mercredi 26 novembre 2025

« L'exode oublié des Juifs arabes » de Marcel Prins

Arte diffuse sur son site Internet « L'exode oublié des Juifs arabes » (
Een Vergeten Uittocht  ; A Forgotten Exodus), série documentaire en deux parties de Marcel Prins (2023). Des témoignages, parfois illustrés par des animations, sur l'exil d'environ un million de Juifs contraints de quitter des pays Arabes, l’Iran, la Turquie, la vieille ville de Jérusalem occupée par la (Trans)Jordanie, le Golan, la Judée, la Samarie, etc., essentiellement des années 1940 aux années 1970 et en direction d'Israël, de l'Europe, de l'Australie et de l'Amérique du nord. Lors de l'office du chabbat du 29 novembre 2025, de nombreuses synagogues rappelleront cet exode et un kaddish y sera dit. Votre présence permettra d'y avoir le minyan

Il faut bien chercher pour trouver sur les sites d’ARTE la série documentaire « L'exode oublié des Juifs arabes » réalisée par Marcel Prins, auteur aussi de livres sur les enfants juifs durant la Deuxième Guerre mondiale. ARTE n’en informe que sur son site www.arte.tv. Alors que sa programmation empathique pour les "pov' Palestiniens" est surabondante.

Rappelons que cette « chaîne franco-allemande de service public et à vocation européenne » avait refusé de diffuser les documentaires de Pierre Rehov, notamment « Le cheval de Troie » (« Trojan Horse - Israel and the War of Images », 2001), « Terre Sainte : Chrétiens en péril » sur les persécutions des chrétiens par l’Autorité palestinienne (2002), et « Les réfugiés du silence » (« Silent Exodus ») sur l'exode des Juifs ayant dû quitter les pays arabo-musulmans.

Environ un million de Juifs ont été contraints de quitter des pays arabes, l’Iran, la Turquie, la vieille ville de Jérusalem occupée par la (Trans)Jordanie, du Golan, etc., essentiellement des années 1940 aux années 1970 et en direction d'Israël, de l'Europe et de l'Amérique du nord. La valeur de leurs biens abandonnés est évaluée à 150-200 milliards de dollars. La superficie des biens dont ces Juifs ont été spoliés (100 000 km²) est cinq fois supérieure à celle de l'Etat d'Israël.

En 2014, la Knesset a choisi le 30 novembre comme Journée commémorant "l'exode oublié" ou plutôt « l'exil et l'expulsion des Juifs des États arabes et de l'Iran ». Soit le lendemain de l'adoption le 29 novembre 1947, par le vote de la résolution 181 de l'Assemblée générale de l'ONU, du plan de partage de la Palestine mandataire et le jour du début de la réaction violente annoncée d'Etats musulmans contre "leurs" Juifs ("Une guerre d'extermination et un massacre capital"). 

Depuis quelques années, cet évènement tragique est rappelé chaque année dans les synagogues soit le 30 novembre si cette date tombe un chabbat, soit le dernier chabbat avant le 30 novembre, afin qu’un Kaddish soit dit et une Azkara, ou Hazkara aient lieu à la mémoire des Juifs enterrés dans des cimetières situés dans ces pays et aux tombes souvent inaccessibles. Cette année, ce sera durant le chabbat du samedi 29 novembre 2025.

C’est ce thème qu’évoque le réalisateur néerlandais Marcel Prins dans sa série documentaire en deux parties « A Forgotten Exodus » (Een Vergeten Uittocht A Forgotten Exodus) qui a été diffusée sur NPO, chaine nationale des Pays-Bas et projetée dans des festivals cinématographiques juifs au Canada, aux Etats-Unis... Le documentariste a été interviewé par Harif, "association de Juifs originaires de la MENA" (Afrique du nord et Moyen-Orient), et défendant les droits des juifs réfugiés.

Arte a traduit de manière erronée le titre original par « L'exode oublié des Juifs arabes ». Or, ces juifs vivaient dans ces pays bien avant l'invasion Arabe musulmane, souvent depuis des millénaires, et étaient généralement des autochtones, souvent berbères, turcs ou iraniens. Ils n'étaient donc par Arabes. En outre, en Israël, des essayistes les qualifient de « mizrahi » (Orientaux, en hébreu), ce qui surprend car les juifs d'Afrique du Nord vivaient à l'ouest du monde musulman, et se définissaient plutôt comme "sépharades" pour se distinguer des "ashkénazes".

« Au début du XXᵉ siècle, environ un million de Juifs vivaient au Moyen Orient et en Afrique du Nord. Les Juifs y étaient souvent ostracisés, parfois parqués dans des quartiers vétustes où les lois du pays ne s’appliquaient pas de la même manière pour eux ». Les Etats colonisateurs européens ont libéré les juifs de la dhimmitude qui leur avait été imposée sous domination islamique.

« Cette série documentaire raconte leur exode. Après la proclamation de l’État d’Israël en 1948, les violences à leur encontre se sont intensifiées. Jusqu’à la fin des années 1970, quasiment toute la population juive a alors fui le monde arabe, la majorité d’entre eux rejoignant Israël. Raphael, Shaul, Yehuda et d'autres relatent leur histoire. »

« Huit anciens réfugiés, nés à Bagdad, Alep, Tripoli, Fès, Le Caire, Aden et Sanaa, racontent comment ils ont été contraints de fuir vers Israël alors qu'ils étaient enfants ou adolescents. Ils évoquent le changement d'atmosphère et comment ils ont été obliger de quitter leur pays natal (la plupart illégalement) en camion, en bateau ou en avion. "

"Leurs récits sont illustrés par des animations et des extraits de films rarement vus auparavant. Chez plusieurs personnes interrogées, les horreurs du 7 octobre 2023 ont ravivé le souvenir des violences et de la terreur anti-juives dans les pays Arabes. Les expériences qu'ils décrivent sont plus pertinentes que jamais".

La première partie évoque « Raphaël, Shaul, Edy et Lily, qui alors enfants, habitaient Fez, Alep ou Bagdad. » La seconde partie est consacrée à « Yehuda, Levada, Shimon, Liliana, qui, alors enfants, habitaient Sanaa, Le Caire, Aden ou Tripoli. » 

INTERVIEW DE MARCEL PRINS

« Pourquoi avez-vous choisi de traiter ce sujet ?
Marcel Prins : C'est une partie importante de l'histoire et du patrimoine juifs, et j'ai été surpris que si peu de gens connaissent cette histoire. Celle-ci est également totalement absente du discours sur le conflit israélo-palestinien. Le fait que l'énorme croissance de la population israélienne dans les années 1950 ait été principalement causée par les réfugiés mizrahim est presque totalement inconnu. Je voulais faire connaître et rendre accessibles ces histoires.

Comment avez-vous travaillé ? Avez-vous trouvé facilement des témoignages ?
Je me suis rendu dans les différents « centres » qui représentent les différents groupes : le Centre du patrimoine juif babylonien à Or Yehuda pour l'Irak, le Centre du patrimoine juif libyen également à Or Yehuda, le Centre du patrimoine juif d'Aden à Tel Aviv, etc. Ils m'ont aidé à trouver des histoires intéressantes. 

Pourquoi avez-vous choisi d'illustrer certains évènements par des scènes d'animation ?
Je voulais recréer certaines images issues de mes souvenirs d'enfance. J'avais déjà utilisé l'animation pour cela dans un autre projet (sur les Juifs cachés pendant la Seconde Guerre mondiale https://hiddenlikeannefrank.com/index.html). Je trouve que c'est un outil très intéressant, car il permet d'entrer dans une autre « dimension » de l'histoire.

Le documentaire a été réalisé pour la télévision néerlandaise et diffusé là-bas. Au début, d'autres chaînes étrangères ont manifesté beaucoup d'intérêt, mais cela s'est « arrêté » immédiatement après le 7 octobre 2023.

Comment votre documentaire a-t-il été accueilli par le public ?
J'ai reçu beaucoup de commentaires positifs de la part des gens ici en Hollande. Mais à titre personnel. Malheureusement, le film n'a finalement pas été diffusé à l'étranger. À l'exception d'Arte/Canal+.
J'ai passé un très bon moment avec Harif dans un cinéma à Londres. »


« L'exode oublié des Juifs arabes » de Marcel Prins
Pays-Bas, 2023, 2x57 min
Disponible sur arte.tv jusqu'au 20/04/2026


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