oeuvre inachevée, et conforté par son alter ego, Werefkin, debout et plus fière encore, avec derrière elle un autoportrait qui deviendra célèbre ». 

« Nous sommes en 1893. Le format initial de la toile pouvait présager d'un portrait en pied. Il est resté partiellement inachevé, comme la plupart des œuvres de Jawlensky à cette époque. Notre toile a donc été coupée en partie basse sans enlever aucune puissance à l'œuvre, mais permettant une circulation plus facile. Le cadrage correspond parfaitement au canon du portrait. Ce tableau fait partie d une série de portraits de juifs. La longue barbe, le talit sur les épaules et le livre esquissée dans les mains confirme l’identité de ce personnage. Si quelques reprises masquent notamment la flamme de la bougie, il n'en reste pas moins que le regard captivant du vieux juif en prière révèle tant la surprise d'un homme pris dans un moment d'introspection, que la vivacité d'un esprit. Ce regard lumineux contraste avec le poids des années et l’épaisseur de la veste et du châle de prière qui pèsent sur les épaules d'un vieillard, peut-être un rabbin, dont l'histoire du peuple raisonne avec la rudesse du climat et des Temps hostiles. En quelques touches de couleurs, vert et mauve sur un camaïeu de brun, ce regard réveille le portrait et fait écho à la flamme de la bougie. »

« Le chemin est encore long vers l'expressionisme révolutionnaire des années 1900 de Munich et Murnau. La vivacité de la touche est certainement l'héritage de l'enseignement de Repine et Werefkin ». 

« Alexej von Jawlensky, le peintre des 1000 visages »
Arte diffusera le 24 mars 2024 à 17 h 45 « Alexej von Jawlensky, le peintre des 1000 visages  », documentaire de Maria Anna Tappeiner.

« Entre expressionisme et fauvisme, le peintre russe Alexej von Jawlensky a marqué le début du XXe siècle avec ses séries de visages mystérieuses et mystiques. » 

"Dans le visage, l'univers entier se manifeste", écrit Alexej von Jawlensky (1864-1941). Né en Russie, le peintre s'est rendu célèbre en représentant plus de mille visages aux allures mystérieuses et mystiques. »

« Travaillant principalement en Allemagne, il croise la route de Gabriele Münter ou celle encore de Vassily Kandinsky, avec qui il fonde un mouvement d'avant-garde aspirant à un art expressif et coloré : Der blaue Reiter ("Le Cavalier bleu"). 

« Après un exil en Suisse pendant la Première Guerre mondiale, Alexej von Jawlensky s'installe dans la ville thermale de Wiesbaden, qui voit naître sa série tardive "Méditation". 

« Entre expressionnisme et fauvisme, figuration et abstraction, le portrait d'un artiste résolument inclassable qui a marqué le début du XXe siècle. »

« Alexej Von Jawlensky (1864-1941) : La promesse du visage »
En 2021-2022, La Piscine - Musée d'art et d'industrie André Diligent de Roubaix a présenté l’exposition « Alexej Von Jawlensky (1864-1941) : La promesse du visage  ».

« Peintre russe né en 1864, compagnon de route de Kandinsky durant la première décennie du XXe siècle à Munich, Alexej von Jawlensky offre l’exemple d’un artiste qui participe à la modernité en faisant l’expérience des frontières entre expressionisme et fauvisme, entre figuration et abstraction. »

« L’essentiel de la carrière artistique d’Alexej von Jawlensky se déroule en Allemagne. À son arrivée à Munich (1896) Jawlensky assimile avec une rapidité étonnante toutes les leçons de l’avant-garde (la peinture impressionniste, Van Gogh, Cézanne). Rapidement, toutefois, il arrive à une synthèse personnelle entre fauvisme et expressionnisme, qui révèle son talent exceptionnel de coloriste. En 1909, Jawlensky est le fondateur, avec son ami Kandinsky, d’un groupe artistique déterminant pour l’histoire de la modernité La Nouvelle association. Par la suite, il expose avec le Blaue Reiter. Si, à ses débuts, l’artiste se limite aux natures mortes et aux paysages, il va rapidement privilégier le sujet qui hantera tout son oeuvre – le visage. Dans sa première période – Têtes d’avant-guerre – les visages sont relativement individualisés et ont déjà une puissance chromatique impressionnante. »

« En 1914, la guerre contraint Jawlensky à se réfugier en Suisse. Il commence alors à faire appel à une technique qu’il appliquera désormais exclusivement : la série. La première, Variations, s’inspire d’un paysage vu à travers la fenêtre. Le Chemin (1914) emprunte à l’abstraction ses couleurs arbitraires, son refus d’un espace illusionniste tout en gardant encore les traces du sujet initial. »

« À partir de 1917, pendant vingt ans, Jawlensky traitera presque exclusivement le visage. Le visage ou plutôt la Face, car avec les Têtes mystiques et Faces du Sauveur 1917/1923, Têtes géométriques 1924/1933 et les Méditations, 1933/1937, la figure s’éloigne progressivement de toute ressemblance “naturelle” pour aboutir à une forme stylisée, proche de l’icône. »

« L’omniprésence de ce sujet, familier et mystérieux à la fois, s’explique par la volonté de donner à la peinture une dimension religieuse. « Après avoir peint ces variations pendant quelques années, j’éprouvais le besoin de trouver une forme pour le visage, car j’avais compris que la grande peinture n’était possible qu’en ayant un sentiment religieux », affirme Jawlensky. »

« Successivement, le visage s’agrandit jusqu’à occuper la quasi-totalité de la surface du tableau. Le processus de géométrisation est mené à son terme et le choix limité des couleurs accentue le jeu combinatoire des formes. Par contre, avec la dernière série, Méditations, le peintre, souffrant d’arthrite, parfois obligé d’attacher le pinceau à ses poignets, adapte un traitement gestuel qui brouille des traits. De taille réduite, ces dernières œuvres où le visage se transforme progressivement à l’intersection de la ligne des sourcils et de celle du nez en forme de croix, dégagent une expressivité bouleversante. La singularité de Jawlensky dans l’art du XXe siècle consiste en l’invention d’une forme étonnante, celle du visage abstrait. »

Le commissariat scientifique était assuré par Itzhak Golderg, et le commissariat général par Bruno Gaudichon.

Coproduite avec la Fondation Mapfre à Madrid et le Musée Cantini à Marseille, cette exposition avait reçu le soutien de la Région Hauts-de-France et de la Métropole Européenne de Lille. Elle bénéficie d’un mécénat exceptionnel du CIC Nord Ouest, fidèle partenaire du musée La Piscine.

Légende : Alexej von Jawlensky, Tête abstraite : Karma, 1933, huile sur carton colle sur bois. Collection particulière.


Allemagne, 2024, 53 mn
Production : Florianfilm, en association avec ZDF/ARTE
Sur Arte le 24 mars 2024 à 17 h 45
Sur arte.tv du 24/03/2024 au 21/06/2024
Visuels :
© Alexej von Jawlensky-Archiv S.A./Muralto/CH
© Städtische Galerie im Lenbachhaus, München

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Les citations proviennent des communiqués de presse.

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