samedi 12 janvier 2019

Hommage aux donateurs du musée d'art et d'histoire du Judaïsme


Le musée d’art et d’histoire du Judaïsme (mahJ) propose, dans le cadre de son vingtième anniversaire, l’accrochage dans son parcours permanent intitulé « Hommage aux donateurs » d’une centaine d’oeuvres qu’ils ont données. Ouvres d’art ou/et rituels, vêtements, cartes postales, archives familiales… Ces dons, parfois anonymes, constituent autant de témoignages émouvants sur le judaïsme et des Juifs, ashkénazes et sépharades, sur plus d’un millénaire et plusieurs continents.


Né « de la volonté commune de l’Etat, de la Ville de Paris et des institutions juives » françaises, le musée d’art et d’histoire du Judaïsme était inauguré en novembre 1998 dans l’hôtel de Saint-Aignan, mis à disposition par la Ville ».

« A l’ouverture, le mahJ présentait deux ensembles majeurs déposés par le musée national du Moyen-âge : les stèles funéraires médiévales, données par Louis Hachette en 1853, ainsi que la collection constituée au XIXe siècle par Isaac Strauss (1806-1888) et acquise en 1890 par Charlotte de Rothschild (1825-1899) pour le musée de Cluny. L’accrochage faisait aussi une place au fonds du musée d’Art juif de Paris, créé en 1948, qui joua un rôle actif dans la création du mahJ et donna sa collection en 2002. S’y ajoutaient des dépôts de diverses institutions et des acquisitions effectuées à partir de 1988 ».

Du Musée d’art juif de Paris au mahJ
Le 18 avril 2002, le Musée d’art juif de Paris a transféré la propriété de sa collection au Musée d’Art et d’Histoire du Judaïsme, jusque-là dépositaire. Une cérémonie cordiale, parfois émouvante, a officialisé cet acte juridique et symbolique : le passage d’un musée à l’autre. L’occasion de retracer l’histoire des deux institutions.

Avant de signer l’acte de transfert, Me Théo Klein, président du MAHJ, et surtout Claude-Gérard Marcus, président du Musée d’art juif de Paris (1967-1998) et premier président du mahJ, ont remercié l’équipe, les donateurs et les élus bienveillants à l’égard du Musée et de son successeur, devant un auditoire composé de Christophe Girard, adjoint à la culture du Maire de Paris, Pierre et Béatrice Rosenberg, Gabriel Kaspereit, Jacky Bohbot, et Béatrice Rosenberg, le rabbin Pauline Bebbe et d’autres personnalité.

Plus de cinquante ans d’histoire du Musée d’art juif de Paris ont défilé quand Me Théo Klein, président du MAHJ, et surtout Claude-Gérard Marcus, président du Musée d’art juif de Paris (1967-1998) et premier président du MAHJ.

Tous deux ont rendu hommage aux équipes, donateurs et élus qui ont permis l’avènement et le développement du Musée et de son successeur. 

« En 1948, en hommage à une culture disparue dans la Shoah, Léon Frenkiel et l’ORT ont créé les Archives et le Musée d’art populaire juif », a déclaré Me Théo Klein. 

« Le Dr André Bernheim en avait conçu l’idée en 1938 ».

Le 31 octobre 1950, Léon Frenkiel, l’ORT, le Président Léon Meiss, le Dr Bernheim, Eric Schieber, Mme Roubach, les peintres Marc Chagall et Mané-Katz ouvrirent le Musée installé 12, puis 42, rue des Saules (75018). 

Ce musée a reçu des « objets de culte de la Jewish Restitution Successor Organization (1951), un fonds documentaire sur des synagogues et des objets religieux européens et maghrébins. Le comité d’honneur a compris Jules Isaac, André Spire, de grands rabbins, etc. Premier conservateur du Musée, Marie Chabchay rassembla notamment des oeuvres d’artistes de l’Ecole de Paris. Sophie Rosenberg lui succéda (1974-1998) et contribua à l’enrichissement de la collection. Ont aidé le Musée : Philippe Kremer, Gérard Nahon, Jacob Dahan du Merkaz de Montmartre, Marcel Bleustein-Blanchet, Alain de Rothschild, etc. Le prix d’art Adolph Neuman a distingué de jeunes artistes », a résumé Claude-Gérard Marcus.

Ce fut un « combat incessant pour trouver l’argent nécessaire, varier les expositions et attirer le public le plus large dans un Musée » qui, dès 1948, espérait emménager dans le Marais et comptait dans son comité d’honneur notamment l’historien Jules Isaac, André Spire ainsi que deux grands rabbins. 

M. Marcus a souligné le besoin d’espace du MAHJ pour présenter les oeuvres d’artistes juifs de la seconde moitié du XXe siècle. 

Dans un discours lu par Nathalie Hazan-Brunet, directrice par interim, Laurence Segal, directrice du MAHJ, a salué ce « passage de générations ».

Jacques Toubon a remis les insignes d’officier des Arts et Lettres à M. Marcus, « député (1968-1997), membre du Conseil de Paris ou maire (1965-2001), grand professionnel de l’art et défenseur des intérêts de la communauté juive, et à travers elle, des valeurs républicaines ». 

Un vœu : disposer d’espaces pour présenter au public les oeuvres des artistes juifs de la seconde moitié du XXe siècle.

600 donateurs honorés
« Au fil des années, les collections ont été enrichies par des achats, mais elles seraient infiniment moins diverses sans les quelque trois mille dons reçus de personnes privées, attachées au musée et désireuses de rendre tangible l’histoire des juifs en France, celle de leur communauté ou, plus modestement, celle de leur famille. Par leur générosité, ces donateurs ont doté le mahJ d’oeuvres qu’il n’aurait pu acquérir et qui ont permis de combler des lacunes, notamment sur le Maghreb et le Levant, et de renforcer la cohérence de la collection ».

« A l’occasion de son vingtième anniversaire, le mahJ, présidé par Dominique Schnapper, « rend hommage à la générosité de ces six cents donateurs qui ont fait le choix de transformer en un bien public inaliénable une partie de leur patrimoine. L’accrochage « Hommage aux donateurs » met à l’honneur une centaine d’entre eux auprès des oeuvres qu’ils ont données. Chacun fait l’objet d’un cartel qui tente de rendre compte de sa personnalité et de l’esprit de son geste ».

Objets liturgiques ou rituels, œuvres d’art, souvenirs familiaux… Tous témoignent de l’histoire des Juifs en France, mais pas seulement en France métropolitaine, de leur contribution à l’histoire de la France et de leur intérêt pour cette histoire, ainsi que de leur philanthropie. Les Sépharades – judéo-espagnols ou juifs du monde arabe ou/et musulman - sont aussi représentés.

« L’accrochage suit le déroulement du parcours permanent et met en évidence l’importance des dons dans les collections. Apres la salle d’introduction, il adopte une logique chronologique et géographique : le Moyen Age en France et en Espagne, les juifs en Italie, Amsterdam au XVIIe siècle, le monde ashkénaze traditionnel, les judaïsmes levantin et maghrébin, l’émancipation en France, l’affaire Dreyfus, les juifs dans la Grande Guerre, les avant-gardes en Europe orientale, l’Ecole de Paris.

Les « oeuvres sont présentées tout au long du parcours, de la salle d’introduction (1er étage) aux combles (2e étage), du Moyen Age au XXe siècle, de la plus ancienne Torah de la collection aux peintres de l’Ecole de Paris. Dans le foyer de l’auditorium (sous-sol), un ensemble d’oeuvres du XXe siècle rend compte de la diversité des collections modernes et contemporaines. Enfin, la courette (à proximité de la librairie) abrite une nouvelle version des Habitants de l’hôtel de Saint-Aignan en 1939, oeuvre conçue pour le mahJ et offerte par Christian Boltanski en 1998 ».

« Quelques oeuvres majeures ponctuent le parcours, comme la Torah espagnole offerte par la famille d’Inna et Elie Nahmias, la stèle d’Ennezat sauvée par Berthe-Paulette Abravanel, les poèmes liturgiques de Simon Ben Tsemah Duran offerts par ses lointains descendants, les Funérailles juives d’Alessandro Magnasco (1667-1749) acquises grâce à un donateur anonyme, la soukkah acquise avec l’aide décisive de Claire Maratier, la Femme au hennin de Felix Barrias (1822-1907) offerte par Georges Aboucaya, Le Pogrom de Kichinev de Jules Grandjouan (1875-1968) donné par Theo Klein, les documents de l’affaire Dreyfus donnés par la famille du capitaine, les oeuvres de l’Ecole de Paris données, là encore, par Claire Maratier, fille du peintre Michel Kikoine (1892-1968), les oeuvres de Lasar Segall (1891-1957) offertes par Lucy Citti Ferreira, pour n’en citer que quelques-unes. »

Le commissariat général est assuré par Paul Salmona, directeur du mahJ, le commissariat par Dorota Sniezek, avec la collaboration de Nicolas Feuillie et de Fanny Schulmann.

Foyer
Dans le parcours permanent, les dons contribuent au propos que le mahJ a porté des sa création, déployant une vision du judaisme unique dans le paysage muséal européen par son spectre chronologique comme par sa diversité géographique. Dans le foyer de l’auditorium, les oeuvres montrent comment les contacts noués avec les donateurs ont permis d’infléchir le projet originel du musée de facon parfois inattendue. Ces évolutions s’articulent principalement autour des résonances de l’histoire contemporaine dans les cultures du judaïsme.

Parmi les oeuvres présentées, nombreuses sont celles qui portent, par l’histoire à laquelle elles se rattachent, la marque de la Shoah : de la trajectoire de Léon Weissberg (1895-1943), assassiné à Majdanek, des portraits par Zber (1909-1942) de ses codétenus à Beaune-la-Rolande, jusqu’aux poupées de Michel Nedjar (ne en 1947) et aux Funérailles de Judith Bartolani (née en 1957). D’autres ensembles permettent d’évoquer d’importantes libéralités, qui font du mahJ un lieu de référence pour certains artistes : les donations de Rubin Lipchitz, frère du sculpteur Jacques Lipchitz (1891-1973), ou de Kiyoko Lerner, veuve de Nathan Lerner (1913-1997), parmi d’autres. Enfin, des oeuvres témoignent du dialogue privilégié engagé par le mahJ avec certains artistes comme Cécile Reims (née en 1927) ou Micha Ullman (né en 1939) et montrent une collection en constante évolution.

Les donateurs

Les donateurs auxquels le mahJ rend hommage de mars 2018 à janvier 2019 sont présentés dans l’ordre dans lequel ils apparaissent dans les salles. Chaque notice est suivie de l’oeuvre donnée mise en exergue dans le parcours permanent, dans le foyer de l’auditorium et dans la médiathèque.

Parcours permanent
Carole Benzaken
Née en 1964 à Grenoble, Carole Benzaken vit et travaille à Paris. Diplômée de l’école nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris, elle a été lauréate du prix Marcel Duchamp en 2004. Ses premières oeuvres font appel à une palette de couleurs vives et franches et jouent sur les effets de transposition des images.
L’étude des textes bibliques, une invitation à exposer dans un centre d’art en Pologne bâti sur les ruines d’une synagogue incendiée par les nazis en 1939, font prendre à son oeuvre un tournant. Elle entreprend la réalisation de cette Megillah ben Adam, inspirée de la vision d’Ezechiel sur les ossements desséchés. Elle travaille sur les versets 1 à 14, transpose ses images, prélevées dans la presse ou dans ses photographies personnelles, au sein du texte, sans chercher à l’illustrer.
Carole Benzaken (Grenoble, 1964)
Megillah ben Adam
Paris, 2011
Don de l’artiste en 2012

Vivian Ostrovsky
Ce tableau, offert par Vivian Ostrovsky à la mémoire de son père, est une très belle representation de Jérusalem, peinte sans doute dans la ville même. On ne connait pas son auteur, mais on peut supposer que l’oeuvre etait destinée à célébrer le souvenir d’un pèlerinage ou d’un voyage ; la minutieuse légende en bas précise sans doute les lieux recherchés et visités par les nombreux pèlerins et voyageurs.
Ce n’est probablement pas une peinture exécutée à l’intention d’une communauté juive, car elle met en avant les nombreux sites du Nouveau Testament. A cet égard, on peut la rapprocher des gravures et des plans publiés à l’usage des voyageurs désireux de voir les lieux saints, et propagés par l’essor de l’imprimerie. La réalisation de cette Vue de Jérusalem précède de peu l’engouement des Occidentaux pour les voyages en Orient qui se développera à partir de la seconde moitié du XVIIIe siècle.
Anonyme
Vue de Jérusalem
1740
Huile sur toile
Don de Vivian Ostrovsky en 2016, en memoire de son pere, Georges (Rehor) Ostrovsky

Famille Kraemer
Vice-président et trésorier du mahJ de 1988 jusqu’à son décès en 2011, Philippe Kraemer a joué un rôle important dans la création et le développement du musée. 
Antiquaire renommé, il avait été l’une des personnalités les plus actives du comité du musée d’Art juif de la rue des Saules. Apres sa disparation, sa famille a offert au mahJ ce décret de l’Assemblée nationale, daté de 1790, rappelant la protection juridique dont jouissent les juifs de France avant leur émancipation en 1791.
Proclamation du Roi sur un décret de l’Assemblée Nationale concernant les Juifs
Imprimerie Jean-Baptiste Capel
Dijon, 1790
Don de la famille Kraemer en 2013

Famille Justman-Tamir
Descendants de Chana Orloff (1888- 1968), les membres de la famille Justman-Tamir, et notamment Ariane Tamir et Eric Justman, petits-enfants de l’artiste, s’occupent encore aujourd’hui de l’atelier de leur grand-mère, à la villa Seurat, à Paris. Construit par Auguste Perret dans les années 1920, ce lieu est un écrin moderniste qui permet de saisir la place particulière qu’a tenue la sculptrice dans l’histoire des avantgardes parisiennes.
Née en Ukraine dans une famille qui fuit les pogroms en 1905 et s’établit en Palestine, Chana Orloff émigre à Paris en 1910 et travaille d’abord comme styliste, avant de devenir sculptrice, et de se lier avec les artistes de Montparnasse.
Connue comme une grande portraitiste, elle livre ici une représentation allégorique de l’artiste juif, qui résonne avec le destin de nombreuses personnalités de l’Ecole de Paris.
Chana Orloff (Tsare Konstantinovska,
Ukraine, 1888 – Tel-Aviv, 1968)
Le Peintre juif (Reisin ?)
Paris, 1920
Bronze patine
Don de la famille Justman-Tamir en 1998
Berthe-Paulette Abravanel
Née dans une famille originaire d’Alep, 
Berthe-Paulette Adès (1918-2003) épouse Edgar Abravanel en 1937.
Réfugiée au Congo de 1943 à 1945, elle est auditrice à l’Ecole du Louvre dans les années 1950, puis crée le groupe « Jeunes » au sein de l’Union des Israélites séfardis de France. Dans les années 1970, elle fonde l’Elan de solidarité nationale en faveur du patrimoine historique et artistique de la France et s’oriente vers le mécénat industriel.
Membre de la commission des Archives juives, elle agit pour la protection du cimetière juif médiéval d’Ennezat. C’est dans ce bourg du Puy-de-Dome qu’elle organise, en 1976, le sauvetage de cette stèle funéraire mise au jour par un décollement de l’enduit de façade d’une maison au 5, rue de la Fontaine. Berthe- Paulette Abravanel finance la réparation du mur et la dépose de la stèle, qu’elle donne au musée d’Art juif.
Stèle funéraire (fragment)
Ennezat, Puy-de-Dome, XIIIe siecle (?)
Andesite (lave)
Inscription : ≪ Joseph fils d’Abraham, qui s’en fut le troisième jour de la péricope
[…] ≫
Fonds du musée d’Art juif, don de Berthe-Paulette Abravanel en 1976 Bernard, Jean-Paul, 
Leon-Georges et Robert Durand
Les Durand sont les descendants de Simon ben Tsemah Duran, dit « RaShBaTs », un éminent rabbin de la seconde moitié du XIVe siècle. Né aux Baléares en 1361 dans une famille d’origine provençale, celui-ci devint chef du tribunal rabbinique d’Alger apres avoir quitté Palma de Majorque lors des émeutes antijuives de l’ete 1391.
Ses descendants ont donné au mahJ en 2002 un exceptionnel manuscrit de 174 feuillets, qui, transmis de génération en génération, avait été conservé par la famille, aujourd’hui installée en France.
Cet ouvrage a été offert au mahJ à la suite d’une réunion familiale au cours de laquelle tous les membres se sont déclarés consentants.
Simon Ben Tsemah Duran et Salomon
Ibn Gabirol
Poèmes liturgiques (piyyoutim) pour Rosh ha-Shanah et Yom Kippour
Espagne, Majorque, Catalogne ou Baléares, avant 1391
Don des descendants de Rabbi Simon
ben Tsemah Duran en 2002

Max Wechsler
L’importante donation de Max Wechsler réunit des oeuvres réalisées entre 1984 et 2015 avec la technique du papier marouflé (encollé sur toile). Uniques par leurs dimensions et leurs textures, ces oeuvres répondent à des principes établis par l’artiste dès 1983 : l’emploi exclusif du noir et blanc, ainsi que de papiers imprimés de textes, que celui-ci déchire, retravaille, recouvre.
Né en 1925 a Berlin, Max Wechsler arrive seul à Paris en 1939. Ses parents sont deportés à Auschwitz en 1943. Les donations au mahJ en 2003 puis en 2015 viennent sceller un dialogue entamé depuis de longues années entre le musée et l’artiste, qui a reçu en 2003 le prix Maratier décerné par la fondation Pro mahJ.
Max Wechsler (Berlin, 1925)
Sans titre
Paris, 2001
Panneaux marouflés
Don de Max Wechsler en 2003
Giuliana Moreno
Installée à Tunis depuis la fin du XIXe siècle, ou les juifs italiens constituaient une communauté importante et dynamique – les Granas –, la famille de Giuliana Moreno était originaire de Livourne. En hommage aux siens, la donatrice a offert une partie de ses archives, des objets de culte, des bijoux, pour certains hérités de sa famille comme cette boite à aromates italienne.
Giuliana Moreno l’utilisait pour la cérémonie de la havdalah (separation), qui marque la fin du shabbat. On humait les herbes odoriférantes qui s’y trouvaient pour garder à l’esprit le parfum du shabbat tout au long de la semaine. 

Boite à aromates (bessamim)
Livourne, Italie, XVIIIe siècle
Argent repoussé et gravé
Don de Giuliana Moreno en 2016, en mémoire des familles Moreno et Levi
(Livourne-Rome-Tunis)

Nathaniel de Rothschild Cette exceptionnelle bague de mariage en or jaune, orn »e d’un toit de maison aux tuiles stylisées à décor d’email bleu, est gravée à l’interieur de la traditionnelle inscription en hébreu Mazel Tov (« bonne chance »). Le chaton de la bague en forme de maison symbolise le foyer fondé par les époux.
Ce type de bagues appartenait le plus souvent à la communauté qui les prêtait au futur marié pour la cérémonie.
Ayant appartenu à Cécile de Rothschild (1913-1995), tante du donateur, elle a été offerte au mahJ par Nathaniel de Rothschild en 2003, pour honorer la mémoire de sa mere, Liliane Fould- Springer, baronne Elie de Rothschild (1916-2003).
Bague de mariage
Italie, XVIIe siècle
Or gravé et filigrane et email
Don de Nathaniel de Rothschild en 2003, en mémoire de sa mere, Liliane Fould-Springer, baronne Elie de Rothschild (1916-2003)

Famille Racowski
Ce manuscrit, fixé sur un axe en bois tourné, est caractéristique des megillot italiennes enluminées. Avant d’être offert au mahJ, il faisait partie des objets de culte acquis par la famille Racowski, originaire de Łodź en Pologne, et utilisés dans l’oratoire familial à Paris. 
Rouleau d’Esther (megillat Ester)
Italie, XVIIe-XVIIIe siecle
Don de la famille Racowski en 2017
Inna Nahmias
Né en 1908 dans la ville ottomane de Gumulcine (actuelle Komotini, capitale de la Macédoine-orientale-et-Thrace, en Grèce du Nord), Elie Nahmias, époux de  la donatrice, passe par la Yougoslavie, la Grande-Bretagne et la Suisse avant de s’établir à Paris et d’y devenir français. Il demeure toute sa vie durant attaché au monde judeo-espagnol dont il est issu.
Bibliophile et collectionneur passionné, il laisse, à son décès le 28 novembre 1994, une collection d’objets de culte, de manuscrits et d’imprimés d’une rare richesse, dont sa veuve, Inna, fait don au mahJ en 1997 et 1998. La collection représente une quarantaine d’objets et de livres dont la plupart ont trouvé leur place dans le parcours permanent du musée, comme en témoignent ces Commentaires nouveaux sur la Torah du grand rabbin catalan Nahmanide, un incunable qui fut le premier livre hébraique imprime au Portugal, quelque huit ans avant l’expulsion des juifs du pays.
Hiddoushei ha-Torah (Commentaires nouveaux sur la Torah)
Bonastruc ca Porta (en hebreu, Mosheh ben Nahman), dit ≪ Nahmanide ≫ (1194-1270)
Eliezer ben Jacob Toledano (editeur)
Lisbonne, 1489
Don d’Inna Nahmias en 1998, en mémoire de son mari, Elie Nahmias

Fondation Excelvy
Créée en 2014 par Georges-Henri Levy, spécialiste de l’assurance et cocréateur de Cipress (groupe Molitor), la fondation Excelvy soutient la formation de jeunes de milieux défavorisés, notamment par le biais de bourses d’excellence, et l’aide au développement de projets innovants avec la remise du prix Janusz Korczak.
Elle a donné au mahJ un "rouleau d’Esther » réalisé en 2015 par Gerard Garouste avec le concours du scribe
Armand Benhamron.
Cette megillah (de l’hebreu « rouleau ») s’inscrit dans la continuité des œuvres de Garouste inspirees par des thèmes bibliques, des textes de la tradition rabbinique ou de la littérature juive. Elle a été conçue pour la synagogue massortie (« moderne orthodoxe ») Adath Shalom de Paris, que l’artiste fréquente. S’inscrivant dans la riche tradition décorative des megillot Ester,
Garouste a enluminé un rouleau de parchemin de 42,5 cm de large et 410 cm de long.
Gerard Garouste (Paris, 1946)
Rouleau d’Esther (megillat Ester)
Paris, 2015
Lithographie numérique pigmentaire rehaussée à la gouache et à la feuille d'or
Don de la fondation Excelvy en 2017

Famille de Louis Lille
Louis Lille (Podwoloczyska, actuelle Ukraine, 1897 – Paris, 1957) est un peintre d’origine polonaise. Établi à Lvov au début de sa carrière, il y crée une école d’art et s’intéresse à l’art juif, dont il devient un collectionneur passionné. Peu avant la Seconde Guerre mondiale, il émigre à Paris ou il s’engage dans la Résistance. Irène Lille, sa belle-soeur, sauve une partie de sa collection alors que le reste est perdu pendant la guerre, à Lvov.
Cette collection, offerte par la famille de Louis Lille au musée d’Art juif de la rue des Saules en 1978, comporte une soixantaine d’oeuvres provenant essentiellement de Galicie orientale : couronnes de Torah, ornements de batons de Torah, plaques ornementales, mains de lecture, lampes de Hanoukkah,  gobelets de qiddoush, boites à aromates, ainsi que des oeuvres du peintre.
Lampe de la Reconsecration du Temple 
(hanoukkiyyah)
Stanislau, actuelle Ukraine, 1818
Argent repoussé, partiellement vermeillé
Fonds du musée d’Art juif, don de la famille de Louis Lille en 1978

Joe Nordmann
Joe Nordmann (1910-2005) est un avocat et résistant français, né dans une famille juive de Mulhouse, fils d’un avocat alsacien. Radié du barreau en 1942 parce que juif, il fonde le Front national judiciaire, une organisation de résistance active au sein du Palais de Justice de Paris. A la Libération, Joe Nordmann est désigné pour assister le parquet français au tribunal de Nuremberg lors du procès des dignitaires nazis. C’est ainsi qu’il s’intéresse à la notion de crime contre l’humanité et qu’il mène campagne, des années plus tard, pour que cette notion entre dans le droit français. Il a été l’avocat de certaines parties civiles lors du procés de Klaus Barbie en 1989 puis de celui de Paul Touvier en 1994.
Quelques mois avant sa disparition, Joe Nordmann a offert au mahJ plusieurs ouvrages ayant appartenu à Moise Nordmann, rabbin d’Hegenheim, dans le Haut-Rhin, dont ce rituel liturgique pour la Pâque.
Mahzor shel Pessah (livre de prières pour la Pâque) 
Abraham Brisach (editeur)
Luneville, 1797
Don de Joe Nordmann en 2005, en mémoire de son pere, Léon Nordmann, et de son grand-oncle, Moïse Nordmann (1809-1884), rabbin d’Hegenheim, de Bale et des communautés de francais installés en Suisse.

Jean-Pierre Bertrand
Exposé en 1999 dans la chambre du duc, Ethrog faisait partie de l’installation realisee par l’artiste pour la biennale de Venise en 1999, ou il partageait le pavillon francais avec Huang Yong Ping.
L’oeuvre consiste en cinquante-quatre cadres enserrant une matière jaune lumineuse, accompagnés par cinquante-quatre cédrats (ethrog, en hébreu) disposés sur des étagères selon une scansion arithmétique. Symbole de perfection dans le judaïsme, le cédrat est souvent associé à l’arbre de création.
Le chiffre « 54 » régit l’oeuvre de Bertrand, engendrant des références aussi bien littéraires que kabbalistiques.
Aussi, lorsque le Musée national d’art moderne achète cette oeuvre, l’artiste fait don au mahJ d’une version réduite : neuf (5 + 4) monochromes jaunes à disposer sur une cimaise selon un accrochage précis.
Jean-Pierre Bertrand (Paris, 1937-2016)
Ethrog
1999
Métal, contreplaqué, peinture acrylique jaune
Don de l’artiste en 2003
Esther et Jacques Topiol
Ouverte à la fin des années 1970 rue Rambuteau à Paris, la galerie Jaquester (contraction des prénoms de Jacques et Esther Topiol) se distingue par l’originalité de ses choix de programmation et des artistes qu’elle défend. Esther Topiol imprime à la galerie une ligne artistique portée vers l’abstraction et la peinture expressionniste, ce qui la conduit à exposer Gérard Collot, Colette Brunschwig ou Jacques Mandelbrojt. Elle a beaucoup œuvré pour mieux faire connaître la scène artistique israléienne en montrant les représentants les plus importants de l’art israélien des années 1970 et 1980, notamment Moshe Kupferman et Anna Shanon. La galerie reste en activité pendant près de vingt ans. Quelques années avant sa disparition, Esther Topiol contacte le mahJ afin de donner un ensemble de soixante-six oeuvres représentatives des artistes exposés dans sa galerie.

Un choix d’oeuvres de Colette Brunschwig, Moshe Kupferman et d’Anna Shanon
Catherine Ringer
Chanteuse, instrumentiste et comédienne, fondatrice avec Fred Chichin du groupe Les Rita Mitsouko, Catherine Ringer est la fille du peintre Sam Ringer, né en Pologne en 1918, déporté successivement dans neuf camps de 1940 à 1945, dont elle raconte l’histoire dans C’était un homme, sur l’album « Cool Frenesie ».
En 1999, Catherine Ringer a fait don au mahJ du Théâtre de Kasrilevké, une oeuvre singulière de son père qui convie le spectateur à une séance de cinéma telle qu’aurait pu l’organiser l’artiste à la fin des années 1930, alors jeune étudiant de l’Académie des beaux-arts de Cracovie. Au terme d’un long et improbable voyage de Cracovie a Paris, ce ruban de lanterne magique, composé de soixante-cinq vignettes réalisées par Sam Ringer à partir de la nouvelle de Cholem Aleikhem Les Gens de Kasrilevké, a achevé sa route au mahJ.
Sam Ringer (Tarnow, Pologne, 1918 –Paris, 1986)
Le Théâtre de Kasrilevké, d’apres Cholem Aleikhem
Cracovie, fin des années 1930 ?
Encre de chine noire et de couleurs sur papier calque collé bout à bout
Film réalisé par Alex Szalat, texte dit en français et en yiddish par Rafael Goldwaser
Don de Catherine Ringer en 1999

Donateur anonyme
Ce petit manuscrit à peinture, exceptionnel par sa qualité, la finesse de sa reliure et son format, a été réalisé par Aaron Wolf Herlingen, un des scribes juifs les plus féconds du XVIIIe siècle. Ce livre figurait dans les biens hérités par le donateur sans précision d’origine, mais l’hypothèse la plus vraisemblable est qu’il provienne d’un de ses ancêtres diplomate et collectionneur de miniatures.
Aaron Wolf ben Benjamin Zeev
(Schreiber) Herlingen (Gewitsch, Moravie, vers 1700 – Vienne, Autriche, après 1752)
Livre des bénédictions après le repas et des prières avant le coucher
Vienne, 1729
Encre et gouache sur papier velin, couverture en or émaillé et pierres précieuses

Régine et Jo Alfandari
Régine Alfandari a hérité de ce tableau de son oncle, le violoniste Max Kahn.
Amateur de peinture, celui-ci avait acheté cette oeuvre du peintre d’origine lituanienne Max Band (1901-1974) avant la Seconde Guerre mondiale.
Fidèle visiteuse du mahJ, Régine Alfandari en a fait don en 2008 afin de rendre hommage à son oncle disparu. A ses yeux, cette image de l’entrée du shabbat devait impérativement trouver sa place au sein des collections du musée.
Max Band (Naumestis, Lituanie, 1901 –New York, 1974)
Jeune femme allumant les bougies de shabbat
1925-1935
Huile sur toile
Don de Régine et Jo Alfandari en 2008, en mémoire de Max et Tina Kahn

Société Sildorex-Lurex
La société Sildorex-Lurex a été créée en 1946 et s’est spécialisée dans la production de fils textiles métalliques pour l’univers de la mode. Adam Hogg, son fondateur, était également collectionneur et appréciait particulièrement l’oeuvre d’Abraham Mintchine.
Né à Kiev en 1898, ayant suivi une formation d’orfèvre, Mintchine part à Berlin dans les années 1920 et y débute sa carrière de peintre. En 1926, il arrive à Paris et fréquente Soutine, Krémègne, Kikoine. Ses premières expositions ont lieu à la galerie Manteau en 1928 et chez Zborowski en 1929. Une rupture d’anévrisme en 1931 met brutalement fin à sa vie et à une reconnaissance certaine de sa peinture. Ce Repas de shabbat rappelle les conditions de vie très modestes de l’artiste lors de son arrivée à Paris.
Abraham Mintchine (Kiev, 1898 – Paris, 1931)
Repas de shabbat
Paris, vers 1928
Huile et crayon sur carton
Don de la société Sildorex-Lurex en 2013, en mémoire de son fondateur, Adam Hogg, pour qui l’art fut toujours une source d’inspiration

Nicole Rodrigues-Ely
Cette boite à aromates est utilisée lors de la cérémonie de la havdalah (séparation) à la fin du shabbat, au cours de laquelle on récite une bénédiction spéciale en respirant le parfum d’herbes odoriférantes.
Il n’existe pas d’exigences particulières concernant ce type de boites, aussi varient-elles considérablement selon les époques comme selon les lieux. Les artistes pouvaient donner libre cours à leur imagination pour les fabriquer, à l’instar de celle présentée ici, d’origine allemande, surmontée de mains faisant la bénédiction des Cohanim (prêtres), qui présente des personnages sur une tour portant des objets divers : une cruche, une caisse à compartiments, un gobelet.
Boite à aromates (bessamim)
Allemagne, XVIIIe siècle
Argent gravé
Don de Nicole Rodrigues-Ely en 2000, en hommage à Hippolyte Levylier

Jean-Claude Lalou
Jean-Claude Lalou a fait don au mahJ d’un important ensemble d’objets et d’archives liés a l’histoire de sa famille et de la communauté juive de Laghouat, ville située à la marge saharienne de l’Algérie. Appartenant à la notabilité, sa famille était très liée aux confréries musulmanes de la région. Provenant du grand-père du donateur, Isaac Jacob Lalou, et de ses parents, Soltana et Michel Lalou, trente-trois objets liturgiques ou personnels et outils de travail témoignent des diverses manières d’être juif en Algérie.
Shofar (corne de bélier sonnée pour Rosh ha-Shanah et Kippour) et plumeau servant à le nettoyer
Laghouat, Algérie, début du XXe siècle
Don de Jean-Claude Lalou en 2013, en mémoire des familles Lalou et Zenou de Laghouat

Robert Nordmann
La donation de Robert Nordmann est bien plus importante que l’ensemble presenté ici. Elle consiste en cinquante bandelettes de Torah (mappot), des ustensiles de circoncision, plusieurs manteaux de Torah et d’autres pièces textiles en usage à la synagogue. Le docteur Achille Nordmann, père du donateur, tenait cette collection de la communauté de Hegenheim, petite ville du sud de l’Alsace ou il était né en 1863.
Passionné par l’histoire de sa communauté, il est l’auteur d’une étude sur le cimetière juif de Hegenheim. Il a également inventorié la collection de textiles liturgiques dont une partie est ici exposée.
Mappah (bandelette de Torah)
Alsace, 1723
Lin brodé
Don de Robert Nordmann en 1990, en mémoire de son père, Achille Nordmann

Marion Rotil
Cette bandelette de Torah (mappah) a été confectionnée avec le lange de circoncision d’Abraham Mordekhai, fils d’Alexander Katz. La mappah est apportée à la synagogue lorsque l’enfant est âgé de trois ans ; on l’utilise alors pour emmailloter le rouleau de la Torah.
Transmise de génération en génération dans la famille de Marion Rotil, cette mappah est l’un des plus beaux exemples des collections européennes.
Avant sa disparition, Marion Rotil a contacté le mahJ pour s’assurer de l’intérêt de ce dernier pour cette remarquable bandelette de Torah et a tenu à ce qu’elle soit destinée à la collection du musée.
Mappah (bandelette de Torah)
Alsace, 1752
Lin brodé
Legs de Marion Rotil, dépôt de la fondation Pro mahJ en 2015

Victor Klagsbald
Apres une jeunesse passée à Amsterdam, Victor Klagsbald se réfugie en France en 1942 et participe à la Résistance en Auvergne, avant de s’établir à Paris en 1945. Il se consacre jusqu’en 1948 à l’emigration clandestine des rescapés des camps vers Israël.
Collectionneur passionné, il est un acteur central dans le développement du musée d’Art juif et participe, dès l’après-guerre, à la conception des premières grandes expositions sur l’art juif en Allemagne, en France et en Israël.
En 1981, il est le commissaire de l’exposition « Chefs-d’oeuvre de l’art juif. La collection du musée de Cluny » organisée au Grand Palais et rédige le catalogue raisonné de cette collection aujourd’hui déposée au mahJ. Par son expertise, il contribue de manière décisive à la création de ce dernier, dont il est administrateur au titre du musée d’Art juif. V. Klagsbald est l’auteur de A l’ombre de Dieu. Dix essais sur la symbolique dans l’art juif (Peeters, 1997).
Portrait d’Azriel Hildesheimer (1820-1899), rabbin à Berlin à partir de 1869, fondateur de la néo-orthodoxie en Allemagne
Vers 1869
Huile sur toile
Don de Victor Klagsbald en 1996

Michel Schulmann
Cet ensemble de bijoux de citadine juive marocaine a été présenté au mahJ pour la première fois en 1999, dans le cadre de la saison culturelle du Maroc en France.
Suite à cette exposition, Michel Schulmann a exprimé sa volonté de léguer au mahJ, prolongeant ainsi l’oeuvre de son père, Zede Schulmann, qui, dans les années 1950, sillonnait le pays pour collecter et préserver le patrimoine des juifs marocains.
Parure de citadine juive
Nord du Maroc, fin du XVIIIe-début du XIXe siècle
Or et pierres précieuses
Legs de Michel Schulmann, dépôt de la fondation Pro mahJ en 2006

Lucette Valensi et Monique Goffard 
Issues d’une prestigieuse famille de potiers tunisois, les Chemla, Monique Goffard et Lucette Valensi ont donné au mahJ un important ensemble de céramiques de leurs parents et aïeux, ainsi que des archives (esquisses, croquis, poncifs…). Ces oeuvres et documents proviennent de l’atelier familial ouvert à Tunis au XIXe siècle, ou se côtoyaient potiers juifs, musulmans et chrétiens, ainsi que du dernier atelier de leur père, « Mouche » Chemla, installé en France à La Garde-Freinet en 1960. Ils sont représentatifs de la production familiale, qui évolue, pour les pièces les plus anciennes, dans la tradition de la céramique à glaçure jaune, brun, vert, proche de la production traditionnelle de Tunis et de Nabeul, vers une production de céramique architecturale de petites séries (carreaux à décor polychrome, notamment) qui orne encore aujourd’hui de nombreux bâtiments en Tunisie et s’est exportée jusqu’en Californie.
Ensemble de poteries et de documents relatifs à l’entreprise familiale de fabrication de céramique 
Don de Lucette Valensi et Monique
Goffard, nées Chemla, en 2003

Guy Cohen
Guy Cohen est l’arrière-petit-fils de Rabbi Isaac Afriat de Mogador, un érudit versé dans la Torah, qui mourut prématurément à Manchester en 1895 lors d’un voyage d’affaires lié à ses activités de commerçant actif dans l’import-export avec la Grande-Bretagne.
Ce rideau a été réalisé par l’épouse du disparu, Rica Elmaleh Afriat, pour honorer la mémoire de son époux. Il a ensuite été destiné à la synagogue familiale à Mogador.
Rideau d’arche sainte (parokhet)
Mogador (Essaouira), Maroc, 1897
Velours brodé au fils d’or sur carton
Don de Guy Cohen en 1999, en mémoire de son arrière-grand-père, Rabbi Isaac Afriat

Familles Alcalay, Arditti et Arditi
Cette tenue de femme juive de l’Empire ottoman, avant d’être offerte au mahJ, était transmise dans la famille de génération en génération. Elle aurait été confectionnée pour le mariage de l’arrière-grand-mère de Lily Arditti, née Alcalay, qui fut la dernière à l’avoir portée, comme en témoigne une photographie des années 1930, donnée également au mahJ.
C’est Lily Arditti avec ses enfants, ses petits-enfants et ses arrière-petits enfants qui a fait la démarche de ce don et perpétue ainsi la mémoire familiale.
Tenue d’apparat de femme juive
Empire ottoman, actuelle Bulgarie, fin du XVIIIe ou début du XIXe siècle
Don des familles Alcalay, Arditti et Arditi en 2009

Philippe Azoulay
En 2002, après la disparition de sa mère, Edmée Azoulay, née Bensimon Marchina, Philippe Azoulay, pour lui rendre hommage, a confié au mahJ une inestimable collection de vêtements traditionnels de femmes juives en Algérie. Il s’est agi d’un vestiaire très complet, transmis dans la famille maternelle depuis son arrière-grand-mère, Nedjma Marchina, née Stora, à laquelle les vêtements ont appartenu.
En 2012, alors que le mahJ préparait l’exposition « Juifs d’Algerie », Philippe Azoulay a mis à la disposition du musée les archives familiales, riches de nombreux documents et de photographies.
Tenue traditionnelle de femme juive
Constantine, Algerie, fin du XIXe-début du XXe siècle
Soie, velours, coton, passementeries de fils dorés et broderies de fils d’or au carton
Don de Philippe Azoulay en 2002 et en 2003, en mémoire de sa mère, Edmée Azoulay, née Bensimon Marchina

Anne-Marie Van Praag, Renato et Mario Bensasson
Descendants d’une lignée de juifs originaires de Livourne installés en Tunisie au XIXe siècle, les donateurs sont les enfants de Gino Bensasson et Vera Scialom. Cette famille tunisoise, enrichie dans le commerce du grain avec le Bassin méditerranéen, appartenait à la communauté des Granas et maintenait des relations fortes avec l’Italie, et un lien plus affectif que religieux avec le judaïsme. Comme un grand nombre de juifs tunisiens à la fin du protectorat, les Bensasson se sont installés en France où ils ont fait des carrières de médecins, de chercheurs ou de hauts fonctionnaires.
Par leur mère, les donateurs sont liés avec des Nahum de Tripoli, d’où proviennent la robe exposée et de nombreux vêtements des juifs de Lybie, précieusement conservés par Gabriella, soeur des donateurs récemment disparue. Cet ensemble comble une lacune dans les collections du mahJ qui ne comportaient jusqu’alors aucun objet d’origine libyenne.
Tenue traditionnelle de femme 
Tripoli, Libye, fin du XIXe-début du XXe siècle
Soie, coton, cannetilles et fils métalliques
Don d’Anne-Marie Van Praag, Renato et Mario Bensasson en 2017, en mémoire de Gabriella Ernestina Bensasson

Sete Guetta
Très attachée au judaïsme marocain comme en témoignait sa collection d’artisanat d’art, de textile et de bijoux des juifs du Maroc, Sete Guetta, née Benazeraf, a offert cette tenue traditionnelle au mahJ en 1996, ainsi que plusieurs autres pièces textiles. Ce don, à l’origine de la collection ayant trait au judaïsme marocain, constitue les prémices d’un accompagnement fidèle et discret du musée par la donatrice, jusqu’à sa disparition en 2009. Son soutien a été particulièrement précieux lors de la première exposition temporaire du mahJ, « Regards sur la vie juive au Maroc », en 1999.
Grande tenue de cérémonie (kswa el kbira)
Tétouan, Maroc, fin du XIXe siècle
Velours, coton, broderies de fils d’or au carton
Don de Sete Guetta en 1996, en mémoire de son père, Raphael Benazeraf
Nathalie Bokobza, née Guetta, et Jean et Rémy Guetta
Après la disparition de leur mère, Sète Guetta, ses enfants ont souhaité lui rendre hommage en offrant au mahJ ce rare manteau d’homme. Caractéristique par la coupe, la matière, le décor et la couleur noire imposée pendant des siècles aux juifs du Maroc, ce manteau fut porté jusqu’au début du XXe siècle dans les villes du nord du pays.
Manteau d’homme (zokha)
Tétouan, Maroc, début du XIXe siècle
Laine, coton imprimé, broderie de soutaches et boutons de soie tressée
Don de Nathalie Bokobza, née Guetta, et Jean et Remy Guetta en 2010, en mémoire de leur mère, Sete Guetta, née Benazeraf

Anne Valerie Hash
Après avoir travaillé chez Nina Ricci puis chez Chanel, Anne Valérie Hash (Paris, 1971) fait sensation en 2000 avec sa première collection de prêt-à-porter.
Offerte au mahJ en 2000, la robe de mariée Mère veille sur moi a été spécialement créée pour l’exposition « Mariage », présentée en 1999 au Palais Galliera. La traîne de la robe porte un collage de photographies de famille imprimées sur la mousseline, tandis qu’une autre photographie, représentant le visage d’une mère, est appliquée sur le plastron. Cette robe évoque la mémoire personnelle –familiale ou collective – que chacun porte en soi et veut transmettre lors du rite de passage du mariage.
Mère veille sur moi
Robe de mariée créée par la donatrice en 1999
Soie, pierres et perles de fantaisie, paillettes, fils dorés et argentés
Don d’Anne Valerie Hash en 2000

Henriette Azen
« Transmettre le patrimoine reçu de ses aïeux, tel est le but que s’est fixé Henriette Azen » : une carte portant cette mention accompagnait le don fait au mahJ en 2000 d’un ensemble d’objets et de textiles qui appartenaient au trousseau de la mariée et dont une partie est ici presentée.
Née en Algérie d’un père parlant le judéo-arabe et d’une mère parlant le judéo-espagnol, Henriette Azen est connue pour ses travaux d’ethnomusicologie. Elle a commencé ses recherches sur le folklore judéo-espagnol en notant les proverbes, les berceuses, les chansons, les tranches de vie qui lui revenaient de son enfance oranaise.
Trousseau de la mariée Oran, Algérie, début du XXe siècle 
Don d’Henriette Azen en 2000, en mémoire de sa mère, Reine Teboul Bibas, descendante de dix-sept générations de dayanim

Familles Oualid et Scali
A l’été 2005, Florence et Isabelle Oualid proposent d’offrir au mahJ un ensemble de vêtements traditionnels provenant de la famille de Paulette Claire Oualid, née Cohen-Scali, leur mère, originaire d’Alger. Quelques jours plus tard, Florence Oualid apporte au musée une valise remplie de trésors : une sarmah – splendide et très rare coiffe de femme juive d’Algérie –, des robes, des vestes, des gilets, des pantalons…
Puis, en 2012, pour l’exposition « Juifs d’Algerie », Florence et Isabelle Oualid contactent à nouveau le mahJ en proposant des documents d’archives de la famille de leur père, Joseph Germain Oualid : un certificat d’indigénat de 1871, « établi au nom de Joseph Oualid, grandpère de Joseph Germain, et le certificat de nationalité » française de ce dernier, datant du 19 janvier 1942, documents qui ont enrichi la collection du mahJ.
Costume de femme juive
Alger, debut du XXe siècle
Soie, coton, broderies de fils d’or au carton, coiffe en fils d’argent
Don des familles Oualid et Scali en 2005

Lucette Valensi et Abraham Udovitch
A la fin des années 1970, Lucette Valensi, directrice d’etudes à l’Ecole des hautes études en sciences sociales, et Abraham Udovitch, professeur à Princeton, entreprennent des recherches sur la communauté juive de Djerba en Tunisie.
Les fruits de ce travail sont la publication de référence en la matière, Juifs en terre d’Islam. Les communautés de Djerba (Editions des Archives contemporaines, 1985), et de nombreuses photographies documentant ces recherches. A cette occasion, ils acquièrent, auprès d’un bijoutier juif dans le souk du village Houmt Souk, un ensemble d’amulettes encore couramment en usage à l’époque sur l’ile. Lucette Valensi et Abraham Udovitch en font don au musée en 2016 dans le prolongement de l’exposition "Magie. Anges et démons dans la tradition juive ».
Amulettes à valeur prophylactique
Ile de Djerba, Tunisie, d »but du XXe siècle
Don de Lucette Valensi et Abraham Udovitch en 2016

Albert et Maryse Sicsu
Ce costume, aussi nommé « Grande Robe », est typique des grandes villes du nord du Maroc ou se sont établis en majorité les descendants des juifs espagnols (ou Megorashim). Il est porté pour la première fois le jour du mariage et devient ensuite la tenue d’apparat de la femme mariée. La jeune femme le recevait le plus souvent en dot de son père, comme c’est le cas ici, car il s’agit de la tenue de mariage de Simi Gabizon, née Kalfon, grand-mère paternelle de la donatrice.
Tenue de mariage (kswa el kbira ou berberisca)
Tetouan, Maroc, vers 1870
Velours, coton, argent filigrané, passementerie de fils d’or et broderies de fils d’or au carton
Don d’Albert et Maryse Sicsu, descendants de Simi et Joseph Gabizon, en 1998

Linda Rene-Martin
Linda Rene-Martin, alors âgée de quatre-vingt-quinze ans, vivait en Grande-Bretagne lorsqu’elle a fait don, en 2015, de cette parure. Son premier époux la lui avait offerte comme cadeau de mariage en 1950, alors qu’ils habitaient à Rabat où il tenait un magasin d’antiquités marocaines.
En raison de son attachement à la culture francaise, Linda Rene-Martin tenait à voir ce précieux bijou d’orfèvrerie tangéroise figurer dans une collection juive française, comme en témoigne cette émouvante note adressée au mahJ : « Crafted with love, gifted with love » (« Façonné avec amour, donné avec amour »).
Collier (tazra)
Maroc, fin du XVIIIe siècle
Or, rubis et émeraudes
Don de Linda René-Martin en 2015, en mémoire de son mari, Rene Martin

Georges Aboucaya
Entre 1991 et 1999, Georges Aboucaya (1945-2013) a permis au mahJ naissant d’enrichir ses collections d’une manière tout à fait exceptionnelle, en faisant don de 579 objets : peintures, estampes, costumes, textiles et objets cultuels, documents historiques, ainsi que de nombreuses photographies anciennes, notamment sur les juifs d’Afrique du Nord.
Né en Algérie, Georges Aboucaya perd sa mère à l’âge de quatre ans. Il est élevé par sa soeur, Colette, de qui il restera toujours très proche, et à qui il dédiera ses donations au musée, après la mort accidentelle de celle-ci en 1996.
Autodidacte, il devient antiquaire très jeune et se fait un nom dans le domaine de l’Art nouveau, dont il sera un grand connaisseur et marchand. Collectionnant avec passion tout ce qui se rapporte à l’art et à l’histoire juive, il refusera toujours d’en faire commerce. Le mahJ doit beaucoup à sa généreuse personnalité.
Felix Barrias (Paris, 1822 – Paris, 1907)
Femme au hennin
1890
Huile sur toile
Don de Georges Aboucaya en 1991, en mémoire de sa soeur, Colette Aboucaya-Spira

Marcel Bénichou, Claudine Touboul et Pierre Salomon Zermati
Parmi d’autres objets qui enrichissent la collection du mahJ, les descendants de Salomon Zermati ont donné ce portrait posthume, exécuté par le peintre algérois Salomon Assus d’après une photographie de leur aïeul. Né en 1808 à Médéa en Algérie, Salomon Zermati fut l’interprète d’Abd-el-Kader El Djezairi –chef politique et militaire qui mena la lutte contre l’invasion française – et son envoyé auprès du roi Louis-Philippe en 1839. C’est à cette occasion que cette figure majeure de la communauté juive algérienne demanda au roi l’amélioration des conditions de vie des juifs en Algérie.
Le mahJ conserve aussi notamment le contrat de mariage (ketoubbah) en 1869 de Salomon Zermati et Aziza Safar, rédigé en araméen en caractères rachi et revêtu du timbre impérial.
Salomon Assus (Alger, 1850-1919)
Portrait de Salomon Zermati
Alger, 1876
Huile sur toile
Don de Marcel Bénichou, Claudine Touboul et Pierre Salomon Zermati, descendants de Salomon Zermati, en 2006

Sylvie Harburger
La famille Aboulker est une des plus anciennes et prestigieuses familles juives d’Algérie. Moise Aboulker (Alger, 1843 1880) est un des premiers médecins juifs d’Algérie à avoir entrepris des études de médecine à Paris. En 1865, un décret de Napoléon III le fait citoyen français – cinq ans avant le décret Crémieux qui étend cette qualité à la presque totalité des juifs d’Algérie. Il gagne la reconnaissance de la Ville de Paris en secourant les blessés durant le siège de la capitale en 1870-1871. Revenu à Alger, il épouse Adelaide Azoubib.
Femme lettrée, celle-ci rédigea des commentaires poétiques de la Bible, illustrés par sa fille, Célestine. En 1896, Célestine Aboulker épouse Jules Harburger, avec qui elle aura deux fils : Adrien, qui sera médecin, et Francis, qui deviendra peintre et secrétaire général du Salon des indépendants à Paris.
Salomon Assus (Alger, 1850 – Alger, 1919)
Portrait de Moïse Aboulker
Alger, vers 1880
Huile sur toile
Don de Sylvie Harburger, fille de Francis Harburger, descendante de Moise Aboulker, et de sa famille, en 2013 

Famille Djiane
A l’occasion de l’exposition « Juifs d’Algérie » organisée en 2012, Jean Djiane et ses soeurs ont prêté trois tableaux du peintre algérois Salomon Assus commandés par David Djiane, leur aieul, à Alger, en 1890-1891, et un important ensemble d’archives familiales. A l’issue de l’exposition, Jean Djiane a fait savoir qu’il « serait honoré que ces toiles entrent dans le patrimoine du mahJ. Elles témoignent de notre histoire et feront oeuvre de transmission ». A son décès, sa famille a souhaité poursuivre sa démarche en faisant don des trois portraits de leurs ancêtres peints par Salomon Assus.
Salomon Assus (Alger, 1850 – Alger, 1919)
Portraits de David Djiane (1867-1957) et de son épouse, Émilie Menina, née Senanedj (1876-1935)
Alger, 1891
Huile sur toile
Don de la famille Djiane en 2016

Philippe Cohen
En quelques années, le docteur Philippe Cohen a constitué une large collection de quatre cents cartes postales illustrant la vie juive au Maroc au début du XXe siècle, qu’il a offert en 1996 au mahJ. Un choix a été présenté à l’occasion d’une exposition consacrée aux juifs du Maroc en juin 1999.
Collectionneur passionné, il s’intéresse à l’orientalisme, et en particulier à Alfred Dehodencq (1822-1882), mais aussi à l’art contemporain et dirige aujourd’hui la maison de ventes Artcurial à Tel-Aviv.
Cartes postales
Maroc, début du XXe siècle
Don de Philippe Cohen en 1996

Maurice Hasson
Fondateur avec le réalisateur Enrico Isacco de l’Institut judéo-espagnol de France (IEJF) – dont le but était de promouvoir la mémoire des juifs de Salonique –, Maurice Hasson a rassemblé une importante documentation : cartes postales, photographies anciennes, photographies de famille collectées auprès d’enfants et de petits-enfants, ainsi que des témoignages écrits et oraux en judéo-espagnol. Lors de la dissolution de l’IEJF, Maurice Hasson a donné au mahJ les cartes postales et photographies qu’il avait réunies.
Cartes postales
Salonique, début du XXe siècle
Don de Maurice Hasson en 1996

Claude-Gérard Marcus
Président du musée d’Art juif – créé en 1948 rue des Saules, à Paris –, Claude-Gérard Marcus, conseiller de Paris puis député, a joué un rôle essentiel dans la création du mahJ, en convainquant notamment, en 1985, Jacques Chirac de mettre l’hôtel de Saint-Aignan à la disposition du musée, mais aussi en organisant le don de la collection du musée d’Art juif au mahJ en 2002.
Premier président du mahJ, de 1988 à 2001, il en est aujourd’hui président d’honneur. Collectionneur et auteur de nombreuses monographies d’artistes, il ouvre une galerie d’art lorsqu’il prend sa retraite de député. A la suite du décès de son fils, Yan Beaubichet-Marcus, il a souhaité honorer sa mémoire en faisant don d’un délicat tableautin autrichien.
Anonyme, école autrichienne
Allégorie à la gloire de Joseph II après la proclamation de l’édit de tolérance en faveur des juifs de l’Empire (1781, titre attribué)
Autriche-Hongrie, vers 1782
Huile sur bois
Don de Claude-Gérard Marcus en 1998, en mémoire de son fils, Yan Beaubichet-Marcus

Ariane et Diane Amado
Dans une tradition de transmission familiale, Max Amado (1920-2014) a offert au mahJ, au nom de ses petites-filles, de précieux objets provenant de ses ancêtres maternels du Comtat venaissin.
Il s’agissait notamment d’un ensemble lié au rituel de la circoncision – vêtements, bonnets, coussins – et d’objets de culte synagogal. Ce don exceptionnel, accompagné d’une riche documentation généalogique, permit de représenter la communauté comtadine dans le parcours du musée. Comme l’expliquait Max Amado, « la tradition familiale voulait que la préservation de ces objets soit assurée de mère en fille ou de grand-mère à petites-filles. Or, ma mère n’a eu que des garcons. […] C’est donc aux arrière-petites-filles de ma mère qu’incombait cette mission ». Il rappelait également les circonstances dans lesquelles, en 1943, sa mère s’était attachée, au prix de tous les risques, ç sauver ces objets.  
Ensemble de vêtements et couteaux de circoncision Comtat venaissin, XVIIIe siècle 
Don d’Ariane et Diane Amado en 1999, en mémoire de leur aieule, Germaine Amado, des familles Bédarride et Crémieu, et des autres ancêtres comtadins

Elisabeth de Rothschild
Offert au mahJ par Elisabeth de Rothschild pour honorer la mémoire de sa mère, Liliane Fould-Springer, baronne Elie de Rothschild (1916-2003), grande collectionneuse d’objets ayant appartenu à Marie-Antoinette, cet ouvrage bilingue, imprimé avec l’hébreu en regard du français, est un exemplaire exceptionnel. Il s’agit des Odes prononcées par les Juifs d’Avignon et de Bordeaux résidant à Paris, dans leur Assemblée à l’occasion du Sacre de Louis XVI, le 11 juin 1775, Tirées du Texte original des Psaumes XX et LXXI, mises en vers hébreux par M. Bernard de Vallabrègue, Interprète du Roi. 
Imprimé sur du satin pour Marie-Antoinette, l’ouvrage porte les armes de la reine estampées a l’or.
Odes sur le Sacre de Louis XVI
Imprimerie Michel Lambert
Paris, 1775
Don d’Elisabeth de Rothschild en 2004, en mémoire de sa màre, la baronne Elie de Rothschild

Daniel Meyer
Diplômé de l’Ecole du Louvre, conservateur au château de Versailles dès 1962, Daniel Meyer a été le principal artisan de la restitution de la chambre de la Reine, de la chambre du Roi et de la galerie des Glaces. Attaché à la culture juive, il a été l’un des donateurs du musée d’Art juif. Désireux de participer au développement des collections du mahJ, Daniel Meyer a offert un ensemble d’estampes et de livres imprimés en souvenir de ses grands-parents, ainsi que deux bustes en bronze des grands rabbins Salomon Ulmann (1806-1865) et Lazare Isidor (1813-1888). Ce dernier a joué un role important, d’une part, en mettant en oeuvre une nouvelle traduction de la Bible en français, qui deviendra la Bible du rabbinat, et d’autre part, en obtenant, avec l’aide d’Adolphe Crémieux (1796-1880), l’abolition du serment more judaico, dernier vestige de discrimination juridique frappant les juifs de France.
Artiste inconnu
Lazare Isidor (1813-1888), grand rabbin de Paris
France, XIXe siècle
Bronze
Don de Daniel Meyer en 1994, en mémoire de ses ancêtres qui ont su conserver la tradition 

Eve Line Blum
En 2015, Eve-Line Blum, petite-nièce de Bernard Lazare, donne au mahJ un volume relié des premières épreuves –largement annotées par l’auteur avec de nombreuses pages manuscrites additionnelles – de L’Antisémitisme, son histoire et ses causes. Publié en 1894, l’ouvrage de Bernard Lazare, critique littéraire et journaliste anarchiste, qui avait été reçu comme « un livre antisémite écrit par un juif », connut un succès paradoxal. Alors que débutait l’affaire Dreyfus, Lazare, juif nîmois et fervent dreyfusard, revit en profondeur les analyses qu’il y développait. A sa mort, il demanda à son épouse que, en cas de réédition, figure en tête un avertissement : « Une édition peut en être refaite, on mettrait cependant en tête que sur beaucoup de points mon opinion s’était modifiée ». Ces épreuves permettent de saisir la genèse de cet ouvrage qui demeure l’une des premières études sur l’antisémitisme.
Bernard Lazare [Lazare Bernard, dit] (Nîmes, 1865 – Paris, 1903)
L’Antisémitisme, son histoire et ses causes
Paris, 1894-1897
Tapuscrit annoté par l’auteur
Don d’Eve-Line Blum en 2015 

Famille de Jean Bernheim
Arrière-neveu du peintre Edouard Moyse (1827-1908), Jean Bernheim s’est passionné pour la vie et l’oeuvre de son aïeul, et lui a consacré une riche monographie, Édouard Moyse ou la peinture israélite (Esthétique du divers, 2012).
Originaire de Nancy, Edouard Moyse appartient à la première génération d’artistes juifs professionnels qui émerge dans le sillage de l’Emancipation. Dans les années 1860, le peintre se tourne vers des représentations de la vie religieuse et de l’histoire juives, avec des scènes de synagogue, ou une représentation du Grand Sanhédrin convoqué par Napoleon en 1807.
Peinte en 1895 alors qu’a éclaté l’affaire Dreyfus, cette oeuvre évoque les émeutes antisémites qui ont suivi l’accession au trône de Charles VI en 1380. Des truands, à la recherche d’or, menacent une famille juive et ne trouvent que des livres, leur seule véritable richesse.
Edouard Moyse (Nancy, 1827 – Paris, 1908)
Une famille juive insultée par les truands
1895
Huile sur toile
Don de la famille Jean Bernheim en 2001

Dominique Weill
La donatrice de cet autoportrait, Dominique Weill, est la fille de l’arrière petit-neveu d’Edouard Moyse (1827-1908). Avec Edouard Brandon (1831-1897) et Alphonse Lévy (1843-1918), l’artiste fait partie de la première génération d’artistes juifs professionnels qui émerge dans le sillage de l’Emancipation et dont l’oeuvre atteint la maturité dans la seconde moitié du XIXe siècle. Dans sa première phase, Moyse est attiré par l’art du portrait, avec une prédilection pour les hommes de robe, puis, à partir des années 1860, il s’intéresse à la vie et à l’histoire juives, transmettant une vision idéalisée du judaïsme faisant la synthèse entre le monde européen et le monde maghrébin découvert en Algérie, qui en fait le maître incontesté de la peinture de « genre israélite ».
Edouard Moyse (Nancy, 1827 – Paris, 1908)
Autoportrait
1853
Huile sur toile
Don de Dominique Weill en 1997

Marie-Claude Hayman
Fille d’Odette Fabius (1910-1990), Marie-Claude Hayman est la descendante de Joseph (1757-1840) et Rachel Furtado (1769-1842), juifs lisboètes installés à Bayonne. Le banquier Abraham Furtado, frère de Joseph, est une figure éminente de l’émancipation des juifs à Bordeaux et fut secrétaire du Grand Sanhédrin en 1807.
Résistante, Odette Fabius s’engage à Marseille en novembre 1941 au sein du réseau Alliance. En raison de ses activités, elle confie sa fille à Henriette Pichon, enseignante au collège de Bouffemont, alors replié dans l’Allier.
Arrêtée par la Gestapo en avril 1943, elle est déportée en janvier 1944 à Ravensbruck. Un dessin la représentant après sa tentative d’évasion du camp est conservé au mahJ. Elle publie ses souvenirs de déportation sous le titre Un lever de soleil sur le Mecklembourg (Albin Michel, 1986).
Anonyme
Portraits de Joseph et de Rachel
Furtado
France, vers 1825
Huile sur toile
Don de Marie-Claude Hayman en 2003, en souvenir de sa mère, Odette Fabius

Marie-José Mondzain 
Chercheur au CNRS, Marie-José Mondzain est une philosophe spécialiste de l’image : elle s’est interessée aussi bien à l’iconoclasme aux VIIIe et IXe siècles qu’aux représentations actuelles. Elle a publié de nombreux ouvrages, d’Image, icône, économie. Les sources byzantines de l’imaginaire contemporain (Seuil, 1996) à L’image peut-elle tuer ? (Bayard, 2015). C’est la fille du peintre Simon Mondzain (Szamaj Mondszajn), né à Chelm, en Pologne, en 1888 et installé en France en 1912.
En 2015, elle donne au mahJ Pro Patria, un pastel de 1920 ; celui-ci met en scène une Marianne nue déposant des fleurs sur le cercueil d’un soldat de la Légion étrangère, tandis que des pleureuses se penchent sur le défunt qui porte le numéro du bataillon de l’artiste. On peut y voir le désarroi des familles juives immigrées, au sein desquelles les hommes s’étaient engagés en masse, et qui étaient particulièrement désemparées à la mort de ceux-ci.
Simon Mondzain (Chelm, Pologne, 1887 ou 1888 – Paris, 1979)
Pro Patria
Paris, 1920
Pastel sur papier
Don de Marie-José Mondzain en 2015

Famille du capitaine Dreyfus
Héritiers d’une quantité considérable de documents sur l’« Affaire », les petits-enfants du capitaine Dreyfus ont souhaité les soustraire au commerce et à la spéculation. Ils en ont fait don à plusieurs institutions, dont le mahJ, qui s’est ainsi vu doter de quelque 2 600 photographies, correspondances, caricatures, articles de presse, documents administratifs et objets divers. Ce fonds est irremplaçable pour l’étude et la compréhension de cet événement qui divisa profondément la nation et contribua indirectement à l’élaboration du projet sioniste par Theodor Herzl.
Très investis dans la mémoire de leur aieul, les descendants d’Alfred Dreyfus contribuent activement aux expositions qui lui sont consacrées, à l’instar de « Alfred Dreyfus. Le combat pour la justice », au mahJ en 2006, et de « Dreyfus. The Story of a French Jewish Family », au musée Beit Hatfutsot à Tel-Aviv en 2014.

Zuka, Francois et Roland Mitelberg, en mémoire de Louis Mitelberg
Zuka Mitelberg (1924-2016), née Zenaida Gourievna Booyakovitch, est une artiste dont la famille russe a fui la révolution de 1917 pour s’installer en Californie. Au cours de ses études d’art, elle se lie avec la peintre Joan Mitchell. Arrivée à Paris en 1948, elle fait la connaissance de Louis Mitelberg (1919-2002), dessinateur et caricaturiste, né en Pologne, venu à Paris à l’âge de dix-neuf ans pour faire les Beaux-Arts. Fait prisonnier, celui-ci s’évade et parvient à rejoindre Londres en août 1941. Engagé à L’Express en 1958, Mitelberg prend « Tim » comme signature.
En 1985, l’Etat francais lui passe commande d’une statue du capitaine Dreyfus, qui ne sera jamais installée dans la cour de l’Ecole militaire. Elle se trouve aujourd’hui place Pierre-Lafue, dans le 6e arrondissement de Paris. Son moulage dans la cour d’honneur du mahJ est l’un des emblèmes du musee, qui a consacré en 2003 une rétrospective à l’artiste.
Tim [Louis Mitelberg, dit] (Varsovie, 1919 – Paris, 2002)
Émile Zola, Alfred Dreyfus et Theodor Herzl
Paris, 1975
Dessin à l’encre noire sur papier
Don de Zuka, Francois et Roland Mitelberg en 2006, en mémoire de Louis Mitelberg, dit « Tim »

Théo Klein
Né en 1920 dans une famille juive alsacienne, Théo Klein est un des responsables de la Résistance juive durant l’Occupation. Prêtant serment en 1945, il devient avocat d’affaires aux barreaux francais et israelien, et s’impose par son engagement comme une figure majeure de la communauté juive et un représentant éminent du judaïsme libéral. Il est président du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) de 1983 à 1989.
Collectionneur, bibliophile, il est président du mahJ de 2001 à 2011. Dès avant 2001, il fait des dons très importants au musée, tels ce portrait en bas-relief de Theodor Herzl par Boris Schatz – fondateur de l’école Bezalel –, des planches de Grandjouan illustrant les pogroms de Kichinev en 1903 et 1905, ou 480 photographies anciennes de la Palestine à la fin du XIXe siècle. La bibliothèque du mahJ a reçu en don plusieurs centaines d’ouvrages anciens et rares d’études orientalistes.
Jules Grandjouan (Nantes, 1875 – 1968)
Le Pogrom de Kichinev
Paris, 1903
Don de Théo Klein en 1999

Lucy Citti Ferreira épouse Alexandrovitch 
Dans le sillage de l’exposition consacrée au peintre en 2000, Lucy Citti Ferreira (Sao Paulo, 1911 – Paris, 2008) a fait don au mahJ d’un ensemble d’oeuvres de Lasar Segall (Vilna, 1891 – Sao Paulo, 1957). Seul le musée Lasar Segall à Sao Paulo possède un ensemble aussi complet. Artiste peintre elle aussi, Lucy rencontre Lasar au Brésil en 1935 ; elle devient son modèle, prépare ses toiles et ses expositions.
Avant de s’installer au Brésil en 1923, Segall circule entre Vilna, Berlin et Dresde, mais reste durablement marqué par sa ville natale, à laquelle il consacre de nombreuses gravures. Proche des expressionnistes allemands, il fonde en 1919 le Dresdner Sezession Gruppe, avec Otto Dix, Conrad Felixmuller, Otto Lange.
De son propre aveu, le don de Lucy Citti Ferreira est guidé par la necessité de lutter contre la xénophobie et l’antisémitisme.
Lasar Segall (Vilna, 1891 – Sao Paulo, 1957)
Lucy
Huile sur toile
Don de Lucy Citti Ferreira épouse Alexandrovitch en 2003

Irène et Florent Zack
Né à Nijni-Novgorod dans une famille juive laïque, Leon Zack (1892-1980) quitte la Russie en 1920, après avoir participé aux mouvements de l’avant-garde, tant littéraire qu’artistique. Il séjourne à Rome, à Florence et à Berlin, avant de s’installer à Paris en 1923, où il adhère au groupe des néohumanistes fondé par Waldemar George. Un expressionnisme dépouillé, au cours des années de guerre, ouvre la voie, dès 1946, à une abstraction tout d’abord géométrique, puis fluide, d’une intense spiritualité.
L’ensemble d’oeuvres données par ses enfants, la sculptrice Irene Zack (1918-2013) et son frère, Florent (1921-2011), permet de retracer également la première période de Zack, figurative, où dominent l’intensité du trait et son intérêt pour les oeuvres à thèmes bibliques.
Leon Zack (Nijni-Novgorod, 1892 –Vanves, 1980)
Scène biblique
1938
Encre de Chine et lavis sur papier
Don d’Irène et Florent Zack en 2005

Jacques Kikoine
Jacques Kikoine, dit Jacques Yankel, est un peintre et sculpteur français, né à Paris en 1920. Quelques années le séparent de sa sœur, Claire, auprès de laquelle il grandit au milieu des ateliers d’artistes de la Ruche. Apres des études universitaires, il débute une carrière de géologue qu’il abandonne dans les années 1950 pour se consacrer entièrement à la création.
Artiste prolifique, enseignant à l’Ecole des beaux-arts, collectionneur d’art naif, sa trajectoire est marquée par celle de son père, Michel Kikoine (1892-1968), dont il a donné au mahJ un ensemble d’oeuvres sur papier qui permet de compléter le fonds de tableaux très conséquent déjà offert par Claire Maratier. Le mahJ est aujourd’hui l’institution de référence pour l’œuvre de Michel Kikoine.
Michel Kikoine (Gomel, Empire russe, 1892 – Paris, 1968)
Vieux clown (titre attribué)
1955
Fusain sur papier
Don de Jacques Kikoine en 2007

Claire Maratier
Le nom de Claire Maratier (1915-2013) est indissociablement lié au développement du mahJ. Fille du peintre Michel Kikoine (1892-1968), elle grandit à la Ruche, où se trouve l’atelier de son père, entourée des artistes qui, comme lui, sont pour la plupart des immigrés juifs d’Europe de l’Est.
Mariée à Amédée Maratier (1902-1986), ingénieur dans l’industrie pétrolière, elle a contribué à l’acquisition de la première oeuvre entrée dans les collections propres du musée, une rare cabane autrichienne pour la fête de Soukkot. Le mahJ a reçu d’elle un fonds constitutif d’oeuvres d’artistes de l’Ecole de Paris qu’elle tenait à faire mieux connaitre : Hayden, Kikoine, Kremegne, Marcoussis, Pascin, Soutine. En 2003, la création de la fondation Pro mahJ, à son initiative, a permis de soutenir les activités du musée, d’enrichir ses collections et d’organiser tous les deux ans le prix Maratier, décerné à un artiste contemporain.
Michel Kikoine (Gomel, Empire russe, 1892 – Paris, 1968)
Portrait de Claire
Montrouge, 1928
Huile sur toile
Don de Claire Maratier en 1998

David et Sura Smolas
David et Sura Smolas ont légué au mahJ six oeuvres provenant de leur importante collection. Ayant suivi avec attention la création du musée, ils ont sélectionné des pièces susceptibles d’enrichir la présence de l’art moderne dans cette nouvelle institution. Les trois oeuvres exposées ici, du couple d’artistes Alice Halicka (1894-1975) et Louis Marcoussis (1878-1941), montrent comment nombre de personnalités associées à l’Ecole de Paris furent profondément marquées par la révolution cubiste. Le reste de la collection Smolas fut dispersé aux enchères au profit de l’Appel unifié juif de France.
Louis Marcoussis [Ludwig Casimir
Ladislas Markus, dit] (Varsovie, 1878 –Cusset, 1941)
Nature morte au flacon d’opaline et as de pique
Huile sur toile
Legs de Sura et David Smolas, dépôt de la fondation Pro mahJ en 2006

Abraham Walkowitz
De sa création en 1948 à l’ouverture du mahJ en 1998, le musée d’Art juif de la rue des Saules à Paris a été un lieu de convergence d’artistes soucieux de rendre hommage à une culture juive dont ils se sentaient à divers degrés dépositaires. Les collections d’art du XXe siècle se sont ainsi constituées au fil de dons d’artistes français comme étrangers.
Abraham Walkowitz naît en Sibérie en 1880, mais sa famille émigre en 1893 à New York, ou il entreprend des études artistiques. C’est néanmoins son séjour à Paris en 1906-1907 qui lui fait découvrir l’art moderne : il voit la rétrospective Cézanne au Salon d’automne et rencontre la danseuse Isadora Duncan. Il débute alors une série de dessins qu’il poursuivra sur plusieurs décennies, décomposant les mouvements de la danseuse ; son style oscille alors entre classicisme et abstraction radicale.
Abraham Walkowitz (Tjumen, Russie, 1880 – New York, 1965)
Isadora Duncan (titre attribué)
New York, 1915
Encre au pinceau sur papier toile
Fonds du musée d’Art juif, don de l’artiste en 1953 mahJ 95.43.006.01

Georgette Meyer
Née en 1916 dans une famille juive alsacienne, Georgette Meyer commence à travailler à l’âge de seize ans comme secrétaire à la mairie de Selestat, puis réussit le concours de la Banque de France en 1939. Le 14 juin 1940, elle est contrainte de fuir l’Alsace avec sa mère et sa soeur, pour échapper aux troupes allemandes. Elle traverse alors la France et gagne Montpellier où elle s’installe pendant plusieurs années et y étudie la peinture. Après la guerre, elle poursuit ses activités artistiques, se spécialise dans la technique du patchwork et participe notamment aux activités et expositions de l’Association des artistes, peintres et sculpteurs juifs de France.
Georgette Meyer (Selestat, 1916)
Mon itinéraire
France, XXe siècle
Patchwork
Don de Georgette Meyer en 2017

Foyer de l’auditorium
Judith Bartolani
Née en 1957 à Haifa, Judith Bartolani s’installe à Marseille pour suivre ses études d’art. Son travail, où s’imbriquent matière et concepts, objets et littérature, est protéiforme, utilisant aussi bien la sculpture, les livres, les dessins, la vidéo, pour développer une même thématique. C’est le cas de Nos funérailles, projet engagé à partir de 2003, sur la perception contemporaine de la mort, et dans lequel surgissent de nombreux fantômes, notamment ceux de la Shoah. En 2006, Nos funérailles est présenté au mahJ, en écho à l’exposition « Charlotte Salomon, vie ? ou théâtre ? ».
A la suite de cet événement, Judith Bartolani donne un ensemble de huit dessins monumentaux.
Judith Bartolani (Haifa, 1957)
Nos funérailles. Ton enfant a ouvert une brèche
Marseille, 2005
Gouache, pastel gras et sec, laque sur tirage numérique, dos résine 
Don de l’artiste en 2006 

Famille de Georges Brazzola 
La conversion de Marek Szwarc (1892-1958) au catholicisme en 1919 étonne certains de ses proches et conduit l’artiste à se tourner vers un univers esthétique empreint de religiosité. Il expose ainsi régulièrement au Salon d’Art sacré dès les années 1930. Dans ces cercles catholiques, il rencontre Georges Brazzola (1915-1996), philosophe suisse influencé par la pensée de Jacques Maritain et critique d’art pour la revue Nova et Vetera. Consacrant des 1935 de nombreux articles à Marek Szwarc, Brazzola poursuivra sa défense de l’artiste après la guerre.
Son neveu, Dominique Pitteloud, a offert en 1997 un ensemble très important de peintures et de sculptures de Szwarc restées dans la famille. Grâce au don du fonds d’atelier de Marek Szwarc par Tereska Torres-Levin et à celui de cet ensemble par Dominique Pitteloud, le mahJ est aujourd’hui un lieu de référence pour l’étude de l’artiste.
Marek Szwarc (Zgierz, Pologne, 1892 –Paris, 1958)
Portrait de Georges Brazzola
Paris, 1946
Huile sur toile
Don de la famille de Georges Brazzola en 1997

Dominique Torrès-Levin et Mikael et Gabriel Levin
Tereska Torrès-Levin (1920-2012) est une écrivaine franco-américaine et la fille de l’artiste polonais Marek Szwarc (1892-1958). Arrivé en 1910 à Paris, Szwarc habite à la Ruche et fait la connaissance de Modigliani, Soutine, Chagall, Leger. De retour en Pologne pendant la Première Guerre mondiale, il collabore à la fondation du groupe d’avant-garde artistique et littéraire Yung-Yiddish. Il se convertit au catholicisme en 1919, puis rentre en France sans renoncer à son identité juive et poursuit la création d’oeuvres à thème biblique.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, Szwarc sert dans l’armée polonaise en exil, tandis que sa fille, Tereska, s’engage, parmi les premières, dans les Forces françaises libres à Londres ; son mari, Georges Torrès, beau-fils de Leon Blum, est tué au combat en octobre 1944. Elle épouse en 1948 le romancier américain Meyer Levin et publie un récit autobiographique sur la guerre, Women’s Barracks, qui connait un grand succès.
Ses enfants, Dominique Torrès, journaliste et réalisatrice de documentaires, Gabriel Levin, poète et traducteur né en France en 1948, et Mikael Levin, photographe, né à New York en 1954, ont donné au musée le fonds d’atelier de Marek Szwarc, selon la volonté de leur mère.
Marek Szwarc (Zgierz, Pologne, 1892 –Paris, 1958)
Autoportrait
Paris, 1932
Huile sur toile
Don de Dominique Torrès-Levin et Mikael et Gabriel Levin en 2014

Jeanine Warnod
Journaliste et critique d’art francaise, Jeanine Warnod (nee en 1921) est la fille d’André Warnod, qui crée en 1925 le terme « Ecole de Paris ». Spécialiste de cette école, elle publie des ouvrages sur Picasso au Bateau-Lavoir, sur les artistes de Montmartre et sur ceux de la Ruche, ainsi que des monographies remarquées.
En 2000, son don de trente-trois portraits photographiques d’artistes juifs de l’Ecole de Paris permet au mahJ d’enrichir sa documentation.
Philippe Hosiasson (Odessa, 1898 - Paris, 1978)
Paris, 1934
Épreuve au gelatino-bromure d’argent
Don de Jeanine Warnod en 2000

Lydie Lachenal
Fille de Léon Weissberg (1895-1943), peintre juif galicien installé à Paris en 1923, Lydie Lachenal naît et grandit à Montparnasse dans le monde des artistes et des écrivains. En 1943, son père est déporté et assassiné à Majdanek. 
Réfugiée en Aveyron puis en Haute-Savoie, elle franchit illégalement la frontière suisse à la tête d’un groupe d’enfants, en plein jour, sous le feu des soldats allemands.
Après-guerre, elle crée les éditions Lachenal & Ritter qui publient des oeuvres de surréalistes français et des avant-gardes juives d’Europe. Elle organise des expositions et publie des ouvrages sur Weissberg et sur l’Ecole de Paris. Elle a fait deux donations au mahJ, en 2002 et 2017, d’oeuvres de Léon Weissberg et quatre donations, en 2002, 2003 et 2004, d’oeuvres de l’écrivain Oser Warszawski (1898-1944), mort à Auschwitz.
Léopold Zborowski (1889–1932), poète polonais, devint l’ami de Modigliani et de Soutine et un des grands marchands de l’Ecole de Paris et de la peinture moderne.
Léon Weissberg (Przeworsk, Galicie, 1895 – Lublin-Majdanek ou Sobibor, Pologne, 1943)
Portrait de Leopold Zborowski
1926
Huile sur toile
Don de Lydie Lachenal en 2002

Jacqueline Frydman
Survivant du ghetto de Varsovie, Isucher Ber Frydman est ingénieur chimiste, spécialisé dans les polymères. Arrivé à Paris en 1947, il fonde en 1950, dans l’hôtel de Retz, la société Fryd, qui fut, jusqu’en 1985, l’un des plus importants fournisseurs de jouets en plastique.
Collectionneur d’objets liturgiques et ami des peintres de l’Ecole de Paris, il transmet son intérêt pour l’art à sa fille, Jacqueline. Dans les années 1990, celle-ci transforme les ateliers de la société disparue en espace d’expositions : le Passage de Retz. Collectionneuse d’art moderne et contemporain, administratrice de la fondation Pro mahJ, elle préside l’association francaise des amis du musée de Tel-Aviv.
Pinchus Kremegne, qui a connu Soutine et Kikoine dès leurs études aux Beaux-Arts de Vilnius, avant de partir pour Paris en 1912, est l’un des représentants les plus illustres de l’Ecole de Paris.
Pinchus Kremegne (Zaloudok, Empire russe, 1890 – Ceret, 1981)
Nature morte aux santons
Paris, 1935
Huile sur toile
Don de Jacqueline Frydman en 2010, en mémoire de ses parents, Isacher Ber et Fanny Frydmann

Gisèle Rozenbaum et Edith Chomentowski
David Garfinkiel commence sa carrière en Pologne avant d’arriver à Paris en 1932. Il fréquente l’académie de la Grande-Chaumière et l’académie Julian, expose au Salon d’automne et au Salon des indépendants. Pendant l’Occupation, il se réfugie en Corrèze, à Brive-la-Gaillarde, puis à Lyon. Vivant en semi-clandestinité, Garfinkiel continue néanmoins à peindre et même ç exposer.
Pour survivre, il réalise de nombreux motifs pour les soieries de Lyon et des centaines de décors pour les parapluies de la société Revel.
Cet autoportrait, donné par ses filles, Gisèle Rozenbaum et Edith Chomentowski, date de ces années difficiles. De retour à Paris en 1946, il retrouve son atelier pillé ; aucun tableau antérieur à la guerre n’y a échappé. Il ouvre un studio de photographie à Belleville et y installe son atelier de peinture.
David Garfinkiel (Radom, Pologne, 1902-Paris, 1970)
Autoportrait
Lyon, 1942
Fusain et aquarelle sur papier
Don de Gisèle Rozenbaum et Edith Chomentowski en 2014

Elisabeth Bizouard-Reicher
Docteure en psychologie, professeure à l’université Paris VII, Elisabeth Bizouard-Reicher (Łodź, 1936 – Nanterre, 2005) a notamment travaillé sur les mécanismes de l’antisémitisme contemporain. Son père, Edward Reicher (1900-1975), a publié ses souvenirs dans Une vie de juif. L’odyssée d’un médecin juif en Pologne, 1939-1945 (L’Harmattan, 1996).
Elisabeth Bizouard-Reicher a légué au mahJ un ensemble de tableaux hérités de son père, dont ce portrait de femme par Samuel Hirszenberg, l’un des artistes majeurs de l’émergence de l’art juif en Pologne. Élève de Maurycy Gottlieb, Hirszenberg a peint des scènes de la vie juive de la fin du XIXe siècle et des premières années du XXe aussi bien que des allégories, sortant des représentations folkloriques du judaïsme.
Samuel Hirszenberg (Łodź, 1865 –Jérusalem, 1908)
Portrait de Madame Ettinger
Fin du XIXe-debut du XXe siècle
Huile sur toile
Legs d’Elisabeth Bizouard-Reicher, en mémoire de son père, Edward Reicher,
Dépôt de la fondation Pro mahJ en 2009

Isaac Celnikier
Survivant du ghetto de Białystok, interne à Birkenau en 1943, Isaac Celnikier est un rescapé de la Shoah.
Après la guerre, il commence des études d’art à Prague puis revient à Varsovie, où il fonde le groupe Arsenal, avant de s’établir en France en 1957. A la fin des années 1960, il entreprend de se confronter à son expérience de la persécution.
Depuis, son oeuvre est irrémédiablement marquée par l’enfer des assassinats de masse et de l’extermination. Ses toiles, peuplées des corps et des silhouettes des mourants, expriment des réminiscences de Goya et de Rembrandt.
A côté de ses peintures monumentales, Celnikier est aussi l’auteur d’un œuvre gravé. Son travail a fait l’objet d’importantes rétrospectives en France et, plus récemment, en Pologne. Le mahJ a consacré en 2007 une exposition à cet artiste, en écho à l’exposition « Rembrandt et la nouvelle Jérusalem ».
Isaac Celnikier (Varsovie, 1923 – Paris, 2011)
Moi parmi eux (départ de Flossenburg, avril 1945)
1981
Gravure à l’eau-forte sur papier
Don d’Isaac Celnikier en 2009

Doda Conrad
La basse polonaise Doda Conrad (1905-1997), fils de la soprano Marya Freund, passe son enfance en Silésie et la majeure partie de sa vie à Paris. Ce proche de Stravinski, Poulenc, Menuhin, Saint-John Perse et Casals a joué durant la Seconde Guerre mondiale un rôle important. Enrôlé dans l’armée américaine en 1942, il intègre le Monuments, Fine Arts, and Archives Program comme assistant du « Monument Man » Calvin Hathaway et participe en Allemagne au sauvetage d’oeuvres spoliées.
Conrad a donné au mahJ des objets liturgiques provenant de sa famille et des oeuvres de Jozef Rajnfeld (1908-1940). Le parcours de cet artiste né à Varsovie, émigrant en 1928 à Paris, reste en grande partie mystérieux. Ses nus masculins érotiques portent à la fois la marque d’une culture classique et une force épurée moderne. De retour à Paris en 1940, Rajnfeld part vers Bordeaux et se réfugie à Sainte-Foy-la-Grande. Il met fin à ses jours lorsque l’armée allemande débarque dans le village.
Jozef Rajnfeld (Varsovie, 1908 – Sainte-Foy-la-Grande, 1940)
Homme assis (titre attribué)
1928-1940
Huile sur carton
Don de Doda Conrad en 1997

Gérard Angel
Collectionneur et amateur de Victor Brauner, Michel Angel souhaitait que le mahJ puisse conserver une des œuvres de l’artiste d’origine roumaine dans ses collections. Après sa mort et selon sa volonté, son frère, Gérard Angel, a donné Le Réveil du puritain au musée.
Proche des cercles surréalistes et d’André Breton, Brauner (1903-1966) circule entre Paris et Bucarest. Réfugié dans les Hautes-Alpes entre 1942 et 1945, soumis à une vie précaire qui lui impose de trouver de nouveaux matériaux, l’artiste infléchit son mode d’expression.
Par le travail de la cire, il développe une démarche ésotérique et met en place un répertoire de personnages hiératiques racontant une mythologie personnelle.
Celle-ci décline les principes féminin et masculin de l’amour et de la magie, avec des corps sensuels, des visages à l’œil exorbité – véritable invitation à la fusion des corps. Le Réveil du puritain montre le développement de ce travail jusque dans les dernières années de production de l’artiste.
Victor Brauner (Piatra Neamț, Roumanie, 1903 – Paris, 1966)
Le Réveil du puritain
1961
Huile sur toile
Dépôt de la fondation Pro mahJ, don de Gérard Angel en 2009

Claude Dalsace
Claude Dalsace (1925-2016) est la fille de Jean-André Bloch, architecte et collectionneur d’art. Le 12 décembre 1941, celui-ci est raflé puis déporté à Auschwitz. Madeleine Michelis, enseignante au lycée Victor-Duruy où est scolarisée la jeune fille, fait passer celle-ci en zone libre durant l’été 1942 avec ses sœurs ; elles vivent dans le Gers jusqu’à la fin de la guerre. Claude épouse plus tard Robert Dalsace avec lequel elle publiera leurs souvenirs de guerre : Histoires d’un autre temps (Société des écrivains, 2006). C’est donc un portrait de sa belle-mère que Claude Dalsace donne au mahJ : Annie Dalsace, née Bernheim, épouse du gynécologue Jean Dalsace.
Ce couple de collectionneurs est le commanditaire de la Maison de verre, chef-d’oeuvre de l’architecte Pierre Chareau, construit à Paris entre 1928 et 1931. Le portrait d’Annie Dalsace par Jacques Lipchitz montre sa proximité avec l’avant-garde artistique de l’époque.
Jacques Lipchitz [Chaim Jakob, dit]
(Druskieniki, Lituanie, 1891 – Capri, 1973)
Portrait d’Annie Dalsace
Paris, vers 1920
Terre cuite
Don de Claude Dalsace en 2004

Rubin Lipchitz
Originaire de Lituanie, Rubin Lipchitz (mort en 1993), le jeune frère de Jacques Lipchitz (1891-1973), a suivi son ainé en venant s’installer à Paris dans les années 1920. Après 1946, Jacques Lipchitz choisit de vivre aux Etats-Unis ; Rubin devient son représentant en Europe, alors que de nombreuses expositions lui sont consacrées dans les années 1950 et 1960. Rubin contribue au rayonnement de l’oeuvre de son frère en donnant un ensemble de cent trente sculptures au musée d’Israel, octroyant aussi des dons importants à des institutions françaises.
En 1993, peu avant de mourir, il fait don au mahJ d’une sculpture, de dessins et d’un large ensemble d’archives, constituées de photographies et d’une riche correspondance artistique datant des années parisiennes de l’artiste.
Jacques Lipchitz [Chaim Jakob, dit]
(Druskieniki, Lituanie, 1891 – Capri, 1973)
Baigneuse (titre attribué)
France, 1912-1913
Don de Rubin Lipchitz en 1993

Monique et Jacob Har-El
Considérés comme des éditeurs importants en Israël, Monique et Jacob Har-El ont ouvert leur imprimerie d’art, maison d’édition et galerie à Jaffa en 1974. Ils réalisent les projets d’artistes comme Eduardo Chillida, Menashe Kadishman, Sigalit Landau ou Daniel Richter.
Ils ont offert au mahJ Made in Haste, de Moshé Gershuni (1936-2017), un peintre dont le parcours reflète l’engagement de la première génération d’artistes israéliens. Très tôt reconnu pour son travail, il n’a cependant jamais renoncé à ses convictions et à la puissance de sa peinture, dans laquelle il aborde la violence de l’histoire israélienne, celle de la Shoah, ou son homosexualité.
Moshé Gershuni (Tel-Aviv, 1936 –2017)
Made in Haste
Jaffa, Israël, 2003
Sérigraphie, encre noire sur papier
Don de Monique et Jacob Har-El en 2015 

Anna Solal-Michonze
Fille du peintre Grégoire Michonze (1902-1982), Anna Solal-Michonze a fait don au mahJ d’oeuvres de son père à l’issue d’un accrochage monographique organisé par le musée en 2002.
Cet artiste russe, né à Kichinev – actuelle Chisinau, capitale de la Moldavie –, arrive à Paris en 1922, où il se lie avec les artistes surréalistes, notamment Max Ernst. Il conserve l’atmosphère étrange du surréalisme dans les scènes qu’il peint à partir des années 1930, montrant des réunions de personnages en discussion ou en conflit, dans lesquelles transparaît l’influence des Bruegel. En 1939, Michonze s’engage dans l’artillerie française. Prisonnier à Brême en 1940, il passe deux ans à proximité d’un camp de prisonniers russes dont il rapporte des dessins. Ce Pogrom, dessine après la guerre, est l’une des rares représentations liées à son identité juive, alors que sa mère et sa sœur avaient réchappé au pogrom de 1941 à Iasi en Roumanie.
Grégoire Michonze [Gheres Michonznic, dit] (Kichinev, Bessarabie, 1902 – Paris, 1982)
Pogrom (titre attribué)
Paris, 1949 ?
Crayon sur papier imprégné
Don d’Anna Solal-Michonze en 2003

M. et Mme Jacques Ohana
Né dans une famille de paysans polonais, Boris Borvine-Frenkel apprend la gravure pendant la Première Guerre mondiale et rejoint Lvov en 1919, où il suit des cours d’architecture. En 1920, après un passage à la prison de Varsovie pour des activités anarchistes, il s’installe à Berlin. Il établit des contacts avec les milieux intellectuels et littéraires juifs, et rencontre Else Lasker Shuler, Peretz Markish et Haim Nahman Bialik, avant de s’engager comme marin et de parcourir le monde. Il demeure ensuite à Bruxelles, où le musée des Beaux-Arts lui consacre une exposition en 1930, mais il est expulsé de Belgique et s’installe alors en France.
Ce Mariage date d’une période d’accalmie dans la vie mouvementée de l’artiste. Il avait été déposé au mahJ par sa fille, Anne Zamir, à l’ouverture du musée. A la mort de celle-ci, il est acquis au cours d’une vente aux enchères par M. et Mme Jacques Ohana, qui l’ont donné au mahJ eu égard à sa place essentielle dans la collection.
Boris Borvine-Frenkel (Kalisz, Pologne, 1895 – Paris, 1984)
Mariage
1929
Huile sur toile
Don de M. et Mme Jacques Ohana en 2006

Dorka Furmanski 
Ingénieur agronome né en Pologne, Isaac Furmanski (1903-1963) est arrêté à Paris en mai 1941 et interné au camp de Beaune-la-Rolande. Il s’y lie avec Fiszel Zylberberg, dit Zber (1909-1942), artiste originaire de Płock, arrivé à Paris en 1936 après des études aux Beaux-Arts de Varsovie où il a développé ses talents de graveur. Les deux hommes restent à Beaune-la-Rolande jusqu’à leur déportation en juillet 1942 à Auschwitz par le convoi n° 6. Durant son séjour au camp et à l’hospice de Beaune-la-Rolande, Zber obtient l’autorisation de dessiner ; il réalise des portraits de ses codétenus et des vues du camp. Il parvient à remettre ces dessins à sa femme, Stenia Bonder, qui les confie avant son arrestation à Dorka Furmanski (1910-2001), épouse d’Isaac Furmanski.
Zber est assassiné à Auschwitz. En 1991, Dorka Furmanski contacte le mahJ afin de faire don de dix-huit portraits d’internés à Beaune-la-Rolande, en mémoire de l’artiste.
Zber [Fiszel Zylberberg, dit] (Płock, 1909–Auschwitz, 1942)
Portraits d’internés de Beaune-la-Rolande
Beaune-la-Rolande, France, 1941
Mine de plomb sur papier velin 

Don de Dorka Furmanski en 1991 Kaurine Lakajzen, née Eskenazi
Les lettres présentées ici, tout comme le contrat de mariage (ketoubbah), font partie d’un don aussi important qu’émouvant que Kaurine Lakajzen a fait au mahJ. Il s’agit des lettres que Raphaël Eskenazi, son père, a adressées à sa mère, Marie, lors de son internement à Drancy. Raflé le 20 août 1941 à Paris et interné à Drancy, Raphael Eskenazi tombe malade ; il est alors transféré et soigné à l’hôpital Tenon, puis à l’hôpital Rothschild. Il est déporté et assassiné à Auschwitz en septembre 1942.
Lettres de Raphael Eskenazi à sa femme, Marie 22 octobre 1941, 30 juin 1942 et 12 septembre 1942 
Don de Kaurine Lakajzen, née Eskenazi en 2008

Michel Nedjar
Petit-fils d’une chiffonnière des Puces de Paris, fils d’un tailleur, Michel Nedjar fabrique, dès l’enfance, des poupées de chiffons qu’il enterre. La découverte du film Nuit et brouillard d’Alain Resnais agit sur lui comme une déflagration. Il s’identifie aux corps des victimes. Ses premières poupées, faites de tissus trouvés dans des poubelles, qu’il plonge dans l’eau, la boue, opèrent comme des rituels de renaissance. 
La donation qu’il fait au mahJ en 2014 est l’aboutissement de longues années d’échanges débutés en 2004 lors d’un colloque sur le schmattès (tissu de rebut), suivi, l’année suivante, par la commande d’un théâtre de Pourim intitulé Poupées Pourim, qui inaugure une nouvelle phase dans son oeuvre. Le sens profond de la fête des Sorts, qui célèbre – par la transgression et le rire le sauvetage des juifs d’une extermination programmée, a été déterminant et a donné naissance à une famille de poupées drôles, fragiles, carnavalesques, « réparées ».
Michel Nedjar (Soisy-sous-Montmorency, 1947)
Danse macabre I. Poupée #47. Paris,
Saint-Martin
Paris, 2004
Tissus, colle, brou de noix
Don de Michel Nedjar en 2014

Cécile Reims
Née Tsila Remz en 1927, Cécile Reims arrive de Lituanie à Paris en 1933. Après avoir passé la période de la guerre dans la clandestinité, elle rejoint la Palestine.
De retour à Paris pour soigner une tuberculose, elle se consacre à la gravure et rencontre l’artiste Fred Deux (1924-2015), avec lequel elle partagera sa vie. 
Graveur d’interprétation pour des artistes comme Hans Bellmer ou Salvador Dali, ce n’est que tardivement que son oeuvre originale, nourrie par l’observation de la nature et des planches de traités d’histoire naturelle, est reconnue. Sa technique virtuose la conduit à explorer ses sujets par séries, liant le microcosme du tracé du burin au macrocosme et à l’infini.
Dans La Création du monde, le texte de la Genèse est mis en relation avec sept dessins marquant un jour de la création.
Cécile Reims a été lauréate du prix Maratier décerné par la fondation Pro mahJ en 2011 ; une exposition lui a été consacrée à cette occasion.
Cécile Reims (Paris, 1927)
La Création du monde
Gravure au burin
France, 1949-1950
Dépôt de la fondation Pro mahJ, don de Cécile Reims en 2012

Mikhail Karasik
En 2009, lors de l’exposition « Futur antérieur. L’avant-garde et le livre yiddish, 1914-1939 », le mahJ a reçu en don un ensemble de livres de Mikhail Karasik. En effet, cette exposition mettait en lumière la façon dont une génération d’artistes d’Europe centrale d’origine juive s’était réapproprié sa culture juive, afin de la confronter au langage des avant-gardes des années 1910-1920. La part que l’exposition dédiait au livre d’artiste faisait écho avec le travail de Karasik. 
Né à Leningrad en 1953, son activité d’artiste, d’éditeur et de commissaire d’exposition en fait un acteur majeur du livre d’art en Russie. Spécialiste des avant-gardes russes, Karasik a également illustré plusieurs textes de la poésie et de la littérature russes, comme en témoigne cette édition de Jours mauvais de Boris Pasternak.
Mikhail Karasik (Leningrad, 1953) 
Boris Pasternak
Dournye dni (Jours mauvais)
Léningrad, 1989
Don de Mikhail Karasik en 2009

Michel Nitabah
De 1983 à 2009, Michel Nitabah a edité vingt-cinq livres, publiant de petits tirages de textes inédits d’auteurs choisis, qu’il associait à des artistes jusque-la peu sollicités pour ce type de production. Ses ouvrages se distinguent par leurs formats et leurs dispositifs originaux, ainsi que par l’attention portée à leur matière. Michel Butor, Gérard Mace, Evelyne Wilhelm, Jean Frémon, Esther Hess figurent parmi ses auteurs.
Marcel Cohen, écrivain né en 1937, auteur de Sur la scène intérieure (Gallimard, 2013) – ou il évoque la disparition de sa famille à Auschwitz –, collabore ici avec l’artiste Pierre Buraglio pour l’élaboration de dix courts récits sur l’espace du métro.
Marcel Cohen et Pierre Buraglio
1 2 3 4 5 10 9 8 7 6 métro
Paris, 2003
Don de Michel Nitabah en 2014

Evelyne Taslitzky
Psychiatre et psychanalyste, Evelyne Taslitzky est tres impliquée dans la défense et l’illustration de l’oeuvre de son père, le peintre Boris Taslitzky (1911-2005). Elle a créé une base de donnees qui permet de consulter l’essentiel de son oeuvre, et prêté généreusement les peintures et dessins dont elle a hérités de son père. Elle est actuellement mobilisée pour faire classer le mural réalisé en 1968 sur la crèche Louise-Michel à Levallois-Perret, dont la municipalité avait programmé la destruction. Ces cinq panneaux monumentaux, gravés directement dans le mortier frais, sont une création majeure de cet artiste plus connu pour son oeuvre graphique et pictural.
En 2017, Evelyne Taslitzky a donné au mahJ un autoportrait de l’artiste à l’âge de quinze ans et un portrait de sa mère –assassinée à Auschwitz –, ainsi que dix dessins exécutés à Buchenwald où Taslitzky avait été déporté.
Boris Taslitzky (Paris, 1911 – 2005)
Autoportrait
Mai 1927
Huile sur toile
Don d’Evelyne Taslitzky en 2017

Donatrice anonyme 
Depuis son ouverture, le mahJ a régulièrement proposé à des artistes de se pencher sur l’hôtel de Saint-Aignan et son histoire, afin de réaliser des œuvres qui mettent en lumière la spécificité du musée. Sculpteur israélien né en 1939, Micha Ullman travaille sur l’affleurement de l’histoire et de la mémoire dans le quotidien, construisant une oeuvre aux forts accents archéologiques. En 2000, il a ainsi imaginé Conversation, qui mettait en évidence, dans la cour d’honneur, des vestiges médiévaux disparus. Il a aussi créé plusieurs Livres de sable en écho à la collection du musée. Ces objets aux lignes épurées, en fer et sable rouge, rappellent la prééminence du livre dans le judaïsme, et soulignent sa fragilité et la nécessaire lutte contre l’oubli. A l’issue de cet événement, certains livres ont ete achetés, tandis que d’autres ont été donnés au mahJ par l’artiste et par une donatrice souhaitant conserver l’anonymat.
Micha Ullman (Tel-Aviv, 1939)
Sand Book (Livre de sable)
Israël, 2000
Fer oxyde, sable rouge
Don anonyme en 2002

Georges Weil
Exilé à New York en 1940, Georges Weil (1922-2006) rallie en 1942 les Forces françaises libres, avec lesquelles il rejoint Paris libéré en 1944. Il reprend alors l’entreprise de fourrure familiale, puis travaille dans la finance au sein d’une charge d’agent de change. A la suite de l’exposition « Georges Jeanclos. Journal de terre » en 2002, Georges Weil fait don au mahJ de cette sculpture de l’artiste.
Georges Jeanclos, pseudonyme de Georges Jeankelowitsch (1933-1997), a été marqué enfant par l’Occupation, qu’il passe dans la clandestinité, et au cours de laquelle son oncle et sa tante sont assassinés par la milice dans le Cher. S’il grandit sans pratique religieuse, il revient au judaïsme après 1968. Fondée sur un usage original de la terre cuite, déployée dans toute sa fragilité, son oeuvre a des affinités avec la statuaire funéraire étrusque. Ses personnages, aux visages lisses, aux crânes chauves, sont vêtus de linceuls ou de haillons. Premier couple de l’humanité, Adam et Eve s’étreignent ici autour de l’arbre de la connaissance.
Georges Jeanclos [Georges
Jeankelowitsch, dit] (Paris, 1933 – Paris, 1997)
Adam et Ève
1987
Terre cuite
Don de Georges Weil en 2002

Ada Tuszynski
Épouse et muse de Devi Tuszynski (Brzeziny, Pologne, 1915 – Paris, 2002), Ada Tuszynski, a donné au mahj de nombreuses oeuvres et archives de son mari. Artiste détournant les objets, auteur de miniatures exceptionnelles, de papiers découpés, de décors et de costumes pour le théâre, une grande partie de son travail est consacrée à la lettre hébraïque, comme en témoigne ce tableau pour marquer l’est. Très actif au musée d’Art juif de la rue des Saules, Devi Tuszynski fut un fidèle du mahJ dès son ouverture en 1998. En 2000, le mahJ a exposé ses miniatures pour les Psaumes.
Devi Tuszynski (Brzeziny, Pologne, 1915 –Paris, 2002)
Tableau pour marquer l’Est, Mizrah
France, 1969
Papier découpé
Don d’Ada Tuszynski en 2009

Pierre Abensur
Pendant plus de dix ans, le photographe français Pierre Abensur (Nice, 1962) s’est intéressé aux juifs vivant en terre d’Islam, notamment à Sarajevo et en Turquie. Entre 1999 et 2002, il se rend en Iran pour suivre la vie des communautés juives de Téhéran, Shiraz, Ispahan et Kemansha, qui sont parmi les plus anciennes au monde. Comme les minorités chrétienne et zoroastrienne, elles sont en situation difficile depuis l’instauration du régime des mollahs, malgré leur ancrage plurimillénaire. 
Après une exposition au mahJ en 2002, le photographe a cédé au musée l’ensemble des cinquante tirages.
Pierre Abensur (Nice, 1962)
Shabbat, mère et fille
Kerman, Iran, 2002
Don de l’artiste en 2014

Didier Ben Loulou
Ami de longue date du mahJ, le photographe Didier Ben Loulou expose en 2001 son travail sur Jérusalem. En 2005, le mahJ lui commande une enquête photographique sur le monde juif français, qu’il intitule « Rencontres », constituée de portraits réalisés dans la région parisienne, accompagnés de propos recueillis par Caroline Fourgeaud-Laville. S’inscrivant dans le parcours des collections permanentes, les soixante portraits instaurent un dialogue entre l’histoire des communautés qui ont constitué le judaïsme francais et des histoires de juifs d’aujourd’hui.
L’artiste a donné plusieurs tirages de son travail ainsi qu’un certain nombre de photographies anciennes ou récentes, dont un ensemble de photos de Seymour Jacobs, prises à Brighton Beach, près de New York, dans les années 1980.
Didier Ben Loulou (Paris, 1958)
Sans titre
Jérusalem, 1996
Don de l’artiste en 2000

Olga Klein Astrachan
Olga Klein Astrachan (Saint-Petersbourg, 1907-1999), artiste d’origine russe, vit à Berlin dans les années 1930. La photographe Lotte Jacobi (1899-1990) réalise une série de portraits d’elle alors qu’elle porte un costume créé pour le bal Reiman en 1928.
En 1993, Olga Klein Astrachan donne au mahJ deux tirages de Lotte Jacobi, ainsi que deux portraits anciens de sa mère, Bronislawa Flexor, née à Gorki et morte à Paris en 1969.
Lotte Jacobi [Johanna Alexandra Jacobi, dite] (Thorn, Prusse, 1896 – Concord, Etats-Unis, 1990)
Olga Klein Astrachan
Berlin, 1928
Don d’Olga Klein Astrachan en 1993

Kiyoko Lerner
Lorsque Laszlo Moholy-Nagy, après la fermeture du Bauhaus par les nazis, fonde le New Bauhaus à Chicago en 1937, Nathan Lerner (1913-1997) est un des premiers à intégrer l’école. Il y devient rapidement professeur, puis directeur, avant d’ouvrir une agence de design. Il est l’auteur d’une œuvre photographique originale qu’il expose peu de son vivant. Nombre de ses images brossent un portrait vivant du quartier de Maxwell Street à Chicago, ou vit une majorité d’immigrés, tandis que d’autres sont fortement inspirées par l’esthétique du Bauhaus.
Kiyoko Lerner, veuve du photographe, offre au mahJ, entre 2007 et 2009, près de quatre cents tirages, ainsi que des peintures et des dessins, qui forment un exceptionnel ensemble.
Nathan Lerner (Chicago, 1913 –1997)
Kiyoko Lerner
Paris, 1973
Don de Kiyoko Lerner en 2009

Jean Levantal
Issues des archives personnelles du donateur, ces onze diapositives sur verre du Marais juif datant des années 1920 furent publiées par Molteni, qui diffusait les images sur verre ainsi que les appareils pour leur projection. Ces images rares illustrent la vie du Pletzl, ce quartier juif traditionnel de Paris, peuplé depuis le début du XIXe siècle de juifs de l’est de la France, puis, après 1880, de juifs fuyant les pogroms dans l’Empire russe – ce qui explique les inscriptions en cyrillique et en yiddish sur les devantures des magasins.
« Librairie et journaux », 34, rue des Rosiers, Pletzl
Paris, vers 1920
Tirage moderne et plaque de verre d’origine
Don de Jean Levantal en 2007

Helene Setton, Jacques A. Nahmias, Philippe Nahmias et leurs enfants
Pour prolonger les dons importants (une quarantaine d’oeuvres) faits au mahJ par Inna et Elie Nahmias, leurs enfants ont donné en 2018 trois oeuvres majeures déposées par leur mère vingt ans plus tot.
Exposée dans la vitrine de la salle « Amsterdam : la rencontre de deux diasporas », une paire d’admirables rimmonim (ornements de baton de Torah) hollandais du milieu du XVIIIe siècle, graves au nom de Samuel de Pinto et portant la mention de l’année 5543 (1783), métamorphose le motif originel de la grenade (rimmon) en une audacieuse tour à trois niveaux.
Reconnaissable par le style de sa graphie, cette Torah « espagnole » est la plus ancienne présentée dans le parcours permanent du mahJ. Elle a été réalisée sur un cuir de gazelle (et non sur parchemin) dans les dernières années de la présence juive en Espagne, ou plus probablement dans l’Empire ottoman après l’expulsion de 1492, dans un milieu judéo-espagnol.
Rouleau de Torah (Sefer Torah)
Espagne ou Empire ottoman, XVIe siècle ?
Don des enfants d’Inna et Elie Nahmias en 2018

Donateur anonyme
En janvier 2011, un généreux donateur ayant souhaité rester anonyme a fait don à l’Etat de Funérailles juives, une très rare peinture du Genois Alessandro Magnasco (1667-1749). Classée par la commission des Trésors nationaux, cette oeuvre, inscrite sur les inventaires du musée du Louvre, a été achetée pour être déposée au mahJ. Acquise dans le cadre des dispositions de la loi de 2003 sur le mécénat, favorisant l’entrée dans les collections publiques d’œuvres d’intérêt patrimonial majeur, elle constitue l’un des plus importants enrichissements des collections du mahJ depuis son ouverture.
Alessandro Magnasco, dit « Il Lissandrino », est un des peintres les plus singuliers du XVIIIe siècle italien, tant par l’originalité de ses sujets que par son style vif et tourmenté. Le tableau Funérailles juives représente, avec une grande intensité dramatique et de facon synchronique, les étapes d’un enterrement juif à la nuit tombante dans un cimetière italien imaginaire.
Alessandro Magnasco (Genes, 1667)
Funérailles juives
Vers 1720
Huile sur toile
Dépôt du musée du Louvre 

Daniel et Anne-Carine Jacoby 
Célèbre pour son roman Belle du Seigneur (1968), Albert Cohen est né en 1895 à Corfou en Grèce, dans une famille juive romaniote et italienne de nationalité ottomane, installée à Marseille en 1900. Il commence à écrire dès 1921 et son premier roman, Solal, est publié en 1930. C’est après la guerre que paraissent les ouvrages qui ont fait sa renommée, notamment Le Livre de ma mère.
Un riche ensemble d’archives de l’écrivain a été donné au mahJ par Daniel et Anne-Carine Jacoby, avocats détenteurs du droit moral d’Albert Cohen légué par Bella Cohen, sa dernière épouse. Le fonds est composé de documents personnels et d’une documentation réunis par Bella pour l’écriture de ses livres (Autour d’Albert Cohen, Gallimard, 1990, et Albert Cohen. Mythe et réalité, Gallimard, 1991). On y trouve des archives familiales et personnelles, des documents relatifs à l’activité professionnelle et littéraire d’Albert Cohen, et une correspondance avec des figures importantes du mouvement sioniste.
Documents d’archives du fonds d’Albert Cohen
Don de Daniel et Anne-Carine Jacoby en 2016

Les descendants de Suzanne et Gilbert Dreyfus
En 2012, Adrien Cipel découvre dans un grenier familial des archives concernant ses ancêtres. Conscient de l’importance de ce fonds, il entreprend de l’étudier avec l’aide de l’historien Samuel Ghiles-Meilhac, afin de retracer l’histoire de sa famille, qui est aussi celle du judaïsme francais depuis le XVIIIe siècle. Leurs recherches sont publiées l’année suivante sous le titre Des Français israélites. Une saga familiale du XVIIIe au XXIe siècle (Michel de Maule, 2013).
Le fonds d’archives a été donné au mahJ en 2015 par l’ensemble des descendants des familles Cipel et Dreyfus : Patrick et Maryse Dreyfus, Nicolas Dreyfus, Michele Fourcade, Adrien et Barbara Cipel, Marina Fourcade, Romain Fourcade, David Cipel, Damien Cipel, Sabine Dreyfus, Alexis Dreyfus, Christopher Dreyfus et Grégory Dreyfus.
Documents d’archives du fonds de la famille de Suzanne et Gilbert Dreyfus 
Don des descendants de Suzanne et Gilbert Dreyfus

Ariel Fenster
Né près de Cracovie, Hersch Fenster (Baranow, 1892 – Paris, 1964) étudie à Vienne, où il écrit dans la presse yiddish.
S’installant à Paris en 1922, il fréquente les artistes et les intellectuels juifs originaires d’Europe orientale. En 1937, il fonde l’Amicale pour les réfugiés juifs, qui restera active jusqu’en 1940. Réfugié lui-même en Dordogne avec sa femme et sa fille, Fenster est arrêté et interné dans plusieurs camps, mais échappe à la déportation. De retour à Paris après la guerre, il se consacre à la mémoire des artistes juifs assassinés par les nazis et publie à compte d’auteur Undzere farpainikte kinstler (Nos artistes martyrs), en 1951.
Les archives qu’il a réunies, composées de tirages photographiques anciens, de plaques de verre, de manuscrits et d’imprimés, ont été données au mahJ par son fils, Ariel, en 2013. Elles constituent une source unique de documentation sur ces artistes disparus, dont il reste très peu de traces de la vie et de l’oeuvre.
Documents d’archives du fond de Hersch Fenster
Don d’Ariel Fenster en 2013

M. Brestovski
Fils d’un industriel de Łodź, Yitzhok Brauner (1887-1944) étudie la peinture à Varsovie et à Cracovie, ainsi qu’à l’Académie des Beaux-arts de Berlin.
Influencé par les postimpressionnistes, il prend le pseudonyme de Wincenty (Vincent) en hommage à Van Gogh. Son atelier à Łodź est un lieu de rencontres pour les artistes et les écrivains.
Cofondateur en 1919 du groupe d’avantgarde Yung-Yiddish, auquel participe Marek Szwarc, il aurait produit en 1922 des décors pour le théâtre de marionnettes Had Gadya créé par le poète Moshe Broderzon. Brauner reste dans le ghetto de Łodź pendant la guerre, produisant des peintures, des dessins, des gravures, des sculptures, dont de rares exemplaires, comme cette toile donnée par M. Brestovski, nous sont parvenus. Il est assassiné à Auschwitz en 1944.
Wincenty Brauner (Łodź, 1887–Auschwitz, 1944)
Enterrement au ghetto
Łodź, Pologne, 1940
Huile sur toile
Don de M. Brestovski en 2003

Christian Boltanski
En charge de la préfiguration du mahJ, Laurence Sigal, fondatrice et première directrice de celui-ci, demande à Christian Boltanski (né en 1944) la création d’une oeuvre pour le musée. De ce dialogue naîtront Les Habitants de l’hôtel de Saint-Aignan en 1939. Installée dans cette discrète arrière-cour, l’œuvre rappelle une histoire que la restauration de l’hôtel a effacée : celle de la présence jusqu’aux années 1960 dans ce lieu de modestes artisans (casquettiers, chapeliers, tailleurs, fourreurs), juifs pour la plupart, dont beaucoup sont morts dans la Shoah. Boltanski choisit de rendre à l’hotel cette mémoire par l’évocation des noms de tous ses habitants en 1939, juifs et non juifs, en se fondant sur de rigoureuses recherches d’archives. Quatre-vingts affichettes collées de facon aléatoire, à la manière des annonces nécrologiques placardées sur les murs des villes d’Europe de l’Est, rappellent leurs identités, accompagnées d’indications biographiques : lieu de naissance, métier et parfois date du convoi de déportation. Juif par son père, Boltanski n’a que rarement abordé frontalement cette part de son histoire, bien qu’elle innerve l’ensemble de son oeuvre.
Christian Boltanski (Paris, 1944)
Les Habitants de l’hôtel de Saint-Aignan
en 1939
Paris, 1998
Don de l’artiste en 1998

Claire Maratier
Acquise en 1989 grâce à une importante contribution financière de Claire Maratier (1915-2013), cette rare cabane rituelle pour la fête des Cabanes (Soukkot) est exceptionnelle par sa facture et par la qualité des scènes peintes à l’intérieur. Première œuvre acquise par le mahJ pendant la phase de préfiguration, elle porte le n° 1 dans l’inventaire du musée et symbolise la remarquable complicité qui lia la donatrice à Laurence Sigal, directrice du musée de 1988 à 2011.
Fille du peintre Michel Kikoine (1892-1968), Claire Maratier grandit à la Ruche, entourée des artistes qui, comme son père, sont pour la plupart des immigrés juifs d’Europe de l’Est. Mariée à Amédée Maratier (1902-1986), ingénieur dans l’industrie pétrolière, elle a donné au mahJ un remarquable fonds d’œuvres d’artistes de l’Ecole de Paris. En 2003, elle crée la fondation Pro mahJ, pour soutenir les activités du musée, enrichir ses collections et organiser tous les deux ans le prix Maratier, décerné à un artiste contemporain.
Cabane rituelle (soukkah)
Autriche ou Allemagne, XIXe siecle 
Acquis en 1989 grâce au Fonds du patrimoine et avec le soutien de Claire Maratier

Donateurs d’archives
Portraits d’ancêtres, photographies de famille, correspondances, actes administratifs, manuscrits : les archives comportent une grande variété de documents qui permettent de reconstruire l’histoire de familles ou de communautés dispersées. Le mahJ a reçu en don des archives isolées mais aussi de larges ensembles, tels les fonds Aron-Levy (don de Dominique Schnapper), famille Ulmann (don de Rachel Easterman-Ulmann), Remy Aron, Jean-Claude Lalou, Yvonne Imer, Annie Hershkowitz, famille Beckouche-Zerbib, famille Hassine, famille Dari-Yattah ou Rebecca Akrich…
Quelques portraits de grande taille illustrent la richesse de ces dons.
Baba Jacob et Messaouda Bensaid
Algérie, 1926
Don de James et Serge Bensaid en 2013

Don anonyme
Né au Brésil, le photographe Alecio de Andrade s’installe à Paris en 1964. Poète, pianiste, ami des écrivains et des musiciens, il photographie le Marais dans les années 1974-1975. Son témoignage sur le Pletzl – « petite place » en yiddish –, le quartier traditionnel des juifs ashkénazes depuis la fin du XIXe siècle, et sur la vie quotidienne des habitants est un regard empreint de tendresse et de poésie sur le peuple de la rue.
A la même époque, il réalise un reportage sur les commémorations du trentième anniversaire de la libération d’Auschwitz à la grande synagogue de la Victoire, en présence de Simone Veil, alors ministre de la Santé.
Grâce à un don anonyme, cet important travail d’Andrade a pu entrer dans les collections du mahJ en 2010-2012.
Alecio de Andrade (Rio de Janeiro, 1938 – Paris, 2003)
Simone Veil lors du trentième anniversaire de la libération d’Auschwitz, à la grande synagogue de la Victoire
Paris, 1975
Don anonyme en 2010

Mediatheque
Madame Bernhard Blumenkranz
Bernhard Blumenkranz (1913-1989) est né à Vienne dans une famille juive originaire de Pologne. Tres jeune, il s’intéresse au sionisme. L’antisémitisme le pousse vers la France. Pendant la guerre, il est interné au camp de Gurs, dont il réussit à s’échapper. Il gagne la Suisse où il soutient une thèse de théologie consacrée à saint Augustin : « Die Judenpredigt Augustins » (« Le sermon aux juifs d’Augustin : Une contribution à l’histoire des relations judéo-chrétiennes dans les premiers siècles »). De retour en France, il soutient une thèse d’Etat en histoire sur « Juifs et chrétiens dans le monde occidental, 430-1096 », et devient le meilleur spécialiste de sa génération concernant l’histoire des communautés juive en France et en Occident de l’Antiquité au Moyen Age.
En 1961, il fonde la Commission française des archives juives, puis en 1971, la « Nouvelle Gallia judaica », laboratoire du CNRS qu’il dirigera.
Le fonds Bernhard Blumenkranz est constitué de 44 tirés à part extraits de revues françaises, anglaises et italiennes, relatifs à ses principaux thèmes de recherche dont les relations entre juifs et chrétiens vues à travers l’iconographie chrétienne.
Fonds Bernhard Blumenkranz
Don de Madame Bernhard Blumenkranz en 1990-91

Jacques Dars
Né à Czernowitz mais viennois d’adoption, Martin Flinker (1895-1986) est une figure de passeur de la littérature allemande en France. A Vienne, avant la Seconde Guerre mondiale, il dirige une prestigieuse librairie fréquentée par les plus grands écrivains de l’époque : Zweig, Schnitzler, Roth, Musil, Broch. Il s’exile en France lors de l’Anschluss. Apres avoir passé la guerre à Tanger, il ouvre une librairie de littérature allemande à Paris, au 68, quai des Orfèvres, qui devient un centre d’échanges intellectuels franco-allemands.
Il fonde avec son fils Karl les éditions Flinker qui publient notamment Thomas Mann, auquel il a toujours voué une admiration particulière, et Henri Michaux. Karl Flinker (1923-1991) crée à la fin des années 1950 une galerie de peinture qui contribuera à la defense et à la reconnaissance de nombreux artistes contemporains.
Le fonds Flinker conservé au mahJ, depuis une donation faite par Jacques Dars en 1999, contient la bibliothèque personnelle de Martin Flinker, rassemblant tous les grands auteurs de son temps, en majorité germanophones, entre roman, théâtre, poésie et psychanalyse, ainsi que de la littérature classique. Cette bibliothèque est composée pour une grande part d’éditions originales.
Fonds Martin et Karl Flinker
Don de Jacques Dars en 1999


Du 7 mars 2018 au 13 janvier 2019
Hotel de Saint-Aignan
71, rue du Temple. 75003 Paris
Tél. : 01 53 01 86 65 
Du mardi au vendredi de 11 h à 18 h. Samedi et dimanche de 10 h à 18 h

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Les citations proviennent du dossier de presse.

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