mercredi 26 août 2020

« Oum Kalthoum, la voix du Caire », par Xavier Villetard


« Oum Kalthoum, la voix du Caire » (Die Diva von Kairo, Oum Kalthoum ; Oum Kalthoum, The Nightingale of Cairo) est un documentaire réalisé par Xavier Villetard. Une « évocation vibrante de l'extraordinaire diva, décédée en 1975 », idole du monde arabe, « Kawkab al-Sharq » (Etoile de l’Orient), ayant vendu 80 millions de disques dans le monde, et exhorté dans des chansons à tuer les Yaoud (Juifs, en arabe) ou à une "Palestine" au lieu et place de l'Etat d'Israël. A l'été 2020, la mairie de Haïfa (Israël) a annoncé qu'une rue de la ville porterait le nom de la chanteuse égyptienne. Ce qui a suscité l'indignation.


« Au-dessus d’elle, il n’y a que le Coran », résumait Mustapha Amin, journaliste et ami de la célèbre chanteuse, musicienne et actrice nationaliste, pieuse, égyptienne, Oum Kalsoum, Umm Kulthum ou Oum Kalthoum (1898 ou 1904-1975), « cantatrice du peuple ».

« Aucune chanteuse n'a été adulée à l'égale d'Oum Kalthoum, aucune voix, si belle soit-elle, n'a incarné comme elle l'âme de tout un peuple, au point d'être sacralisée de son vivant, non seulement en Égypte, mais dans tout le monde arabe ».
          
La Dame

« Née dans les premières années du XXe siècle dans le delta du Nil, fille d'un modeste imam de campagne qui la fait chanter en public dès l'âge de 7 ans, Oum Kalthoum n'est encore qu'une gamine sans éducation, cachée sous des vêtements de garçon qui suscitent la moquerie, quand elle débarque au Caire, où l'amène la renommée grandissante de sa voix hors norme ». Une voix forgée en récitant enfant des versets du Coran. Des concerts durant de longues nuits...

Deux rencontres cruciales au Caire, ville cosmopolite, sont bénéfiques pour la jeune Oum Kalthoum en 1923. Poète, Ahmed Rami est bouleversé en l'écoutant. Il lui écrit 137 poèmes/chansons, dont L'amoureux est trahi par ses yeux, traduit des poèmes d’Omar Khayyâm et lui fait connaitre la littérature française qu'il a étudiée, avec le persan, à la Sorbonne. Virtuose du luth, compositeur novateur, curieux de musiques d'autres horizons, Mohamed El Qasabji permet à Oum Kalthoum d’accéder au Palais du théâtre arabe et l'accompagne jusqu'à la fin de sa vie. Ces deux mentors sont amoureux d'elle.

Vers 1926, soucieuse de son image, perfectionniste, Oum Kalthoum se fixe au Caire, mène une vie tranquille, éclipse ses rivales et "chante avec un groupe, et s'habille à l'occidentale". Elle élargit son répertoire avec des chansons sentimentales avec une voix "intense, vibrante, fragile dans l'intonation" à la technique parfaite. Sa "voix a une étendue horizontale et verticale inouïe". Son public ? "Savant et populaire".

En 1932, la talentueuse Oum Kalthoum débute une tournée qui la mène à Damas, Bagdad, Beyrouth, Tripoli, Tunis, Haïfa, Jérusalem… Elle offre son cachet contre l'occupant britannique et l'immigration juive.

Elle "improvisait à l'intérieur de la mélodie". Jouant avec les modulations subtiles de sa voix exceptionnelle, elle acquiert une célébrité durable dans le monde arabe. La TSF, qui diffuse ses concerts, décuple son audience. Son contrat stipule qu'elle est la chanteuse la mieux payée des artistes arabes.

Parallèlement, elle entame une carrière cinématographique : Weddad de Fritz Kramb et Gamal Madkoor (1936), d'après un conte des Mille et une nuits, Le chant de l'espoir (1937), Dananir (1940) et Aïda (1942) de Ahmed Badrakhan, Sallama de Togo Mizrahi (1945) et Fatma par Ahmed Badrakhan (1947). Oum Kalthoum incarne la "fille du peuple", esclave, etc.

