lundi 13 février 2023

Nantes, la traite transatlantique et l'esclavage

Située sur les bords de la Loire, Nantes a été le premier port négrier de France dans le cadre du commerce triangulaire. En 2021-2022, le Château des ducs de Bretagne - musée d’histoire de Nantes, un musée engagé pour "décoloniser sa pensée", a présenté l’exposition « L’abîme - Nantes dans la traite atlantique et l’esclavage colonial (1707-1830) ». Arte diffusera les 13 février 2023 à 17 h 25 et 14 février 2023 à 08 h 10, dans le cadre d’
« Invitation au voyage » (Stadt Land Kunst), « À Nantes, une histoire noire et blanche » (In Nantes: Eine Geschichte in schwarz-weiß), et propose, sur son site Internet, « Sur les quais de Nantes, les délits de faciès » (Am Hafen von Nantes: schwarze Fracht).

« Esclaves blancs - maîtres musulmans » par Lisbeth Jessen 
« Les routes de l'esclavage » par Daniel Cattier, Juan Gélas et Fanny Glissant

Située au confluent de l'Erdre et de la Loire, dans l'Ouest de la France, Nantes est liée à la Bretagne, dont elle est la capitale ducale, au Moyen-âge.

Son port prospère grâce au commerce international : sucre, tabac.

"Nantes devient le premier port négrier de France dans le cadre du commerce triangulaire entre l'Europe, l'Afrique et l'Amérique. entre 1707 et 1711, 75 % des navires négriers en partent Au XVIIIe siècle, au port de Nantes, des navires ont embarqué 450 000 Noirs, ce qui représente 42 % de la traite française. Ce commerce a enrichi des armateurs, et a financé l'édification d'hôtels particuliers, de « folies », de salles de spectacles, etc. La traite a pris fin tardivement à Nantes : en 1831 : de 1814 à 1831, malgré des interdictions officielles et successives, de Nantes, un minimum de 50 000 Noirs ont été embarqués dans des bateaux nantais ou commandités depuis Nantes". 

« La traite atlantique, la traite arabo-musulmane et la traite interafricaine, qui alimentait les deux autres traites, [ont concerné] 11, 17 et 14 millions [d'Africain])... La traite occidentale a duré moins de 3 siècles : elle a commencé à la fin du 15e siècle pour les Portugais, mais beaucoup plus tardivement pour la France puisque le premier bateau négrier, l'Union, partit de Nantes en 1707. Elle s'est terminée un siècle plus tard pour la France, qui, comme la plupart des autres nations européennes, a aboli la traite à la suite du congrès de Vienne de 1815. La traite négrière arabo-musulmane en Afrique a duré, elle, 13 siècles. Elle a été qualifiée de « génocide voilé » par l'anthropologue sénégalais Tidiane N'Diane qui écrit : « Bien qu'il n'existe pas de degré dans l'horreur ni de monopole de la cruauté, on peut soutenir […] que le commerce négrier et les expéditions guerrières provoquées par les Arabo-musulmans furent, pour l'Afrique noire et tout au long des siècles, bien plus dévastateurs que la traite atlantique », a rappelé Marie-Claude Barbier Mosimann, maître de conférences honoraire à l'ENS Paris-Saclay, dans « La traite arabo-musulmane est volontairement occultée dans les mémoires de l'esclavage » (Le Figaro, 11 mai 2021)

« L’abîme - Nantes dans la traite atlantique et l’esclavage colonial (1707-1830) »

« 30 ans de recherches scientifiques, une équipe impliquée dans des réseaux de recherches nationaux et internationaux, une collection constituée depuis plus d’un siècle… Décoloniser sa pensée, le musée s’engage » 

« Soutien aux mouvements Black Lives Matter et Museums are not neutral dès juin 2020, Mémorial de l’abolition de l’esclavage : l’un des plus importants au monde. Un musée citoyen »

