mardi 28 août 2018

Harold Feinstein (1931-2015), photographe


Harold Feinstein (1931-2015) était un photographe juif américain. Représentant la New York School of Photography, cet artiste humaniste et professeur, méconnu en France, a saisi la vitalité, l’exubérance ainsi que la diversité ethnique et culturelle de la Big Apple d’après guerre. En 2018, la galerie Thierry Bigaignon présente l’exposition "Harold Feinstein • Gracieusement vôtre".


« La clé de mon travail, c’est que je ne suis jamais arrivé au bout : il y aura toujours un premier baiser, une première femme… », a confié  Harold Feinstein (1931-2015).

Harold Feinstein est un photographe juif américain. Représentant la New York School of Photography, cet artiste humaniste et professeur, méconnu en France, a saisi la vitalité, l’exubérance ainsi que la diversité ethnique et culturelle de la Big Apple d’après guerre.

« Prodige de la photographie »
Harold Feinstein (1931-2015) nait dans une famille de Juifs immigrés : son père Louis, grossiste en viande, venait d’Odessa, et sa mère Sophie d’Autriche.

Harold Feinstein  débute sa carrière en 1946, à l’âge de 15 ans, avec le Rolleiflex d’un voisin.

L’année suivante, il interrompt sa scolarité pour se consacrer entièrement à son activité de photographe.

En quatre ans, il acquiert une notoriété telle qu’Edward Steichen (1879-1973), conservateur et directeur du département de la photographie du Museum of Modern Art (MoMA), lui achète  des photographies pour la collection permanente du MoMA.

Harold Feinstein  adhère à la Photo League  à l’âge de 17 ans, et y côtoie notamment Sid Grossman.

Il devient une figure importante de l’avant-garde de la street photography (Photographie de rue) new-yorkaise. Helen Gee expose ses œuvres à la Limelight Gallery.

Harold Feinstein collabore au label discographique Blue Note Records.

En 1952, mobilisé dans l’infanterie, il saisit aussi la vie quotidienne des soldats pendant la Guerre de Corée, entre entrainement, combats et cérémonies officielles, ainsi que celle de villageois.

Harold Feinstein est l’un des habitants originels du Jazz Loft où il fait la connaissance de W. Eugene Smith, et collabore à la maquette du Pittsburg Project de Smith.

En 1954, le Whitney Museum of American Art lui consacre une exposition, et en 1957 le Museum of Modern Arte présente ses œuvres. Dans The New York Times, Jacob Deschin qualifie le travail de Feinstein de « nouveau pictorialisme ».

Vingtenaire, Harold Feinstein enseigne à New York, à la Annenberg School of Communications de l’Université de Pennsylvanie, à l’université de Massachusetts, au Maryland Institute of Art...

Il est célèbre pour son activité pendant 60 ans à Coney Island.

Il s’exerce aussi dans divers genres : nus, portraits, natures mortes.

Au milieu des années 1980, il explore la couleur en photographiant, en 35 mm, des fleurs et des coquillages sur un fond de ciel. Ses clichés sont publiés par LIFE. Feinstein utilise des lentilles kaléidoscopiques, produisant un portfolio d’images abstraites de l’architecture de la Big Apple, notamment des immeubles conçus par les architectes Louis Kahn et Frank Lloyd Wright.

En 1998, Feinstein recourt en pionnier à la scanographie, en usant d’un scanner comme d’une caméra. En 2000, le Computerworld Smithsonian Award couronne son travail photographique numérique.

Les photographies de Feinstein figurent au sein des collections permanentes de célèbres musées : Museum of Modern Art, International Center of Photography (ICP), George Eastman House, Museum of Photographic Arts, Center for Creative Photography, Musée d’Art Moderne, the Jewish Museum, and the Museum of the City of New York.

Ses portfolios et articles ont été publiés par de célèbres magazines LIFE, Aperture, Black and White, Camera Arts, The New York Times Magazine, American Photo, Oprah Magazine, Evergreen Review, Photography Annual, Modern Photography et Popular Photography.

En 2011, âgé de 80 ans, Harold Feinstein reçoit The Living Legend Award remis par le Griffin Museum of Photography.

Il décède en 2015.

Galerie Thierry Bigaignon 
En 2017, la galerie Thierry Bigaignon a présenté l’exposition La Rétrospective Harold Feinstein, 1ère partie : Les années 40 et 50 : L'Optimisme Contagieux (Retrospective Part 1: The Early Years - Contagious Optimism!).

Un hommage, dans le cadre du Mois de la photo Grand Palais, à Harold Feinstein (1931-2015). Une sélection de photographies humanistes, inédites, en noir et blanc. Une invitation à la découverte d'un photographe américain méconnu, mais majeur du XXe siècle.

En 2018, cette galerie propose l'exposition "Harold Feinstein • Gracieusement vôtre". "Après une première exposition en 2017 qui mettait à l’honneur l'optimisme contagieux du photographe américain alors qu’il dépeignait la jeunesse et l'insouciance de l'après-guerre, la Galerie Thierry Bigaignon présente la deuxième partie de la rétrospective consacrée à Harold Feinstein, avec une série de photographies prises entre 1964 et 1988."