Les Juifs du monde arabe l’invitent à chanter lors de leurs fêtes, ou diffusent ses films dans leurs salles de cinéma.

« Vingt ans plus tard, ses concerts retransmis en direct à la radio, dans lesquels elle exalte comme nulle autre l'amour, Dieu et la patrie, figent tout le pays ».

Le documentaire omet d'indiquer que l'Egypte et d'autres pays ont attaqué le jeune Etat d'Israël renaissant. Dès 1948, soutenant le moral égyptien lors de la Guerre d’Indépendance d’Israël, Oum Kalthoum fait la connaissance de Nasser.

« Après 1952, l'accession de Nasser au pouvoir fait définitivement d'elle non pas la première, mais « la Dame » (Sett, en arabe), comme on l'appelle, de la nation, elle qui, en pionnière, a mis la poésie de la langue arabe à portée de tous, à travers des mélodies d'une haute sophistication ». Alors qu'elle avait chanté pour le roi Farouk et sa famille, Oum Kalthoum détruit publiquement les preuves. Un signe de ralliement au nouveau régime. Nasser remet à l'antenne ses chansons. "Chacun a besoin de l'autre, chacun est fasciné par l'autre", considère Robert Solé.

En 1953, Oum Kalthoum épouse Hassen el Hafnaoui, médecin. Son contrat de mariage lui confère le droit de divorcer.

En 1954, Nasser échappe à un attentat fomenté par les Frères musulmans à Alexandrie, instaure un régime autoritaire. En 1956, une nouvelle constitution interdit toute discrimination sexuelle.

En 1956, Nasser, aux aspirations pan-arabes, nationalise le canal de Suez. Stupeur des Français et des Britanniques qui mènent une guerre avec l'Etat d'Israël contre l'Egypte. Les Etats-Unis et l'Union soviétique mettent un terme à cette opération militaire.

« Tarab »
« Entrelaçant photos et films d'archives, commentaires et témoignages, dont l'une des très rares interviews radiophoniques données par la chanteuse, Xavier Villetard retrace le chemin extraordinaire qu'elle a accompli seule, dans une société dominée par les hommes, et fait résonner puissamment sa voix reconnaissable entre toutes ».

Il « suffit de contempler dans ce film les visages de ses auditeurs, magnifiés par la joie ou le recueillement, pour approcher une part de la magie exercée par Oum Kalthoum : le tarab, émotion poétique et musicale que de lumineux exégètes tentent d'expliciter face à la caméra, de certains des musiciens qui l'ont accompagnée sur scène au trompettiste de jazz Ibrahim Maalouf ». "C'est une tradition, un langage, une forme de nostalgie et beaucoup d"espoir dans la manière de l'exprimer. La blue note, c'est un quart de ton", confie Ibrahim Maalouf.

La caméra s'attarde sur des spectatrices voilées. Alors qu'elles sont censées écouter une chanteuse élégante qui n'arborait aucun foulard islamique et personnifiait un "féminisme arabe".

Composée en 1966 par Riad al-Sunbati sur un poème en arabe classique de Ibrahim Naji, Al Atlal (Les Ruines) est la chanson d’amour la plus célèbre d’Oum Kalthoum. Une allégorie politique selon certains : une évocation de la défaite égyptienne. « Quand, en 1982, Yasser Arafat quitta Beyrouth assiégé, il s'écria: « D'un pas assuré je marche tel un roi», un vers emprunté à Al Atlal! («Les Ruines»). Cette mélopée immortalisée par Oum Kalsoum dure une heure et demie. »

Oum Kalthoum  assure la présidence de l’Union des musiciens pendant sept ans. 
          
Politique
Une de ses chansons liée à Nasser – « Wallāhi Zamān, Yā Silāḥī » (“Cela fait longtemps, Ô Arme qui est la mienne ») – a été choisie comme hymne national égyptien de 1960 à 1979.

Lors de la guerre des Six-jours en 1967, Oum Kalthoum soutient le camp arabe et chante :
« Égorge, égorge, égorge et sois sans pitié ,
Égorge, égorge, égorge, et lance leur tête
Dans le désert,
Égorge, égorge, égorge
Tout ce que tu voudras,
Égorge tous les Juifs et tu vaincras ».