Johanna Rolland, Maire socialiste de Nantes et Présidente de Nantes Métropole, a remarqué :
« Il y a trente ans, sous l’impulsion de Jean-Marc Ayrault, la Ville de Nantes s’est engagée avec force et détermination dans un travail de mémoire consistant à regarder en face et sans détour son passé de premier port négrier de France. Ce sont plus d’un demi-million d’hommes, de femmes et d’enfants qui, entre le XVIIème et le XIXème siècle ont été livrés au commerce triangulaire à bord de navires nantais.
Reconnaître avec lucidité cette réalité effroyable de l’histoire de notre ville vise d’abord à honorer la mémoire de toutes celles et ceux qui ont été les victimes de cette tragédie incomparable. Cela doit nous permettre également de participer au combat contre la barbarie de l’esclavage qui malheureusement demeure une réalité du monde contemporain.
Ce travail de mémoire nécessaire entrepris à Nantes est l’œuvre de responsables politiques, de militants associatifs et de citoyens engagés à qui il me faut ici adresser toute notre reconnaissance.
Ainsi entre 1992 et 1994, l’exposition Les Anneaux de la mémoire a accueilli plus de 400 000 visiteurs dans l’enceinte du Château des ducs de Bretagne. Puis en 2012, le Mémorial de l’abolition de l’esclavage s’est ancré dans la ville d’aujourd’hui à l’endroit même d’où partaient hier les bateaux destinés à cet odieux trafic. Je n’oublie pas bien sûr le travail mené par le Musée d’histoire de Nantes, notamment depuis sa rénovation en 2007, avec une installation pérenne consacrée à la traite Atlantique et à l’esclavage colonial, faisant ainsi du musée un site de référence à l’échelle internationale.
À l’heure de célébrer les vingt ans de l’adoption de la loi reconnaissant la traite et l’esclavage en tant que crime contre l’humanité, dite loi Taubira, le Musée d’histoire de Nantes, avec l’exposition L’abîme, Nantes dans la traite Atlantique et l’esclavage colonial, 1707 - 1830 ouvre une nouvelle page de ce travail de mémoire entrepris au siècle dernier.
Il propose ainsi de réinterroger ses collections afin de mettre en lumière d’une façon nouvelle le destin tragique de ces centaines de milliers d’hommes, de femmes et d’enfants victimes de l’esclavage et de la traite.
Je veux remercier toutes celles et ceux qui ont contribué à la construction de cette exposition souhaitant qu’elle puisse nous aider à appréhender encore mieux la réalité de ce chapitre douloureux mais fondamental de notre histoire commune. »
Bertrand Guillet, directeur du musée d’histoire de Nantes et du Château des ducs de Bretagne, a écrit :
« Le musée d’histoire de Nantes, qui a également la gestion du Mémorial de l’abolition de l’esclavage, initie depuis plusieurs années une démarche visant à redéfinir sa posture dans le champ de l’engagement sociétal et politique.
Fort d’une antériorité, la place de la signature de l’édit de Nantes, de réalisations anciennes comme les expositions « Les Anneaux de la Mémoire » témoignant pour la première fois d’une histoire occultée, celle de la traite atlantique, mais aussi « Nantais venus d’ailleurs », « En guerres », « Amazonie », et s’opposant récemment aux pressions d’une censure lors de la mise en œuvre de l’exposition « Gengis Khan », le musée affiche désormais un positionnement fort en tant qu’acteur responsable face aux enjeux contemporains de nos sociétés en déployant des partis pris assumés comme le travail sur la décolonisation de la pensée et du musée. Délibérément, il s’affranchit de son cadre traditionnel de musée d’histoire pour être un acteur au cœur des combats environnementaux, sociétaux et humains.
2021 sera donc une année de démonstration de ses valeurs par la mise en œuvre de la « saison #2 d’Expression(s) décoloniale(s) » et de l’exposition « L’abîme » dont l’approche se veut être à la fois un bilan des trente dernières années sur le sujet de la traite atlantique et de l’esclavage colonial à partir du territoire nantais ainsi que la mise en avant de nouveaux sujets de recherche.
Ce travail dans la profondeur historique nourrit également nos questions sur les mémoires et les héritages de ce lourd passé dont les conséquences animent toujours nos réalités contemporaines.
Le musée, par ses missions d’éducation et de pédagogie et par l’écriture d’un récit renouvelé, se doit d’être un révélateur au service d’un nouvel horizon sociétal.
Un musée citoyen. »
L'année 2021 a marqué « les 20 ans de l’adoption de la loi Taubira. Née à Cayenne (Guyane), Christiane Taubira, députée (1993-2012) puis ministre de la Justice (2012-2016), est à l’origine du vote en 2001 d’une loi qualifiant de « crimes contre l'humanité » la traite négrière transatlantique et l'esclavage, mais non la traite négrière arabo-musulmane pour que les « jeunes Arabes ne portent pas sur leur dos tout le poids de l'héritage des méfaits des Arabes » (L’Express4 mai 2006). 

À Nantes, cet anniversaire a été « l’occasion de deux rendez-vous incontournables : Expression(s) décoloniale(s) #2 qui proposa de découvrir des approches historiques et artistiques actuelles sur la traite atlantique, et l’exposition L’abîme. Nantes dans la traite atlantique et l’esclavage colonial, 1707-1830 qui interrogea les collections du musée sous un nouvel angle, afin de révéler les traces invisibles au premier abord mais bien présentes, du destin de celles et ceux qui furent victimes du système colonial et esclavagiste. »

« Pourquoi est-il nécessaire de tenter de décoloniser sa pensée ? »
« Nantes fut le premier port négrier de France : plus de 550 000 hommes, femmes et enfants furent achetés sur les côtes africaines pour être transportés dans les colonies françaises de l’Amérique à bord des navires nantais afin d’être vendus et mis en esclavage.
« Après l’abolition de l’esclavage en 1848, Nantes tourne la page, comme les autres ports négriers. »
« Les travaux des historiens Rinchon et Gaston-Martin voilà plus d’un demi-siècle, puis de Jean Mettas, Jean Meyer et Serge Daget, grâce à leur inventaire systématique des expéditions négrières nantaises et françaises, ont permis de prendre la véritable mesure du phénomène de la traite et de sortir de l’oubli progressif lié à la décolonisation pour entrer dans la réalité historique. »
« De 1992 à 1994 l’exposition Les Anneaux de la Mémoire, la première de cette ampleur sur ce thème en Europe, présentée au Château des ducs de Bretagne, accueillera 400 000 visiteurs. »
« En 2007, la rénovation du musée d’histoire de Nantes au sein du Château des ducs de Bretagne permet de présenter de façon pérenne une importante séquence consacrée à la traite atlantique et à l’esclavage colonial. Reconnu au niveau international comme site de référence, il a poursuivi le travail scientifique engagé alors. Au travers de manifestations, d’expositions, de colloques, le musée n’a eu de cesse de questionner l’histoire et de se repositionner sur la façon de regarder le passé comme le présent. »
« Inauguré en 2012 et conçu par l’artiste Krzysztof Wodiczko et l’architecte Julian Bonder, le Mémorial de l’abolition de l’esclavage contribue, lui aussi, à questionner le rapport de Nantes à son passé colonial. Ce monument porte un triple message : un hommage à tous ceux qui se sont élevés et ont lutté contre l’esclavage, une invitation à la méditation sur ces crimes et un appel à poursuivre la lutte contre toutes les formes d’exploitation humaine dans le monde. »
« Aujourd’hui, Nantes poursuit la mission qu’elle s’est donnée : assumer son passé, s’appuyer sur son histoire pour engager des combats pour le présent et pour l’avenir. Un cheminement de plus de 30 ans, jalonné d’actions locales et internationales. »

