vendredi 6 mars 2020

Nouveaux vols impunis dans des hôpitaux publics français


Pulls en cachemire, ceinture de marque, agenda et portefeuille, téléphone portable, chemise de nuit… Ces objets personnels ont été volés en 2011, en 2016 et 2017 à des malades juifs français arrivés en urgence dans des hôpitaux français, dont Bichat-Claude Bernard dirigé par Arnaud Giraudet, Lariboisière-Fernand-Widal dirigé par Bénédicte Isabey, ainsi que Saint-Roch à Nice en 2005. En toute impunité. Sans excuse. Sans indemnisation. Sans explication. Ce qui soulève aussi des questions cruciales sur la sécurité dans les hôpitaux français, alors que la France vivait en 2017 sous état d’urgence. En pleine pandémie de coronavirus, des masques ont été dérobés dans des hôpitaux de Paris et Marseille.


Quand un patient arrive aux Urgences d’un hôpital français, il espère au mieux être soigné avec célérité et efficacité, et être orienté vers le service adéquat, mais pas que certains de ses biens personnels « se volatilisent » et qu'une bureaucratie, à l'informatisation peu efficiente, refuse d'indemniser ses préjudices.

Quand un patient décède dans un hôpital français, aucun de ses proches plongé dans l’affliction ne s’attend à déplorer le vol de ses biens personnels et à se heurter à une bureaucratie dédaigneuse.

Ces faits sont pourtant survenus à des familles juives.

Bichat 2016
Un matin de l’été 2016, Mme E., octogénaire française juive, est hospitalisée au service des Urgences de l’hôpital Bichat, et quelques jours plus tard, elle rejoint un des services de cet hôpital.

Lors d’une visite hospitalière, sa fille réclame en vain la chemise de nuit en broderie anglaise de sa mère auprès de ce service. Celui-ci ne la retrouve pas dans le service et oriente la fille de Mme E. vers les Urgences.

Là, un agent d’accueil tapote dans son ordinateur pour chercher la trace de l’octogénaire. Résultat : Mme E. n’est jamais entrée dans cet hôpital !?

Même avec la carte Vitale, point de trace de Mme E. dans l’ordinateur de cet hôpital.

Au bout d’un quart d’heure, la supérieure hiérarchique de l’agent d’accueil arrive et dirige les recherches informatiques.

Il faut attendre encore environ dix minutes pour que tous deux retrouvent la trace de l’entrée à l’hôpital de Mme E. et de son séjour actuel.

En insistant, la fille de Mme E. parvient à faire enregistrer sa réclamation. Directive de l’hôpital : attendre la réponse.

Au bout de quelques semaines, Mme E. rentre à son domicile.

Les mois passent…

Sans réponse de l’hôpital, la fille de Mme E. réclame la chemise de nuit de sa mère via le site Internet de l’Assistante publique des hôpitaux de Paris (APFP).

Laurence Lannéhoa, Chargée des Relations avec les Usagers, Associations et Cultes de l’Hôpital Bichat – Claude-Bernard, lui répond le 23 septembre 2016 : « Je vous informe avoir d’ores et déjà saisi pour enquête les Cadres de Santé des Urgences et de Gériatrie, afin que des éléments de réponse circonstanciés me soient communiqués. Je ne manquerai pas de vous tenir informée des précisions qui m’auront été fournies ».

L’attente se poursuit…

Le 18 novembre 2016, la fille de Mme E. s’enquiert auprès de Laurence Lannehoa de l’état d’avancement de cette enquête, et sollicite le remboursement de cette chemise de nuit.

Réponse immédiate de Laurence Lannehoa :
« Le Cadre des urgences vient de me faire parvenir les transmissions des infirmières : votre mère a été déshabillée à son admission aux urgences et son vestiaire laissé avec elle. Malheureusement, sa chemise de nuit n’a pas été retrouvée lors de son transfert au service D., puisque l’inventaire qui a été fait lors de son arrivée ne mentionne pas la présence de vêtement. Nous sommes désolés de ce dysfonctionnement. Afin de proposer un dédommagement à votre mère, il conviendrait de nous faire parvenir la facture, le ticket de caisse ou une preuve de l’achat de ce vêtement avec indication de la date de l’achat, accompagné d’un RIB et d’une pièce d’identité recto-verso de votre mère ».
Suivent des échanges ubuesques et chronophages pour obtenir en vain le remboursement.

Vous n’avez pas gardé le ticket de caisse ? Présentez le talon du chèque utilisé pour payer cette robe de chambre ! Vous avez payé en espèces ? Demandez un « duplicata de la facture au magasin à la date de l’achat » ! Serait-ce légal pour une enseigne de conserver toutes les factures d’achats de ces clients ?

Finalement, Laurence Lannehoa transmet la proposition de l’APHP (Assistance publique Hôpitaux de Paris) : celle-ci remboursera, par virement bancaire, le futur achat du même article, et ce, sur présentation de la facture à venir.

Faute d’avoir trouvé en magasin la même chemise de nuit, Mme E. en achète une sur Internet, paye les frais de livraison (7 euros), et transmet les documents réclamés à l’APHP en vue de leur remboursement.

Une dizaine de jours plus tard, Mme E. reçoit un protocole d’accord de l’APHP qui s’engage à rembourser le prix d’achat, mais non les frais de livraison, et ceci, afin de clore définitivement le différend.

La fille de Mme E. réclame le remboursement de ses frais totaux ? Niet.

Combien d’octogénaires auraient abandonné précocement leurs recherches face à une telle bureaucratie ?

Pas de remboursement. Pas d’excuse. Pas d’explication. Bravo le service public hospitalier ! Bravo l’APHP ! Bravo à sa traçabilité informatique !

Lariboisière 2017
Dans la nuit du 26 au 27 février 2017, M L. arrive au service des Urgences de l'hôpital Lariboisière-Fernand-Widal dirigé par Bénédicte Isabey. Son pronostic vital est engagé.

M L. est transféré au service des Urgences de l'hôpital Bichat-Claude Bernard dirigé par Arnaud Giraudet.

Dès le 27 février 2017, ses proches cherchent à récupérer ses affaires personnelles à l'hôpital Lariboisière-Fernand-Widal. Recherche infructueuse au service des Urgences et à celui de la Régie qui centralise les biens de valeur. Ils contactent aussi cet hôpital via son site Internet.

Le 3 mars 2017, Gina Krunic, chargée des Relations avec les Usagers et Associations à l'Hôpital Lariboisière leur a écrit :
"L’équipe des urgences m’a répondu que, concernant les effets personnels de M. L., un inventaire a été réalisé. Ce dernier comprenait 1 caleçon, 2 chaussettes, 2 chaussures, 1 chemise, 1 manteau, 1 pantalon et 1 tee-shirt.
Les affaires personnelles ont ensuite été renvoyées sur l’hôpital Bichat.
 Par contre, il  n’y avait pas de dépôt réalisé (au coffre de l’hôpital).
 Je continue à rester à votre disposition et bien cordialement".
Il faudra plus d'une semaine pour que l'hôpital Bichat-Claude Bernard reçoive ses biens personnels, sauf son téléphone portable et sa chemise...

Des objets manquants à ce jour.

Le 8 mars 2017, Martine Trincali, chargée des Relations avec les Usagers et Associations à la Direction de l’hôpital Saint-Louis (!?) informe avoir transféré le message des proches de M L. à Chantal Lecat, cadre supérieur des urgences.

Sujet tabou
Pourquoi consacrer un article à ces faits ? Parce qu’ils sont révélateurs d’un sujet tabou inquiétant dans « les-hôpitaux-que-le-monde-entier-nous-envie » et d'une bureaucratie informatisée à l'efficience insuffisante. ET qu'il urge de mettre en garde les Juifs de ces risques.

Voici une dizaine d'années, un enquêteur avait considéré fréquents ces vols aux urgences d’hôpitaux. Alors, pourquoi ce silence ? Quelles actions sont menées pour les éradiquer cette délinquance qui perdure ?

En outre, diverses questions taraudent. Survenus dans les hôpitaux Bichat-Claude Bernard  à Paris en 2011 et 2016, et Saint-Roch  à Nice (2005), ces vols ont concerné des personnes juives, dont deux d’entre elles étaient mortes lors de la « disparition » de leurs objets personnels.

Le fait le plus récent relaté dans cet article est survenu en plein état d’urgence. Soit le vol a été commis par un(e), voire des employé(e)(s) de l’APHP, et le suivi informatisé aurait du/pu permettre de localiser le moment du vol et celui/celle/ceux l’ayant commis. Soit ce vol a été effectué par un individu extérieur, voire un gang, pouvant entrer aisément dans l’hôpital, y faire ce qu’il veut - grâce à des complicités internes ? -. Ce qui s’avère inquiétant. Ainsi, un individu pourrait poser une bombe et commettre un attentat à l’ampleur tragiquement élevée. A quoi sert la bureaucratie informatisée de l’APHP ?

Pourquoi l'APHP ne comprend-elle pas que c'est en assurant la sécurité des biens des personnes hospitalisées, qu'elle contribue au maintien de l'ordre public, donc à la tranquillité, à la sécurité des patients qu'elle accueille et du personnel qu'elle emploie ?

Les patients étrangers, dont certains très célèbres, hospitalisés dans un des établissements de l'APHP, subissent-ils ces vols ?

Quand un patient arrive au service des Urgences d'un établissement de l'AP-HP, le personnel soignant le dote d'un bracelet sur lequel est inscrit un code barre l'identifiant. Pourquoi ses biens personnels ne seraient-ils pas mis dans un sachet doté du même code barre ?

J’ai interrogé l’AP-HP dont Martin Hirsch est le directeur général et président du directoire, pour connaître :
- la fréquence des vols de vêtements de malades arrivant au service des urgences  à l'hôpital Bichat, et plus généralement dans les établissements de l'APHP ;

- le nombre de vols enregistrés depuis 2000, et leur répartition selon les hôpitaux et leurs services ;

- parmi les patients, vivants et morts, dépouillés de leurs biens au sein des établissements de l’APHP, la part des patients juifs. Les voleurs recherchent-ils particulièrement les Juifs, par leurs prénoms ou noms, en pensant que les Juifs ont de l’argent ?

- les mesures prises pour réduire ou/et supprimer ces vols ;

- les sanctions prises à l'égard des voleurs et de leurs complices membres de l'APHP et de cet hôpital ;

- le ratio des administratifs et des médecins dans l'effectif total de l'APHP et de l'hôpital Bichat ;

- les raisons pour lesquelles l’agent à l'accueil des Urgences de l'hôpital Bichat a mis près de 30 minutes pour retrouver, dans son ordinateur, la fiche de Mme E. alors hospitalisée dans cet hôpital ;

- les problèmes informatiques de l'APHP et de l'hôpital Bichat, ainsi que les solutions éventuellement envisagées apportées pour y remédier ;

- les mesures prises pour améliorer l'accueil aux Urgences et en interdire l'entrée à d'éventuels voleurs ou terroristes.

Coronavirus
En pleine pandémie de coronavirus, des matériels de protection ont été dérobés dans des hôpitaux publics en mars 2020. "Au moins 8 300 masques et 1 200 flacons de solutions hydroalcooliques ont été volés dans des hôpitaux publics à Paris - hôpitaux Bichat et Robert-Debré - et 2 000 masques chirurgicaux ont été volés à l'hôpital de la Conception à Marseille". Sont aussi touchés par ces actes peu civiques des hôpitaux de Nice, Toulouse, Nantes... Ce qui affecte les patients, le personnel soignant et les visiteurs. Le 2 mars 2020, l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) a déposé une plainte pour ce vol à Bichat et "des plaintes seront déposées systématiquement" pour les autres faits, a déclaré l'institution publique".

Certains vols ont lieu dans la chambre des patients, d'autres dans les réserves munies de codes d'accès.  « Le vol de matériel a lieu toute l'année et on identifie de plus en plus qui sont les gens qui se servent volontairement, mais là, la situation est différente. On est sur des disparitions de matériel très spécifique et ça met les soignants encore plus à cran… », a déploré une infirmière de l'hôpital Robert-Debré. Pourquoi l'AP-HP n'a-t-elle pas déposé des plaintes pour les vols non attribuables aux proches des patients ?

En raison de l'augmentation de la demande, les prix de ces articles ont considérablement augmenté et certaines pharmacies sont en rupture de stocks. Olivier Véran, ministre de la Santé a signé un arrêté autorisant les pharmaciens à fabriquer des gels hydroalcooliques.

Quant aux masques, "face à la pénurie, qui frappe surtout les médecins de ville, le ministre de la Santé, Olivier Véran, avait annoncé le 23 février la commande de dizaines de millions de ces masques. Une réunion a eu lieu jeudi avec plusieurs fabricants qui ont répondu à l’appel d’offres, mais les masques ne sont annoncés que pour dans trois ou quatre semaines".

Ces faits sont d'autant plus graves que la France a généreusement donné ces matériels à la Chine et à l'Iran (4 mars 2020), sans reconstituer ses stocks. "Le premier envoi d'aide humanitaire du gouvernement français a été remis au ministère iranien de la Santé et de l'Education médicale, a rapporté l'agence de presse officielle IRNA. "L'envoi comprend des articles demandés par les autorités iraniennes comme des équipements et des kits de tests, des bottes, des vêtements de protection et des gants pour le personnel médical. La France, l'Allemagne et la Grande-Bretagne enverront également une aide supplémentaire à l'Iran d'une valeur de près de cinq millions d'euros (5,56 millions de dollars américains) par l'intermédiaire de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) et d'autres institutions des Nations Unies", a fait savoir Philippe Thiebaud, ambassadeur de France à Téhéran, en marge de la cérémonie de remise dans la capitale Téhéran. L'Iran dispose de suffisamment d'argent pour financer le terrorisme dans le monde, notamment via le Hezbollah.


Je publierai les réponses dès réception.

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Cet article a été publié le 15 février 2017.

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