Dans sa "Lettre à un Ami arabe" (J. C. Lattès, 1969, rééd. en 1994) couronnée par le Prix Sévigné, André Chouraqui, résistant, traducteur notamment de la Bible hébraïque, vice-maire de Jérusalem, sous le mandat de Teddy Kollek, cite cette chanson.

Le principal vers « Adbah el Yahoud» (Egorge les Juifs !) de cette chanson, diffusée par les radios cairote et damascène, s’avère une incitation létale dans le cadre du programme génocidaire des pays Arabes combattant l’Etat d’Israël ayant déclenché une guerre préventive en juin 1967.

Après la victoire fulgurante de l'Etat Juif, et donc la défaite de l'Egypte, Oum Kalthoum contribue au financement de la reconstruction du port Saïd, organise une tournée de concerts dans quasiment tous les pays Arabes.

En 1969, elle poursuit dans cette vaine haineuse, violente, guerrière avec la chanson « Asbaha al-Ana 'indi Bunduqiyyah » (Donne-moi un fusil ou J’ai maintenant un fusil), du poète syrien Nizar Qabbani sur une musique de 'Abd al-Wahhab. Oum Kalthoum y exprime son souhait de rejoindre les « révolutionnaires » combattant pour la « Palestine » :
« Maintenant, j’ai un fusil, emmène-moi en Palestine avec toi
Vers les collines tristes comme le visage de Madeleine
Vers les dômes verts et les pierres des prophètes...
Vingt ans que
Je suis en quête de terre et d'identité 
En quête de ma maison là
De mon foyer entouré de fer barbelé
De mon enfance...
Je veux vivre et mourir comme les hommes
Je suis avec les révolutionnaires,
Je suis une des révolutionnaires
Depuis le jour où j’ai porté mon fusil,
La Palestine est à seulement quelques mètres d’ici
Ô révolutionnaires, à al-Quds (Jérusalem), à al-Khalil (Hébron),
A Bisan (Beit She'an), à al-Aghwar (vallée du Jourdain), à Baitlahm (Bethléem),
Où que vous puissiez aller Ô hommes libres
Allez, allez, allez en Palestine,
Car il y a un seul chemin pour la Palestine,
Et il passe par le canon d’un fusil »

Curieusement, le documentaire ne mentionne pas ces chansons.

L’Olympia
Au milieu des années 1966, Bruno Coquatrix, directeur de l’Olympia, temple parisien mythique du music-hall, se trouve au Caire (Egypte) pour organiser un spectacle international pour sa salle de 1800 à 2000 places et recruter des artistes. Il rencontre le ministre égyptien de la Culture. Celui-ci lui parle en termes élogieux d’Oum Kalthoum.

« Je croyais que c’était une danseuse du ventre », reconnait Bruno Coquatrix en 1979.

« Les musulmans vont à La Mecque et voir Oum Kalthoum», lui explique alors ce ministre pour décrire la stature de cette artiste dont les concerts sont complets deux ans à l’avance.

Bruno Coquatrix engage alors Oum Kalthoum pour deux concerts, tous deux complets, qui ont lieu les 13 et 15 novembre 1967. Les seuls concerts de cette artiste dans une ville non-Arabe. A guichets fermés.

Oum Kalthoum réclame, et obtient de Bruno Coquatrix, la rémunération la plus élevée donnée à un artiste dans cette célèbre salle. Une somme rondelette – vingt millions de centimes de francs, plus les frais de séjour de ses trente musiciens logés dans un palace - qu’elle offrira au gouvernement égyptien.

Pour rentabiliser ces deux concerts, Bruno Coquatrix fixe à 30 000 anciens francs le prix de la place. Un prix inaccessible pour les ouvriers.

« Jusque trois jours avant son arrivée, la location ne marchait pas. J’ai été paniqué. J’ai fait une mauvaise opération, j’ai été imprudent. Heureusement, Oum Kalthoum m’avait promis de venir avant les deux galas. Quand elle est arrivée à l’aéroport du Bourget dans un avion égyptien, j’avais eu du mal à convaincre la télévision française de m’envoyer un cameraman pour filmer son arrivée. Personne n’y croyait. Le reportage a été diffusé le soir même ou le lendemain. Les Arabes ont vu. Ils n’y croyaient pas, et donc ne voulaient pas louer leur place. Ils l’ont entendue dire : « Je suis à Paris, je vais chanter à l’Olympia ». Cela a été la ruée des musulmans de France, d’Europe. Cela représentait un effort financier colossal. Il y avait aussi les émirs du Golfe persique, les riches Libanais. Ils étaient arrivés trop tard dans la plupart des cas », se souvient Bruno Coquatrix en 1979.

Il était inquiet d’apprendre qu’Oum Kalsoum allait chanter deux ou trois chansons. Pour lui, cela représente six ou neuf minutes. Mais, le soir-même, il est rassuré : chaque chanson interprétée par l’artiste dure une heure et demie. Vingt minutes d’entracte séparent chaque chanson. Oum Kalthoum effectue un tour de chant de six heures dans la nuit !

Et Bruno Coquatrix d’ajouter : dans la salle du boulevard des Capucines, « il y avait beaucoup d’Israélites d’Afrique du nord. Quand je les ai vus, j’étais très inquiet. On m’avait dit que pendant la guerre, elle avait chanté des chants guerriers qui vouaient aux plus grands supplices, tortures, tous les Juifs d’Israël. Or, il y avait dans le théâtre 400-500 juifs, et des jeunes surtout, d’Algérie, du Maroc, de la Tunisie. Ils lui faisaient un triomphe ». Bruno Coquatrix interroge un de ces spectateurs juifs qui lui répond : « Qu’est-ce que cela peut faire ! C’est la meilleure ! »

« Je n’ai pas beaucoup rencontré de talents de cette importance. C’était la preuve que les barrières n’existaient pas devant le talent », en conclut Bruno Coquatrix.

« Je ne suis pas une personnalité politique, souligne Oum Kalthoum d’emblée dans les salons de l’hôtel George-V lors de la conférence de presse. Je suis une chanteuse qui aime son pays". Et d’ajouter : « J’aime mon pays et je suis fière, car c’est l’Egypte qui a gagné avec moi à l’Olympia... Nous préférerions mourir que la reddition. Il n’y a pas de cessez-le-feu dans la bataille ». 
      
Obsèques

Depuis 1967, la voix d'Oum Kalthoum est devenue plus grave.

Oum Kalthoum s’est montrée généreuse à l’égard des pauvres paysans égyptiens.

« Quand elle disparaît, le 3 février 1975, des millions d'Égyptiens suivent son cortège funèbre, comme ils l'avaient fait quinze mois plus tôt après la mort du président Nasser. Le retentissement, là encore, est planétaire ». La mosquée Omar Makram du Caire accueille ses funérailles suivies par des ministres, diplomates, entrepreneurs, artistes et anonymes. Un cortège d’1,5 km, soit environ trois millions de personnes. C’est quantitativement le deuxième rassemblement après les obsèques de Nasser. Le cercueil est amené à la mosquée cairote al Sayyid Husayn que l’artiste fréquentait.

En 2001, est ouvert au public le musée Kawkab al-Sharq (Planète de l’Orient) en hommage à Oum Kalsoum.

En 2012, une rue Oum Kalthoum a été inaugurée à Jérusalem (Israël).

Des artistes israéliens - Tom Cohen, directeur musical et chef d'orchestre de l'Ashkelon Andalusian-Mediterranean Orchestra, Nasrin Kadri, Zehava Ben - interprètent le répertoire d’Oum Kalthoum.

La « quatrième pyramide »
En 2008, « trente-trois ans après sa disparition et, en manière de célébration, quelque cent ans après une naissance dont la date demeure incertaine (1898 ?... 1904 ?... ), l’Institut du monde Arabe (IMA) à Paris a présenté l’exposition-spectacle Oum Kalsoum, la quatrième pyramide ».

« La « Dame », la « voix des Arabes », l’ « astre de l’Orient », autant de vocables qui s’attachent à la personne d’Oum Kalsoum dont le chant a rayonné sur le monde arabe et au-delà, tout au long du XXe siècle ».

