lundi 31 août 2020

« La fabrique du film allemand. L’UFA fête ses 100 ans » par Sigrid Faltin


Arte rediffusera le 3 septembre 2020 « La fabrique du film allemand. L’UFA fête ses 100 ans » (100 Jahre UFA. Im Maschinenraum des deutschen Films) par Sigrid Faltin. « Créée en 1917, l’UFA (Universum Film AG) a changé cinq fois d’étendard en cent ans, en passant de la République de Weimar au régime nazi puis à l’ère Adenauer, fondateur de l'Allemagne contemporaine. Depuis ses studios de Babelsberg, ce paquebot cinématographique s’est imposé comme le miroir de l’Allemagne ».

Firme centenaire, l’UFA (Universum Film AG) « est une société de production cinématographique dont le parcours tumultueux fera écho aux nombreux bouleversements de l’histoire allemande. Les trois lettres UFA sont synonymes de cinéma allemand.

Fondée en 1917 sous le nom de BUFA (Bild-und Filmamt) « dans un but de propagande par les militaires de l’empire allemand finissant », pour contrer, en interne et à l’international, la propagande des Alliés, l’UFA s’intègre dans une guerre psychologique. C’est une société associant comme principaux actionnaires l’Etat allemand, la Deutsche Bank.

Après 1918, sous l’impulsion de la Deutsche Bank, l’UFA produit notamment, vers le grand public, les comédies d’Ernst Lubitsch.

Privatisée en 1921, l’UFA bénéficie en 1922 de nouveaux studios, à Babelsberg

Au fil des années, lors des décennies de son apogée (années 1920 et 1930), elle rachète d’autres compagnies.

Elle promeut au rang de stars mondiales Emil Jannings, Pola Negri, Conrad Veidt et Lya de Putti. Et emploie de prestigieux réalisateurs du cinéma muet : Fritz Lang, Ernst Lubitsch, Joe May, Friedrich Wilhelm Murnau, Georg Wilhelm Pabst, Otto Rippert, Arthur Robison, Wilhelm Thiele…

En 1927, l’UFA connait des difficultés : certains de ces réalisateurs émigrent à Hollywood, les films américains s’affirment en rivaux séduisant une part croissante du public allemand, l’UFA affronte des problèmes sur les marchés étrangers, le budget de Metropolis de Fritz Lang enfle. 

Sous la férule d’Alfred Hugenberg et du directeur général Ernst Hugo Correl, l’UFA aborde avec succès l’ère du parlant : accord avec la Tobis-Klangfilm, sortie de L’Ange bleu, etc.

Sous le régime nazi, l’UFA est nationalisée par Joseph Goebbels, ministre du Reich à l’Éducation du peuple et à la Propagande, qui la protège par des mesures protectionnistes. Hugenberg est évincé. A partir du 29 mars 1933, 26 professionnels juifs sont contraints de quitter leurs fonctions.

En mars 1937, Hugenberg est obligé de vendre ses parts à la Cautio Treuhand GmbH, société dont le gouvernement nazi est actionnaire. Refusant d’adhérer au NSDAP (Parti national-socialiste des travailleurs allemands, Nationalsozialistische Deutsche Arbeiterpartei), Ernst Hugo Correll est viré.

« Organisme d’État » étroitement contrôlé par Goebbels, l’UFA distribue en 1940 La Belle Diplomate (Frauen sind doch bessere Diplomaten), de Georg Jacoby, premier film allemand en couleurs. Un échec commercial.

En 1940, l’UFA fonde sa filiale française, la Continental Films.

De 1942 à 1944, s’effectue la nationalisation de l’UFA, des autres sociétés de production cinématographique, et de ses filiales.

En 1945, dans le cadre de la dénazification, les Alliés dissolvent l’UFA. Ce qu’enregistre le Bundestag en 1953.

L’Armée rouge s’emparent des studios de Berlin et de Babelsberg de la UFA. Là, sera tourné Les assassins sont parmi nous, premier film produit en Allemagne après le conflit.

En 1956, sont reconstituées la Bavaria Film et la UFA, dont la Deutsche Bank devient un actionnaire majeur. Deux ans plus tard, sort Une gamine précoce (Stefanie), de Josef von Báky avec Sabine Sinjen. C’est le premier film de fiction produit.

En 1964, Bertelsmann achète des unités de production de l’UFA. Sous son impulsion, l’UFA s’orient vers la production de téléfilms et documentaires, la diffusion de matchs.

Le Gouvernement allemand institue le Friedrich-Wilhelm-Murnau-Stiftung pour préserver l’oeuvre de Friedrich Wilhelm Murnau et d’initier la restauration de ses films.

En 1969, cesse la production cinématographique de l’UFA.

En 2013, l’UFA est réorganisée en trois départements : UFA Fiction, UFA Serial Drama, UFA Show & Facutal

L’UFA  « a changé cinq fois d’étendard en cent ans, en passant de la République de Weimar au régime nazi puis à l’ère Adenauer, fondateur de l'Allemagne contemporaine. Depuis ses studios de Babelsberg , ce paquebot cinématographique s’est imposé comme le miroir de l’Allemagne ». 

Ce « paquebot du septième art a dû changer cinq fois de pavillon au cours de son histoire : le Kaiser, la République de Weimar, le nazisme, l’ère Adenauer et, finalement, la télévision commerciale. Qui ont été les capitaines, les caps qu’ils ont suivis, les intrigues et les conflits derrière les nuits dansantes enfiévrées ? » 

« Société de production qui aura connu des fortunes diverses au fil des années, l’UFA a tout produit : du cinéma visionnaire à la propagande la plus nauséabonde. La liste des films tournés dans ses studios est le miroir de l’histoire allemande de la première moitié du XXe siècle ». 

« Dans l’entre-deux-guerres, l’UFA a produit de nombreux chefs-d'œuvre et révélé des maîtres comme Ernst Lubitsch, Fritz Lang, Friedrich Wilhelm Murnau et Douglas Sirk. « Qui tirait les ficelles, quelles luttes de pouvoirs se jouaient en coulisses ? » 

Le « centenaire de ces studios mythiques est l’occasion d’un retour en images – illustré d’extraits de films cultes ou oubliés, mais aussi d’interviews d’historiens et de professionnels du septième art – sur l’histoire d’un empire disparu sous les bombes et ressuscité partiellement de ses cendres en RDA » (République démocratique allemande) sous orbite soviétique.

Pour célébrer ce centenaire, ARTE propose dès le 28 août 2017, et jusqu’en décembre 2017, un « florilège de films, depuis l’époque du cinéma muet jusqu’à au-jourd’hui : 20 longs métrages en version restaurée tout récemment par la Fondation Murnau (Les aventures fantastiques du Baron Münchhausen, On a arrêté Sherlock Holmes, L’ange bleu …), deux documentaires inédits (100 ans de l’UFA, la fabrique du cinéma allemand et Quand Hitler faisait son cinéma), et un Court-Circuit spécial, avec les plus grandes signatures comme Georg Wilhelm Pabst, Friedrich Wilhelm Murnau, ou Josef von Sternberg ou Robert Siodmak. Un bon nombre d’étoiles du cinéma d’antan qui atteste de la diversité de la production cinématographique de ce demi-siècle. Tous les genres seront à l’honneur : films à costumes et comédies loufoques, policiers et mélodrames, Kulturfilme, cinéma muet et films de propagande ».

Parmi ces films : Les Films interdits du 3e Reich de Felix Moeller, diffusé le 4 décembre 2017 à 0 h 15, Quand Hitler faisait son cinéma, de Rüdiger Suchsland, programmé le 11 décembre 2017 à 0 h 15, Paramatta, bagne des femmes, de Detlef Sierck, devenu à Hollywood Douglas Sirk.

« Sur internet, ARTE s’arrête sur les grands événements, expositions et conférences organisés pour les 100 ans de l’UFA, et proposera une retransmission en direct des Nuits du cinéma de l’UFA qui sont organisées par Bertelsmann et la UFA et auront lieu sur l’Île des musées à Berlin en août 2017 ».

Sorte de making of de l’UFA, ce documentaire « La fabrique du film allemand. L’UFA fête ses 100 ans » retrace l’histoire de la plus grande et la plus ancienne société de production allemande ». 

L’UFA « est un double miroir de l’histoire allemande : la vie des studios en est le reflet, et bien sûr aussi les films qu’elle a produits. L’histoire allemande est le cadre du film, le fil rouge en est la recherche de son ADN ».


58 Min.
Sur Arte les 28 août 2017 à 22 h 45 et 3 septembre à 00 h 35
Disponible du 02/09/2020 au 08/09/2020

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Les citations sont d'Arte. Cet article a été publié le 26 août 2017.

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