mercredi 17 août 2022

Egon Schiele (1890-1918)

Egon Schiele (1890-1918) était un peintre et dessinateur catholique autrichien. En 1909, il fonde avec d'autres artistes
 le « groupe de l'Art nouveau » dont l'existence est brève. A Vienne, il a créé un style non réductible à l'art expressionniste et à l'Art nouveau. Arte rediffusera le 21 août 2022 à 5 h 40 "Egon Schiele", documentaire réalisé par Herbert Eisenschenk. 


Egon Schiele (1890-1918) est né dans une famille bourgeoise.

Doué, il est admis à seize ans à l'Académie des beaux-arts de Vienne. Il apprécie l'effervescence artistique de l'empire austro-hongrois : Sécession, Atelier viennois, Gustav Klimt... Il rédige aussi des textes lyriques.

Fin 1909, avec des peintres, musiciens et poètes, il crée le « groupe de l'Art nouveau » dont l'existence est brève.

Peintre, il privilégie les nus, adultes ou enfants - ce qui lui vaut en 1912 une peine d'emprisonnement durant plusieurs semaines. 

En 1915, il rompt avec sa compagne et modèle Wally Neuzil et épouse Edith Harms, plus respectable. 

L'art d'Egon Schiele emprunte à l'Art nouveau et à l'expressionnisme. Cet artiste exprime un regard aigu, sans concession, une sensibilité douloureuse au désenchantement et aux tensions d'un monde bouleversé, s'acheminant vers la guerre, une palette chromatique souvent excluant les nuances, aux tons froids, au trait net, sans volonté d'enjoliver. 

Durant la Première Guerre mondiale, sa santé le désigne pour l'arrière du front. Egon Schiele peint, et ses œuvres commencent à être appréciées, achetées, louées par des critiques. A la mort de Klimt en 1918, Egon Schiele apparaît, par ses talents de peintre et de dessinateur, le chef des artistes viennois.

Il décède, avec sa femme enceinte, de la grippe espagnole. Son influence demeure dans l'oeuvre d'artistes de la deuxième moitié du XXe siècle.

Egon Schiele a créé près de 300 huiles sur toile et plus de 3 000 œuvres sur papier - dessin, aquarelle, gouache - en abordant divers genres : natures mortes, paysages, portraits, allégories, autoportraits et nus féminins et masculins. 

"Le 7 avril 2016, après des décennies de contentieux, l'Autriche a parachevé  sa restitution d'œuvres pillées par les nazis, avec la remise de deux dessins majeurs d'Egon Schiele - "Garçon assis avec les mains croisées" et "Autoportrait aux coudières" - à Eva Zirkl, héritière américaine de Karl Mayländer, collectionneur juif" spolié par les Nazis et "déporté durant la Seconde Guerre mondiale. Ces "deux dessins rehaussés d'aquarelle ont été présentés à Vienne en Autriche le 7 avril 2016".

"C'est un jour très heureux qui met fin à plusieurs années de conflit", s'est félicité le ministre de la Culture, Josef Ostermayer, lors d'une conférence de presse à Vienne. Ces dessins d'Egon Schiele, jusque là exposés au musée Leopold de la capitale autrichienne, doivent partir incessamment pour les Etats-Unis, où réside l'héritière, Eva Zirkl".

"Adoptée en 1998 par le Parlement autrichien, une loi a permis la restitution progressive par Vienne de quelque 10.000 œuvres issues des collections publiques et identifiées comme volées sous le Troisième Reich".

"Parmi celles-ci, la spectaculaire collection Rothschild, restituée en 1999, ou encore cinq toiles du maître de la sécession viennoise Gustav Klimt provenant de la collection Bloch-Bauer. Après leur restitution par le musée du Belvédère, ces cinq tableaux avaient été revendus à New York pour un montant total record de 327,7 millions de dollars, en 2006".

"Mais un dossier restait en suspens : le fonds Karl Mayländer, du nom d'un collectionneur juif viennois disparu après avoir été déporté à Lodz (Pologne) par les nazis en 1941. Ami de Schiele, ce commerçant avait acheté de nombreuses oeuvres à Egon Schiele. Il lui avait même commandé un portrait en 1917".

"En 2011, le musée de l'Albertina, à Vienne, avait accepté de restituer cinq dessins issus de ce fonds. Mais en dépit des recommandations en 2010 d'une commission spécialisée, le musée Leopold avait pour sa part refusé de rendre cinq autres dessins, acquis après-guerre par son fondateur, Rudolf Leopold".

"Etablissement privé et à ce titre non-tenu légalement par la loi de restitution, cette institution avait proposé à l'héritière un dédommagement financier, à titre amiable. Mais Mme Zirkl, âgée de 95 ans, demandait à recouvrer la possession physique des œuvres. La médiation du gouvernement a finalement permis d'aboutir à un compromis permettant de clore le dossier: deux œuvres, choisies par Mme Zirkl, sont restituées et trois demeurent la propriété du musée".

"Ce jugement de Salomon permet de lever l'ombre qui planait sur le musée Leopold", s'est félicité M. Ostermayer.

"C'est une solution formidable. Je suis très heureuse que l'héritière puisse encore jouir de ces oeuvres. L'argent ne l'intéressait pas", a pour sa part confié la représentante de la Communauté israélite d'Autriche, Erika Jakubovits, qui défend les intérêts de Mme Zirkl".

Le compromis "va permettre d'ouvrir une nouvelle page avec la Communauté israélite, avec qui nous partageons beaucoup d'intérêts communs, concernant notamment l'histoire des oeuvres", s'est de son côté réjoui Hans-Peter Wipplinger, le nouveau directeur du musée.

"En 2010, dans un autre dossier, le musée Leopold avait déboursé 19 millions de dollars pour récupérer "Portrait de Wally" de Schiele, une autre oeuvre volée qui avait été saisie douze ans plus tôt à New York où le tableau se trouvait pour un prêt."

"Considéré comme le "redécouvreur" de Klimt et de Schiele, Rudolf Leopold (1925-2010) avait acquis après-guerre quelque 6.000 œuvres de l'âge d'or viennois, réunies dans un musée créé en 2001 au cœur de Vienne".

"Le compromis annoncé clôt le dernier contentieux majeur concernant des restitutions en Autriche, ont relevé M. Ostermayer et Mme Jakubovits auprès de l'AFP. Des restitutions ponctuelles d'oeuvres moins célèbres sont toutefois appelées à se poursuivre, ont-il relevé".

"L'Autriche a régulièrement traîné des pieds pour restituer des œuvres réclamées par des héritiers de collectionneurs juifs, contestant parfois l'existence même d'une spoliation. En 2006, la collection Bloch-Bauer avait ainsi dû être arrachée par les ayants-droit devant un tribunal arbitral."

"En 2015, la commission en charge des restitutions avait débouté les héritiers du collectionneur Erich Lederer, qui réclamaient la restitution de la monumentale "Frise Beethoven" de Klimt. Cette oeuvre avait été acquise par l'Etat en 1972 auprès de M. Lederer lui-même, avait-elle souligné".

Fondation Louis Vuitton
En 2018-2019, la Fondation Louis Vuitton a accueilli une rétrospective d'Egon Schiele
« L’œuvre d’Egon Schiele est indissociable de l’esprit viennois du début du XXe siècle. En quelques années, son dessin s’est imposé comme l’un des sommets de l’expressionnisme. » 

« En rupture avec l’Académie où il rentre précocement, il fonde en 1909 le Neukunstgruppe et, grâce à la Sécession viennoise et Gustav Klimt, découvre les travaux de Van Gogh, Munch ou Toorop. »

« À partir de 1911, c’est dans un certain isolement qu’il se concentre sur sa production propre, fascinante par la distorsion des corps qu’il propose, l’introspection, l’expression frontale du désir et du sentiment tragique de la vie. Fauché par la grippe espagnole en 1918, l’artiste aura réalisé en une dizaine d’années quelque trois cents toiles et plusieurs milliers de dessins. »