On découvrait ainsi les diverses « facettes de ce personnage devenu icône, de cette diva d’Orient qui se présentait avant tout comme « une femme, une paysanne, une Égyptienne », et combien sa mémoire est encore vivante de nos jours ».

Le « parcours de l’exposition – ni chronologie ni hagiographie – proposait quatre approches distinctes mais cependant complémentaires, chacune réunissant photographies, séquences sonores et audiovisuelles, documents, objets, costumes et œuvres ».

La première section, « l’Égyptienne » s’attachait « à la personne d’Oum Kalsoum, à son milieu, à ses origines dans une Égypte qui, en moins de trois quarts de siècle connaîtra d’innombrables changements politiques. L’aura d’Oum Kalsoum va croissant dans ce contexte jusqu’à lui conférer un statut de représentante officielle de son pays ».

La deuxième section, « le Talent », « faisait la part belle à l’interprète avec l’ambition de faire comprendre ce qui est à la source du succès d’Oum Kalsoum : la musique, les textes et, surtout, sa voix qui provoquent dans son auditoire le tarab, ce plaisir qui confine à l’extase quand chaque note, chaque mot, chaque intonation est goûté par les auditeurs ».

La troisième section, « l’Engagement », « rendait compte de l’implication d’Oum Kalsoum dans la vie publique à la fois comme militante des droits de la femme et comme moteur d’une certaine unité panarabe ».

La quatrième section, « l’Héritage », « réunissait un éventail d’œuvres de plasticiens contemporains, de stylistes et d’accessoiristes dans lesquelles l’image de la « Dame » est récurrente. Dans cette section un espace est réservé à la projection de performance d’interprètes d’aujourd’hui qui reprennent le répertoire d’Oum Kalsoum ainsi que quelques interviews qui explicitent la démarche de ces artistes ».

« Oum Kalsoum n’a chanté qu’une seule fois en dehors du monde arabe : c’était à Paris, à l’Olympia, en 1967. Quelque quarante années plus tard, l’IMA est fier de célébrer sa mémoire et – une nouvelle fois à Paris… – de donner envie à une autre génération d’aller à sa rencontre ».

Unesco
Le 18 décembre 2017, lors de la Journée mondiale de la langue arabe 2017, Audrey Azoulay, directrice générale de l'UNESCO (Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture), a loué la langue arabe, "pilier de la diversité culturelle de l’humanité. C’est l'une des langues les plus parlées au monde, pratiquée au quotidien par plus de 290 millions de personnes".

Et d'ajouter :
"Dans la diversité de ses formes, classique ou dialectales, de l’oralité à la calligraphie poétique, la langue arabe a donné naissance à une esthétique fascinante, dans des domaines aussi variés que l’architecture, la poésie, la philosophie, la chanson… Elle donne accès à une incroyable variété d’identités et de croyances, et son histoire raconte la richesse de ses liens avec d'autres langues. L’arabe a joué un rôle de catalyseur des savoirs, favorisant la transmission des sciences et des philosophies grecques et romaines à l’Europe de la Renaissance. Elle assuré le dialogue des cultures le long des routes de la soie, des côtes de l’Inde à la corne de l’Afrique.
L’UNESCO soutient les artistes, les créateurs, les chercheurs, les journalistes, notamment les femmes, qui portent haut cette langue, à l’instar de la mythique Oum Kalthoum, ou encore d’Emel Mathlouti, dont la chanson Kelmti Horra (Ma parole est libre) exprime des aspirations universelles à la paix et la liberté. L’UNESCO entend mobiliser la langue arabe comme vecteur de dignité et d’égalité, pour l’émancipation et l’égalité entre les hommes et les femmes.
A l’occasion de cette journée, l’UNESCO organise une série d’événements, de concerts et de tables rondes en son Siège à Paris et dans le monde, pour stimuler la recherche linguistique et le développement des dictionnaires arabes, pour mettre en lumière les liens entre l’arabe et les sciences, et le potentiel des nouvelles technologies pour la diffusion et l’apprentissage de cette belle langue".
 
