jeudi 14 juillet 2022

Le Mali

Situé en Afrique de l'Ouest, le Mali est limitrophe de la Mauritanie, de l'Algérie, du Niger, du Burkina Faso et de la Côte d'Ivoire, de la Guinée et du Sénégal. Etat multiethnique, il est le lieu d'offensives de mouvements djihadistes : mouvement affilié à al-Qaïda, l'Etat islamique (ISIS), etc. Journaliste, Olivier Dubois est le seul otage français au monde, captif au Mali depuis le 8 avril 2021. Arte diffuse sur son site Internet « Guerre au Mali, coulisses d'un engrenage » (Kriegsschauplatz Sahel) est un documentaire intéressant de Jean Crépu. 


Arte propose sur son site Internet le dossier « Mali : fin de l'opération Barkhane ». « Critiqués et poussés au départ par la junte militaire au pouvoir à Bamako, la France et ses partenaires européens se retirent du Mali. Ce départ met fin à neuf années de lutte antijihadiste menée par l'opération Barkhane. Paris affirme vouloir continuer de coopérer avec plusieurs pays sahéliens et du golfe de Guinée ». 

« Aux côtés de l'armée malienne, les membres de la milice paramilitaire russe Wagner sont de plus en plus nombreux, accusés de nombreuses exactions dans le pays qui a d'ailleurs connu trois coups d'Etat depuis 2012, dont le dernier en date en mai 2021. »

« Pour mieux comprendre le contexte du conflit, retrouvez notre sélection de reportages et d'analyses. »

« Guerre au Mali, coulisses d'un engrenage »
« Guerre au Mali, coulisses d'un engrenage » (Kriegsschauplatz Sahel) est un documentaire intéressant de Jean Crépu. 

« Raconté de l'intérieur par des Maliens et des Français, cet état des lieux de neuf ans d'une guerre perdue contre le djihadisme éclaire les raisons et les enjeux de la rupture survenue entre Bamako et Paris », et souligne les mensonges officiels initiaux sur la « démocratie malienne », le « miracle économique malien ».

« Au début des années 2000, des guerriers islamistes algériens qui refusent de négocier avec le gouvernement franchissent la frontière poreuse de 1 300 kilomètres qui sépare leur pays du Mali. » 

« Trafic de drogue et prises d'otages aidant, les groupes djihadistes prospèrent dans l'indifférence de l'État malien ». 

« En 2011, après l’intervention occidentale en Libye et la chute de Kadhafi, quelques milliers de soldats touareg ayant servi le régime de Tripoli regagnent le Mali avec leurs armes. »

« Les djihadistes, au sein desquels vont émerger les chefs maliens Iyad Ag Ghali puis Amadou Koufa, s'allient alors (provisoirement) aux indépendantistes touareg pour conquérir les villes de Ménaka, Tombouctou, Gao, Kidal… »

« L'État malien s'effondre, la France intervient, puis, aveuglée par sa victoire facile, s'enlise avec ses partenaires internationaux dans une fuite en avant onéreuse ». 

« Tandis que la corruption s'envole avec les millions de l'aide au développement et que la prétendue démocratie malienne abandonne à leur sort le nord et le centre, les djihadistes, en l'absence de tout remède politique et économique, regagnent le terrain perdu et étendent leur empire… » 

« Accueillie en libératrice en janvier 2013, quand le président François Hollande lançait l'opération Serval pour libérer le nord du pays des groupes armés djihadistes qui en avaient pris le contrôle, l'armée française, engagée depuis maintenant neuf ans aux côtés des soldats maliens puis des 11 000 Casques bleus déployés par l'ONU, n'aura pu empêcher de larges portions du territoire de retomber sous l'emprise des combattants islamistes ».

« Le 17 février dernier, la France a confirmé le retrait programmé de ses troupes stationnées au Mali dans le cadre de l'opération Barkhane, sur fond de crise diplomatique ouverte avec le gouvernement putschiste à Bamako. » 

«  Pour dérouler sur plus de deux décennies le drame en trois actes qui a précédé cette défaite, Jean Crépu ("Coup de poker sur l'essence") donne la parole à de très nombreux acteurs, observateurs et citoyens maliens, et, en contrepoint, à des militaires, diplomates et analystes français ». 

« De la capitale aux confins septentrionaux du pays, du haut au bas de l'échelle sociale, il donne ainsi à voir et à entendre comment les Maliens ont vécu, et surtout subi, les événements. » 

« Un "engrenage" qui a précipité la rupture entre les deux pays, et dont ce documentaire retrace de l'intérieur les multiples facettes ». 

« Du niveau local à la géopolitique régionale et mondiale, il restitue les principales étapes et les enjeux de cette guerre perdue, qui clôt un épisode entamé à la fin du XIXe siècle avec la colonisation du Mali. » 

Olivier Dubois
Né en 1974 à Paris, Olivier Dubois est un journaliste français spécialiste du Sahel.

Correspondant au Mali pour Le Point et Libération, il est kidnappé le 8 avril 2021 par le groupe djihadiste Jama'at Nasr al-Islam wal Muslimin, groupe lié à Al-Qaïda au Maghreb islamique, alors qu'il devait interviewer "Abdallah Ag Albakaye, un lieutenant de Jama'at Nasr al-Islam wal Muslimin, à Gao, dans le nord du Mali, à la recherche d'informations notamment sur le conflit du groupe avec l'État islamique dans le Grand Sahara, une organisation djihadiste rivale". Une interview refusée fin mars 2021 par Libération car porteuse de dangers. 

Le 4 mai 2021, une vidéo de 21 secondes est postée sur les réseaux sociaux. Olivier Dubois dit avoir été enlevé le 8 avril et exhorte « [s]a famille, [s]es amis et les autorités françaises » à faire « tout ce qui est en leur pouvoir » pour obtenir sa libération. "Le ministère français des Affaires étrangères confirme la disparation du journaliste et annonce enquêter sur l'authentification de la vidéo".

Initiée par la famille du captif et des personnalités, la pétition "Pour la libération d'Olivier Dubois, seul otage français au Monde depuis le 8 avril 2021" a recueilli 113 558 ont signé le 7 août 2022.


« Le réalisateur Jean Crépu tire le bilan de près d'une décennie d'aveuglement pour mettre en parallèle la faillite de l'État malien et celle des ambitions françaises face à l'avancée djihadiste au Sahel. Propos recueillis par Irène Berelowitch.

Le retrait de la France, poussée dehors par les putschistes maliens, est-il la suite logique des années d’"engrenage" que vous retracez dans votre documentaire ?
Jean Crépu : Oui, même si à l'issue de la production du film, qui s'est étalée sur deux ans, du début 2020 à la fin 2021, je n’avais pas anticipé un dénouement aussi rapide. C'est l'épilogue d'un double échec. Il signe d'abord la faillite de l'État malien, resté indifférent à la majorité de sa population et gangrené par la corruption, mais aussi l’échec des gouvernements français successifs et de la communauté internationale, qui l’ont soutenu en feignant d'ignorer son délitement accéléré. La situation au Mali et dans le reste du Sahel, après l'Irak et l'Afghanistan, marque aussi une forme d'impuissance de l'interventionnisme occidental et, singulièrement, le crépuscule de la relation postcoloniale que la France a tenté de maintenir en Afrique – le tout au profit des influences russe et chinoise.

L'opération "Barkhane", qui a pris le relais de "Serval" en 2014, n'avait-elle selon vous pas lieu d'être ?
Comme le précise dans le film un haut gradé français, le général Didier Castres, la France avait plusieurs portes de sortie au Mali, qu’elle n’a pas choisies. Mais il n'y avait pas de solution simple. "Barkhane" tient lieu de bouc-émissaire commode pour la junte qui a pris le pouvoir à Bamako, et je ne suis pas sûr que la population de Gao, où se trouvait la principale base militaire française, se réjouisse de cette fin de partie. La mainmise de fait des djihadistes sur une grande partie du pays a pour conséquences des formes de gouvernance islamique dans un nombre croissant de localités et la fermeture de milliers d’écoles, ce qui constitue une véritable bombe à retardement. C’est un livre entier des relations entre la France et le Mali qui se referme. La France et ses alliés européens n’ont pas eu d’autres solutions que de quitter le Mali. C’est la milice Wagner, faux nez de la Russie, qui est désormais le partenaire du Mali. Quant à la restauration de l’État par la dictature militaire, ce fantasme peut prendre auprès de la population, tant son désarroi est immense.

Les nombreux Maliens dont vous recueillez la parole vous donnent-ils des raisons d'espérer ?
On ne peut guère être optimiste, mais on ne peut pas laisser tomber ces jeunes qui gardent espoir dans la démocratie malgré un pouvoir militaire dont la légitimité s’est imposée par la force. Cependant une grande partie du Mali se trouve hors des regards, et les populations civiles paient un très lourd tribut dans cette guerre où les massacres se succèdent dans un silence terrifiant. Ces voix inaudibles nous invitent à regarder notre propre bilan sans complaisance et à nous interroger sur nos valeurs. Ce n'est pas parce que les objectifs invoqués par l'interventionnisme occidental ont été dévoyés – qu'il s'agisse de la défense de la démocratie ou de la solidarité face à la pauvreté – que nous devons y renoncer. Les conséquences du désastre en cours au Mali et plus largement au Sahel ne nous laisseront pas longtemps indifférents. »


France, 2021, 83 min
Disponible du 05/07/2022 au 09/09/2022


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