« Première monographie de Schiele à Paris depuis vingt-cinq ans, elle propose des œuvres de tout premier ordre, comme Autoportrait à la lanterne chinoise (1912) emprunté au Leopold Museum (Vienne), Femme enceinte et mort (mère et mort) (1911) de la Národní galerie (Prague), Portrait de l’épouse de l’artiste (Edith Schiele), tenant sa jambe (1917) de la Morgan Library & Museum (New York), Nu féminin debout avec tissu bleu (1914) du Germanisches Nationalmuseum, Nuremberg, Nu masculin assis vu de dos (1910), de la Neue Galerie New York ou Autoportrait (1912) de la National Gallery of Art, Washington. »

« L’exposition rassemble quelque 100 œuvres – dessins, gouaches et quelques peintures – sur plus de six-cents mètres carrés, dans les galeries du rez-de-bassin (Galerie 1). Elle s’ordonne chronologiquement en quatre salles autour de la notion de ligne et de son évolution dans l’œuvre de l’artiste. Dieter Buchhart explique ainsi son parti-pris : « Très rares sont les artistes qui ont abordé la ligne et le dessin avec autant de virtuosité et d’intensité que Schiele. […] En faisant évoluer la ligne ornementale vers la ligne expressionniste, combinée, modelée en trois dimensions, fragmentée et amputée, il a rendu possible une expérience limite dissonante et divergente de la ligne comme signe de l’existence humaine. »

« Les quatre chapitres de l’exposition s’intitulent : la ligne ornementale (1908-1909) ; la ligne expressive (1910-1911), la ligne combinée (1912-1914), la ligne amputée et fragmentée (1915-1918).
La ligne ornementale, réunit des œuvres inspirées du Jugendstil, toutes en fluidité, qui renvoient à la découverte de l’art de Gustav Klimt dont le rôle sera majeur dans sa formation. L’exposition s’ouvre d’ailleurs avec Danaë, grand nu de 1909 sous l’influence de celui-ci ;
La ligne expressive est indissociable des oeuvres plus expressionnistes de l’artiste et de ses portraits et autoportraits anguleux et contorsionnés, témoignant de ses expérimentations avec la ligne et la couleur ;
La ligne combinée, celle des années d’avant le premier conflit mondial, traduit l’angoisse prémonitoire de la guerre. Ce groupe d’œuvres est contemporain ou immédiatement postérieur au bref emprisonnement de l’artiste, en 1912 à Neulengbach, à la suite d’une série d’accusations « d’atteintes aux mœurs ». Cette ligne naît de la combinaison d’éléments traditionnels et novateurs ; elle est marquée par l’introduction d’une tridimensionnalité prononcée et par la transparence des teintes ;
La ligne amputée et fragmentée dénote une exploration plus approfondie du modelé et de la fragmentation à travers la suppression des membres des corps représentés. Le placement des figures sur un arrière-plan vide joue ici, comme toujours dans son travail, un rôle-clef. Cette ligne se caractérise aussi par une touche colorée plus sèche ».

Le commissariat général était assuré par Suzanne Pagé, le commissaire invité était Dieter Buchhart, et le commissaire associé pour la présentation à Paris, Olivier Michelon.

Arte
Arte rediffusera le 21 août 2022 à 5 h 40 "Egon Schiele", par Herbert Eisenschenk. Ce documentaire revisite la vie du peintre Egon Schiele (1890-1918). 

"Emporté par la grippe espagnole en 1918, Egon Schiele eut une vie tourmentée. Sorti révolté et sans diplôme en 1909 de l'Académie des beaux-arts de Vienne, dont il avait, trois ans plus tôt, réussi brillamment le concours, le jeune peintre s'émancipe en fondant la Neukunstgruppe, un "groupe pour le nouvel art" qui annonce l'expressionnisme". 

"Doté d'un sens aigu de l'observation et d'une maîtrise parfaite du dessin des corps, surtout féminins, il bouscule les conventions en tordant les silhouettes et les visages de ses modèles. Jugé dérangeant, voire obscène, par ses contemporains, son travail, considéré aujourd'hui comme l'une des œuvres majeures de la Sécession viennoise, ne sera tiré de l'oubli que dans les années 1950, grâce au collectionneur Rudolf Leopold."

"À l'occasion de l'exposition que lui consacrait la Fondation Louis Vuitton, ce documentaire se penche sur l'œuvre d'Egon Schiele au travers de ses relations avec ses proches, de ses rencontres amicales et amoureuses, et de ses découvertes artistiques (dont celle de Rimbaud)."

"Arpentant les lieux où vécut le peintre, de Tulln an der Donau, où il naquit en 1890, à la capitale autrichienne où son atelier jouxtait celui de Klimt, en passant par la prison tchèque de Cesky Krumlov, où il fut brièvement incarcéré en 1912 pour "diffusion de dessins offensant la pudeur", des historiens de l'art, comme Jean Clair, et des spécialistes éclairent ses toiles et ses dessins à l'aune des événements méconnus de sa fulgurante existence."


Rétrospective
"Pour célébrer le centenaire de la mort" du peintre et illustrateur Egon Schiele, la capitale de l'Autriche, Vienne, a consacré une grande rétrospective à l'artiste autrichien en février 2018 au Leopold Museum

En novembre 2017, la campagne de publicité par affiches annonçant cet événement artistique dans plusieurs villes européennes a été considérée trop « osée » par Londres, Cologne ou Hambourg notamment.

Intitulée « Egon Schiele, expression et lyrisme », cette exposition permet aux visiteurs de découvrir des études d'Egon Schiele sur "cette nudité si particulière et carnassière qui valut au peintre, en son temps, une réputation orageuse. Egon Schiele fut emprisonné en 1912 pour outrage à la morale publique. Choisies pour servir d'images aux affiches de l'exposition viennoise, les toiles Homme assis nu (1910) et Fille aux bas oranges (1914) ont provoqué l'ire et la réprobation en Angleterre comme en Allemagne. Citée par le New York Times, la porte-parole de l'office du tourisme de Vienne, Helena Hartlauer, a déclaré en effet que la régie des transports londoniens a refusé de placarder les affiches fournies dans un premier temps. Pour motiver sa décision, elle a évoqué sa gêne de voir des parties génitales devenir visibles aux yeux de tous ses usagers. Et proposé une alternative: flouter les sexes. Ce à quoi Vienne a répondu par la négative."

Une "pudibonderie qui n'est pas sans faire penser aux pratiques de Facebook qui a censuré il y a peu de temps L'Origine du monde de Gustave Courbet au prétexte que le réseau social ne tolère aucune nudité, même s'il s'agit d'une toile de maître".

L'office du tourisme de Vienne a adressé des affiches modifiées : les corps "peints par Egon Schiele sont barrés au niveau de leurs organes génitaux d'une bannière sur laquelle on peut lire : « Désolé, cent ans mais toujours aussi scandaleux aujourd'hui ». Nos confrères de L'Evening Standard ont même fait leur une avec cette affiche censurée. Sans faire le moindre commentaire".

« Nous nous demandions si le modernisme viennois était plus supportable aujourd'hui qu'hier ? », s'interrogeait Helena Hartlauer. "Les rues, les abribus et les stations de métro de Cologne, Hambourg et Londres arborent maintenant les nouvelles affiches. Le scandale suscité par cette affaire est une publicité inattendue pour le musée Léopold. Profitant de cette occasion pour mettre en avant le centenaire Schiele programmé en 2018, les responsables de l'événement ont incité sur Twitter les internautes à photographier les affiches controversées et à les signaler sous le mot-dièse #DerKunstihreFreiheit (« liberté de l'art »)."


"Egon Schiele" par Herbert Eisenschenk
Allemagne, 2017, 55 min
Sur Arte les 21 octobre 2018 à 17 h 30, 21 août 2022 à 5 h 40
Sur arte.tv du 31/07/2022 au 05/09/2022
Visuels : © Helmut Wimmer

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire