dimanche 14 janvier 2024

« Je m’appelle Asher Lev » d’Aaron Posner

Le théâtre des béliers parisiens présente « Je m’appelle Asher Lev », pièce d’Aaron Posner (2009) d’après le roman éponyme à succès de Chaïm Potok (1972), mise en scène signée par Hannah-Jazz Mertens et bien interprétée par Guillaume Bouchède, Stéphanie Caillol, Martin Karmann ou Benoît Chauvin. 
« Dans le Brooklyn d’après-guerre, Asher Lev veut devenir peintre à tout prix, contre la volonté de sa famille juive hassidique, de sa communauté et de ses traditions... »


« Asher Lev dessine comme il respire. L’histoire d’un jeune juif orthodoxe de Brooklyn, qui, aux portes du monde prodigieux de l’art, devra choisir : obéir aux exigences des siens et à son éducation religieuse, ou s’abandonner à son destin exceptionnel. Une pièce sur les affres de la création et les déchirements intimes, culturels et spirituels. »

Pour la première fois sur scène, l’adaptation française de la pièce à succès d’Aaron PosnerMy Name is Asher Lev (2009), tirée du roman de Chaïm Potok (1929-2002), écrivain et rabbin, publié en 1972. En 1990, est édité Le don d'Asher Lev. Un roman en partie autobiographique : le romancier et peintre a grandi dans un milieu juif orthodoxe, mais non hassidique, et se réfugiait dans une bibliothèque publique pour lire les œuvres de James Joyce, Thomas Mann, Fiodor Dostoïevski, Ernest Hemingway et Samuel Joseph Agnon.

Succès aux Festivals d’Avignon Off 2022 et 2023, cette pièce est un succès public - malgré un froid rigoureux, les spectateurs se pressent devant le théâtre situé face à une belle synagogue et acclament les comédiens remarquables - et critique.

« En tant qu’artiste, tu n’es responsable de rien, ni de personne, si ce n’est de toi et de ta vérité ». Cette phrase, martelée par Jacob Kahn, mentor du jeune Asher Lev - en hébreu, Asher signifie "heureux" et Lev "cœur" -, exhorte l'élève à ne pas transiger avec l'art dans un marché caractérisé par les modes et parfois la superficialité, et avec son identité. 

Cette pièce est profondément juive tout en peignant des situations universelles : le mystère du don et de la vocation, la volonté de parents,  Aryeh et Rivkeh, aimants essayant de comprendre leur fils artiste et leurs interrogations pertinentes, les douleurs liées à la Shoah ou au deuil d'un frère, les impératifs de l'art face aux tentations du reniement de soi, l'accomplissement d'une oeuvre au mépris de la sensibilité blessée de ses parents et du respect du aux parents comme le souligne la Torah, les combats de croyants dévoués pour leurs coreligionnaires persécutés... 

Emaillée d'humour, cette pièce se déroule avec comme narrateur, l'artiste peinture adulte qui se souvient de sa prime jeunesse, et par une série de flash-backs.

Elle est excellement interprétée par Guillaume Bouchède, Stéphanie Caillol et Martin Karmann (le 14 janvier 2024).

En observant les parents juifs orthodoxes américains, profondément heurtés, mais respectueux, silencieusement dignes face aux œuvres choquantes exposées dans une galerie d'art newyorkaise, on dressait un parallèle avec des parents musulmans, souvent étrangers et violents, refusant notamment en France toute liberté artistique heurtant leur sensibilité.

Note d’intention de Hannah-Jazz Mertens,
adaptatrice et metteuse en scène

« Je m’appelle Asher Lev est l’histoire d’un petit garçon doté d’un don bien plus grand que lui: le dessin. Bien plus qu’il ne le possède, c’est son don qui possède Asher et il ne peut s’empêcher de l’exercer. Cependant, né dans la communauté juive hassidique, il se heurte à l’incompréhension de son entourage, et tout particulièrement à celle de son père.

Le roman de Chaïm POTOK traite en réalité de nombreux thèmes universels: la religion, l’art, l’éducation familiale et sociale opposée à ce qui nous passionne. C’est à l’âge adulte que nous rencontrons Asher, prêt à nous raconter sa quête identitaire : comment il est devenu Asher Lev l’artiste, Asher Lev le juif hassidique, Asher Lev l’exilé. Nous suivons avec attention la complexité de cette famille dont les membres ne se comprennent pas et dans laquelle il est difficile d’être soi-même sans faire souffrir les autres.

J’ai découvert cette histoire lors de ma formation artistique; à cette période je commençais à construire mon artiste, et à chercher la limite entre elle et moi – peut-on séparer sa personne de son artiste ? Plus qu’un métier, c’est une vraie passion qui déteint sur notre quotidien, et peut devenir notre préoccupation centrale. Chaque jour est pour le comédien, comme pour le dessinateur, une cour où l’on observe, imite, reproduit. Le parallèle entre l’évolution d’Asher et ce que j’étais en train de traverser était une évidence. Ma famille est de confession juive, mes parents sont non-pratiquants mais ils m’ont laissé le choix. Très jeune, je me suis posée la question de la spiritualité, et me la pose encore. Libre de mes choix et de mes croyances, je sens le poids des traditions, ne veux décevoir personne tout en me restant fidèle, et je suis à la fois fascinée et effrayée par ce monde et par tout ce qu’il peut impliquer… Tant de questions que l’on peut prendre toute une vie à y répondre.

Ces questions fondamentales, ne traitent pas forcément de la religion, mais aussi du milieu où l’on naît, de la façon dont on nous éduque et comment cette éducation est confrontée au monde dans lequel on évolue. C’est pour cela que le roman de Chaïm POTOK, et par la suite, sa version scénique, a touché tant de monde. En gardant Asher Lev comme narrateur de sa propre histoire, le spectateur est interrogé directement, personnellement, il est autant acteur que témoin : Asher Lev ouvre le débat en nous contant son histoire. Pour autant, le spectacle ne se termine pas à la fin de son récit, il continue avec la réponse que chaque spectateur pourrait apporter, en comparant ce qu’il vient de vivre à sa propre trajectoire. Cette histoire résonne en nous, qu’on soit un jeune et qu’on cherche sa place, qu’on soit un adulte ayant traversé cette épreuve parfois chaotique, et peut-être maintenant confronté à celle de ses enfants… C’est la force de cette histoire si personnelle et en même temps universelle.

En effet, bien qu’ancrée dans une communauté finalement peu connue du grand public, l’universalité du propos nous parvient, comme nous avons pu le constater avec le succès de la série Unorthodox sur Netflix. Cette série raconte le destin d’une jeune femme voulant se libérer du poids de sa communauté juive ultraorthodoxe de Brooklyn. Son histoire ressemble en certains points à celle d’Asher Lev.

J’ai travaillé sur cette œuvre avec la volonté de rendre au mieux l’extrême sensibilité de ce texte qui m’a touchée de plein fouet. En cette période où le caractère essentiel de l’art est remis en question, l’histoire d’Asher résonne de plus en plus fort et j’espère avoir la chance de pouvoir la faire découvrir lorsque nous pourrons à nouveau tous nous réunir. J’espère que ce dossier pourra vous donner une idée de ce projet qui me tient tant à cœur et que vous souhaiterez raconter cette belle histoire avec nous. »

L’importance de la Musique

« La musique occupe une place très importante dans la tradition hassidique. Comme dans beaucoup de religions, le chant est omniprésent dans les prières et est indispensable lors des fêtes ou autres événements importants de la communauté. C’est donc tout naturellement qu’elle a sa place dans le spectacle. En plus d’airs traditionnels qui nous plongeront dans l’univers dans lequel évolue Asher depuis sa plus tendre enfance, nous aimerions créer un univers musical illustrant l’intériorité du personnage d’Asher. C’est pour cela que nous pensons nécessaire de travailler avec un compositeur. »



À partir du 12 janvier 2024
14 bis, rue Sainte Isaure. 75018 Paris
Tél. : 01 42 62 35 00
Adaptée du roman à succès de Chaïm Potok
Mise en scène : Hannah-Jazz MERTENS
Adaptation française : Hannah-Jazz MERTENS
Assistante à la mise en scène : Jade MOLINIER
Création lumières : Bastien GERARD
Costumes : Bérengère ROLAND
Scénographie : Capucine GROU-RADENEZ
Musique originale : Manu MERTENS
Avec Guillaume Bouchède, Stéphanie Caillol, Martin Karmann ou Benoît Chauvin
Durée : 1 h 30
Du mardi au samedi à 19 h 00
Matinée le dimanche à 17 h 00

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire