mardi 14 mars 2017

Controverses – Photographies à histoire


La Bibliothèque nationale de France a présenté en 2009, sur son site Richelieu, l’exposition itinérante éponyme au catalogue intéressant (Controverses - Une histoire juridique et éthique de la photographie). Une réflexion sur des clichés ayant suscité des procédures judiciaires et des polémiques. Accusée de sexisme, la campagne publicitaire photographique de la marque Yves Saint-Laurent a été retirée.



Après le musée de l’Elysée (Lausanne), la Bibliothèque nationale de France a présenté plus de 70 clichés « ayant fait l’objet de procédures judiciaires ou de polémiques ».

Rassemblées par Daniel Girardin et Christian Pirker, ces photographies révèlent « les limites de ce qui est représentable » et diffusable « selon les pays, les cultures et les époques », les interprétations et l’instrumentalisation politique des images, les débats sur le droit d’auteur et le droit à l’image ainsi que la personnalité des photographes.

Longtemps conçues par Oliviero Toscani, auteur aussi de l’affiche du film Amen de Costa-Gavras, les campagnes publicitaires de la firme Benetton jouent souvent sur le registre de la provocation.

Le 2 mai 1945, Evgueni Khaldei (1917-1997), Juif ukrainien dont la famille a été décimée par la Shoah, photographie le drapeau de l’URSS flottant sur Berlin. Une photo inspirée par celle de Joseph Rosenthal (1911-2006) sur des soldats américains hissant le drapeau américain sur l’île japonaise d’Iwo Jima (23 février 1945). Palgounov, rédacteur de l’agence Tass, remarque qu’un officier soviétique sur ce cliché porte deux montres. Pour éviter de conforter la rumeur d’exactions de l’Armée rouge, l’agence demande à Khaldei de retoucher l’image pour effacer la montre du bras droit. Ce que Khaldei fera.

A cette exposition et à son catalogue, il manque l’analyse des « faux-tos » produites par le Hezbollah et ses supplétifs lors de la guerre d’Israël contre ce mouvement terroriste au Liban (été 2006). Un cas d’école sur la diffamation d’Israël.

Depuis, d’autres photographies ont suscité des controverses : conformément à la loi de 1991 (dite loi Evin) qui prohibe toute propagande en faveur du tabac, des photographies ont été retouchées pour censurer la cigarette d’Albert Camus, de Jean-Paul Sartre, d’Alain Delon et d’Audrey Tautou incarnant Coco Chanel – censure par la régie publicitaires de la RATP - ou la pipe de Jacques Tati.

Le 30 mars 2015, la RATP (Régie autonome des transports parisiens) et sa régie publicitaire Metrobus, ont diffusé 250 affiches promouvant le concert des Prêtres à l'Olympia le 14 juin 2015, en omettant d'indiquer qu'il sera "au bénéfice des chrétiens d'Orient". Elles avaient allégué le "principe de neutralité du service public", "le contexte d'un conflit armé à l'étranger", et la volonté d'éviter la division. Ce qui revenait à mettre sur le même plan les chrétiens d'Orient persécutés et leurs persécuteurs, et à ignorer le consensus en faveur des victimes chrétiennes. Après l'attentat terroriste du 2 avril 2015, par le groupe islamiste somalien Al-Shabbaab à l'université de Garissa (Kenya) - 147 morts, essentiellement chrétiennes -, devant l'indignation, toutes tendances politiques et religieuses confondues, et après la réaction indignée du Premier ministre Manuel Valls le 6 avril 2015, la RATP a finalement autorisé la mention qu'elle avait auparavant censurée.

Accusée de sexisme, objet d'une intense polémique sur les réseaux sociaux, la campagne publicitaire photographique de la marque Yves Saint-Laurent a été retirée. Ces deux photographies ont été considérées comme "dégradantes", incitant au viol.


Visuel de l'affiche :
Oliviero Toscani, Kissing-nun, 1992
© Copyright 1991 Benetton Group S.p.A
Photo : Oliviero Toscani


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Cet article a été publié en 2009 par L'Arche en une version plus concise. Il a été publié  sur ce blog le 17 novembre 2011, puis le 12 avril 2015.

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