« Aujourd’hui encore, les historiens ne parviennent pas à se mettre d’accord sur le nombre de victimes de la traite atlantique. Les documents manquent pour qu’une comptabilité exacte soit réalisée, cependant les écarts des estimations ne s’évaluent pas en dizaines ou en centaines de milliers, mais en millions. Comment est-il possible qu’un phénomène aussi tragique et fondamental puisse partager à ce point ceux qui se sont consacrés à son étude ? Il s’avère que le nombre, aussi vertigineux qu’il soit, ne suffit pas à dire. » 

« Qui plus est, que saurions-nous vraiment si ce nombre était définitivement arrêté ? Saurions-nous combien d’hommes, de femmes et d’enfants périrent au moment des guerres, des raids et des razzias qui furent à l’origine de leur captivité ? Saurions-nous comment une ville entière et son territoire ont pu trouver dans le système colonial et esclavagiste les raisons et les moyens d’un enrichissement sans précédent ? Imaginerions-nous le lien étroit entre la traite atlantique et les prémices de la révolution industrielle ? Comprendrions-nous, ne serait-ce que l’espace d’un instant, ce que fut l’horreur de ne plus s’appartenir, de quitter le monde des hommes pour celui des biens matériels, de disparaître sans laisser de trace ni même de souvenir ? »

« Le musée d’histoire de Nantes propose d’interroger ses collections, afin de révéler les traces au premier abord invisibles mais pourtant bien présentes, du destin de celles et ceux qui furent victimes du système colonial. Au-delà de la vision économique et commerciale habituelle, l’exposition lèvera le voile sur la complexité du réel d’une ville qui fut négrière et esclavagiste. »

« L’exposition L’abîme s’inscrit à la fois dans l’héritage d’une reconnaissance mémorielle, fruit de plus de 30 ans d’actions sur le territoire, et dans le désir profond de valoriser les recherches des historiens qui apportent aujourd’hui un nouvel éclairage sur la traite atlantique. Elle est basée presque exclusivement sur les objets de collections du musée d’histoire de Nantes. »

« Volontairement immersive, suggestive et sensible L’abîme rend compte de la complexité du réel aux époques concernées et notamment sur le territoire national : l’on découvrira le nom de celles et ceux qui vécurent à Nantes en subissant le statut de personnes captives mises en esclavage, entre 1692 et 1792, lorsqu’ils furent inscrits dans les documents officiels. »

« L’exposition se fait aussi l’écho des grands débats et sujets qui font notre actualité : migrations contemporaines, réseaux actuels de la traite humaine, développement de nouvelles formes de racisme, mouvements pour l’égalité des droits… »

Le Commissariat de l'exposition est assuré par Krystel Gualdé, directrice scientifique du musée d'histoire de Nantes.

Pourquoi L’Abîme ?
« Le choix de l’abîme comme titre de l’exposition fait référence au terme et la notion de gouffre atlantique du philosophe et romancier Édouard Glissant. Pour lui, la réalité antillaise est construite sur trois expériences de gouffre : la cale du bateau, la mer où l’on jette les corps et l’inconnu qui terrifie. »

« Avec ce gouffre atlantique, ce gouffre de l’oubli, ce qui s’est abîmé c’est notre humanité. »

« Ce qui pétrifie, dans l’expérience du déportement des Africains vers les Amériques, sans doute est-ce l’inconnu, affronté sans préparation ni défi. La première ténèbre fut de l’arrachement au pays quotidien, aux dieux protecteurs, à la communauté tutélaire. Mais cela n’est rien encore. L’exil se supporte, même quand il foudroie. La deuxième nuit fut de tortures, de la dégénérescence d’être, provenue de tant d’incroyables géhennes. Supposez deux cent personnes entassées dans un espace qui à peine en eût pu contenir le tiers. Supposez le vomi, les chairs à vif, les poux en sarabande, les morts affalés, les agonisants croupis. Supposez, si vous le pouvez, l’ivresse rouge des montées sur le pont, la rampe à gravir, le soleil noir sur l’horizon, le vertige, cet éblouissement du ciel plaqué sur les vagues. Vingt, trente millions, déportés pendant deux siècles et plus. L’usure, plus sempiternelle qu’une apocalypse. Mais cela n’est rien encore. Le terrifiant est du gouffre, trois fois noué à l’inconnu. Une fois donc, inaugurale, quand tu tombes dans le ventre de la barque. Une barque, selon ta poétique, n’a pas de ventre, une barque n’engloutit pas, ne dévore pas, une barque se dirige à plein ciel. Le ventre de cette barque-ci te dissout, te précipite dans un non-monde où tu cries. 
Cette barque est une matrice, le gouffre-matrice. Génératrice de ta clameur. Productrice aussi de toute unanimité à venir. Car si tu es seul dans cette souffrance, tu partages l’inconnu avec quelques-uns, que tu ne connais pas encore. Cette barque est ta matrice, un moule qui t’expulse pourtant. Enceinte d’autant de morts que de vivants en sursis. »
Poétique de la Relation. Poétique III, 1990, pp.17-18

Le bilan humain de la traite atlantique est dramatique
« D’une extraordinaire brutalité, elle a concerné entre 13 et 17 millions d’hommes, de femmes et d’enfants entre la deuxième moitié du 16e siècle et la fin du 19e siècle. Les expéditions françaises, à elles seules, sont responsables de la déportation d’1,3 million d’Africains. Nantes, d’où partirent 43 % des campagnes de traite françaises, fut le premier port négrier du pays durant toute cette période. L’interdiction, prononcée en 1815, ne parviendra pas à arrêter avant 1831 un commerce dont les bénéfices avaient permis le développement sans précédent de la ville et de ses activités. »
« Cette histoire, particulièrement longue, douloureuse et complexe, a laissé des traces matérielles et de profondes cicatrices, encore visibles aujourd’hui. À Nantes, des noms de lieux, des quartiers d’habitation, des détails architecturaux, témoignent, à chaque instant, de ce que fut le développement colonial d’une ville, d’un territoire, d’un continent, appuyé sur un commerce à nul autre pareil : celui de captifs arrachés à leur terre natale, déportés pour être mis en esclavage dans les colonies européennes. »
« Pour autant, les collections conservées dans un ancien grand port esclavagiste, si elles révèlent ce qu’a pu être ce commerce d’êtres humains, ne permettent à aucun moment de « raconter » l’esclavage. Il faut les renverser, parfois complètement, pour tenter d’évoquer ce que fut, pour celles et ceux qui le vécurent, l’horreur de ne plus s’appartenir. »


PREMIÈRE PARTIE
« 1455-1657 | De l’exploration des côtes africaines aux prémices de la traite nantaise »
« L’EXPLORATION DES CÔTES AFRICAINES ET LE PARTAGE DU MONDE »
« En 1453, après la chute de Constantinople aux mains de la puissance ottomane, les Européens sont contraints de trouver de nouvelles routes commerciales afin d’accéder aux richesses de l’Inde et de l’Asie. Dès 1455, le pape Nicolas V concède au roi du Portugal le droit de conquérir de nouvelles terres et de réduire en « esclavage perpétuel » tous les non-chrétiens : l’Afrique semble toute désignée. Les Flamands, les Allemands, les Anglais, les Génois et les Vénitiens se lancent à la suite des Portugais. En 1471, ces derniers prennent pied sur l’île de São Tomé ; ils atteignent le Congo en 1483. L’année 1492, marquée par l’arrivée sur le continent américain de Christophe Colomb et ses compagnons, en quête d’une voie maritime vers l’Asie, achève le basculement vers une nouvelle organisation du monde. Le 7 juin 1494, l’Espagne et le Portugal signent le traité de Tordesillas : l’Afrique et le Brésil reviennent aux Portugais, le reste du continent américain, aux Espagnols. »
« En mars 1685, à l’initiative de Colbert, Louis XIV signe à Versailles un édit connu sous le nom de « Code noir ». En une soixantaine d’articles, ce recueil dresse un « règlement pour le gouvernement et l’administration de justice et la police des Îles françaises de l’Amérique, et pour la discipline et le commerce des nègres et esclaves dans ledit pays ». Dans ce texte, des éléments témoignent de la difficulté d’établir, dans un royaume où l’esclavage n’existait pas jusque-là, les termes de relations de domination et de possession d’êtres humains. En effet, le recueil illustre une contradiction majeure : il spécifie que l’esclave est un bien meuble tout en reconnaissant qu’il est une personne qui doit être baptisée et instruite dans la religion chrétienne. Cette entrée dans la communauté chrétienne justifie à elle seule le système esclavagiste, mais l’ambivalence du statut des esclaves indique combien la question de l’humanité est le point d’achoppement de tout un système. » 
« Sur les côtes, un ensemble d’intermédiaires facilitent les échanges et jouent le rôle de traducteurs et de négociants. Des gages de confiance peuvent être donnés aux uns et aux autres, en guise de récompense comme en guise de reconnaissance de dette. Les relations commerciales sont donc complexes, les prix des captifs âprement négociés et les échanges établis afin d’organiser et de stabiliser un commerce fructueux pour l’ensemble des partenaires. Rapidement, une partie de la population de la côte qui échange avec les Européens, parle leurs langues et vit selon certains de leurs usages et ne tarde pas à être considérée comme « blanche » par les Africains de l’intérieur. »

SECONDE PARTIE
« 1657-1791 | Nantes au temps des « Indes Galantes », premier port négrier et esclavagiste de France » 
LES PRÉMICES DE LA TRAITE NANTAISE
« Durant la seconde moitié du 17e siècle, Nantes devient un grand port d’armement international, dont la flotte ne cesse d’augmenter. De la pêche morutière au négoce avec les colonies, les activités transocéaniques sont vastes. Après 1660, c’est le commerce colonial qui est privilégié par les armateurs nantais. Il est d’abord essentiellement pratiqué en droite ligne (« en droiture »), entre les colonies et la métropole. Mais le commerce de captifs africains s’ébauche déjà. Gratien Libault de la Chevasnerie, seigneur de la Templerie, écuyer, capitaine en chef de la compagnie de milice bourgeoise de la Fosse, est l’un des premiers Nantais à s’engager dans cette voie. Sa tentative ne donne pas, pour autant, le coup d’envoi de la traite nantaise. Malgré tout, les historiens estiment à un millier le nombre total de personnes déportées d’Afrique en Amérique durant le dernier tiers du 17e siècle à bord des navires nantais. Les acteurs du port ligérien attendront les premières années du 18e siècle pour développer leurs activités de traite des êtres humains. »

À BORD...
...DE L’HERCULE
« L’Hercule, l’un des premiers navires nantais à s’engager dans la traite atlantique, est armé par René Montaudoin. L’armateur a choisi Samuel Morisse comme capitaine du navire, qui doit achever sa campagne de traite à Saint-Domingue. L’équipage quitte Nantes le 26 juillet 1707. Mais la guerre de succession d’Espagne (1701-1713) se transporte à travers les navires jusque sur les mers. Engagé dans un combat contre un navire portugais, au large du Cap Lahou, le long de la Côte d’Ivoire, L’Hercule remporte la victoire et se rend maître du bateau, de sa cargaison de traite et de son équipage le 15 octobre 1707. Mais le conflit pour la domination de l’Europe le rattrape à nouveau. Opposé à un navire hollandais quelques jours plus tard, le bâtiment français explose, le 22 octobre 1707. »
« 38 hommes d’équipage périssent dans l’explosion et l’incendie qui suit. Le navire est perdu. Quant au capitaine et aux hommes ayant survécu, ils ne gagneront la Guadeloupe à bord de L’Opiniâtre qu’en novembre 1708. »
« L’ensemble de la côte qui longe la mer de Guinée et le Golfe du Bénin n’est toujours pas pacifié à cette date, et ce malgré le « traité de paix ou de neutralité entre les quatre nations d’Europe qui trafiquent à Juda, tant à terre qu’en rade, et même à la vue de la rade », imposé en 1704 par le roi de Amar. Les souverains africains n’hésitent pas, en effet, à légiférer pour rétablir l’ordre, indispensable aux affaires. »
« La forte valeur ajoutée des produits indiens et asiatiques, dont la vente se tient de manière exclusive à Nantes entre 1720 et 1733, est à l’origine d’un enrichissement sans équivalent pour la ville. Durant cette période, les pièces de textile rapportées des Indes et les cauris, de petits coquillages ramassés aux Maldives, arrivent dans le port dans des proportions jamais égalées jusqu’ici. Or ces produits constituent la part principale, en valeur, des biens échangés en Afrique contre les captifs. À Nantes, les armateurs sont donc particulièrement favorisés par la conjonction des routes commerciales. »

« Les tableaux de Dominique Deurbroucq et de son épouse née Marguerite Sengstack, réalisés par Pierre-Bernard Morlot en 1753, sont exceptionnels par la représentation d’un homme et d’une femme vivant en esclavage à Nantes, figurant à leurs côtés. Si les modèles n’ont, à ce jour, pas encore été identifiés, ils témoignent de l’existence de personnes en état de servitude sur le sol français. »

RÉCITS DE VIE
PAULINE
« Pauline vit en esclavage. Originaire de Guadeloupe, elle arrive à Nantes en janvier 1714, avec celle qui est sa propriétaire, Madame Villeneuve. Dans l’attente de la retrouver après un voyage à Paris, celle-ci la place comme pensionnaire dans le couvent des Bénédictines de Notre-Dame du Calvaire. » 
« Au bout d’une année, Pauline demande à entrer au couvent, ce à quoi Madame Villeneuve s’oppose formellement. Cette dernière engage alors une action en justice, exigeant le retour de son « esclave » ou un dédommagement financier. Pauline ne cède pas. Par chance, elle ne mène pas ce combat seule : soutenue par la prieure du couvent et l’ensemble de la communauté, elle reçoit également le soutien de René Darquistade (futur maire de Nantes), qui devient son parrain et prend en charge l’ensemble de ses frais durant son noviciat. »
« Le procès, qui s’achève en 1715, lui accorde la liberté, les formalités de déclaration imposées par les règlements en vigueur n’ayant pas été réalisées lors de son entrée sur le territoire. Devenue libre, la jeune femme poursuit sa vie sous le nom de Sœur Thérèse, parmi les Bénédictines du Calvaire, et prononce ses vœux perpétuels le 7 juillet 1716. »
« Son procès fait date : un édit, promulgué en octobre de la même année, réitère l’obligation formelle de déclarer aux greffes des juridictions des villes les accueillant les personnes mises en esclavage venues des colonies, afin de les empêcher de demander et d’acquérir leur liberté
devant la justice. »

JAZON
« Jazon vit en esclavage. Il a dix ans lorsqu’il arrive à Nantes depuis la Martinique, en septembre 1742. »
La déclaration qui rend compte de sa présence sur le territoire français porte la mention « Arada » à la suite de son prénom. Cette appellation laisse entendre qu’il s’agit d’un enfant récemment acquis sur les côtes de Guinée, auprès d’une population d’agriculteurs, l’une des premières à être mises en esclavage et déportées dans les colonies françaises du continent américain. »
« Mis sous la responsabilité du capitaine du navire sur lequel il fait la traversée, La Cérès, il rejoint un négociant installé dans le quartier de la Fosse, Pierre Coquelin, qui le place chez un patron, afin d’apprendre le métier de cuisinier. »
« Le garçon est devenu un jeune homme de vingt-deux ans lorsqu’il repart pour la Martinique. À ce moment-là, son apprentissage, qui devait durer trois années, est achevé de longue date. Sans doute l’a-t-il mis en pratique à Nantes. »

EXTRAITS DE L’EXPOSITION
« À bord d’un navire négrier nantais
Où qu’elle soit organisée et quel que soit son périple, une campagne de traite négrière n’est pas une opération maritime et commerciale comme une autre. Pour les victimes de ce trafic elle est le moment de l’arrachement, de la dépossession de soi-même et de la déshumanisation, dans une violence poussée à l’extrême. Un point de basculement sans retour. Pour les armateurs, qui en attendent beaucoup, elle est une opération commerciale sur laquelle ils misent « gros ». Souvent, plusieurs financiers les soutiennent pour la construction, la réparation et l’aménagement du navire ainsi que pour la constitution de la cargaison de départ. En effet, le coût de ces expéditions peut s’élever jusqu’à 400 000 livres, somme considérable pour l’époque, supérieure à l’achat d’un petit hôtel particulier parisien. »
« Le 16 décembre 1769, le capitaine Jean-Baptiste Fautrel-Gaugy clôt la période d’achat de sa campagne à bord de la Marie-Séraphique sur les côtes africaines. Les prescriptions de l’armateur Jacques Barthélémy Gruel, la capacité de son navire et l’avancée de la saison ont guidé sa décision. 312 personnes ont été achetées : 192 hommes, 60 femmes, 51 garçons et 9 filles. La traversée peut commencer. »

« Durant leur parcours de visite, les visiteurs sont confrontés à un dispositif numérique immersif puissant : ils se retrouvent plongés dans l’entrepont du navire négrier La Marie-Séraphique. Une ambiance sonore vient renforcer le sentiment d’enfermement. »

À BORD...
...DES BONS ENFANTS
« Le 23 octobre 1741, Les bons Enfants, un navire armé par Jacques Rabiteau pour la côte d’Afrique, quitte le port de Nantes. »
« Le capitaine, Germain La Borne, réalise alors sa première et dernière campagne de traite, décidant de s’installer au Cap-Français, à Saint-Domingue, à l’issue de la vente des 364 captifs qu’il y conduit dans les premiers jours de décembre 1742. »
« Mais derrière ces dates de début et de fin se cache une réalité morbide : l’opération maritime et commerciale a coûté la vie à une centaine d’hommes, de femmes et d’enfants embarqués entre Quilombé et Malimbé, le navire étant resté le long des côtes africaines six mois, avant d’entamer une traversée de plus de neuf semaines ! La durée de ces étapes est sans doute responsable, en partie, de la mortalité extrêmement importante des captifs, en plus des épidémies, des maltraitances, des répressions brutales lors des tentatives de révolte et d’évasion, et des suicides. »
« Au total, au moins 1 466 captifs décèdent à bord des 27 navires négriers nantais pour la seule année 1741… »

TROISIÈME PARTIE
« Nantes et Saint-Domingue au 18e siècle »
« NANTES ET SAINT-DOMINGUE, UNE HISTOIRE EN COMMUN »
« Durant tout le 18e siècle, et jusqu’aux révoltes de 1791, Saint-Domingue est la destination privilégiée des navires nantais, tant dans le cadre du commerce en droiture que dans celui du commerce négrier. Mais les relations des Nantais avec la colonie ne sont pas uniquement d’ordre commercial : les liens qui existent entre les deux sites sont plus étroits.
En effet, au 18e siècle, de nombreux Nantais détiennent des plantations sur l’île et, à défaut d’y vivre de manière permanente, y possèdent assez de biens et y restent suffisamment longtemps pour être considérés comme des « Américains » lorsqu’ils sont de passage ou de retour dans le port ligérien. »

« Le marronnage, qui consiste à s’enfuir définitivement de la plantation, est la forme de résistance à l’esclavage la plus extrême. Pour les propriétaires, et pour l’ensemble des colons, cette pratique représente un danger réel. En effet, ceux qui réussissent à s’évader des habitations forment des groupes sociaux qui s’organisent en cachette, pillent les récoltes pour survivre et menacent, par leur exemple, l’équilibre du système colonial basé sur la terreur et la soumission. Appelés « nègres marrons », ces fugitifs sont particulièrement craints à Saint-Domingue. »

« John Gabriel Stedman, officier dans l’armée hollandaise, raconte plusieurs scènes de son intervention au Surinam lors des importantes révoltes d’esclaves survenues entre 1772 et 1777. Leur répression est menée avec une violence poussée à son paroxysme. Publié en 1794 par Joseph Johnson, un éditeur engagé dans le combat antiesclavagiste, le récit de Stedman est accompagné de gravures commandées à William Blake et Francesco Bartholozzi. Reprises par l’ensemble des acteurs abolitionnistes anglais, puis européens, ces planches joueront un rôle décisif dans la diffusion des idées abolitionnistes à la fin du 18e siècle. »

QUATRIÈME PARTIE
« 1791-1848 | Des révolutions aux abolitions »
« LA DIFFUSION DES IDÉES ABOLITIONNISTES ET LA RÉVOLUTION FRANÇAISE »
« En France, la Société des Amis des Noirs, créée en février 1788 à l’initiative de l’abbé Grégoire et du député Brissot, prend exemple sur les sociétés antiesclavagistes qui, aux États-Unis et en Angleterre, ont été pionnières en la matière. Première société abolitionniste du royaume, elle s’inscrit dans le courant des intellectuels qui défendent les principes d’universalisme de l’espèce humaine et annoncent la fin inéluctable du système esclavagiste. Pour véhiculer son message, elle multiplie les publications et recourt aux images fortes. La première abolition, proclamée par la Convention nationale le 4 février 1794 est le résultat conjugué des événements qui marquent les débuts de la Révolution haïtienne et des idéaux révolutionnaires français. Bien que porteuse d’espoirs, elle n’aura que des effets limités. Dans les faits, elle est peu, voire pas appliquée dans plusieurs colonies, où la résistance des édiles locaux est extrêmement forte. »

« Les trois jours pendant lesquels le Cap-Français fut soumis aux incendies, du 20 au 23 juin 1793, comptent parmi les plus meurtriers de l’histoire de la Révolution française. Afin d’imposer l’application de la loi accordant la pleine citoyenneté aux « Libres de couleur », les troupes républicaines, conduites par le commissaire-civil Sonthonax, sont envoyées sur l’île pour affronter les colons royalistes. Le ralliement des esclaves révoltés les emmènera à la victoire. Devant les émeutes et les incendies, les colons partisans du maintien de la monarchie et du système esclavagiste n’ont d’autres choix que de s’enfuir. »

« La loi du 4 mars 1831, sous Louis-Philippe, qui instaure des sanctions lourdes à l’égard des armateurs et des financiers, est enfin respectée, le durcissement des sanctions ayant raison des derniers avatars d’une pratique qui s’essouffle. Cependant, la traite illégale a été active : les historiens estiment à 100 000 le nombre d’hommes, de femmes et d’enfants africains déportés à bord des navires négriers français durant cette période. Nantes est redevenu, alors, comme il l’était au siècle précédent, le premier port de traite atlantique de France. Entre 1818 et 1831, 308 navires y ont été armés pour les côtes africaines. »

MULTIMÉDIAS
« L’exposition propose nombre de dispositifs numériques. Dès l’entrée, les visiteurs sont confrontés à un timelapse, qui montre sur un planisphère les trajets incessants de navires négriers sur différentes périodes. »
« Par la suite, trois cartes numériques animées font part des premières explorations et routes maritimes de l’ouest, de la constitution des colonies françaises du 16e et 18e siècles ainsi que des productions coloniales et leur diffusion en Europe. »
« Le son tient une place importante dans l’exposition : introduction sonore, lectures de documents historiques en écoutes individuelles, diffusion de musiques, vidéomapping sonore sur deux tableaux, noms de personnes esclavagisées projetés sur une cimaise. Les visiteurs se trouvent également immergés dans l’entrepont d’un navire négrier, où là encore le son joue un rôle crucial. La modélisation du navire La Marie-Séraphique est présentée au public à travers un film. »
« De nombreux documentaires sont aussi présents pour témoigner des héritages culturels, de la mémoire, mais aussi parler du racisme et de l’esclavage moderne. Enfin, un dispositif phygital confronte le public au travail forcé lié à la production de produits manufacturés. »

REZ-DE-CHAUSSÉE
« L’exposition se fait aussi l’écho des grands débats et sujets qui font notre actualité : migrations contemporaines, réseaux actuels de la traite humaine, développement de nouvelles formes de racisme, mouvements pour l’égalité des droits… »
« Dans la dernière partie on retrouve deux ensembles de questions/réponses, ainsi qu’un ensemble de citations construit autour de quatre thématiques que sont les mémoires, les héritages, l’esclavage contemporain et le racisme. »
Exemples de citations
« Pour nous, le choix est fait. Nous sommes de ceux qui refusent d’oublier.
Nous sommes de ceux qui refusent l’amnésie même comme méthode. Il ne s’agit ni d’intégrisme, ni de fondamentalisme, encore moins de puéril nombrilisme ».
Aimé Césaire, Discours sur le colonialisme (1950)
« Un jour viendra où la terre sera ronde et où les hommes se rappelleront qu’ils sont des frères et seront plus tolérants. Ils n’auront plus peur les uns des autres, de celui-ci à cause de sa religion ou de celui-là à cause de la couleur de sa peau, de cet autre à cause de son parler. Ce temps viendra. Il faut le croire »
Maryse Condé, Moi, Tituba, sorcière (1988)

PODCASTS
À BORD DE LA MARIE-SÉRAPHIQUE
« Librement adaptée de la bande-dessinée documentaire Enchaînés, dans l’entrepont de La Marie-Séraphique, écrite par le musée d’histoire de Nantes et les éditions Petit à Petit, cette série de podcasts, composée de 7 épisodes, permettra aux auditeurs d’aborder l’histoire d’une campagne de traite atlantique nantaise. Sa préparation au départ de Nantes, la navigation jusqu’aux côtes africaines, l’achat des captifs, la traversée jusqu’à Saint-Domingue, la vente des hommes, des femmes et des enfants africains dans cette colonie ainsi que le retour du vaisseau jusqu’à Nantes avec la cargaison de sucre, de café et de cacao acquis en paiement des individus vendus pour être mis en esclavage, constitueront la trame narrative.
Chaque épisode sera également l’occasion d’entendre le monologue intérieur d’un acteur de la campagne ; capitaine du navire, jeune mousse, matelot expérimenté, charpentier de bord, épouse de l’armateur ou chirurgien - navigant seront autant de points d’entrée dans l’histoire.
Ainsi, d’une durée de 7 à 10 minutes, chaque épisode sera l’occasion de découvrir le contexte historique de la traite atlantique nantaise ainsi que d’ébaucher un tableau des perceptions, des motivations, des certitudes mais aussi parfois des doutes ou des inquiétudes qui caractérisent certains personnages. »
« Une commentatrice développera le fil du récit et apportera des éléments historiques contextuels, tout en rendant visibles celles et ceux qui furent les victimes de ce trafic.
Dialogues et ambiances sonores compléteront la galerie de portraits et viendront faire de ce récit audio un outil pédagogique et grand public offrant plus d’1h à bord du navire. »
« Le projet de podcast historique est une nouveauté pour le musée d’histoire de Nantes qui souhaite ainsi toucher un public plus large : l’audio téléchargeable permet une écoute à distance, au moment souhaité par l’auditeur, en dehors des contraintes de déplacement et de visite. »
« Les 15-35 ans étant de forts consommateurs de cette nouvelle façon d’appréhender les informations et les histoires, le musée espère leur offrir un outil adapté à leur pratique. »
La sortie du podcast est prévue pour la mi-janvier 2022.
L’équipe projet est composée de :
Direction scientifique : Krystel Gualdé et Bertrand Guillet, musée d’histoire de Nantes
Gestion de projet : Lydia Labalette et Pauline Maréchal, musée d’histoire de Nantes
Consultante spécialiste des podcasts : Florence Sahal
Autrice : Claire Loup
Réalisation : Martin Delafosse et Virginie de Rocquigny

LES MÉMOIRES VIVES
En partenariat avec Slate.fr
« Comment Nantes s’est-elle emparée de la question de son passé esclavagiste ? »
« Comment la France en porte-elle encore les stigmates ? Que sait-on de ce qu’était la vie des personnes mises en esclavage ? »
« Autant de questions auxquelles tente de répondre Les mémoires vives, un podcast en trois épisodes du musée d’histoire de Nantes, écrit par Nina Pareja et Christophe Carron, réalisé par Aurélie Rodrigues et produit par Slate.fr. »
« Épisode 1 : RENDRE LA PAROLE
Catherine Coquery-Vidrovitch, historienne, spécialiste de l’histoire africaine Bernard Michon, historien nantais spécialiste des ports de traite Mame-Fatou Niang, maîtresse de conférence en étude française à l’université de Carnegie-Mellon aux États-Unis
Disponible le 12 octobre 2021
Épisode 2 : FRAGMENTS DE VIE D’ESCLAVE
Frédéric Régent, historien, spécialiste de l’histoire de l’esclavage
Bertrand Guillet, directeur du Château des ducs de Bretagne – musée d’histoire de Nantes
Disponible le 19 octobre 2021
Épisode 3 : LA FRANCE FACE À SON PASSÉ ESCLAVAGISTE
Jean-Marc Ayrault, ancien Premier Ministre et Maire de Nantes, président de la Fondation pour la mémoire de l’esclavage
Brigitte Château, guide-conférencière du Voyage à Nantes
Frédéric Régent, historien, spécialiste de l’histoire de l’esclavage
Mame-Fatou Niang, maîtresse de conférence en étude française à l’université de Carnegie-Mellon aux États-Unis
Pierre Guillon de Princé, descendant d’un armateur
Michel Cocotier, Président de l’association Mémoire de l’Outre Mer
Disponible le 26 octobre 2021 »

PROGRAMMATION
« L’abîme est l’occasion de temps forts qui abordent la culture créole, la question de la résistance et de la résilience ou encore l’éducation contre le racisme. Programmés tout au long de l’exposition ces rendez-vous prennent différentes formes (conférence, rencontre, spectacles, concert…) et sont proposés en lien avec des associations et des personnalités engagées sur ces thématiques. »

« À Nantes, une histoire noire et blanche »
« Invitation au voyage » (Stadt Land Kunst) est le « magazine de l'évasion culturelle. Du lundi au vendredi à 18h10, Linda Lorin nous entraîne autour du monde à la découverte de notre patrimoine artistique, culturel et naturel, de lieux qui ont inspiré des artistes, de cités et de cultures uniques et nous invite dans les cuisines et les restaurants du monde entier. Le samedi à 16h35, "Invitation au voyage spécial" propose une escapade à la découverte d'une ville, d'une région ou d'un pays. »

Arte diffusera le 13 février 2023, dans le cadre d’« Invitation au voyage » (Stadt Land Kunst), « À Nantes, une histoire noire et blanche » (In Nantes: Eine Geschichte in schwarz-weiß).

« Berlingots, rigolettes, biscuiteries LU et BN : autant de gourmandises 100 % nantaises qui rappellent que, durant deux siècles, la ville fut la capitale française du sucre, à l’origine de sa fortune. »

« L’avidité de la cité pour l’obtenir fut sans limite ». 

« C’est l’histoire d’un système prédateur – le commerce triangulaire – dont Nantes fut, en France, l’épicentre. » 

« Une recette innommable que la ville a longtemps camouflée avant d’accepter d’en faire le nécessaire examen. »

« Sur les quais de Nantes, les délits de faciès »
Avec « Invitation au voyage (Stadt Land Kunst) - L'incontournable (Die kuriose Geschichte), « découvrez ou revisitez autrement des lieux qui appartiennent à notre patrimoine commun, artistique et culturel. Du lundi au vendredi à 16h30. »

Arte diffuse sur son site Internet, dans ce cadre « Sur les quais de Nantes, les délits de faciès » (Am Hafen von Nantes: schwarze Fracht).

« En s’éloignant un petit peu du centre de Nantes, on peut se retrouver sur le quai de la Fosse, qui fut un centre de négoce international et qui rappelle aujourd’hui l’histoire portuaire de la ville. »

« À la fin du XVIIIe siècle, une nouvelle législation inhumaine va renforcer les injustices... »


France, 2023, 46 min
Sur Arte les 13 février 2023 à 17 h 25, 14 février 2023 à 08 h 10
Disponible du 06/02/2023 au 13/05/2023

France, 2021, 8 min
Disponible du 16/04/2021 au 16/04/2023


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