"La renaissance de ce prodige de la photographie, le plus jeune membre de la Photo League et dont la précocité fût très tôt confirmée par son entrée dans la collection permanente du Museum of Modern Art de New York (MOMA) alors qu’il était âgé d’à peine 19 ans, franchit une deuxième étape. Après avoir couvert les années 40 et 50 lors de la première partie de cette rétrospective, la Galerie Thierry Bigaignon a cette fois sélectionné 21 photographies couvrant la période des années 60 à 80, illustrant une fois de plus le formidable talent de cet artiste américain décédé en 2015."

"Bien que sa muse ait toujours été Coney Island, où il est né en 1931, l’objectif d’Harold Feinstein s’est tourné dès les années 60 vers les rues, les commerces et les restaurants de Manhattan, faisant de ses œuvres l'un des témoignages les plus prégnants de cette Amérique en pleine effervescence. Mais plus encore, ce qui frappe dans cette nouvelle sélection du galeriste parisien c’est l’omniprésence des corps et la remarquable captation du mouvement, comme si Feinstein voyait dans la rue un ballet de grâce et de beauté."

"Ses photographies immortalisent en noir et blanc des moments particuliers de la vie des New-Yorkais, s’immisçant dans leur quotidien pour mieux mettre en lumière l’humanité de ces personnages. Harold Feinstein décrivait lui-même ces images comme « un petit échantillon de [son] voyage photographique témoignant de la beauté et du mystère de cette vie humaine ».

"Explorant sous tous les angles le Times Square scintillant ou les rues tourbillonnantes de Harlem, il photographie cafés enfumés, rames de métro et vitrines de magasins et révèle toute la poésie et la grâce d'une ville en pleine évolution, à travers des images à la fois engageantes et magnétiques. Pour François Cheval, qui prépare avec Audrey Hoareau une rétrospective de l’oeuvre, « Harold Feinstein fait comme si le réel devait se conformer à l’idée qu’il se fait du monde. Mettre en valeur, avec méthode, la beauté latente du quotidien, la tâche ne l’a pas effrayé, et pourtant, quelle ambition, doter la photographie d’une morale ! »

A l’occasion de cette exposition-événement, la galerie a mis en vente le 22 mai 2018 sur le site COLLECTORS CONFIDENTIAL une photographie rare de Harold Feinstein : "Lovers Recline". une photo vintage de 1965.

"The photograph is particularly rare, not only because it has almost never been shown, but also because it stands out form the rest of Harold Feinstein's lifetime body of work. We present it as a special bonus print to complement the gallery's current exhibition "Graciously Yours". It was taken in 1965 in Philadelphia, Pennsylvania. The subjects are a couple who were friends of Harold Feinstein’s as he was teaching at the Philadelphia Museum School at the time."

"This is a rare and real vintage print, made by Harold Feinstein in 1965 when the shot was taken. It is 11”x14”, with an image size of 8.625” x 13” with a black border (not included in the image measurement). As far as we know, only three prints were made then and none have been made afterwards."
"Lovers Recline (1965)
Vintage silver gelatin print made by the artist (1965)
Paper size: 11 x 14 in - Image size: 8.625 x 13 in
Signed and dated at recto
Unframed print
Availability : now
Free worldwide shipping
© Harold Feinstein, Lovers Recline, 1965"

"Harold Feinstein (1931-2015) began his career in photography in 1946 at the age of 15 and within four short years, Edward Steichen, an early supporter, had purchased his work for the permanent collection of the Museum of Modern Art (MoMA). He joined the Photo League at 17 and became a prominent figure in the vanguard of the early New York City street photography scene. He was one of the original inhabitants of the legendary « Jazz Loft » which he later turned over to his long-time collaborator and colleague W. Eugene Smith. Feinstein had his first exhibition at the Whitney Museum of American Art in 1954 and his first exhibition at the Museum of Modern Art in 1957. While his Coney Island work has been much celebrated, Feinstein’s breadth and exposure are far greater. He has a large collection of classic street photography, nudes, portraits and still life. His first black and white monograph, « Harold Feinstein, A Retrospective », was published in 2012 by Nazraeli Press and won a Photo District News 2013 award in the Best Photo Books category. Feinstein’s photographs have been exhibited in and are represented in the permanent collections of major museums around the globe including the Museum of Modern Art, International Center of Photography, George Eastman House, Museum of Photographic Arts, Center for Creative Photography, Musée d’Art Moderne, the Jewish Museum, and the Museum of the City of New York. His portfolios, photo essays, and articles have been published in major periodicals including, LIFE, Aperture, Black and White, Camera Arts, The New York Times Magazine, American Photo, Oprah Magazine, Evergreen Review, Photography Annual, Modern Photography and Popular Photography. In 2011 at the age of 80, he was given « The Living Legend Award » by the Griffin Museum of Photography."


CITATIONS

« Coney Island était mon île au trésor. Le temps était beau, plein de vacarme et de cris. J'aimais les montagnes russes, les spectacles... Il y avait pléthore d'images, et les jeunes qui traînaient là en bande réclamaient qu'on les prenne en photo. Je travaillais souvent si vite qu'il me fallait attendre l'impression pour découvrir certains détails de l'image  ».

« Si je devais nommer les cinq personnes les plus importantes dans ma carrière de photographie, Edward Steichen devrait être sur cette liste. J’avais juste seize ans en 1947 lorsque Steichen, qui avait 68 ans, est devenu le Directeur de la Photographie au Museum of Modern Art. Trois ans plus tard, en 1950, je pénétrais dans le musée sans prévenir et demandait à le rencontrer. J’avais auparavant reçu des encouragements de Dorothy Norman de me lancer dans ma carrière photographique. Norman, une femme riche qui était à la fois artiste et mécène, de même que l’amante de Stieglitz jusqu’à sa mort, m’a gracieusement dit : « Tu es jeune mais tu iras loin car tu peux ressentir de l’émerveillement mêlé d’admiration. C’est le mot de passe pour la sagesse ». Ma visite au musée en tant que jeune homme de 19 ans a été en partie incitée par ses encouragements.
L’homme à la réception a appelé Steichen et j’ai été invité à son bureau pour le rencontrer. Ce jour-là, il a acheté deux de mes photographies, ce qui était assez grisant pour un photographe de rue de 19 ans (et ça l’est toujours même à 84 ans). C’étaient les premières que j’ai jamais vendues.
J’ai appris plus tard que Steichen lui-même avait reçu des encouragements de la même manière. Lorsqu’il avait 21 ans, Steichen, qui n’avait jamais encore rencontré Alfred Stieglitz – alors considéré comme le baromètre dans le monde de la photographie – s’est arrêté à New York pour le rencontrer alors qu’il se rendait à Paris pour étudier la peinture. Stieglitz a été impressionné et a acheté trois des photographies de Steichen pour la somme de cinq dollars chacune. Steichen était sur un petit nuage, déclarant qu’il n’en avait jamais vendu une pour plus de 50¢ ! Peu après son arrivée à Paris, il a abandonné la peinture et s’est dédié à la photographie. Je devine que cet incident doit avoir influencé Steichen pour qu’il adopte la tradition d’encourager les jeunes photographes prometteurs en achetant leurs œuvres pour la collection du MOMA. J’ai eu la chance d’être l’un des bénéficiaires…
Plusieurs années plus tard, Steichen m’a demandé de contribuer par mes photographies à l’exposition Family of Man. J’ai décliné sa proposition. C’est probablement la décision la plus folle de ma carrière.
Je n’étais pas le seul photographe à décliner son offre, et je suis sûr de n’être pas le seul à le regretter. L’exposition est généralement considérée comme Evènement le plus important dans l’histoire de la photographie. Et le catalogue, qui a été vendu à plus de quatre millions d’exemplaires, est probablement le livre de photographies le plus lu jamais publié. Il n’est pas surprenant que Steichen ait considéré cette exposition comme sa réalisation la plus grande.
Mon regret n’est pas seulement à propos de la perte de visibilité pour mon travail. Mais, mon purisme à l’époque était vraiment en contradiction avec l’approfondissement des graines de rébellion et de populisme en moi ».

Du 24 mai au 31 août 2018. Vernissage le 24 mai 2018 de 18 h à 21 h
Du 2 février au 30 avril 2017
Hôtel de Retz
Bâtiment A
9, rue Charlot, 75003 Paris
Tel. : +33 (0)1 83 56 05 82
Du mardi au samedi de 12 h à 19 h

Visuels 
Couverture du catalogue
© Harold Feinstein, Coney Island Teenagers, 1949. Courtesy Galerie Thierry Bigaignon

© Harold Feinstein, 125th Street from Elevated Train, 1950. Courtesy Galerie Thierry Bigaignon.

© Harold Feinstein. Bidding Farewell, 1952. Courtesy Galerie Thierry Bigaignon.

© Harold Feinstein, Boy with Chalk Numbers, 1955. Courtesy Galerie Thierry Bigaignon.

© Harold Feinstein. Coke Sign on the Boardwalk,1949. Courtesy Galerie Thierry Bigaignon.

© Harold Feinstein, Two Men and a Boy Contemplate, 1950. Courtesy Galerie Thierry Bigaignon.

Affiche : Harold Feinstein, Black Hands and Back, 1974. Courtesy Galerie Thierry Bigaignon
Harold Feinstein, Man Smoking in Diner, 1974. Courtesy Galerie Thierry Bigaignon
Harold Feinstein, Take Your Own Photos, 1978. Courtesy Galerie Thierry Bigaignon
Harold Feinstein, Window Washer, 1974. Courtesy Galerie Thierry Bigaignon
Harold Feinstein, Dancers Arms, 1970. Courtesy Galerie Thierry Bigaignon
© Harold Feinstein, Lovers Recline, 1965

A lire sur ce blog :
Cet article a été publié le 2 avril 2017. Les citations proviennent notamment des communiqués de presse.

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