"Hommage aux grandes divas orientales"
Arte diffusa le 26 mars 2019 "Hommage aux grandes divas orientales" (Hommage an die großen Diven des Orients) par Olivier Simonnet. "Une célébration de la grande chanson arabe au féminin. En mai 2018 à la Philharmonie de Paris, la Libanaise Abeer Nehme, la Palestinienne Dalal Abu Amneh et l'Égyptienne Mai Farouk interprètent les plus grands succès d'Oum Kalthoum, Fairouz, Warda ou Asmahan."

 "Oum Kalthoum, Fairouz, Asmahan, Warda, Leila Mourad… Depuis que, dans les années 1940, leur voix s'est imposée sur les ondes et les écrans de cinéma, leurs chansons sont devenues des classiques connus de tous. Et à l’écoute de ses grandes divas, le cœur du monde arabe bat plus vite. En marge de l'exposition "Al Musiqa" qui s'est tenue à la Cité de la musique, à Paris, la Philharmonie a rendu hommage le 12 mai dernier à ces artistes d'exception, souvent méconnues en Occident, grâce à trois de leurs jeunes émules. Devant une salle comble, la Libanaise Abeer Nehme, la Palestinienne Dalal Abu Amneh et l'Égyptienne Mai Farouk, accompagnées par l’Orchestre du monde arabe placé sous la direction du Palestinien Ramzi Aburedwan, interprètent des chansons immortelles qui, en parlant d’amour, de condition féminine ou de poésie, ont fait souffler un vent de modernité et de liberté au Maghreb et au Proche-Orient."

Israël
A l'été 2020, la mairie de Haïfa (Israël) a annoncé qu'une rue de la ville porterait le nom de la chanteuse égyptienne. Ce qui a suscité l'indignation.

"Ca a commencé par Jérusalem (où une rue a été renommée en 2012, Ndlr), puis à Ramla, pour finir à Haïfa", a fustigé le journaliste Eldad Beck dans le quotidien Israel Hayom. Baptiser une rue au nom d'Oum Khalthoum consiste "à commémorer l'une des plus grandes et influentes ennemies d'Israël qui voulait anéantir l'Etat", a-t-il martelé".

Plusieurs vidéos montrant Oum Kalthoum chanter des chansons anti-israéliennes ont été enlevées d'Internet.


"Hommage aux grandes divas orientales" par Olivier Simonnet
France, 2018, 91 min
Production : Electron Libre Productions
Avec Abeer Nehme, Dalal Abu Amneh, Mai Faruk
Direction musicale : Ramzi Aburedwan
Orchestre : Arab World Orchestra
Sur Arte le 26 mars 2019 à 5 h 00
Visuels :
Le chef Ramzi Aburedwan et l’Orchestre du Monde Arabe, Abeer Nehme (chanteuse libanaise ), Dalal Abu Amneh (venue de Palestine) et Mai Farouk (une voix égyptienne).
Credit : © Electron Libre Productions
Ce trio est composé d’Abeer Nehme (chanteuse libanaise, diplômée en musicologie et autant à l’aise avec les registres religieux que populaires), Dalal Abu Amneh (venue de Palestine et acclamée par ses pairs depuis ses seize ans) et Mai Farouk (une des plus jolies voix égyptiennes). Aux côtés de l’Orchestre du Monde Arabe et du chef Ramzi Aburedwan, ces trois artistes interprètent des chansons qui parlent d’amour, de condition féminine, de poésie… Des œuvres qui font souffler un vent de modernité et de liberté sur le monde arabe depuis les années quarante.
Credit : © Electron Libre Productions

Illégitime Défense, ARTE France, 2016, 53 min
Sur Arte le 21 juin 2017 à 22 h 05, les 27 décembre 2017, 10 janvier 2018 et 19 janvier 2018 à 5 h

Visuels :
A la découverte de la chanteuse égyptienne Oum Kalthoum, la plus grande diva du monde arabe.
 © Illigitime défense

Les citations sur le documentaire sont d'Arte et du film, et sur l'exposition de l'IMA. Cet article a été publié le 20 juin 2017, puis les 26 décembre 2017 et 25 mars 2019.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire