mercredi 15 mars 2023

Restituer des objets d'art africains ?

Depuis 2017, à l'initiative du Président de la République Emmanuel Macron, la France a accéléré un "processus de repentance artistique", problématique au regard de l'Histoire et du principe d'inaliénabilité des collections publiques françaises, et qui aboutit à la prétendue "restitution" d'objets prétendument "volés" par une France coloniale à l'Afrique. Arte diffusera le 16 mars 2023 à 02 h 50 « Dakar-Djibouti 1931, le butin du musée de l'Homme » de Marc Petitjean.
  

"Les faits n’ont plus aucune importance. Seules comptent les croyances et la morale, une morale basée sur de fausses croyances. Tous les jours ce constat peut être fait, dans tous les domaines. Mais il en est un particulièrement frappé par cet obscurantisme contemporain : le patrimoine. Voici donc quelques dossiers brûlants qui menacent les monuments historiques, les œuvres d’art et les musées et pour lesquels le bon sens et les faits démontrables ne servent plus à rien", a écrit Didier Rykner dans son article Patrimoine : les faits n’ont plus aucune importance (La Tribune de l'art5 juillet 2022).

Et Didier Rykner de préciser : "Nous ne reviendrons pas ici sur les faits, bien plus complexes que ce que le discours officiel nous raconte, et que nous avons déjà décrits plusieurs fois... Des faits indiscutables que d’ailleurs personne ne discute réellement. Car ici c’est la morale uniquement qui est à l’œuvre. La moraline plutôt, qui est à la morale ce que la naïveté est à la bienveillance. Cette morale donc se résume à un dogme : tout ce qui vient d’Afrique dans les musées occidentaux y est arrivé de manière illégale, les Européens sont foncièrement des bourreaux, et les Africains uniquement des victimes. Donc il faut rendre ce que nous avons volé. Il n’y a pas de discussion possible puisque discuter de la morale, même avec des faits, est par nature immoral et illégitime".

"Les musées vont donc progressivement « restituer » une grande partie des œuvres africaines, alors même que ni la loi, ni les faits ne le justifient. Mais parce que cela ne peut et ne doit pas se discuter, au nom de la morale et de la repentance. Nous nous sommes contenté ici de parler de ce qui a trait au patrimoine et aux musées. Mais chacun pourra trouver dans d’autres domaines des exemples qui illustreront ce constat, indubitable : à l’heure où jamais il n’aura été si facile de comprendre et de s’informer, seules comptent les croyances qui ne sont basées sur rien", a conclu Didier Rykner.

"Le sabre dit d’El Hadj Oumar Tall"
"D’ici à cinq ans, je veux que les conditions soient réunies pour des restitutions temporaires ou définitives du patrimoine africain à l’Afrique », déclarait le président de la République Emmanuel Macron à Ouagadougou, le 28 novembre 2017. Nous y sommes ! Le 17 novembre 2019, à Dakar, le premier ministre Edouard Philippe a symboliquement remis au président sénégalais Macky Sall le sabre dit d’El Hadj Oumar Tall", a écrit Francis Simonis, maître de conférences HDR « Histoire de l’Afrique » à l’université d’Aix-Marseille et membre de l’Institut des mondes africains (IMAF), dans sa tribune « La première œuvre qui est “restituée” à l’Afrique est un objet européen » (Le Monde, 24 novembre 2019).

Et l'auteur de poursuivre :
"S’il ne s’agit pas à proprement parler d’une restitution, impossible en vertu du principe d’inaliénabilité des collections publiques françaises, ce geste en est « la première étape », a affirmé le premier ministre qui compte faire réviser bientôt le code du patrimoine. Une convention de dépôt pour une durée de cinq ans a été signée par la ministre des armées, Florence Parly. Ce sabre est « celui d’un grand conquérant, d’un guide spirituel (…). Sa place est bien ici, au cœur de l’ancien empire toucouleur », a-t-il poursuivi. Vraiment ? Les historiens savent pourtant que Dakar n’a jamais fait partie de l’empire toucouleur qui se trouvait plus à l’est, sur des territoires situés aujourd’hui en partie au Sénégal, mais surtout en Guinée et au Mali."
"Dans le rapport sur la restitution du patrimoine culturel africain remis au président de la République en novembre 2018, Felwine Sarr et Bénédicte Savoy proposaient que, dans une première étape, ait lieu la restitution solennelle de quelques pièces hautement symboliques. Le sabre dit d’El Hadj Oumar Tall conservé au Musée de l’armée sous le numéro d’inventaire 6995 était cité au titre du Sénégal."
"Le chef religieux et conquérant toucouleur, né vers 1797, avait fondé un vaste empire au milieu du XIXe siècle avant de trouver la mort, les armes à la main, dans la falaise de Bandiagara (actuel Mali) en 1864, alors qu’il cherchait à conquérir l’empire peul du Massina."
"Depuis 1994, ses descendants réclamaient la restitution de l’objet qui avait été présenté à Dakar à deux reprises en 1998 et en 2008. En décembre 2018, il fut envoyé à Dakar pour l’inauguration du Musée des civilisations noires assorti d’une convention de prêt pour un an".
"Mais de quelle arme parle-t-on ? Celle qui est conservée au Musée de l’armée sous le nom de « sabre ayant appartenu à El Hadj Oumar Tall » est un sabre d’infanterie modèle 1821 forgé par Coulaux et Compagnie à Klingenthal (Alsace). Selon le musée, qui n’indique pas à quel moment ni dans quelles conditions elle est entrée dans ses collections, elle a été prise à Bandiagara en avril 1893, probablement à Ahmadou Tall, le fils d’El Hadj Oumar Tall. Le site Internet du ministère des armées précise depuis le 18 novembre que ce sabre a été rapporté en France par le « général » (il était en fait colonel) Louis Archinard et qu’il est conservé depuis 1909 par le Musée de l’armée".
"Mais comment donc ce sabre s’est-il retrouvé au sud du Sahara ? On sait de façon certaine que le gouverneur du Sénégal Louis Faidherbe, qui cherchait à signer un traité d’amitié avec El Hadj Oumar Tall, fit parvenir à son fils un sabre d’une valeur de 400 francs en 1864. Mais le lieutenant de vaisseau Eugène Mage, missionné par Faidherbe pour sceller ce rapprochement, a vu l’objet et parle d’un « magnifique sabre avec un fourreau de velours vert et une garniture en argent », ce qui ne correspond pas à l’arme que nous connaissons. Il pourrait s’agir en revanche du sabre d’officier racheté par Mage à un Africain pour l’offrir à Ahmadou Tall lorsqu’il quitte Ségou, capitale de l’empire toucouleur, en 1866".
Aucune source historique, locale ou européenne, ne fait la moindre allusion à un sabre européen qu’aurait possédé El Hadj Oumar Tall. Il est difficile de croire, en effet, que le conquérant toucouleur se soit servi d’un sabre fabriqué par des chrétiens pour mener le djihad ! El Hadj Oumar Tall est mort les armes à la main dans une explosion, et nul ne sait ce qu’est devenu son corps. Comment donc son arme aurait-elle pu tomber entre les mains des Français qui n’arriveront dans la région que trente ans plus tard ?"
"Présent lors de la cérémonie du 17 novembre, Thierno Seydou Nourou Tall, le respecté imam de la mosquée omarienne de Dakar, a quelque peu refroidi l’assistance en déclarant que le sabre présenté était celui d’un des fils d’El Hadj Oumar Tall et que le sabre authentique se trouvait toujours à Bandiagara. En 1998, le professeur Abdoulaye Sokhna Diop allait encore plus loin en affirmant qu’à la différence de son fils Ahmadou, El Hadj Oumar Tall n’avait jamais possédé de sabre".
"Qu’importe ! Le processus de restitution est en marche et plus rien ne pourra l’arrêter, au prix, s’il le faut, de petits arrangements avec l’histoire. D’autres demandes ne vont pas tarder. « On est prêt à tout prendre », a déjà déclaré Hamady Bocoum, le directeur du Musée des civilisations noires. Déjà, la famille Tall réclame la restitution des 518 manuscrits saisis à Ségou en avril 1890 qui sont actuellement conservés à la Bibliothèque nationale de France. Mais quand bien même ces manuscrits devraient-ils être restitués, pourquoi donc le seraient-ils au Sénégal et non pas au Mali où ils ont été enlevés ?"
"Une chose est sûre : l’objet que l’on peut voir aujourd’hui au Musée des civilisations noires n’a jamais appartenu à son prétendu propriétaire. Et c’est là un étrange signal qui est envoyé à l’Afrique : la première œuvre qui lui est « restituée » est un objet européen qui n’a passé que quelques années sur le continent et n’est en rien ce que l’on dit qu’elle est ! A vouloir marcher trop vite, il arrive que l’on se prenne les pieds dans son sabre…"
Julien Volper
Julien Volper est conservateur de musée et maître de conférences en histoire de l’art africain, auteur de la note Restitution du patrimoine culturel africain: une erreur culturelle, une faute politique de l’Institut Thomas More. Il s’est exprimé dans Le Figaro (5 octobre 2020) à titre personnel alors qu'un "projet de loi visant à restituer des œuvres d’art au Bénin et au Sénégal était en cours d’examen à la Commission des affaires culturelles de l’Assemblée nationale" :
"Ladite loi concerne la restitution de vingt-six objets des collections muséales françaises au Bénin et d’un autre pour le Sénégal
La restitution au Bénin est d’autant plus grave qu’elle réduit quasiment à néant les collections relatives au royaume du Dahomey (situé dans l’actuel Bénin) des collections du Musée du Quai Branly. Par ailleurs, ces vingt-six objets constituent actuellement l’intégralité de la collection d’un donateur: Le Général Alfred-Amédée Dodds, officier afro-européen vainqueur de la campagne du Dahomey. Constater de quelle manière on peut sans grand état d’âme faire disparaître un donateur d’un musée devrait faire réfléchir tous ceux qui souhaitent contribuer généreusement à l’enrichissement des collections muséales.
Effectivement, le gouvernement a choisi vingt-sept objets dont l’historique permet a priori de défendre une «juste restitution» auprès de l’opinion publique. Comme je l’ai déjà dit, les pièces destinées au Bénin relèvent de la campagne militaire du Dahomey (1892-1894) alors que l’objet destiné au Sénégal, le sabre dit d’«Hel Hadj Omar», fut ramené par le général Louis Archinard lors de la campagne menée contre l’Empire Toucouleur (1890-1893). Avec des mots tels que «Guerre coloniale» et «butin de guerre», il est très facile de jouer sur la fibre morale.
Toutefois, si l’on réfléchit posément à la chose on se rend compte que, à l’époque, cette récupération d’objets par des officiers ou de simples soldats n’a rien de condamnable. De fait, c’est à partir de la Convention de la Haye de 1899 que la pratique des butins de guerre commence à entrer dans l’illégalité. J’ajouterai également que ces pratiques de butins de guerre constituaient une norme des guerres menées par l’Empire Toucouleur et le Royaume du Dahomey. Ces deux entités politiques conquérantes pratiquaient également l’esclavage qui était autorisé par leurs lois/coutumes.
Si l’on veut forcer un peu le trait, je dirais que le «butin de guerre» d’un Dodds pourra être soumis à un illégal jugement rétroactif amenant à sa restitution lorsque les descendants de la famille royale d’Abomey auront à rendre compte, de manière tout autant ridicule et anachronique, du crime contre l’Humanité qu’est l’esclavage commis par leurs ancêtres.
Comme je l’explique dans la note rédigée pour l’Institut Thomas More, on peut considérer ce projet de loi comme une belle reconnaissance par le Président Macron du travail mené par le CRAN et son ancien président Louis-Georges Tin. De fait, depuis 2013, le CRAN et Louis-Georges Tin ont multiplié les interventions en France et au Bénin sur le sujet. Rappelons que Louis-Georges Tin s’est bien illustré ces dernières années sur des sujets tels que la débaptisation des lycées portant le nom de Colbert ou bien l’opposition à la représentation d’une pièce d’Eschyle à la Sorbonne pour cause de «Blackface».
Dans cette même mouvance, on fera remarquer que lorsqu’il a fallu nommer deux personnes pour rédiger un rapport sur les restitutions, Le choix du Président Macron se tourna notamment vers l’universitaire sénégalais Felwine Sarr qui affiche une proximité avec les «Indigènes de la République» comme l’a montré Didier Rykner et comme l’a repris ensuite Emmanuel Pierrat.
Bien évidemment, les quelques mouvements que je viens de citer trouvent un écho auprès d’une certaine partie de la gauche… mais ce n’est pas Monsieur Mélenchon qui a décidé de faire ce projet de loi et de s’appuyer sur les revendications du CRAN, c’est bien le Président de la République, celui-là même qui souhaite «en même temps» lutter contre le «séparatisme».
J’ajoute aussi que c’est François Hollande qui défendit le mieux le caractère inaliénable des collections françaises, alors que son prédécesseur, Nicolas Sarkozy, inventa le prêt à durée indéterminée pour restituer officieusement à la Corée près de de 300 manuscrits des collections de la BNF.
Pour moi, il y a deux catégories de députés de droite comme de gauche qui approuvent le projet de loi dont nous parlons. Ceux qui sont convaincus des théories postcoloniales et souhaitent réparer le crime inexpiable de l’Occident (pour reprendre l’expression à Yves-Charles Zarka) et ceux qui considèrent que ces objets africains n’apportent en fait rien au «patrimoine français et à l’art véritable».
Pour ces derniers, rendre quelques statues du Dahomey ou un stère de bois… cela revient au même. En écoutant Madame Bachelot en commission, il est possible qu’elle se rapproche de la deuxième catégorie. Il faut en effet entendre la Ministre, pourtant prête à renvoyer des objets africains par centaines, s’opposer clairement à l’idée même de prêts d’œuvres européennes pour des expositions en Afrique car celles-ci sont fragiles et coûteuses!
Quand on y réfléchit bien, un projet de loi de ce type n’est pas si difficile à mettre en place. Pour dire les choses crûment, il suffit simplement pour un Président de la République de n’attacher aucune importance aux biens muséaux nationaux et de disposer d’une majorité à l’Assemblée. Ensuite, on peut répéter l’opération aussi souvent que nécessaire. Et je peux vous garantir que les autres dossiers vont suivre.
Le 30 septembre dernier, lors de son allocution en commission, La Ministre de la Culture, Roselyne Bachelot, a annoncé que, pour le moment, cinq autres pays africains étaient dans la file d’attente pour des restitutions similaires. Ces demandes concernent la bagatelle de plus de 13.000 objets des collections nationales françaises…mais cela n’inquiète pas la ministre. Qui plus est, le Président du Bénin, Patrice Talon, s’est déclaré non satisfait des «petites avancées françaises» et envisage déjà de demander bien plus.
C’est un massacre des collections muséales qui va se dérouler dans un climat qui ne vise clairement pas à un rapport apaisé mais donne libre cours à des frustrations et des revanches à prendre. Ainsi, que penser des paroles d’Hamady Bokoum, Directeur du Musée des Civilisations Noires de Dakar lequel, en 2019, annonçait que le Sénégal était bien prêt «à tout prendre» ou de celles de Patrice Talon en 2018 qui évoquaient les musées occidentaux comme des «milieux de répression».
Enfin, je serai curieux de savoir comment réagira l’exécutif français actuel ou futur lorsque d’autres pays de par le monde, qui suivent ces affaires de restitutions de près, pourront s’appuyer sur le précédent africain pour faire valoir leurs droits.
Dois-je rappeler que les musées français détiennent près de deux cents statues et peintures (dont plusieurs Rubens) prises par les troupes françaises sur le territoire de l’actuelle Belgique au tournant du XVIIIème et du XIXème siècle? Dois-je rappeler qu’à la date du 14 mars 2019, la Chambre des Représentants de Belgique a adopté le texte d’une résolution relative aux œuvres d’art «translocalisées» et à l’entame d’un dialogue avec l’État français?
En quoi les prises révolutionnaires et napoléoniennes en territoire belge devraient être classées sans suite alors que des butins de guerre sont retournés au Bénin?
Lorsque l’on voit le faible niveau d’analyse critique d’élus qui votent des deux mains et des deux pieds pour un tel projet de loi, je pense véritablement que le seul moyen de mettre les collections nationales à l’abri de demandes de restitutions soumises aux intérêts diplomatiques à court terme et aux pressions sociétales du moment serait de reconnaître la valeur constitutionnelle des principes d’inaliénabilité (art. L451-5 du code du patrimoine), d’imprescriptibilité (art. L451-3 du code du patrimoine) et d’insaisissabilité des collections nationales françaises.
Lorsqu’un politique en charge du Patrimoine affichera ce courage, nous pourrons dire que nous avons, enfin, un Ministre de la Culture."
« Dakar-Djibouti 1931, le butin du musée de l'Homme »
Arte diffusera le 16 mars 2023 à 02 h 50 « Dakar-Djibouti 1931, le butin du musée de l'Homme », documentaire de Marc Petitjean (2020).

« Au fil d’images d’archives et d’écrits de ses membres, ce beau documentaire retrace pas à pas la mission ethnographique qui inspirera à Michel Leiris son livre "L'Afrique fantôme". Un éclairage passionnant, à l’heure du débat sur les restitutions. »

« Mai 1931. À l’époque de l’exposition coloniale et du succès du Bal nègre à Paris, une mission d’ethnologie, emmenée par l’explorateur Marcel Griaule et dont font partie l'écrivain et poète Michel Leiris et le musicologue André Schaeffner, embarque pour un périple de dix-huit mois à travers l'Afrique, de Dakar à Djibouti ». 

« Curieux d’expérimenter de nouvelles méthodes d’enquête sur le terrain, les scientifiques ambitionnent de mieux s’initier aux cultures africaines − modes de vie, traditions et religions −, menacées d’effacement par la colonisation, comme de faire reconnaître l'ethnologie comme une science moderne et humaniste ». 

« Leur objectif : collecter – quitte à voler − des objets du quotidien pour les collections du musée d'ethnographie, bientôt rebaptisé musée de l’Homme ». 

« L’expédition rapportera ainsi un impressionnant butin de précieuses "pièces à conviction" : 3 600 objets, dont le mystérieux boli fétiche du culte du Kono, 60 mètres carrés de peintures murales et des centaines de manuscrits éthiopiens, des milliers de photos, des mètres de films, des enregistrements, dessins, ainsi que 70 crânes et ossements… »

« La folle aventure inspirera à Michel Leiris, émerveillé autant qu’écœuré, son célèbre journal L'Afrique fantôme, publié en 1934, qui pointera l’absurdité de cette collecte et les limites d'une telle entreprise dans un cadre colonial ». 

« Abordant la rencontre de l'autre à travers sa propre subjectivité, l’auteur y dénonce la logique d'intimidation et d'effraction à l'œuvre dans les prises d'objets, dont lui-même se rend coupable. »

« Un carnet de route critique que ne lui pardonnera pas Marcel Griaule. »

« Quatre-vingt-dix ans plus tard, ces "reliques" lointaines – dont des masques dogons –, intégrées au répertoire occidental et conservées au musée de l’Homme ou encore à celui du Quai-Branly, ont enrichi les cultures européennes ». 

« Mais à l’heure du débat sur les restitutions, leur disparition d’Afrique a aussi laissé de profondes séquelles dans les pays d’origine, collection et destruction constituant les deux faces d'une même médaille. » 

« Au fil d'hypnotiques images d’archives des pays traversés, d’extraits de L'Afrique fantôme et de la correspondance de Griaule, le film retrace pas à pas cette épopée conradienne, entre désir de découverte et quête compulsive, pour raconter une impossible rencontre. »

« Restituer ? L'Afrique en quête de ses chefs-d'œuvre »
Arte diffusera le 5 avril 2022 à 22 h 30 « Restituer ? L'Afrique en quête de ses chefs-d'œuvre » (Restituieren? Afrika fordert seine Kunstschätze zurück), documentaire partial de Nora Philippe. 

« Le destin tumultueux des œuvres d’art africaines qui peuplent les musées d’Europe, aujourd’hui réclamées par leurs pays d’origine. À travers la brûlante question de leurs restitutions, ce film invite à repenser le patrimoine culturel et le rôle des musées pour réinventer nos relations avec l’Afrique. »

« C’est l’histoire de plus d’un siècle de pillages coloniaux et d’appropriation d’œuvres d’art par l’Europe. De combats incessants depuis l’Afrique pour les retrouver. Et de grands musées qui célèbrent les arts africains mais gardent jalousement leurs trésors ». C’est le regard européen qui a su distinguer l’art africain, le préserver et le promouvoir. Et toutes les œuvres d’art africain dans les musées n’ont pas été volées. Certaines ont été achetées. Ce documentaire nourrit le ressentiment contre l'Europe et la repentance. La France étant allée jusqu'à remettre des objets honnêtement acquis !?

« Masques, statues, restes humains, fossiles, bijoux… : les musées occidentaux possèdent des centaines de milliers d’objets et d’œuvres qui ont, pour la plupart, quitté l’Afrique subsaharienne pendant la colonisation ». 

« À partir de la fin du XIXe siècle, les pays européens ont cherché à édifier les musées les plus grandioses et les plus riches en collections ». 

« On estime aujourd’hui que 90 % du patrimoine africain se trouve hors du continent, surtout en Europe, notamment dans des collections privées. »

« Depuis les pillages, les communautés et pays d’origine luttent pour le retour de leurs œuvres exilées, de leurs objets sacrés, de leurs ancêtres ». 

« Ces voix, l’Europe a rarement voulu les entendre ». 

« Elles ont pourtant pris le chemin de demandes officielles au lendemain des indépendances, et celui de l’Unesco à la fin des années 1970 : une histoire globale encore mal connue ». 

« Mais les grands musées de l’hémisphère nord ont toujours puissamment résisté à cet appel à la justice. »

« En 2018, un rapport commandé par la présidence française aux penseurs Felwine Sarr et Bénédicte Savoy provoque une déflagration ». 

« L’heure des restitutions définitives semble avoir sonné ». 

« Les pays européens se disent alors prêts à rendre. Les musées africains se multiplient et préparent les retours ». 

« Le temps de l’action, pourtant, s’étire. Le spectre colonial continue de hanter cette géopolitique complexe. Les États européens tiendront-ils leurs promesses ? »

Raconté par Léonie Simaga et tourné dans sept pays entre Europe et Afrique de l’Ouest, "Restituer ? – L’Afrique en quête de ses chefs-d’œuvre" propose un ample récit historique. »

« Grâce des archives bouleversantes et les interventions des témoins de premier plan, penseurs, acteurs et actrices des restitutions, le film éclaire un débat complexe trop souvent réduit à deux camps qui s’opposent. »



France, 2020, 58 min
Coproduction : ARTE France, TS Productions, avec la participation de TV5 Monde
Sur Arte le 16 mars 2023 à 02 h 50
Disponible du 08/03/2023 au 03/04/2023


France, 2019, 83 min
Coproduction : ARTE France, Cinétévé, avec la participation de TV5 Monde
Raconté par Léonie Simaga
Sur Arte les 27 octobre 2021 à 00 h 00, 5 avril 2022 à 22 h 30
Sur arte.tv du 27/10/2021 au 03/07/2022
Visuels : © Cinétévé

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Les citations sont d'Arte. Cet article a été publié le 5 avril 2022.

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